1900
L'explorateur suédois Sven Hedin parcourt le Tibet et tente d’entrer dans Lhassa.
1904
mercredi 3 août
Ayant pénétré de force au Tibet sous le prétexte d’un vol de yacks népalais par les forces tibétaines, l’expédition des Indes britanniques commandée par le colonel Francis Younghusband occupe Lhassa, la capitale. Le dalaï-lama s'enfuit.
mercredi 7 septembre
La Grande-Bretagne et le Tibet signent un traité de libre-échange faisant du Tibet un vassal de la Grande-Bretagne. Clause particulière : la possibilité pour les alpinistes britanniques de passer par le territoire tibétain.
vendredi 23 septembre
L’expédition militaire britannique quitte le Tibet.
1906
vendredi 27 avril
La Chine accepte, contrainte et forcée, le contrôle du Tibet par les Anglais.
vendredi 3 août
Le Royaume-Uni et la Chine ont signé à Pékin un traité par lequel les deux pays s’engagent à respecter l’indépendance du Tibet.
1907
samedi 31 août
Le ministre russe des Affaires étrangères, Isvolski, et l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Nicholson, signent les accords de Saint-Pétersbourg, qui mettent fin à la rivalité qui, depuis le début du XIXe s., opposait les deux puissances en Asie : la Grande-Bretagne renonce au Tibet, la Russie à l’Afghanistan, et la Perse est partagée en deux zones d’influence, anglaise et russe.
1909
samedi 25 décembre
Après plus d’un an d’absence, le dalaï-lama Thubten Gyatso est de retour à Lhassa. Il s’était rendu à Pékin en 1908 pour rencontrer l’empereur mandchou mais, ayant refusé de se prosterner il s’était enfui, poursuivi par l’armée chinoise. Cette dernière est toujours à ses trousses.
dans l'année
Le duc italien des Abruzzes explore le massif Karakorum.
1910
samedi 12 février
2 000 soldats chinois menés par le général Chung Ying se mettent en marche pour Lhassa sur ordre du général Chao Er-Feng.
mercredi 23 février
Les Chinois occupent Lhassa, obligeant le dalaï-lama Thubten Gyatso à fuir vers l’Inde pour se mettre sous la protection des britanniques, deux mois seulement après son retour d’exil de Pékin. Sous les ordres de Chensal Namgang, une escouade de soldats tibétains mal équipés (34 fusils seulement) a réussi à retenir sur la rivière Tsang-po 200 soldats chinois lancés à la poursuite du dalaï-lama.
1911
vendredi 29 décembre
Suite à la déclaration d’indépendance de la Mongolie, Bogdo Khan devient le premier khagan depuis 1661. Né au Tibet, il est âgé de 42 ans et le troisième personnage le plus important du bouddhisme tibétain.
1912
jeudi 4 avril
La république chinoise est proclamée au Tibet.
samedi 17 août
Les Britanniques protestent contre les projets d’expédition militaire chinoise au Tibet.
1913
jeudi 2 janvier
Les nationalistes tibétains tuent 300 soldats chinois lors d’une attaque nocturne.
en janvier
Le dalaï-Lama proclame l'indépendance du Tibet.
jeudi 13 ou vendredi 14 février
Thubten Gyatso, le 13e dalaï-lama, proclame l’indépendance du Tibet vis-à-vis de la Chine.
lundi 13 octobre
A Simla, au nord de Delhi, une conférence réunit des délégués de Chine, de Grande-Bretagne et du Tibet.
1914
vendredi 3 juillet
Des représentants tibétains et britanniques ont signé à Simla, au nord de Delhi, un accord sur les frontières entre le Tibet et l’Inde et sur le statut international du Tibet. La Chine perd le contrôle des zones « extérieures » du Tibet de la Mongolie. Egalement présent à Simla, le délégué chinois n’a pas signé le document.
1924
lundi 28 janvier
Après quatre mois de marche, déguisée en mendiante, l’exploratrice et orientaliste franco-belge Alexandra David-Néel (55 ans) entre dans Lhassa, une cité interdite aux étrangers et où nul occidental n’a encore mis le pied. Avec son compagnon de voyage Yongden, elle se mêle à la foule de pèlerins venus célébrer le Mönlam (à son retour en Europe, elle connaîtra un grand succès en publiant Voyage d’une Parisienne à Lhassa en 1927).
fin mars ou début avril
Dénoncés, Alexandra David Néel et Yongden quittent Lhassa pour Gyantsé avant l’intervention des autorités.
dimanche 8 juin
Les alpinistes anglais George Mallory (37 ans) et Andrew Irvine (22 ans) sont aperçus pour la dernière fois sur la crête nord de l’Everest (le corps de Mallory sera retrouvé en 1999 à 8 290 mètres d’altitude, mais pas celui d’Irvine).
1927
vendredi 12 août
Première publication aux Etats-Unis du Bardo Thodol, « le Livre des morts tibétains ».
1933
lundi 3 avril
Premier survol de l’Everest par des avions. Les deux Westland PV-6 modifiés de l’expédition, financée par Lady Lucy Houston et organisée par Stewart Blacker, étaient pilotés par des Britanniques, le marquis de Douglas et Clydesdale, et David MacIntyre, qui ont photographié le toit du monde. Partis à 8 h 25 de l’aérodrome indien de Lalbalu (district de Purnia), ils sont revenus à 11 h 30.
1935
jeudi 6 juin
Naissance du futur dalaï-lama Tenzin Gyatso.
1936
lundi 24 août
Ayant obtenu l’accord du gouvernement tibétain, une petite mission britannique conduite par Basil Gould fait son entrée dans Lhassa.
1937
Décès du panchen-lama Choeki Nyima.
1940
jeudi 22 février
Intronisation du nouveau dalaï-lama à Lhassa. Lhamo Dondrup n’a que quatre ans. Il prend le nom de Tenzin Gyatso.
1949
dimanche 24 juillet
Le Tibet expulse le représentant de la Chine nationaliste à Lhassa.
1950
samedi 7 octobre
Entrée des troupes chinoises (400 000 hommes) au Tibet.
vendredi 27 octobre
L’Inde proteste contre l’invasion du Tibet par les troupes chinoises.
1951
dimanche 29 avril
Des délégués tibétains arrivent à Pékin pour négocier un traité avec le gouvernement chinois.
mercredi 23 mai
Traité de Pékin (en 17 points) par lequel le gouvernement tibétain accepte de se soumettre à la Chine populaire : la Chine reconnaît le gouvernement lamaïque et accorde l’autonomie. La Chine est chargée de la défense et des affaires extérieures du Tibet.
samedi 21 juillet
Après son exil, le dalaï-lama est de retour à Lhassa pour reprendre ses fonctions religieuses.
dimanche 9 septembre
3 000 soldats chinois entrent dans Lhassa.
en octobre
Le dalaï-lama et le panchen-lama (Tibet) sont nommés membres de la Conférence consultative de la République populaire.
