1995
du jeudi 12 au mardi 17 octobre
Plus de 150 personnes ont été arrêtées à Dili (capitale du Timor Oriental) après plusieurs jours de manifestations violentes entre partisans et adversaires de l'annexion qui ont fait deux morts et des dizaines de blessés. Les forces de sécurité fouillent la capitale, maison par maison.
mardi 24 octobre
Une éclipse totale du Soleil est visible sur une grande partie du sud de l’Asie, de l’Iran à l’Indonésie.
dimanche 29 octobre
Accord de partenariat entre les compagnies Bouraq Indonesia Airlines et SilkAir.
lundi 18 décembre
L'Indonésie et l'Australie ont signé, après 18 mois de négociations, un accord de coopération portant sur leur défense et leur sécurité.
1996
lundi 8 janvier
Les Forces spéciales indonésiennes se sont déployées en Irian Jaya après la prise en otages dans la jungle de onze scientifiques (dont six occidentaux) par des maquisards de l'Organisation Papouasie Libre.
nuit du vendredi 19 au samedi 20 janvier
Le ferry Gurita a sombre dans le détroit de Malacca. Le bilan est d’environ 260 morts.
jeudi 25 janvier
Tout contact a été perdu avec les 12 otages (dont 6 occidentaux) enlevés par les maquisards papous.
mercredi 14 février
Le Comité international de la Croix-Rouge est parvenu à entrer en contact avec les maquisards papous qui retiennent douze otages.
samedi 17 février
Un séisme de magnitude 7,5 a frappé l’île de Biak, dans l’Iran Jaya (est de l'Indonésie), dans la matinée. La secousse a été suivie d'un raz-de-marée, les vagues atteignant 7 mètres de haut. 102 personnes ont été tuées des centaines de maisons ont été détruites.
lundi 18 mars
Au moins trois personnes ont été tuées et une demi-douzaine d'autres blessées à l'aéroport de Jayapura (capitale de l'Irian Jaya), lors de l'arrivée d'un avion amenant la dépouille d'un chef indépendantiste mort en détention en Indonésie.
jeudi 28 mars
Au moins 77 personnes auraient péri selon un premier bilan dans l'incendie qui a ravagé le centre commercial Pasar Anyar à Bogor, à 60 kilomètres au sud de Jaakarta. En fait 68 des « victimes » sont … des mannequins. Le bilan réel est de 10 morts et 28 blessés.
mercredi 3 avril
Formation du cyclone Olivia au large des côtes des îles du sud-est de l’Indonésie (il longera tout le sud de l’archipel avant de se diriger vers l’Australie).
lundi 15 avril
Coup de folie d'un lieutenant des Forces spéciales sur l'aéroport de la compagnie minière Freeport, en Irian Jaya : il a ouvert le feu tuant 15 personnes et en blessant une douzaine. Parmi les victimes figurent plusieurs soldats, un pilote d'hélicoptère néo-zélandais et le lieutenant lui-même.
mercredi 15 mai
Une opération de l’armée indonésienne a libéré en Iran Jaya neuf otages détenus par l’Organisation de la Papouasie libre ; deux otages seront retrouvés morts peu après.
mardi 11 juin
Pour la deuxième journée consécutive, des émeutes ont secoué Baucau, deuxième ville du Timor Oriental : deux policiers ont été poignardés. Treize manifestants ont été arrêtés.
mi-juin
Megawati Soekarnoputri, la fille du premier président indonésien, a été destituée de sa présidence du Parti démocratique indonésien par un « putsch » déguisé, fomenté et financé par les autorités. Ses partisans se sont retranchés dans les locaux du PDI.
lundi 17 juin
Un séisme d'une magnitude de 7,5 degrés a secoué l'est du pays.
jeudi 20 juin
Des milliers de partisans de Megawati Soekarnoputri s’opposent violemment à la police à Jakarta.
vendredi 12 juillet
Le président Suharto a quitté Hanovre pour regagner Jakarta. Il a passé trois jours en Allemagne pour y subir des examens médicaux. Le responsable de la clinique a déclaré que le président indonésien « est en meilleure santé que beaucoup ne le pensent ».
samedi 27 juillet
Dans la matinée, les forces de l'ordre ont investi, à Jakarta, le siège du Parti démocratique indonésien (PDI), occupé par les partisans de Megawati Soekarnoputri, la fille du premier président indonésien. Retranchés depuis plus de cinq semaines dans les locaux du PDI, transformés en forum d'expression libre, ces partisans ne tolèrent pas son éviction forcée à la tête du parti. Une centaine d'entre eux ont été arrêtés. L'assaut a alors dégénéré et s'est mué en guérilla urbaine : barrages, incendies et pillages se sont propagés dans les rues du centre-ville dans la toute journée.
dimanche 28 juillet
Jakarta continuent à s'embrasser : 7 000 à 10 000 personnes continuent à affronter les forces de l'ordre en soutien à Mme Soekarnoputri. Ces violences ont fait 2 morts et 26 blessés.
lundi 29 juillet
Le calme est revenu à Jakarta. En revanche, la capitale est au bord du krach boursier. A la suite d'une alerte à la bombe dans le centre des Affaires, la roupie a accusé une forte baisse et précipité le risque de fuite des capitaux.
nuit du lundi 29 au mardi 30 juillet
Arrestation du principal dirigeant de l'unique syndicat libre, l'Union indonésienne des travailleurs prospères (illégal), Mochter Pakpahan. Ce dernier est détenu sous l'inculpation de « subversion », ce qui le rend passible de la peine de mort.
mardi 30 juillet
Alors que le calme règne à Jakarta (en dépit de multiples alertes à la bombe sans fondement), les soldats ont reçu l'ordre de tirer à vue sur tout fauteur de trouble.
jeudi 1er août
En début de journée, les forces de l'ordre ont dispersé une manifestation organisée par des militants du PDI soutenant Soekarnoputri. L'audience prévue de cette dernière n'a pas eu lieu : en raison d'une (vraie ou fausse) rage de dents, le juge n'a pas examiné la plainte qui le sera dans trois semaines. En milieu de matinée, redoutant sans doute des troubles, deux cents membres des forces spéciales de l'armée indonésienne (commandées par le gendre du président Suharto, le général Subianto Prabowo) prenaient position autour du palais présidentiel. Tous les quartiers centraux de Jakarta étaient en outre quadrillés par des forces de l'ordre renforcés par des tireurs d'élite.
vendredi 2 août
Le président Suharto a donné l'autorisation à la police de convoquer la chef de l'opposition, Soekarnoputi. En outre, le principal dirigeant du seul syndicat libre a été officiellement inculpé de « subversion » et neuf autres syndicalistes ont été arrêtés.
dimanche 4 août
Clôture des Jeux olympiques d’Atlanta (Etats-Unis). L’Indonésie a remporté une médaille d’or : badminton double messieurs (Mainaky, Subagja).
lundi 5 août
Megawati Soekarnoputri a refusé de répondre à une convocation de la police, qui n'était pas rédigée dans les formes. Elle de nouveau convoquée pour le 9 août.
jeudi 8 août
Le gouvernement a exigé la réinscription de toutes les associations auprès des autorités « pour remettre les choses en ordre, en particulier depuis l'émergence du PRD ».
vendredi 9 août
Mme Megawati a été interrogée pendant plus de six heures par la police pour insultes au président Suharto. Elle a été convoquée une seconde fois pour le 15 août. Pendant ce temps, la répression s'intensifie (arrestations, disparitions). L'Union européenne et les Etats-Unis appellent Jakarta à respecter les droits de l'Homme.
dimanche 11 août
Entre 40 000 et 75 000 personnes ont apporté dans le centre de Jakarta leur soutien au régime du président Suharto et à l'armée indonésienne. Les orateurs ont exigé l'interdiction du PRD, accusé d'être « cryptocommuniste ». Le pouvoir a déjà arrêté plus de 120 « suspects ».
nuit du dimanche 11 au lundi 12 août
Dix membres de l'équipe du Parti Populaire démocratique (PRD), dont son principal animateur, Budiman Sujatmiko, dans un faubourg populaire de l'est de Jakarta.
lundi 12 août
Le président Suharto a réaffirmé qu'il y avait des risques d'une résurrection du communisme qui était « un danger latent toujours présent ». Le procureur général a entendu les dix membres du PRD qui viennent d'être arrêtés, ainsi que Sukmawati Soekarnoputri, la jeune sœur de Mme Megawati, et Pramoedya Ananta Tur, l'un des plus fameux écrivains indonésiens.
jeudi 15 août
Jakarta a ouvertement évoqué l'éventualité d'une arrestation de Mme Soekarnoputri.
vendredi 30 août
A Jakarta, un projet d’accord a été paraphé par les autorités philippines et la rébellion musulmane du front Moro de libération nationale.
mercredi 18 septembre
Deux mois après les émeutes qui ont secoué Jakarta et un an avant les élections générales, les autorités ont décidé de renforcer la répression. Les effectifs de la police vont être accrus, ainsi que leur moyen d'action sur les plans légal et juridique.
mardi 1er octobre
Dans une lettre aux responsables catholiques d'Indonésie, le ministère des Affaires religieuses de Jakarta vient d'inviter les chrétiens du pays à resserrer les rangs autour du gouvernement et à ne pas se laisser séduire par les opposants démocrates.
jeudi 10 octobre
Des émeutes religieuses ont éclaté à Situbondo (est de Java) où un tribunal avait à juger le leader d'une secte musulmane. Ce dernier a été condamné à 5 ans de prison. la foule (musulmans orthodoxes) qui exigeait la peine de mort s'en est prise au tribunal, qui a été incendié. Puis ils ont brûlé quatre églises catholique et quatorze temples protestant : au moins cinq morts, dont un pasteur, sa femme et leurs deux enfants.
vendredi 11 octobre
A Oslo, le prix Nobel de la paix a été attribué à l'évêque Carlos Belo, en charge du diocèse de Dili, en Timor Oriental, et José Ramos Horta, l'un des chefs indépendantistes de cette même région.
mardi 15 octobre
Le président Suharto, assisté de l’évêque Carlos Filipe Ximenes Belo et du gouverneur du Timor-Oriental José Abilio Osorio Soares, inaugurent à Dili la statue du Christ-Roi, haute de 27 mètres.
lundi 28 octobre
En visite officielle en Indonésie, le chancelier allemand Kohl a évoqué « en tant qu'ami » devant le président Suharto la question des droits de l'Homme, qui ne sont pas respectés au Timor Oriental. Il aurait souhaité rencontrer Mgr Carlos Belo, mais le prélat a décliné son invitation en prétextant un emploi du temps trop chargé.
lundi 25 novembre
Visite du prix Nobel de la Paix, José Ramos-Horta, porte-parole de la résistance timoraise, en France. Il n'a été reçu par aucun responsable français.
mardi 3 décembre
Trois jeunes du Timor oriental ont trouvé refuge, dans la matinée, à l'ambassade de France à Jakarta. Quelques heures plus tard, ils ont été escortés par la Croix-Rouge internationale jusqu'à l'aéroport où ils devaient embarquer dans un avion à destination des Pays-Bas avant de gagner le Portugal, qui considère les natifs de son ancienne colonie comme ses ressortissants.
mercredi 4 décembre
Début de la Coupe d’Asie des Nations de football, organisée par les Emirats arabes unis. Au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, dans le groupe A, l’Indonésie et le Koweït ont fait match nul deux à deux (Purta et Wabia pour les Indonésiens, Al-Saqer et Al-Dakhi sur pénalty pour les Koweïtiens), devant 15 000 spectateurs.
samedi 7 décembre
Deuxième match du premier tour de la Coupe d’Asie des Nations : au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, la Corée du Sud a battu l’Indonésie quatre buts (Hwang Sun-hong 2, Kim Do-hoon et Koo Jeon-woon) à deux (Wabia et Purta), devant 2 000 spectateurs.
mardi 10 décembre
Recevant leur prix Nobel de la paix 1996, Mgr Ximenes Belo, évêque de Dili, et José Ramos-Horta ont plaidé à Oslo (Norvège) pour l'ouverture d'un dialogue - sans conditions préalables et sous l'égide de l'ONU - avec l'Indonésie pour la mise en route d'un plan de paix au Timor Oriental.
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe d’Asie des Nations de football : au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, les Emirats arabes unis ont battu l’Indonésie deux buts (Ahmed, Al-Talyani) à zéro, devant 10 000 spectateurs. Derniers du groupe A, les Indonésiens sont éliminés.
vendredi 20 décembre
Mgr Ximenes Belo, prix Nobel de la paix, a été reçu par le Pape Jean-Paul II (« chef des catholiques ») à Rome. Ce dernier l'a soutenu dans son travail pour la paix.
jeudi 26 décembre
Des milliers de musulmans javanais ont détruit ou incendié à Tasikmalaya (à 200 kilomètres au sud de Jakarta) onze églises catholiques, un poste de police, des dizaines de véhicules et saccagé des magasins appartenant à des Chinois. Au cours de ces violences, une femme chinoise est morte dans l'incendie de sa maison. Pour arrêter l'émeute, l'armée a occupé la ville en force.
vendredi 27 décembre
Le président Suharto a appelé les différentes communautés religieuses du pays à garder leur calme.
1997
mardi 7 janvier
Des milliers de partisans de Megawati Soekarnoputri, figure de proue de l'opposition, ont manifesté à Jakarta et dans plusieurs autres villes d'Indonésie. Ils exigent la reconnaissance des candidatures du Parti démocratique indonésien (PDI) de Mme Megawati pour les législatives prévues en juin. Mme Megawati a engagé une procédure judiciaire contre les autorités.
mercredi 26 février
Match amical de football : à Kualua Lumpur (Malaisie), la Bosnie a battu l’Indonésie deux buts à zéro.
mercredi 5 mars
Quatorze pays riverains de l'océan indien se sont associés pour une coopération régionale : Afrique du Sud, Australie, Inde, Singapour, Kenya, Oman, Yémen, Mozambique, Tanzanie, Madagascar, Malaisie, Indonésie, Sri Lanka et Maurice. Ils tiennent leur première réunion à l'île Maurice. Déjà sept autres pays (Bangladesh, Iran, Pakistan, Thaïlande, Seychelles, Egypte et la France) ont demandé à y adhérer.
lundi 31 mars
Un jeune Timorais de l’Est a été condamné à un an de prison ferme pour avoir arboré une caricature du président Suharto lors d'une manifestation indépendantiste.
mardi 1er avril
Entrée en vigueur de l'augmentation du salaire minimum journalier qui passe à 5 700 rupiahs (14,50 francs).
dimanche 13 avril
Premier tour des qualifications de la zone Asie pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Senayan de Jakarta, l’Indonésie et le Yémen ont fait match nul zéro à zéro, devant 25 000 spectateurs.
vendredi 25 avril
L'Indonésie a fait savoir qu'elle « refuse et n'acceptera jamais » sur son territoire la présence d'un représentant de la Commission des droits de l'homme de l'ONU chargé de suivre la situation au Timor oriental. Le mois dernier, déjà, Jakarta avait démenti les déclarations du Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, José Ayala Lasso, annonçant l'ouverture d'un bureau en Indonésie.
Environ 4 000 ouvriers ont mis à sac une usine fabriquant en sous-traitance des chaussures de sport Nike à Tangerang, dans la banlieue de Jakarta, pour obtenir une augmentation de salaires. Ils reprochent à leur employeur de ne pas respecter la hausse du salaire minimum, en vigueur depuis le 1er avril.
mardi 13 mai
Megawati Soekarnoputri, la grande figure de l'opposition, n'aura pas droit de se servir de sa photo dans la campagne pour les élections à la chambre des représentants (scrutin le 29 mai). Ainsi en ont décidé l'institut national pour les élections et le Comité de supervision des élections. Les autorités de Jakarta, qui voient d'un très mauvais œil la popularité croissante de la fille du fondateur de l'Indonésie, avaient réussi à l'écarter de la présidence du Parti démocratique indonésien, l'une des deux formations minoritaires autorisées. mais les militants de l'autre parti minoritaire, le Parti pour le développement uni, ont commencé à arborer les photos et les bannières de Megawati... qui sont donc désormais interdites, de même que tout slogan, inscription ou banderole faisant référence à sa personne.
Bornéo, par plusieurs centaines de mineurs. Ceux-ci voulaient s'assurer que la compagnie indienne, en très grande difficulté depuis que l'absence d'or dans sa mine a été dévoilée, sera bien en mesure de leur verser leurs indemnités de licenciement. L'activité de la mine a été gelée la semaine dernière ; les mineurs doivent être licenciés le 15 mai.
vendredi 23 mai
Plusieurs quartiers de Jakarta ont été secoués, lors de ce dernier jour de campagne électorale législative, par de violents affrontements entre les forces de l'ordre lourdement équipées et des manifestants. La plupart se réclament du Parti du développement (PPP), le parti musulman indonésien. A Ciputat, un quartier sud de Jakarta, les policiers ont tiré des coups de semonce pour disperser au moins 7 000 manifestants. Au moins cent trente personnes ont péri à Banjarmasin, sur l'île de Bornéo, dans un incendie d'origine criminelle. Les victimes étaient en train de piller un centre commercial, après une émeute qui avait mis aux prises les militants des partis opposés. Un peu partout en Indonésie, des incidents plus ou moins violents ont eu lieu.
mercredi 28 mai
Des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans des attaques menées par des présumés indépendantistes au Timor oriental.
jeudi 29 mai
Elections législatives. Le Golkar, parti du président Suharto, a fait un triomphe avec environ 75 % des voix. Le PPP (pro-musulman) a recueilli 23 % des suffrages et le PDI 3 %. Le scrutin s'est déroulé hors de toute supervision ou contrôle indépendants du gouvernement. Aucun observateur international... Seules cinq personnes, dont le président Suharto et le chef de l'état-major, ont eu accès au système de centralisation des résultats. D'innombrables tentatives de fraudes ont été relevées.
samedi 31 mai
Un camion des forces de l'ordre a été attaqué à la grenade, dans l'après-midi, dans le district de Bacau (Timor oriental) : 13 militaires ont été tués sur le coup et 5 autres par balles alors qu'ils cherchaient à s'enfuir. 9 autres ont été blessés. Cette opération est la plus importante de la guérilla est-timoraise depuis la fin des années 1970. Au moins 22 suspects ont été arrêtés dans l'île depuis une semaine.
vendredi 13 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Althawra de Sanaa, le Yémen et l’Indonésie ont fait match nul un à un (Al Ariki pour les Yéménites et Putro pour les Indonésiens), devant 35 000 spectateurs.
en juin
L'Indonésie a annulé un contrat portant sur neuf avions de combats américains F-16, en raison de « critiques injustifiées du Congrès américain » à son égard.
mardi 5 août
L'Indonésie a décidé de doter ses forces aériennes d'appareils russes : 12 avions de combat Soukhoï 30 K et 8 hélicoptères M 17 V. Les négociations avec la Russie continuent. Jakarta paierait en nature : huile de palmier, café et gomme.
samedi 16 août
Un record de chaleur a été battu en Indonésie : le thermomètre est monté jusqu’à 40,6°C à Banjarbaru, dans le sud-est de Bornéo (province de Kalimantan du Sud).
jeudi 25 septembre
Les incendies allumés par les paysans et les entreprises forestières ont dégénéré, cet été, en Indonésie. Les feux, hors contrôles, provoquent de gigantesques brouillards de fumée qui polluent toute la région, de la Malaisie aux Philippines.
vendredi 26 septembre
Un Airbus A300 de la compagnie indonésienne Garuda Airlines (vol 152) s'est écrasé dans une zone montagneuse de Sumatra. Les 234 passagers et membres d'équipage ont été tués. Toute la région continue à être envahie par une épaisse fumée due aux feux de forêt qui durent depuis plusieurs semaines. D'une manière générale, le transport aérien est complètement désorganisé dans cette région.
dimanche 28 septembre
Un séisme de magnitude 6 a frappé dans la matinée une province des Célèbes, faisant au moins quinze morts et quelques trois cents blessés.
mercredi 1er octobre
Le président Suharto a inauguré les instances législatives qui renforcent encore ses prérogatives. Pour la première fois, les chefs élus des deux principales organisations islamiques, qui comptent ensemble 58 millions de membres, ne figurent pas sur la liste de l'Assemblée consultative. En revanche, tout l'état-major, le cabinet au complet et la proche famille du Président y sont représentés...
vendredi 3 octobre
Sept écoliers de Sumatra ont été tués dans une collision entre deux bateaux, sur le fleuve Musi, en raison d'un manque de visibilité provoqué par la fumée des incendies de forêts. A Bornéo, en revanche, les premières pluies ont dégagé le ciel de la chape de brouillard toxique qui stagnait depuis des jours ; certains aéroports ont été rouverts. Enfin, les autorités ont retiré leur licence d'exploitation à 29 sociétés forestières privées, accusées d'avoir violé la loi interdisant d'allumer des feux pour dégager des surfaces.
dimanche 19 octobre
La catastrophe s'aggrave en Indonésie, toujours ravagée par de gigantesques incendies. A la pollution de l'air, s'ajoute un autre fléau : la famine, elle aussi causée par la vague de sécheresse, particulièrement dans la province d'Irian Jaya. Selon le journal Kompas, 500 personnes sont déjà mortes de faim et de maladies liées à la malnutrition au cours des derniers mois.
mardi 11 novembre
Pour la première fois en six mois, il pleut en Indonésie, un pays dévasté par de gigantesques incendies de forêts.
mardi 9 décembre
Des rumeurs alarmistes ayant circulé à Jakarta, le secrétaire d'Etat indonésien a déclaré sans retard à la presse : « Je démens les rumeurs qui ont circulé aujourd'hui sur un décès du président Suharto ou sur son transfert à l'hôpital. Il s'agit de repos et non de maladie... »
vendredi 19 décembre
Un Boeing 737 de la compagnie singapourienne SilkAir (vol 185) s'est écrasé à 16 h 12 dans une zone marécageuse du delta du fleuve Musi, près de la ville de Palembang (Sumatra). Il n’y a aucun survivant parmi les 104 personnes à bord de l’appareil, qui avait décollé trois quarts d'heure plus tôt de Jakarta à destination de Singapour. Selon les enquêteurs, l’accident est du soit à une défaillance d’une servo-valve soit au suicide du pilote.
1998
jeudi 8 janvier
La roupie a chuté de plus de 20 %. Pour endiguer la tourmente financière, le directeur du FMI est à Jakarta. L'armée est en pré-alerte, car des rumeurs de coup d'Etat circulent. L'Indonésie a aussi décidé de repousser ses achats de matériels militaires.
dimanche 11 janvier
Megawati Soekharoputri, fille du père de l'indépendance et figure de proue de l'opposition, appelle le président Suharto (76 ans) a s'écarter. Elle se dit elle-même prête à « devenir le leader de la nation ».
lundi 12 janvier
La fille aînée du président Suharto, coprésident du parti au pouvoir, a lancé un appel à la population, priée de venir échanger ses dollars contre des roupies afin de manifester une « attitude morale ». Quelles que soient les sommes recueillies, elles n'épongeront cependant pas la dette du pays, évaluée à plus de huit cents milliards de francs . En six mois, la roupie a perdu 75 % de sa valeur par rapport au dollar.
jeudi 15 janvier
L'Indonésie a accepté les exigences du FMI pour sauver son économie. Objectif : empêcher la crise asiatique de gangrener l'économie mondiale. Il y a urgence : les premiers mauvais signes sont là. Le FMI enfonce le clou. Le président Suharto a aussi accepté de rogner les énormes privilèges consentis à ses six enfants et à une ribambelle de neveux, cousins et oncles plus ou moins éloignés. Hutomo Mandala Putra, dit Tommy, le fils cadet de Suharto, perd le monopole du juteux commerce du fruit du giroflier. Privatisations ; abandon des cartels du ciment, du papier, du contreplaqué et de nombreuses denrées de nécessité (à l'exception du riz), chasse-gardées de la famille ; réduction des subventions aux carburants , suppression des fonds publics alloués à IPTN, l'avionneur local, etc.
mardi 20 janvier
Le vieux président Suharto est officiellement candidat pour un nouveau mandat de cinq ans, le septième. Il a accepté sa désignation par le parti au pouvoir. Sa réélection par l'Assemblée consultative du peuple n'est qu'une formalité, puisque les deux tiers des 1 000 membres sont désignés par le président lui-même.
mercredi 11 février
A Jakarta, la police est intervenue pour mettre fin à une manifestation : 140 arrestations.
jeudi 12 février
La crise financière prend un tour très social en Indonésie où l'envol des prix (40 % pour le riz, 70 % pour celui de l'huile) pousse la population à se venger sur la minorité chinoise, soutien et bénéficiaire du régime Suharto, qui domine les deux tiers de l'économie. A Java, la foule en colère a incendié plusieurs magasins de la localité de Jatiwangi. Le pouvoir demande aux autorités militaires de réactiver « l’appareil militaire de surveillance de la population ». Le président Suharto vient de placer le général Wiranto, un ancien aide de camp de Suharto, à la tête de l'armée tandis que son gendre, le général Subianto, a été nommé à la tête des forces stratégiques. Composées de 20 000 soldats d'élite, ces forces disposent des meilleurs équipements et passent pour être les mieux entraînées et les plus disciplinées.
vendredi 13 février
L'Indonésie a connu une journée de violence extrêmes, dont la première cible a été de nouveau la riche communauté chinoise. Les émeutiers, qui protestaient contre la flambée des prix, ont pillé ou incendié des magasins, des voitures et des maisons d'habitation dans quatre villes du pays : Losari, à 200 kilomètres à l'est de Jakarta, Gebang, Pamanukan et Jatiwangi, dans l'ouest de Java.
samedi 14 février
Le président Suharto a choisi la manière forte. Des soldats de sa garde présidentielle ont commis des exactions gratuites, dans la soirée, dans le centre de Jakarta. Un militant de l'opposition politique a été très sévèrement molesté ; par ailleurs, le dirigeant de Siaga, un groupe d'intellectuels démocrates, est porté disparu depuis plusieurs jours. Dans l'île de la Sonde, l'armée a violemment répliqué aux émeutes : au moins cinq manifestants ont été tués et neuf autres blessés par balles. A Java, en revanche, la police a choisi de laissez-faire : des dizaines de personnes ont pillé impunément, dans la matinée, les boutiques des commerçants chinois.
