1990
début janvier
Offensive khmère rouge dans l’ouest du pays, contre les villes Sisophon et Battambang.
dimanche 7 janvier
A Battambang, le quartier général des forces gouvernementales est détruit : trente-cinq morts.
Six attentats à Phnom Penh.
lundi 15 janvier
Ouverture à Paris d’un sommet sur le Cambodge réunissant les cinq Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (France, Royaume-Uni, Chine, Union soviétique et Etats-Unis).
mardi 16 janvier
A Paris, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se sont prononcés en faveur d'une tutelle des Nations unies sur le pays jusqu’à la mise en place d’un d'un pouvoir légitime à Phnom Penh.
samedi 3 février
Sihanouk abolit le drapeau, l'hymne des Khmers rouges et le nom de Kampuchea.
dimanche 11 février
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU se sont retrouvés à New York pour un dîner de travail concernant le Cambodge.
jeudi 15 février
Malgré l’annonce par Hanoï du retrait total de ses troupes en septembre, des soldats vietnamiens seraient impliqués dans les combats au Cambodge.
mercredi 21 février
Sihanouk rencontre Hun Sen à Bangkok : accord sur la nécessité de mettre en place un « organe national suprême ».
lundi 26 février
Toutes les parties intéressées par le conflit cambodgien se sont retrouvées à Jakarta pour de nouvelles discussions.
dimanche 15 juillet
Les Khmers rouges attaquent un train : trente morts.
mercredi 18 juillet
Les Etats-Unis arrêtent leur soutien à la résistance (ils négocieront avec le Viêtnam).
dimanche 9 septembre
Conférence de Djakarta (Indonésie) sur le Cambodge : les quatre factions acceptent le plan de paix.
dimanche 25 novembre
Le Cambodge passe sous contrôle d'une Autorité provisoire des Nations unies (APRONUC) jusqu'aux élections libres (refusé par le gouvernement) ; constitution d'un Conseil national suprême (CNS) de douze membres pendant la transition.
1991
dimanche 10 février
Les Khmers rouges attaquent Battambang.
en mars
Le gouvernement annonce des élections anticipées en juin 1992 en l'absence de règlement du conflit.
lundi 15 avril
Les Khmers rouges prennent Kompong Trach.
vendredi 26 avril
Les Khmers rouges acceptent le cessez-le-feu proposé par l'ONU.
mercredi 1er mai
Cessez-le-feu provisoire.
dimanche 23 juin
Acceptation d’un cessez-le-feu par les protagonistes du conflit.
mercredi 17 juillet
A Pékin, accord conclu entre les quatre factions cambodgiennes. Le prince Sihanouk est élu président du Conseil national suprême.
en juillet
Conférence de Pattaya (Thaïlande) présidée par Norodom Sihanouk, réunissant le Premier ministre Hun Sen (soutenu par le Viêtnam) et le représentant des khmers rouges Khieu Sampan.
mercredi 23 octobre
Accords de paix sur le Cambodge signés à Paris.
jeudi 14 novembre
Le prince Sihanouk regagne le Cambodge après treize ans d’exil.
mercredi 20 novembre
Le prince Sihanouk est proclamé chef de l’Etat.
1992
vendredi 28 février
Après quatre mois d'hésitations, le Conseil de Sécurité de l'ONU a voté l'envoi au Cambodge d'une Autorité provisoire (Apronuc) de 22 000 hommes (dont près de 16 000 casques bleus), chargée d'administrer le pays et de préparer les élections générales prévues pour le début de 1993.
dimanche 15 mars
Début du déploiement au Cambodge de la mission des Nations unies Apronuc (Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge). Le Japonais Yasushi Akashi (représentant spécial du secrétaire général de l’ONU) et le lieutenant-général australien John Sanderson (commandant en chef des forces armées et du premier contingent) sont arrivés à Phnom Penh.
lundi 6 avril
Placé par les Viêtnamiens en 1979, Heng Samrin n’est plus président du Conseil d’Etat. Il est remplacé par Chea Sim.
en juillet
Fondation du bimensuel anglophone Phnom Penh Post par Michael Hayes.
1993
vendredi 12 février
François Mitterrand a quitté le Viêtnam pour rejoindre le Cambodge. Il a exalté à Phnom Penh l’unité national cambodgienne dont le prince Sihanouk est, selon lui, le meilleur garant.
du dimanche 23 au vendredi 28 mai
Premières élections générales libres organisées au Cambodge depuis 20 ans, sous la supervision de l’Apronuc. Le scrutin est un échec pour les Khmers rouges qui boycottaient l’opération électorale.
lundi 14 juin
Le prince Sihanouk est élu chef de l'Etat par l'Assemblée constituante.
jeudi 1er juillet
Formation d’un gouvernement de transition.
samedi 28 août
Adoption de la Constitution et fin du mandat officiel de l'Apronuc.
du mercredi 8 au jeudi 9 septembre
Réunion à Paris de la Conférence internationale pour la reconstruction du Cambodge : aide totale de près de un milliard de dollars.
mardi 21 septembre
L'assemblée adopte une constitution rétablissant la monarchie parlementaire. La mission de l'Apronuc prend fin.
vendredi 24 septembre
Rétablissement de la monarchie au Cambodge : le prince Norodom Sihanouk est sacré roi du Cambodge pour la deuxième fois (couronné en 1941, il avait abdiqué en 1955). Formation du gouvernement, avec Norodom Ranariddh (fils de Sihanouk) pour « premier » Premier ministre et Hun Sen, Vice-président du PPC, pour « second » Premier ministre.
vendredi 29 octobre
L'assemblée approuve le gouvernement.
en décembre
La Roumanie, la Bulgarie et le Cambodge deviennent membres de l’organisation internationale de la Francophonie.
1994
lundi 3 janvier
Des Khmers rouges ont attaqué un ancien fief des partisans du prince Sihanouk (Funcipec) dans le district d'Ampil, au nord-ouest du royaume.
du mercredi 12 au vendredi 14 janvier
Le chef du gouvernement thaïlandais, Chuan Leekpai, a effectué sa première visite officielle à Phnom Penh.
mercredi 20 avril
Les Khmers rouges ont repris leur ancien quartier général de Païlin, situé près de la frontière thaïlandaise.
du vendredi 27 au samedi 28 mai
Echec des négociations de Pyongyang (Corée du Nord) sur un cessez-le-feu entre le gouvernement royal et les Khmers rouges.
mercredi 6 juillet
L'Assemblée nationale a voté, par 98 voix sur 99 votants, la mise hors-la-loi des Khmers rouges. Le roi Norodom Sihanouk, en traitement pour un cancer à Pékin, a aussitôt fait savoir son opposition à cette loi et sa volonté de ne pas la promulguer.
mardi 26 juillet
Trois Occidentaux (l'Australien David Wilson, le Britannique Mark Slater et le Français Jean-Michel Braquet) ont été enlevés par les Khmers rouges.
mardi 1er novembre
Confirmation par le gouvernement cambodgien de l'assassinat des trois otages occidentaux enlevés par les Khmers rouges en juillet.
1995
mardi 2 mai
Des étudiants de l'institut de technologie de Phnom Penh ont manifesté devant leur établissement pour exiger davantage de cours d'anglais, au détriment de l'enseignement du français.
mardi 4 juillet
Les Khmers rouges se sont emparés d'une base gouvernementale au sud-ouest de Battambang, après deux heures de combat, malgré l'appui de l'aviation et de l'artillerie gouvernementale.
mercredi 5 juillet
Le gouvernement a envoyé des renforts vers Battambang pour tenter de briser l'avance des Khmers rouges.
mardi 25 juillet
C'est le chef des khmers rouges, Pol Pot, qui avait personnellement ordonné l'exécution des trois otages occidentaux (un Français, un Australien et un Britannique) enlevés dans le sud en 1994 rapporte un ancien militant khmer rouge rallié au gouvernement.
mardi 24 octobre
Une éclipse totale du Soleil est visible sur une grande partie du sud de l’Asie, de l’Iran à l’Indonésie.
dimanche 19 novembre
Le prince Norodom Sirivuddh, demi-frère du roi Sihanouk, et secrétaire général du Funcipec (parti du Roi) a été placé en résidence surveillée. Le Second Premier ministre Hun Sen le soupçonne de vouloir l'assassiner. D'après le très sérieux Far Eastern Economic Review, Hun Sen protège le chef de la mafia cambodgienne Teng Bun Ma et partage avec lui les bénéfices du trafic de la drogue en mettant les camions de l'armée à sa disposition pour le transport de cette drogue.
mercredi 22 novembre
Invoquant des raisons de santé, le roi Sihanouk a annoncé son intention de quitter le Cambodge pour aller se faire soigner à Pékin. En fait, le souverain craint pour sa vie après l'arrestation de son demi-frère, le prince Sirivuddh, qui aurait dénoncé les trafics de Hun Sen. Norodom Ranariddh, premier Premier ministre et propre fils du roi, serait impliqué dans la combine.
vendredi 8 décembre
A Lampoon (Thaïlande), l’équipe de football du Viêtnam a battu le Cambodge quatre buts à zéro.
mardi 12 décembre
Le roi Sihanouk a écrit au second Premier ministre Hun Sen pour lui demander d'accorder son « demi-pardon » à son demi-frère Sirivuddh et d'autoriser ce dernier à s'exiler en France, où vivent sa femme (française) et leurs deux enfants.
1996
mi-février
Le commandant Heng Pong, un des plus importants responsables de la guérilla khmère rouge, a fait défection et rejoint les forces gouvernementales, accompagné de 357 combattants et de leur famille.
dimanche 18 février
Des milliers de nouveaux charniers ont été découverts par une équipe de chercheurs de l'université américaine de Yale en quatorze mois.
lundi 26 février
Un bateau de tourisme a chaviré sur le Mékong, à un kilomètre au sud de Phnom Penh : quatre des vingt-deux touristes français sont morts.
dimanche 10 mars
La télévision nationale a annoncé que le roi Sihanouk pourrait quitter son fauteuil de chef de l'Etat.
lundi 11 mars
Le roi Sihanouk est rentré à Phnom Penh après six semaines d'analyses médicales à Pékin. Il a laissé entendre qu'il pourrait abandonner bientôt ses fonctions de chef de l'Etat cambodgien. Le président de l'Assemblée nationale, Chea Sim, pourrait être nommé régent jusqu'à la mort du souverain.
lundi 22 avril
Visite en France de Norodom Sihanouk.
lundi 29 avril
Le général In Sidare, qui commande l'offensive lancée par le gouvernement contre les Khmers rouges et interrompue à cause de la mousson, a été tué dans l'après-midi par une patrouille rebelle non loin de Pailin, la forteresse khmère rouge du nord-ouest. Quatre soldats ont péri dans l'attaque et cinq autres ont été blessés.
samedi 18 mai
Thum Bunly, cinquante-six ans, directeur du journal cambodgien d'opposition Oddas Katec Khmer (« l'Ideal Khmer »), a été assassiné, au centre de Phnom Penh, par un homme portant l'uniforme des gardes du corps de certaines personnalités au pouvoir.
dimanche 9 juin
Décès dans un hôpital de Hong Kong de l’ancien Premier ministre Nhiek Tioulong, à l’âge de quatre-vingt huit ans.
jeudi 13 juin
La Chine a fait savoir qu'elle n'avait aucune information sur le sort de Pol Pot. De son côté, le gouvernement cambodgien croit à un coup de bluff pour permettre des négociations.
jeudi 8 août
Ieng Sary (67 ans), numéro deux des Khmers rouges et beau-frère de Pol Pot, ainsi que deux autres chefs militaires de la guérilla et quelque 3 000 combattants auraient rallié le gouvernement cambodgien. C'est du moins ce qu'affirme Phnom Penh où le Premier ministre Hun Sen déclare que les trois hommes sont actuellement interrogés à Bangkok (Thaïlande).
dimanche 1er septembre
Le gouvernement vient d'envoyer des armes à une faction de Khmers rouges ralliés au pouvoir. Ils étaient menacés par un groupe de rebelles restés fidèles à leur commandement central. C'est la première aide militaire directe du pouvoir aux dissidents Khmers rouges depuis leur rupture avec les radicaux, à la mi-août.
lundi 2 septembre
A Singapour, l’équipe de football du Viêtnam a battu le Cambodge trois buts à un.
jeudi 5 septembre
L’équipe de football de Birmanie a battu le Cambodge cinq buts à zéro. La rencontre s’est déroulée à Singapour.
lundi 30 septembre
Alerte dans le pays où cinq provinces et 1,3 millions d'habitants subissent la mousson et des crues importantes du Mékong. On déplore déjà onze morts et 120 000 hectares de rizières saccagées. le pays a besoin de 300 000 sacs de sable pour protéger la capitale et ses environs, de plus de 8 000 tonnes de riz par mois pour nourrir les victimes et de bâches pour abriter temporairement les sans-abri.
mardi 8 octobre
Cinq unités de Khmers rouges, environ 5 000 hommes, et des civils travaillant sous leur contrôle ont fait défection et se sont ralliés au gouvernement de Phnom Penh. Ils viennent de la région de Samlot, l'ancien bastion des Khmers rouges tombé la semaine dernière. Cette nouvelle défection porte un coup sévère à la guérilla khmère dont le reste des forces est désormais concentré dans la région montagneuse de Phnom Dangreak, près de la frontière thaïlandaise.
dimanche 3 novembre
Plusieurs commandants khmers rouges dissidents ont été reçus la semaine dernière à Phnom Penh, où ils se sont entretenus avec le co-Premier ministre, le prince Norodom Ranariddh. La délégation était conduite par Sok Pheap, un lieutenant du chef de la faction Khmère rouge dissidente, l'ancien vice-Premier Ministre Ieng Sary. Les dissidents ont signé un accord de paix qui entre en vigueur cette semaine et accepté d'accélérer l'intégration de leurs troupes aux forces gouvernementales.
mercredi 20 novembre
Un expert britannique du déminage et son interprète cambodgien ont été libérés par les Khmers rouges, dans la province de Kompong (centre). Ils avaient été enlevés près d'Angkor il y a huit mois.
1997
mercredi 8 janvier
Quelques 900 Khmers rouges se sont ralliés ces jours-ci aux forces gouvernementales, « pour participer à la réconciliation nationale ». Ils ont expliqué qu'ils souhaitaient se joindre au roi parce que leurs chefs les ont « trahis ».
mercredi 26 février
Le roi Sihanouk « envisage sérieusement d'abdiquer » et de devenir citoyen ordinaire. D'après lui, ses jours et ceux de la monarchie khmère « sont comptés ».
en février
Le Funcipec et le PNK ont constitué le Front uni national (Fun) avec les Khmers rouges dissidents de Ieng Sary.
dimanche 30 mars
A Phnom Penh, des inconnus ont tenté de tuer le leader de l'opposition, Sam Rainsy (Parti de la nation khmère-PNK), en lançant trois ou quatre grenades sur un rassemblement qu'il présidait, devant l'Assemblée nationale (à une centaine de mètres du palais royal) : seize morts et cent dix-neuf blessés. La plupart des victimes appartiennent au PNK. Le garde du corps du leader a été tué, de même qu'un membre du Comité de contrôle du parti et un journaliste cambodgien. Rainsy a implicitement rejeté la responsabilité de l'agression sur le PPC. La manifestation visait à dénoncer les conditions dans lesquelles l'ancien ministre Rainsy devait être convoqué devant la justice dans le cadre d'une enquête sur l'assassinat d'un beau-frère et garde du corps de Hun Sen.
mercredi 2 avril
Eric Ambroise, quarante ans, un restaurateur français établi à Phnom Penh, a été abattu en plein centre de la capitale. Il a été tué de trois balles dans la tête. Ce meurtre ressemble à un « contrat », selon un policier. Ambroise avait indiqué à ses amis qu'il avait été témoin de l'attentat du 30 mars. Il a précisé qu'il avait vu deux policiers poursuivre deux personnes en leur tirant dessus.
dimanche 20 avril
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au Stade olympique de Phnom Penh, le Cambodge a été battu par le Yémen un but (Dariban) à zéro, devant 20 000 spectateurs.
vendredi 9 mai
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Althawra de Sanaa, le Yémen a été battu par l’Ouzbékistan un but (Khasanov) à zéro, devant 28 000 spectateurs.
mercredi 28 mai
Le Premier ministre Hun sen a été la cible d'un attentat dans la soirée dans une rue d'un faubourg de Phnom Penh. Des inconnus ont ouvert le feu contra sa voiture, blessant l'un de ses gardes du corps. Hun Sen a dénoncé plusieurs fois des complots montés par ses adversaires politiques pour tenter de l'assassiner. Selon divers diplomates, le Premier ministre jouerait lui-même un rôle actif dans l'escalade de la violence politique au Cambodge.
vendredi 6 juin
Le gouvernement négocierait actuellement le ralliement des unités de Khmers rouges basées dans le nord du pays et le départ en exil de trois des chefs historiques : Pol Pot, Ta Mok et Son Sen. Ceux-ci voudraient se rendre au Laos.
samedi 7 juin
Les Khmers rouges ont démenti les informations de la veille. Selon leur radio clandestine, il ne s'agit là que de « propagande mensongère ».
mardi 10 juin
Pol Pot ordonne de tuer son ancien ministre de la Défense, Son Sen, et onze membres de la famille de celui-ci.
mercredi 11 juin
La radio des Khmers rouges a annoncé l'arrestation d'un proche de Pol Pot, Son Sen, et de son épouse. Le « Premier ministre » khmer rouge, Khieu Samphan, leur reproche leur « collusion avec le Viêtnam communiste et son fantoche », Hun Sen, co-Premier ministre, qui leur aurait confié la mission de détruire la guérilla.
vendredi 13 juin
Le premier co-Premier ministre, le prince Norodom Ranariddh, a affirmé à Phnom Penh que Pol Pot aurait fait exécuter Son Sen et dix membres de sa famille. L'armée cambodgienne va envoyer des troupes autour de la base khmère rouge d'Anlong Veng, dans le nord, où des combats ont éclaté entre forces loyales et hostiles à Pol Pot. Le dirigeant khmer rouge lui-même aurait fui la base.
lundi 16 juin
Le prince Ranariddh a annoncé que Pol Pot allait être capturé « vivant ou mort » d'un jour à l'autre. Une partie des Khmers rouges qui se sont révoltés contre lui ont réussi à intercepter le convoi qui l'emmenait vers la frontière thaïlandaise après la chute d'Anlong Veng, sa dernière base. S'il est capturé vivant, Pol Pot devrait être traduit devant un tribunal international.
mardi 17 juin
La radio des Khmers rouges a annoncé qu'il avait été mis fin à la « trahison » de Pol Pot. La formule peut signifier qu'il a été exécuté. Phnom Penh considère en tout cas qu'il est « politiquement mort ». La mort du « pire malfaiteur du Cambodge et de son peuple » selon le roi Norodom Sihanouk, avait déjà été annoncé décédé l'an passé. Il n'est pas non plus certain que cette fois-ci soit la bonne... Certains observateurs estiment « trop commode » cette façon de faire disparaître Pol Pot en lui évitant - et à d'autres du même coup - d'avoir à répondre de ses crimes. Si le dirigeant khmer rouge a été fait prisonnier, le gouvernement a fait savoir qu'il n'était pas question de permettre au responsable du génocide de trouver une porte de sortie vers un quelconque pays d'accueil. Dans la soirée, une fusillade de deux heures (à l'arme automatique, au lance-grenades et à la roquette) a éclaté dans le centre de Phnom Penh, faisant au moins deux morts (des gardes du corps employés par le Funcipec du prince Ranariddh). On parle aussi de plusieurs blessés. Cette fusillade paraissait concentrée autour du domicile du chef de la police nationale, Hoc Londi, membre du parti du co-Premier ministre Hun Sen. Farouche adversaire des Khmers rouges, Hun Sen a souvent critiqué le parti de l'autre co-Premier ministre, Norodom Ranariddh, appelant à négocier avec les partisans de Pol Pot.