1952
samedi 10 mai
Après avoir installé le panchen-lama, âgé de 15 ans, à Lhassa, la république populaire de Chine accorde une relative autonomie au Tibet.
1954
samedi 31 juillet
Après quatre tentatives, l’expédition italienne de Compagnoni et Lacedelli réussit la première ascension du K2, le point culminant du massif tibétain Karakorum (8 620 mètres).
1955
dimanche 15 mai
Dans l’est du Népal, à la frontière du Tibet, les alpinistes français Lionel Terray et Jean Couzy ont réalisé la première ascension du Makalu, la cinquième plus haute montagne du monde (8 481 m), par sa face nord-ouest.
1956
dimanche 22 avril
Comité pour préparer l'administration du Tibet comme région autonome.
vendredi 18 mai
Les Suisses Fritz Luchsinger et Ernst Reiss réalisent la première ascension du Lhotse, le quatrième plus haut sommet du monde avec 8 545 mètres, à la frontière entre le Népal et le Tibet.
vendredi 1er juin
Utilisé par la résistance tibétaine, le monastère de Litang, assiégé depuis deux mois, est bombardé et détruit par l’armée chinoise. Des centaines de moines et de nonnes sont massacrés (certains enterrés vivants dans des fosses communes).
dans l’année
Lors des festivités du Nouvel An tibétain, le grand monastère Chode Gaden Phendeling, à Batang, est détruit par un bombardement aérien et au moins 2 000 moines et pèlerins sont tués.
1958
samedi 5 juillet
Une expédition américaine de huit alpinistes, conduite par Pete Schoening et Andy Kauffman, réalise la première ascension du Gasherbrum 1, le onzième plus haut sommet du monde (8 080 mètres), situé dans le Karakoram, à la frontière entre le Pakistan et le Tibet.
mercredi 30 juillet
Intensification de la guérilla contre les forces d’occupation chinoises.
jeudi 31 juillet
La CIA accorde son soutien à la résistance tibétaine contre les communistes chinois.
1959
mardi 10 mars
Le dalaï-lama étant sur le point d’être arrêté par les autorités communistes, le peuple de Lhassa se soulève contre la garnison chinoise : 30 000 personnes encerclent le palais Norbulingka. L’URSS n’accorde pas à Mao le soutien escompté.
lundi 16 mars
Suite aux manifestations antichinoises, Pékin fait bombarder Lhassa : deux obus explosent à 200 mètres du Norbulingka, le palais du dalaï-lama.
nuit du lundi 16 au mardi 17 mars
Déguisé en domestique, le dalaï-lama fuit Lhassa. Un groupe de 37 personnes (des soldats, des membres de sa famille et quelques conseillers) partent avec lui en exil. Le trajet jusqu’à l’Inde, par des chemins de haute altitude, s’annonce extrêmement difficile. En chemin, la CIA américaine parachutera des provisions et fera mitrailler par des avions des positions militaires chinoises.
jeudi 19 mars
Ignorant que celui-ci a quitté Lhassa, le gouvernement chinois ordonne au dalaï-lama de se présenter sans ses gardes du corps. Des combats éclatent aussi dans la capitale tibétaine.
dimanche 22 mars
La ville de Lhassa, bastion de 20 000 Tibétains souvent armés de mousquets et de sabres, est reprise au prix de 2 000 à 10 000 morts et de destructions importantes infligées au temple de Ramoché et au Potala même, pris pour cibles.
jeudi 26 mars
Le dalaï-lama et sa troupe atteignent la forteresse de Lhuntsé. Le dirigeant tibétain y annonce la composition de son gouvernement à l’occasion d’une grande cérémonie officielle.
samedi 28 mars
Le Premier ministre chinois Zhou Enlai signe la loi abolissant le gouvernement tibétain, le Ganden Phodrang. Pour remplacer le dalaï-lama, les communistes chinois installent au pouvoir au Tibet le panchen-lama, une marionnette qui accepte de collaborer comme président en exercice du Comité (le dalaï-lama, quoique en exil, est nommé président).
mardi 31 mars
Après quatorze jours de marche épuisante à travers les montagnes himalayennes et avec l’aide d’agents de la CIA et du gouvernement de Nehru, le dalaï-lama et la trentaine de personnes l’accompagnant (soldats, moines, paysans) arrivent au col de Khenzimana, qui marque la frontière entre le Tibet et l’Inde, et rejoignent le monastère de Tawang, dans un territoire sous contrôle indien mais revendiqué par la Chine [aujourd’hui en Arunachal Pradesh]. Plus de 80 000 Tibétains le rejoindront dans les mois qui vont suivre.
vendredi 3 avril
Le dalaï-lama tibétain Tenzin Gyatso (24 ans) s’installe à Dharamsala (Himachal Pradesh), où il crée un gouvernement en exil.
dimanche 19 avril
Le dalaï-lama obtient l’asile politique en Inde.
1960
mercredi 25 ou jeudi 26 mai
Une expédition chinoise (Wang Fuzhou, Qū Yínhuá et le sherpa tibétain Gompa) est la première à atteindre le sommet de l’Everest par sa face nord.
1961
jeudi 9 mars
Le dalaï lama lance un appel aux Nations unies en faveur d'une restauration de l'indépendance du Tibet.
jeudi 23 mars
Le dalaï lama, Tenzin Gyatso, refonde l'Institut de médecine et d'astrologie tibétaine à Dharamsala, en Inde.
dans l’année
Collectivisation de l'économie du Tibet.
1964
samedi 2 mai
Le dernier « 8 000 » a été vaincu. 14e sommet le plus haut monde, avec ses 8 027 m, le Shishapangma a été gravi pour la première fois dans le sud du Tibet (ville-préfacture de Shigatsé) par une expédition chinoise composée de dix hommes et dirigée par Xǔ Jìng.
samedi 26 décembre
Ouverture de la première route directe entre le Népal et le Tibet.
en décembre
Le dalaï-lama, en exil depuis cinq ans en Inde, est déclaré traître et démis officiellement. Le panchen-lama est démis aussi, s'évade d'un camp de rééducation et se réfugie en Mongolie extérieure.
1965
jeudi 9 septembre
Le Tibet devient une région autonome. Ngapo-Ngawang Jigma en est le premier président.
1966
en juillet
Les gardes rouges chinois perquisitionnent les demeures privées, remplaçant sur les autels les bouddhas par des portraits de Mao Ze-Dong. Ils font subir aux moines ces « séances de lutte » à répétition d'où l'on ne sort pas toujours vivant. Ils s'en prennent aux temples, y compris les plus fameux : Zhou Enlai doit faire protéger le Potala lui même par la troupe.
1967
samedi 29 juillet
Pose de la première pierre à Zell (canton de Zurich, Suisse) de l’Institut tibétain de Rikon. Destiné aux Tibétains en exil, le bâtiment est construit par l’architecte Ueli Flück.
mardi 12 septembre
Incidents armés entre soldats indiens et chinois sur la frontière entre le Sikkim et le Tibet.