Un bateau qui transportait une quarantaine de clandestins originaires d’Indonésie a sombré au large du port malaisien de Johore. On déplore huit morts et une trentaine de disparus.
lundi 16 février
La monnaie indonésienne a une nouvelle fois brutalement chuté, s'échangeant à 10 500 roupies pour un dollar, contre 8 000 le 13 février.
dimanche 1er mars
L'Assemblée consultative populaire, la plus haute instance de l'Indonésie, est réunie à Jakarta pour reconduire à l'unanimité le président Suharto pour un septième mandat de cinq ans à la tête du pays. Le processus est officiellement appelé élections, mais, pas plus que les six fois précédentes, le président en exercice n'aura à faire face à un vote formel.
du lundi 2 au mardi 3 mars
Plusieurs manifestations d'étudiants ont eu lieu dans certain nombre de villes universitaires d'Indonésie, pour exiger des réformes économiques et politiques, et notamment un « gouvernement non corrompu ».
vendredi 6 mars
Le FMI a annoncé que le versement d'une tranche d'aide d'environ 18 milliards de francs est suspendu parce que les autorités indonésiennes refusent d'appliquer, aujourd'hui, le programme de réformes qu'elles avaient pourtant acceptées le 15 janvier, en échange de quelque 240 milliards de francs.
mardi 10 mars
Le général-président Suharto a été « réélu » président de l'Indonésie, pour un septième mandat de cinq ans, par les 1 000 délégués de l'Assemblée consultative. Quelques heures après, la Banque mondiale a décidé de suspendre le versement d'une aide industrielle de 6 milliards de francs. La Banque asiatique pour le développement, le Japon et la plupart des bailleurs de fonds internationaux ont aussi fermé le robinet. Dans la rue, une fois encore, des étudiants manifestaient à Jakarta contre la corruption du régime et pour de profondes réformes économiques et politiques.
mercredi 11 mars
Des dizaines de milliers d'étudiants ont manifesté à travers l'Indonésie pour demander des réformes politiques, alors que le président Suharto prêtait serment. Les incidents les plus sérieux ont eu lieu à Surabaya, la capitale industrielle du pays, lorsque les forces de l'ordre sont intervenues brutalement contre quelque 400 étudiants qui tentaient de rejoindre un autre campus. Dans toutes les villes universitaires, la police, appuyée par des fusiliers marins et des soldats de l'infanterie, empêchent les étudiants (qui manifestent chaque jour depuis deux semaines) de quitter leur campus.
dimanche 15 mars
Le Premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto, est revenu bredouille d'Indonésie. Bien que le Japon soit le premier bailleur de fonds et le premier débiteur de l’Indonésie, la visite de Hashimoto n'a pas eu plus de succès que celle de Walter Mondale, envoyé spécial des Etats-Unis. Le président Suharto se refuse toujours à céder aux exigences du FMI.
mardi 17 mars
De nouveaux affrontements ont eut lieu entre les forces de l'ordre et des étudiants qui protestaient contre la politique du gouvernement et la composition du nouveau cabinet qui venait de prêter serment devant le président Suharto. Ces affrontements se sont produits dans plusieurs centres universitaires de Java. Ils ont fait au total 28 blessés. Les Etats-Unis ont mis en garde les Américains désirant se rendre en Indonésie, « en raison d'une éventuelle augmentation de la tension et de la criminalité, conséquences de l'incertitude économique » que connaît le pays.
lundi 30 mars
Komis Santana, le chef de la guérilla de Timor-Est, est mort, victime d'un accident de montagne. Selon la radio du maquis, il aurait fait une chute dans un ravin. Le porte-parole de la résistance est-timoraise et prix Nobel de la paix, José Ramos-Horta, a confirmé l'information.
dimanche 5 avril
Les autorités indonésiennes ont suspendu les activités de sept banques et en ont placé sept autres sous tutelle en raison de leur « problème massif de liquidités » à la suite de la crise financière qui affecte l'Asie. Le gouvernement assure que les créanciers ne seront pas lésés.
lundi 6 avril
Dans la partie indonésienne de Bornéo, plus de 180 000 hectares de forêt ont été détruits par les incendies depuis le début de l'année.
mercredi 8 avril
Les négociations ont été difficiles, elles ont enfin abouti. Le FMI et l'Indonésie sont tombés d'accord sur les réformes à appliquer en échange de 250 milliards de francs d'aide. Il était temps. Le riz manque dans les grandes villes.
samedi 2 mai
Les étudiants indonésiens ont multiplié les manifestations, depuis quelque temps, pour protester contre le manque de moyens mis à leur disposition afin de poursuivre leurs études. Celles d'aujourd'hui ont été les plus violentes qu'ait connues le pays depuis le début de la crise économique. Cette fois, les manifestations ont quitté les campus , relayées, à Suarbaya, par des chauffeurs de taxi et des passants. La police est intervenue avec une rare violence. Le président Suharto a demandé à son ministre de l'Education de « faire un effort » pour les étudiants, mais il a refusé toute réforme politique avant la fin de son mandat... dans cinq ans.
lundi 4 mai
Ministre de la Défense et commandant en chef de l'armée indonésienne, le général Wiranto a menacé les étudiants « d'actions sévères » s'ils persistent dans leurs « activités visant à créer l'anarchie ».
mardi 5 mai
Les manifestations des étudiants ont pris une nouvelle tournure à Medan (2 millions d'habitants, dans le nord de Sumatra), où la population s'est jointe au mouvement qui prend désormais des allures d'émeute. Les manifestants ont attaqué un poste de police, incendié des véhicules et pillé un centre commercial. Les forces de l'ordre ont fait usage de leurs armes. A Jakarta, où 300 policiers ont tenté de contenir 5 000 étudiants, des balles en caoutchouc ont été tirées contre les manifestants. On a même vu quelques centaines d'ouvriers manifester devant le siège du syndicat officiel. La presse elle-même, pourtant très contrôlée, s'en prend maintenant aux « privilèges dont bénéficient les proches du Président ».
mercredi 6 mai
Les forces de l'ordre ont ouvert le feu à Medan. Un manifestant a été tué, et au moins deux autres blessés. Des centaines d'émeutiers pillaient les magasins du centre-ville.
jeudi 7 mai
Le général Wiranto, de retour de Medan, où trois jours d'émeutes auraient fait 6 morts et 80 blessés, a demandé, à Jakarta, aux étudiants de mettre un terme à leurs manifestations. Il les a assuré que l'armée était favorable à des réformes mais « graduellement et constitutionnellement ». Autrement dit : dans l'ordre.
vendredi 8 mai
A Solo (250 000 habitants dans le centre de Java), où les premiers incidents avaient éclaté en mars, de nouveaux affrontements entre étudiants et forces de l'ordre, pierres contre gaz lacrymogène et balles en caoutchouc, ont fait au moins 60 blessés. Un homme d'une quarantaine d'années a été tué à Yogyakarta après avoir été frappé par la police lors d'une manifestation. Et, à Jakarta, une effigie du président Suharto a été « jugée » pour meurtres, vols et corruption, reconnue coupable et brûlée sur un campus universitaire. Six personnes auraient été tuées cette semaine au cours des émeutes qui secouent le pays.
samedi 9 mai
Le président Suharto a quitté l'Indonésie pour une visite en Egypte, où il doit assister, au Caire, au sommet des pays en voie de développement.
Un officier de police a été tué lors d’une manifestation étudiante à l’université de Djuanda.
lundi 11 mai
Deux mouvements indonésiens influents ont lancé des appels séparés, à quelques heures d'intervalle, exigeant du président Suharto qu'il se retire de la vie publique. Le premier émane d'un groupe de personnalités, parmi lesquelles plusieurs anciens ministres, qui demandent l'annulation de l'élection de mars. Le second a été lancé par l'un des deux mouvements islamiques, la Muhammadiyah, qui revendique 28 millions de membres.
mardi 12 mai
L’absence du président Suharto semble renforcer ceux qui exigent sa démission. Elle paraît aussi déstabiliser les forces de l'ordre qui, face à quelques 5 000 étudiants manifestant à Jakarta sur le campus de l’université Trisakti et dans les quartiers environnants, ont ouvert le feu à balles réelles entre 17 et 20 h, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants. La tension a monté lorsque les étudiants, qui voulaient marcher sur le Parlement, ont identifié un agent en civil dans leurs rangs.
mercredi 13 mai
La situation en Indonésie est devenue suffisamment alarmante pour que le président Suharto écourte son voyage en Egypte. Plus de 10 000 personnes se sont rassemblées sur le campus de l'université Trisatki, un établissement prestigieux de Jakarta, pour rendre hommage aux six étudiants tués la veille. Une fois de plus, la police a perdu son sang froid et ouvert le feu, faisant une nouvelle victime et plusieurs blessés. Les cérémonies de deuil ont alors dégénéré et l'émeute a gagné le cœur commercial et financier de la capitale où les forces de l'ordre ont acheminé des renforts par hélicoptère jusqu'à la nuit tombée. Fait nouveau : des accrochages se sont produits sur Jalan Thamarin, l'avenue du centre des affaires, bordée de tours de verre et d'acier, où se trouvent quelques uns des plus luxueux hôtels de la ville. On y a vu des employés jeter des pierres sur les camions militaires et des « cols blancs » refuser de s'écarter devant les soldats, qui ont dû tirer en l'air pour se dégager. Dans la soirée, nombreux sont les employés qui ont choisi de passer la nuit sur place, dans leurs bureaux. La contestation a également gagné les quartiers populaires où les dégâts matériels sont considérables. Des émeutes ont également secoué plusieurs autres villes, notamment Yogyakarta, à l'est de Java, et Bandoun, la ville de la technologie, à l'ouest. Officiellement, pourtant, les autorités considèrent qu'il ne se passe rien, qu'il « n'y a pas eu de morts »...
jeudi 14 mai
Une journée de chaos à Jakarta : les émeutes ont tourné au pillage dans les quartiers commerciaux et dans la ville. Plus de 250 personnes ont trouvé la mort dans l'incendie de deux grands magasins et deux centres commerciaux. La plupart sont des jeunes gens, qui auraient été victimes de leur propre vandalisme. Les magasins d'appareils électroniques et électroménagers ont fourni un butin de choix à des milliers de pillards sous les yeux de soldats restant l'arme au pied. On a même vu des employés de la Bali Bank lancer des liasses de billets de 10 000, 20 000, 50 000 roupies aux manifestants pour les dissuader de prendre les locaux d'assaut. La foule n'a pas épargné la maison et le siège bancaire de l'homme le plus riche du pays, le Chinois Liem Sioe Liong, alias Salim Sudomo, l'un des plus anciens associés d'affaires du président Suharto. Selon certains témoins, alors que les policiers étaient systématiquement pris à partie, insultés, voire lapidés, par les émeutiers, les militaires, eux, étaient applaudis.
nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mai
Le président Suharto est de retour en Indonésie.
vendredi 15 mai
Suharto a écarté toute idée de démission et exigé des forces de l'ordre qu'elles mettent un terme à tous les actes de violence. Il a aussi annoncé l'annulation des hausses de prix des carburants, mesure qui avait suscité la flambée de violence.
samedi 16 mai
Près de 500 personnes auraient trouvé la mort cette semaine à Jakarta. Ce chiffre a été communiqué par un porte-parole de l'armée. Le bilan final ne sera vraisemblablement jamais connu. Un calme relatif règne maintenant mais la tension était toujours présente. Les étrangers, occidentaux et asiatiques, continuent à fuir la capitale. Le président Suharto a réaffirmé vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte, précisant qu'il ne reculerait pas devant le risque d'une confrontation, en recourant, s'il le faut, aux pleins pouvoirs. Le président a toutefois engagé la refonte du gouvernement.
dimanche 17 mai
Le calme semble être revenu avec le déploiement de l'armée à Jakarta. S'il est vrai qu'un certain nombre de généraux à la retraite ont appelé publiquement Suharto à se retire, aucun appel de ce genre n'est venu des rangs des officiers d'active. Les étrangers, qui n'ont pas confiance, continuent à fuir la capitale. La communauté japonaise, la plus nombreuse (20 000 personnes), va disposer, pendant trois jours, d'un véritable pont aérien avec onze vols spéciaux au départ de la capitale indonésienne.
lundi 18 mai
Le président du Parlement, M. Harmoko, a révélé que les quatre partis représentés au Parlement allaient se réunir le 19 mai afin « d'exhorter Suharto a démissionner pour l'intégrité et l'unité de la nation ». Dans l'après-midi, le général Wiranto, ministre de la Défense et chef des forces armées, a déclaré à la presse que l'appel du Parlement n'avait « pas de base légale ». Il a également expliqué que l'armée allait s'efforcer de constituer un Conseil de réforme afin de travailler avec le Parlement et « des figures publiques significatives ». De son côté, le général Syarwan Hamid, chef de la faction parlementaire de l’armée, a demandé la démission de Suharto. Sans attendre l'évolution de la situation, les Indonésiens ont fait le siège des banques pour retirer des fonds.
mardi 19 mai
Dans la matinée, dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat, qui cherche manifestement à gagner du temps, a expliqué que « démissionner n'est pas un problème » mais que son départ ne résoudrait sans doute pas la crise. Il a donc promis d'appliquer « un train de réformes à l'échelle nationale » et de préparer des élections pour lesquelles il ne serait pas candidat, mais sans fixer aucune échéance précise. Rien là qui puisse calmer les esprits. C'est pourquoi les opposants, et en particulier le second groupe musulman du pays (28 millions d'adhérents), ont confirmé leur appel à la manifestation pour le 20 mai, en dépit des mises en garde du général Wiranto, qui a dit craindre le pire. Le commandement militaire du centre de Java, pour sa part, a ordonné de tirer à vue sur les éventuels émeutiers. Les étudiants se disent « prêts à mourir ». Dans la journée, toutefois, l'armée a laissé 15 000 étudiants manifester jusque sur les toits du Parlement sans intervenir.
mercredi 20 mai
La grande manifestation qui devait réunir un million de manifestants à Jakarta a été annulée par ses organisateurs par crainte d'un bain de sang. Pour la première fois, les Etats-Unis ont demandé à Suharto de démissionner. Dans la soirée, le FMI a annoncé la suspension provisoire d'un prêt en cours de plusieurs milliards de dollars à l'Indonésie, dans l'attente de la fin des troubles. La roupie indonésienne a touché un plancher historique, à 17 000 pour un dollar.
nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mai
Le ministre de la Défense, le général Wiranto fait pencher la balance. Avec le soutien des principaux responsables de l'armée, il a placé Suharto devant l'alternative : démission ou destitution.
jeudi 21 mai
Après 32 années d'un pouvoir sans partage, Haji Mohamed Suharto (76 ans) a passé la main en quelques minutes d'une brève déclaration télévisée en direct, dans la matinée : « Je cesse d'être président ». Une déclaration aussitôt accueillie par les explosions de joie de milliers d'étudiants qui réclamaient cette démission. Mais Suharto a délégué ses pouvoirs à son dauphin, Bacharruddin Jusuf Habibie (61 ans), ingénieur en aéronautique, vice-président depuis février après avoir été ministre de la Recherche et de la Technologie pendant 20ans. Le successeur est qualifié de « fils spirituel » du dictateur déchu. « La lutte continue », déclarait-on rapidement dans les rangs étudiants. Dans la soirée, le président Habibie a promis dans son premier discours de chef d'Etat, d'engager des réformes économiques, politiques et juridiques nécessaires, avec un « gouvernement apuré, libéré de l'inefficacité et des pratiques de corruption, de collusion et de népotisme ». Principal leader de l'opposition, Amien Rais (44 ans) s'est aussitôt déclaré candidat à la présidence de la République. L'armée a annoncé de son côté qu'elle soutenait, pour l'instant, la nomination d'Habibie et qu'elle ne voulait plus de manifestations.
vendredi 22 mai
Le président Habibie a formé son premier gouvernement. Sans trop de mal : 19 de ses 36 ministres faisaient déjà partie du précédent. Parmi eux, le général Wiranto conserve la Défense. Autre poids lourd, le « super-ministre » de l'Economie, des Finances et du Développement : Ginandjar Kartasasmita a l'oreille du FMI, qui compte sur lui pour remettre l'économie indonésienne sur ses rails. Avec un programme de prêts de 43 milliards de dollars. Autre restant, le ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, en poste depuis quinze ans : un défenseur de l'intégration de Timor dans l'ensemble indonésien. Habibie a intégré dans son équipe des représentants de trois partis autres que le Golkar au pouvoir depuis trois décennies et des membres de la « société civile ». Le choix le plus significatif est celui du général Syarwan Hamid, l'un des chauds partisans du départ de Suharto : après avoir été vice-président du Parlement, il prend le ministère de l'Intérieur à Hartono, un ami de la fille aînée de Suharto. Deux piliers du système Suharto ont été laissé sur place : le multimillionnaire Mohamad « Bob » Hassan et la fille aînée de Suharto, « Tutut », qui était en charge des Affaires sociales. L'opposition, qui a refusé de servir de force d'appoint à un gouvernement qu'Habibie aurait bien voulu consensuel, réclame des élections rapides, la libération des prisonniers politiques (plus de deux cents) et la citation de Suharto en justice.
nuit du vendredi 22 au samedi 23 mai
Les étudiants ont été « évacués » du Parlement, qu'ils occupaient depuis cinq jours, par quelque 3 000 militaires et policiers, mais « sans violences majeures ». Ces étudiants, fer de lance du « mai » de Jakarta, veulent, on le sait, le départ d'Habibie et l'instauration d'une authentique démocratie. Visiblement, c'est un nouveau bras de fer qui s'annonce, avec le général Wiranto cette fois.
samedi 23 mai
Au moment même où il prêtait serment, le nouveau cabinet du président Habibie était remis en cause. Et pas par n'importe qui : Ginanjar Kartasasmita, poids lourd de la nouvelle équipe (Economie, Finances et Industrie), a jeté le doute sur la longévité du gouvernement Habibie. Peu après avoir prêté serment, il a en effet déclaré qu'il était « nécessaire de procéder le plus rapidement possible à des élections générales ». Une centaine d'étudiants ont manifesté dans le calme à Jakarta. Ils portaient des banderoles sur lesquelles on lisait « rejetez Habibie ». D'autre part, le ministre de la Justice a déclaré que « le gouvernement doit accorder l'amnistie aux prisonniers politiques, annuler leurs condamnations et les réhabiliter, car les crimes politiques sont quelques choses de très subjectif ».
dimanche 24 mai
Des milliers d'Indonésiens, pour la plupart d'origine chinoise, et des étrangers qui avaient fui Jakarta menacée par les émeutes, ont amorcé leur retour, laissant espérer une reprise assez rapide de la vie économique. A la télévision, le leader musulman Amien Rais estimait que le nouveau Président semblait avoir « compris les aspirations du peuple ». A le croire, Jusuf Habibie envisage effectivement de préparer les élections que réclament les étudiants et l'opposition : « Il l'a dit qu'il faudrait au moins six mois pour mettre des réformes en œuvre, y compris des lois pour des élections réellement démocratiques et pour établir un Parlement très stable ». Les premières démissions spontanées commencent à être enregistrées : la plus jeune parlementaire du parti au pouvoir, Lilik Herawaty (21 ans), fille d'un président de la région, a donné sa démission dans la soirée.
lundi 25 mai
Jusuf Habibie a fait savoir, par le porte-parole du gouvernement, qu'il était « prêt à organiser des élections dès que possible ». Il n'a cependant avancé aucune date, fixé aucun calendrier, pas même provisoire, ce qui n'est pas de nature à satisfaire l'opposition. De même, cette dernière juge insuffisante les deux mesures d'amnistie dont bénéficient le dirigeant syndical Muchtar Pakpahan et le député Sri Bintang, condamnés pour avoir diffamé l'ancien président Suharto. Une centaine de personnes ont manifesté devant la prison de Cipinang, dans la banlieue de Jakarta, réclamant la libération immédiate des prisonniers politiques, dont le nombre est estimé deux cents. Par ailleurs, Junus Habibie, frère du nouveau président, a quitté la présidence de l'Autorité du développement industriel de Batam, dans lequel le gouvernement a investi des milliards de dollars.
mardi 26 mai
Les démissions importances continuent : Ilham Habibie, l'un des fils du nouveau président, qui occupait un poste de directeur général dans une agence gouvernementale qu'a présidée son père, a donné sa démission. Dans une note distribuée à la presse, le général Wiranton, ministre de la Défense, a informé que sa femme et sa fille avaient démissionné de leurs sièges à l'Assemblée consultative du peuple, l'instance suprême qui élit le président de la république. A ceux qui tardent à comprendre que le vent a tourné, le président adjoint du Golkhar, le parti au pouvoir, a fait savoir que la principale formation politique du pays allait « s'autonettoyer de la corruption, de la collusion et du népotisme, afin de se conformer à l'exigence générale de réformes totales ». D'autre part, le président Habibie, accompagné de son épouse, a rendu visite à la communauté chinoise victime des récentes émeutes.
mercredi 27 mai
Une émeute a éclaté à Tanjugbalai, dans le nord de l'île de Sumatra.
jeudi 28 mai
Jusuf Habibie a annoncé des élections générales pour 1999. Une échéance beaucoup trop lointaine, a aussitôt fait savoir l'opposition. La situation reste tendue : plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté devant le Parlement, à Jakarta. Les émeutes qui continuent à Tanjugbalai ont fait un mort et quatorze blessés. Des violences ont par ailleurs éclaté à Jeneponto, aux Célèbes.
vendredi 29 mai
Des intellectuels et des personnalités ont créé, à Jakarta, un organisme indépendant pour enquêter sur les fonds publics indonésiens détournés ces dernières années. Les données seront, le cas échéant, transmises « aux autorités concernées ». Le deuxième fils et le mari de la fille aînée de Suharto ont démissionné de leurs postes de président-directeur et de directeur général du groupe Bimantara (télécommunications, médias, automobile, industrie chimique et immobilier).
mercredi 3 juin
Selon la Commission indonésienne des droits de l'homme, les troubles de la mi-mai ont fait plus de 1 000 morts, soit le double du bilan officiel des victimes. La Commission, organisme gouvernemental, demande qu'une « enquête minutieuse » soit ouverte sur les raisons pour lesquelles les forces de l'ordre ne sont pas intervenues plus rapidement pour mettre un terme aux émeutes.
lundi 8 juin
Une manifestation s'est déroulée à Jakarta, à l'initiative des étudiants, pour exiger la dissolution des trois seuls partis tolérés par l'ancien régime de Suharto, et notamment le parti au pouvoir, le Golkhar.
mercredi 10 juin
Le nouveau président Jusuf Habibie se dit prêt à octroyer un statut spécial au Timor-Oriental, l'ancienne colonie portugaise annexée par Suharto en 1975. L'Indonésie pourrait notamment reconnaître la spécificité de ce territoire et y favoriser la liberté religieuse, principalement catholique. Les indépendantistes du Timor-Oriental ont accueilli cette déclaration avec scepticisme.
jeudi 11 juin
Plus de 4 000 étudiants, arrivés à bord de nombreux autobus, ont de nouveau manifesté devant le Parlement de Jakarta. Ils exigent des changements démocratiques plus rapides, la comparution de Suharto pour corruption, la baisse des prix des denrées alimentaires et la création d'un « comité du peuple », pour remplacer le Parlement en attendant les élections générales.
vendredi 12 juin
Le régime indonésien a fait un geste en direction du Timor-Oriental en libérant une quinzaine d'indépendantistes embastillés. En fait, la peine de plusieurs d'entre eux expirait le 13 juin... et d'autres n'avaient pas encore été incarcérés ! Habibie refuse de libérer Xanana Gusmao, l'ancien chef du Front de libération du Timor-Oriental (Fretilin) qui purge, à Jakarta, une peine de vingt ans de prison. Le nouveau pouvoir n'a pas hésité à recourir au bâton pour faire rentrer dans le rang quelque 1 500 étudiants timorais qui manifestaient devant le ministère des Affaires étrangères à Jakarta. Mille soldats ont chargé les étudiants. Leur intervention a été rapide et violente. Plusieurs étudiants ont été arrêtés ou ont été blessés.
lundi 15 juin
Des émeutes se sont produites dans trois villes de Java, où des commerces, des lieux de culte et des bureaux ont été pillés. Partout, les manifestants exigent la démission de responsables locaux accusés de corruption. A Cianjur, à quatre-vingt kilomètres au sud de Jakarta, 15 000 manifestants ont pris d'assaut le Parlement local. A Tegal, à trois cents kilomètres de Jakarta, mécontents du refus des étudiants de se joindre à eux, les manifestants ont investi l'université et incendié des véhicules. A Tuban, c'est une nouvelle fois la communauté chinoise qui a été la cible des manifestants.
mardi 23 juin
Les ambassades à Jakarta ont demandé dans la soirée à tous les étrangers présents sur place de rester prudemment à l'écart des manifestations annoncées pour le 24 juin pour exiger que le président Habibie cède le pouvoir à un gouvernement de transition. Le commandant militaire de Jakarta a lancé cet avertissement aux manifestants : « Quiconque a l'intention de perturber la sécurité devra faire face à mes troupes. J'ai donné l'ordre d'avertir d'abord, puis d'écraser si nécessaire... »
A Timor, des milliers de personnes ont défilé en voiture dans les rues de Dili pour appeler à des réformes et au dialogue. Les manifestants, pour la plupart des étudiants et des jeunes, ont conduit un cortège de centaines de camions, bus, voitures, motos jusqu'au siège du gouvernement local pour rencontrer le gouverneur nommé par Jakarta, Jose Osorio Abilio Soares.
mercredi 24 juin
A Jakarta, le président Habibie a rencontré Mgr Ximenes Felipe Belo, évêque de Dili, colauréat du prix Nobel de la paix et ardent défenseur des droits de l'homme et de la cause du Timor-Oriental. Lors d'un entretien de deux heures, le président a annoncé que les Indonésiens « étudieront le problème » de la présence militaire dans l'île : quelque 20 000 soldats pour 800 000 habitants ! Et qu'ils « retireront graduellement » les troupes. C'est la première concession majeure de Jakarta dans l'affaire du Timor-Oriental. Jakarta envisage également d'accorder une certaine autonomie en matière d'éducation, d'économie et de culture. Mais le pouvoir indonésien ne s'engage à rien. Il promet seulement d'étudier et n'avance aucun calendrier.
vendredi 26 juin
L'arrivée de la mission diplomatique européenne au Timor-Oriental, la première du genre admise dans l'ancienne colonie portugaise, n'est pas passée inaperçue. Dans la soirée, cinq cents opposants à la mission, soutiens du gouvernement indonésien, ont accueilli à l'aéroport de Dili les trois ambassadeurs puis se sont heurtés à des étudiants manifestant pour l'indépendance du Timor. Après l'intervention des forces de sécurité, on a dénombré un mort et quatre blessés.
samedi 27 juin
24 000 bébés tortues hachés menus destinées à la consommation humaine. Un véritable scandale a éclaté en Indonésie où une enquête a été déclenchée sur l'exportation, vers Singapour, de cette chair de tortue. Les autorités cherchent à savoir qui est la compagnie exportatrice et affirment qu'il est temps de mettre fin au massacre de ces animaux.
dimanche 28 juin
Les ambassadeurs européens en mission d'observation au Timor-Oriental ont dû renoncer à assister à un office religieux ainsi qu'à une visite à l'université. 6 000 personnes manifestaient pour l'indépendance du Timor-Oriental.
lundi 29 juin
La visite de la mission diplomatique européenne au Timor-Oriental a fait une nouvelle victime : un fermier de trente-cinq ans qui se trouvait dans un groupe de manifestants attendant la mission, à Baucau. Il a été tué par un agent de sécurité qui suivait les deux voitures officielles, dont le véhicule avait été malmené par la foule criant des slogans indépendantistes. L'agent l'a abattu à bout portant et ses collègues ont tiré sur la foule au fusil-mitrailleur, faisant cinq blessés dont l'un a été grièvement atteint.
mardi 30 juin
Le président Habibie a signé un décret expulsant 41 membres de l'Assemblée consultative populaire. Le vice-président de l'Assemblée a présenté cette mesure (qui vise d'anciens ministres, des hommes d'affaires influents, des épouses d'anciens responsables politiques ou de responsables toujours en fonction), comme étant destinée à « nettoyer l'Assemblée du népotisme, de la corruption et de la collusion ». Quatre des enfants de Suharto conservent cependant leurs postes.
jeudi 2 juillet
L'Indonésie n'est plus en mesure de satisfaire les demandes de passeports de ceux qui veulent quitter le pays, pour la plupart des Indonésiens d'origine chinoise qui ont choisi de partir après les émeutes de mai dont ils ont été la cible. L'imprimeur officiel ne peut fabriquer quotidiennement que 5 000 passeports et les employés de l'immigration travaillent jusqu'à vingt-deux heures par jour pour répondre à la demande. En juin, près de 35 000 documents ont été délivrés, contre 15 000 le mois précédent.
vendredi 3 juillet
Des incidents ont éclaté en Irian Jaya, à Sorrong, lorsque quelques manifestants ont tenté de hisser le drapeau de l’OPM, le Mouvement de la Papouasie libre ; les heurts avec la police auraient fait un mort et cinq blessés.