mercredi 18 juin
Selon la radio khmer rouge, Pol Pot s'est rendu ce jour, dans le nord du pays, où il était poursuivi, avec une quinzaine de ses derniers partisans, par les forces khmers rouges de Ta Mok. Sitôt connue la nouvelle de cette reddition, le général Nhek Bunchhay, chef adjoint de l'état-major cambodgien, s'est rendu sur place et a annoncé que les Khmers rouges comptaient livrer Pol Pot à un tribunal international. Cependant, le co-Premier ministre Hun Sen s'est déclaré sceptique sur cette reddition. A Phnom Penh, des soldats, appuyés par des blindés, patrouillent dans certains quartiers, tandis que les rues menant à la résidence du prince Ranariddh sont interdites à la circulation par des hommes fortement armés et qu'un hélicoptère stationnait sur le toit d'un bâtiment en face de la villa. Le parti de Hun Sen et celui de Ranariddh ont franchi un pas en s'accusant mutuellement, par la voix de hauts responsables, de tentatives d'assassinat, après les violences de la nuit précédente. Un porte-parole du Funcipec a notamment déclaré que le chef de la police nationale, Hok Londy, avait donné l'ordre d'assassiner Ranariddh. Hok Londy, pour sa part, a affirmé que les partisans du Funcipec projetaient de le tuer et d'assassiner Hun Sen. Ce dernier a donné quelques jours au prince Ranariddh pour choisir entre le maintien de la coalition gouvernementale et la formation d'une nouvelle alliance, les royalistes avec les Khmers rouges.
vendredi 20 juin
Nouvel épisode de la fin bien confuse de Pol Pot, la radio des Khmers rouges a affirmé que « Pol Pot a été capturé le 19 juin 1997 » et que « le régime de Pol Pot est totalement achevé. Pol Pot a avoué ses crimes ». C'est son ancien bras droit, Khieu Sampan, qui aurait pris la tête de la rébellion.
lundi 23 juin
Tout en réaffirmant que Pol Pot est toujours vivant et aux mains des Khmers rouges, le prince Ranariddh, Co-Premier ministre, a déclaré qu' « il ne serait pas bon pour certains pays ou certaines personnalités que Pol Pot comparaisse devant un tribunal international, car il pourrait les impliquer dans les atrocités » qu'il a commises. Ranariddh n'a pas cité de noms, mais il s'agit vraisemblablement, entre autres, de son rival Hun Sen, l'autre Premier ministre et ancien Khmer rouge, de la Chine et de la Thaïlande. Pour leur part, les Etats-Unis se sont dit prêts à aider les Cambodgiens à faire juger Pol Pot par un tribunal international.
mardi 24 juin
Le service juridique des Nations unies étudie les moyens de mettre sur pied un tribunal international pour juger Pol Pot, comme le lui ont demandé les deux co-Premiers ministres, mais la tâche s'annonce ardue. Si la Russie et les Etats-Unis, entre autres, ont manifesté leur soutien à cette initiative, la Chine, en revanche, y est catégoriquement hostile. Pour le moment, le prince Ranariddh a affirmé qu'il négociait la livraison de Pol Pot au gouvernement cambodgien.
jeudi 26 juin
L’ancien Premier ministre (1981) Pen Sovan a créé son parti, Pour le soutien national du Cambodge.
vendredi 27 juin
Le prince Ranariddh a fait savoir que Khieu Samphan souhaite rencontrer des journalistes le 28 juin à Preah Vihear, à la frontière thaïlandaise. Le dirigeant khmer rouge lui a transmis par fax son intention d' « affirmer que Pol Pot n'a plus aucune existence politique ». Le prince Ranariddh s'est dit prêt à mettre des hélicoptères à la disposition de la presse, tout en précisant qu'il ne pouvait garantir la sécurité des journalistes.
vendredi 2 juillet
Des affrontements armés ont eu lieu sur la base navale de Preak Taten : trois morts et trois blessés.
jeudi 3 juillet
La tension est encore montée d'un cran entre les deux Premiers ministres rivaux, Hun Sen et le prince Norodom Ranariddh. Les soldats du premier désarment les partisans du prince et saisissent des lance-roquettes et des fusils. Norodom Sihanouk, le père de Ranariddh, hospitalisé en Chine, appelle en vain les deux rivaux à renoncer à la violence. Les prochaines élections auront lieu en mai 1998.
samedi 5 juillet
Les forces des deux co-Premiers ministres, le prince Norodom Ranariddh et le communiste Hun Sen, ont commencé à s'affronter à l'arme lourde à Phnom Penh dans la matinée. Puis le conflit s'est étendu à Battambang (ouest). C'est Hun Sen qui a déclenché les hostilités. L'ancien Khmer rouge, installé Premier ministre par les Vietnamiens, a profité du départ du prince Ranariddh en France pour mener à bien son coup de force, qui ressemble fort, bien que Hun Sen s'en défende, à un coup d'Etat, Les routes menant à Phnom Penh ont été bouclées et l'aéroport internationale fermé. Des blindés sont apparus dans les rues de la capitale, soumise au couvre-feu. Et c'est en treillis militaire que le co-Premier ministre est apparu à la télévision pour accuser son rival de « traîtrise ». Selon lui, Norodom Ranariddh a « illégalement importé des armes dans l'intention de provoquer une guerre ».
dimanche 6 juillet
Depuis deux jours les combats font rage en plein centre ville de Phnom Penh. De hautes colonnes de fumée noire s'élèvent de stations d'essence touchées par des obus. Officiellement, les combats ont fait au moins dix morts et une cinquantaine de blessés mais ce bilan est sans doute sous-estimé. Effrayé la population tente de fuir. Par milliers, les habitants sont jetés sur les routes ou rassemblés sur les rives des cours d'eau qui traversent la ville pour tenter d'embarquer. Plusieurs pays ont conseillé à leurs ressortissants de rester chez eux. C'est notamment le cas de la France, dont l'ambassade a été touchée par des tirs qui n'ont pas fait de victime. La France soutient l'appel au cessez-le-feu du roi Sihanouk. Soigné à Pékin, il a « supplié » les belligérants de « prendre notre pauvre nation en pitié » et demandé aux deux co-Premiers ministres et au chef de l'Etat par intérim, Chea Sim, de le rejoindre pour « discuter du très grave problème de notre pays ». Mais le ton n'est pas à la conciliation. Hun Sen, qui revendique la victoire, a demandé l'arrestation de son adversaire « hors-la-loi et criminel contre lequel le tribunal de Phnom Penh prépare des mises en accusation ». Ce dernier a répliqué qu'il resterait en France « pour organiser la résistance ». Et le prince a reçu l'appui des Khmers rouges, dont le rapprochement avec le pouvoir constitue la cause profonde du conflit. Leur chef, Khieu Samphan, qui vient juste de reconnaître la Constitution du Cambodge et la souveraineté du roi Sihanouk, a presque aussitôt dénoncé le « coup d'Etat » de Hun Sen. Et appelé « les habitants de Phnom Penh à se soulever et à coopérer avec les forces de solidarité - son parti - pour lutter et détruire les Vietnamiens et leur marionnette, Hun Sen ».
lundi 7 juillet
La bataille de Phnom Penh est terminée. En trois jours, les troupes du « second » Premier ministre Hun Sen sont parvenues à chasser de la capitale cambodgienne celles du « premier » Premier ministre. L'ultime foyer de résistance, le quartier général des troupes de Funcinpec, est tombé. L'ancien secrétaire d'Etat à l'Intérieur Ho Sok, fidèle a Ranariddh, a été abattu juste après son arrestation. Officiellement par « un inconnu en colère... » Le couvre-feu dans la capitale a été levé et l'aéroport international doit rouvrir le 9 juillet. Les combats ont fait officiellement quinze morts et quatre-vingt deux blessés mais leur violence laisse penser que les victimes sont plus nombreuses. L'une des plus grandes usines du Cambodge, spécialisée dans le textile, aurait aussi été détruite. Des milliers d'habitants ont fui. Les autres restent terrés chez eux par craintes des pillages, qui ont cependant cessé. Mais les fidèles du prince Ranariddh se regroupent dans l'ouest et le nord du pays. Des combats auraient déjà lieu autour de la ville de Battambang. Moins nombreux, les partisans de Ranariddh peuvent compter sur les Khmers rouges.
mardi 8 juillet
Les soldats des deux co-Premiers ministres (une centaine de combattants de chaque côté) se sont affrontés près des célèbres temples d'Angkor. Une centaine de touristes ont été évacués en hélicoptère vers la capitale. Mais la bataille entre Hun Sen et le prince Ranariddh a désormais glissé sur le terrain diplomatique. Dans une conférence de presse à Paris, le prince Ranariddh a appelé à l'aide la communauté internationale « pour qu'elle ne reconnaisse pas un régime illégal et issu de la force ». Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a appelé les deux parties à négocier. L'aéroport international a rouvert et permis l'évacuation de plusieurs centaines d'étrangers.
mercredi 9 juillet
Un deuxième fidèle du prince Ranariddh a été assassiné à Phnom Penh. Chau Sambath a été tué par balles. Lui et Ho Sok, assassiné il y a deux jours, figuraient sur une liste de quatre opposants recherchés par les soldats de Hun Sen. Dans le reste du pays, les combats entre Funcinpec de Ranariddh et PCC de Hun Sen ont baissé d'intensité mais les évacuations de ressortissants étrangers, en majorité asiatiques, se poursuivent. Dix membres de la famille royale, dont la sœur et le propre fils du prince Ranariddh, ont été autorisés à quitter Phnom Penh pour la Thaïlande. De son côté, Ranariddh tente toujours de mobiliser la communauté internationale. Il devait s'envoler dans la soirée pour New York (Etats-Unis) et rencontrer le secrétaire général de l'ONU.
jeudi 10 juillet
Hun Sen a reçu un joli camouflet de la part de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. L'Asean a repoussé l'admission du Cambodge, prévue le 24 juillet, « à plus tard », affirmant clairement sa désapprobation du coup de force qui a évincé du pouvoir le prince Ranariddh. Ce dernier a été reçu, à New York, par le président du Conseil de sécurité de l'ONU, à qui il a demandé de geler l'aide économique internationale au Cambodge. L'Allemagne et les Etats-Unis ont d'ailleurs annoncé la suspension immédiate de leur assistance. Dans le nord du pays, près des temples d'Angkor, des combats se poursuivent entre soldats des deux Premiers ministres. Seule bonne nouvelle pour Hun Sen : un proche de Ranariddh, le ministre de la Défense Tea Chamrath, s'est rallié et se propose d'occuper le poste laissé vacant par son ancien chef.
vendredi 11 juillet
Les étrangers continuent de fuir le pays où les combats se poursuivent dans le nord. Quatre cents Australiens ont pu être évacués de Phnom Penh grâce aux opérations menées principalement par des pays membres de l'Asean. Le Japon a décidé d'envoyer des avions militaires en Thaïlande afin de permettre, si la situation l'impose, l'évacuation de ses propres ressortissants parvenus à Bangkok sur des vols commerciaux. Depuis le début des combats, 6 000 étrangers ont été évacués de Phnom Penh.
samedi 12 juillet
Les partisans de Hun Sen ont lancé une offensive massive contre les troupes du prince Ranariddh, qu'ils ont repoussé de quinze kilomètres dans la région de Siem Reap. Les forces du PPC ont également pris la place forte d'une faction khmère rouge alliée aux royalistes.
lundi 14 juillet
Le roi Norodom Sihanouk, installé depuis plusieurs mois à Pékin, a refusé de condamner le coup d'Etat de Hun Sen contre son propre fils, le prince Ranariddh. Il a même condamné comme « immoral » tout recours aux Khmers rouges, alors que ces derniers se sont rangés aux côtés des forces de Ranariddh.
mardi 15 juillet
Sihanouk a commencé à recevoir des émissaires de tous les pays intéressés par ce qui se passe au Cambodge. Les Français ont ouvert le bal. Plusieurs milliers de Khmers rouges se sont déclarés neutres dans le conflit entre Hun Sen et Ranariddh. Mais les combats, bien réels jusqu'à la veille, tourneraient, selon certains témoins, à la mise en scène. Il s'agirait « surtout de faire du bruit et servir d'avertissement, plutôt que de déboucher sur une solution militaire. Aucun des deux camps ne semble vouloir causer de pertes à l'autre ».
mercredi 16 juillet
Le prince Norodom Ranariddh devrait être remplacé dans ses fonctions par Ung Huot, l'actuel ministre des Affaires étrangères. Ung Huot, cinquante-deux ans, a été choisi par des membres du Funcinpec, le parti royaliste, restés au Cambodge. Toan Chhay, un autre membre du Funcinpec, qui avait été pressenti par Hun Sen, a finalement refusé car, n'étant pas membre du Parlement, sa nomination aurait nécessité un amendement constitutionnel. Ung Huot, qui a passé vingt ans en exil (il a même obtenu la nationalité australienne), passe chez les diplomates pour être « l'homme qu'il faut au bon moment ». Il accepter de devenir co-Premier ministre à la condition de conserver le portefeuille des Affaires étrangères.
samedi 19 juillet
Hun Sen a rejeté la médiation de l'Asean. Il compromet peut-être ainsi l'entrée, déjà suspendue, du Cambodge dans l'organisation régionale. Il est vrai que la victoire de Hun Sen est telle que les combats sont sur le point de cesser d'eux-mêmes. Quant au prince Ranariddh, il est « prêt à examiner » son remplacement, mais veut nommer lui-même son successeur, et pour une « période intérimaire ». Il veut aussi pouvoir regagner Phnom Penh sans craindre l'arrestation dont l'a menacé Hun Sen.
lundi 21 juillet
Des responsables du gouvernement ont annoncé l'échec d'une contre-attaque des forces loyales au prince Norodom Ranariddh, le co-Premier ministre déchu. Cette contre-attaque visait à la reconquête de l'ancienne base royaliste de Samrong, dans le nord, tombée la semaine dernière. Selon les organisations humanitaires, des milliers de Cambodgiens fuyant les combats sont arrivés à la frontière thaïlandaise.
mercredi 23 juillet
Comme prévu, l'ASEAN a rejeté, en Malaisie, la demande d'adhésion du Cambodge, mais a accepté de maintenir son strapontin dans l'organisation, sous la forme d'un statut d'observateur. L'Asean va également reprendre son rôle de médiateur entre le prince Ranariddh et Hun Sen. Ce dernier est d'accord pour discuter avec une délégation de l'Asean, au nez de laquelle il avait pourtant claqué la porte la semaine dernière.
samedi 26 juillet
La radio de la guérilla khmer rouge a annoncé la condamnation à la prison à vie de Pol Pot, dont la mort a été annoncée à plusieurs reprises. Le procès s'est déroulé devant une assistance de cinq cents civils et rebelles.
dimanche 27 juillet
Un journaliste américain, Nate Thayer, a affirmé avoir vu Pol Pot vivant à Anlong Viet, dans le nord du pays, où il vient d'être jugé.
mardi 29 juillet
Pour la première fois depuis dix-huit ans, un film montre l’ancien dirigeant khmer rouge Pol Pot. La scène, tournée par le caméraman qui accompagnait le reporter Nate Thayer, montre l’ancien homme fort du Cambodge condamné à la prison à vie par ses anciens compagnons au cours d’une réunion publique.
nuit du jeudi 31 juillet au vendredi 1er août
Les troupes de Hun Sen ont lancé une offensive dans le nord du pays, attaquant trois positions proches de la ville frontalière de Poipet, tenues par les troupes royalistes.
vendredi 1er août
Des combats entre les troupes de Hun Sen et de Norodom Ranariddh, dans le nord du pays, ont poussé de 3 000 à 7 000 réfugiés vers la Thaïlande proche. Dans la soirée, après une journée de bataille, les troupes de Phnom Penh se sont emparées de l'une des positions royaliste, et les combats de poursuivent.
samedi 2 août
Hun Sen a promis aux médiateurs de l'ASEAN de cesser les combats et de reconnaître le remplacement du prince Ranariddh par un autre royaliste, le ministre des Affaires étrangères Ung Huot. Les centaines de civils et soldats cambodgiens réfugiés en Thaïlande font état du massacre de nombreuses femmes et de nombreux enfants de partisans du prince Ranarridh.
dimanche 3 août
A Phnom Penh, un millier de pacifistes, conduits par des moines bouddhistes, ont mené une marche pour la paix.
mercredi 6 août
L'Assemblée nationale cambodgienne a consacré la nomination du royaliste Unh Huot à la place du premier co-Premier ministre Norodom Ranariddh. Le prince a été privé de son immunité parlementaire pour avoir fait alliance avec les Khmers rouges. Ung Huot, exclu récemment du parti royaliste, conserve le portefeuille des Affaires étrangères. Le second co-Premier ministre, Hun Sen, reste « l'homme fort » du moment.
du samedi 9 au dimanche 10 août
Vaste offensive des troupes de Hun Sen contre les royalistes, près de la frontière de la Thaïlande.
dimanche 10 août
Le roi Sihanouk a indiqué qu'il était prêt à démissionner si Hun Sen, qui vient le voir le 11 août à Pékin, le lui demande. Sa lettre d'abdication serait prête depuis une semaine. Mais le roi a aussi exprimé le souhait de rentrer à Phnom Penh pour participer à une journée de cérémonies bouddhistes « et prier pour la restauration de la paix et la réconciliation nationale ». Si bien que certains pensent que le roi brandit la menace d'une abdication pour regagner de l'influence au moment où son fils, le prince Ranariddh, évincé du pouvoir par Hun Sen, a engagé des troupes contre le régime de Phnom Penh dans le nord-ouest du pays. L'ASEAN propose une « rencontre informelle entre toutes les parties impliquées ». le prince Ranariddh a immédiatement accepté cette possibilité. Hun Sen n'a pas encore répondu.
mardi 12 août
Le roi Sihanouk restera roi du Cambodge, Hun Sen ayant refusé sa démission. Il l'a dit en personne au monarque, lors d'une visite à Pékin.
nuit du dimanche 17 au lundi 18 août
Au moins 30 000 personnes ont fui les affrontements dans le nord du pays, entre les derniers soldats du prince Ranariddh et l'armée de Hun Sen, pour se réfugier en Thaïlande, au poste frontière de Chong Chom.
lundi 18 août
Selon l'armée fidèle à Hun Sen, O'Smach, le dernier gros village aux mains des soldats royalistes, à deux pas de la frontière thaïlandaise, est tombé dans l'après-midi. Ce que nient les hommes de Ranariddh. Ce dernier était aux Philippines, où le président Ramos, tout en l'assurant de son « soutien », lui a fait comprendre qu'il fallait accepter un cessez-le-feu et miser sur un retour au pays pour les élections générales de mai 1998. Depuis Phnom Penh, Hun Sen a fait vertement savoir aux Philippines de « ne pas s'ingérer dans les affaires cambodgiennes ».
mercredi 20 août
L'armée thaïlandaise estime qu'au moins 35 000 Cambodgiens ont désormais franchi le poste-frontière de Chong Chom pour se réfugier en Thaïlande. 20 000 se sont rassemblés dans le camp de Hoeichong. Les soldats fidèles au Premier ministre déchu Norodom Ranariddh tiennent toujours une étroite bande de territoire (vingt-cinq kilomètres sur cinq) le long de la frontière, pilonnée par l'artillerie de l'armée de Hun Sen.
lundi 25 août
Alerte maximum sur la frontière thaïlandaise : les soldats de Bangkok ont gagné leurs positions de tir car les combats entre factions cambodgiennes se rapprochent. On craint désormais que les forces de Phnom Penh ne chassent les royalistes de leur dernier bastion, les contraignant à se réfugier de l'autre côté de la frontière. Peu auparavant, quelque soixante soldats royalistes faisaient retraite à l'intérieur du village d'O'Smach. Des informations faisant état de la chute du village n'ont pu être confirmées.