1968
en janvier
Des centaines de morts à Lhassa lors de batailles rangées entre maoïstes.
samedi 9 novembre
Consécration dans le canton de Zurich (Suisse), à Zell, de l’Institut tibétain de Rikon, par les deux principaux tuteurs du dalaï-lama, Trijang Rinpoché et Ling Rinpoché.
1969
Nouvelle grande révolte à Lhassa réprimée dans le sang.
1970
jeudi 11 juin
Le dalaï-lama en exil fonde la Bibliothèque des œuvres et archives tibétaines dans la ville indienne où il s’est installée, Dharamsala.
1972
Reprise de la guérilla Khampa.
1978
vendredi 24 février
Démis de ses fonctions pendant la Révolution culturelle, le panchen lama Erdeni Chhoekyi-Gyaltsan, n°2 de la hiérarchie bouddhique tibétaine, a été réhabilité. Il se trouve actuellement à Pékin en tant que membre du PC chinois.
1980
du jeudi 22 au samedi 31 mai
Visite d’inspection au Tibet du secrétaire général du Parti communiste chinois Hu Yaobang.
jeudi 9 octobre
Le dalaï-lama a été reçu au Vatican par le pape Jean-Paul II.
1982
samedi 3 juillet
Le panchen lama effectue sa première visite au Tibet depuis 1964 (il était emprisonné).
1983
lundi 5 décembre
Etablissement à Katmandou du Centre international pour un développement intégré de la montagne (ICIMOD). Cette organisation indépendante regroupe huit Etats de la région Hindu-Kush - Himalaya (Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Birmanie, Chine, Inde, Népal et Pakistan).
1985
dimanche 27 janvier
Inauguration à Paris du premier temple tibétain ouvert en Europe. Il se trouve dans le centre bouddhique du bois de Vincennes, au bord du lac Daumesnil.
dimanche 21 juillet
En visite en Suisse, le dalaï-lama a fait savoir qu’en dépit des bonnes intentions des autorités chinoises il ne rentrera pas au Tibet.
lundi 22 juillet
Début des enseignements du dalaï-lama à ses disciples européens, à l’Institut tibétain de Rikon, à Zell, dans le nord-est de la Suisse (canton de Zurich). Le chef religieux bouddhiste a célébré les rites d’initiation de la « Roue du temps » (Kalacakra).
lundi 9 septembre
Célébration du vingtième anniversaire du rattachement du Tibet à la Chine, en qualité de région autonome. Aucun journaliste étranger n’est présent aux cérémonies.
samedi 28 décembre
Le plus grand rassemblement bouddhiste du XXe s. s’est déroulé à Bodh-Gaya, dans l’Etat indien du Bihar : environ 230 000 personnes ont participé aux cérémonies d'initiation du Kalacakra (« la Roue du temps ») sous la direction du dalaï-lama. Ce pèlerinage est le plus grand rassemblement bouddhiste du siècle.
1986
dimanche 2 février
A l’occasion de sa visite en Inde, Jean-Paul II s’est entretenu avec le dalaï-lama. C’est la troisième fois que les deux hommes se rencontrent.
du mardi 27 au samedi 31 mai
Visite du dalaï-Lama à Paris (France).
1987
samedi 22 août
Le plus grand temple bouddhique d’Europe a été inauguré en France, dans le département de la Saône-et-Loire : une quarantaine de lamas tibétains habitent dans centre religieux ouvert à Plaige, sur la commune de La Boulaye.
mercredi 16 septembre
Le dalaï-lama a symboliquement détruit des jouets « guerriers » à Genève en déclarant que la paix commence par les enfants.
lundi 21 septembre
Intervenant devant le Congrès des Etats-Unis, à Washington, le dalaï-lama Tenzin Gyatso a dévoilé son Plan de paix en cinq points en faveur du Tibet. Il a notamment proposé de faire du Tibet une « zone de paix démilitarisée ».
mercredi 23 septembre
La colère commence à monter à Lhassa. Les autorités chinoises ont organisé un rassemblement obligatoire dans le stade Triyue Trang : 14 000 personnes ont été forcées d’écouter la condamnation à mort de deux Tibétains accusés d’être des meurtriers. Ils ont été aussitôt exécutés. Pour les opposants à Pékin, les victimes étaient des détenus politiques.
dimanche 27 septembre
Début d’une série de troubles au Tibet (qui vont se poursuivre jusqu’en 1993). Dans la matinée plus de vingt moines nationalistes du monastère de Drepung ont manifesté avec des drapeaux tibétains (interdits) pour réclamer l’indépendance de leur pays. Les forces de sécurité n’étant pas intervenues, ils sont rejoints par 150 et 200 personnes pour une marche sur le siège du gouvernement régional. Sur place, ils sont violemment battus et arrêtés. Pékin accuse les manifestants d’avoir attaqué plusieurs policiers (24 d’entre eux auraient été blessés selon l’agence Chine nouvelle et deux véhicules détruits).
mercredi 30 septembre
Un poste de police chinois est attaqué, à Lassa. Ce raid coûte la vie à six personnes.
jeudi 1er octobre
Un soulèvement a éclaté à Lhassa. Les violences se sont produites au moment où la police chinoise a voulu disperser violemment une procession de vingt bonzes du monastère de Sera qui criaient des slogans indépendantistes et réclamaient la libération des personnes arrêtées le 27 septembre en tournant autour du Jokhang. Une foule de 2 000 à 3 000 personnes est aussitôt intervenue et la manifestation organisée spontanément a très vite dégénéré en émeute anti-chinoise : jets de pierre, 43 voitures de police renversées et incendiées pour bloquer l’entrée du commissariat du Barkor, etc. Les membres des forces de l’ordre réfugiés sur les toits et des renforts de police ont ouvert le feu sur la foule qui s’est vengée en mettant le feu au bâtiment. Six policiers et au moins sept civils (treize selon certaines sources), dont trois lamas et un enfant, ont été tués et une vingtaine de personnes blessées. Plusieurs touristes étrangers ont assisté aux violences
samedi 3 octobre
La répression chinoise met fin aux manifestations et aux émeutes à Lhassa : des bagarres entre policiers et moines ont eu lieu sur le toit du Jokhang. Le couvre-feu a été imposé dans la ville par les autorités et l’accès aux monastères est interdit. La police organise des patrouilles et installe des barrages pour prévenir des manifestations d'éléments indépendantistes. Pékin dénonce un mouvement manipulé par des mains extérieures. Deux Américains sont menacés d’expulsion.
mardi 6 octobre
Nouvelle manifestation anti-chinoise à Lhassa : une centaine de personnes, probablement des moines déguisés en civils, ont marché du monastère de Drepung sur le siège du gouvernement régional en criant le nom du dalaï-lama. Les forces de l’ordre ont procédé à soixante arrestations. Les autorités ont ordonné la fermeture de la frontière avec le Népal.