Quarante soldats ont été arrêtés cette semaine. L'autorité militaire les soupçonne d'être impliqués dans des enlèvements de militants politiques et d'étudiants au cours des mois passés. Le porte-parole du quartier général des forces armées s'est cependant montré très évasif sur les chances de retrouver les personnes enlevées : « Cela prend du temps, ce n'est pas facile... »
dimanche 5 juillet
Manifestation des étudiants de l’université de Jayapura, la capitale de l’Iran Jaya. L’intervention de la police a fait deux blessés, dont l’un gravement touché à la tête.
lundi 6 juillet
De nouveaux heurts ont eu lieu en Irian Jaya, dans le port de Biak cette fois, où plusieurs centaines de manifestants ont hissé « l’Etoile du matin », le drapeau de l’OPM. La police a tiré sur la foule, faisant au moins trois morts et cent quarante et un blessés. Près de cent cinquante personnes ont été arrêtées.
vendredi 10 juillet
Le mont Merapi, sur l’île de Java, a soulevé ses dômes de lave refroidie.
samedi 11 juillet
Le parti du Golkhar a nommé à sa tête un réformiste et a rompu ses liens avec l’ancien président Suharto. Le Conseil des Anciens, l’un des trois organes du Golkar, que présidait encore Suharto et qui avait droit de veto sur toutes les décisions du parti, a été aboli. Akbar Tanjung, cinquante-trois ans, secrétaire d’Etat dans le gouvernement du nouveau président Habibie, est désormais le patron du Golkar. Dans son premier discours, Akabar Tanjungu s’est engagé à « sauver l’économie » et à « respecter les accords signés avec les organismes internationaux tels que le FMI ».
Le président Habibie a détaillé « l’offre globale » qu’il propose à la communauté internationale sur le dossier du Timor-Oriental. Contre la reconnaissance que l’ancienne colonie portugaise annexée en 1976 fait bien partie de l’Indonésie, le successeur de Suharto propose l’octroi d’un statut spécial d’autonomie et la libération de tous les prisonniers timorais, dont le leader Xamana Gusmao, condamné à vingt ans de détention. Cette « offre globale » intervient alors que Timor est en proie à un exode important de colons indonésiens, installés par le gouvernement dans l’île, ces dernières années. Près de 50 000 d’entre eux auraient déjà fui le territoire, inquiets d’une reprise des combats entre l’armée indonésienne et la rébellion.
Deux villages des alentours du volcan Merapi ont été ensevelis sous les cendres de l’éruption. Les autorités de la province de Jogyakarta se préparent à évacuer quelque 6 000 personnes.
vendredi 17 juillet
En recevant l’évêque timorais Carlos Bilo, prix Nobel de la paix, deux leaders de l’opposition indonésienne, Megawati Sukarnoputri et Abdurrahman Wahid, ont exprimé leur soutien à la cause défendue par le religieux : l’organisation d’un référendum sur l’indépendance du Timor oriental.
samedi 18 juillet
Plus de 3 000 personnes ont fui les villages installés sur les flancs du mont Mérapi.
dimanche 26 juillet
L’ASEAN (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos et Birmanie) supplie les Occidentaux de l’aider dans ses restructurations et dans l’étalement de sa dette et d’investir chez elle.
lundi 27 juillet
En dépit de l’interdiction du gouvernement, Megawati Sukarnoputri, la principale figure de l’opposition, a commémoré, à Jakarta et à Jogjakarta (respectivement, 25 000 et 50 000 manifestants), la violente répression du mouvement organisé en sa faveur en 1996.
Trois cents quatre-vingt dix-huit soldats indonésiens ont quitté le Timor-oriental.
lundi 3 août
Onze partis indonésiens ont formé une alliance destiné à empêcher le Golkar, le parti de l’ex-président Suharto qui appuie maintenant son successeur Jusuf Habibie, de remporter les élections législatives anticipées, prévues l’an prochain.
mercredi 5 août
Après quinze ans de négociations sous l’égide de l’ONU, le Portugal et l’Indonésie sont tombés d’accord, à New York, pour « des discussions en profondeur à propos d’un statut spécial, fondé sur une large autonomie, pour le Timor oriental ». L’ancienne colonie portugaise a été envahie, puis annexée en 1976, par l’Indonésie, qui précise que, pour l’instant, la libération du leader indépendantiste timorais Xanana Gusmao reste exclue.
lundi 10 août
Dans la soirée l’Indonésie a fait défaut sur, au moins, trois échéances de sa dette, tout en payant les intérêts.
Six cents soldats indonésiens ont quitté le Timor-oriental. Par ailleurs, l’armée a ouvert le feu sur des villageois timorais à Bobonaro, à cent soixante-cinq kilomètres à l’ouest de Dili.
mardi 11 août
L’Indonésie affirme avoir « commencé à reéchelonner sa dette ».
mardi 25 août
Sept cents étudiants de Dili (Timor-oriental) se sont donnés rendez-vous à Bobonaro.
vendredi 28 août
La carrière météorique de Prabowo Subianto, quarante-sept ans, le plus jeune général que l’Indonésie ait jamais connu, s’est brisé net, avec son renvoi de l’armée. Gendre du président déchu Suharto, Prabowo commandait les redoutés Kopassus, les Forces spéciales indonésiennes accusées de dizaines de meurtres et de disparitions. La décision de chasser Prabowo aurait été hâtée par sa tentative de pénétrer, pistolet au poing, escorté d’hommes en armes, dans le bureau du président Habibie : Prabowo espérait ainsi récupérer son poste de commandant en chef des Forces stratégiques qu’il avait perdu son poste de commandant en chef des Forces stratégiques qu’il avait perdu, juste après la chute de Suharto. L’ex-général risque maintenant la Cour martiale pour les exactions des Kopassus. Mais il n’est pas sûr que la haute hiérarchie militaire, restée en place, ait vraiment envie d’un procès qui pourrait rapidement tourner au grand déballage.
vendredi 4 septembre
L’équipe d’investigation de la police de Jakarta a pris en flagrant délit neuf marchands qui s’apprêtaient à faire passer en contrebande 1 900 tonnes de riz du port indonésien de Sunda Kelapa (l’un des ports de Jakarta) vers le Sarawak, l’un des Etats de la Fédération de Malaisie. Ce trafic, organisé par un certain Lim Apeng, est devenu une pratique courante. La police de Semarang (autre ville de Java) va poursuivre ces « bandits du riz » en utilisant la loi antisubversion de 1963, qui peut faire encourir une peine de vingt ans de prison ou la peine de mort.
dimanche 6 septembre
L’ancien président Suharto a affirmé ne pas avoir un centime. Ce qui a déclenché un tollé dans l’opinion publique. Au point que son successeur, le président Habibie, n’a pu faire autrement que d’ordonner un interrogatoire sur la colossale fortune qu’il est accusé d’avoir accumulée en trente-deux années de pouvoir absolu.
lundi 7 septembre
Des centaines d’étudiants venus de toute l’Indonésie ont manifesté dans le centre de Jakarta, pour exiger la démission du président Habibie et la mise en place d’un régime de transition. Un vaste dispositif de sécurité avait été mis en place devant le Parlement dont les manifestants ont pourtant réussi à abattre les grilles. C’est la première manifestation d’une telle importance depuis celles de mai.
mardi 8 septembre
A Jakarta, la police a dû charger les manifestants devant le Parlement. Deux d’entre eux ont été sérieusement blessés à coups de baïonnette.
mercredi 9 septembre
A l’appel du « Forum Kota », la même coordination étudiante qui les avait mobilisé avant les journées décisives de mai, des milliers d’étudiants attendaient le nouveau Président indonésien à Surabaya, la deuxième ville du pays, à l’extrémité est de la grande île de Java, où il venait inaugurer, au stade, la « Journée nationale du sport ». Aux cris de « Baisse les prix ou va-t‘en » et de « Habibie démission », ils ont contraints son cortège de voitures à marcher au pas, retardant d’une bonne demi-heure le début officiel des cérémonies. Les pillages des entrepôts et des magasins ont repris dans le pays. Un quotidien de Jakarta affirme qu’en deux jours plus de 3 000 tonnes de riz et 1 500 tonnes de sucre ont ainsi été volées dans la province du Kalimantan-ouest (Bornéo).
Cinq anciens partis indépendantistes du Timor oriental se sont regroupés pour former le Conseil national de la résistance du peuple du Timor oriental. Xamana Gusmao, dirigeant rebelle emprisonné, a été nommé à la tête de ce nouveau parti.
vendredi 11 septembre
Frappé de plein fouet par un an de crise, l’Indonésie s’est engagée face au FMI, qui lui a accordé un ballon d’oxygène de deux cents cinquante-huit milliards de francs, à développer son programme de distribution de riz subventionné. Le prix du riz flambe depuis plusieurs semaines : + 20 %, jusqu’à 5 000 roupies le kilo.
lundi 14 septembre
Alors que des milliers de salariés des transports publics se sont mis en grève à Medan (Sumatra) pour protester contre la hausse des prix, des centaines d’émeutiers ont mis à sac un centre commercial.
lundi 21 septembre
La Bourse de Jakarta a chuté de 5,45 %.
jeudi 8 octobre
Megawati Sukarnoputri a ouvert le congrès de son parti à Bali malgré les efforts du gouvernement pour empêcher la réunion. un million de sympathisants sont venus de tout le pays. Seuls 50 000 ont pu assister au discours de leur dirigeante.
jeudi 15 octobre
Le ministre indonésien de l’Agriculture a déclaré que l’Indonésie, majoritairement musulman, ne peut être gouverné par un hindou. Ces propos visent l’opposante Megawati Sukarnoputri, musulmane mais d’ascendance hindoue, très populaire à Bali.
samedi 24 octobre
Les Balinais, hindouistes, ont menacé de réclamer leur indépendance si le ministre de l’Agriculture ne démissionne pas.
mercredi 4 novembre
Les neuf pays membres de l’ASEAN ont décidé d’avancer à 2003 la libéralisation totale des investissements intrarégionaux, initialement prévue pour 2010.
jeudi 5 novembre
Soupçonné d’avoir dirigé la répression des manifestations antigouvernementales de mai dernier, qui a fait 1 200 morts, le général Probowo, gendre de Suharto, a fui le pays, a annoncé son frère.
lundi 9 novembre
Le massacre de plusieurs dizaines de personnes a été annoncé à Alas, dans le sud-ouest du Timor-Oriental. En fait, il s’agit d’une rumeurs de faits déformés et démesurément amplifiés.
mardi 10 novembre
Les 1 000 membres du Congrès du peuple se réunissent pendant quatre jours pour poser les bases d’une libéralisation de la politique. Le Congrès devrait avaliser la date des prochaines élections parlementaires et présidentielle, en 1999, et limiter à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. Les étudiants, qui doutent de la volonté réelle des congressistes, ont manifesté dans les rues de Jakarta. Ils ont trois revendications principales : le retour de l’armée dans ses casernes, le départ d’Habibie et l’ouverture d’une enquête sur l’enrichissement passé de Suharto et des siens.
mercredi 11 novembre
Des incidents ont éclaté dans le centre de Jakarta où des étudiants manifestaient, pour le deuxième jour consécutive, alors que se poursuivait la session extraordinaire de l’Assemblée constitutive du peuple. Devant la pression des manifestants, l’armée a ouvert le feu, en l’air semble-t-il. On compte pourtant des blessés, mais aucun par balle : une voiture d’étudiant serait entrée dans un cordon militaire et un officier et six soldats ont été hospitalisés. Les étudiants craignent que l’assemblée n’engage pas vraiment la réforme de la vie politique indonésienne.
jeudi 12 novembre
Jakarta s’est enfoncée, à la tombée de la nuit, dans la violence. Les forces de l’ordre ont utilisé leurs armes, des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de milliers de manifestants. Quelque trois morts, et cent blessés ont hospitalisés. Les étudiants ont été rejoints par d’autres couches de la population. Plusieurs cortèges se dirigeaient vers le Parlement lorsqu’ils ont été brutalement repoussés par une charge des forces de l’ordre.
vendredi 13 novembre
Alors que dans la matinée, le général Wiranto, ministre de la Défense et de la Sécurité, avait demandé à la population de reprendre ses occupations, menaçant très clairement d’une réaction extrêmement ferme de ses hommes, les affrontements ont repris quelques heures plus tard à Jakarta, faisant au moins onze morts (dont trois par balles) et des dizaines de blessés. Une fois de plus, Wiranto a fait donner ses troupes contre les étudiants. A vingt-deux heures, l’armée poursuivait son ratissage et prenait position autour de l’université catholique Atmajaya, où se sont réfugiés plus d’une centaine de manifestants. Dans la soirée, l’assemblée consultative s’est séparée après avoir institutionnalisé - par 784 voix contre 123 - le rôle politique de l’armée, ce qui risque de ne pas arranger les choses. L’opposition politique a demandé - en vain - que les travaux de l’assemblée ne soient pas suspendus, craignant d’ouvrir ainsi la voie aux lois d’urgence et à… une junte militaire. Les Etats-Unis ont appelé « les deux parties à faire preuve de retenue… »
samedi 14 novembre
10 000 personnes, étudiants et simples citoyens, se sont rassemblées devant le siège du parlement de Jakarta pour rendre hommage aux morts de la veille. Les manifestants étaient escortés par les troupes de la marine. La présence inattendue de ces troupes d’élite aux côtés des protestataires a alimenté les spéculations sur d’éventuelles disputes au sein des forces armées. Appelée à la rescousse et à la fermeté par le président Habibie, l’armée n’a pu contenir les protestataires. Les pillages se sont poursuivis toute la journée et dans la soirée. Les incidents se sont étendus à l’aéroport international et l’ont rendu inaccessible. Une petite dizaine d’autres villes ont été la proie de pillages ; ainsi que l’aéroport international de Bali. Partout dans le pays, les manifestants réclament la démission du général Wiranto, confirmé quelques heures plus tôt dans ses fonctions par Habibie. Des personnalités, connues pour leur attitude critique envers le pouvoir ont été convoquées et entendues par la police. Dans la soirée, dans un discours télévisé, le président Habibie a choisi la fermeté plutôt que le dialogue avec l’opposition, ce qui présage de nouveaux affrontements.
dimanche 15 novembre
Un calme précaire est revenu à Jakarta. L’armée s’est concentrée sur la protection du palais présidentiel et de quelques bâtiments stratégiques. Certaines rues sont toujours coupées par des barricades.
dimanche 22 novembre
Armés de coutelas, de bâtons et de sagaies faites de bambous acérés, des manifestants se réclamant de l’islam ont attaqué deux églises chrétiennes de Jakarta. Au moins six chrétiens ont été tués. L’église Christus Katapang de Kota, la vieille ville chinoise, a été dévastée. Cinq catholiques y ont été lynchés à mort par une foule en colère. Un peu plus tard, un autre catholique dont s’était emparé un groupe de musulmans a été jeté en pâture à la foule qui s’est acharné sur son cadavre. A l’origine de cette colère la rumeur, non fondée mais relayée par la télévision d’Etat, de l’attaque d’une mosquée. La minorité chinoise est majoritairement chrétienne en Indonésie.
lundi 23 novembre
Porte-parole de l’armée, Syamsul Maarif, a annoncé que quatre officiers passeront en conseil de guerre pour avoir passé à tabac des journalistes.
mardi 24 novembre
La situation reste tendue à Jakarta où plusieurs milliers d’étudiants ont à nouveau manifesté pour réclamer des réformes démocratiques. Le centre de la capitale était placé sous l’étroite surveillance de l’armée. Depuis la mi-novembre, les affrontements entre policiers et musulmans mais aussi entre musulmans et chrétiens ont fait plus de trente morts et quelque cinq cents blessés. On parle également d’assassinat de personnalités musulmanes modérées dans le centre et l’est de Java. Commandant la police militaire, le général Djasri Marin a révélé que cent soixante-trois militaires ont été emprisonnés après la répression des manifestations étudiantes qui, le 13 novembre, s’étaient soldées par quinze morts et plus de quatre cents blessés. Les autopsies des victimes ont révélé que certains éléments des forces de l’ordre, ce jour-là, ont utilisé des munitions de guerre, contrairement aux ordres exprès du ministre de la Défense et chef de l’armée, le général Wiranto. Le président Habibie a renouvelé sa confiance à ce dernier.
En apprenant l’assassinat de plus de quarante Timorais par les troupes indonésiennes depuis le début du mois, plus de 2 000 jeunes Timorais ont manifesté et occupé le bâtiment du gouvernement de la province.
vendredi 27 novembre
Scènes d’émeute dans le nord de Sumatra, à Tarutung.
lundi 30 novembre
Des milliers de Chinois qui manifestaient pour protester contre la destruction de 22 églises catholiques ont mis le feu à quatre mosquées et à plusieurs lieux de prière islamique, dans la ville de Kupang, dans la partie occidentale de l’île de Timor.
lundi 2 décembre
Certains dirigeants du Golkhar (parti au pouvoir) dont l’ancien vice-président du pays, Try Sutrisno, ont décidé de fonder un nouveau parti. Ils se démarquent ainsi du président Habibie.
mardi 3 décembre
Le président Habibie a fait savoir qu’il a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’ancien président Suharto, « soupçonné de corruption, collusion et népotisme ». Il a aussi annoncé que des élections générales auront lieu le 7 juin et que l’Assemblée consultative du peuple se réunira le 29 août. Le président cède enfin aux principales revendications de l’opposition. Le scepticisme reste cependant de mise dans la population qui ne voit là, pour l’instant, que des promesses destinées à gagner du temps (il y a déjà une enquête en cours concernant Suharto, ouverte en août, qui n’a pas donné grand chose).
mercredi 4 décembre
Suharto a déclaré qu’il était « prêt à répondre aux questions du procureur général » chargé d’enquêter sur sa fortune.
lundi 9 décembre
Suharto a été interrogé pendant près de quatre heures par les services du procureur général au sujet de son enrichissement personnel et de sa possible corruption.
vendredi 13 décembre
Le prix Nobel de la paix José Ramos Horta estime que, comme Pinochet, Suharto doit être jugé pour crime contre l’humanité.
mardi 17 décembre
Les militaires et les policiers indonésiens ont ouvert le feu pour disperser des milliers de manifestants massés près du Parlement pour réclamer des réformes démocratiques.
jeudi 19 décembre
Une foule d’un millier de personnes a attaqué à cous de pierres trois églises, une école catholique, une clinique et de nombreuses habitations, à Jakarta, au début du ramadan. Ces émeutes seraient liées aux frappes américaines sur l’Irak.
1999
samedi 7 janvier
Des glissements de terrain causés par des pluies torrentielles ont causé la mort de plus de cent personnes.
vendredi 8 janvier
La police a ouvert le feu contre des émeutiers à Karawang (à 80 kilomètres à l’est de Jakarta), faisant une victime, un étudiant de 20 ans. A l’origine des incidents, semble-t-il, une rumeur selon laquelle un chauffeur de cyclopousse avait été verbalisé la veille. Des centaines de personnes qui manifestaient devant le commissariat, ont ensuite attaqué plusieurs postes de police à coups de pierres, brisé des vitrines et pillé des magasins.
lundi 11 janvier
Plusieurs soldats ont été arrêtés dans le district d’Aceh du Nord, à Sumatra, pour avoir provoqué la mort, à la suite de tortures de quatre villageois de la province. Des dizaines d’autres ont été blessés. L’opération de l’armée faisait suite à une embuscade dans laquelle sept soldats avaient été massacrés, le mois dernier, par des paysans armés de faucilles et de couteaux.
jeudi 21 janvier
Une recrudescence de violences et d’affrontements religieux a fait près de trente morts à l’occasion de l’Aïd el Fitr, la fête de fin du ramadan. La tension est particulièrement vive à Ambon, la capitale des Moluques, où plusieurs dizaines d’étrangers ont été bloqués en raison de la fermeture au trafic civil de l’aéroport et du port. A Ambon, on compterait au moins 22 morts et des centaines de blessés. Des violences intercommunautaires ont été signalées dans au moins six autres endroits de cet immense pays de 350 ethnies réparties sur des dizaines de milliers d’îles.
mercredi 27 janvier
A la veille de la reprise à New York des négociations sur l’avenir du Timor-Oriental, le gouvernement indonésien a créé la surprise en affirmant qu’il était prêt à en abandonner le contrôle si la majorité de la population refusait le statut d’autonomie qui lui est proposé. Le représentant de la résistance timoraise à l’étranger, José Ramos-Horta, s’est déclaré « surpris et sceptique ». Il a assuré n’avoir aucune confiance dans la « bande de menteurs et de corrompus de Jakarta, qu’ils soient fidèles à Suharto ou à Habibie ». Autre signe de bonne volonté, le gouvernement a annoncé que les conditions de détention du chef historique de la guérilla timoraise, Xanana Gusmao, seraient améliorées. Il devrait être assigné à résidence. Pour autant, sur le terrain, la résistance timoraise assure que l’armée s’est renforcée. Récemment, des incidents ont éclaté à l’initiative de milices timoraises pro-indonésiennes formées et équipées par les militaires.
jeudi 28 janvier
La ville d’Ambon, où les violences religieuses ont fait plus d’une centaine de morts en une semaine, est sous le contrôle des militaires, qui en interdisent l’accès aux personnes étrangères.
dimanche 31 janvier
Selon la police indonésienne, les violences religieuses en Indonésie ont fait 105 morts en janvier, mais les estimations étrangères faisant état de « plusieurs centaines de morts » sont considérées comme plus exactes par certaines sources indonésiennes.
dimanche 7 février
Renversé par une grosse vague, le ferry Harta Rimba a coulé au large de la côte sud-ouest de Bornéo (à l’ouest de Pontianak). On déplore plus de 280 morts, pour 19 survivants (recueillis deux jours après le drame).
mercredi 10 février
Comme promis, Xanana Gusmao, leader de la rébellion timoraise, a été sorti de sa cellule et assigné à résidence dans une maison individuelle du centre de Jakarta baptisée « annexe pénitentiaire ». S’il n’est pas plus libre de ses mouvements, Gusmao peut désormais recevoir des visites et des coups de téléphone (il ne peut pas en donner).
jeudi 11 février
Le président indonésien Habibie a souhaité publiquement que le Timor-oriental devienne indépendant dès le début de l’an 2000. Le gouvernement indonésien affirme vouloir négocier une sortie pacifique de ce territoire.
dimanche 14 février
Des violences entre chrétiens et musulmans, dans la matinée, sur l’île d’Haruru, ont fait 7 morts.
du lundi 22 au mercredi 24 février
Une nouvelle flambée de violence à Ambon (Moluques) a fait 14 morts : des musulmans ont attaqué des maisons de chrétiens à la bouteille incendiaire ; et les forces de l’ordre ont tiré sur ceux qui, armés d’armes blanches traditionnelles, tentaient de riposter. Les victimes sont principalement des chrétiens.
mercredi 24 février
Au Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo), des affrontements entre Malais et Madurais ont fait 5 morts, ces derniers jours. 38 maisons ont brûlé.
vendredi 26 février
Plusieurs centaines de chrétiens ont protesté à Ambon contre la « partialité » des forces de l’ordre aux cris de : « Ne tirez pas sur des innocents ». La province des Moluques a connu une quatrième journée consécutive d’affrontements : 3 300 maisons auraient été détruites en quatre jours. Et 8 000 « colons » auraient déjà regagné leurs îles d’origine.
jeudi 4 mars
Amien Rais, candidat islamiste (Parti du mandat national) potentiel à la présidence, aurait déclaré souhaiter une intervention américaine pour mettre fin aux émeutes à Ambon et dans d’autres régions indonésiennes, ce qu’il démentira dans les jours suivants.
vendredi 5 mars
Visite à Jakarta du secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright. Elle a rencontré Amien Rais.
vendredi 12 mars
Les Nations unies ont annoncé qu’un accord est intervenu entre le Portugal et l’Indonésie pour une consultation directe de la population du Timor oriental sur un projet d’autonomie de l’ancienne colonie portugaise annexée par l’Indonésie. Un dirigeant de la résistance timoraise a prédit un « rejet écrasant » de la proposition d’autonomie. L’Indonésie avait promis que, dans le cas, elle accorderait l’indépendance au territoire.
dimanche 14 mars
Le gouvernement a décidé de fermer 38 banques du pays et de prendre le contrôle de sept autres, après avoir pris la précaution d’indiquer que les dépôts de ces établissements étaient garantis par l’Etat. La mesure participe du sauvetage de l’économie locale, sinistrée par la crise financière qui touche l’Asie, aggravée par l’endettement faramineux des entreprises liées au pouvoir sous Suharto.
mercredi 17 mars
Des émeutes ont de nouveau éclaté dans la circonscription de Sambas (Bornéo ouest) entre Dayaks (chrétiens) et les immigrés de la minorité maduraise (musulmans).
vendredi 19 mars
Des affrontements entre colons et indigènes, dans la partie indonésienne de Bornéo, ont fait près de 70 morts en moins d’un mois, dont une cinquantaine cette semaine. Les heurts se multiplient en raison de l’aggravation de la crise économique et de la faiblesse croissante du gouvernement central et de l’armée.
lundi 22 mars
Visite officielle à Jakarta du Premier ministre cambodgien, Hun Sen.
mardi 23 mars
Après l’arrivée de centaines de militaires, le calme est revenu à Sambas. Les émeutes ont fait plus de 250 morts.