mercredi 27 août
L'artillerie thaïlandaise a ouvert le feu sur des troupes de Hun Sen, l'homme fort du Cambodge. Un soldat a été tué et deux autres blessés près de la frontière. Considérant que ce tir « constitue une violation de l'intégrité et de la souveraineté territoriales de la Thaïlande », le gouvernement de Bangkok avertit qu'un nouvel incident pourrait avoir de « sérieuses conséquences » sur les relations bilatérales.
jeudi 28 août
L'armée thaïlandaise a averti qu'elle répliquera à nouveau si des obus provenant des combats entre factions cambodgiennes tombent sur son territoire.
vendredi 29 août
Après six mois passés en Chine, où il suivait un traitement médical, le roi Norodom Sihanouk est rentré au Cambodge. Il a été accueilli par Hun Sen. Le roi, qui refuse d'aller à Phnom Penh et devrait s'installer dans sa résidence de Siem Reap, affirme qu'il mène « une mission de paix et de réconciliation nationale ». Dans le réduit de O'Smach, les dernières forces fidèles au prince Ranariddh résistent toujours aux troupes de Hun Sen.
dimanche 14 septembre
Afin d'éviter tout incident diplomatique, les représentants des deux factions cambodgiennes rivales ont décidé de ne pas occuper le siège de leur pays lors de l'ouverture de la 52e session de la commission d'accréditation qu'elle trouve une solution à leur problème avant le 29 septembre : c'est ce jour-là que les représentants du Cambodge doivent monter à la tribune.
début octobre
Le roi Norodom Sihanouk a avoué que seule sa foi l'empêche de se suicider...
mardi 14 octobre
A Jakarta, l’équipe de football du Cambodge a battu la Birmanie trois buts à un.
vendredi 24 octobre
Dans un message, le roi Sihanouk fait ce constat désabusé : « Les divisions sévissent, des Cambodgiens tuent à nouveau des Cambodgiens »... Frustré de ne pouvoir contraindre les factions rivales à négocier, il a renoncé à tous les pouvoirs que lui reconnaît la Constitution, annonçant qu'il ne signerait plus ni document ni décret.
samedi 25 octobre
Norodom Sihanouk a quitté le Cambodge pour regagner Pékin où il poursuit les divers traitements que nécessite son état de santé. Le roi a fait ses adieux à une poignée de fidèles, déclarant qu'il ne savait pas s'il reviendrait jamais.
mardi 28 octobre
Dans un communiqué publié à Pékin, le roi du Cambodge affirme que le Viêt-nam occupe illégalement une partie de son pays et que c'est ce qui l'a contraint à abandonner ses fonctions de garant constitutionnel des frontières cambodgiennes.
dimanche 7 décembre
Répondant à l'appel de Sam Rainsy, le leader de l'opposition, plusieurs milliers de Cambodgiens ont manifesté à Phnom Penh pour exiger la fin de la violence politique. Dans ce qui apparaît comme le plus imposant cortège réuni au Cambodge depuis près de cinq ans, on remarquait notamment des soldats infirmes, des ouvriers d'usine et des moines bouddhistes scandant « paix, paix, paix » en frappant dans leurs mains.
lundi 15 décembre
Profitant du début de la saison sèche, les troupes gouvernementales ont lancé un assaut contre le dernier bastion de l'opposition royaliste, à O'Smach, à la frontière thaïlandaise. On prête au Parlement de Phnom Penh l'intention de repousser à novembre les élections générales prévues en mai.
mercredi 24 décembre
Arrestation d'un Français, Patrick Bernard, trente-trois ans.
vendredi 26 décembre
Patrick Bernard a été condamné, par un tribunal de Phnom Penh, à un an de prison ferme pour détention d'armes de guerre. Après avoir vécu six en Thaïlande, il venait de trouver un travail de conseiller dans une société cambodgienne de protection. Son avocat a annoncé qu'il ferait appel.
mardi 30 décembre
Après cinq mois d'un cessez-le-feu précaire, les combats ont repris entre les forces gouvernementales et les partisans du prince Ranariddh. Ces derniers jours, au moins 2 000 civils ont fui vers la Thaïlande pour échapper aux combats autour de la ville frontière de Poipet.
1998
dimanche 4 janvier
L'ancien dictateur khmer rouge Pol Pot, âgé de soixante-douze ans, a disparu : il ne serait ni au Cambodge, ni en Thaïlande, encore moins à Pékin. Sa disparition a été confirmée par le ministre thaïlandais des Affaires étrangères. La Chine a aussitôt démenti sa présence à Pékin. Selon la presse cambodgienne, Pol Pot veut, en fuyant, échapper à un éventuel tribunal international.
lundi 5 janvier
Norodom Sihanouk a brusquement quitté Phnom Penh pour rejoindre Pékin. Le vieux monarque ne devait retourner dans la capitale chinoise pour se faire soigner que fin février. Le roi vient de faire l'objet de vives critiques dans la presse pour avoir accordé une grâce inconditionnelle à son fils, le prince Norodom Ranariddh, chassé du pouvoir en juillet.
mardi 6 janvier
Pol Pot serait toujours au Cambodge. Il a été interviewé le 4 janvier par un journaliste thaïlandais à Anion Veng, bastion des Khmers rouges, dans le nord-ouest. Hun Sen a réaffirmé sa volonté de mettre la main sur Pol Pot et de la faire traduire pour génocide devant la justice internationale.
mardi 20 janvier
La police militaire cambodgienne a ouvert le feu contre une voiture de l'ambassade des Etats-Unis, dans le centre de Phnom Penh, blessant un passager. La police affirme avoir tiré parce que le conducteur refusait de s'arrêter alors que la voiture transportait un homme recherché pour escroquerie. C'est justement cet homme, responsable d'une mine de pierres précieuses, qui a été blessé. L'ambassade américaine dit ignorer qu'il faisait l'objet de poursuites.
vendredi 27 février
Les deux camps qui s'affrontent depuis août au Cambodge, l'opposition royaliste et le gouvernement de Phnom Penh, ont respectivement décrété un cessez-le-feu immédiat. Cette trêve répond au premier des quatre points du plan de paix proposé par le Japon.
mercredi 18 mars
Le prince Norodom Ranariddh, fils du roi Sihanouk, a été condamné par contumace à trente ans de prison pour avoir fomenté en 1997 un coup d’Etat avec les Khmers rouges afin de renverser Hun Sen.
samedi 21 mars
Le roi Norodom Sihanouk a gracié, dans la soirée, son fils, le prince Norodom Ranariddh, co-Premier ministre déchu. Ce pardon permet au prince, en exil à Bangkok, de rentrer au Cambodge pour participer à la campagne des élections prévues le 26 juillet. Norodom Ranariddh avait été condamné par contumace à trente-cinq ans de prison pour collusion avec les Khmers rouges et trafic d'armes. Le roi, qui vit à Pékin, a obtenu du Premier ministre Hun Sen qu'il se prononce pour une amnistie totale du prince. Il reste à régler la réintégration des soldats fidèles au prince dans l'armée nationale et la rupture des liens entre les troupes royalistes et les maquisards khmers rouges.
jeudi 26 mars
Le gouvernement de Phnom Penh a annoncé la chute de la base khmère rouge d'Anlong Ven (extrême nord-ouest). C'est le résultat de la mutinerie de cinq divisions de la guérilla qui ont rallié le camp gouvernemental. Cette base était le principal bastion des dernières forces de la guérilla. Elle était commandée par le numéro un politique, Kieu Samphan, et l'influent Nuon Chea, anciens compagnons de Pol Pot.
dimanche 29 mars
L'armée régulière a pris le contrôle d'Anlong Ven, la base khmère rouge qui s'étend sur une vaste portion de jungle, mais marque le pas face à une résistance des maquisards retranchés dans la partie escarpée de la base.
lundi 30 mars
Retour à Phnom Penh du prince Norodom Ranariddh.
mercredi 1er avril
Le prince Ranariddh a appelé, à Phnom Penh, à un « compromis pour sauver » le Cambodge. Après avoir reconnu avoir eu des « torts » lorsqu'il était au pouvoir, il a annoncé qu'il accepterait que des membres de son parti, le Funcipec, participent à un gouvernement de coalition avec celui de son rival Hun Sen, le Parti du peuple cambodgien. Plusieurs centaines de manifestants pro et anti-Ranariddh se sont affrontés aux abords de son hôtel.
samedi 11 avril
Le général des Khmers rouges, Khem Nuon, a souhaité dans un entretien avec un journaliste américain, à la frontière thaïlandaise, livré Pol Pot, qui se trouve en résidence surveillée depuis juin, à la justice internationale, mais il a avoué ne savoir comment procéder. Il a implicitement regretté de n'avoir pas de contacts directs avec les Etats-Unis.
lundi 13 avril
Les troupes gouvernementales ont annoncé à plusieurs reprises, ces jours-ci, la prise du dernier bastion des Khmers rouges, Anfong Veng. La chute de cette forteresse de la guérilla a été à chaque fois démentie par la radio des rebelles. Mais, aujourd'hui, des journalistes ont pu se rendre sur place et constaté que les lieux avaient bien été désertés par leurs occupants, qui se seraient re-pliés sur une colline de l'autre côté de la frontière avec la Thaïlande.
mercredi 15 avril
Le général des Khmers rouges, Khem Nuon, a demandé l'arrêt des combats avec les forces gouvernementales. Il s'est même dit prêt à livrer Pol Pot.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Vers 23 h 15, Pol Pot a succombé à un infarctus du myocarde, dans une modeste cabane, située dans la jungle à quelques mètres de la frontière thaïlandaise. C'est là que des journalistes ont été conviés par les Khmers rouges à identifier son corps. Quelques heures plus tôt, des militaires thaïlandais avaient diffusé des photos de sa dépouille qui leur avaient été remises par les Khmers rouges eux-mêmes.
vendredi 17 avril
Ignorant les demandes d'autopsie pour authentifier la dépouille de Pol Pot, les Khmers rouges ont annoncé que l'ancien chef de la guérilla maoïste serait incinéré le 18 avril. Des officiers thaïlandais affirment que les fortes chaleurs qui règnent dans cette région ne permettant pas d'attendre davantage. Les services de renseignement thaïlandais affirment en outre avoir pu vérifier les empreintes digitales du défunt et procéder à des « tests scientifiques », mais le gouvernement de Phnom Penh considère cet examen comme trop sommaire pour constituer une preuve de l'identité du mort.
samedi 18 avril
Pol Pot a été incinéré dans la jungle cambodgienne lors d'une cérémonie très simple. Le gouvernement cambodgien reste toujours sceptique sur la disparition de l'ancien chef des Khmers rouges.
Les Khmers rouges ont lancé une attaque contre des pêcheurs Vietnamiens au Cambodge dans la province de Kampong Chhnang (centre) : quarante-cinq morts. Ils accusent les Vietnamiens de vouloir « coloniser le Cambodge », où ils sont environ 500 000 à être installés.
jeudi 30 avril
Au conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont proposé la mise en place d'un tribunal international chargé de juger les Khmers rouges, responsables du génocide qui a fait près de deux millions de morts au Cambodge entre 1975 et 1979. La Chine, ancien allié des Khmers rouges, la Russie et la France, ont émis des doutes sur « l'opportunité politique » de pareille décision, à quelques semaines des élections prévues pour juillet. Le gouvernement de Phnom Penh, en revanche, a salué l'initiative américaine.
dimanche 3 mai
Les Khmers rouges ont qualifié d'« injuste et inacceptable » la décision américaine de créer un tribunal international les concernant.
mercredi 13 mai
La radio khmère rouge a cessé d'émettre. L'armée cambodgienne affirme l'avoir détruite. Elle diffusait deux émissions quotidiennes depuis des années.
vendredi 12 juin
Cinq hauts responsables khmers rouges se sont rendus aux autorités cambodgiennes et ont affirmé leur fidélité au gouvernement royal. Ils ont décidé de rompre tout contact avec le chef militaire Ta Mok et l'idéologue Nuon Chea depuis le 1er mai dernier, a indiqué un communiqué de ces responsables, lu à la télévision cambodgienne au cours d'un flash.
jeudi 25 juin
Après sept mois d'incertitude, la campagne électorale démarre officiellement, avec la bénédiction de la communauté internationale mais dans un climat politique à haut risque. Trente-neuf partis se disputeront les cent vingt-deux sièges de députés, lors du scrutin du 26 juillet. Mais trois formations seulement font figures de favorites : le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, le Funcipec du co-Premier ministre déchu, le prince Norodom Ranariddh, et le parti de l'ex-ministre des Finances, Sam Rainsy.
en juin
Les Nations unies ont adressé un avertissement au gouvernement cambodgien pour l’inviter à maintenir la liberté de la presse.
jeudi 9 juillet
Le moine Maha Ghosananda, soixante-quatorze ans, surnommé le « Gandhi cambodgien », veut entreprendre une marche pour la paix, une semaine avant les élections législatives du 26 juillet, afin de « propager bonté et compassion ». La marche de soixante dix-huit kilomètres se déroulera du 18 au 24 juillet. Les marcheurs traverseront les provinces méridionales de Takeo et Kandal pour arriver à Phnom Penh le dernier jour de la campagne électorale.
vendredi 10 juillet
Le co-Premier ministre Hun Sen promet de quitter « tranquillement » le pouvoir s’il perd les élections législatives.
samedi 18 ou dimanche 19 juillet
Début de la « marche pour des élections pacifiques », menée par le moine Maha Ghosananda. La marche est partie de Tajéo, à quatre-vingt kilomètres de Phnom Penh, avec seulement deux cents personnes.
vendredi 24 juillet
La campagne électorale a officiellement pris fin. Elle s’est déroulée dans un calme tout à fait inhabituel, en dépit de quelques tentatives d’ « intimidations » dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme.
samedi 25 juillet
Un cortège de 10 000 personnes, dont la moitié composée de moines bouddhistes, a achevé, en milieu de matinée, à Phnom Penh, la marche en faveur d’élections pacifiques. En tête de cette marche, le Vénérable Maha Ghosananda. Dans l’après-midi, le cortège s’est dirigé vers le palais du roi Sihanouk pour une prière finale.
dimanche 26 juillet
Elections législatives. Trente-neuf partis étaient en compétition pour l’élection des cent vingt-deux députés. Même les suppôts de la défunte guérilla maoïste des Khmers rouges ont voté. La mobilisation électorale a été forte (90 %). Les irrégularités semblent avoir été peu nombreuses. Par contre un groupe de maquisards khmers rouges a attaqué un bureau de vote deux heures avant l’ouverture du scrutin, dans un village proche d’Anlong Ven, ex-quartier général des Khmers rouges, à la frontière thaïlandaise. Ils ont tué deux soldats et sept civils et brûlé des maisons. Un rebelle a été tué et deux autres arrêtés. C’est le seul incident grave déploré au cours de la journée d’élections.
lundi 27 juillet
Le PPC, le Parti du peuple cambodgien au pouvoir, a revendiqué dans la soirée, avant les premiers résultats officiels des élections, une majorité de sièges de députés à l’Assemblée. Le parti de Hun sen estime avoir remporté soixante-six sièges. De leur côté, plusieurs sources diplomatiques jugent la victoire du PPC « probable ». Mais pour gouverner un parti doit obtenir, conformément à la Constitution les deux tiers des sièges. On s’achemine donc vers un gouvernement de coalition.
mardi 28 juillet
La communauté internationale a accordé son satisfecit au Cambodge pour le déroulement des élections. Elles ont été « globalement crédibles et acceptables ». Pourtant, rien ne va déjà plus à Phnom Penh où l’opposition refuse d’admettre que le PPC puisse revendiquer soixante-sept des cent vingt-deux sièges, soit 55 % des voix. Le décompte des voix est très lent, les résultats nationaux provisoires ne sont pas attendus avant le 1er août, mais ce sont les premiers résultats locaux qui sèment la zizanie, en accordant quarante-deux sièges au Funcipec du prince Ranariddh et treize à la deuxième grande composante de l’opposition, le parti de Sam Rainsy. Plusieurs autres petites formations de l’opposition, laminées par le scrutin, annoncent elles aussi qu’elles rejettent les résultats... Ranariddh et Rainsy menacent de boycotter l’ouverture de l’Assemblée nationale si leurs plaintes ne sont pas suivies d’effet.
mercredi 29 juillet
Hun Sen propose au prince Ranariddh, qu’il a chassé du pouvoir il y a un an, de former un gouvernement de coalition pour sortir de l’impasse politique qui se profile. Mais il menace aussi de garde le pouvoir si l’opposition met à l’exécution sa menace de boycotter l’Assemblée issue des urnes.
jeudi 30 juillet
Le Cambodge s’achemine vers un gouvernement de coalition qui réunirait les trois grandes formations rivales (PPC, Funcipec et le parti de Rainsy). C’est ce qu’a laissé entendre Hun Sen à l’issue d’un entretien avec le roi Sihanouk auquel il a suggéré l’idée, au palais royal de Siem Reap, dans le nord du pays. Selon les résultats portant sur 89 % des voix, le parti de Hun Sen a obtenu 41,3 % des suffrages (cinquante-six des cent vingt-deux sièges), le Funcipec 32,2 % (quarante-cinq s.) et le Parti de Sam Rainsy 14,2 % (dix-huit s.). Toutefois, Hun Sen s’est dit prêt à amender la Constitution pour abaisser la majorité de gouvernement à cinquante et un sièges (les deux tiers étant requis actuellement pour gouverner).
samedi 1er août
Les résultats des élections législatives du 26 juillet ne seront connus que le 4 août. Le retard est dû à des problèmes dans l’acheminement des bulletins de vote vers Phnom Penh.