mercredi 7 octobre
Rejetant les accusations de Pékin selon lesquelles il est à l’origine des émeutes de Lhassa, le dalaï-lama a lancé depuis son exil un appel à la désobéissance civile et à la poursuite des manifestations, mais à condition que la contestation se face dans la non-violence.
jeudi 8 octobre
Les autorités ont ordonné aux journalistes occidentaux de quitter le Tibet sous deux jours. La police a donné une semaine aux participants aux émeutes pour se rendre. Des centaines de Tibétains réfugiés en Inde ont entamé une grève de la faim. Le gouvernement indien a demandé au dalaï-lama de n’avoir aucune activité politique quand il est sur sol.
samedi 10 octobre
Des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes occidentales, notamment à Paris et à Bonn, pour protester contre la répression chinoise au Tibet.
vendredi 16 octobre
Dans une déclaration publique, le numéro un chinois Deng Xiaoping affirme que « le dalaï-lama et quelques membres du Congrès américain ont créé quelques petits problèmes pour nous ; mais cela n'affectera pas notre situation globale qui est bonne. »
dimanche 29 novembre
Les autorités chinoises ont libéré 80 moines tibétains arrêtés une semaine plus tôt pour avoir demandé le départ des forces de l’ordre qui occupent le monastère de Ganden.
mardi 15 décembre
Quinze nonnes du monastère tibétain de Garu ont défilé dans le calme à Lhassa.
1988
mardi 12 janvier
Les autorités chinoises ont annoncé que plusieurs étrangers ont été expulsés du Tibet.
jeudi 21 janvier
59 des 80 Tibétains interpellés à Lhassa lors des émeutes anti-chinoises d’octobre 1987 ont été libérés à la demande du panchen-lama selon l’agence Associated Press.
samedi 5 mars
Reprise des troubles à Lhassa : l’arrestation sur l’esplanade du Jokhang à l’occasion de la fin du Monlam Chenmo d’un moine scandant des slogans indépendances a dégénéré dans la matinée en violentes émeutes antichinoises. La foule a commencé à jeter des pierres sur les officiels présents : au moins trois soldats et plusieurs civils ont été tués. Des milliers d’habitants se sont répandus dans les rues pour attaquer la police, allumer des incendies, piller des commerces tenus par des Chinois et détruire des véhicules. Des manifestants ont jeté de gros blocs de pierres sur des véhicules de la police depuis le toit du Jokhang.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 mars
Les affrontements entre Tibétains et forces de l’ordre chinoises se sont poursuivis jusqu’à 2 heures du matin. Selon un bilan officieux, huit personnes au moins ont été tuées dans les violences, dont trois policiers (l’un jeté d’un toit et les deux autres lapidés par la foule).
dimanche 6 mars
Poursuite des manifestations à Lhassa. Les Tibétains réclament la fin du joug communiste chinois.
lundi 4 avril
Le panchen-lama rallié à Pékin a annoncé que le dalaï-lama était libre de retourner au Tibet à condition qu’il renonce à l’indépendance de ce territoire. En visite à Londres, le dalaï-lama a rejeté cette offre. Le panchen-lama a aussi affirmé que les participants aux récentes émeutes devaient être munis mais que les autorités chinoises devaient également mettre en place une politique plus libéral sur les questions de religion et de culture. Par ailleurs, la commission parlementaire britannique chargée des droits de l’homme affirme dans un rapport que plus d’un million de Tibétains sont morts entre 1950 et 1985, victimes de l’administration chinoise.
en mai
Seize moines tibétains auraient été arrêtés pour avoir projeté des attentats à la bombe selon l’agence Chine nouvelle.
mercredi 15 juin
A l’occasion de sa tournée en Europe, le dalaï-lama fait étape à Strasbourg. Devant les députés européens, le chef religieux des Tibétains a repris son plan de paix en cinq points présenté en septembre 1987. Il s’est dit cependant prêt à abandonner sa demande d’indépendance en proposant à Pékin la mise en place d’un régime d'association qui laisserait la responsabilité de la politique étrangère et de la défense au gouvernement chinois. Cette suggestion a été repoussée aussitôt par les autorités communistes tandis que cette renonciation à l’indépendance est vivement critiquée dans certains milieux de l’opposition tibétaine en exil.
mercredi 22 juin
Le gouvernement chinois a réaffirmé qu’il ne permettra pas une quelconque indépendance du Tibet.
dimanche 26 juin
La Chine refuse le plan proposé par le dalaï-lama.
vendredi 9 décembre
Le secrétaire du Parti communiste chinois au Tibet, Wu Jinhhua, est limogé pour « déviationnisme de droite ». Il est remplacé par Hu Jintao (qui ne prendra ses fonctions qu’en janvier).
samedi 10 décembre
Les forces de sécurité chinoise ont réprimé avec violence une nouvelle manifestation nationaliste tibétaine organisée à Lhassa pour le quarantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme. Après avoir sorti des drapeaux et distribué des tracts, des moines et des fidèles se sont rassemblés devant le Jokhang où les policiers ont ouvert le feu sans sommation en fin de matinée. Au moins douze personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées. L’agence Chine nouvelle affirme que les forces de l’ordre n’ont fait que répliquer à des jets de pierre.
lundi 19 décembre
70 étudiants tibétains de l’Institut central des minorités ont manifesté à Pékin pour dénoncer le massacre du 10 décembre.
1989
jeudi 12 janvier
Entrée en fonction du nouveau secrétaire du Parti communiste chinois du Tibet, Hu Jintao. Il a aussitôt annoncé un ensemble de projets de développement du Tibet comportant un accroissement des investissements et mettant l'accent sur le développement de l'économie marchande.
mercredi 18 janvier
Le nouveau secrétaire du Parti communiste tibétain Hu Jintao a lancé un appel au respect des coutumes et de la religion locales et à la promotion de la langue tibétaine.
samedi 28 janvier
Décès du panchen-lama, le second personnage du lamaïsme tibétain. Il avait 53 ans.
dimanche 5 mars
Emeutes à Lhassa : douze morts.
mercredi 8 mars
Loi martiale proclamée à Lhassa.
jeudi 16 mars
Les députés européens ont voté une résolution dénonçant la « répression brutale » chinoise au Tibet.
lundi 17 avril
Au Parlement européen de Strasbourg, le dalaï-lama propose à la Chine un statut d'autonomie pour le Tibet.
en juin
Treize fusillés au Tibet.
jeudi 5 octobre
Le dalaï-lama obtient le prix Nobel de la paix.
samedi 7 octobre
La Chine proteste contre la remise du prix Nobel de la Paix au dalaï-lama.
dimanche 10 décembre
Le prix Nobel de la paix a été remis à Oslo au dalaï-Lama.