du mercredi 31 mars au dimanche 4 avril
De nouveaux affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait trente morts et de nombreux blessés dans l’archipel des Moluques. Les violences ont commencé à Tual, la principale ville du district, avant de gagner les îles de Larat et Kei Besar.
samedi 3 avril
Le leader est-timorais Xanana Gusmao, en résidence surveillée, accuse l’armée indonésienne de fournir des armes aux milices pro-indonésiennes. Il réclame la présence d’une force internationale durant toute la période de transition.
lundi 5 avril
Xanana Gusmao appelait ses partisans, depuis quelques mois, à faire preuve de retenue et à ne pas répondre aux provocations de l’armée indonésienne ou des milices qui la soutiennent. Une attaque des milices pro-indonésiennes contre les rebelles est-timorais ayant fait, ces jours-ci, 17 tués parmi les indépendantistes, Gusmao a fait passer par son avocat un appel « aux combattants de l’indépendance et à tout le peuple » du Timor-Oriental à prendre les armes contre les forces armées et les groupes paramilitaires. Il lance cet appel alors qu’une mission de l’ONU vient de commencer ses travaux pour préparer un processus de consultation sur l’avenir de cet ancien territoire portugais. Les liaisons téléphoniques sont coupées avec le village de Liquisa, à moins de 50 kilomètres de Dili, ou des affrontements feraient rage entre indépendantistes et miliciens, soutenus et encadrés par l’armée indonésienne.
mardi 6 avril
Dans la soirée, Mgr Ximenes Belo, évêque de Dili et prix Nobel de la paix, a annoncé la mort de 45 personnes à Liquisa, victimes d’« éléments non identifiés » ayant ouvert le feu et jeté des grenades sur une foule de 2 000 fidèles réunis dans l’église. Des journalistes, qui se sont rendus sur place, ont mis en doute les faits rapportés par l’évêque et surtout le bilan, qui serait de cinq morts selon d’autres sources. L’évêque et le Portugal appellent au déploiement d’une force de l’ONU au Timor-Oriental, ce que refuse toujours Jakarta.
mercredi 7 avril
Un bataillon indonésien a débarqué dans le port de Dili, pour renforcer les 10 000 à 13 000 hommes déjà présents au Timor-Oriental.
lundi 12 avril
Recevant une délégation canadienne, le ministre indonésien des Affaires étrangères a affirmé que son pays était prêt à signer avec le Portugal, dès le 22 avril, l’accord sur le Timor-Oriental élaboré sous les auspices des Nations unies. Le projet d’autonomie de l’ancienne colonie portugaise pourrait également être présenté à la population dès la fin du mois. Selon le ministre, il est même « possible » que les Timorais soient consultés « avant la fin de juillet ». Au même moment, à Dili, 350 miliciens pro-indonésiens contredisant cette bonne volonté paradaient avec des fusils en bois devant le palais du gouverneur, cependant que les informations parlant de massacres et d’exactions se multiplient.
vendredi 16 avril
A Dili, capitale du Timor-Oriental, les milices pro-indonésiennes ont distribué un tract demandant un drapeau indonésien au fronton de chaque maison et la dénonciation de toute personne favorable à l’indépendance. Des listes de personnalités à abattre circulent.
samedi 17 avril
Les milices pro-indonésiennes du Timor-Oriental ont lancé une véritable attaque coordonnée, deux heures après une prise d’armes devant le palais du gouverneur de Dili, et alors que la police et l’armée étaient totalement absentes des rues. L’une des premières cibles a été la maison de Manuel Carrascalao, un vétéran de la lutte timoraise qui abritait dans son jardin une centaine de réfugiés. Son jeune fils a été tué, ainsi qu’un nombre indéterminé de personnes. Des rumeurs font également état d’une attaque du siège du Conseil national de la résistance timoraise. Les domiciles de plusieurs personnalités ont été brûlés. Ces exactions, qui auraient fait, officiellement, 61 morts, ont eu lieu alors qu’un ministre irlandais était en visite à Dili. Il s’est réfugié dans la résidence de Mgr Carlo Ximenes Felipe Bello.
dimanche 18 avril
Des coups de feu ont repris à Dili pendant une heure.
lundi 19 avril
Six personnes ont été blessées, dont trois grièvement, lors d’une explosion dans la mosquée Istiqlal, la grande mosquée au cœur de la capitale Jakarta. Par ailleurs, plusieurs bâtiments catholiques - un dortoir, la résidence d’un prêtre, une salle de réunion - ont été incendiés par la foule, dans la soirée, à Ujung Pandang, dans la province à majorité musulmane du Sud-Sulawesi. Quatre personnes ont été interpellées. Les responsables indonésiens et les chefs religieux ont lancé des appels au calme.
mercredi 21 avril
L’homme fort de l’armée indonésienne, le général Wiranto, ministre de la Défense, a contresigné à Dili un accord entre les milices pro-indonésiennes et la résistance est-timoraise qui doit mettre à la violence de ces dernières semaines. Autres contresignataires : les évêques catholiques de Dili, Mgr Belo, et de Bacau, Mgr Nascimiento. Cet accord entraîne la création d’une Commission pour la paix et la stabilité.
La violence interreligieuse a fait quatre victimes à Bandanaira, l’île principale du petit archipel de Banda.
jeudi 22 avril
Début de la rencontre à l’ONU, à New York, des ministres des Affaires étrangères indonésiens et portugais, Ali Alatas et Jaime Gama, sous la direction du secrétaire général de l’organisation, Kofi Annan.
vendredi 23 avril
Le Portugal et l’Indonésie sont parvenus à un accord sur l’autonomie du Timor-Oriental qui sera signé le 5 mai. Mais les deux pays ne se sont pas encore entendus sur la sécurité et les modalités du vote. Sur ces deux points, le ministre indonésien des Affaires étrangères, Ali Alatas, a demandé à consulter Jakarta avant de pouvoir signer les deux documents.
De nouveaux heurts interconfessionnels ont éclaté sur la petite île de Kai Kecil, aux Moluques.
dimanche 25 avril
Malgré l’intervention de l’armée, les affrontements entre les communautés chrétienne et musulmane se poursuivent aux Moluques. Ils ont déjà fait plus de cent cinquante morts.
mardi 27 avril
Au terme d’un entretien de quatre heures avec le Premier ministre australien, le président Habibie a annoncé que les 800 000 Timorais de l’Est seront consultés le 8 août sur leur avenir. Le vote se fera sous la protection d’une « police civile » de l’ONU. Le président indonésien s’est engagé à honorer toute décision onusienne et a accepté les modalités du vote prévues par l’ONU. L’accord définitif sera signé le 5 mai à New York. La présence du Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR) à Dili sera « renforcée ».
lundi 3 mai
L’armée a ouvert le feu, à Lhokseumawe, dans la province d’Aceh (nord-ouest de Sumatra), contre la foule qui manifestait… contre la brutalité et la répression militaire. Au moins 41 personnes ont été tuées. Depuis plus d’un mois, les manifestations en faveur de l’indépendance se multiplient dans cette province située à 1 500 kilomètres au nord-ouest de Jakarta.
mercredi 5 mai
L’Indonésie et le Portugal ont signé un accord historique au siège des Nations Unies, à New York. Il laisse entrevoir, après 16 ans de guerre, l’indépendance du Timor-Oriental. L’accord organise un référendum, le 8 août, et donné aux habitants le choix entre une autonomie spéciale et l’indépendance. D’ici cette date, c’est l’armée indonésienne qui sera chargée du maintien de l’ordre. Ses 20 000 soldats devront mater les milices pro-indonésiennes. La présence d’une force internationale sur le territoire est écartée.
lundi 10 mai
L’Union européenne a appelé à la libération de Xanana Gusmao, le chef indépendantiste du Timor-Oriental, assigné à résidence. De son côté, Josée Ramos-Horta, numéro 2 de la résistance timoraise et prix Nobel de la paix, menace « de ne pas participer à cette farce - le scrutin prévu le 8 août - si Xanana Gusmao et les autres détenus politiques ne sont pas libérés ».
vendredi 14 mai
Yusuf Habibie a été investi par son parti, le Golkar, pour briguer sa propre succession lors de l’élection présidentielle de novembre.
dimanche 23 mai
L’Union européenne va déployer 120 observateurs en Indonésie pour y suivre les élections législatives du 7 juin.
jeudi 27 mai
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé sa « grave préoccupation » pour la sécurité au Timor-Oriental. Alors qu’une mission des Nations unies se met en place pour organiser le référendum du 8 août, le Conseil de sécurité constate que les milices pro-indonésiennes multiplient les actes de violence contre les indépendantistes.
lundi 7 juin
Premières élections générales organisées en Indonésie depuis la chute du président Suharto, et les premières élections démocratiques depuis 1955. 48 partis y participent, dont le Golkar, au pouvoir depuis trois décennies. Les élections se sont déroulées dans le calme. Dans la province indépendantiste d’Aceh, les bureaux de vote sont restés déserts.
mardi 8 juin
Les premiers résultats des législatives, qui tombent au compte-gouttes, donnent une avance telle à l’opposition que celle-ci croit déjà à sa victoire. Le Golkar, parti au pouvoir, recueille moins de 13 % des voix sur près d’un million de votes dépouillés, alors que le Parti démocratique indonésien de lutte (PDIP) de Mme Magawati Soekarnoputri se situerait à plus de 40 %, devant le Parti de l’éveil national (musulman modéré, 26 %). La Bourse de Jakarta a bondi de plus de 14 %, retrouvant son niveau d’août 1997 (avant la dévaluation de la roupie indonésienne.
mercredi 9 juin
48 heures après la fermeture des bureaux de vote, la mission des observateurs européens a manifesté sa « préoccupation extrême ». Non seulement les résultats annoncés ne portent encore que sur 3 % des 110 millions de bulletins, mais il existe deux décomptes contradictoires. Ce qui trouble les observateurs, c’est que les sources sont les mêmes, le centre travaillant sur des relevés manuels et la commission sur ordinateur.
vendredi 11 juin
Seulement 14 millions de bulletins des élections législatives, sur 110 millions, ont été dépouillées et le rythme ne semble pas s’accélérer. Il faudra sans doute attendre la fin du mois pour y voir clair.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la Résolution 1246 sur l’envoi de la Mission des Nations unies au Timor oriental (UNAMET/MINUTO) pour préparer un référendum sur l’indépendance.
lundi 14 juin
Le procureur général d’Indonésie, le général Andi Ghalib, a été suspendu de ses fonctions jusqu’à ce que soient tirées au clair les allégations selon lesquelles il a reçu de pots-de-vin. Déjà accusé, dans l’opinion, de mollesse dans l’enquête sur l’enrichissement illégal de l’ex-président Suharto et sa famille, le général Ghalib aurait lui-même reçu 1,6 million de dollars de pots-de-vin.
mardi 15 juin
La Fédération des associations d’armateurs de l’ASEAN a lancé un appel à tous les pays de la région : « Les pirates sont armés de mitraillettes et extrêmement dangereux. Il revient aux autorités de chaque pays de réagir sans tarder ».
vendredi 18 juin
La résistance est-timoraise et les partisans locaux de l’intégration à l’Indonésie ont signé, à Jakarta, un accord prévoyant notamment leur désarmement réciproque. Cet accord a été conclu après trois jours de négociations menées, au ministère de la Justice, à Jakarta, par la Commission pour la paix et la stabilité.
vendredi 25 juin
Le premier séminaire sur l’émancipation des communautés travesties, gays et lesbiennes en Indonésie s’est déroulé dans la ville de Surabaya, à la résidence du consul de France, Dimitri Ovtchinnikov.
samedi 26 juin
José Ramos-Horta, colauréat du Prix Nobel de la Paix 1996, est rentré à Jakarta. Il avait quitté le Timor oriental en 1975.
mardi 29 juin
Une centaine de miliciens pro-indonésiens ont attaqué un poste de l’Unamet, la mission de l’ONU au Timor oriental, faisant plusieurs blessés dont une conseillère politique de l’organisation internationale. L’Unamet est chargé d’organiser le vote devant permettre à la population est-timoraise de se prononcer pour ou contre l’intégration à l’Indonésie. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a aussitôt fait savoir qu’il tenait le gouvernement indonésien responsable, car « ayant permis cette attaque ».
jeudi 1er juillet
La police a ouvert le feu contre des manifestants qui protestaient devant les bureaux de la Commission nationale des élections, dans le centre de Jakarta. Douze personnes au moins ont été blessées. Les manifestants, qui répondaient à un appel du Parti démocratique du peuple, voulaient attirer l’attention sur le risque de voir le pouvoir actuel rester en place malgré les élections. La police estime avoir été « provoquée ».
samedi 3 juillet
Des milices loyalistes du Timor oriental ont attaqué un convoi humanitaire.
mardi 6 juillet
L’ONU a demandé aux autorités indonésiennes de maîtriser les milices loyalistes du Timor oriental.
jeudi 15 juillet
Le dépouillement du scrutin législatif du 7 juin dernier est enfin terminé. 17 millions de bulletins de vote, sur 110 millions d’électeurs, ont été invalidés. Le Parti démocratique indonésien de lutte, principal parti d’opposition, dirigé par la fille de l’ancien président Soekarno, Mme Soejarnoputri, sera déclaré vainqueur, avec 34,7 % des suffrages. Il précède le Golkar, parti du président Habibie en exercice (22 %).Le Parti du réveil national (12 %) complète le succès de l’opposition.
vers le lundi 19 juillet
L’ancien président Suharto (76 ans) a été hospitalisé à la suite d’un malaise cardiaque.
lundi 26 juillet
Pour cause de « conditions de sécurité insuffisantes », l’ONU n’est pas en mesure, en l’état actuel des choses, de poursuivre les démarches pour organiser le référendum d’autodétermination au Timor-Oriental. Selon Kofi Annan, les milices armées pro-indonésiennes continuent de semer la terreur et à « des actes d’intimidations » à l’ouest du territoire, interdisant de fait « à des dizaines de milliers de personnes déplacées » de rejoindre leur foyer. Les opérations d’enregistrement ouvertes par l’ONU il y a quinze jours indiquent qu’à peine 250 000 habitants (sur 800 000) se sont inscrits sur les listes.
mercredi 28 juillet
Le ministre indonésien des Affaires étrangères a annoncé que le vote d’autodétermination qui doit décider de l’avenir du Timor-Oriental se déroulerait le 30 août. Le Portugal critique l’Indonésie pour le report de ce scrutin prévu initialement pour les 20 et 21, reprochant au gouvernement de Jakarta de n’avoir pas su garantir la sécurité dans son ancienne colonie, justement, aux dates prévues.
jeudi 29 juillet
L’armée indonésienne a reçu l’ordre de tirer à vue à Ambon, où les affrontements qui opposent depuis trois jours des musulmans et des catholiques ont fait au moins dix morts et une centaine de blessés.
mardi 3 août
Le président Habibie a proclamé les résultats des législatives du 7 juin, remportées par le parti d’opposition, le Parti démocratique indonésien de lutte (PDIP) de Megawati Sukarnoputri. La validation des résultats avait été reportée du fait de la contestation de 27 partis sur les 48 qui avaient participé au scrutin. Désormais, les Parlements national et régional vont pouvoir être constitués ainsi que l’Assemblée consultative du peuple qui doit élire, en novembre, un nouveau président et un vice-président.
Pour la troisième année consécutive, les incendies dévastent les forêts indonésiennes, particulièrement à Bornéo et à Sumatra.
mercredi 11 août
Deux étudiants est-timorais ont été abattus par des miliciens pro-indonésiens, à Viquéqué. « Deux autres personnes, dont un vieillard, qui étaient tout près, ont été également tués », affirme la correspondante d’un quotidien hollandais, témoin du drame…
samedi 14 août
Lancement officiel de la campagne pour le référendum au Timor-Oriental, mais Xanana Gusmao, José Ramos-Horta et d’autres personnalités exilées ne sont pas autorisés à rentrer dans la province, ce qui est contraire aux accords du 5 mai 1999.
dimanche 15 août
L’ONU a autorisé pour la première fois les indépendantistes timorais à hisser leur drapeau.
mercredi 18 août
A Malianas (Timor-Oriental), une milice pro-indonésienne - sans doute le groupe Aïtarak, qui y sévit - a encerclé des militants indépendantistes et des véhicules de l’Unamet qui les escortaient.
vendredi 20 août
Le Falintil, la guérilla est-timoraise, a fêté son 24e anniversaire, en présence, pour la première fois, de journalistes étrangers. Par ailleurs, le corps d’un Timorais a été découvert, sans mains, à Malianas.
dimanche 22 août
Le chef des indépendantistes timorais, Xanana Gusmao, a reçu un important chef de milice pro-indonésien, dans sa résidence surveillée à Jakarta.
jeudi 26 août
Réunion tripartite entre l’Indonésie, le Portugal et l’ONU, à Lisbonne, pour examiner l’avenir du Timor-Oriental, où un référendum sur l’autonomie est prévu le 30 août. Par ailleurs, le président Habibie a décidé de libérer, à la mi-septembre, le leader de la résistance est-timoraise, Xanana Gusmao, en résidence surveillée à Jakarta depuis février. Par ailleurs, à Dili, les anti-indépendantistes, protégés par l’armée, s’en sont pris à la mission de l’ONU (UNAMET). La manifestation a dégénéré, faisant au moins cinq blessés.
vendredi 27 août
L’ONU a décidé de doubler ses effectifs présents au Timor-Oriental. La peur distillée par les milices pro-indonésiennes est telle, par endroits, que les villages se vident. Depuis une semaine, 2 351 villageois effrayés ont trouvé refuge dans l’église de la petite ville de Suai.
dimanche 29 août
Au Timor-Oriental, l’accord de cessez-le-feu et de dépôt des armes annoncé ce jour entre pro et anti-indépendantistes, au siège de l’Unamet, n’a pas permis l’arrêt des violences. Deux miliciens anti-indépendantistes qui paradaient, armes à la main, dans un quartier hostile de Dili ont été tués à coups de machette.
lundi 30 août
Les Est-Timorais ont participé massivement au référendum sur l’avenir de leur territoire supervisé par l’ONU : 98,6 % des personnes inscrites sur les listes électorales se sont déplacées. Avec des files d’attente énormes, il a souvent fallu plus de quatre heures pour mettre son bulletin. Victoire massive des indépendantistes (72 %). A la différence de la violence systématique des quatre derniers jours, les incidents ont été peu nombreux, mais un employé de l’Unamet a cependant été tué à coups de couteau à Atsabe (35 km au sud-ouest de Dili) après la fermeture des bureaux de vote. Deux employés de la mission onusienne ont été tués.
mardi 31 août
Le gouvernement indonésien « rappellera définitivement ses troupes si le résultat du scrutin donne la victoire aux pro-indépendantistes » a déclaré le chef des forces armées, le général Wiranto.
mercredi 1er septembre
Le quartier général de la mission des Nations unies pour le Timor-Oriental, à Dili, a été assiégé par des miliciens anti-indépendantistes, et plus de 500 personnes y sont restés bloqués quatre heures. Le dépouillement du scrutin avait commencé à l’aube avec une vérification du nombre de bulletins par rapport à celui des votants. A Lisbonne, les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont été convoqués pour discuter des incidents de la journée.
jeudi 2 septembre
L’Australie a révélé que l’ONU se préparait à déployer une éventuelle force de paix au Timor-Oriental et qu’elle était prête à participer aux préparatifs déjà engagés. De son côté, le gouvernement indonésien a fait savoir qu’il pourrait étudier la question de ce déploiement si la situation au Timor-Oriental continue de se dégrader, contraignant une partie de la population à fuir la région. Deux employés locaux de l’ONU y ont été tués dans le district de Maliana (ouest). L’armée, quant à elle, estime, qu’elle aura impérativement besoin d’une force de ce genre si les électeurs consultés préfèrent l’indépendance à l’autonomie proposée par Jakarta.
nuit du jeudi 2 au vendredi 3 septembre
Les 54 membres de la Mission des nations unies à Maliana ont dû passé la nuit au poste de police où ils s’étaient réfugiés cependant que les miliciens mettaient la ville à sac, incendiant la localité et semant la terreur.
vendredi 3 septembre
Le général indonésien Wiranto a affirmé que les résultats du référendum seraient connus le 4 septembre. Les Nations unies estiment pourtant avoir besoin d’une petite semaine pour comptabiliser les quelque 430 000 bulletins. Les tenants de l’intégration à l’Indonésie, qui tiennent la consultation pour une « ordure », ont pris les devants. La terreur qu’ils font régner depuis quelques jours dans la région semble préfigurer le « bain de sang » qu’ils avaient promis si la victoire revenait aux partisans de l’indépendance. Sous le regard indifférent d’une police qui reste l’arme au pied, les milices menacent les observateurs, les diplomates et les journalistes, bloquent les routes, incendient et tuent à visage découvert. Cette violence a contraint la Mission des Nations unies à évacuer son personnel de Maliana, où deux de ses chauffeurs ont été tués. Liquisa est pratiquement aux mains des miliciens cependant qu’à Gleno le personnel de l’ONU est retranché dans son bâtiment, tout comme les policiers dans le leur… Tous les observateurs voient dans cette montée de la violence la main de l’armée indonésienne, qui refuse la perspective de l’indépendance de la région. Jakarta a pourtant décidé de réagir à l’indignation internationale en envoyant sur place des centaines de soldats censés remédier aux défaillances de la police.
samedi 4 septembre
Le Timor-Oriental a voté à 78,6 % en faveur de l’indépendance, a annoncé le secrétaire de l’ONU, Kofi Annan. Seuls 21 % des 430 000 votants ont répondu « oui » au référendum qui proposait une autonomie assortie d’un maintien au sein de l’ensemble indonésien. Dans la matinée, le président indonésien, Jusuf Habibie, a déclaré que « le gouvernement de la République d’Indonésie respecte et accepte le choix du peuple du Timor-Oriental ». Il a également lancé un appel au calme afin d’éviter les affrontements entre les milices pro-indonésiennes (dont le chef s’est exilé à Bali) et les partisans de l’indépendance. De source indépendantiste, on parle d’un assaut imminent des miliciens contre Dili. Des milliers de personnes se sont réfugiées dans les casernes et les commissariats de la ville. Peu après l’annonce des résultats du référendum, un policier américain employé par les Nations unies a été grièvement blessé par balles, des épaisses volutes de fumée s’élèvent de plusieurs quartiers et de nombreux incidents sont signalés. L’Unamet a évacué, par hélicoptère, son personnel (soit cent quarante personnes) de Same, Ainero, Aileu et Liquisa. En signe de bonne volonté, les autorités indonésiennes ont annoncé que Xanana Gusmao, chef historique des indépendantistes, serait remis en liberté dès le 8 septembre. Celui-ci a réclamé l’envoi au plus tôt d’une force des Nations unies pour éviter un « génocide ».
dimanche 5 septembre
Les milices anti-indépendantistes (Aitarak) répandent la terreur à Dili, et dans toute la région du Timor-Oriental. Dans la soirée, les bâtiments centraux du diocèse catholique de Dili et le principal hôtel de la ville sont en flammes. Les miliciens attaquaient aussi l’immeuble de la Fondation pour les droits de l’homme. L’assaut du centre diocésain, qui abritait 200 réfugiés, aurait fait 25 morts. En 48 heures, on déplore au moins 145 morts, selon la résistance. Les habitants continuent à fuir la capitale, par la mer ou vers la montagne. Une diplomate portugaise, Ana Gomes, parle de « totale coopération sur le terrain entre l’armée, la police et les milices ». Presque tous les journalistes étrangers ont quitté Dili. Une délégation interministérielle indonésienne (le ministre des Affaires étrangères Ali Alatas et celui de la Défense, le général Wiranto) s’est rendue à Dili. Après quatre heures d’entretiens dans le salon d’honneur de l’aéroport, la délégation est repartie en promettant… des renforts militaires pour le Timor-Oriental. De New York, le vice-président du Conseil de la résistance est-timoraise, José Ramos-Horta, a réclamé l’envoi de troupes par l’Australie. Celle-ci a aussitôt déclaré cette action impossible, Jakarta refusant toute ingérence étrangère. De son côté, le Front uni pour l’autonomie du Timor-Oriental, principal mouvement pro-indonésien de la région, a rejeté le résultat du référendum, accusant l’Onu de partialité…
lundi 6 septembre
Main dans la main avec l’armée et la police indonésienne, les milices ont poursuivi leur carnage contre la population est-timoraise, dans une région où il n’y a presque plus de témoins pour dire au monde la tragédie qui se joue. L’évêque de Dili, Carlos Belo, prix Nobel de la paix 1996, a lui-même dû fuir son domicile harcelé par les milices pourchassant les 5 000 réfugiés qui y cherchaient leur salut et dont une trentaine ont été tués. Le siège de la Croix-Rouge, voisin, abritant 2 000 réfugiés, est en flammes et l’Unamet, qui a évacué 200 membres étrangers de son personnel vers le nord de l’Australie dans la matinée, envisage maintenant son retrait total du Timor-Oriental. Une journaliste néerlandaise restée à Dili a vu des réfugiés conduits sur la plage par des miliciens et chargés dans des camions militaires. Certains sont partis vers le Timor-Occidental, d’autres ailleurs. Plusieurs centaines de personnes ont été transférées à bord de deux navires de la marine indonésienne qui les transportaient vers les îles arides et isolées d’Alor et Atambua dans le nord. Pour tous ceux qui en sont les témoins, ce qui se passe a tout d’un « nettoyage ethnique » systématique, planifié et organisé de longue date. Des spécialistes occidentaux du renseignement ont d’ailleurs révélé l’existence d’un « plan B » élaboré à Jakarta en prévision d’une victoire des indépendantistes. Il prévoit des déplacements massifs de population, la liquidation des cadres et des forces de la résistance est-timoraise, ainsi que celle de la petite élite intellectuelle de la région. Il organise en outre la pression sur la hiérarchie de l’Eglise catholique, considérée comme un « frein à l’intégration », en lui apportant la démonstration par la terreur que la population ne trouvera aucun secours dans les lieux de culte…
mardi 7 septembre
Après la déclaration de la loi martiale, réclamée par le général Wiranto, le Timor-Oriental se trouve désormais livré à l’armée indonésienne. Les routes et les lignes de téléphone ont été coupées à Dili, où l’armée exécuterait un plan visant à expulser du pays plusieurs centaines de milliers d’habitants. 40 000 personnes sont déjà arrivées au Timor indonésien. Les attaques se poursuivent contre les maisons abritant des partisans de l’indépendance et les bâtiments où ils ont trouvé refuge. Le siège de la Croix-Rouge et celui de l’Unamet, à Dili et Bacau, ont été incendiés. Mgr Belo, qui avait trouvé refuge dans l’évêché de Bacau, a dû être évacué, clandestinement, par avion, en Australie (il est arrivé à Darwin). A peine libéré de prison, Xanana Gusmao, réfugié à l’ambassade de Grande-Bretagne à Jakarta, a lancé un appel désespéré « aux pays amis pour qu’ils prennent des mesures immédiates pour nous aider, nous sauver, sauver nos vies ». Plus de 1 000 exécutions se seraient produites depuis l’annonce du résultat du référendum. Devant l’inconséquence de l’attitude de l’ONU, les appels se sont multipliés pour organiser une force internationale susceptible, s’il en est encore temps, de mettre fin au drame des Timorais. Un sommet informel a été convoqué d’urgence dans la soirée en Nouvelle-Zélande. La Nouvelle-Zélande et l’Australie sont prêts à mobiliser une force militaire, mais seulement sous mandat international. Plusieurs sociétés australiennes (transports…) ont commencé à boycotter les marchandises et les moyens de transports indonésiens. L’Australie est le premier partenaire commercial de l’Indonésie.