La police a arrêté un ancien commandant d’une division khmère rouge, Nguon Paet, qu’elle accuse d’avoir ordonné l’exécution, en juillet 1994, de trois otages étrangers, un Français, un Australien et un Britannique. Le père de l’otage français, lui, affirme que le coupable est Chouk Rin, l’ancien adjoint de Nguon Paet. Chouk Rin, rallié au gouvernement de Phnom Penh, est actuellement conseiller militaire du royaume.
mercredi 5 août
Après plusieurs jours de report pour recompter les bulletins de vote dans des communes contestées, la commission électorale a enfin annoncé les résultats officiels des élections législatives. Comme prévu, le PPC du Premier ministre Hun Sen arrive en tête avec 41,4 % des voix, devant le Funcipec du prince Ranariddh (31,7 %) et le parti de Sam Rainsy (14,3 %). L’impasse politique demeure cependant car Ranariddh et Rainsy refusent de former un gouvernement de coalition avec Hun Sen.
dimanche 30 août
C’est la plus grosse manifestation jamais vue à Phnom Penh : quelque 10 000 Cambodgiens ont défilé dans les rues de la capitale pour demander le départ du Premier ministre Hun Sen. Pacifique, le mouvement a failli déraper en fin de journée, dans un parc, devant l’Assemblée nationale, quand une poignée de jeunes s’est attaquée, à coups de marteau et d’essence enflammée, à une statue célébrant l’amitié avec le Viêtnam.
lundi 31 août
Les adversaires d’Hun Sen, le prince Ranariddh et Sam Rainsy, ont à nouveau exigé la révision des résultats des élections législatives du 26 juillet et du mode d’attribution des sièges.
mercredi 2 septembre
Appelé à la rescousse par l’opposition cambodgienne qui accuse Hun Sen de fraudes électorales, le roi Sihanouk a invité les leaders des principales formations à « une réunion de famille » afin de trouver une solution politique. Le prince Ranariddh, Sam Rainsy et Hun Sen ont accepté.
lundi 7 septembre
L’impasse politique dans laquelle le Cambodge s’enfonce depuis juillet a pris une tournure inquiétante. A Phnom Penh, la résidence de Hun Sen a été la cible de trois grenades. Les engins n’ont pas de fait de victime mais, prenant prétexte de cet attentat, Hun Sen a décidé de museler radicalement l’opposition. Les manifestants qui campent depuis deux semaines devant l’Assemblée nationale pour protester contre les fraudes électorales, ont été sommés de se disperser avant minuit et Hun Sen a fait savoir que « les arrestations vont débuter ». A commencer par celles des leaders de l’opposition. Premier visé : Sam Rainsy, que Hun Sen accuse d’être directement responsable de l’attentat. S’estimant en danger, il s’est placé « sous la protection des Nations unies » dans un grand hôtel de la capitale où il a rencontré des diplomates de l’ONU. La police a tiré sur plusieurs centaines de ses partisans qui tentaient d’approcher de l’hôtel, tuant l’un d’entre eux. Quelques heures plus tard elle a de nouveau ouvert le feu, faisant cette fois deux blessés. Hun Sen a mis les ambassades en garde contre la tentation d’accorder l’asile aux opposants, qu’il qualifie de « terroristes », expliquant que quiconque est associé aux manifestations se verra interdire de quitter le pays.
mardi 8 septembre
Hun Sen a mis à exécution sa menace de disperser les manifestants de l’opposition, afin de restaurer l’ordre à Phnom Penh. La police anti-émeute a investi le parc de l’Assemblée nationale et dispersé les opposants.
mercredi 9 septembre
A Phnom Penh, de nouvelles manifestations ont rassemblé des milliers de contestataires devant l’ambassade des Etats-Unis, leur nouveau lieu de regroupement depuis qu’ils ont été chassés des abords du Parlement. La répression policière aurait fait une victime, un moine bouddhiste. Des tracts signés par une organisation religieuse ont circulé dans l’après-midi, appelant le peuple à se soulever contre Hun Sen. Celui-ci a pris une nouvelle mesure, l’interdiction de tous les rassemblements sur la voie publique. « Si l’opposition continue à manifester, le nettoyage se poursuivrai ». Les opposants ont aussitôt relevé le défi et… sollicité l’autorisation de manifester le 13 septembre.
samedi 12 septembre
De violentes bagarres accompagnées de coups de feu ont éclaté entre manifestants pro et anti-gouvernementaux, à Phnom Penh. Les échauffourées ont eu lieu près de l’ambassade américaine : au moins 10 000 partisans du parti au pouvoir, le PPC, s’étaient rassemblés sur le terrain investi ces dernières semaines par l’opposition.
dimanche 13 septembre
10 000 partisans de Hun Sen ont envahi les rues de la capitale, bientôt suivis par plusieurs milliers de membres de l’opposition. En une semaine, les affrontements ont fait trois morts et de nombreux blessés. Le roi et le président du parti au pouvoir, le PPC de Hun Sen, ont appelé à l’arrêt des manifestations. Les élus de l’opposition menacent de boycotter la première séance de la nouvelle assemblée, le 24 septembre. Le gouvernement a annoncé qu’il retirera leur immunité aux boycotteurs.
lundi 14 septembre
Le prince Norodom Ranariddh, chef du Funcipec, le parti royaliste, a affirmé que l’opposition cambodgienne était « prête à négocier » une solution à la crise, pour « éviter un bain de sang ». Il a donc lancé un appel aux partisans de l’opposition qui manifestent quotidiennement depuis trois semaines à Phnom Penh, les invitant à cesser leurs actions. Pourtant la tension reste extrême dans la capitale où la police a chargé et tiré en l’air pour disperser les manifestants, dont certains ont été sévèrement battus.
mercredi 16 septembre
Après un entretien avec son père le roi Norodom Sihanouk, le prince Norodom Ranariddh a renoncé à boycotter la séance inaugurale de l’Assemblée et a appelé à l’arrêt des manifestations. Il conteste toujours la victoire électorale d’Hun Sen pour tant entérinée par la communauté internationale. Mais, s’il accepter d’enterrer la hache de guerre, il refuse, pour l’instant, de participer à un gouvernement de coalition.
vendredi 18 septembre
Des responsables des Nations unies ont révélé que vingt et un cadavres ont été découverts ces jours-ci à Phnom Penh et dans les environs de la capitale. Certains portent des traces de violences et de tortures.
mardi 22 septembre
Hun Sen et ses deux rivaux de l’opposition, Norodom Ranariddh et Sam Rainsy, ont eu des premières discussions jugées « positives, pour régler la crise politique ». Cette « réunion de famille », organisée par le roi, a permis de « faire des progrès et débloquer l’impasse » post-électorale, selon Ranariddh. Les deux leaders de l’opposition ont accepté de participer, le 24 septembre, à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale où ils pourront « faire entendre [leurs] plaintes ».
jeudi 24 septembre
Respectant le calendrier constitutionnel, le nouveau Parlement cambodgien a tenu sa première session, sous l’égide du roi Norodom Sihanouk. Pourtant, dans la matinée, le co-Premier ministre Hun Sen a échappé de justesse à un attentat, alors qu’il se rendait à la résidence royale de Siem Reap avant l’ouverture de la session. Sa voiture a été la cible de quatre roquettes télécommandées. Une seule a explosé, tuant un père et son fils.
dimanche 4 octobre
Le gouvernement a annoncé sa décision de faire interdire les deux seuls journaux indépendants, en langue anglaise, du pays. Les journalistes britanniques et américains devraient être expulsés, temporairement…
vendredi 13 novembre
Après treize mois d’impasse politique, les partis cambodgiens ont trouvé une issue grâce, une fois de plus, au roi Sihanouk. Celui-ci a su convaincre son fils, le prince Norodom Ranariddh, d’accepter de rentrer de Thaïlande (où il se trouvait bloqué depuis deux mois avec d’autres chefs de l’opposition) et de former un gouvernement de coalition avec Hun Sen. Ce dernier accepte de laisser la présidence de l’Assemblée nationale au prince Ranariddh qui la revendiquait et de placer son actuel président, l’un de ses proches, Chea Sim, à la tête d’un Sénat qui va être créé pour l’occasion. La Constitution sera modifié pour cela. Le nouveau président du Sénat assurera les fonctions de chef de l'Etat par intérim lors des absences répétées du souverain cambodgien. De plus, cinq officiers ralliés au prince Ranariddh ainsi que les opposants condamnés dans « des affaires politiques » sont graciés.
lundi 23 novembre
Le Parti du peuple cambodgien de Hun Sen et le Funcinpec du prince Ranariddh, se sont mis d’accord sur un pacte de coalition gouvernementale devant mettre fin à la crise politique qui dure depuis les législatives du 26 juillet. Le PPC obtient la direction de treize ministères et le Funcinpec en contrôle douze. Les deux partis se partagent les deux postes clés de la Défense et de l’Intérieur, chapeautés par des co-ministres.
jeudi 26 novembre
Hun Sen a été renommé au poste de premier ministre par le prince Sihanouk, après plus de trois mois de crise.
lundi 30 novembre
Le Cambodge a enfin un gouvernement. La nouvelle équipe gouvernementale a reçu la confiance de l’Assemblée nationale par quatre-vingt dix-neuf voix contre treize, trois abstentions et un bulletin nul. Le PPC tient douze des vingt-cinq ministères (Affaires étrangères, Finances, Commerce, Construction, Planification, Industrie, Agriculture). Le Funcipec a reçu en partage la Justice, l’Information, l’Education, la Santé, la Culture, le Tourisme, la Religion, les Affaires des femmes. L’Intérieur et la Défense, les deux postes clés, sont partagés entre les deux formations par le biais de co-ministres. Le Premier ministre Hun Sen a défini ses priorités : adhérer à l’Asean, et retrouver son siège aux Nations unies, vacant depuis plus d’un an. « La normalisation des liens avec les pays étrangers pour la reprise de l’aide est une autre priorité ». Le parti de Sam Rainsy, qui compte quinze députés à l’Assemblée, cristallise donc aujourd’hui l’opposition. Il a relancé son combat contre l’impunité judiciaire et la corruption. Il a invité les ministres à rendre public le montant de leur fortune.
mercredi 2 décembre
Premier match du premier tour du tournoi de football des Jeux asiatiques, organisés par la Thaïlande : à Surat Thani, la Chine a battu le Cambodge quatre buts (Yang Chen 3 et Wang Peng) à un (Hok Sochetra).
vendredi 4 décembre
Les derniers combattants khmers rouges ont rendu les armes, près de la frontière thaïlandaise. Le ministre de la Défense estime à un millier le nombre des Khmers rouges venus d’Anlong Veng et de Samlot qui ont fait défection pour se rallier aux forces armées royales auxquelles ils seront intégrés « sans condition ». Le leader historique Khieu Sampan serait toujours en fuite (une agence japonaise l’a annoncé mort le mois dernier !) ; les recherches se poursuivent pour mettre la main sur Nuon Chea, l’idéologue du mouvement, et Tamok, son chef militaire. Le gouvernement de Hun Sen, tout comme la communauté internationale, entend bien juger ceux qui pourront être pris.
Second et dernier match du premier tour du tournoi de football des Jeux asiatiques : à Surat Thani, le Liban a battu le Cambodge cinq buts (Taha 2, Chahrour, Andary, Hojeij) à un (Nuth Sony). Derniers du groupe B, les Cambodgiens sont éliminés.
mardi 8 décembre
Le gouvernement a décidé de renoncer à traquer les trois derniers dirigeants khmers rouges restés dans la clandestinité.
mardi 15 décembre
Après onze heures de débat, les pays membres de l’ASEAN décident que le Cambodge ne sera pas admis dans l’immédiat, mais pourrait l’être dans six mois si la nouvelle coalition au pouvoir fonctionne et qu’un Sénat est formé à Phnom Penh.
vendredi 25 décembre
Nuin Chea et Khieu Samphan, deux chefs khmers rouges ont quitté la jungle pour rallier le gouvernement de Hun Sen. En échange de ce ralliement, ils ne devraient pas être inquiétés par la justice de leur pays. En revanche, ils risquent d’être traduits devant un tribunal international chargé de juger les crimes contre l’humanité commis par les Khmers rouges. Désormais, le dernier dirigeant historique des Khmers rouges encore en rébellion est Ta Mok, soixante dix ans, surnommé « le boucher » pour sa cruauté.. Il se trouverait quelque part dans la jungle à la frontière khméro-thaïlandaise entouré d’une poignée de gardes du corps.
mardi 29 décembre
Hun Sen a accueilli à Phnom Penh ses camarades de jadis, Khieu Samphan et Nuon Chea. Les deux hommes ont présenté leurs « excuses » pour le génocide cambodgien (deux millions de morts). Une « réconciliation » qualifiée de « tragédie » par Amnesty International. Les Etats-Unis ont réclamé un procès sinon il y aura une possible dégradation des relations Etats-Unis-Cambodge.
mercredi 30 décembre
Le roi Norodom Sihanouk n’approuve pas la clémence promise par Hun Sen à Khieu Samphan et à Nuon Chea, sous prétexte de réconciliation nationale. Il l’a fait savoir, sans la moindre ambiguïté, dans un message diffusé de Pékin, où il est en traitement. Il refuse « l’amnistie aux grands criminels khmers rouges anti-peuple cambodgien ». Le roi désavoue aussi le Premier ministre en estimant ensuite qu’un tribunal international aurait « parfaitement le droit de juger le génocide au Cambodge, parce qu’il s’agit de crimes contre l’humanité ».
1999
vendredi 1er janvier
Hun Sen n’a jamais promis l’immunité judiciaire aux deux leaders khmers rouges qui viennent de se rallier au gouvernement. C’est, en tout cas, ce qu’il vient d’affirmer haut et clair. Dans son souci de se justifier, le Premier ministre est même allé jusqu’à accuser la Thaïlande (sans la nommer, il est vrai), pour la première fois, d’avoir servi de sanctuaire aux Khmers rouges. Du coup, le problème prend brusquement une nouvelle dimension. L’entourage des dignitaires polpotistes (qui ont fait du tourisme sous protection policière sur la plage de Sihanouk-ville) a multiplié les mises en garde : les procès dirigés contre eux ne pourraient qu’entraîner un retour à la guerre civile… et gêner quelques grandes puissances.
lundi 4 janvier
Norodom Sihanouk vient de jeter un nouveau pavé dans la mare de la réconciliation nationale. Le roi pousse à l’extrême sa propre logique en faisant savoir qu’il acceptera personnellement de « comparaître devant un tribunal chargé de juger les Khmers rouges et leurs complices réels ou supposés ». Il précise qu’il se défendra lui-même et ajoute : « Je déclare par avance accepter une éventuelle condamnation de ma personne par ce tribunal et de purger la peine de prison qu’il m’infligera ». Par ailleurs, la Thaïlande, accusée d’avoir servi de sanctuaire à la guérilla khmer rouge, a répliqué vivement par la voix de son Premier ministre, Chuan Leepkai. Dénonçant une « manœuvre de diversion » de la part de Phnom Penh, il a mis le Cambodge en garde contre l’isolement international qui le guette si Phnom Penh ne manifeste pas davantage d’adresse politique dans le dossier des Khmers rouges.
mardi 5 janvier
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), quelque 1 700 réfugiés cambodgiens de la province thaïlandaise de Surin ont regagné leur pays depuis le ralliement des leaders khmers rouges au gouvernement cambodgien. Plus de trois cents cinquante devraient suivre dans les jours qui viennent. L’agence onusienne s’inquiète, cependant, de ce que des Khmers rouges, toujours présents en Thaïlande, font pression sur ces réfugiés pour qu’ils gagnent les régions où les guérilleros restent encore influents. Plus de 35 000 Cambodgiens vivent aujourd’hui dans des camps en Thaïlande. A Bangkok, les autorités thaïlandaises ont fait savoir qu’elles ne protégeront pas les anciens dirigeants khmers rouges si ceux-ci s’aventurent sur leur sol. Par ailleurs, la Chine (qui a soutenu idéologiquement les Khmers rouges) a, pour la première fois fait savoir qu’un procès sur le génocide des années Pol Pot ne relève que des « affaires intérieurs cambodgiennes ». Pékin se félicite de la politique de « réconciliation nationale » du régime de Hun Sen.
mercredi 20 janvier
Officiellement, Pol Pot est mort d’une crise cardiaque le 15 avril 1998. Le dernier numéro de Far Eastern Economic Review dément cette version et affirme que Pol Pot s’est suicidé « pour éviter d’être pris vivant ».
jeudi 21 janvier
Le Premier ministre Hun Sen a officiellement demandé à l’ONU de procéder à un procès exhaustif des khmers rouges qui dépasse le seul cadre du génocide polpotiste (1975-1979). Un tel procès suppose que soient également jugérs les responsabilités et complicités de la communauté internationale à l’égard des Khmers rouges.
en janvier
Soutenue par l’armée, l’entreprise taïwanaise Hero Taiwan a commencé à exploiter sans vergogne les forêts cambodgiennes, au grand dam des populations locales.
jeudi 4 février
Dix-sept familles d’origine cambodgienne ont déposé plainte devant la justice belge contre les anciens chefs khmers rouges Khieu Samphan, Nuon Chea et Ieng Sary pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.
samedi 6 mars
Ta Mok (« le Boucher »), le dernier chef rebelle khmer rouge encore en fuite, a été arrêté par les autorités cambodgiennes près de la frontière thaïlandaise.
dimanche 7 mars
Le gouvernement a décidé de traduire Ta Mok, le premier dirigeant khmer rouge à comparaître en justice, devant un tribunal local plutôt qu’une cour internationale recommandée par l’ONU.
mardi 9 mars
Ta Mok a été formellement inculpé pour activités sécessionnistes. Il comparaîtra donc devant un tribunal militaire. Une enquête va maintenant élucider son rôle dans le génocide polpotiste.
lundi 22 mars
Le Cambodge sera admis en avril à l’ASEAN comme membre de plein droit. L’annonce en a été faite à l’issue de la visite officielle du Premier ministre cambodgien, Hun Sen, à Jakarta (Indonésie).
vendredi 2 avril
Une plainte pour « crimes contre l’humanité » contre quatre chefs Khmers rouges (Khieu Samphan, Nuon Chea, Ieng Sary et Ta Mok) a été déposée à Paris par deux Français d’origine cambodgienne. L’extradition vers la France a également été demandée.
vendredi 30 avril
Cérémonie d’adhésion du Cambodge à l’ASEAN, à Hanoi. L’organisation compte désormais dix pays membres.
dimanche 9 mai
L’ancien tortionnaire khmer rouge Kang Kek leu, plus connu sous le nom de « Duch », a été interpellé à Battambang (ouest du pays) ; il a été ramené discrètement à Phnom Penh. Duch était le responsable du centre d’interrogatoire khmer rouge de Tuol Sleng à Phnom Penh.
vendredi 14 mai
Kang Kek leu, a été inculpé et sera traduit en justice avec le chef de guerre Ta Mok.
mercredi 2 juin
Le Premier ministre Hun Sen a été reçu à Paris par le président français Jacques Chirac. La France est prête à coopérer avec le Cambodge dans les domaines de l’éducation, la santé, le déminage et les liens entre les collectivités locales.
lundi 7 juin
L’ancien commandant khmer rouge Nuon Pachet, poursuivi pour l’assassinat de trois touristes en 1994, a été condamné à la prison à vie.
mardi 15 juin
La Fédération des associations d’armateurs de l’ASEAN a lancé un appel à tous les pays de la région : « Les pirates sont armés de mitraillettes et extrêmement dangereux. Il revient aux autorités de chaque pays de réagir sans tarder ».
lundi 21 juin
Deux gradés de l’armée cambodgienne, anciens chefs khmers rouges, ont été inculpés pour leur rôle présumé dans l’enlèvement et l’assassinat de trois touristes en 1994. Le général Sam Bith et le colonel Chouk Rin avaient comparu comme témoins lors du procès de Nuon Paet.
mardi 13 juillet
La tribu Jarai a battu à mort un Khmer rouge suspecté d’avoir participé au massacre de plusieurs villageois.
vendredi 23 juillet
Les habitants d’un village du nord-est du pays ont sorti de prison deux ex-Khmers rouges. Les deux hommes, accusés d’avoir récemment égorgé quatorze villageois, ont été pendus.
jeudi 12 août
Des experts de l’ONU vont se rendre, fin août, à Phnom Penh afin de proposer au Cambodge la mise en place d’un tribunal mixte, composé de juges internationaux et cambodgiens, pour juger sans possibilité d’appel les responsables khmers rouges. Ce tribunal jugera les responsables politiques et militaires khmers rouges au cours d’un procès unique. Le gouvernement cambodgien a accepté le principe d’un tel tribunal mixte, mais il s’oppose catégoriquement, au nom de la souveraineté nationale, à la mise en place d’un tribunal internationale, du type de ceux utilisés pour le Rwanda ou la Yougoslavie.
mardi 7 septembre
Six mois après son arrestation, l’ancien chef de guerre des Khmers rouges, Ta Mok, soixante-treize ans, a été inculpé par la justice cambodgienne de génocide.
jeudi 9 septembre
L’ancien tortionnaire khmer rouge Kang Kek leu, cinquante-six ans, plus connu sous son nom de guerre de « Duch », a été inculpé de génocide par la justice cambodgienne.
vendredi 8 octobre
Visite à Phnom Penh du ministre français de la Coopération, Charles Josselin.
lundi 18 octobre
A Hong Kong, l’équipe de football hongkongaise a battu le Cambodge quatre buts à un.
du vendredi 5 au samedi 6 novembre
Conférence des ministres de la Justice des dix pays de l’ASEAN à Singapour.
dimanche 7 novembre
A Phnom Penh, l’équipe de football du Cambodge a été battue par la sélection hongkongaise un but à zéro.
dimanche 28 novembre
Sommet des pays membres de l’ASEAN à Manille (Philippines).
début janvier
Offensive khmère rouge dans l’ouest du pays, contre les villes Sisophon et Battambang.
dimanche 7 janvier
A Battambang, le quartier général des forces gouvernementales est détruit : trente-cinq morts.