L'explorateur suédois Sven Hedin parcourt le Tibet et tente d’entrer dans Lhassa.
1904
mercredi 3 août
Ayant pénétré de force au Tibet sous le prétexte d’un vol de yacks népalais par les forces tibétaines, l’expédition des Indes britanniques commandée par le colonel Francis Younghusband occupe Lhassa, la capitale. Le dalaï-lama s'enfuit.
mercredi 7 septembre
La Grande-Bretagne et le Tibet signent un traité de libre-échange faisant du Tibet un vassal de la Grande-Bretagne. Clause particulière : la possibilité pour les alpinistes britanniques de passer par le territoire tibétain.
vendredi 23 septembre
L’expédition militaire britannique quitte le Tibet.
1906
vendredi 27 avril
La Chine accepte, contrainte et forcée, le contrôle du Tibet par les Anglais.
vendredi 3 août
Le Royaume-Uni et la Chine ont signé à Pékin un traité par lequel les deux pays s’engagent à respecter l’indépendance du Tibet.
1907
samedi 31 août
Le ministre russe des Affaires étrangères, Isvolski, et l’ambassadeur de Grande-Bretagne, Nicholson, signent les accords de Saint-Pétersbourg, qui mettent fin à la rivalité qui, depuis le début du XIXe s., opposait les deux puissances en Asie : la Grande-Bretagne renonce au Tibet, la Russie à l’Afghanistan, et la Perse est partagée en deux zones d’influence, anglaise et russe.
1909
samedi 25 décembre
Après plus d’un an d’absence, le dalaï-lama Thubten Gyatso est de retour à Lhassa. Il s’était rendu à Pékin en 1908 pour rencontrer l’empereur mandchou mais, ayant refusé de se prosterner il s’était enfui, poursuivi par l’armée chinoise. Cette dernière est toujours à ses trousses.
dans l'année
Le duc italien des Abruzzes explore le massif Karakorum.
1910
samedi 12 février
2 000 soldats chinois menés par le général Chung Ying se mettent en marche pour Lhassa sur ordre du général Chao Er-Feng.
mercredi 23 février
Les Chinois occupent Lhassa, obligeant le dalaï-lama Thubten Gyatso à fuir vers l’Inde pour se mettre sous la protection des britanniques, deux mois seulement après son retour d’exil de Pékin. Sous les ordres de Chensal Namgang, une escouade de soldats tibétains mal équipés (34 fusils seulement) a réussi à retenir sur la rivière Tsang-po 200 soldats chinois lancés à la poursuite du dalaï-lama.
1911
vendredi 29 décembre
Suite à la déclaration d’indépendance de la Mongolie, Bogdo Khan devient le premier khagan depuis 1661. Né au Tibet, il est âgé de 42 ans et le troisième personnage le plus important du bouddhisme tibétain.
1912
jeudi 4 avril
La république chinoise est proclamée au Tibet.
samedi 17 août
Les Britanniques protestent contre les projets d’expédition militaire chinoise au Tibet.
1913
jeudi 2 janvier
Les nationalistes tibétains tuent 300 soldats chinois lors d’une attaque nocturne.
en janvier
Le dalaï-Lama proclame l'indépendance du Tibet.
jeudi 13 ou vendredi 14 février
Thubten Gyatso, le 13e dalaï-lama, proclame l’indépendance du Tibet vis-à-vis de la Chine.
lundi 13 octobre
A Simla, au nord de Delhi, une conférence réunit des délégués de Chine, de Grande-Bretagne et du Tibet.
1914
vendredi 3 juillet
Des représentants tibétains et britanniques ont signé à Simla, au nord de Delhi, un accord sur les frontières entre le Tibet et l’Inde et sur le statut international du Tibet. La Chine perd le contrôle des zones « extérieures » du Tibet de la Mongolie. Egalement présent à Simla, le délégué chinois n’a pas signé le document.
1924
lundi 28 janvier
Après quatre mois de marche, déguisée en mendiante, l’exploratrice et orientaliste franco-belge Alexandra David-Néel (55 ans) entre dans Lhassa, une cité interdite aux étrangers et où nul occidental n’a encore mis le pied. Avec son compagnon de voyage Yongden, elle se mêle à la foule de pèlerins venus célébrer le Mönlam (à son retour en Europe, elle connaîtra un grand succès en publiant Voyage d’une Parisienne à Lhassa en 1927).
fin mars ou début avril
Dénoncés, Alexandra David Néel et Yongden quittent Lhassa pour Gyantsé avant l’intervention des autorités.
dimanche 8 juin
Les alpinistes anglais George Mallory (37 ans) et Andrew Irvine (22 ans) sont aperçus pour la dernière fois sur la crête nord de l’Everest (le corps de Mallory sera retrouvé en 1999 à 8 290 mètres d’altitude, mais pas celui d’Irvine).
1927
vendredi 12 août
Première publication aux Etats-Unis du Bardo Thodol, « le Livre des morts tibétains ».
1933
lundi 3 avril
Premier survol de l’Everest par des avions. Les deux Westland PV-6 modifiés de l’expédition, financée par Lady Lucy Houston et organisée par Stewart Blacker, étaient pilotés par des Britanniques, le marquis de Douglas et Clydesdale, et David MacIntyre, qui ont photographié le toit du monde. Partis à 8 h 25 de l’aérodrome indien de Lalbalu (district de Purnia), ils sont revenus à 11 h 30.
1935
jeudi 6 juin
Naissance du futur dalaï-lama Tenzin Gyatso.
1936
lundi 24 août
Ayant obtenu l’accord du gouvernement tibétain, une petite mission britannique conduite par Basil Gould fait son entrée dans Lhassa.
1937
Décès du panchen-lama Choeki Nyima.
1940
jeudi 22 février
Intronisation du nouveau dalaï-lama à Lhassa. Lhamo Dondrup n’a que quatre ans. Il prend le nom de Tenzin Gyatso.
1949
dimanche 24 juillet
Le Tibet expulse le représentant de la Chine nationaliste à Lhassa.
1950
samedi 7 octobre
Entrée des troupes chinoises (400 000 hommes) au Tibet.
vendredi 27 octobre
L’Inde proteste contre l’invasion du Tibet par les troupes chinoises.
1951
dimanche 29 avril
Des délégués tibétains arrivent à Pékin pour négocier un traité avec le gouvernement chinois.
mercredi 23 mai
Traité de Pékin (en 17 points) par lequel le gouvernement tibétain accepte de se soumettre à la Chine populaire : la Chine reconnaît le gouvernement lamaïque et accorde l’autonomie. La Chine est chargée de la défense et des affaires extérieures du Tibet.
samedi 21 juillet
Après son exil, le dalaï-lama est de retour à Lhassa pour reprendre ses fonctions religieuses.
dimanche 9 septembre
3 000 soldats chinois entrent dans Lhassa.
en octobre
Le dalaï-lama et le panchen-lama (Tibet) sont nommés membres de la Conférence consultative de la République populaire.