mercredi 8 septembre
La mission de cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies envoyée à Jakarta n’a pas réussi à convaincre le gouvernement indonésien d’accepter le déploiement d’une force étrangère au Timor-Oriental. Le maire de Dili a carrément accusé les Nations unies d’être de « nouveaux colonialistes », sommant les membres de l’Unamet de quitter le territoire. Il a rajouté que « si des troupes étrangères viennent, nous résisterons et nous leur tirerons dessus. Nous possédons 25 000 armes ». Dans la matinée, un convoi de véhicules de l’UNAMET qui tentait de s’approvisionner en vivres a été attaqué par les milices. Dans l’immédiat, l’ONU a décidé de retirer tout son personnel encore présent à Dili (200 civils, officiers de liaison et policiers civils internationaux ainsi que cent soixante déployés est-timorais. Dans la matinée, les derniers volontaires de Médecins sans frontières ont été chassés de Bacau. L’évêque de la ville, Mgr Basilio Nascimiento, qui tentait de s’opposer aux soldats et aux miliciens attaquant sa résidence, a été blessé. Après s’être réfugié dans la montagne, il a appelé à une intervention internationale d’urgence. L’Australie se fait de plus en plus pressante. D’ores et déjà, Washington a promis un soutien « logistique » à ses partenaires et brandi la menace de sanctions économiques.
jeudi 9 septembre
L’Australie a annoncé que plusieurs pays particulièrement sensibilisés au drame du Timor-Oriental sont parvenus à mettre sur pied une « coalition suffisante » (7 000 hommes), sans la participation des Etats-Unis, pour « mener n’importe quelle mission » que lui confieraient les Nations unies. Mais l’ONU, qui a finalement différé son retrait total de Dili, maintient qu’elle n’interviendra pas en Indonésie sans un accord de Jakarta… que Jakarta continue de lui refuser. Tout au plus le président Habibie a-t-il autorisé une mission de l’ONU à se rendre au Timor-Oriental le 11 septembre 1999. Les rares observateurs restés sur place évoquent un semblant de retour au calme. Mais l’aile militaire du Fretilin, le mouvement indépendantistes timorais, parle de 100 000 personnes réfugiées dans les montagnes, où l’eau et les vivres vont rapidement leur faire défaut. Le Fretilin qualifie de « trahison » le départ annoncé de la majorité des membres de l’Unamet, la Mission de l’ONU à Dili. La branche allemande de l’organisation humanitaire catholique a annoncé que quarante de leurs collaborateurs locaux ont été massacrés.
vendredi 10 septembre
Après avoir différé pendant plusieurs jours son départ de Dili, l’Unamet a finalement évacué vers l’Australie l’essentiel de son personnel (350 personnes, dont 160 Timorais menacés de mort). Elle n’a laissé sur place qu’un effectif de 80 personnes veillant sur le millier de réfugiés qui ont trouvé asile dans ses locaux toujours assiégés. De son côté, Jakarta continue de fermer la porte à tout déploiement d’une force de paix étrangère. Le chef de l’armée indonésienne, le général Wiranto, a laissé entendre qu’il pourrait permettre, bientôt, à plusieurs organisations humanitaires de travailler au Timor-Oriental.
samedi 11 septembre
Premier geste indonésien accueilli avec prudence et scepticisme : le général Wiranto a déclaré, dans la matinée, aux quelques journalistes autorisés à accompagner une délégation de l’ONU à Dili que son gouvernement « avait l’obligation de considérer l’offre d’accélérer [l’envoi au Timor oriental] d’une force internationale de maintien de la paix ». Une « option » qu’il va transmettre au président Habibie. Dans l’après-midi, le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé une session spéciale visant à faire accepter par l’Indonésie le déploiement d’une telle force. Juste avant la déclaration du général Wiranto, le président américain Bill Clinton avait indiqué que les Etats-Unis suspendaient leurs livraisons de matériels militaires à l’Indonésie (environ 46 millions de dollars pour l’année, soit 286 millions de francs). La Grande-Bretagne a également décidé de suspendre la vente d’avions Hawk à l’Indonésie. De son côté, le FMI a annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre des contacts avec l’Indonésie (Jakarta doit recevoir avant la fin du mois quatre cents soixante millions de dollars). Pendant ce temps, des coups de feu nourris ont retenti à nouveau à Dili et l’exode des habitants du Timor oriental continue. La sécurité ne cesse de se dégrader depuis quarante-huit heures à Atambua, dans la province indonésienne du Timor occidental. Là, dans des camps sous le contrôle des miliciens en armes, 70 000 Timorais se sont réfugiés.
dimanche 12 septembre
Dans la soirée, Jakarta a enfin accepté l’envoi d’une force internationale de la paix au Timor-Oriental. Une décision favorablement accueillie par les principales capitales étrangères intéressées. Le gouvernement indonésien a donné mandat à Ali Alatas, chef de sa diplomatie, de mettre au point les modalités d’un tel envoi avec le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Placés en état d’alerte depuis une semaine, 2 000 soldats australiens sont déjà prêts à intervenir en moins de 24 heures. Le président Habibie a aussi assuré que la force internationale aura pour mission de « mettre en œuvre les résultats du vote du 30 août ». Le leader est-timorais Xanana Gusmao a aussitôt qualifié de « courageuse » la décision de Jakarta. De son côté, Jose Ramos Horta a appelé, dans la soirée, au largage immédiat, par l’ONU et la Croix-Rouge, « de vivres dans les zones montagneuses pour environ 100 000 réfugiés ». Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Mary Robinson, a réclamé la création d’un tribunal international pour juger les violations des droits de l’homme au Timor-Oriental.
lundi 13 septembre
Haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Mme Sadako Ogata s’est déclarée prête à lancer une opération humanitaire d’envergure au Timor, aussi bien oriental qu’occidental. Jakarta a donné son feu vert pour des parachutages de vivres et d’eau potables. Entamée dans la soirée, la séance du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au Timor a été interrompue après plus de deux heures de débat. Plusieurs points semblent déjà acquis : Jakarta ne pose aucune condition, tant sur la composition de la force de paix que sur son commandement, et le président indonésien s’est engagé à garantir la libre circulation de la presse étrangère au Timor-Oriental. Dans la soirée toujours, les quinze pays de l’Union européenne ont décidé un embargo de quatre mois sur leurs ventes d’armement à Jakarta.
mardi 14 septembre
Le projet de résolution soumis au Conseil de sécurité de l’ONU prévoit que la Force multinationale de paix aura un mandat initial de quatre mois. Sa mission serait de « restaurer la paix et la sécurité », de « protéger et soutenir l’Unamet » et de « faciliter les opérations d’aide humanitaire ». Cette force serait autorisée à recourir à la contrainte. La résolution invite Jakarta « à coopérer » avec cette force. En attentant, l’ONU a fermé sa mission à Dili, les 1 500 personnes qui s’y étaient réfugiées ayant été évacuées par l’armée australienne dans la matinée. Pendant ce temps, la FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture) a lancé un véritable cri d’alarme, avançant notamment le chiffre de 7 000 tués en une semaine au Timor-Oriental. Selon elle, « plus du quart des quelques 900 000 habitants n’ont plus d’accès à la nourriture et à l’eau potable et risquent la famine ». De son côté, le HCR a dénoncé les déportations forcées et la terreur que les milices anti-indépendantistes font régner au Timor-Occidental, notamment à Kupang et à Atambua. A Jakarta, Xanana Gusmao a fait état d’attaques contre les camps timorais d’Ermera et de Bobonaro, ainsi que d’affrontements dans les régions de Vemasse et Viqueque, au sud-est de Dili. A Rome, Mgr Belo, a justifié « l’autodéfense ».
mercredi 15 septembre
Après avoir mis à feu et sang le Timor-Oriental, les milices pro-indonésiennes évacuent Dili, en direction de l’ouest, avec des camions chargés de marchandises (pillées ?). A Kupang, capitale du Timor-Ouest, on a vu arriver un navire indonésien et un cargo « pleins à craquer » de gens en provenance de la partie orientale de l’île. Cette fuite a commencé après le feu vert donné par le Conseil de sécurité des Nations unies à la mise en place d’une force multinationale pour rétablir la sécurité.
jeudi 16 septembre
Alors que les relations entre l’Indonésie et l’Australie sont au plus bas (le président indonésien refuse de rencontre le Premier ministre australien et a abrogé l’accord de sécurité qui liait les deux pays), le porte-parole du président indonésien a fait savoir qu’il existe « un sentiment d’animosité très fort envers les Australiens » et que les soldats australiens risquent d’être pris pour cibles par les milices pro-indonésiennes. Le Premier ministre australien John Howard explique effectivement depuis plusieurs jours à ses compatriotes qu’il « y aura des victimes ». De son côté, la Thaïlande a pris la tête des troupes régionales (avec 1 500 hommes) et le commandement en second, derrière l’Australie, de la force multinationale d’intervention au Timor-Oriental. La Chine, habituellement opposée à ce type d’opération, enverra des policiers civils. Les Etats-Unis, quant à eux, enverront 200 militaires au Timor.
vendredi 17 septembre
Jakarta affirme avoir déjà retiré 5 000 de ses 7 000 soldats présents au Timor-Oriental et que le retrait se poursuivra au fur et à mesure de l’arrivée de la force multinationale. Mais ce qui inquiète les Australiens, c’est la présence d’éléments non contrôlés par l’armée indonésienne. Ils ont demandé aux miliciens de se rendre sans violence. La résistance timoraise affirme que les miliciens et les forces spéciales de Jakarta ont placé des mines avant de quitter Dili. Deux C-130 Hercules australiens ont parachuté des vivres au-dessus d’Ermera, à destination des réfugiés. De son côté, l’ONU demande à Jakarta ce que sont devenus les pro-indépendantistes qui étaient en prison avant le référendum.
samedi 18 septembre
Neuf bâtiments de guerre - australiens, britanniques et néo-zélandais - ont quitté Darwin pour prendre position au large du Timor Oriental. La visite à Dili du commandant de la force multinationale, le général australien Peter Cosgrove, a été reportée au 19 septembre. En revanche, miliciens et policiers indonésiens n’ont pas attendu le déploiement étranger pour fuir : ils quittent Dili en ruines en direction du Timor occidental, où des dizaines de milliers d’Est-Timorais ont été emmenés. Le haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés, Sadako Ogata, est arrivé à Jakarta pour évaluer la situation de ces réfugiés timorais. D’autre part, Xanana Gusmao a quitté Jakarta par avion pour une destination non précisée.
En début de soirée, des centaines de jeunes islamistes ont fait irruption dans le complexe écotouristique d’Ujong Batee, non loin de la capitale de l’Aceh, Banda Atjeh. Les visiteurs ont dû se mettre à l’abri.
dimanche 19 septembre
Malgré l’optimisme affiché par le général australien Peter Cosgrove, à l’issue d’une brève visite à Dili, l’opération de déploiement de la force multinationale n’est pas sans risques. Les chefs des milices repliés à Kupang (principale ville du Timor Occidental) ont multiplié menaces et mises en garde. Depuis huit jours, les miliciens semblent cependant déserter la partie orientale de l’île.
lundi 20 septembre
Les premiers soldats - australiens, britanniques et néo-zélandais - de la force multinationale, l’Interfet, ont débarqué sur l’aéroport de Dili. Aucun incident n’a été signalé ; tout juste si des soldats néo-zélandais ont arrêté un homme circulant à moto pour lui confisquer son fusil. Pas un milicien à Dili ; seuls des militaires indonésiens y sont déployés. Le général Wiranto a annoncé la levée prochaine de la loi martiale. Mais avant, tous les soldats indonésiens seront partis. Les soldats de l’Interfet sécurisent d’abord leurs positions, puis celles de l’ONU à Dili avant d’élargir cette protection aux réfugiés.
mardi 21 septembre
Le président Habibie a demandé aux députés indonésiens d’accepter le vote indépendantiste du Timor-Oriental. Mgr Belon évêque de Dili, a réclamé, lui, une intervention urgente de l’ONU au Timor-Occidental : des milliers de réfugiés est-timorais risquent d’être « transférés » vers d’autres îles de l’archipel. Au Timor-Oriental, l’Interfet continue à se déployer. Des avions militaires australiens, français et néo-zélandais ont multiplié les rotations entre Darwin et Dili pour acheminer 2 500 hommes. Mais selon le général Cosgrove, « il faudra des semaines avant d’avoir une présence dissuasive dans toute la province ». Par ailleurs, le leader est-timorais Xanana Gusmao est arrivé à Darwin, en Australie.
mercredi 22 septembre
Un journaliste néerlandais, Sander Thoenes, trente ans, a été abattu à Dili, dans le quartier de Becora, par six hommes portant l’uniforme de l’armée indonésienne équipés de fusils d’assaut. Ce ne sont pas des soldats indonésiens, a affirmé dans la soirée, à Jakarta, le porte-parole de l’armée, le colonel Panggih Sundoro. Le général Cosgrove a décidé d’ouvrir une enquête. Quelques instants avant la découverte du corps, un détachement de l’Interfet avait déjà dû se porter au secours de deux journalistes tombés dans une embuscade à Baucau. Les militaires indonésiens empilent dans les camions et les bateaux qui doivent les évacuer tout ce qu’ils ont pu trouver dans Dili. Un entrepôt du gouvernement indonésien a été pillé par des réfugiés affamés descendus des montagnes où ils se cachent depuis quinze jours. Les soldats de l'Interfet ont commencé à se risque à l'extérieur de Dili. Les résistants auraient tué douze soldats indonésiens lors de combats près de Bobonaro, dans l’ouest. Malgré la multiplication des incidents, l’Interfet a saisi des centaines de pistolets, de machettes, des couteaux, et arrêté douze miliciens. Les soldats australiens ont investi le quartier général de l’une des milices les plus violentes, Aitarak, et arrêté six hommes. Dans la soirée, L’Onu a autorisé MSF à se rendre au Timor.
Réunion à Vienne des pays membres de l’OPEP.
jeudi 23 septembre
Alors que le président Habibie levait la loi martiale au Timor-Oriental, en vigueur depuis le 7 septembre, les incidents opposants les soldats de la force multinationale aux soldats indonésiens et aux miliciens se multiplient. A Liquisa, à l’ouest de Dili, près de 500 miliciens armés très remontés contre l’Interfet, se sont rassemblés en réclamant la guerre. A Dili, des rafales de tir ont été entendues dans plusieurs endroits. Les soldats de l’Interfet ont arrêté plusieurs miliciens. Pour le général Cosgrove, il y a plus grave que ces quelques incidents : « il y a des preuves que des actes horribles ont été commis au Timor-Oriental ». Il « aimerait voir des enquêteurs professionnels venir rapidement ». Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, Mary Robinson, a demandé une commission internationale d’enquête sur les exactions au Timor-Oriental. De son côté, l’Union européenne demande que les responsables soient poursuivis devant la Cour pénale internationale qui doit être mise en place « sans délai ».
Le Parlement indonésien a voté, par acclamation, une loi qui donne les pleins pouvoirs à l’armée en temps de crise. Aussitôt le vote connu, des milliers d’étudiants ont manifesté dans les rues de Jakarta. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu, faisant au moins 36 blessés, dont 9 grièvement. Ces dernières semaines, les étudiants manifestaient tous les jours pour protester contre les pressions exercées par l’armée pour faire passer cette loi. Ils exigeaient qu’elle soit soumise au nouveau Parlement qui doit être installé le 1er octobre. Cette loi autorise le président à déclarer seul l’Etat d’urgence. L’armée aura la possibilité d’utiliser les mesures qu’elle juge nécessaire pour faire « face aux menaces contre la sécurité de l’Etat ». L’armée contrôlera aussi tous les moyens de télécommunications. Elle pourra proclamer des couvre-feux et restreindre la circulation aux frontières comme à l’intérieur du pays.
vendredi 24 septembre
Dans la soirée, le président Habibie a décidé de surseoir à la signature de la loi qui permet de donner les pleins pouvoirs à l’armée en cas de crise. Les manifestations contre cette loi se poursuivaient à Jakarta et dans plusieurs villes de l’archipel. 4 personnes et 1 officier de police ont été tués et 90 autres personnes ont été blessés en deux jours dans les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Cet ajournement « est destiné à faire connaître le bien fondé de la loi pour que la population soit en mesure de la comprendre et de l’accepter », a expliqué un porte-parole militaire. Le secrétaire d’Etat Muladi estime que dix jours seraient suffisants pour « rendre la loi acceptable ».
Des soldats australiens ont arrêté un haut responsable des milices pro-indonésiennes.
samedi 25 septembre
De nouveaux incidents ont été rapportés à Dili, qui renaît peu à peu à la vie. Des bandes de pillards ont été surprises dans les réserves d’anciens entrepôts du centre vole. A la différence des derniers jours cependant, aucun échange de coups de feu n’a été entendu. Signe d’un retour paradoxal à une normalisation, l’armée indonésienne a dégagé la place du marché central de Dili, encombrée de gravats et de stands incendiés. Par ailleurs, les premiers soldats français - une centaine - sont arrivés au Timor, avec une antenne chirurgicale aérotransportable.
dimanche 26 septembre
Dili est toujours la proie des flammes et des pillages qui accompagnent le retrait progressif de l’armée indonésienne. Des indépendantistes qui avaient fui le pays commencent à revenir sur l’île.
lundi 27 septembre
L’armée indonésienne a quitté le Timor-Oriental, laissant derrière elle désolation, incendies et destructions. Les premières reconnaissances et les survols de l’Interfet révèlent un pays vidé de ses habitants où tout a été systématiquement pillé, détruit, rasé. L’ancienne colonie portugaise, qui comptait 800 000 habitants au début du mois, semble maintenant déserte alors que les camps, en Indonésie, ne cessent de se remplir de déportés, toujours sous la coupe des soldats et des miliciens. A Genève, la Commission des droits de l’homme de l’ONU a décidé de mettre sur pied une commission d’enquête internationale sur les crimes commis.
mardi 28 septembre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a entamé des discussions cruciales sur l’avenir du Timor-Oriental. Il s’est entretenu avec le leader indépendantiste Xanana Gusmao et un autre dirigeant de la résistance timoraise, le prix Nobel Jose Ramos-Horta. Il doit maintenant rencontrer le ministre indonésien des Affaires étrangères puis son homologue portugais.
mercredi 29 septembre
Jakarta a accepté que les Nations unies établissent au Timor-Oriental une administration civile, alors que d’après les accord entre l’Indonésie et le Portugal, ce n’était qu’après l’acceptation par le Parlement indonésien, en novembre, du vote des Est-Timorais, que les Nations unies pouvaient assurer l’autorité dans la région. Il faut être « pragmatique et pratique », a déclaré le ministre indonésien des Affaires étrangères, en reconnaissant que « de nombreux fonctionnaires du gouvernement sont partis, y compris des professeurs, des médecins et des juges ». Les habitants de Dili, qui s’étaient réfugiés dans les collines surplombant la ville, ont commencé à redescendre vers les ruines de leurs habitations. Les organisations humanitaires disposent déjà d’assez de moyens pour nourrir un demi-million de personnes pendant un mois.
jeudi 30 septembre
Selon les estimations fournies par le HCR, 70 000 habitants de Dili ont regagné leur ville. Le HCR espère que 30 000 autres suivront cet exemple dans les jours à venir. Un survol des régions occidentales du Timor-Oriental organisé par les forces de l’ONU a cependant révélé que de nombreuses maisons brûlaient dans les villes de Maliana et Ermera. Les groupes anti-indépendantistes y sont à l’œuvre et leurs destructions semblent encore pires que dans la capitale.
vendredi 1er octobre
Ouverture de la session de l’Assemblée consultative du peuple (Parlement indonésien).
200 soldats australiens de l’Interfet ont exploré pour la première fois l’ouest du Timor-Oriental, fief des milices pro-indonésiennes. Appuyée par des hélicoptères, cette mission de reconnaissance, censée ouvrir la voie à l’aide humanitaire, n’a rencontré aucune résistance. Mais Joao da Silva Tavares, chef des milices retirées au Timor-Occidental, a réaffirmé son intention de « nettoyer six districts dans l’ouest du Timor-Oriental », menaçant de « balayer » l’Interfet si celle-ci s’y oppose.
dimanche 3 octobre
L’Indonésie, où la date de l’élection présidentielle a été fixée au 20 octobre, a accepté le retour au Timor-Oriental des habitants qui en avaient été expulsés au lendemain du référendum. Mais, les premiers convois de retour se sont heurtés à l’opposition de l’armée indonésienne qui leur a refusé le passage à la frontière des deux Timors.
mardi 5 octobre
Devant un millier de ses miliciens (il en revendique plus de 50 000) réunis à Haekesak, un village indonésien proche de la frontière avec le Timor-Oriental, Joao da Silva Tavares a clairement désigné l’ennemi : l’Interfet. Les 1 000 soldats australiens présents à Balibo, dans cette région frontalière, ont été mis en alerte. A Dili, les douze organisations humanitaires ont commencé à distribuer du riz.
mercredi 6 octobre
Mgr Belo, Nobel de la paix, est rentré à Dili qu’il avait quitté le 7 septembre. Il a appelé ses compatriotes en exil à en faire autant. S’étant rendu aussitôt à Baucau, il a vu un officier de l’Interfet désarmer un homme qui, dissimulant une arme blanche, tentait de s’approcher de lui. Des soldats australiens sont tombés dans une embuscade, près de Suai, à 15 kilomètres du Timor-Occidental. Deux Australiens ont été blessés et deux miliciens tués. A New York, Kofi Annan a présenté son plan pour l’administration du Timor-Est par les Nations unies (baptisée « Untaet »), phase qui durera deux ou trois ans. A Jakarta, les 38 militaires-députés ont invité leurs collègues à entériner le choix indépendantiste des Est-Timorais.
vendredi 8 octobre
Deux avions affrétés par le HCR ont atterri à Dili, en provenance de Kupang, la capitale du Timor Occidental. A bord, 173 des quelque 250 000 réfugiés est-timorais. Ces premiers vols auraient dû avoir lieu le 6 octobre, mais ils avaient été reportés en raison de difficultés soulevées par les autorités indonésiennes. Ces rapatriements devraient maintenant se poursuivre régulièrement, à raison de deux vols quotidiens.
samedi 9 octobre
Le général australien Peter Cosgrove a proposé un plan de paix au indépendantistes est-timorais du Falintil et aux membres des milices pro-indonésiennes : ils devront abandonner progressivement leurs armes, avant de réintégrer la future société est-timoraise, pour aboutir à la « réconciliation progressive ». Le commandant de l’Interfet a dit ne pas avoir « reçu de réponse positive immédiate.
dimanche 10 octobre
L’Interfet a annoncé un déploiement massif dans l’ouest du Timor-Oriental, afin de déloger les miliciens pro-indonésiens qui continuent de terroriser la population. Depuis le début de matinée, des véhicules blindés transporteurs de troupes convergent en convois serrés vers cette région de jungle très inhospitalière, survolée par des hélicoptères de combat. Au total, 2 000 hommes supplémentaires vont être acheminés. Cette décision fait suite à trois accrochages avec les milices.
lundi 11 octobre
Le gouvernement indonésien a abandonné l’enquête ouverte contre l’ancien président Suharto pour abus de pouvoir et mauvais usage de fonds publics en raison du « manque de preuves ».
mardi 12 octobre
Dili a reçu la visite du ministre français de la Coopération, Charles Josselin. Selon certains indices, l’armée indonésienne, sentant la partie perdue, s’apprêterait à lâcher les milices. Le commandement affirme avoir commencé à les désarmes dans la zone frontalière. Le général Cosgrove et Mgr Belo assurent avoir eu vent de tractations entre une partie des milices et la résistance timoraise. Ces miliciens auraient aussi pris contact avec l’Interfet.
vendredi 15 octobre
L’Assemblée consultative du peuple (le Parlement) a ouvert le débat sur la ratification des résultats du référendum sur l’indépendance est-timoraise.
samedi 16 octobre
Trois miliciens pro-indonésiens ont été tués lors d’un échange de tirs avec une patrouille de l’Interfet, tombée dans une embuscade. Cet accrochage est le quatrième, et le plus grave, depuis le déploiement de l’Interfet. Le bilan de ces incidents s’établit à sept morts et plusieurs blessés dans les rangs des attaquants pour deux blessés dans les rands des soldats internationaux. Par ailleurs, un nouveau témoignage des atrocités commises est parvenu ce jour : des soldats et miliciens ont massacrés deux cents personnes dans une église en septembre.
du samedi 16 au dimanche 17 octobre
Une cinquantaine d’Est-Timorais ont été tués lors d’actions concertées de l’armée et des milices, à Oekussi, une enclave est-timoraise dans la province indonésienne du Timor-Occidental. Selon Xanana Gusmao, des soldats indonésiens accompagnés par des membres des milices sont entrés dans la localité à bord de douze camions, ont massacré les gens puis brûlé les corps et incendié les maisons. Le porte-parole de l’Interfet n’est pas en mesure de confirmer le drame, mais la force internationale avait prévu de se déployer dans l’enclave le 1er novembre.
lundi 18 octobre
Le sous-comité créé au sein du Parlement indonésien pour étudier la situation au Timor-Oriental a proposé d’annuler le décret d’annexion de l’ancienne colonie portugaise, pris par l’Assemblée consultative en 1978 (mais que la communauté internationale n’a jamais reconnu). Par ailleurs, dans la soirée, le général Wiranto a décliné l’offre du président Habibie d’être élu vice-président. Il préfère « se consacrer aux questions de sécurité ».
mardi 19 octobre
Dans la soirée, l’Assemblée consultative du peuple, qui se penchait sur le programme du président Jusuf Habibie, l’a rejeté. Le bilan des dix derniers mois est jugé négatif.
nuit du mardi 19 au mercredi 20 octobre
L’Assemblée consultative a ratifié sans vote le décret ouvrant la voie à l’indépendance du Timor-Oriental. En invalidant un décret qui faisait de l’ancienne colonie portugaise la « 27e province » de l’Indonésie, ce texte entérine le résultat du référendum organisé par les Nations unies et massivement remporté par les partisans de l’indépendance.
mercredi 20 octobre
Election du président de la République d’Indonésie par l’Assemblée consultative du peuple : l’islamiste modéré Abdurrahman Wahid, dit « Gus Dur » (le Professeur), a été élu, à la surprise générale, par 373 voix des grands électeurs contre 313 à Megawati Soekarnoputri. Cette dernière s’est empressée de féliciter le vainqueur et tous deux ont décidé d’aller ensemble à la rencontre des partisans de Megawati qui manifestaient avec violence leur déception dans les rues. Ce scrutin avait été précédé d’une série de coup de théâtre. Tirant les leçons du vote de censure de l’Assemblée consultative du peuple, le président Habibie avait renoncé à se présenter. Avant l’aube, son parti, le Golkar, présentait la candidature d’Akbar Tanjung, chef de cette formation avec pour colistier celle du général Wiranto. Proposition presque aussitôt retirée. En raison de sa cécité et d’une santé fragile, Abdurrahman Wahid apparaît comme un président de transition. La réalité du pouvoir reviendra sans doute au vice-président, qui doit être élu le 21 octobre. Dans la soirée, les partisans de Megawati Soekarnoputri ont provoqué des manifestations de mécontentement, parfois violentes. A Jakarta, ces manifestations ont fait deux morts et une trentaine de blessés.