Six attentats à Phnom Penh.
lundi 15 janvier
Ouverture à Paris d’un sommet sur le Cambodge réunissant les cinq Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (France, Royaume-Uni, Chine, Union soviétique et Etats-Unis).
mardi 16 janvier
A Paris, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU se sont prononcés en faveur d'une tutelle des Nations unies sur le pays jusqu’à la mise en place d’un d'un pouvoir légitime à Phnom Penh.
samedi 3 février
Sihanouk abolit le drapeau, l'hymne des Khmers rouges et le nom de Kampuchea.
dimanche 11 février
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU se sont retrouvés à New York pour un dîner de travail concernant le Cambodge.
jeudi 15 février
Malgré l’annonce par Hanoï du retrait total de ses troupes en septembre, des soldats vietnamiens seraient impliqués dans les combats au Cambodge.
mercredi 21 février
Sihanouk rencontre Hun Sen à Bangkok : accord sur la nécessité de mettre en place un « organe national suprême ».
lundi 26 février
Toutes les parties intéressées par le conflit cambodgien se sont retrouvées à Jakarta pour de nouvelles discussions.
dimanche 15 juillet
Les Khmers rouges attaquent un train : trente morts.
mercredi 18 juillet
Les Etats-Unis arrêtent leur soutien à la résistance (ils négocieront avec le Viêtnam).
dimanche 9 septembre
Conférence de Djakarta (Indonésie) sur le Cambodge : les quatre factions acceptent le plan de paix.
dimanche 25 novembre
Le Cambodge passe sous contrôle d'une Autorité provisoire des Nations unies (APRONUC) jusqu'aux élections libres (refusé par le gouvernement) ; constitution d'un Conseil national suprême (CNS) de douze membres pendant la transition.
1991
dimanche 10 février
Les Khmers rouges attaquent Battambang.
en mars
Le gouvernement annonce des élections anticipées en juin 1992 en l'absence de règlement du conflit.
lundi 15 avril
Les Khmers rouges prennent Kompong Trach.
vendredi 26 avril
Les Khmers rouges acceptent le cessez-le-feu proposé par l'ONU.
mercredi 1er mai
Cessez-le-feu provisoire.
dimanche 23 juin
Acceptation d’un cessez-le-feu par les protagonistes du conflit.
mercredi 17 juillet
A Pékin, accord conclu entre les quatre factions cambodgiennes. Le prince Sihanouk est élu président du Conseil national suprême.
en juillet
Conférence de Pattaya (Thaïlande) présidée par Norodom Sihanouk, réunissant le Premier ministre Hun Sen (soutenu par le Viêtnam) et le représentant des khmers rouges Khieu Sampan.
mercredi 23 octobre
Accords de paix sur le Cambodge signés à Paris.
jeudi 14 novembre
Le prince Sihanouk regagne le Cambodge après treize ans d’exil.
mercredi 20 novembre
Le prince Sihanouk est proclamé chef de l’Etat.
1992
vendredi 28 février
Après quatre mois d'hésitations, le Conseil de Sécurité de l'ONU a voté l'envoi au Cambodge d'une Autorité provisoire (Apronuc) de 22 000 hommes (dont près de 16 000 casques bleus), chargée d'administrer le pays et de préparer les élections générales prévues pour le début de 1993.
dimanche 15 mars
Début du déploiement au Cambodge de la mission des Nations unies Apronuc (Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge). Le Japonais Yasushi Akashi (représentant spécial du secrétaire général de l’ONU) et le lieutenant-général australien John Sanderson (commandant en chef des forces armées et du premier contingent) sont arrivés à Phnom Penh.
lundi 6 avril
Placé par les Viêtnamiens en 1979, Heng Samrin n’est plus président du Conseil d’Etat. Il est remplacé par Chea Sim.
en juillet
Fondation du bimensuel anglophone Phnom Penh Post par Michael Hayes.
1993
vendredi 12 février
François Mitterrand a quitté le Viêtnam pour rejoindre le Cambodge. Il a exalté à Phnom Penh l’unité national cambodgienne dont le prince Sihanouk est, selon lui, le meilleur garant.
du dimanche 23 au vendredi 28 mai
Premières élections générales libres organisées au Cambodge depuis 20 ans, sous la supervision de l’Apronuc. Le scrutin est un échec pour les Khmers rouges qui boycottaient l’opération électorale.
lundi 14 juin
Le prince Sihanouk est élu chef de l'Etat par l'Assemblée constituante.
jeudi 1er juillet
Formation d’un gouvernement de transition.
samedi 28 août
Adoption de la Constitution et fin du mandat officiel de l'Apronuc.
du mercredi 8 au jeudi 9 septembre
Réunion à Paris de la Conférence internationale pour la reconstruction du Cambodge : aide totale de près de un milliard de dollars.
mardi 21 septembre
L'assemblée adopte une constitution rétablissant la monarchie parlementaire. La mission de l'Apronuc prend fin.
vendredi 24 septembre
Rétablissement de la monarchie au Cambodge : le prince Norodom Sihanouk est sacré roi du Cambodge pour la deuxième fois (couronné en 1941, il avait abdiqué en 1955). Formation du gouvernement, avec Norodom Ranariddh (fils de Sihanouk) pour « premier » Premier ministre et Hun Sen, Vice-président du PPC, pour « second » Premier ministre.
vendredi 29 octobre
L'assemblée approuve le gouvernement.
en décembre
La Roumanie, la Bulgarie et le Cambodge deviennent membres de l’organisation internationale de la Francophonie.
1994
lundi 3 janvier
Des Khmers rouges ont attaqué un ancien fief des partisans du prince Sihanouk (Funcipec) dans le district d'Ampil, au nord-ouest du royaume.
du mercredi 12 au vendredi 14 janvier
Le chef du gouvernement thaïlandais, Chuan Leekpai, a effectué sa première visite officielle à Phnom Penh.
mercredi 20 avril
Les Khmers rouges ont repris leur ancien quartier général de Païlin, situé près de la frontière thaïlandaise.
du vendredi 27 au samedi 28 mai
Echec des négociations de Pyongyang (Corée du Nord) sur un cessez-le-feu entre le gouvernement royal et les Khmers rouges.
mercredi 6 juillet
L'Assemblée nationale a voté, par 98 voix sur 99 votants, la mise hors-la-loi des Khmers rouges. Le roi Norodom Sihanouk, en traitement pour un cancer à Pékin, a aussitôt fait savoir son opposition à cette loi et sa volonté de ne pas la promulguer.
mardi 26 juillet
Trois Occidentaux (l'Australien David Wilson, le Britannique Mark Slater et le Français Jean-Michel Braquet) ont été enlevés par les Khmers rouges.
mardi 1er novembre
Confirmation par le gouvernement cambodgien de l'assassinat des trois otages occidentaux enlevés par les Khmers rouges en juillet.
1995
mardi 2 mai
Des étudiants de l'institut de technologie de Phnom Penh ont manifesté devant leur établissement pour exiger davantage de cours d'anglais, au détriment de l'enseignement du français.
mardi 4 juillet
Les Khmers rouges se sont emparés d'une base gouvernementale au sud-ouest de Battambang, après deux heures de combat, malgré l'appui de l'aviation et de l'artillerie gouvernementale.
mercredi 5 juillet
Le gouvernement a envoyé des renforts vers Battambang pour tenter de briser l'avance des Khmers rouges.
mardi 25 juillet
C'est le chef des khmers rouges, Pol Pot, qui avait personnellement ordonné l'exécution des trois otages occidentaux (un Français, un Australien et un Britannique) enlevés dans le sud en 1994 rapporte un ancien militant khmer rouge rallié au gouvernement.
mardi 24 octobre
Une éclipse totale du Soleil est visible sur une grande partie du sud de l’Asie, de l’Iran à l’Indonésie.
dimanche 19 novembre
Le prince Norodom Sirivuddh, demi-frère du roi Sihanouk, et secrétaire général du Funcipec (parti du Roi) a été placé en résidence surveillée. Le Second Premier ministre Hun Sen le soupçonne de vouloir l'assassiner. D'après le très sérieux Far Eastern Economic Review, Hun Sen protège le chef de la mafia cambodgienne Teng Bun Ma et partage avec lui les bénéfices du trafic de la drogue en mettant les camions de l'armée à sa disposition pour le transport de cette drogue.
mercredi 22 novembre
Invoquant des raisons de santé, le roi Sihanouk a annoncé son intention de quitter le Cambodge pour aller se faire soigner à Pékin. En fait, le souverain craint pour sa vie après l'arrestation de son demi-frère, le prince Sirivuddh, qui aurait dénoncé les trafics de Hun Sen. Norodom Ranariddh, premier Premier ministre et propre fils du roi, serait impliqué dans la combine.
vendredi 8 décembre
A Lampoon (Thaïlande), l’équipe de football du Viêtnam a battu le Cambodge quatre buts à zéro.
mardi 12 décembre
Le roi Sihanouk a écrit au second Premier ministre Hun Sen pour lui demander d'accorder son « demi-pardon » à son demi-frère Sirivuddh et d'autoriser ce dernier à s'exiler en France, où vivent sa femme (française) et leurs deux enfants.
1996
mi-février
Le commandant Heng Pong, un des plus importants responsables de la guérilla khmère rouge, a fait défection et rejoint les forces gouvernementales, accompagné de 357 combattants et de leur famille.
dimanche 18 février
Des milliers de nouveaux charniers ont été découverts par une équipe de chercheurs de l'université américaine de Yale en quatorze mois.
lundi 26 février
Un bateau de tourisme a chaviré sur le Mékong, à un kilomètre au sud de Phnom Penh : quatre des vingt-deux touristes français sont morts.
dimanche 10 mars
La télévision nationale a annoncé que le roi Sihanouk pourrait quitter son fauteuil de chef de l'Etat.
lundi 11 mars
Le roi Sihanouk est rentré à Phnom Penh après six semaines d'analyses médicales à Pékin. Il a laissé entendre qu'il pourrait abandonner bientôt ses fonctions de chef de l'Etat cambodgien. Le président de l'Assemblée nationale, Chea Sim, pourrait être nommé régent jusqu'à la mort du souverain.
lundi 22 avril
Visite en France de Norodom Sihanouk.
lundi 29 avril
Le général In Sidare, qui commande l'offensive lancée par le gouvernement contre les Khmers rouges et interrompue à cause de la mousson, a été tué dans l'après-midi par une patrouille rebelle non loin de Pailin, la forteresse khmère rouge du nord-ouest. Quatre soldats ont péri dans l'attaque et cinq autres ont été blessés.
samedi 18 mai
Thum Bunly, cinquante-six ans, directeur du journal cambodgien d'opposition Oddas Katec Khmer (« l'Ideal Khmer »), a été assassiné, au centre de Phnom Penh, par un homme portant l'uniforme des gardes du corps de certaines personnalités au pouvoir.
dimanche 9 juin
Décès dans un hôpital de Hong Kong de l’ancien Premier ministre Nhiek Tioulong, à l’âge de quatre-vingt huit ans.
jeudi 13 juin
La Chine a fait savoir qu'elle n'avait aucune information sur le sort de Pol Pot. De son côté, le gouvernement cambodgien croit à un coup de bluff pour permettre des négociations.
jeudi 8 août
Ieng Sary (67 ans), numéro deux des Khmers rouges et beau-frère de Pol Pot, ainsi que deux autres chefs militaires de la guérilla et quelque 3 000 combattants auraient rallié le gouvernement cambodgien. C'est du moins ce qu'affirme Phnom Penh où le Premier ministre Hun Sen déclare que les trois hommes sont actuellement interrogés à Bangkok (Thaïlande).
dimanche 1er septembre
Le gouvernement vient d'envoyer des armes à une faction de Khmers rouges ralliés au pouvoir. Ils étaient menacés par un groupe de rebelles restés fidèles à leur commandement central. C'est la première aide militaire directe du pouvoir aux dissidents Khmers rouges depuis leur rupture avec les radicaux, à la mi-août.
lundi 2 septembre
A Singapour, l’équipe de football du Viêtnam a battu le Cambodge trois buts à un.
jeudi 5 septembre
L’équipe de football de Birmanie a battu le Cambodge cinq buts à zéro. La rencontre s’est déroulée à Singapour.
lundi 30 septembre
Alerte dans le pays où cinq provinces et 1,3 millions d'habitants subissent la mousson et des crues importantes du Mékong. On déplore déjà onze morts et 120 000 hectares de rizières saccagées. le pays a besoin de 300 000 sacs de sable pour protéger la capitale et ses environs, de plus de 8 000 tonnes de riz par mois pour nourrir les victimes et de bâches pour abriter temporairement les sans-abri.
mardi 8 octobre
Cinq unités de Khmers rouges, environ 5 000 hommes, et des civils travaillant sous leur contrôle ont fait défection et se sont ralliés au gouvernement de Phnom Penh. Ils viennent de la région de Samlot, l'ancien bastion des Khmers rouges tombé la semaine dernière. Cette nouvelle défection porte un coup sévère à la guérilla khmère dont le reste des forces est désormais concentré dans la région montagneuse de Phnom Dangreak, près de la frontière thaïlandaise.
dimanche 3 novembre
Plusieurs commandants khmers rouges dissidents ont été reçus la semaine dernière à Phnom Penh, où ils se sont entretenus avec le co-Premier ministre, le prince Norodom Ranariddh. La délégation était conduite par Sok Pheap, un lieutenant du chef de la faction Khmère rouge dissidente, l'ancien vice-Premier Ministre Ieng Sary. Les dissidents ont signé un accord de paix qui entre en vigueur cette semaine et accepté d'accélérer l'intégration de leurs troupes aux forces gouvernementales.
mercredi 20 novembre
Un expert britannique du déminage et son interprète cambodgien ont été libérés par les Khmers rouges, dans la province de Kompong (centre). Ils avaient été enlevés près d'Angkor il y a huit mois.
1997
mercredi 8 janvier
Quelques 900 Khmers rouges se sont ralliés ces jours-ci aux forces gouvernementales, « pour participer à la réconciliation nationale ». Ils ont expliqué qu'ils souhaitaient se joindre au roi parce que leurs chefs les ont « trahis ».
mercredi 26 février
Le roi Sihanouk « envisage sérieusement d'abdiquer » et de devenir citoyen ordinaire. D'après lui, ses jours et ceux de la monarchie khmère « sont comptés ».
en février
Le Funcipec et le PNK ont constitué le Front uni national (Fun) avec les Khmers rouges dissidents de Ieng Sary.
dimanche 30 mars
A Phnom Penh, des inconnus ont tenté de tuer le leader de l'opposition, Sam Rainsy (Parti de la nation khmère-PNK), en lançant trois ou quatre grenades sur un rassemblement qu'il présidait, devant l'Assemblée nationale (à une centaine de mètres du palais royal) : seize morts et cent dix-neuf blessés. La plupart des victimes appartiennent au PNK. Le garde du corps du leader a été tué, de même qu'un membre du Comité de contrôle du parti et un journaliste cambodgien. Rainsy a implicitement rejeté la responsabilité de l'agression sur le PPC. La manifestation visait à dénoncer les conditions dans lesquelles l'ancien ministre Rainsy devait être convoqué devant la justice dans le cadre d'une enquête sur l'assassinat d'un beau-frère et garde du corps de Hun Sen.
mercredi 2 avril
Eric Ambroise, quarante ans, un restaurateur français établi à Phnom Penh, a été abattu en plein centre de la capitale. Il a été tué de trois balles dans la tête. Ce meurtre ressemble à un « contrat », selon un policier. Ambroise avait indiqué à ses amis qu'il avait été témoin de l'attentat du 30 mars. Il a précisé qu'il avait vu deux policiers poursuivre deux personnes en leur tirant dessus.
dimanche 20 avril
Eliminatoires de la Coupe du monde de football 1998 : au Stade olympique de Phnom Penh, le Cambodge a été battu par le Yémen un but (Dariban) à zéro, devant 20 000 spectateurs.
vendredi 9 mai
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Althawra de Sanaa, le Yémen a été battu par l’Ouzbékistan un but (Khasanov) à zéro, devant 28 000 spectateurs.
mercredi 28 mai
Le Premier ministre Hun sen a été la cible d'un attentat dans la soirée dans une rue d'un faubourg de Phnom Penh. Des inconnus ont ouvert le feu contra sa voiture, blessant l'un de ses gardes du corps. Hun Sen a dénoncé plusieurs fois des complots montés par ses adversaires politiques pour tenter de l'assassiner. Selon divers diplomates, le Premier ministre jouerait lui-même un rôle actif dans l'escalade de la violence politique au Cambodge.
vendredi 6 juin
Le gouvernement négocierait actuellement le ralliement des unités de Khmers rouges basées dans le nord du pays et le départ en exil de trois des chefs historiques : Pol Pot, Ta Mok et Son Sen. Ceux-ci voudraient se rendre au Laos.
samedi 7 juin
Les Khmers rouges ont démenti les informations de la veille. Selon leur radio clandestine, il ne s'agit là que de « propagande mensongère ».
mardi 10 juin
Pol Pot ordonne de tuer son ancien ministre de la Défense, Son Sen, et onze membres de la famille de celui-ci.
mercredi 11 juin
La radio des Khmers rouges a annoncé l'arrestation d'un proche de Pol Pot, Son Sen, et de son épouse. Le « Premier ministre » khmer rouge, Khieu Samphan, leur reproche leur « collusion avec le Viêtnam communiste et son fantoche », Hun Sen, co-Premier ministre, qui leur aurait confié la mission de détruire la guérilla.
vendredi 13 juin
Le premier co-Premier ministre, le prince Norodom Ranariddh, a affirmé à Phnom Penh que Pol Pot aurait fait exécuter Son Sen et dix membres de sa famille. L'armée cambodgienne va envoyer des troupes autour de la base khmère rouge d'Anlong Veng, dans le nord, où des combats ont éclaté entre forces loyales et hostiles à Pol Pot. Le dirigeant khmer rouge lui-même aurait fui la base.
lundi 16 juin
Le prince Ranariddh a annoncé que Pol Pot allait être capturé « vivant ou mort » d'un jour à l'autre. Une partie des Khmers rouges qui se sont révoltés contre lui ont réussi à intercepter le convoi qui l'emmenait vers la frontière thaïlandaise après la chute d'Anlong Veng, sa dernière base. S'il est capturé vivant, Pol Pot devrait être traduit devant un tribunal international.
mardi 17 juin
La radio des Khmers rouges a annoncé qu'il avait été mis fin à la « trahison » de Pol Pot. La formule peut signifier qu'il a été exécuté. Phnom Penh considère en tout cas qu'il est « politiquement mort ». La mort du « pire malfaiteur du Cambodge et de son peuple » selon le roi Norodom Sihanouk, avait déjà été annoncé décédé l'an passé. Il n'est pas non plus certain que cette fois-ci soit la bonne... Certains observateurs estiment « trop commode » cette façon de faire disparaître Pol Pot en lui évitant - et à d'autres du même coup - d'avoir à répondre de ses crimes. Si le dirigeant khmer rouge a été fait prisonnier, le gouvernement a fait savoir qu'il n'était pas question de permettre au responsable du génocide de trouver une porte de sortie vers un quelconque pays d'accueil. Dans la soirée, une fusillade de deux heures (à l'arme automatique, au lance-grenades et à la roquette) a éclaté dans le centre de Phnom Penh, faisant au moins deux morts (des gardes du corps employés par le Funcipec du prince Ranariddh). On parle aussi de plusieurs blessés. Cette fusillade paraissait concentrée autour du domicile du chef de la police nationale, Hoc Londi, membre du parti du co-Premier ministre Hun Sen. Farouche adversaire des Khmers rouges, Hun Sen a souvent critiqué le parti de l'autre co-Premier ministre, Norodom Ranariddh, appelant à négocier avec les partisans de Pol Pot.