1952
samedi 10 mai
Après avoir installé le panchen-lama, âgé de 15 ans, à Lhassa, la république populaire de Chine accorde une relative autonomie au Tibet.
1954
samedi 31 juillet
Après quatre tentatives, l’expédition italienne de Compagnoni et Lacedelli réussit la première ascension du K2, le point culminant du massif tibétain Karakorum (8 620 mètres).
1955
dimanche 15 mai
Dans l’est du Népal, à la frontière du Tibet, les alpinistes français Lionel Terray et Jean Couzy ont réalisé la première ascension du Makalu, la cinquième plus haute montagne du monde (8 481 m), par sa face nord-ouest.
1956
dimanche 22 avril
Comité pour préparer l'administration du Tibet comme région autonome.
vendredi 18 mai
Les Suisses Fritz Luchsinger et Ernst Reiss réalisent la première ascension du Lhotse, le quatrième plus haut sommet du monde avec 8 545 mètres, à la frontière entre le Népal et le Tibet.
vendredi 1er juin
Utilisé par la résistance tibétaine, le monastère de Litang, assiégé depuis deux mois, est bombardé et détruit par l’armée chinoise. Des centaines de moines et de nonnes sont massacrés (certains enterrés vivants dans des fosses communes).
dans l’année
Lors des festivités du Nouvel An tibétain, le grand monastère Chode Gaden Phendeling, à Batang, est détruit par un bombardement aérien et au moins 2 000 moines et pèlerins sont tués.
1958
samedi 5 juillet
Une expédition américaine de huit alpinistes, conduite par Pete Schoening et Andy Kauffman, réalise la première ascension du Gasherbrum 1, le onzième plus haut sommet du monde (8 080 mètres), situé dans le Karakoram, à la frontière entre le Pakistan et le Tibet.
mercredi 30 juillet
Intensification de la guérilla contre les forces d’occupation chinoises.
jeudi 31 juillet
La CIA accorde son soutien à la résistance tibétaine contre les communistes chinois.
1959
mardi 10 mars
Le dalaï-lama étant sur le point d’être arrêté par les autorités communistes, le peuple de Lhassa se soulève contre la garnison chinoise : 30 000 personnes encerclent le palais Norbulingka. L’URSS n’accorde pas à Mao le soutien escompté.
lundi 16 mars
Suite aux manifestations antichinoises, Pékin fait bombarder Lhassa : deux obus explosent à 200 mètres du Norbulingka, le palais du dalaï-lama.
nuit du lundi 16 au mardi 17 mars
Déguisé en domestique, le dalaï-lama fuit Lhassa. Un groupe de 37 personnes (des soldats, des membres de sa famille et quelques conseillers) partent avec lui en exil. Le trajet jusqu’à l’Inde, par des chemins de haute altitude, s’annonce extrêmement difficile. En chemin, la CIA américaine parachutera des provisions et fera mitrailler par des avions des positions militaires chinoises.
jeudi 19 mars
Ignorant que celui-ci a quitté Lhassa, le gouvernement chinois ordonne au dalaï-lama de se présenter sans ses gardes du corps. Des combats éclatent aussi dans la capitale tibétaine.
dimanche 22 mars
La ville de Lhassa, bastion de 20 000 Tibétains souvent armés de mousquets et de sabres, est reprise au prix de 2 000 à 10 000 morts et de destructions importantes infligées au temple de Ramoché et au Potala même, pris pour cibles.
jeudi 26 mars
Le dalaï-lama et sa troupe atteignent la forteresse de Lhuntsé. Le dirigeant tibétain y annonce la composition de son gouvernement à l’occasion d’une grande cérémonie officielle.
samedi 28 mars
Le Premier ministre chinois Zhou Enlai signe la loi abolissant le gouvernement tibétain, le Ganden Phodrang. Pour remplacer le dalaï-lama, les communistes chinois installent au pouvoir au Tibet le panchen-lama, une marionnette qui accepte de collaborer comme président en exercice du Comité (le dalaï-lama, quoique en exil, est nommé président).
mardi 31 mars
Après quatorze jours de marche épuisante à travers les montagnes himalayennes et avec l’aide d’agents de la CIA et du gouvernement de Nehru, le dalaï-lama et la trentaine de personnes l’accompagnant (soldats, moines, paysans) arrivent au col de Khenzimana, qui marque la frontière entre le Tibet et l’Inde, et rejoignent le monastère de Tawang, dans un territoire sous contrôle indien mais revendiqué par la Chine [aujourd’hui en Arunachal Pradesh]. Plus de 80 000 Tibétains le rejoindront dans les mois qui vont suivre.
vendredi 3 avril
Le dalaï-lama tibétain Tenzin Gyatso (24 ans) s’installe à Dharamsala (Himachal Pradesh), où il crée un gouvernement en exil.
dimanche 19 avril
Le dalaï-lama obtient l’asile politique en Inde.
1960
mercredi 25 ou jeudi 26 mai
Une expédition chinoise (Wang Fuzhou, Qū Yínhuá et le sherpa tibétain Gompa) est la première à atteindre le sommet de l’Everest par sa face nord.
1961
jeudi 9 mars
Le dalaï lama lance un appel aux Nations unies en faveur d'une restauration de l'indépendance du Tibet.
jeudi 23 mars
Le dalaï lama, Tenzin Gyatso, refonde l'Institut de médecine et d'astrologie tibétaine à Dharamsala, en Inde.
dans l’année
Collectivisation de l'économie du Tibet.
1964
samedi 2 mai
Le dernier « 8 000 » a été vaincu. 14e sommet le plus haut monde, avec ses 8 027 m, le Shishapangma a été gravi pour la première fois dans le sud du Tibet (ville-préfacture de Shigatsé) par une expédition chinoise composée de dix hommes et dirigée par Xǔ Jìng.
samedi 26 décembre
Ouverture de la première route directe entre le Népal et le Tibet.
en décembre
Le dalaï-lama, en exil depuis cinq ans en Inde, est déclaré traître et démis officiellement. Le panchen-lama est démis aussi, s'évade d'un camp de rééducation et se réfugie en Mongolie extérieure.
1965
jeudi 9 septembre
Le Tibet devient une région autonome. Ngapo-Ngawang Jigma en est le premier président.
1966
en juillet
Les gardes rouges chinois perquisitionnent les demeures privées, remplaçant sur les autels les bouddhas par des portraits de Mao Ze-Dong. Ils font subir aux moines ces « séances de lutte » à répétition d'où l'on ne sort pas toujours vivant. Ils s'en prennent aux temples, y compris les plus fameux : Zhou Enlai doit faire protéger le Potala lui même par la troupe.
1967
samedi 29 juillet
Pose de la première pierre à Zell (canton de Zurich, Suisse) de l’Institut tibétain de Rikon. Destiné aux Tibétains en exil, le bâtiment est construit par l’architecte Ueli Flück.
mardi 12 septembre
Incidents armés entre soldats indiens et chinois sur la frontière entre le Sikkim et le Tibet.