Naufrage du navire KM Bimas Raya II au large des côtes occidentales de Nouvelle-Guinée. Vingt-six personnes ont été sauvées, mais environ 275 autres ont péri.
jeudi 21 octobre
Megawati Soekarnoputri a été élue vice-présidente par l’Assemblée consultative du peuple. Ses deux principaux concurrents, le général Wiranto et Akbar Tanjung, se sont désistés quelques minutes avant le début du scrutin. Avant son élection à la vice-présidence, malgré un message de son parti les appelant à accepter les résultats du scrutin présidentiel, les partisans de Soekarnoputri s’étaient déchaînés dans l’île de Bali, coupant des arbres et barrant des rues. La distribution de l’électricité a même été interrompue. Des incidents semblables ont été signalés dans l’île de Java et dans plusieurs villes à travers le pays.
vendredi 22 octobre
Xanana Gusmao, chef historique de la guérilla indépendantiste timoraise, a fait un retour triomphal au Timor-Oriental après sept années de détention en Indonésie. Il a annoncé l’adoption de l’escudo portugais comme monnaie, et l’instauration du bilinguisme portugais-tetum.
15 000 manifestants musulmans, favorables à Jusuf Habibie, ont manifesté dans les Célèbes, dont est originaire l’ex-chef de l’Etat, en demandant la création d’une république d’Indonésie orientale.
dimanche 24 octobre
Le nouveau président indonésien, Abdurrahman Wahid, s’est déclaré favorable au remplacement « sur le long terme » de la république unitaire par un système fédéral, afin de faciliter le gouvernement de l’archipel aux régions très disparates.
Le chef indépendantiste timorais Xanana Gusmao a prêché la réconciliation alors qu’il visitait Dili. « Nous voulons oublier le passé et le laisser comme une page sombre de notre histoire », a déclaré le président du Conseil national de transition, chargé de coopérer avec l’administration provisoire de l’ONU. Xanana Gusmao a ouvert la porte du retour aux miliciens pro-indonésiens qui ont semé la terreur, « à condition qu’ils confessent leurs crimes et que le peuple les leur pardonne ».
lundi 25 octobre
Kofi Annan a désigné le Brésilien Sergio Vieira de Mello, son adjoint chargé des affaires humanitaires, comme administrateur provisoire du Timor-Oriental. Peu auparavant, les quinze membres du Conseil de sécurité avaient unanimement approuvé la mise en place d’une administration des Nations unies dans l’est de l’île et l’envoi d’un corps de 9 850 casques bleus, 200 observateurs militaires et 1 650 policiers, pour prendre la relève, dans quelques mois, de la force multinationale dirigée par l’Australie.
mardi 26 octobre
Le HCR a dressé un nouveau bilan de la situation humanitaire au Timor-Oriental. A ce jour, 18 000 personnes ayant fui les violences des milices ou ayant été contraintes de quitter leur territoire par l’armée indonésienne sont rentrées. Il y aurait encore 219 000 Est-Timorais dans l’ouest de l’île. Le rapatriement de 150 000 d’entre eux, massés près du port d’Atapupu, devrait commencer dans trois jours. Le Programme alimentaire mondial estime à 225 000 le nombre des Est-Timorais qui vont maintenant dépendre entièrement de lui pour se nourrir.
mercredi 27 octobre
Le nouveau gouvernement indonésien a annoncé qu’il allait rouvrir l’enquête sur l’ancien président Suharto, accusé de corruption. Le précédent gouvernement avait abandonné, le 11 octobre, l’enquête ouverte pour abus de pouvoir et mauvais usage de fonds publics en raison du « manque de preuves ».
jeudi 28 octobre
Mgr Belo, l’évêque de Dili, exige que le général Wiranto soit jugé pour les atrocités commises au Timor-Oriental. Il attend aussi que l’armée s’excuse pour les victimes et la destruction systématique du Timor. La prise en charge du Timor-Oriental par les Nations unies a été officiellement notifiée à Jakarta par une lettre du secrétaire général de l’ONU.
samedi 30 octobre
Les derniers soldats indonésiens ont quitté le sol du Timor-Oriental. Lors d’une cérémonie informelle sur l’aéroport de Dili, Xanana Gusmao a symboliquement fait ses adieux à l’armée indonésienne.
dimanche 31 octobre
Des centaines de Timorais de l’Est ont pillé les casernes évacuées quelques heures plus tôt par les derniers soldats de l’armée indonésienne. A Dili, des gens de tous âges se sont tranquillement servis en fauteuils, tables, plantes, néons, sous les yeux des soldats australiens de l’Interfet.
jeudi 4 novembre
Le président Wahid s’est déclaré en faveur d’un référendum dans la province d’Aceh. Cette région, située au nord de Sumatra, est en proie à une rébellion indépendantiste musulmane qui a été, jusqu’à présent, violemment réprimée par les forces armées.
du vendredi 5 au samedi 6 novembre
Conférence des ministres de la Justice des dix pays de l’ASEAN à Singapour. La participation du nouveau ministre de la Justice indonésien, Maruski Darusman, est très attendue.
vendredi 12 novembre
Un nombre croissant de Timorais dénonce le « nouveau pouvoir colonial » que représente, à leurs yeux, l’Untaef. Ils lui reprochent notamment d’ignorer le Conseil de la résistance est-timoraise (CNRT) qui a nommé une commission de six membres pour travailler aux côtés des représentants de l’ONU. Le CNRT rassemble pourtant plusieurs mouvements indépendantistes ainsi que des personnalités de divers horizons politiques dont certaines se sont même affrontés dans le passé. Cette marginalisation des représentants timorais fait que les relations sont de plus en plus tendues, à Dili, entre le CNRT et les organisations humanitaires.
dimanche 14 novembre
Le Portugal et l’Indonésie ont décidé d’ « intensifier leurs contacts bilatéraux en vue d’une normalisation rapide de leurs relations ». Lisbonne a rompu ses relations diplomatiques avec Jakarta au lendemain de l’annexion du Timor-Oriental. Elles devraient être rétablies avant la fin de l’année.
mardi 16 novembre
L’administrateur de l’ONU pour le Timor-Oriental, Sergio Vieira de Mello est arrivé à Dili. Les dirigeants est-timorais n’étaient pas là pour l’accueillir : ils reprochent à l’Onu son indifférence à leur égard. Officiellement, la situation s’améliore au Timor : 55 133 réfugiés est-timorais ont regagné leur pays. 67 % d’entre eux ont été rapatriés de manière « organisée ». Il reste près de 210 000 réfugiés hors du Timor. La coopération de Jakarta permet de faciliter les démarches : l’armée indonésienne a donné son feu vert, en certains endroits, à l’entrée de véhicules de l’UNHCR chargés de collecter les réfugiés. Toutefois, la situation s’améliore encore très difficilement par endroits : l’Unamet a ainsi recensé 18 incidents le long de la frontière au cours des deux dernières semaines.
Le président indonésien a déclaré qu’il envisageait la tenue d’un référendum (sur le modèle de celui réalisé au Timor-Oriental) dans la province rebelle d’Aceh, mais les séparatistes de cette province n’en veulent pas et réclament l’indépendance.
samedi 20 novembre
L’ancien commandant en chef des forces armées indonésiennes, le général Wiranto, est en tête de liste des personnes que la commission d’enquête indonésienne souhaite interroger sur les violations des droits de l’homme au Timor Oriental.
mardi 23 novembre
Kofi Annan a nommé le Français Jean-Christian Cady administrateur adjoint de l’administration provisoire de l’ONU au Timor-Oriental. Il doit prendre ses fonctions à Dili début décembre. Un Japonais a été nommé, lui, administrateur adjoint chargé de l’aide humanitaire.
mercredi 24 novembre
Une commission indonésienne indépendante a enquêté sur les violences commises dans la province d’Aceh, où opère un mouvement séparatiste islamique. Elle conclut que les violences qui y ont été commises à la faveur des opérations militaires, lancées depuis dix ans pour venir à bout des rebelles, par des soldats « aux ordres de leurs supérieurs » sont des « crimes de guerre ». La commission considère en outre que la répression dans cette province constitue « une sorte de violence d’Etat ».
vendredi 26 novembre
Le président Wahid a révélé qu’il avait rencontré les dirigeants séparatistes de la province d’Aceh. Il a annoncé son intention de rencontrer d’autres dirigeants locaux pour tenter de résoudre la crise de cette province à de l’extrême nord de Sumatra, dopée par l’indépendance du Timor-Oriental. Toutefois, a-t-il expliqué, pas question d’un référendum sur l’indépendance pour Aceh, une éventuelle consultation ne porterait que sur la mise en œuvre éventuelle de la loi islamique.
Visite officielle à Jakarta du Premier ministre japonais, Keizo Obuchi.
dimanche 28 novembre
Sommet des pays membres de l’ASEAN à Manille (Philippines).
lundi 29 novembre
Le dirigeant indépendantiste est-timorais Xanana Gusmao a accusé l’ancien ministre indonésien de la Défense, le général Wiranto, d’être responsable de la destruction systématique du territoire après le référendum du 30 août sur l’indépendance. La semaine dernière, le général Wiranto avait été mis en cause par une commission parlementaire indonésienne qui enquêtait sur les violations des droits des l’homme à Aceh. Pour l’heure, 100 000 réfugiés est-timorais en zone indonésienne n’ont toujours pas pris le chemin du retour.
mardi 30 novembre
Xanana Gusmao a été officiellement reçu par le président Wahid, à Jakarta. C’est la première fois que les ennemis d’hier se rencontrent. « Nous sommes résolus à faire de notre mieux pour créer une relation de coopération et d’amitié entre les deux pays », a déclaré Gusmao lors d’une conférence de presse.
mercredi 1er décembre
Ramos Horta, le leader indépendantiste est-timorais prix Nobel de la paix, est revenu au Timor-Oriental, après 24 ans d'exil. Il avait quitté le territoire trois jours avant son invasion par l’armée indonésienne, le 7 décembre 1975. Il était devenu le porte-parole des Est-Timorais à l’étranger. Il est arrivé à l’aéroport de Dili à bord d’un avion des Nations unies.
début décembre
Le président indonésien Abdurrahman Wahid s’est rendu à Ambon, dans les Moluques, pour appeler à la réconciliation. Il a aussi menacé de faire encore plus appel à l’armée pour rétablir l’ordre.
samedi 4 décembre
Jour anniversaire de la création du Mouvement pour l’Atjeh libre (GAM) : la plus importante cérémonie jamais organisée a eu lieu, animée par les « milices des veuves », 135 femmes en habit de camouflage militaire qui souhaitent venger leurs maris.
mercredi 8 décembre
Début du Ramadan.
vendredi 10 décembre
Les autorités indonésiennes ont libéré 90 prisonniers politiques dans le cadre d’une amnistie présidentielle. Parmi eux, les 18 derniers militants de l’indépendance est-timoraise encore incarcérés ainsi qu’une quinzaine de prisonniers liés à des groupes musulmans radicaux du sud de Sumatra et de Jakarta arrêtés dans les années 1980.
samedi 11 décembre
Le commandant de la Force des combattants de Timor-Est (PPTT), principal groupe anti-indépendantiste, João da Silva Tavares, a rencontré le leader indépendantiste « Xanana » Gusmão.
lundi 13 décembre
La Force des combattants de Timor-Est (PPTT) s’est dissoute.
mardi 14 décembre
Le président indonésien Abdurrahman Wahid se rend au Timor-Oriental, à l’invitation du secrétaire général des Nations unies. La date de cette visite du président dans l’ancienne province indonésienne ayant choisi l’indépendance n’est pas encore arrêtée.
du jeudi 16 au vendredi 17 décembre
Réunion internationale de soutien au Timor-Oriental, à Tokyo.
vers le lundi 20 décembre
Une quarantaine de personnes - en majorité des chrétiens - ont été tuées à Buru, île du sud-ouest de l’archipel moluquois.
vendredi 24 décembre
Seize explosions ont eu lieu à Tobelo, au nord de l’archipel des Moluques.
samedi 25 décembre
A Tobelo, une foule de plusieurs milliers de personnes armées et portant un turban rouge [symbole des chrétiens] a donné l’assaut aux musulmans.
dimanche 26 décembre
Chrétiens et musulmans se sont de nouveau affrontés à Ambon, dans les Moluques, alors que Noël avait été dans le calme. Ces violences se sont produites dans un quartier chrétien du nord-est de la capitale, non loin de la mosquée Al Fatah. Le temple protestant de Silo a été incendié. Les forces de l’ordre ont dû intervenir. Le bilan est incertain : au moins 33 morts et plus de 80 blessés, selon des sources hospitalières. Un représentant du temple de Silo l’a affirmé : ce sont les forces de l’ordre qui ont tiré sur les victimes chrétiennes.
lundi 27 décembre
Dans la matinée, le colonel Iwa Budiman, responsable du maintien de l’ordre dans le secteur d’Ambon, a avoué que « c’est le chaos ».
mardi 28 décembre
Dans l’archipel des Moluques, les affrontements interreligieux ont fait plus de 800 morts (notamment dans l’île de Halmahera) et contraint à l’exil plus de 100 000 personnes cette année. La dernière flambée de violences, il y a deux jours, a conduit la Communion indonésienne des Eglises à estimer que « les attaques massives contre les chrétiens sont la conséquence directe de la manière dont le conflit est traité par l’armée et la police indonésienne. Si les responsabilités ne peuvent être établies, alors il serait mieux que l’armée et la police soient retirées des Moluques et remplacées par une force internationale de maintien de la paix ». C’est le premier appel à l’intervention internationale dans cette région. Pour la troisième journée consécutive, les affrontements se poursuivent à Ambon entre chrétiens et musulmans.
mercredi 29 décembre
Désormais, c’est l’armée indonésienne qui assure la sécurité dans l’archipel des Moluques à la place de la police, ce qui permettra, a précisé un porte-parole, de « faire usage de mesures répressives ». Pour le président du Parlement indonésien, « le processus de règlement en cours ne rend pas nécessaire le recours à des forces de paix venues de l’extérieur ».
jeudi 30 décembre
Des affrontements entre chrétiens et musulmans auraient fait, depuis deux jours, 265 morts et 205 blessés dans l’île de Halmahera, dans le nord de l’archipel des Moluques, selon l’armée indonésienne.
du jeudi 12 au mardi 17 octobre
Plus de 150 personnes ont été arrêtées à Dili (capitale du Timor Oriental) après plusieurs jours de manifestations violentes entre partisans et adversaires de l'annexion qui ont fait deux morts et des dizaines de blessés. Les forces de sécurité fouillent la capitale, maison par maison.
mardi 24 octobre
Une éclipse totale du Soleil est visible sur une grande partie du sud de l’Asie, de l’Iran à l’Indonésie.
dimanche 29 octobre
Accord de partenariat entre les compagnies Bouraq Indonesia Airlines et SilkAir.
lundi 18 décembre
L'Indonésie et l'Australie ont signé, après 18 mois de négociations, un accord de coopération portant sur leur défense et leur sécurité.
1996
lundi 8 janvier
Les Forces spéciales indonésiennes se sont déployées en Irian Jaya après la prise en otages dans la jungle de onze scientifiques (dont six occidentaux) par des maquisards de l'Organisation Papouasie Libre.
nuit du vendredi 19 au samedi 20 janvier
Le ferry Gurita a sombre dans le détroit de Malacca. Le bilan est d’environ 260 morts.
jeudi 25 janvier
Tout contact a été perdu avec les 12 otages (dont 6 occidentaux) enlevés par les maquisards papous.
mercredi 14 février
Le Comité international de la Croix-Rouge est parvenu à entrer en contact avec les maquisards papous qui retiennent douze otages.
samedi 17 février
Un séisme de magnitude 7,5 a frappé l’île de Biak, dans l’Iran Jaya (est de l'Indonésie), dans la matinée. La secousse a été suivie d'un raz-de-marée, les vagues atteignant 7 mètres de haut. 102 personnes ont été tuées des centaines de maisons ont été détruites.
lundi 18 mars
Au moins trois personnes ont été tuées et une demi-douzaine d'autres blessées à l'aéroport de Jayapura (capitale de l'Irian Jaya), lors de l'arrivée d'un avion amenant la dépouille d'un chef indépendantiste mort en détention en Indonésie.
jeudi 28 mars
Au moins 77 personnes auraient péri selon un premier bilan dans l'incendie qui a ravagé le centre commercial Pasar Anyar à Bogor, à 60 kilomètres au sud de Jaakarta. En fait 68 des « victimes » sont … des mannequins. Le bilan réel est de 10 morts et 28 blessés.
mercredi 3 avril
Formation du cyclone Olivia au large des côtes des îles du sud-est de l’Indonésie (il longera tout le sud de l’archipel avant de se diriger vers l’Australie).
lundi 15 avril
Coup de folie d'un lieutenant des Forces spéciales sur l'aéroport de la compagnie minière Freeport, en Irian Jaya : il a ouvert le feu tuant 15 personnes et en blessant une douzaine. Parmi les victimes figurent plusieurs soldats, un pilote d'hélicoptère néo-zélandais et le lieutenant lui-même.
mercredi 15 mai
Une opération de l’armée indonésienne a libéré en Iran Jaya neuf otages détenus par l’Organisation de la Papouasie libre ; deux otages seront retrouvés morts peu après.
mardi 11 juin
Pour la deuxième journée consécutive, des émeutes ont secoué Baucau, deuxième ville du Timor Oriental : deux policiers ont été poignardés. Treize manifestants ont été arrêtés.
mi-juin
Megawati Soekarnoputri, la fille du premier président indonésien, a été destituée de sa présidence du Parti démocratique indonésien par un « putsch » déguisé, fomenté et financé par les autorités. Ses partisans se sont retranchés dans les locaux du PDI.
lundi 17 juin
Un séisme d'une magnitude de 7,5 degrés a secoué l'est du pays.
jeudi 20 juin
Des milliers de partisans de Megawati Soekarnoputri s’opposent violemment à la police à Jakarta.
vendredi 12 juillet
Le président Suharto a quitté Hanovre pour regagner Jakarta. Il a passé trois jours en Allemagne pour y subir des examens médicaux. Le responsable de la clinique a déclaré que le président indonésien « est en meilleure santé que beaucoup ne le pensent ».
samedi 27 juillet
Dans la matinée, les forces de l'ordre ont investi, à Jakarta, le siège du Parti démocratique indonésien (PDI), occupé par les partisans de Megawati Soekarnoputri, la fille du premier président indonésien. Retranchés depuis plus de cinq semaines dans les locaux du PDI, transformés en forum d'expression libre, ces partisans ne tolèrent pas son éviction forcée à la tête du parti. Une centaine d'entre eux ont été arrêtés. L'assaut a alors dégénéré et s'est mué en guérilla urbaine : barrages, incendies et pillages se sont propagés dans les rues du centre-ville dans la toute journée.
dimanche 28 juillet
Jakarta continuent à s'embrasser : 7 000 à 10 000 personnes continuent à affronter les forces de l'ordre en soutien à Mme Soekarnoputri. Ces violences ont fait 2 morts et 26 blessés.
lundi 29 juillet
Le calme est revenu à Jakarta. En revanche, la capitale est au bord du krach boursier. A la suite d'une alerte à la bombe dans le centre des Affaires, la roupie a accusé une forte baisse et précipité le risque de fuite des capitaux.
nuit du lundi 29 au mardi 30 juillet
Arrestation du principal dirigeant de l'unique syndicat libre, l'Union indonésienne des travailleurs prospères (illégal), Mochter Pakpahan. Ce dernier est détenu sous l'inculpation de « subversion », ce qui le rend passible de la peine de mort.
mardi 30 juillet
Alors que le calme règne à Jakarta (en dépit de multiples alertes à la bombe sans fondement), les soldats ont reçu l'ordre de tirer à vue sur tout fauteur de trouble.
jeudi 1er août
En début de journée, les forces de l'ordre ont dispersé une manifestation organisée par des militants du PDI soutenant Soekarnoputri. L'audience prévue de cette dernière n'a pas eu lieu : en raison d'une (vraie ou fausse) rage de dents, le juge n'a pas examiné la plainte qui le sera dans trois semaines. En milieu de matinée, redoutant sans doute des troubles, deux cents membres des forces spéciales de l'armée indonésienne (commandées par le gendre du président Suharto, le général Subianto Prabowo) prenaient position autour du palais présidentiel. Tous les quartiers centraux de Jakarta étaient en outre quadrillés par des forces de l'ordre renforcés par des tireurs d'élite.
vendredi 2 août
Le président Suharto a donné l'autorisation à la police de convoquer la chef de l'opposition, Soekarnoputi. En outre, le principal dirigeant du seul syndicat libre a été officiellement inculpé de « subversion » et neuf autres syndicalistes ont été arrêtés.
dimanche 4 août
Clôture des Jeux olympiques d’Atlanta (Etats-Unis). L’Indonésie a remporté une médaille d’or : badminton double messieurs (Mainaky, Subagja).
lundi 5 août
Megawati Soekarnoputri a refusé de répondre à une convocation de la police, qui n'était pas rédigée dans les formes. Elle de nouveau convoquée pour le 9 août.
jeudi 8 août
Le gouvernement a exigé la réinscription de toutes les associations auprès des autorités « pour remettre les choses en ordre, en particulier depuis l'émergence du PRD ».
vendredi 9 août
Mme Megawati a été interrogée pendant plus de six heures par la police pour insultes au président Suharto. Elle a été convoquée une seconde fois pour le 15 août. Pendant ce temps, la répression s'intensifie (arrestations, disparitions). L'Union européenne et les Etats-Unis appellent Jakarta à respecter les droits de l'Homme.
dimanche 11 août
Entre 40 000 et 75 000 personnes ont apporté dans le centre de Jakarta leur soutien au régime du président Suharto et à l'armée indonésienne. Les orateurs ont exigé l'interdiction du PRD, accusé d'être « cryptocommuniste ». Le pouvoir a déjà arrêté plus de 120 « suspects ».
nuit du dimanche 11 au lundi 12 août
Dix membres de l'équipe du Parti Populaire démocratique (PRD), dont son principal animateur, Budiman Sujatmiko, dans un faubourg populaire de l'est de Jakarta.
lundi 12 août
Le président Suharto a réaffirmé qu'il y avait des risques d'une résurrection du communisme qui était « un danger latent toujours présent ». Le procureur général a entendu les dix membres du PRD qui viennent d'être arrêtés, ainsi que Sukmawati Soekarnoputri, la jeune sœur de Mme Megawati, et Pramoedya Ananta Tur, l'un des plus fameux écrivains indonésiens.
jeudi 15 août
Jakarta a ouvertement évoqué l'éventualité d'une arrestation de Mme Soekarnoputri.
vendredi 30 août
A Jakarta, un projet d’accord a été paraphé par les autorités philippines et la rébellion musulmane du front Moro de libération nationale.
mercredi 18 septembre
Deux mois après les émeutes qui ont secoué Jakarta et un an avant les élections générales, les autorités ont décidé de renforcer la répression. Les effectifs de la police vont être accrus, ainsi que leur moyen d'action sur les plans légal et juridique.
mardi 1er octobre
Dans une lettre aux responsables catholiques d'Indonésie, le ministère des Affaires religieuses de Jakarta vient d'inviter les chrétiens du pays à resserrer les rangs autour du gouvernement et à ne pas se laisser séduire par les opposants démocrates.
jeudi 10 octobre
Des émeutes religieuses ont éclaté à Situbondo (est de Java) où un tribunal avait à juger le leader d'une secte musulmane. Ce dernier a été condamné à 5 ans de prison. la foule (musulmans orthodoxes) qui exigeait la peine de mort s'en est prise au tribunal, qui a été incendié. Puis ils ont brûlé quatre églises catholique et quatorze temples protestant : au moins cinq morts, dont un pasteur, sa femme et leurs deux enfants.
vendredi 11 octobre
A Oslo, le prix Nobel de la paix a été attribué à l'évêque Carlos Belo, en charge du diocèse de Dili, en Timor Oriental, et José Ramos Horta, l'un des chefs indépendantistes de cette même région.
mardi 15 octobre
Le président Suharto, assisté de l’évêque Carlos Filipe Ximenes Belo et du gouverneur du Timor-Oriental José Abilio Osorio Soares, inaugurent à Dili la statue du Christ-Roi, haute de 27 mètres.
lundi 28 octobre
En visite officielle en Indonésie, le chancelier allemand Kohl a évoqué « en tant qu'ami » devant le président Suharto la question des droits de l'Homme, qui ne sont pas respectés au Timor Oriental. Il aurait souhaité rencontrer Mgr Carlos Belo, mais le prélat a décliné son invitation en prétextant un emploi du temps trop chargé.
lundi 25 novembre
Visite du prix Nobel de la Paix, José Ramos-Horta, porte-parole de la résistance timoraise, en France. Il n'a été reçu par aucun responsable français.
mardi 3 décembre
Trois jeunes du Timor oriental ont trouvé refuge, dans la matinée, à l'ambassade de France à Jakarta. Quelques heures plus tard, ils ont été escortés par la Croix-Rouge internationale jusqu'à l'aéroport où ils devaient embarquer dans un avion à destination des Pays-Bas avant de gagner le Portugal, qui considère les natifs de son ancienne colonie comme ses ressortissants.
mercredi 4 décembre
Début de la Coupe d’Asie des Nations de football, organisée par les Emirats arabes unis. Au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, dans le groupe A, l’Indonésie et le Koweït ont fait match nul deux à deux (Purta et Wabia pour les Indonésiens, Al-Saqer et Al-Dakhi sur pénalty pour les Koweïtiens), devant 15 000 spectateurs.
samedi 7 décembre
Deuxième match du premier tour de la Coupe d’Asie des Nations : au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, la Corée du Sud a battu l’Indonésie quatre buts (Hwang Sun-hong 2, Kim Do-hoon et Koo Jeon-woon) à deux (Wabia et Purta), devant 2 000 spectateurs.
mardi 10 décembre
Recevant leur prix Nobel de la paix 1996, Mgr Ximenes Belo, évêque de Dili, et José Ramos-Horta ont plaidé à Oslo (Norvège) pour l'ouverture d'un dialogue - sans conditions préalables et sous l'égide de l'ONU - avec l'Indonésie pour la mise en route d'un plan de paix au Timor Oriental.