mercredi 18 juin
Selon la radio khmer rouge, Pol Pot s'est rendu ce jour, dans le nord du pays, où il était poursuivi, avec une quinzaine de ses derniers partisans, par les forces khmers rouges de Ta Mok. Sitôt connue la nouvelle de cette reddition, le général Nhek Bunchhay, chef adjoint de l'état-major cambodgien, s'est rendu sur place et a annoncé que les Khmers rouges comptaient livrer Pol Pot à un tribunal international. Cependant, le co-Premier ministre Hun Sen s'est déclaré sceptique sur cette reddition. A Phnom Penh, des soldats, appuyés par des blindés, patrouillent dans certains quartiers, tandis que les rues menant à la résidence du prince Ranariddh sont interdites à la circulation par des hommes fortement armés et qu'un hélicoptère stationnait sur le toit d'un bâtiment en face de la villa. Le parti de Hun Sen et celui de Ranariddh ont franchi un pas en s'accusant mutuellement, par la voix de hauts responsables, de tentatives d'assassinat, après les violences de la nuit précédente. Un porte-parole du Funcipec a notamment déclaré que le chef de la police nationale, Hok Londy, avait donné l'ordre d'assassiner Ranariddh. Hok Londy, pour sa part, a affirmé que les partisans du Funcipec projetaient de le tuer et d'assassiner Hun Sen. Ce dernier a donné quelques jours au prince Ranariddh pour choisir entre le maintien de la coalition gouvernementale et la formation d'une nouvelle alliance, les royalistes avec les Khmers rouges.
vendredi 20 juin
Nouvel épisode de la fin bien confuse de Pol Pot, la radio des Khmers rouges a affirmé que « Pol Pot a été capturé le 19 juin 1997 » et que « le régime de Pol Pot est totalement achevé. Pol Pot a avoué ses crimes ». C'est son ancien bras droit, Khieu Sampan, qui aurait pris la tête de la rébellion.
lundi 23 juin
Tout en réaffirmant que Pol Pot est toujours vivant et aux mains des Khmers rouges, le prince Ranariddh, Co-Premier ministre, a déclaré qu' « il ne serait pas bon pour certains pays ou certaines personnalités que Pol Pot comparaisse devant un tribunal international, car il pourrait les impliquer dans les atrocités » qu'il a commises. Ranariddh n'a pas cité de noms, mais il s'agit vraisemblablement, entre autres, de son rival Hun Sen, l'autre Premier ministre et ancien Khmer rouge, de la Chine et de la Thaïlande. Pour leur part, les Etats-Unis se sont dit prêts à aider les Cambodgiens à faire juger Pol Pot par un tribunal international.
mardi 24 juin
Le service juridique des Nations unies étudie les moyens de mettre sur pied un tribunal international pour juger Pol Pot, comme le lui ont demandé les deux co-Premiers ministres, mais la tâche s'annonce ardue. Si la Russie et les Etats-Unis, entre autres, ont manifesté leur soutien à cette initiative, la Chine, en revanche, y est catégoriquement hostile. Pour le moment, le prince Ranariddh a affirmé qu'il négociait la livraison de Pol Pot au gouvernement cambodgien.
jeudi 26 juin
L’ancien Premier ministre (1981) Pen Sovan a créé son parti, Pour le soutien national du Cambodge.
vendredi 27 juin
Le prince Ranariddh a fait savoir que Khieu Samphan souhaite rencontrer des journalistes le 28 juin à Preah Vihear, à la frontière thaïlandaise. Le dirigeant khmer rouge lui a transmis par fax son intention d' « affirmer que Pol Pot n'a plus aucune existence politique ». Le prince Ranariddh s'est dit prêt à mettre des hélicoptères à la disposition de la presse, tout en précisant qu'il ne pouvait garantir la sécurité des journalistes.
vendredi 2 juillet
Des affrontements armés ont eu lieu sur la base navale de Preak Taten : trois morts et trois blessés.
jeudi 3 juillet
La tension est encore montée d'un cran entre les deux Premiers ministres rivaux, Hun Sen et le prince Norodom Ranariddh. Les soldats du premier désarment les partisans du prince et saisissent des lance-roquettes et des fusils. Norodom Sihanouk, le père de Ranariddh, hospitalisé en Chine, appelle en vain les deux rivaux à renoncer à la violence. Les prochaines élections auront lieu en mai 1998.
samedi 5 juillet
Les forces des deux co-Premiers ministres, le prince Norodom Ranariddh et le communiste Hun Sen, ont commencé à s'affronter à l'arme lourde à Phnom Penh dans la matinée. Puis le conflit s'est étendu à Battambang (ouest). C'est Hun Sen qui a déclenché les hostilités. L'ancien Khmer rouge, installé Premier ministre par les Vietnamiens, a profité du départ du prince Ranariddh en France pour mener à bien son coup de force, qui ressemble fort, bien que Hun Sen s'en défende, à un coup d'Etat, Les routes menant à Phnom Penh ont été bouclées et l'aéroport internationale fermé. Des blindés sont apparus dans les rues de la capitale, soumise au couvre-feu. Et c'est en treillis militaire que le co-Premier ministre est apparu à la télévision pour accuser son rival de « traîtrise ». Selon lui, Norodom Ranariddh a « illégalement importé des armes dans l'intention de provoquer une guerre ».
dimanche 6 juillet
Depuis deux jours les combats font rage en plein centre ville de Phnom Penh. De hautes colonnes de fumée noire s'élèvent de stations d'essence touchées par des obus. Officiellement, les combats ont fait au moins dix morts et une cinquantaine de blessés mais ce bilan est sans doute sous-estimé. Effrayé la population tente de fuir. Par milliers, les habitants sont jetés sur les routes ou rassemblés sur les rives des cours d'eau qui traversent la ville pour tenter d'embarquer. Plusieurs pays ont conseillé à leurs ressortissants de rester chez eux. C'est notamment le cas de la France, dont l'ambassade a été touchée par des tirs qui n'ont pas fait de victime. La France soutient l'appel au cessez-le-feu du roi Sihanouk. Soigné à Pékin, il a « supplié » les belligérants de « prendre notre pauvre nation en pitié » et demandé aux deux co-Premiers ministres et au chef de l'Etat par intérim, Chea Sim, de le rejoindre pour « discuter du très grave problème de notre pays ». Mais le ton n'est pas à la conciliation. Hun Sen, qui revendique la victoire, a demandé l'arrestation de son adversaire « hors-la-loi et criminel contre lequel le tribunal de Phnom Penh prépare des mises en accusation ». Ce dernier a répliqué qu'il resterait en France « pour organiser la résistance ». Et le prince a reçu l'appui des Khmers rouges, dont le rapprochement avec le pouvoir constitue la cause profonde du conflit. Leur chef, Khieu Samphan, qui vient juste de reconnaître la Constitution du Cambodge et la souveraineté du roi Sihanouk, a presque aussitôt dénoncé le « coup d'Etat » de Hun Sen. Et appelé « les habitants de Phnom Penh à se soulever et à coopérer avec les forces de solidarité - son parti - pour lutter et détruire les Vietnamiens et leur marionnette, Hun Sen ».
lundi 7 juillet
La bataille de Phnom Penh est terminée. En trois jours, les troupes du « second » Premier ministre Hun Sen sont parvenues à chasser de la capitale cambodgienne celles du « premier » Premier ministre. L'ultime foyer de résistance, le quartier général des troupes de Funcinpec, est tombé. L'ancien secrétaire d'Etat à l'Intérieur Ho Sok, fidèle a Ranariddh, a été abattu juste après son arrestation. Officiellement par « un inconnu en colère... » Le couvre-feu dans la capitale a été levé et l'aéroport international doit rouvrir le 9 juillet. Les combats ont fait officiellement quinze morts et quatre-vingt deux blessés mais leur violence laisse penser que les victimes sont plus nombreuses. L'une des plus grandes usines du Cambodge, spécialisée dans le textile, aurait aussi été détruite. Des milliers d'habitants ont fui. Les autres restent terrés chez eux par craintes des pillages, qui ont cependant cessé. Mais les fidèles du prince Ranariddh se regroupent dans l'ouest et le nord du pays. Des combats auraient déjà lieu autour de la ville de Battambang. Moins nombreux, les partisans de Ranariddh peuvent compter sur les Khmers rouges.
mardi 8 juillet
Les soldats des deux co-Premiers ministres (une centaine de combattants de chaque côté) se sont affrontés près des célèbres temples d'Angkor. Une centaine de touristes ont été évacués en hélicoptère vers la capitale. Mais la bataille entre Hun Sen et le prince Ranariddh a désormais glissé sur le terrain diplomatique. Dans une conférence de presse à Paris, le prince Ranariddh a appelé à l'aide la communauté internationale « pour qu'elle ne reconnaisse pas un régime illégal et issu de la force ». Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a appelé les deux parties à négocier. L'aéroport international a rouvert et permis l'évacuation de plusieurs centaines d'étrangers.
mercredi 9 juillet
Un deuxième fidèle du prince Ranariddh a été assassiné à Phnom Penh. Chau Sambath a été tué par balles. Lui et Ho Sok, assassiné il y a deux jours, figuraient sur une liste de quatre opposants recherchés par les soldats de Hun Sen. Dans le reste du pays, les combats entre Funcinpec de Ranariddh et PCC de Hun Sen ont baissé d'intensité mais les évacuations de ressortissants étrangers, en majorité asiatiques, se poursuivent. Dix membres de la famille royale, dont la sœur et le propre fils du prince Ranariddh, ont été autorisés à quitter Phnom Penh pour la Thaïlande. De son côté, Ranariddh tente toujours de mobiliser la communauté internationale. Il devait s'envoler dans la soirée pour New York (Etats-Unis) et rencontrer le secrétaire général de l'ONU.
jeudi 10 juillet
Hun Sen a reçu un joli camouflet de la part de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est. L'Asean a repoussé l'admission du Cambodge, prévue le 24 juillet, « à plus tard », affirmant clairement sa désapprobation du coup de force qui a évincé du pouvoir le prince Ranariddh. Ce dernier a été reçu, à New York, par le président du Conseil de sécurité de l'ONU, à qui il a demandé de geler l'aide économique internationale au Cambodge. L'Allemagne et les Etats-Unis ont d'ailleurs annoncé la suspension immédiate de leur assistance. Dans le nord du pays, près des temples d'Angkor, des combats se poursuivent entre soldats des deux Premiers ministres. Seule bonne nouvelle pour Hun Sen : un proche de Ranariddh, le ministre de la Défense Tea Chamrath, s'est rallié et se propose d'occuper le poste laissé vacant par son ancien chef.
vendredi 11 juillet
Les étrangers continuent de fuir le pays où les combats se poursuivent dans le nord. Quatre cents Australiens ont pu être évacués de Phnom Penh grâce aux opérations menées principalement par des pays membres de l'Asean. Le Japon a décidé d'envoyer des avions militaires en Thaïlande afin de permettre, si la situation l'impose, l'évacuation de ses propres ressortissants parvenus à Bangkok sur des vols commerciaux. Depuis le début des combats, 6 000 étrangers ont été évacués de Phnom Penh.
samedi 12 juillet
Les partisans de Hun Sen ont lancé une offensive massive contre les troupes du prince Ranariddh, qu'ils ont repoussé de quinze kilomètres dans la région de Siem Reap. Les forces du PPC ont également pris la place forte d'une faction khmère rouge alliée aux royalistes.
lundi 14 juillet
Le roi Norodom Sihanouk, installé depuis plusieurs mois à Pékin, a refusé de condamner le coup d'Etat de Hun Sen contre son propre fils, le prince Ranariddh. Il a même condamné comme « immoral » tout recours aux Khmers rouges, alors que ces derniers se sont rangés aux côtés des forces de Ranariddh.
mardi 15 juillet
Sihanouk a commencé à recevoir des émissaires de tous les pays intéressés par ce qui se passe au Cambodge. Les Français ont ouvert le bal. Plusieurs milliers de Khmers rouges se sont déclarés neutres dans le conflit entre Hun Sen et Ranariddh. Mais les combats, bien réels jusqu'à la veille, tourneraient, selon certains témoins, à la mise en scène. Il s'agirait « surtout de faire du bruit et servir d'avertissement, plutôt que de déboucher sur une solution militaire. Aucun des deux camps ne semble vouloir causer de pertes à l'autre ».
mercredi 16 juillet
Le prince Norodom Ranariddh devrait être remplacé dans ses fonctions par Ung Huot, l'actuel ministre des Affaires étrangères. Ung Huot, cinquante-deux ans, a été choisi par des membres du Funcinpec, le parti royaliste, restés au Cambodge. Toan Chhay, un autre membre du Funcinpec, qui avait été pressenti par Hun Sen, a finalement refusé car, n'étant pas membre du Parlement, sa nomination aurait nécessité un amendement constitutionnel. Ung Huot, qui a passé vingt ans en exil (il a même obtenu la nationalité australienne), passe chez les diplomates pour être « l'homme qu'il faut au bon moment ». Il accepter de devenir co-Premier ministre à la condition de conserver le portefeuille des Affaires étrangères.
samedi 19 juillet
Hun Sen a rejeté la médiation de l'Asean. Il compromet peut-être ainsi l'entrée, déjà suspendue, du Cambodge dans l'organisation régionale. Il est vrai que la victoire de Hun Sen est telle que les combats sont sur le point de cesser d'eux-mêmes. Quant au prince Ranariddh, il est « prêt à examiner » son remplacement, mais veut nommer lui-même son successeur, et pour une « période intérimaire ». Il veut aussi pouvoir regagner Phnom Penh sans craindre l'arrestation dont l'a menacé Hun Sen.
lundi 21 juillet
Des responsables du gouvernement ont annoncé l'échec d'une contre-attaque des forces loyales au prince Norodom Ranariddh, le co-Premier ministre déchu. Cette contre-attaque visait à la reconquête de l'ancienne base royaliste de Samrong, dans le nord, tombée la semaine dernière. Selon les organisations humanitaires, des milliers de Cambodgiens fuyant les combats sont arrivés à la frontière thaïlandaise.
mercredi 23 juillet
Comme prévu, l'ASEAN a rejeté, en Malaisie, la demande d'adhésion du Cambodge, mais a accepté de maintenir son strapontin dans l'organisation, sous la forme d'un statut d'observateur. L'Asean va également reprendre son rôle de médiateur entre le prince Ranariddh et Hun Sen. Ce dernier est d'accord pour discuter avec une délégation de l'Asean, au nez de laquelle il avait pourtant claqué la porte la semaine dernière.
samedi 26 juillet
La radio de la guérilla khmer rouge a annoncé la condamnation à la prison à vie de Pol Pot, dont la mort a été annoncée à plusieurs reprises. Le procès s'est déroulé devant une assistance de cinq cents civils et rebelles.
dimanche 27 juillet
Un journaliste américain, Nate Thayer, a affirmé avoir vu Pol Pot vivant à Anlong Viet, dans le nord du pays, où il vient d'être jugé.
mardi 29 juillet
Pour la première fois depuis dix-huit ans, un film montre l’ancien dirigeant khmer rouge Pol Pot. La scène, tournée par le caméraman qui accompagnait le reporter Nate Thayer, montre l’ancien homme fort du Cambodge condamné à la prison à vie par ses anciens compagnons au cours d’une réunion publique.
nuit du jeudi 31 juillet au vendredi 1er août
Les troupes de Hun Sen ont lancé une offensive dans le nord du pays, attaquant trois positions proches de la ville frontalière de Poipet, tenues par les troupes royalistes.
vendredi 1er août
Des combats entre les troupes de Hun Sen et de Norodom Ranariddh, dans le nord du pays, ont poussé de 3 000 à 7 000 réfugiés vers la Thaïlande proche. Dans la soirée, après une journée de bataille, les troupes de Phnom Penh se sont emparées de l'une des positions royaliste, et les combats de poursuivent.
samedi 2 août
Hun Sen a promis aux médiateurs de l'ASEAN de cesser les combats et de reconnaître le remplacement du prince Ranariddh par un autre royaliste, le ministre des Affaires étrangères Ung Huot. Les centaines de civils et soldats cambodgiens réfugiés en Thaïlande font état du massacre de nombreuses femmes et de nombreux enfants de partisans du prince Ranarridh.
dimanche 3 août
A Phnom Penh, un millier de pacifistes, conduits par des moines bouddhistes, ont mené une marche pour la paix.
mercredi 6 août
L'Assemblée nationale cambodgienne a consacré la nomination du royaliste Unh Huot à la place du premier co-Premier ministre Norodom Ranariddh. Le prince a été privé de son immunité parlementaire pour avoir fait alliance avec les Khmers rouges. Ung Huot, exclu récemment du parti royaliste, conserve le portefeuille des Affaires étrangères. Le second co-Premier ministre, Hun Sen, reste « l'homme fort » du moment.
du samedi 9 au dimanche 10 août
Vaste offensive des troupes de Hun Sen contre les royalistes, près de la frontière de la Thaïlande.
dimanche 10 août
Le roi Sihanouk a indiqué qu'il était prêt à démissionner si Hun Sen, qui vient le voir le 11 août à Pékin, le lui demande. Sa lettre d'abdication serait prête depuis une semaine. Mais le roi a aussi exprimé le souhait de rentrer à Phnom Penh pour participer à une journée de cérémonies bouddhistes « et prier pour la restauration de la paix et la réconciliation nationale ». Si bien que certains pensent que le roi brandit la menace d'une abdication pour regagner de l'influence au moment où son fils, le prince Ranariddh, évincé du pouvoir par Hun Sen, a engagé des troupes contre le régime de Phnom Penh dans le nord-ouest du pays. L'ASEAN propose une « rencontre informelle entre toutes les parties impliquées ». le prince Ranariddh a immédiatement accepté cette possibilité. Hun Sen n'a pas encore répondu.
mardi 12 août
Le roi Sihanouk restera roi du Cambodge, Hun Sen ayant refusé sa démission. Il l'a dit en personne au monarque, lors d'une visite à Pékin.
nuit du dimanche 17 au lundi 18 août
Au moins 30 000 personnes ont fui les affrontements dans le nord du pays, entre les derniers soldats du prince Ranariddh et l'armée de Hun Sen, pour se réfugier en Thaïlande, au poste frontière de Chong Chom.
lundi 18 août
Selon l'armée fidèle à Hun Sen, O'Smach, le dernier gros village aux mains des soldats royalistes, à deux pas de la frontière thaïlandaise, est tombé dans l'après-midi. Ce que nient les hommes de Ranariddh. Ce dernier était aux Philippines, où le président Ramos, tout en l'assurant de son « soutien », lui a fait comprendre qu'il fallait accepter un cessez-le-feu et miser sur un retour au pays pour les élections générales de mai 1998. Depuis Phnom Penh, Hun Sen a fait vertement savoir aux Philippines de « ne pas s'ingérer dans les affaires cambodgiennes ».
mercredi 20 août
L'armée thaïlandaise estime qu'au moins 35 000 Cambodgiens ont désormais franchi le poste-frontière de Chong Chom pour se réfugier en Thaïlande. 20 000 se sont rassemblés dans le camp de Hoeichong. Les soldats fidèles au Premier ministre déchu Norodom Ranariddh tiennent toujours une étroite bande de territoire (vingt-cinq kilomètres sur cinq) le long de la frontière, pilonnée par l'artillerie de l'armée de Hun Sen.
lundi 25 août
Alerte maximum sur la frontière thaïlandaise : les soldats de Bangkok ont gagné leurs positions de tir car les combats entre factions cambodgiennes se rapprochent. On craint désormais que les forces de Phnom Penh ne chassent les royalistes de leur dernier bastion, les contraignant à se réfugier de l'autre côté de la frontière. Peu auparavant, quelque soixante soldats royalistes faisaient retraite à l'intérieur du village d'O'Smach. Des informations faisant état de la chute du village n'ont pu être confirmées.