1968
en janvier
Des centaines de morts à Lhassa lors de batailles rangées entre maoïstes.
samedi 9 novembre
Consécration dans le canton de Zurich (Suisse), à Zell, de l’Institut tibétain de Rikon, par les deux principaux tuteurs du dalaï-lama, Trijang Rinpoché et Ling Rinpoché.
1969
Nouvelle grande révolte à Lhassa réprimée dans le sang.
1970
jeudi 11 juin
Le dalaï-lama en exil fonde la Bibliothèque des œuvres et archives tibétaines dans la ville indienne où il s’est installée, Dharamsala.
1972
Reprise de la guérilla Khampa.
1978
vendredi 24 février
Démis de ses fonctions pendant la Révolution culturelle, le panchen lama Erdeni Chhoekyi-Gyaltsan, n°2 de la hiérarchie bouddhique tibétaine, a été réhabilité. Il se trouve actuellement à Pékin en tant que membre du PC chinois.
1980
du jeudi 22 au samedi 31 mai
Visite d’inspection au Tibet du secrétaire général du Parti communiste chinois Hu Yaobang.
jeudi 9 octobre
Le dalaï-lama a été reçu au Vatican par le pape Jean-Paul II.
1982
samedi 3 juillet
Le panchen lama effectue sa première visite au Tibet depuis 1964 (il était emprisonné).
1983
lundi 5 décembre
Etablissement à Katmandou du Centre international pour un développement intégré de la montagne (ICIMOD). Cette organisation indépendante regroupe huit Etats de la région Hindu-Kush - Himalaya (Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Birmanie, Chine, Inde, Népal et Pakistan).
1985
dimanche 27 janvier
Inauguration à Paris du premier temple tibétain ouvert en Europe. Il se trouve dans le centre bouddhique du bois de Vincennes, au bord du lac Daumesnil.
dimanche 21 juillet
En visite en Suisse, le dalaï-lama a fait savoir qu’en dépit des bonnes intentions des autorités chinoises il ne rentrera pas au Tibet.
lundi 22 juillet
Début des enseignements du dalaï-lama à ses disciples européens, à l’Institut tibétain de Rikon, à Zell, dans le nord-est de la Suisse (canton de Zurich). Le chef religieux bouddhiste a célébré les rites d’initiation de la « Roue du temps » (Kalacakra).
lundi 9 septembre
Célébration du vingtième anniversaire du rattachement du Tibet à la Chine, en qualité de région autonome. Aucun journaliste étranger n’est présent aux cérémonies.
samedi 28 décembre
Le plus grand rassemblement bouddhiste du XXe s. s’est déroulé à Bodh-Gaya, dans l’Etat indien du Bihar : environ 230 000 personnes ont participé aux cérémonies d'initiation du Kalacakra (« la Roue du temps ») sous la direction du dalaï-lama. Ce pèlerinage est le plus grand rassemblement bouddhiste du siècle.
1986
dimanche 2 février
A l’occasion de sa visite en Inde, Jean-Paul II s’est entretenu avec le dalaï-lama. C’est la troisième fois que les deux hommes se rencontrent.
du mardi 27 au samedi 31 mai
Visite du dalaï-Lama à Paris (France).
1987
samedi 22 août
Le plus grand temple bouddhique d’Europe a été inauguré en France, dans le département de la Saône-et-Loire : une quarantaine de lamas tibétains habitent dans centre religieux ouvert à Plaige, sur la commune de La Boulaye.
mercredi 16 septembre
Le dalaï-lama a symboliquement détruit des jouets « guerriers » à Genève en déclarant que la paix commence par les enfants.
lundi 21 septembre
Intervenant devant le Congrès des Etats-Unis, à Washington, le dalaï-lama Tenzin Gyatso a dévoilé son Plan de paix en cinq points en faveur du Tibet. Il a notamment proposé de faire du Tibet une « zone de paix démilitarisée ».
mercredi 23 septembre
La colère commence à monter à Lhassa. Les autorités chinoises ont organisé un rassemblement obligatoire dans le stade Triyue Trang : 14 000 personnes ont été forcées d’écouter la condamnation à mort de deux Tibétains accusés d’être des meurtriers. Ils ont été aussitôt exécutés. Pour les opposants à Pékin, les victimes étaient des détenus politiques.
dimanche 27 septembre
Début d’une série de troubles au Tibet (qui vont se poursuivre jusqu’en 1993). Dans la matinée plus de vingt moines nationalistes du monastère de Drepung ont manifesté avec des drapeaux tibétains (interdits) pour réclamer l’indépendance de leur pays. Les forces de sécurité n’étant pas intervenues, ils sont rejoints par 150 et 200 personnes pour une marche sur le siège du gouvernement régional. Sur place, ils sont violemment battus et arrêtés. Pékin accuse les manifestants d’avoir attaqué plusieurs policiers (24 d’entre eux auraient été blessés selon l’agence Chine nouvelle et deux véhicules détruits).
mercredi 30 septembre
Un poste de police chinois est attaqué, à Lassa. Ce raid coûte la vie à six personnes.
jeudi 1er octobre
Un soulèvement a éclaté à Lhassa. Les violences se sont produites au moment où la police chinoise a voulu disperser violemment une procession de vingt bonzes du monastère de Sera qui criaient des slogans indépendantistes et réclamaient la libération des personnes arrêtées le 27 septembre en tournant autour du Jokhang. Une foule de 2 000 à 3 000 personnes est aussitôt intervenue et la manifestation organisée spontanément a très vite dégénéré en émeute anti-chinoise : jets de pierre, 43 voitures de police renversées et incendiées pour bloquer l’entrée du commissariat du Barkor, etc. Les membres des forces de l’ordre réfugiés sur les toits et des renforts de police ont ouvert le feu sur la foule qui s’est vengée en mettant le feu au bâtiment. Six policiers et au moins sept civils (treize selon certaines sources), dont trois lamas et un enfant, ont été tués et une vingtaine de personnes blessées. Plusieurs touristes étrangers ont assisté aux violences
samedi 3 octobre
La répression chinoise met fin aux manifestations et aux émeutes à Lhassa : des bagarres entre policiers et moines ont eu lieu sur le toit du Jokhang. Le couvre-feu a été imposé dans la ville par les autorités et l’accès aux monastères est interdit. La police organise des patrouilles et installe des barrages pour prévenir des manifestations d'éléments indépendantistes. Pékin dénonce un mouvement manipulé par des mains extérieures. Deux Américains sont menacés d’expulsion.
mardi 6 octobre
Nouvelle manifestation anti-chinoise à Lhassa : une centaine de personnes, probablement des moines déguisés en civils, ont marché du monastère de Drepung sur le siège du gouvernement régional en criant le nom du dalaï-lama. Les forces de l’ordre ont procédé à soixante arrestations. Les autorités ont ordonné la fermeture de la frontière avec le Népal.