Troisième et dernier match du premier tour de la Coupe d’Asie des Nations de football : au stade Sheikh Zayed d’Abou Dabi, les Emirats arabes unis ont battu l’Indonésie deux buts (Ahmed, Al-Talyani) à zéro, devant 10 000 spectateurs. Derniers du groupe A, les Indonésiens sont éliminés.
vendredi 20 décembre
Mgr Ximenes Belo, prix Nobel de la paix, a été reçu par le Pape Jean-Paul II (« chef des catholiques ») à Rome. Ce dernier l'a soutenu dans son travail pour la paix.
jeudi 26 décembre
Des milliers de musulmans javanais ont détruit ou incendié à Tasikmalaya (à 200 kilomètres au sud de Jakarta) onze églises catholiques, un poste de police, des dizaines de véhicules et saccagé des magasins appartenant à des Chinois. Au cours de ces violences, une femme chinoise est morte dans l'incendie de sa maison. Pour arrêter l'émeute, l'armée a occupé la ville en force.
vendredi 27 décembre
Le président Suharto a appelé les différentes communautés religieuses du pays à garder leur calme.
1997
mardi 7 janvier
Des milliers de partisans de Megawati Soekarnoputri, figure de proue de l'opposition, ont manifesté à Jakarta et dans plusieurs autres villes d'Indonésie. Ils exigent la reconnaissance des candidatures du Parti démocratique indonésien (PDI) de Mme Megawati pour les législatives prévues en juin. Mme Megawati a engagé une procédure judiciaire contre les autorités.
mercredi 26 février
Match amical de football : à Kualua Lumpur (Malaisie), la Bosnie a battu l’Indonésie deux buts à zéro.
mercredi 5 mars
Quatorze pays riverains de l'océan indien se sont associés pour une coopération régionale : Afrique du Sud, Australie, Inde, Singapour, Kenya, Oman, Yémen, Mozambique, Tanzanie, Madagascar, Malaisie, Indonésie, Sri Lanka et Maurice. Ils tiennent leur première réunion à l'île Maurice. Déjà sept autres pays (Bangladesh, Iran, Pakistan, Thaïlande, Seychelles, Egypte et la France) ont demandé à y adhérer.
lundi 31 mars
Un jeune Timorais de l’Est a été condamné à un an de prison ferme pour avoir arboré une caricature du président Suharto lors d'une manifestation indépendantiste.
mardi 1er avril
Entrée en vigueur de l'augmentation du salaire minimum journalier qui passe à 5 700 rupiahs (14,50 francs).
dimanche 13 avril
Premier tour des qualifications de la zone Asie pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Senayan de Jakarta, l’Indonésie et le Yémen ont fait match nul zéro à zéro, devant 25 000 spectateurs.
vendredi 25 avril
L'Indonésie a fait savoir qu'elle « refuse et n'acceptera jamais » sur son territoire la présence d'un représentant de la Commission des droits de l'homme de l'ONU chargé de suivre la situation au Timor oriental. Le mois dernier, déjà, Jakarta avait démenti les déclarations du Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, José Ayala Lasso, annonçant l'ouverture d'un bureau en Indonésie.
Environ 4 000 ouvriers ont mis à sac une usine fabriquant en sous-traitance des chaussures de sport Nike à Tangerang, dans la banlieue de Jakarta, pour obtenir une augmentation de salaires. Ils reprochent à leur employeur de ne pas respecter la hausse du salaire minimum, en vigueur depuis le 1er avril.
mardi 13 mai
Megawati Soekarnoputri, la grande figure de l'opposition, n'aura pas droit de se servir de sa photo dans la campagne pour les élections à la chambre des représentants (scrutin le 29 mai). Ainsi en ont décidé l'institut national pour les élections et le Comité de supervision des élections. Les autorités de Jakarta, qui voient d'un très mauvais œil la popularité croissante de la fille du fondateur de l'Indonésie, avaient réussi à l'écarter de la présidence du Parti démocratique indonésien, l'une des deux formations minoritaires autorisées. mais les militants de l'autre parti minoritaire, le Parti pour le développement uni, ont commencé à arborer les photos et les bannières de Megawati... qui sont donc désormais interdites, de même que tout slogan, inscription ou banderole faisant référence à sa personne.
Bornéo, par plusieurs centaines de mineurs. Ceux-ci voulaient s'assurer que la compagnie indienne, en très grande difficulté depuis que l'absence d'or dans sa mine a été dévoilée, sera bien en mesure de leur verser leurs indemnités de licenciement. L'activité de la mine a été gelée la semaine dernière ; les mineurs doivent être licenciés le 15 mai.
vendredi 23 mai
Plusieurs quartiers de Jakarta ont été secoués, lors de ce dernier jour de campagne électorale législative, par de violents affrontements entre les forces de l'ordre lourdement équipées et des manifestants. La plupart se réclament du Parti du développement (PPP), le parti musulman indonésien. A Ciputat, un quartier sud de Jakarta, les policiers ont tiré des coups de semonce pour disperser au moins 7 000 manifestants. Au moins cent trente personnes ont péri à Banjarmasin, sur l'île de Bornéo, dans un incendie d'origine criminelle. Les victimes étaient en train de piller un centre commercial, après une émeute qui avait mis aux prises les militants des partis opposés. Un peu partout en Indonésie, des incidents plus ou moins violents ont eu lieu.
mercredi 28 mai
Des dizaines de personnes ont trouvé la mort dans des attaques menées par des présumés indépendantistes au Timor oriental.
jeudi 29 mai
Elections législatives. Le Golkar, parti du président Suharto, a fait un triomphe avec environ 75 % des voix. Le PPP (pro-musulman) a recueilli 23 % des suffrages et le PDI 3 %. Le scrutin s'est déroulé hors de toute supervision ou contrôle indépendants du gouvernement. Aucun observateur international... Seules cinq personnes, dont le président Suharto et le chef de l'état-major, ont eu accès au système de centralisation des résultats. D'innombrables tentatives de fraudes ont été relevées.
samedi 31 mai
Un camion des forces de l'ordre a été attaqué à la grenade, dans l'après-midi, dans le district de Bacau (Timor oriental) : 13 militaires ont été tués sur le coup et 5 autres par balles alors qu'ils cherchaient à s'enfuir. 9 autres ont été blessés. Cette opération est la plus importante de la guérilla est-timoraise depuis la fin des années 1970. Au moins 22 suspects ont été arrêtés dans l'île depuis une semaine.
vendredi 13 juin
Qualifications pour la Coupe du monde de football 1998 : au stade Althawra de Sanaa, le Yémen et l’Indonésie ont fait match nul un à un (Al Ariki pour les Yéménites et Putro pour les Indonésiens), devant 35 000 spectateurs.
en juin
L'Indonésie a annulé un contrat portant sur neuf avions de combats américains F-16, en raison de « critiques injustifiées du Congrès américain » à son égard.
mardi 5 août
L'Indonésie a décidé de doter ses forces aériennes d'appareils russes : 12 avions de combat Soukhoï 30 K et 8 hélicoptères M 17 V. Les négociations avec la Russie continuent. Jakarta paierait en nature : huile de palmier, café et gomme.
samedi 16 août
Un record de chaleur a été battu en Indonésie : le thermomètre est monté jusqu’à 40,6°C à Banjarbaru, dans le sud-est de Bornéo (province de Kalimantan du Sud).
jeudi 25 septembre
Les incendies allumés par les paysans et les entreprises forestières ont dégénéré, cet été, en Indonésie. Les feux, hors contrôles, provoquent de gigantesques brouillards de fumée qui polluent toute la région, de la Malaisie aux Philippines.
vendredi 26 septembre
Un Airbus A300 de la compagnie indonésienne Garuda Airlines (vol 152) s'est écrasé dans une zone montagneuse de Sumatra. Les 234 passagers et membres d'équipage ont été tués. Toute la région continue à être envahie par une épaisse fumée due aux feux de forêt qui durent depuis plusieurs semaines. D'une manière générale, le transport aérien est complètement désorganisé dans cette région.
dimanche 28 septembre
Un séisme de magnitude 6 a frappé dans la matinée une province des Célèbes, faisant au moins quinze morts et quelques trois cents blessés.
mercredi 1er octobre
Le président Suharto a inauguré les instances législatives qui renforcent encore ses prérogatives. Pour la première fois, les chefs élus des deux principales organisations islamiques, qui comptent ensemble 58 millions de membres, ne figurent pas sur la liste de l'Assemblée consultative. En revanche, tout l'état-major, le cabinet au complet et la proche famille du Président y sont représentés...
vendredi 3 octobre
Sept écoliers de Sumatra ont été tués dans une collision entre deux bateaux, sur le fleuve Musi, en raison d'un manque de visibilité provoqué par la fumée des incendies de forêts. A Bornéo, en revanche, les premières pluies ont dégagé le ciel de la chape de brouillard toxique qui stagnait depuis des jours ; certains aéroports ont été rouverts. Enfin, les autorités ont retiré leur licence d'exploitation à 29 sociétés forestières privées, accusées d'avoir violé la loi interdisant d'allumer des feux pour dégager des surfaces.
dimanche 19 octobre
La catastrophe s'aggrave en Indonésie, toujours ravagée par de gigantesques incendies. A la pollution de l'air, s'ajoute un autre fléau : la famine, elle aussi causée par la vague de sécheresse, particulièrement dans la province d'Irian Jaya. Selon le journal Kompas, 500 personnes sont déjà mortes de faim et de maladies liées à la malnutrition au cours des derniers mois.
mardi 11 novembre
Pour la première fois en six mois, il pleut en Indonésie, un pays dévasté par de gigantesques incendies de forêts.
mardi 9 décembre
Des rumeurs alarmistes ayant circulé à Jakarta, le secrétaire d'Etat indonésien a déclaré sans retard à la presse : « Je démens les rumeurs qui ont circulé aujourd'hui sur un décès du président Suharto ou sur son transfert à l'hôpital. Il s'agit de repos et non de maladie... »
vendredi 19 décembre
Un Boeing 737 de la compagnie singapourienne SilkAir (vol 185) s'est écrasé à 16 h 12 dans une zone marécageuse du delta du fleuve Musi, près de la ville de Palembang (Sumatra). Il n’y a aucun survivant parmi les 104 personnes à bord de l’appareil, qui avait décollé trois quarts d'heure plus tôt de Jakarta à destination de Singapour. Selon les enquêteurs, l’accident est du soit à une défaillance d’une servo-valve soit au suicide du pilote.
1998
jeudi 8 janvier
La roupie a chuté de plus de 20 %. Pour endiguer la tourmente financière, le directeur du FMI est à Jakarta. L'armée est en pré-alerte, car des rumeurs de coup d'Etat circulent. L'Indonésie a aussi décidé de repousser ses achats de matériels militaires.
dimanche 11 janvier
Megawati Soekharoputri, fille du père de l'indépendance et figure de proue de l'opposition, appelle le président Suharto (76 ans) a s'écarter. Elle se dit elle-même prête à « devenir le leader de la nation ».
lundi 12 janvier
La fille aînée du président Suharto, coprésident du parti au pouvoir, a lancé un appel à la population, priée de venir échanger ses dollars contre des roupies afin de manifester une « attitude morale ». Quelles que soient les sommes recueillies, elles n'épongeront cependant pas la dette du pays, évaluée à plus de huit cents milliards de francs . En six mois, la roupie a perdu 75 % de sa valeur par rapport au dollar.
jeudi 15 janvier
L'Indonésie a accepté les exigences du FMI pour sauver son économie. Objectif : empêcher la crise asiatique de gangrener l'économie mondiale. Il y a urgence : les premiers mauvais signes sont là. Le FMI enfonce le clou. Le président Suharto a aussi accepté de rogner les énormes privilèges consentis à ses six enfants et à une ribambelle de neveux, cousins et oncles plus ou moins éloignés. Hutomo Mandala Putra, dit Tommy, le fils cadet de Suharto, perd le monopole du juteux commerce du fruit du giroflier. Privatisations ; abandon des cartels du ciment, du papier, du contreplaqué et de nombreuses denrées de nécessité (à l'exception du riz), chasse-gardées de la famille ; réduction des subventions aux carburants , suppression des fonds publics alloués à IPTN, l'avionneur local, etc.
mardi 20 janvier
Le vieux président Suharto est officiellement candidat pour un nouveau mandat de cinq ans, le septième. Il a accepté sa désignation par le parti au pouvoir. Sa réélection par l'Assemblée consultative du peuple n'est qu'une formalité, puisque les deux tiers des 1 000 membres sont désignés par le président lui-même.
mercredi 11 février
A Jakarta, la police est intervenue pour mettre fin à une manifestation : 140 arrestations.
jeudi 12 février
La crise financière prend un tour très social en Indonésie où l'envol des prix (40 % pour le riz, 70 % pour celui de l'huile) pousse la population à se venger sur la minorité chinoise, soutien et bénéficiaire du régime Suharto, qui domine les deux tiers de l'économie. A Java, la foule en colère a incendié plusieurs magasins de la localité de Jatiwangi. Le pouvoir demande aux autorités militaires de réactiver « l’appareil militaire de surveillance de la population ». Le président Suharto vient de placer le général Wiranto, un ancien aide de camp de Suharto, à la tête de l'armée tandis que son gendre, le général Subianto, a été nommé à la tête des forces stratégiques. Composées de 20 000 soldats d'élite, ces forces disposent des meilleurs équipements et passent pour être les mieux entraînées et les plus disciplinées.
vendredi 13 février
L'Indonésie a connu une journée de violence extrêmes, dont la première cible a été de nouveau la riche communauté chinoise. Les émeutiers, qui protestaient contre la flambée des prix, ont pillé ou incendié des magasins, des voitures et des maisons d'habitation dans quatre villes du pays : Losari, à 200 kilomètres à l'est de Jakarta, Gebang, Pamanukan et Jatiwangi, dans l'ouest de Java.
samedi 14 février
Le président Suharto a choisi la manière forte. Des soldats de sa garde présidentielle ont commis des exactions gratuites, dans la soirée, dans le centre de Jakarta. Un militant de l'opposition politique a été très sévèrement molesté ; par ailleurs, le dirigeant de Siaga, un groupe d'intellectuels démocrates, est porté disparu depuis plusieurs jours. Dans l'île de la Sonde, l'armée a violemment répliqué aux émeutes : au moins cinq manifestants ont été tués et neuf autres blessés par balles. A Java, en revanche, la police a choisi de laissez-faire : des dizaines de personnes ont pillé impunément, dans la matinée, les boutiques des commerçants chinois.
Un bateau qui transportait une quarantaine de clandestins originaires d’Indonésie a sombré au large du port malaisien de Johore. On déplore huit morts et une trentaine de disparus.
lundi 16 février
La monnaie indonésienne a une nouvelle fois brutalement chuté, s'échangeant à 10 500 roupies pour un dollar, contre 8 000 le 13 février.
dimanche 1er mars
L'Assemblée consultative populaire, la plus haute instance de l'Indonésie, est réunie à Jakarta pour reconduire à l'unanimité le président Suharto pour un septième mandat de cinq ans à la tête du pays. Le processus est officiellement appelé élections, mais, pas plus que les six fois précédentes, le président en exercice n'aura à faire face à un vote formel.
du lundi 2 au mardi 3 mars
Plusieurs manifestations d'étudiants ont eu lieu dans certain nombre de villes universitaires d'Indonésie, pour exiger des réformes économiques et politiques, et notamment un « gouvernement non corrompu ».
vendredi 6 mars
Le FMI a annoncé que le versement d'une tranche d'aide d'environ 18 milliards de francs est suspendu parce que les autorités indonésiennes refusent d'appliquer, aujourd'hui, le programme de réformes qu'elles avaient pourtant acceptées le 15 janvier, en échange de quelque 240 milliards de francs.
mardi 10 mars
Le général-président Suharto a été « réélu » président de l'Indonésie, pour un septième mandat de cinq ans, par les 1 000 délégués de l'Assemblée consultative. Quelques heures après, la Banque mondiale a décidé de suspendre le versement d'une aide industrielle de 6 milliards de francs. La Banque asiatique pour le développement, le Japon et la plupart des bailleurs de fonds internationaux ont aussi fermé le robinet. Dans la rue, une fois encore, des étudiants manifestaient à Jakarta contre la corruption du régime et pour de profondes réformes économiques et politiques.
mercredi 11 mars
Des dizaines de milliers d'étudiants ont manifesté à travers l'Indonésie pour demander des réformes politiques, alors que le président Suharto prêtait serment. Les incidents les plus sérieux ont eu lieu à Surabaya, la capitale industrielle du pays, lorsque les forces de l'ordre sont intervenues brutalement contre quelque 400 étudiants qui tentaient de rejoindre un autre campus. Dans toutes les villes universitaires, la police, appuyée par des fusiliers marins et des soldats de l'infanterie, empêchent les étudiants (qui manifestent chaque jour depuis deux semaines) de quitter leur campus.
dimanche 15 mars
Le Premier ministre japonais, Ryutaro Hashimoto, est revenu bredouille d'Indonésie. Bien que le Japon soit le premier bailleur de fonds et le premier débiteur de l’Indonésie, la visite de Hashimoto n'a pas eu plus de succès que celle de Walter Mondale, envoyé spécial des Etats-Unis. Le président Suharto se refuse toujours à céder aux exigences du FMI.
mardi 17 mars
De nouveaux affrontements ont eut lieu entre les forces de l'ordre et des étudiants qui protestaient contre la politique du gouvernement et la composition du nouveau cabinet qui venait de prêter serment devant le président Suharto. Ces affrontements se sont produits dans plusieurs centres universitaires de Java. Ils ont fait au total 28 blessés. Les Etats-Unis ont mis en garde les Américains désirant se rendre en Indonésie, « en raison d'une éventuelle augmentation de la tension et de la criminalité, conséquences de l'incertitude économique » que connaît le pays.
lundi 30 mars
Komis Santana, le chef de la guérilla de Timor-Est, est mort, victime d'un accident de montagne. Selon la radio du maquis, il aurait fait une chute dans un ravin. Le porte-parole de la résistance est-timoraise et prix Nobel de la paix, José Ramos-Horta, a confirmé l'information.
dimanche 5 avril
Les autorités indonésiennes ont suspendu les activités de sept banques et en ont placé sept autres sous tutelle en raison de leur « problème massif de liquidités » à la suite de la crise financière qui affecte l'Asie. Le gouvernement assure que les créanciers ne seront pas lésés.
lundi 6 avril
Dans la partie indonésienne de Bornéo, plus de 180 000 hectares de forêt ont été détruits par les incendies depuis le début de l'année.
mercredi 8 avril
Les négociations ont été difficiles, elles ont enfin abouti. Le FMI et l'Indonésie sont tombés d'accord sur les réformes à appliquer en échange de 250 milliards de francs d'aide. Il était temps. Le riz manque dans les grandes villes.
samedi 2 mai
Les étudiants indonésiens ont multiplié les manifestations, depuis quelque temps, pour protester contre le manque de moyens mis à leur disposition afin de poursuivre leurs études. Celles d'aujourd'hui ont été les plus violentes qu'ait connues le pays depuis le début de la crise économique. Cette fois, les manifestations ont quitté les campus , relayées, à Suarbaya, par des chauffeurs de taxi et des passants. La police est intervenue avec une rare violence. Le président Suharto a demandé à son ministre de l'Education de « faire un effort » pour les étudiants, mais il a refusé toute réforme politique avant la fin de son mandat... dans cinq ans.
lundi 4 mai
Ministre de la Défense et commandant en chef de l'armée indonésienne, le général Wiranto a menacé les étudiants « d'actions sévères » s'ils persistent dans leurs « activités visant à créer l'anarchie ».
mardi 5 mai
Les manifestations des étudiants ont pris une nouvelle tournure à Medan (2 millions d'habitants, dans le nord de Sumatra), où la population s'est jointe au mouvement qui prend désormais des allures d'émeute. Les manifestants ont attaqué un poste de police, incendié des véhicules et pillé un centre commercial. Les forces de l'ordre ont fait usage de leurs armes. A Jakarta, où 300 policiers ont tenté de contenir 5 000 étudiants, des balles en caoutchouc ont été tirées contre les manifestants. On a même vu quelques centaines d'ouvriers manifester devant le siège du syndicat officiel. La presse elle-même, pourtant très contrôlée, s'en prend maintenant aux « privilèges dont bénéficient les proches du Président ».
mercredi 6 mai
Les forces de l'ordre ont ouvert le feu à Medan. Un manifestant a été tué, et au moins deux autres blessés. Des centaines d'émeutiers pillaient les magasins du centre-ville.
jeudi 7 mai
Le général Wiranto, de retour de Medan, où trois jours d'émeutes auraient fait 6 morts et 80 blessés, a demandé, à Jakarta, aux étudiants de mettre un terme à leurs manifestations. Il les a assuré que l'armée était favorable à des réformes mais « graduellement et constitutionnellement ». Autrement dit : dans l'ordre.
vendredi 8 mai
A Solo (250 000 habitants dans le centre de Java), où les premiers incidents avaient éclaté en mars, de nouveaux affrontements entre étudiants et forces de l'ordre, pierres contre gaz lacrymogène et balles en caoutchouc, ont fait au moins 60 blessés. Un homme d'une quarantaine d'années a été tué à Yogyakarta après avoir été frappé par la police lors d'une manifestation. Et, à Jakarta, une effigie du président Suharto a été « jugée » pour meurtres, vols et corruption, reconnue coupable et brûlée sur un campus universitaire. Six personnes auraient été tuées cette semaine au cours des émeutes qui secouent le pays.
samedi 9 mai
Le président Suharto a quitté l'Indonésie pour une visite en Egypte, où il doit assister, au Caire, au sommet des pays en voie de développement.
Un officier de police a été tué lors d’une manifestation étudiante à l’université de Djuanda.
lundi 11 mai
Deux mouvements indonésiens influents ont lancé des appels séparés, à quelques heures d'intervalle, exigeant du président Suharto qu'il se retire de la vie publique. Le premier émane d'un groupe de personnalités, parmi lesquelles plusieurs anciens ministres, qui demandent l'annulation de l'élection de mars. Le second a été lancé par l'un des deux mouvements islamiques, la Muhammadiyah, qui revendique 28 millions de membres.
mardi 12 mai
L’absence du président Suharto semble renforcer ceux qui exigent sa démission. Elle paraît aussi déstabiliser les forces de l'ordre qui, face à quelques 5 000 étudiants manifestant à Jakarta sur le campus de l’université Trisakti et dans les quartiers environnants, ont ouvert le feu à balles réelles entre 17 et 20 h, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants. La tension a monté lorsque les étudiants, qui voulaient marcher sur le Parlement, ont identifié un agent en civil dans leurs rangs.
mercredi 13 mai
La situation en Indonésie est devenue suffisamment alarmante pour que le président Suharto écourte son voyage en Egypte. Plus de 10 000 personnes se sont rassemblées sur le campus de l'université Trisatki, un établissement prestigieux de Jakarta, pour rendre hommage aux six étudiants tués la veille. Une fois de plus, la police a perdu son sang froid et ouvert le feu, faisant une nouvelle victime et plusieurs blessés. Les cérémonies de deuil ont alors dégénéré et l'émeute a gagné le cœur commercial et financier de la capitale où les forces de l'ordre ont acheminé des renforts par hélicoptère jusqu'à la nuit tombée. Fait nouveau : des accrochages se sont produits sur Jalan Thamarin, l'avenue du centre des affaires, bordée de tours de verre et d'acier, où se trouvent quelques uns des plus luxueux hôtels de la ville. On y a vu des employés jeter des pierres sur les camions militaires et des « cols blancs » refuser de s'écarter devant les soldats, qui ont dû tirer en l'air pour se dégager. Dans la soirée, nombreux sont les employés qui ont choisi de passer la nuit sur place, dans leurs bureaux. La contestation a également gagné les quartiers populaires où les dégâts matériels sont considérables. Des émeutes ont également secoué plusieurs autres villes, notamment Yogyakarta, à l'est de Java, et Bandoun, la ville de la technologie, à l'ouest. Officiellement, pourtant, les autorités considèrent qu'il ne se passe rien, qu'il « n'y a pas eu de morts »...
jeudi 14 mai
Une journée de chaos à Jakarta : les émeutes ont tourné au pillage dans les quartiers commerciaux et dans la ville. Plus de 250 personnes ont trouvé la mort dans l'incendie de deux grands magasins et deux centres commerciaux. La plupart sont des jeunes gens, qui auraient été victimes de leur propre vandalisme. Les magasins d'appareils électroniques et électroménagers ont fourni un butin de choix à des milliers de pillards sous les yeux de soldats restant l'arme au pied. On a même vu des employés de la Bali Bank lancer des liasses de billets de 10 000, 20 000, 50 000 roupies aux manifestants pour les dissuader de prendre les locaux d'assaut. La foule n'a pas épargné la maison et le siège bancaire de l'homme le plus riche du pays, le Chinois Liem Sioe Liong, alias Salim Sudomo, l'un des plus anciens associés d'affaires du président Suharto. Selon certains témoins, alors que les policiers étaient systématiquement pris à partie, insultés, voire lapidés, par les émeutiers, les militaires, eux, étaient applaudis.
nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mai
Le président Suharto est de retour en Indonésie.
vendredi 15 mai
Suharto a écarté toute idée de démission et exigé des forces de l'ordre qu'elles mettent un terme à tous les actes de violence. Il a aussi annoncé l'annulation des hausses de prix des carburants, mesure qui avait suscité la flambée de violence.
samedi 16 mai
Près de 500 personnes auraient trouvé la mort cette semaine à Jakarta. Ce chiffre a été communiqué par un porte-parole de l'armée. Le bilan final ne sera vraisemblablement jamais connu. Un calme relatif règne maintenant mais la tension était toujours présente. Les étrangers, occidentaux et asiatiques, continuent à fuir la capitale. Le président Suharto a réaffirmé vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte, précisant qu'il ne reculerait pas devant le risque d'une confrontation, en recourant, s'il le faut, aux pleins pouvoirs. Le président a toutefois engagé la refonte du gouvernement.
dimanche 17 mai
Le calme semble être revenu avec le déploiement de l'armée à Jakarta. S'il est vrai qu'un certain nombre de généraux à la retraite ont appelé publiquement Suharto à se retire, aucun appel de ce genre n'est venu des rangs des officiers d'active. Les étrangers, qui n'ont pas confiance, continuent à fuir la capitale. La communauté japonaise, la plus nombreuse (20 000 personnes), va disposer, pendant trois jours, d'un véritable pont aérien avec onze vols spéciaux au départ de la capitale indonésienne.