mercredi 27 août
L'artillerie thaïlandaise a ouvert le feu sur des troupes de Hun Sen, l'homme fort du Cambodge. Un soldat a été tué et deux autres blessés près de la frontière. Considérant que ce tir « constitue une violation de l'intégrité et de la souveraineté territoriales de la Thaïlande », le gouvernement de Bangkok avertit qu'un nouvel incident pourrait avoir de « sérieuses conséquences » sur les relations bilatérales.
jeudi 28 août
L'armée thaïlandaise a averti qu'elle répliquera à nouveau si des obus provenant des combats entre factions cambodgiennes tombent sur son territoire.
vendredi 29 août
Après six mois passés en Chine, où il suivait un traitement médical, le roi Norodom Sihanouk est rentré au Cambodge. Il a été accueilli par Hun Sen. Le roi, qui refuse d'aller à Phnom Penh et devrait s'installer dans sa résidence de Siem Reap, affirme qu'il mène « une mission de paix et de réconciliation nationale ». Dans le réduit de O'Smach, les dernières forces fidèles au prince Ranariddh résistent toujours aux troupes de Hun Sen.
dimanche 14 septembre
Afin d'éviter tout incident diplomatique, les représentants des deux factions cambodgiennes rivales ont décidé de ne pas occuper le siège de leur pays lors de l'ouverture de la 52e session de la commission d'accréditation qu'elle trouve une solution à leur problème avant le 29 septembre : c'est ce jour-là que les représentants du Cambodge doivent monter à la tribune.
début octobre
Le roi Norodom Sihanouk a avoué que seule sa foi l'empêche de se suicider...
mardi 14 octobre
A Jakarta, l’équipe de football du Cambodge a battu la Birmanie trois buts à un.
vendredi 24 octobre
Dans un message, le roi Sihanouk fait ce constat désabusé : « Les divisions sévissent, des Cambodgiens tuent à nouveau des Cambodgiens »... Frustré de ne pouvoir contraindre les factions rivales à négocier, il a renoncé à tous les pouvoirs que lui reconnaît la Constitution, annonçant qu'il ne signerait plus ni document ni décret.
samedi 25 octobre
Norodom Sihanouk a quitté le Cambodge pour regagner Pékin où il poursuit les divers traitements que nécessite son état de santé. Le roi a fait ses adieux à une poignée de fidèles, déclarant qu'il ne savait pas s'il reviendrait jamais.
mardi 28 octobre
Dans un communiqué publié à Pékin, le roi du Cambodge affirme que le Viêt-nam occupe illégalement une partie de son pays et que c'est ce qui l'a contraint à abandonner ses fonctions de garant constitutionnel des frontières cambodgiennes.
dimanche 7 décembre
Répondant à l'appel de Sam Rainsy, le leader de l'opposition, plusieurs milliers de Cambodgiens ont manifesté à Phnom Penh pour exiger la fin de la violence politique. Dans ce qui apparaît comme le plus imposant cortège réuni au Cambodge depuis près de cinq ans, on remarquait notamment des soldats infirmes, des ouvriers d'usine et des moines bouddhistes scandant « paix, paix, paix » en frappant dans leurs mains.
lundi 15 décembre
Profitant du début de la saison sèche, les troupes gouvernementales ont lancé un assaut contre le dernier bastion de l'opposition royaliste, à O'Smach, à la frontière thaïlandaise. On prête au Parlement de Phnom Penh l'intention de repousser à novembre les élections générales prévues en mai.
mercredi 24 décembre
Arrestation d'un Français, Patrick Bernard, trente-trois ans.
vendredi 26 décembre
Patrick Bernard a été condamné, par un tribunal de Phnom Penh, à un an de prison ferme pour détention d'armes de guerre. Après avoir vécu six en Thaïlande, il venait de trouver un travail de conseiller dans une société cambodgienne de protection. Son avocat a annoncé qu'il ferait appel.
mardi 30 décembre
Après cinq mois d'un cessez-le-feu précaire, les combats ont repris entre les forces gouvernementales et les partisans du prince Ranariddh. Ces derniers jours, au moins 2 000 civils ont fui vers la Thaïlande pour échapper aux combats autour de la ville frontière de Poipet.
1998
dimanche 4 janvier
L'ancien dictateur khmer rouge Pol Pot, âgé de soixante-douze ans, a disparu : il ne serait ni au Cambodge, ni en Thaïlande, encore moins à Pékin. Sa disparition a été confirmée par le ministre thaïlandais des Affaires étrangères. La Chine a aussitôt démenti sa présence à Pékin. Selon la presse cambodgienne, Pol Pot veut, en fuyant, échapper à un éventuel tribunal international.
lundi 5 janvier
Norodom Sihanouk a brusquement quitté Phnom Penh pour rejoindre Pékin. Le vieux monarque ne devait retourner dans la capitale chinoise pour se faire soigner que fin février. Le roi vient de faire l'objet de vives critiques dans la presse pour avoir accordé une grâce inconditionnelle à son fils, le prince Norodom Ranariddh, chassé du pouvoir en juillet.
mardi 6 janvier
Pol Pot serait toujours au Cambodge. Il a été interviewé le 4 janvier par un journaliste thaïlandais à Anion Veng, bastion des Khmers rouges, dans le nord-ouest. Hun Sen a réaffirmé sa volonté de mettre la main sur Pol Pot et de la faire traduire pour génocide devant la justice internationale.
mardi 20 janvier
La police militaire cambodgienne a ouvert le feu contre une voiture de l'ambassade des Etats-Unis, dans le centre de Phnom Penh, blessant un passager. La police affirme avoir tiré parce que le conducteur refusait de s'arrêter alors que la voiture transportait un homme recherché pour escroquerie. C'est justement cet homme, responsable d'une mine de pierres précieuses, qui a été blessé. L'ambassade américaine dit ignorer qu'il faisait l'objet de poursuites.
vendredi 27 février
Les deux camps qui s'affrontent depuis août au Cambodge, l'opposition royaliste et le gouvernement de Phnom Penh, ont respectivement décrété un cessez-le-feu immédiat. Cette trêve répond au premier des quatre points du plan de paix proposé par le Japon.
mercredi 18 mars
Le prince Norodom Ranariddh, fils du roi Sihanouk, a été condamné par contumace à trente ans de prison pour avoir fomenté en 1997 un coup d’Etat avec les Khmers rouges afin de renverser Hun Sen.
samedi 21 mars
Le roi Norodom Sihanouk a gracié, dans la soirée, son fils, le prince Norodom Ranariddh, co-Premier ministre déchu. Ce pardon permet au prince, en exil à Bangkok, de rentrer au Cambodge pour participer à la campagne des élections prévues le 26 juillet. Norodom Ranariddh avait été condamné par contumace à trente-cinq ans de prison pour collusion avec les Khmers rouges et trafic d'armes. Le roi, qui vit à Pékin, a obtenu du Premier ministre Hun Sen qu'il se prononce pour une amnistie totale du prince. Il reste à régler la réintégration des soldats fidèles au prince dans l'armée nationale et la rupture des liens entre les troupes royalistes et les maquisards khmers rouges.
jeudi 26 mars
Le gouvernement de Phnom Penh a annoncé la chute de la base khmère rouge d'Anlong Ven (extrême nord-ouest). C'est le résultat de la mutinerie de cinq divisions de la guérilla qui ont rallié le camp gouvernemental. Cette base était le principal bastion des dernières forces de la guérilla. Elle était commandée par le numéro un politique, Kieu Samphan, et l'influent Nuon Chea, anciens compagnons de Pol Pot.
dimanche 29 mars
L'armée régulière a pris le contrôle d'Anlong Ven, la base khmère rouge qui s'étend sur une vaste portion de jungle, mais marque le pas face à une résistance des maquisards retranchés dans la partie escarpée de la base.
lundi 30 mars
Retour à Phnom Penh du prince Norodom Ranariddh.
mercredi 1er avril
Le prince Ranariddh a appelé, à Phnom Penh, à un « compromis pour sauver » le Cambodge. Après avoir reconnu avoir eu des « torts » lorsqu'il était au pouvoir, il a annoncé qu'il accepterait que des membres de son parti, le Funcipec, participent à un gouvernement de coalition avec celui de son rival Hun Sen, le Parti du peuple cambodgien. Plusieurs centaines de manifestants pro et anti-Ranariddh se sont affrontés aux abords de son hôtel.
samedi 11 avril
Le général des Khmers rouges, Khem Nuon, a souhaité dans un entretien avec un journaliste américain, à la frontière thaïlandaise, livré Pol Pot, qui se trouve en résidence surveillée depuis juin, à la justice internationale, mais il a avoué ne savoir comment procéder. Il a implicitement regretté de n'avoir pas de contacts directs avec les Etats-Unis.
lundi 13 avril
Les troupes gouvernementales ont annoncé à plusieurs reprises, ces jours-ci, la prise du dernier bastion des Khmers rouges, Anfong Veng. La chute de cette forteresse de la guérilla a été à chaque fois démentie par la radio des rebelles. Mais, aujourd'hui, des journalistes ont pu se rendre sur place et constaté que les lieux avaient bien été désertés par leurs occupants, qui se seraient re-pliés sur une colline de l'autre côté de la frontière avec la Thaïlande.
mercredi 15 avril
Le général des Khmers rouges, Khem Nuon, a demandé l'arrêt des combats avec les forces gouvernementales. Il s'est même dit prêt à livrer Pol Pot.
nuit du mercredi 15 au jeudi 16 avril
Vers 23 h 15, Pol Pot a succombé à un infarctus du myocarde, dans une modeste cabane, située dans la jungle à quelques mètres de la frontière thaïlandaise. C'est là que des journalistes ont été conviés par les Khmers rouges à identifier son corps. Quelques heures plus tôt, des militaires thaïlandais avaient diffusé des photos de sa dépouille qui leur avaient été remises par les Khmers rouges eux-mêmes.
vendredi 17 avril
Ignorant les demandes d'autopsie pour authentifier la dépouille de Pol Pot, les Khmers rouges ont annoncé que l'ancien chef de la guérilla maoïste serait incinéré le 18 avril. Des officiers thaïlandais affirment que les fortes chaleurs qui règnent dans cette région ne permettant pas d'attendre davantage. Les services de renseignement thaïlandais affirment en outre avoir pu vérifier les empreintes digitales du défunt et procéder à des « tests scientifiques », mais le gouvernement de Phnom Penh considère cet examen comme trop sommaire pour constituer une preuve de l'identité du mort.
samedi 18 avril
Pol Pot a été incinéré dans la jungle cambodgienne lors d'une cérémonie très simple. Le gouvernement cambodgien reste toujours sceptique sur la disparition de l'ancien chef des Khmers rouges.
Les Khmers rouges ont lancé une attaque contre des pêcheurs Vietnamiens au Cambodge dans la province de Kampong Chhnang (centre) : quarante-cinq morts. Ils accusent les Vietnamiens de vouloir « coloniser le Cambodge », où ils sont environ 500 000 à être installés.
jeudi 30 avril
Au conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-Unis ont proposé la mise en place d'un tribunal international chargé de juger les Khmers rouges, responsables du génocide qui a fait près de deux millions de morts au Cambodge entre 1975 et 1979. La Chine, ancien allié des Khmers rouges, la Russie et la France, ont émis des doutes sur « l'opportunité politique » de pareille décision, à quelques semaines des élections prévues pour juillet. Le gouvernement de Phnom Penh, en revanche, a salué l'initiative américaine.
dimanche 3 mai
Les Khmers rouges ont qualifié d'« injuste et inacceptable » la décision américaine de créer un tribunal international les concernant.
mercredi 13 mai
La radio khmère rouge a cessé d'émettre. L'armée cambodgienne affirme l'avoir détruite. Elle diffusait deux émissions quotidiennes depuis des années.
vendredi 12 juin
Cinq hauts responsables khmers rouges se sont rendus aux autorités cambodgiennes et ont affirmé leur fidélité au gouvernement royal. Ils ont décidé de rompre tout contact avec le chef militaire Ta Mok et l'idéologue Nuon Chea depuis le 1er mai dernier, a indiqué un communiqué de ces responsables, lu à la télévision cambodgienne au cours d'un flash.
jeudi 25 juin
Après sept mois d'incertitude, la campagne électorale démarre officiellement, avec la bénédiction de la communauté internationale mais dans un climat politique à haut risque. Trente-neuf partis se disputeront les cent vingt-deux sièges de députés, lors du scrutin du 26 juillet. Mais trois formations seulement font figures de favorites : le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, le Funcipec du co-Premier ministre déchu, le prince Norodom Ranariddh, et le parti de l'ex-ministre des Finances, Sam Rainsy.
en juin
Les Nations unies ont adressé un avertissement au gouvernement cambodgien pour l’inviter à maintenir la liberté de la presse.
jeudi 9 juillet
Le moine Maha Ghosananda, soixante-quatorze ans, surnommé le « Gandhi cambodgien », veut entreprendre une marche pour la paix, une semaine avant les élections législatives du 26 juillet, afin de « propager bonté et compassion ». La marche de soixante dix-huit kilomètres se déroulera du 18 au 24 juillet. Les marcheurs traverseront les provinces méridionales de Takeo et Kandal pour arriver à Phnom Penh le dernier jour de la campagne électorale.
vendredi 10 juillet
Le co-Premier ministre Hun Sen promet de quitter « tranquillement » le pouvoir s’il perd les élections législatives.
samedi 18 ou dimanche 19 juillet
Début de la « marche pour des élections pacifiques », menée par le moine Maha Ghosananda. La marche est partie de Tajéo, à quatre-vingt kilomètres de Phnom Penh, avec seulement deux cents personnes.
vendredi 24 juillet
La campagne électorale a officiellement pris fin. Elle s’est déroulée dans un calme tout à fait inhabituel, en dépit de quelques tentatives d’ « intimidations » dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme.
samedi 25 juillet
Un cortège de 10 000 personnes, dont la moitié composée de moines bouddhistes, a achevé, en milieu de matinée, à Phnom Penh, la marche en faveur d’élections pacifiques. En tête de cette marche, le Vénérable Maha Ghosananda. Dans l’après-midi, le cortège s’est dirigé vers le palais du roi Sihanouk pour une prière finale.
dimanche 26 juillet
Elections législatives. Trente-neuf partis étaient en compétition pour l’élection des cent vingt-deux députés. Même les suppôts de la défunte guérilla maoïste des Khmers rouges ont voté. La mobilisation électorale a été forte (90 %). Les irrégularités semblent avoir été peu nombreuses. Par contre un groupe de maquisards khmers rouges a attaqué un bureau de vote deux heures avant l’ouverture du scrutin, dans un village proche d’Anlong Ven, ex-quartier général des Khmers rouges, à la frontière thaïlandaise. Ils ont tué deux soldats et sept civils et brûlé des maisons. Un rebelle a été tué et deux autres arrêtés. C’est le seul incident grave déploré au cours de la journée d’élections.
lundi 27 juillet
Le PPC, le Parti du peuple cambodgien au pouvoir, a revendiqué dans la soirée, avant les premiers résultats officiels des élections, une majorité de sièges de députés à l’Assemblée. Le parti de Hun sen estime avoir remporté soixante-six sièges. De leur côté, plusieurs sources diplomatiques jugent la victoire du PPC « probable ». Mais pour gouverner un parti doit obtenir, conformément à la Constitution les deux tiers des sièges. On s’achemine donc vers un gouvernement de coalition.
mardi 28 juillet
La communauté internationale a accordé son satisfecit au Cambodge pour le déroulement des élections. Elles ont été « globalement crédibles et acceptables ». Pourtant, rien ne va déjà plus à Phnom Penh où l’opposition refuse d’admettre que le PPC puisse revendiquer soixante-sept des cent vingt-deux sièges, soit 55 % des voix. Le décompte des voix est très lent, les résultats nationaux provisoires ne sont pas attendus avant le 1er août, mais ce sont les premiers résultats locaux qui sèment la zizanie, en accordant quarante-deux sièges au Funcipec du prince Ranariddh et treize à la deuxième grande composante de l’opposition, le parti de Sam Rainsy. Plusieurs autres petites formations de l’opposition, laminées par le scrutin, annoncent elles aussi qu’elles rejettent les résultats... Ranariddh et Rainsy menacent de boycotter l’ouverture de l’Assemblée nationale si leurs plaintes ne sont pas suivies d’effet.
mercredi 29 juillet
Hun Sen propose au prince Ranariddh, qu’il a chassé du pouvoir il y a un an, de former un gouvernement de coalition pour sortir de l’impasse politique qui se profile. Mais il menace aussi de garde le pouvoir si l’opposition met à l’exécution sa menace de boycotter l’Assemblée issue des urnes.
jeudi 30 juillet
Le Cambodge s’achemine vers un gouvernement de coalition qui réunirait les trois grandes formations rivales (PPC, Funcipec et le parti de Rainsy). C’est ce qu’a laissé entendre Hun Sen à l’issue d’un entretien avec le roi Sihanouk auquel il a suggéré l’idée, au palais royal de Siem Reap, dans le nord du pays. Selon les résultats portant sur 89 % des voix, le parti de Hun Sen a obtenu 41,3 % des suffrages (cinquante-six des cent vingt-deux sièges), le Funcipec 32,2 % (quarante-cinq s.) et le Parti de Sam Rainsy 14,2 % (dix-huit s.). Toutefois, Hun Sen s’est dit prêt à amender la Constitution pour abaisser la majorité de gouvernement à cinquante et un sièges (les deux tiers étant requis actuellement pour gouverner).
samedi 1er août
Les résultats des élections législatives du 26 juillet ne seront connus que le 4 août. Le retard est dû à des problèmes dans l’acheminement des bulletins de vote vers Phnom Penh.