mercredi 7 octobre
Rejetant les accusations de Pékin selon lesquelles il est à l’origine des émeutes de Lhassa, le dalaï-lama a lancé depuis son exil un appel à la désobéissance civile et à la poursuite des manifestations, mais à condition que la contestation se face dans la non-violence.
jeudi 8 octobre
Les autorités ont ordonné aux journalistes occidentaux de quitter le Tibet sous deux jours. La police a donné une semaine aux participants aux émeutes pour se rendre. Des centaines de Tibétains réfugiés en Inde ont entamé une grève de la faim. Le gouvernement indien a demandé au dalaï-lama de n’avoir aucune activité politique quand il est sur sol.
samedi 10 octobre
Des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes occidentales, notamment à Paris et à Bonn, pour protester contre la répression chinoise au Tibet.
vendredi 16 octobre
Dans une déclaration publique, le numéro un chinois Deng Xiaoping affirme que « le dalaï-lama et quelques membres du Congrès américain ont créé quelques petits problèmes pour nous ; mais cela n'affectera pas notre situation globale qui est bonne. »
dimanche 29 novembre
Les autorités chinoises ont libéré 80 moines tibétains arrêtés une semaine plus tôt pour avoir demandé le départ des forces de l’ordre qui occupent le monastère de Ganden.
mardi 15 décembre
Quinze nonnes du monastère tibétain de Garu ont défilé dans le calme à Lhassa.
1988
mardi 12 janvier
Les autorités chinoises ont annoncé que plusieurs étrangers ont été expulsés du Tibet.
jeudi 21 janvier
59 des 80 Tibétains interpellés à Lhassa lors des émeutes anti-chinoises d’octobre 1987 ont été libérés à la demande du panchen-lama selon l’agence Associated Press.
samedi 5 mars
Reprise des troubles à Lhassa : l’arrestation sur l’esplanade du Jokhang à l’occasion de la fin du Monlam Chenmo d’un moine scandant des slogans indépendances a dégénéré dans la matinée en violentes émeutes antichinoises. La foule a commencé à jeter des pierres sur les officiels présents : au moins trois soldats et plusieurs civils ont été tués. Des milliers d’habitants se sont répandus dans les rues pour attaquer la police, allumer des incendies, piller des commerces tenus par des Chinois et détruire des véhicules. Des manifestants ont jeté de gros blocs de pierres sur des véhicules de la police depuis le toit du Jokhang.
nuit du samedi 5 au dimanche 6 mars
Les affrontements entre Tibétains et forces de l’ordre chinoises se sont poursuivis jusqu’à 2 heures du matin. Selon un bilan officieux, huit personnes au moins ont été tuées dans les violences, dont trois policiers (l’un jeté d’un toit et les deux autres lapidés par la foule).
dimanche 6 mars
Poursuite des manifestations à Lhassa. Les Tibétains réclament la fin du joug communiste chinois.
lundi 4 avril
Le panchen-lama rallié à Pékin a annoncé que le dalaï-lama était libre de retourner au Tibet à condition qu’il renonce à l’indépendance de ce territoire. En visite à Londres, le dalaï-lama a rejeté cette offre. Le panchen-lama a aussi affirmé que les participants aux récentes émeutes devaient être munis mais que les autorités chinoises devaient également mettre en place une politique plus libéral sur les questions de religion et de culture. Par ailleurs, la commission parlementaire britannique chargée des droits de l’homme affirme dans un rapport que plus d’un million de Tibétains sont morts entre 1950 et 1985, victimes de l’administration chinoise.
en mai
Seize moines tibétains auraient été arrêtés pour avoir projeté des attentats à la bombe selon l’agence Chine nouvelle.
mercredi 15 juin
A l’occasion de sa tournée en Europe, le dalaï-lama fait étape à Strasbourg. Devant les députés européens, le chef religieux des Tibétains a repris son plan de paix en cinq points présenté en septembre 1987. Il s’est dit cependant prêt à abandonner sa demande d’indépendance en proposant à Pékin la mise en place d’un régime d'association qui laisserait la responsabilité de la politique étrangère et de la défense au gouvernement chinois. Cette suggestion a été repoussée aussitôt par les autorités communistes tandis que cette renonciation à l’indépendance est vivement critiquée dans certains milieux de l’opposition tibétaine en exil.
mercredi 22 juin
Le gouvernement chinois a réaffirmé qu’il ne permettra pas une quelconque indépendance du Tibet.
dimanche 26 juin
La Chine refuse le plan proposé par le dalaï-lama.
vendredi 9 décembre
Le secrétaire du Parti communiste chinois au Tibet, Wu Jinhhua, est limogé pour « déviationnisme de droite ». Il est remplacé par Hu Jintao (qui ne prendra ses fonctions qu’en janvier).
samedi 10 décembre
Les forces de sécurité chinoise ont réprimé avec violence une nouvelle manifestation nationaliste tibétaine organisée à Lhassa pour le quarantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme. Après avoir sorti des drapeaux et distribué des tracts, des moines et des fidèles se sont rassemblés devant le Jokhang où les policiers ont ouvert le feu sans sommation en fin de matinée. Au moins douze personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées. L’agence Chine nouvelle affirme que les forces de l’ordre n’ont fait que répliquer à des jets de pierre.
lundi 19 décembre
70 étudiants tibétains de l’Institut central des minorités ont manifesté à Pékin pour dénoncer le massacre du 10 décembre.
1989
jeudi 12 janvier
Entrée en fonction du nouveau secrétaire du Parti communiste chinois du Tibet, Hu Jintao. Il a aussitôt annoncé un ensemble de projets de développement du Tibet comportant un accroissement des investissements et mettant l'accent sur le développement de l'économie marchande.
mercredi 18 janvier
Le nouveau secrétaire du Parti communiste tibétain Hu Jintao a lancé un appel au respect des coutumes et de la religion locales et à la promotion de la langue tibétaine.
samedi 28 janvier
Décès du panchen-lama, le second personnage du lamaïsme tibétain. Il avait 53 ans.
dimanche 5 mars
Emeutes à Lhassa : douze morts.
mercredi 8 mars
Loi martiale proclamée à Lhassa.
jeudi 16 mars
Les députés européens ont voté une résolution dénonçant la « répression brutale » chinoise au Tibet.
lundi 17 avril
Au Parlement européen de Strasbourg, le dalaï-lama propose à la Chine un statut d'autonomie pour le Tibet.
en juin
Treize fusillés au Tibet.
jeudi 5 octobre
Le dalaï-lama obtient le prix Nobel de la paix.
samedi 7 octobre
La Chine proteste contre la remise du prix Nobel de la Paix au dalaï-lama.
dimanche 10 décembre
Le prix Nobel de la paix a été remis à Oslo au dalaï-Lama.