La police a arrêté un ancien commandant d’une division khmère rouge, Nguon Paet, qu’elle accuse d’avoir ordonné l’exécution, en juillet 1994, de trois otages étrangers, un Français, un Australien et un Britannique. Le père de l’otage français, lui, affirme que le coupable est Chouk Rin, l’ancien adjoint de Nguon Paet. Chouk Rin, rallié au gouvernement de Phnom Penh, est actuellement conseiller militaire du royaume.
mercredi 5 août
Après plusieurs jours de report pour recompter les bulletins de vote dans des communes contestées, la commission électorale a enfin annoncé les résultats officiels des élections législatives. Comme prévu, le PPC du Premier ministre Hun Sen arrive en tête avec 41,4 % des voix, devant le Funcipec du prince Ranariddh (31,7 %) et le parti de Sam Rainsy (14,3 %). L’impasse politique demeure cependant car Ranariddh et Rainsy refusent de former un gouvernement de coalition avec Hun Sen.
dimanche 30 août
C’est la plus grosse manifestation jamais vue à Phnom Penh : quelque 10 000 Cambodgiens ont défilé dans les rues de la capitale pour demander le départ du Premier ministre Hun Sen. Pacifique, le mouvement a failli déraper en fin de journée, dans un parc, devant l’Assemblée nationale, quand une poignée de jeunes s’est attaquée, à coups de marteau et d’essence enflammée, à une statue célébrant l’amitié avec le Viêtnam.
lundi 31 août
Les adversaires d’Hun Sen, le prince Ranariddh et Sam Rainsy, ont à nouveau exigé la révision des résultats des élections législatives du 26 juillet et du mode d’attribution des sièges.
mercredi 2 septembre
Appelé à la rescousse par l’opposition cambodgienne qui accuse Hun Sen de fraudes électorales, le roi Sihanouk a invité les leaders des principales formations à « une réunion de famille » afin de trouver une solution politique. Le prince Ranariddh, Sam Rainsy et Hun Sen ont accepté.
lundi 7 septembre
L’impasse politique dans laquelle le Cambodge s’enfonce depuis juillet a pris une tournure inquiétante. A Phnom Penh, la résidence de Hun Sen a été la cible de trois grenades. Les engins n’ont pas de fait de victime mais, prenant prétexte de cet attentat, Hun Sen a décidé de museler radicalement l’opposition. Les manifestants qui campent depuis deux semaines devant l’Assemblée nationale pour protester contre les fraudes électorales, ont été sommés de se disperser avant minuit et Hun Sen a fait savoir que « les arrestations vont débuter ». A commencer par celles des leaders de l’opposition. Premier visé : Sam Rainsy, que Hun Sen accuse d’être directement responsable de l’attentat. S’estimant en danger, il s’est placé « sous la protection des Nations unies » dans un grand hôtel de la capitale où il a rencontré des diplomates de l’ONU. La police a tiré sur plusieurs centaines de ses partisans qui tentaient d’approcher de l’hôtel, tuant l’un d’entre eux. Quelques heures plus tard elle a de nouveau ouvert le feu, faisant cette fois deux blessés. Hun Sen a mis les ambassades en garde contre la tentation d’accorder l’asile aux opposants, qu’il qualifie de « terroristes », expliquant que quiconque est associé aux manifestations se verra interdire de quitter le pays.
mardi 8 septembre
Hun Sen a mis à exécution sa menace de disperser les manifestants de l’opposition, afin de restaurer l’ordre à Phnom Penh. La police anti-émeute a investi le parc de l’Assemblée nationale et dispersé les opposants.
mercredi 9 septembre
A Phnom Penh, de nouvelles manifestations ont rassemblé des milliers de contestataires devant l’ambassade des Etats-Unis, leur nouveau lieu de regroupement depuis qu’ils ont été chassés des abords du Parlement. La répression policière aurait fait une victime, un moine bouddhiste. Des tracts signés par une organisation religieuse ont circulé dans l’après-midi, appelant le peuple à se soulever contre Hun Sen. Celui-ci a pris une nouvelle mesure, l’interdiction de tous les rassemblements sur la voie publique. « Si l’opposition continue à manifester, le nettoyage se poursuivrai ». Les opposants ont aussitôt relevé le défi et… sollicité l’autorisation de manifester le 13 septembre.
samedi 12 septembre
De violentes bagarres accompagnées de coups de feu ont éclaté entre manifestants pro et anti-gouvernementaux, à Phnom Penh. Les échauffourées ont eu lieu près de l’ambassade américaine : au moins 10 000 partisans du parti au pouvoir, le PPC, s’étaient rassemblés sur le terrain investi ces dernières semaines par l’opposition.
dimanche 13 septembre
10 000 partisans de Hun Sen ont envahi les rues de la capitale, bientôt suivis par plusieurs milliers de membres de l’opposition. En une semaine, les affrontements ont fait trois morts et de nombreux blessés. Le roi et le président du parti au pouvoir, le PPC de Hun Sen, ont appelé à l’arrêt des manifestations. Les élus de l’opposition menacent de boycotter la première séance de la nouvelle assemblée, le 24 septembre. Le gouvernement a annoncé qu’il retirera leur immunité aux boycotteurs.
lundi 14 septembre
Le prince Norodom Ranariddh, chef du Funcipec, le parti royaliste, a affirmé que l’opposition cambodgienne était « prête à négocier » une solution à la crise, pour « éviter un bain de sang ». Il a donc lancé un appel aux partisans de l’opposition qui manifestent quotidiennement depuis trois semaines à Phnom Penh, les invitant à cesser leurs actions. Pourtant la tension reste extrême dans la capitale où la police a chargé et tiré en l’air pour disperser les manifestants, dont certains ont été sévèrement battus.
mercredi 16 septembre
Après un entretien avec son père le roi Norodom Sihanouk, le prince Norodom Ranariddh a renoncé à boycotter la séance inaugurale de l’Assemblée et a appelé à l’arrêt des manifestations. Il conteste toujours la victoire électorale d’Hun Sen pour tant entérinée par la communauté internationale. Mais, s’il accepter d’enterrer la hache de guerre, il refuse, pour l’instant, de participer à un gouvernement de coalition.
vendredi 18 septembre
Des responsables des Nations unies ont révélé que vingt et un cadavres ont été découverts ces jours-ci à Phnom Penh et dans les environs de la capitale. Certains portent des traces de violences et de tortures.
mardi 22 septembre
Hun Sen et ses deux rivaux de l’opposition, Norodom Ranariddh et Sam Rainsy, ont eu des premières discussions jugées « positives, pour régler la crise politique ». Cette « réunion de famille », organisée par le roi, a permis de « faire des progrès et débloquer l’impasse » post-électorale, selon Ranariddh. Les deux leaders de l’opposition ont accepté de participer, le 24 septembre, à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale où ils pourront « faire entendre [leurs] plaintes ».
jeudi 24 septembre
Respectant le calendrier constitutionnel, le nouveau Parlement cambodgien a tenu sa première session, sous l’égide du roi Norodom Sihanouk. Pourtant, dans la matinée, le co-Premier ministre Hun Sen a échappé de justesse à un attentat, alors qu’il se rendait à la résidence royale de Siem Reap avant l’ouverture de la session. Sa voiture a été la cible de quatre roquettes télécommandées. Une seule a explosé, tuant un père et son fils.
dimanche 4 octobre
Le gouvernement a annoncé sa décision de faire interdire les deux seuls journaux indépendants, en langue anglaise, du pays. Les journalistes britanniques et américains devraient être expulsés, temporairement…
vendredi 13 novembre
Après treize mois d’impasse politique, les partis cambodgiens ont trouvé une issue grâce, une fois de plus, au roi Sihanouk. Celui-ci a su convaincre son fils, le prince Norodom Ranariddh, d’accepter de rentrer de Thaïlande (où il se trouvait bloqué depuis deux mois avec d’autres chefs de l’opposition) et de former un gouvernement de coalition avec Hun Sen. Ce dernier accepte de laisser la présidence de l’Assemblée nationale au prince Ranariddh qui la revendiquait et de placer son actuel président, l’un de ses proches, Chea Sim, à la tête d’un Sénat qui va être créé pour l’occasion. La Constitution sera modifié pour cela. Le nouveau président du Sénat assurera les fonctions de chef de l'Etat par intérim lors des absences répétées du souverain cambodgien. De plus, cinq officiers ralliés au prince Ranariddh ainsi que les opposants condamnés dans « des affaires politiques » sont graciés.
lundi 23 novembre
Le Parti du peuple cambodgien de Hun Sen et le Funcinpec du prince Ranariddh, se sont mis d’accord sur un pacte de coalition gouvernementale devant mettre fin à la crise politique qui dure depuis les législatives du 26 juillet. Le PPC obtient la direction de treize ministères et le Funcinpec en contrôle douze. Les deux partis se partagent les deux postes clés de la Défense et de l’Intérieur, chapeautés par des co-ministres.
jeudi 26 novembre
Hun Sen a été renommé au poste de premier ministre par le prince Sihanouk, après plus de trois mois de crise.
lundi 30 novembre
Le Cambodge a enfin un gouvernement. La nouvelle équipe gouvernementale a reçu la confiance de l’Assemblée nationale par quatre-vingt dix-neuf voix contre treize, trois abstentions et un bulletin nul. Le PPC tient douze des vingt-cinq ministères (Affaires étrangères, Finances, Commerce, Construction, Planification, Industrie, Agriculture). Le Funcipec a reçu en partage la Justice, l’Information, l’Education, la Santé, la Culture, le Tourisme, la Religion, les Affaires des femmes. L’Intérieur et la Défense, les deux postes clés, sont partagés entre les deux formations par le biais de co-ministres. Le Premier ministre Hun Sen a défini ses priorités : adhérer à l’Asean, et retrouver son siège aux Nations unies, vacant depuis plus d’un an. « La normalisation des liens avec les pays étrangers pour la reprise de l’aide est une autre priorité ». Le parti de Sam Rainsy, qui compte quinze députés à l’Assemblée, cristallise donc aujourd’hui l’opposition. Il a relancé son combat contre l’impunité judiciaire et la corruption. Il a invité les ministres à rendre public le montant de leur fortune.
mercredi 2 décembre
Premier match du premier tour du tournoi de football des Jeux asiatiques, organisés par la Thaïlande : à Surat Thani, la Chine a battu le Cambodge quatre buts (Yang Chen 3 et Wang Peng) à un (Hok Sochetra).
vendredi 4 décembre
Les derniers combattants khmers rouges ont rendu les armes, près de la frontière thaïlandaise. Le ministre de la Défense estime à un millier le nombre des Khmers rouges venus d’Anlong Veng et de Samlot qui ont fait défection pour se rallier aux forces armées royales auxquelles ils seront intégrés « sans condition ». Le leader historique Khieu Sampan serait toujours en fuite (une agence japonaise l’a annoncé mort le mois dernier !) ; les recherches se poursuivent pour mettre la main sur Nuon Chea, l’idéologue du mouvement, et Tamok, son chef militaire. Le gouvernement de Hun Sen, tout comme la communauté internationale, entend bien juger ceux qui pourront être pris.
Second et dernier match du premier tour du tournoi de football des Jeux asiatiques : à Surat Thani, le Liban a battu le Cambodge cinq buts (Taha 2, Chahrour, Andary, Hojeij) à un (Nuth Sony). Derniers du groupe B, les Cambodgiens sont éliminés.
mardi 8 décembre
Le gouvernement a décidé de renoncer à traquer les trois derniers dirigeants khmers rouges restés dans la clandestinité.
mardi 15 décembre
Après onze heures de débat, les pays membres de l’ASEAN décident que le Cambodge ne sera pas admis dans l’immédiat, mais pourrait l’être dans six mois si la nouvelle coalition au pouvoir fonctionne et qu’un Sénat est formé à Phnom Penh.
vendredi 25 décembre
Nuin Chea et Khieu Samphan, deux chefs khmers rouges ont quitté la jungle pour rallier le gouvernement de Hun Sen. En échange de ce ralliement, ils ne devraient pas être inquiétés par la justice de leur pays. En revanche, ils risquent d’être traduits devant un tribunal international chargé de juger les crimes contre l’humanité commis par les Khmers rouges. Désormais, le dernier dirigeant historique des Khmers rouges encore en rébellion est Ta Mok, soixante dix ans, surnommé « le boucher » pour sa cruauté.. Il se trouverait quelque part dans la jungle à la frontière khméro-thaïlandaise entouré d’une poignée de gardes du corps.
mardi 29 décembre
Hun Sen a accueilli à Phnom Penh ses camarades de jadis, Khieu Samphan et Nuon Chea. Les deux hommes ont présenté leurs « excuses » pour le génocide cambodgien (deux millions de morts). Une « réconciliation » qualifiée de « tragédie » par Amnesty International. Les Etats-Unis ont réclamé un procès sinon il y aura une possible dégradation des relations Etats-Unis-Cambodge.
mercredi 30 décembre
Le roi Norodom Sihanouk n’approuve pas la clémence promise par Hun Sen à Khieu Samphan et à Nuon Chea, sous prétexte de réconciliation nationale. Il l’a fait savoir, sans la moindre ambiguïté, dans un message diffusé de Pékin, où il est en traitement. Il refuse « l’amnistie aux grands criminels khmers rouges anti-peuple cambodgien ». Le roi désavoue aussi le Premier ministre en estimant ensuite qu’un tribunal international aurait « parfaitement le droit de juger le génocide au Cambodge, parce qu’il s’agit de crimes contre l’humanité ».
1999
vendredi 1er janvier
Hun Sen n’a jamais promis l’immunité judiciaire aux deux leaders khmers rouges qui viennent de se rallier au gouvernement. C’est, en tout cas, ce qu’il vient d’affirmer haut et clair. Dans son souci de se justifier, le Premier ministre est même allé jusqu’à accuser la Thaïlande (sans la nommer, il est vrai), pour la première fois, d’avoir servi de sanctuaire aux Khmers rouges. Du coup, le problème prend brusquement une nouvelle dimension. L’entourage des dignitaires polpotistes (qui ont fait du tourisme sous protection policière sur la plage de Sihanouk-ville) a multiplié les mises en garde : les procès dirigés contre eux ne pourraient qu’entraîner un retour à la guerre civile… et gêner quelques grandes puissances.
lundi 4 janvier
Norodom Sihanouk vient de jeter un nouveau pavé dans la mare de la réconciliation nationale. Le roi pousse à l’extrême sa propre logique en faisant savoir qu’il acceptera personnellement de « comparaître devant un tribunal chargé de juger les Khmers rouges et leurs complices réels ou supposés ». Il précise qu’il se défendra lui-même et ajoute : « Je déclare par avance accepter une éventuelle condamnation de ma personne par ce tribunal et de purger la peine de prison qu’il m’infligera ». Par ailleurs, la Thaïlande, accusée d’avoir servi de sanctuaire à la guérilla khmer rouge, a répliqué vivement par la voix de son Premier ministre, Chuan Leepkai. Dénonçant une « manœuvre de diversion » de la part de Phnom Penh, il a mis le Cambodge en garde contre l’isolement international qui le guette si Phnom Penh ne manifeste pas davantage d’adresse politique dans le dossier des Khmers rouges.
mardi 5 janvier
Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), quelque 1 700 réfugiés cambodgiens de la province thaïlandaise de Surin ont regagné leur pays depuis le ralliement des leaders khmers rouges au gouvernement cambodgien. Plus de trois cents cinquante devraient suivre dans les jours qui viennent. L’agence onusienne s’inquiète, cependant, de ce que des Khmers rouges, toujours présents en Thaïlande, font pression sur ces réfugiés pour qu’ils gagnent les régions où les guérilleros restent encore influents. Plus de 35 000 Cambodgiens vivent aujourd’hui dans des camps en Thaïlande. A Bangkok, les autorités thaïlandaises ont fait savoir qu’elles ne protégeront pas les anciens dirigeants khmers rouges si ceux-ci s’aventurent sur leur sol. Par ailleurs, la Chine (qui a soutenu idéologiquement les Khmers rouges) a, pour la première fois fait savoir qu’un procès sur le génocide des années Pol Pot ne relève que des « affaires intérieurs cambodgiennes ». Pékin se félicite de la politique de « réconciliation nationale » du régime de Hun Sen.
mercredi 20 janvier
Officiellement, Pol Pot est mort d’une crise cardiaque le 15 avril 1998. Le dernier numéro de Far Eastern Economic Review dément cette version et affirme que Pol Pot s’est suicidé « pour éviter d’être pris vivant ».
jeudi 21 janvier
Le Premier ministre Hun Sen a officiellement demandé à l’ONU de procéder à un procès exhaustif des khmers rouges qui dépasse le seul cadre du génocide polpotiste (1975-1979). Un tel procès suppose que soient également jugérs les responsabilités et complicités de la communauté internationale à l’égard des Khmers rouges.
en janvier
Soutenue par l’armée, l’entreprise taïwanaise Hero Taiwan a commencé à exploiter sans vergogne les forêts cambodgiennes, au grand dam des populations locales.
jeudi 4 février
Dix-sept familles d’origine cambodgienne ont déposé plainte devant la justice belge contre les anciens chefs khmers rouges Khieu Samphan, Nuon Chea et Ieng Sary pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.
samedi 6 mars
Ta Mok (« le Boucher »), le dernier chef rebelle khmer rouge encore en fuite, a été arrêté par les autorités cambodgiennes près de la frontière thaïlandaise.
dimanche 7 mars
Le gouvernement a décidé de traduire Ta Mok, le premier dirigeant khmer rouge à comparaître en justice, devant un tribunal local plutôt qu’une cour internationale recommandée par l’ONU.
mardi 9 mars
Ta Mok a été formellement inculpé pour activités sécessionnistes. Il comparaîtra donc devant un tribunal militaire. Une enquête va maintenant élucider son rôle dans le génocide polpotiste.
lundi 22 mars
Le Cambodge sera admis en avril à l’ASEAN comme membre de plein droit. L’annonce en a été faite à l’issue de la visite officielle du Premier ministre cambodgien, Hun Sen, à Jakarta (Indonésie).
vendredi 2 avril
Une plainte pour « crimes contre l’humanité » contre quatre chefs Khmers rouges (Khieu Samphan, Nuon Chea, Ieng Sary et Ta Mok) a été déposée à Paris par deux Français d’origine cambodgienne. L’extradition vers la France a également été demandée.
vendredi 30 avril
Cérémonie d’adhésion du Cambodge à l’ASEAN, à Hanoi. L’organisation compte désormais dix pays membres.
dimanche 9 mai
L’ancien tortionnaire khmer rouge Kang Kek leu, plus connu sous le nom de « Duch », a été interpellé à Battambang (ouest du pays) ; il a été ramené discrètement à Phnom Penh. Duch était le responsable du centre d’interrogatoire khmer rouge de Tuol Sleng à Phnom Penh.
vendredi 14 mai
Kang Kek leu, a été inculpé et sera traduit en justice avec le chef de guerre Ta Mok.
mercredi 2 juin
Le Premier ministre Hun Sen a été reçu à Paris par le président français Jacques Chirac. La France est prête à coopérer avec le Cambodge dans les domaines de l’éducation, la santé, le déminage et les liens entre les collectivités locales.
lundi 7 juin
L’ancien commandant khmer rouge Nuon Pachet, poursuivi pour l’assassinat de trois touristes en 1994, a été condamné à la prison à vie.
mardi 15 juin
La Fédération des associations d’armateurs de l’ASEAN a lancé un appel à tous les pays de la région : « Les pirates sont armés de mitraillettes et extrêmement dangereux. Il revient aux autorités de chaque pays de réagir sans tarder ».
lundi 21 juin
Deux gradés de l’armée cambodgienne, anciens chefs khmers rouges, ont été inculpés pour leur rôle présumé dans l’enlèvement et l’assassinat de trois touristes en 1994. Le général Sam Bith et le colonel Chouk Rin avaient comparu comme témoins lors du procès de Nuon Paet.
mardi 13 juillet
La tribu Jarai a battu à mort un Khmer rouge suspecté d’avoir participé au massacre de plusieurs villageois.
vendredi 23 juillet
Les habitants d’un village du nord-est du pays ont sorti de prison deux ex-Khmers rouges. Les deux hommes, accusés d’avoir récemment égorgé quatorze villageois, ont été pendus.
jeudi 12 août
Des experts de l’ONU vont se rendre, fin août, à Phnom Penh afin de proposer au Cambodge la mise en place d’un tribunal mixte, composé de juges internationaux et cambodgiens, pour juger sans possibilité d’appel les responsables khmers rouges. Ce tribunal jugera les responsables politiques et militaires khmers rouges au cours d’un procès unique. Le gouvernement cambodgien a accepté le principe d’un tel tribunal mixte, mais il s’oppose catégoriquement, au nom de la souveraineté nationale, à la mise en place d’un tribunal internationale, du type de ceux utilisés pour le Rwanda ou la Yougoslavie.
mardi 7 septembre
Six mois après son arrestation, l’ancien chef de guerre des Khmers rouges, Ta Mok, soixante-treize ans, a été inculpé par la justice cambodgienne de génocide.
jeudi 9 septembre
L’ancien tortionnaire khmer rouge Kang Kek leu, cinquante-six ans, plus connu sous son nom de guerre de « Duch », a été inculpé de génocide par la justice cambodgienne.
vendredi 8 octobre
Visite à Phnom Penh du ministre français de la Coopération, Charles Josselin.
lundi 18 octobre
A Hong Kong, l’équipe de football hongkongaise a battu le Cambodge quatre buts à un.
du vendredi 5 au samedi 6 novembre
Conférence des ministres de la Justice des dix pays de l’ASEAN à Singapour.
dimanche 7 novembre
A Phnom Penh, l’équipe de football du Cambodge a été battue par la sélection hongkongaise un but à zéro.
dimanche 28 novembre
Sommet des pays membres de l’ASEAN à Manille (Philippines).