lundi 18 mai
Le président du Parlement, M. Harmoko, a révélé que les quatre partis représentés au Parlement allaient se réunir le 19 mai afin « d'exhorter Suharto a démissionner pour l'intégrité et l'unité de la nation ». Dans l'après-midi, le général Wiranto, ministre de la Défense et chef des forces armées, a déclaré à la presse que l'appel du Parlement n'avait « pas de base légale ». Il a également expliqué que l'armée allait s'efforcer de constituer un Conseil de réforme afin de travailler avec le Parlement et « des figures publiques significatives ». De son côté, le général Syarwan Hamid, chef de la faction parlementaire de l’armée, a demandé la démission de Suharto. Sans attendre l'évolution de la situation, les Indonésiens ont fait le siège des banques pour retirer des fonds.
mardi 19 mai
Dans la matinée, dans une allocution télévisée, le chef de l'Etat, qui cherche manifestement à gagner du temps, a expliqué que « démissionner n'est pas un problème » mais que son départ ne résoudrait sans doute pas la crise. Il a donc promis d'appliquer « un train de réformes à l'échelle nationale » et de préparer des élections pour lesquelles il ne serait pas candidat, mais sans fixer aucune échéance précise. Rien là qui puisse calmer les esprits. C'est pourquoi les opposants, et en particulier le second groupe musulman du pays (28 millions d'adhérents), ont confirmé leur appel à la manifestation pour le 20 mai, en dépit des mises en garde du général Wiranto, qui a dit craindre le pire. Le commandement militaire du centre de Java, pour sa part, a ordonné de tirer à vue sur les éventuels émeutiers. Les étudiants se disent « prêts à mourir ». Dans la journée, toutefois, l'armée a laissé 15 000 étudiants manifester jusque sur les toits du Parlement sans intervenir.
mercredi 20 mai
La grande manifestation qui devait réunir un million de manifestants à Jakarta a été annulée par ses organisateurs par crainte d'un bain de sang. Pour la première fois, les Etats-Unis ont demandé à Suharto de démissionner. Dans la soirée, le FMI a annoncé la suspension provisoire d'un prêt en cours de plusieurs milliards de dollars à l'Indonésie, dans l'attente de la fin des troubles. La roupie indonésienne a touché un plancher historique, à 17 000 pour un dollar.
nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mai
Le ministre de la Défense, le général Wiranto fait pencher la balance. Avec le soutien des principaux responsables de l'armée, il a placé Suharto devant l'alternative : démission ou destitution.
jeudi 21 mai
Après 32 années d'un pouvoir sans partage, Haji Mohamed Suharto (76 ans) a passé la main en quelques minutes d'une brève déclaration télévisée en direct, dans la matinée : « Je cesse d'être président ». Une déclaration aussitôt accueillie par les explosions de joie de milliers d'étudiants qui réclamaient cette démission. Mais Suharto a délégué ses pouvoirs à son dauphin, Bacharruddin Jusuf Habibie (61 ans), ingénieur en aéronautique, vice-président depuis février après avoir été ministre de la Recherche et de la Technologie pendant 20ans. Le successeur est qualifié de « fils spirituel » du dictateur déchu. « La lutte continue », déclarait-on rapidement dans les rangs étudiants. Dans la soirée, le président Habibie a promis dans son premier discours de chef d'Etat, d'engager des réformes économiques, politiques et juridiques nécessaires, avec un « gouvernement apuré, libéré de l'inefficacité et des pratiques de corruption, de collusion et de népotisme ». Principal leader de l'opposition, Amien Rais (44 ans) s'est aussitôt déclaré candidat à la présidence de la République. L'armée a annoncé de son côté qu'elle soutenait, pour l'instant, la nomination d'Habibie et qu'elle ne voulait plus de manifestations.
vendredi 22 mai
Le président Habibie a formé son premier gouvernement. Sans trop de mal : 19 de ses 36 ministres faisaient déjà partie du précédent. Parmi eux, le général Wiranto conserve la Défense. Autre poids lourd, le « super-ministre » de l'Economie, des Finances et du Développement : Ginandjar Kartasasmita a l'oreille du FMI, qui compte sur lui pour remettre l'économie indonésienne sur ses rails. Avec un programme de prêts de 43 milliards de dollars. Autre restant, le ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, en poste depuis quinze ans : un défenseur de l'intégration de Timor dans l'ensemble indonésien. Habibie a intégré dans son équipe des représentants de trois partis autres que le Golkar au pouvoir depuis trois décennies et des membres de la « société civile ». Le choix le plus significatif est celui du général Syarwan Hamid, l'un des chauds partisans du départ de Suharto : après avoir été vice-président du Parlement, il prend le ministère de l'Intérieur à Hartono, un ami de la fille aînée de Suharto. Deux piliers du système Suharto ont été laissé sur place : le multimillionnaire Mohamad « Bob » Hassan et la fille aînée de Suharto, « Tutut », qui était en charge des Affaires sociales. L'opposition, qui a refusé de servir de force d'appoint à un gouvernement qu'Habibie aurait bien voulu consensuel, réclame des élections rapides, la libération des prisonniers politiques (plus de deux cents) et la citation de Suharto en justice.
nuit du vendredi 22 au samedi 23 mai
Les étudiants ont été « évacués » du Parlement, qu'ils occupaient depuis cinq jours, par quelque 3 000 militaires et policiers, mais « sans violences majeures ». Ces étudiants, fer de lance du « mai » de Jakarta, veulent, on le sait, le départ d'Habibie et l'instauration d'une authentique démocratie. Visiblement, c'est un nouveau bras de fer qui s'annonce, avec le général Wiranto cette fois.
samedi 23 mai
Au moment même où il prêtait serment, le nouveau cabinet du président Habibie était remis en cause. Et pas par n'importe qui : Ginanjar Kartasasmita, poids lourd de la nouvelle équipe (Economie, Finances et Industrie), a jeté le doute sur la longévité du gouvernement Habibie. Peu après avoir prêté serment, il a en effet déclaré qu'il était « nécessaire de procéder le plus rapidement possible à des élections générales ». Une centaine d'étudiants ont manifesté dans le calme à Jakarta. Ils portaient des banderoles sur lesquelles on lisait « rejetez Habibie ». D'autre part, le ministre de la Justice a déclaré que « le gouvernement doit accorder l'amnistie aux prisonniers politiques, annuler leurs condamnations et les réhabiliter, car les crimes politiques sont quelques choses de très subjectif ».
dimanche 24 mai
Des milliers d'Indonésiens, pour la plupart d'origine chinoise, et des étrangers qui avaient fui Jakarta menacée par les émeutes, ont amorcé leur retour, laissant espérer une reprise assez rapide de la vie économique. A la télévision, le leader musulman Amien Rais estimait que le nouveau Président semblait avoir « compris les aspirations du peuple ». A le croire, Jusuf Habibie envisage effectivement de préparer les élections que réclament les étudiants et l'opposition : « Il l'a dit qu'il faudrait au moins six mois pour mettre des réformes en œuvre, y compris des lois pour des élections réellement démocratiques et pour établir un Parlement très stable ». Les premières démissions spontanées commencent à être enregistrées : la plus jeune parlementaire du parti au pouvoir, Lilik Herawaty (21 ans), fille d'un président de la région, a donné sa démission dans la soirée.
lundi 25 mai
Jusuf Habibie a fait savoir, par le porte-parole du gouvernement, qu'il était « prêt à organiser des élections dès que possible ». Il n'a cependant avancé aucune date, fixé aucun calendrier, pas même provisoire, ce qui n'est pas de nature à satisfaire l'opposition. De même, cette dernière juge insuffisante les deux mesures d'amnistie dont bénéficient le dirigeant syndical Muchtar Pakpahan et le député Sri Bintang, condamnés pour avoir diffamé l'ancien président Suharto. Une centaine de personnes ont manifesté devant la prison de Cipinang, dans la banlieue de Jakarta, réclamant la libération immédiate des prisonniers politiques, dont le nombre est estimé deux cents. Par ailleurs, Junus Habibie, frère du nouveau président, a quitté la présidence de l'Autorité du développement industriel de Batam, dans lequel le gouvernement a investi des milliards de dollars.
mardi 26 mai
Les démissions importances continuent : Ilham Habibie, l'un des fils du nouveau président, qui occupait un poste de directeur général dans une agence gouvernementale qu'a présidée son père, a donné sa démission. Dans une note distribuée à la presse, le général Wiranton, ministre de la Défense, a informé que sa femme et sa fille avaient démissionné de leurs sièges à l'Assemblée consultative du peuple, l'instance suprême qui élit le président de la république. A ceux qui tardent à comprendre que le vent a tourné, le président adjoint du Golkhar, le parti au pouvoir, a fait savoir que la principale formation politique du pays allait « s'autonettoyer de la corruption, de la collusion et du népotisme, afin de se conformer à l'exigence générale de réformes totales ». D'autre part, le président Habibie, accompagné de son épouse, a rendu visite à la communauté chinoise victime des récentes émeutes.
mercredi 27 mai
Une émeute a éclaté à Tanjugbalai, dans le nord de l'île de Sumatra.
jeudi 28 mai
Jusuf Habibie a annoncé des élections générales pour 1999. Une échéance beaucoup trop lointaine, a aussitôt fait savoir l'opposition. La situation reste tendue : plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté devant le Parlement, à Jakarta. Les émeutes qui continuent à Tanjugbalai ont fait un mort et quatorze blessés. Des violences ont par ailleurs éclaté à Jeneponto, aux Célèbes.
vendredi 29 mai
Des intellectuels et des personnalités ont créé, à Jakarta, un organisme indépendant pour enquêter sur les fonds publics indonésiens détournés ces dernières années. Les données seront, le cas échéant, transmises « aux autorités concernées ». Le deuxième fils et le mari de la fille aînée de Suharto ont démissionné de leurs postes de président-directeur et de directeur général du groupe Bimantara (télécommunications, médias, automobile, industrie chimique et immobilier).
mercredi 3 juin
Selon la Commission indonésienne des droits de l'homme, les troubles de la mi-mai ont fait plus de 1 000 morts, soit le double du bilan officiel des victimes. La Commission, organisme gouvernemental, demande qu'une « enquête minutieuse » soit ouverte sur les raisons pour lesquelles les forces de l'ordre ne sont pas intervenues plus rapidement pour mettre un terme aux émeutes.
lundi 8 juin
Une manifestation s'est déroulée à Jakarta, à l'initiative des étudiants, pour exiger la dissolution des trois seuls partis tolérés par l'ancien régime de Suharto, et notamment le parti au pouvoir, le Golkhar.
mercredi 10 juin
Le nouveau président Jusuf Habibie se dit prêt à octroyer un statut spécial au Timor-Oriental, l'ancienne colonie portugaise annexée par Suharto en 1975. L'Indonésie pourrait notamment reconnaître la spécificité de ce territoire et y favoriser la liberté religieuse, principalement catholique. Les indépendantistes du Timor-Oriental ont accueilli cette déclaration avec scepticisme.
jeudi 11 juin
Plus de 4 000 étudiants, arrivés à bord de nombreux autobus, ont de nouveau manifesté devant le Parlement de Jakarta. Ils exigent des changements démocratiques plus rapides, la comparution de Suharto pour corruption, la baisse des prix des denrées alimentaires et la création d'un « comité du peuple », pour remplacer le Parlement en attendant les élections générales.
vendredi 12 juin
Le régime indonésien a fait un geste en direction du Timor-Oriental en libérant une quinzaine d'indépendantistes embastillés. En fait, la peine de plusieurs d'entre eux expirait le 13 juin... et d'autres n'avaient pas encore été incarcérés ! Habibie refuse de libérer Xanana Gusmao, l'ancien chef du Front de libération du Timor-Oriental (Fretilin) qui purge, à Jakarta, une peine de vingt ans de prison. Le nouveau pouvoir n'a pas hésité à recourir au bâton pour faire rentrer dans le rang quelque 1 500 étudiants timorais qui manifestaient devant le ministère des Affaires étrangères à Jakarta. Mille soldats ont chargé les étudiants. Leur intervention a été rapide et violente. Plusieurs étudiants ont été arrêtés ou ont été blessés.
lundi 15 juin
Des émeutes se sont produites dans trois villes de Java, où des commerces, des lieux de culte et des bureaux ont été pillés. Partout, les manifestants exigent la démission de responsables locaux accusés de corruption. A Cianjur, à quatre-vingt kilomètres au sud de Jakarta, 15 000 manifestants ont pris d'assaut le Parlement local. A Tegal, à trois cents kilomètres de Jakarta, mécontents du refus des étudiants de se joindre à eux, les manifestants ont investi l'université et incendié des véhicules. A Tuban, c'est une nouvelle fois la communauté chinoise qui a été la cible des manifestants.
mardi 23 juin
Les ambassades à Jakarta ont demandé dans la soirée à tous les étrangers présents sur place de rester prudemment à l'écart des manifestations annoncées pour le 24 juin pour exiger que le président Habibie cède le pouvoir à un gouvernement de transition. Le commandant militaire de Jakarta a lancé cet avertissement aux manifestants : « Quiconque a l'intention de perturber la sécurité devra faire face à mes troupes. J'ai donné l'ordre d'avertir d'abord, puis d'écraser si nécessaire... »
A Timor, des milliers de personnes ont défilé en voiture dans les rues de Dili pour appeler à des réformes et au dialogue. Les manifestants, pour la plupart des étudiants et des jeunes, ont conduit un cortège de centaines de camions, bus, voitures, motos jusqu'au siège du gouvernement local pour rencontrer le gouverneur nommé par Jakarta, Jose Osorio Abilio Soares.
mercredi 24 juin
A Jakarta, le président Habibie a rencontré Mgr Ximenes Felipe Belo, évêque de Dili, colauréat du prix Nobel de la paix et ardent défenseur des droits de l'homme et de la cause du Timor-Oriental. Lors d'un entretien de deux heures, le président a annoncé que les Indonésiens « étudieront le problème » de la présence militaire dans l'île : quelque 20 000 soldats pour 800 000 habitants ! Et qu'ils « retireront graduellement » les troupes. C'est la première concession majeure de Jakarta dans l'affaire du Timor-Oriental. Jakarta envisage également d'accorder une certaine autonomie en matière d'éducation, d'économie et de culture. Mais le pouvoir indonésien ne s'engage à rien. Il promet seulement d'étudier et n'avance aucun calendrier.
vendredi 26 juin
L'arrivée de la mission diplomatique européenne au Timor-Oriental, la première du genre admise dans l'ancienne colonie portugaise, n'est pas passée inaperçue. Dans la soirée, cinq cents opposants à la mission, soutiens du gouvernement indonésien, ont accueilli à l'aéroport de Dili les trois ambassadeurs puis se sont heurtés à des étudiants manifestant pour l'indépendance du Timor. Après l'intervention des forces de sécurité, on a dénombré un mort et quatre blessés.
samedi 27 juin
24 000 bébés tortues hachés menus destinées à la consommation humaine. Un véritable scandale a éclaté en Indonésie où une enquête a été déclenchée sur l'exportation, vers Singapour, de cette chair de tortue. Les autorités cherchent à savoir qui est la compagnie exportatrice et affirment qu'il est temps de mettre fin au massacre de ces animaux.
dimanche 28 juin
Les ambassadeurs européens en mission d'observation au Timor-Oriental ont dû renoncer à assister à un office religieux ainsi qu'à une visite à l'université. 6 000 personnes manifestaient pour l'indépendance du Timor-Oriental.
lundi 29 juin
La visite de la mission diplomatique européenne au Timor-Oriental a fait une nouvelle victime : un fermier de trente-cinq ans qui se trouvait dans un groupe de manifestants attendant la mission, à Baucau. Il a été tué par un agent de sécurité qui suivait les deux voitures officielles, dont le véhicule avait été malmené par la foule criant des slogans indépendantistes. L'agent l'a abattu à bout portant et ses collègues ont tiré sur la foule au fusil-mitrailleur, faisant cinq blessés dont l'un a été grièvement atteint.
mardi 30 juin
Le président Habibie a signé un décret expulsant 41 membres de l'Assemblée consultative populaire. Le vice-président de l'Assemblée a présenté cette mesure (qui vise d'anciens ministres, des hommes d'affaires influents, des épouses d'anciens responsables politiques ou de responsables toujours en fonction), comme étant destinée à « nettoyer l'Assemblée du népotisme, de la corruption et de la collusion ». Quatre des enfants de Suharto conservent cependant leurs postes.
jeudi 2 juillet
L'Indonésie n'est plus en mesure de satisfaire les demandes de passeports de ceux qui veulent quitter le pays, pour la plupart des Indonésiens d'origine chinoise qui ont choisi de partir après les émeutes de mai dont ils ont été la cible. L'imprimeur officiel ne peut fabriquer quotidiennement que 5 000 passeports et les employés de l'immigration travaillent jusqu'à vingt-deux heures par jour pour répondre à la demande. En juin, près de 35 000 documents ont été délivrés, contre 15 000 le mois précédent.
vendredi 3 juillet
Des incidents ont éclaté en Irian Jaya, à Sorrong, lorsque quelques manifestants ont tenté de hisser le drapeau de l’OPM, le Mouvement de la Papouasie libre ; les heurts avec la police auraient fait un mort et cinq blessés.
Quarante soldats ont été arrêtés cette semaine. L'autorité militaire les soupçonne d'être impliqués dans des enlèvements de militants politiques et d'étudiants au cours des mois passés. Le porte-parole du quartier général des forces armées s'est cependant montré très évasif sur les chances de retrouver les personnes enlevées : « Cela prend du temps, ce n'est pas facile... »
dimanche 5 juillet
Manifestation des étudiants de l’université de Jayapura, la capitale de l’Iran Jaya. L’intervention de la police a fait deux blessés, dont l’un gravement touché à la tête.
lundi 6 juillet
De nouveaux heurts ont eu lieu en Irian Jaya, dans le port de Biak cette fois, où plusieurs centaines de manifestants ont hissé « l’Etoile du matin », le drapeau de l’OPM. La police a tiré sur la foule, faisant au moins trois morts et cent quarante et un blessés. Près de cent cinquante personnes ont été arrêtées.
vendredi 10 juillet
Le mont Merapi, sur l’île de Java, a soulevé ses dômes de lave refroidie.
samedi 11 juillet
Le parti du Golkhar a nommé à sa tête un réformiste et a rompu ses liens avec l’ancien président Suharto. Le Conseil des Anciens, l’un des trois organes du Golkar, que présidait encore Suharto et qui avait droit de veto sur toutes les décisions du parti, a été aboli. Akbar Tanjung, cinquante-trois ans, secrétaire d’Etat dans le gouvernement du nouveau président Habibie, est désormais le patron du Golkar. Dans son premier discours, Akabar Tanjungu s’est engagé à « sauver l’économie » et à « respecter les accords signés avec les organismes internationaux tels que le FMI ».
Le président Habibie a détaillé « l’offre globale » qu’il propose à la communauté internationale sur le dossier du Timor-Oriental. Contre la reconnaissance que l’ancienne colonie portugaise annexée en 1976 fait bien partie de l’Indonésie, le successeur de Suharto propose l’octroi d’un statut spécial d’autonomie et la libération de tous les prisonniers timorais, dont le leader Xamana Gusmao, condamné à vingt ans de détention. Cette « offre globale » intervient alors que Timor est en proie à un exode important de colons indonésiens, installés par le gouvernement dans l’île, ces dernières années. Près de 50 000 d’entre eux auraient déjà fui le territoire, inquiets d’une reprise des combats entre l’armée indonésienne et la rébellion.
Deux villages des alentours du volcan Merapi ont été ensevelis sous les cendres de l’éruption. Les autorités de la province de Jogyakarta se préparent à évacuer quelque 6 000 personnes.
vendredi 17 juillet
En recevant l’évêque timorais Carlos Bilo, prix Nobel de la paix, deux leaders de l’opposition indonésienne, Megawati Sukarnoputri et Abdurrahman Wahid, ont exprimé leur soutien à la cause défendue par le religieux : l’organisation d’un référendum sur l’indépendance du Timor oriental.
samedi 18 juillet
Plus de 3 000 personnes ont fui les villages installés sur les flancs du mont Mérapi.
dimanche 26 juillet
L’ASEAN (Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos et Birmanie) supplie les Occidentaux de l’aider dans ses restructurations et dans l’étalement de sa dette et d’investir chez elle.
lundi 27 juillet
En dépit de l’interdiction du gouvernement, Megawati Sukarnoputri, la principale figure de l’opposition, a commémoré, à Jakarta et à Jogjakarta (respectivement, 25 000 et 50 000 manifestants), la violente répression du mouvement organisé en sa faveur en 1996.
Trois cents quatre-vingt dix-huit soldats indonésiens ont quitté le Timor-oriental.
lundi 3 août
Onze partis indonésiens ont formé une alliance destiné à empêcher le Golkar, le parti de l’ex-président Suharto qui appuie maintenant son successeur Jusuf Habibie, de remporter les élections législatives anticipées, prévues l’an prochain.
mercredi 5 août
Après quinze ans de négociations sous l’égide de l’ONU, le Portugal et l’Indonésie sont tombés d’accord, à New York, pour « des discussions en profondeur à propos d’un statut spécial, fondé sur une large autonomie, pour le Timor oriental ». L’ancienne colonie portugaise a été envahie, puis annexée en 1976, par l’Indonésie, qui précise que, pour l’instant, la libération du leader indépendantiste timorais Xanana Gusmao reste exclue.
lundi 10 août
Dans la soirée l’Indonésie a fait défaut sur, au moins, trois échéances de sa dette, tout en payant les intérêts.
Six cents soldats indonésiens ont quitté le Timor-oriental. Par ailleurs, l’armée a ouvert le feu sur des villageois timorais à Bobonaro, à cent soixante-cinq kilomètres à l’ouest de Dili.
mardi 11 août
L’Indonésie affirme avoir « commencé à reéchelonner sa dette ».
mardi 25 août
Sept cents étudiants de Dili (Timor-oriental) se sont donnés rendez-vous à Bobonaro.
vendredi 28 août
La carrière météorique de Prabowo Subianto, quarante-sept ans, le plus jeune général que l’Indonésie ait jamais connu, s’est brisé net, avec son renvoi de l’armée. Gendre du président déchu Suharto, Prabowo commandait les redoutés Kopassus, les Forces spéciales indonésiennes accusées de dizaines de meurtres et de disparitions. La décision de chasser Prabowo aurait été hâtée par sa tentative de pénétrer, pistolet au poing, escorté d’hommes en armes, dans le bureau du président Habibie : Prabowo espérait ainsi récupérer son poste de commandant en chef des Forces stratégiques qu’il avait perdu son poste de commandant en chef des Forces stratégiques qu’il avait perdu, juste après la chute de Suharto. L’ex-général risque maintenant la Cour martiale pour les exactions des Kopassus. Mais il n’est pas sûr que la haute hiérarchie militaire, restée en place, ait vraiment envie d’un procès qui pourrait rapidement tourner au grand déballage.
vendredi 4 septembre
L’équipe d’investigation de la police de Jakarta a pris en flagrant délit neuf marchands qui s’apprêtaient à faire passer en contrebande 1 900 tonnes de riz du port indonésien de Sunda Kelapa (l’un des ports de Jakarta) vers le Sarawak, l’un des Etats de la Fédération de Malaisie. Ce trafic, organisé par un certain Lim Apeng, est devenu une pratique courante. La police de Semarang (autre ville de Java) va poursuivre ces « bandits du riz » en utilisant la loi antisubversion de 1963, qui peut faire encourir une peine de vingt ans de prison ou la peine de mort.
dimanche 6 septembre
L’ancien président Suharto a affirmé ne pas avoir un centime. Ce qui a déclenché un tollé dans l’opinion publique. Au point que son successeur, le président Habibie, n’a pu faire autrement que d’ordonner un interrogatoire sur la colossale fortune qu’il est accusé d’avoir accumulée en trente-deux années de pouvoir absolu.
lundi 7 septembre
Des centaines d’étudiants venus de toute l’Indonésie ont manifesté dans le centre de Jakarta, pour exiger la démission du président Habibie et la mise en place d’un régime de transition. Un vaste dispositif de sécurité avait été mis en place devant le Parlement dont les manifestants ont pourtant réussi à abattre les grilles. C’est la première manifestation d’une telle importance depuis celles de mai.
mardi 8 septembre
A Jakarta, la police a dû charger les manifestants devant le Parlement. Deux d’entre eux ont été sérieusement blessés à coups de baïonnette.
mercredi 9 septembre
A l’appel du « Forum Kota », la même coordination étudiante qui les avait mobilisé avant les journées décisives de mai, des milliers d’étudiants attendaient le nouveau Président indonésien à Surabaya, la deuxième ville du pays, à l’extrémité est de la grande île de Java, où il venait inaugurer, au stade, la « Journée nationale du sport ». Aux cris de « Baisse les prix ou va-t‘en » et de « Habibie démission », ils ont contraints son cortège de voitures à marcher au pas, retardant d’une bonne demi-heure le début officiel des cérémonies. Les pillages des entrepôts et des magasins ont repris dans le pays. Un quotidien de Jakarta affirme qu’en deux jours plus de 3 000 tonnes de riz et 1 500 tonnes de sucre ont ainsi été volées dans la province du Kalimantan-ouest (Bornéo).
Cinq anciens partis indépendantistes du Timor oriental se sont regroupés pour former le Conseil national de la résistance du peuple du Timor oriental. Xamana Gusmao, dirigeant rebelle emprisonné, a été nommé à la tête de ce nouveau parti.
vendredi 11 septembre
Frappé de plein fouet par un an de crise, l’Indonésie s’est engagée face au FMI, qui lui a accordé un ballon d’oxygène de deux cents cinquante-huit milliards de francs, à développer son programme de distribution de riz subventionné. Le prix du riz flambe depuis plusieurs semaines : + 20 %, jusqu’à 5 000 roupies le kilo.
lundi 14 septembre
Alors que des milliers de salariés des transports publics se sont mis en grève à Medan (Sumatra) pour protester contre la hausse des prix, des centaines d’émeutiers ont mis à sac un centre commercial.
lundi 21 septembre
La Bourse de Jakarta a chuté de 5,45 %.
jeudi 8 octobre
Megawati Sukarnoputri a ouvert le congrès de son parti à Bali malgré les efforts du gouvernement pour empêcher la réunion. un million de sympathisants sont venus de tout le pays. Seuls 50 000 ont pu assister au discours de leur dirigeante.
jeudi 15 octobre
Le ministre indonésien de l’Agriculture a déclaré que l’Indonésie, majoritairement musulman, ne peut être gouverné par un hindou. Ces propos visent l’opposante Megawati Sukarnoputri, musulmane mais d’ascendance hindoue, très populaire à Bali.
samedi 24 octobre
Les Balinais, hindouistes, ont menacé de réclamer leur indépendance si le ministre de l’Agriculture ne démissionne pas.
mercredi 4 novembre
Les neuf pays membres de l’ASEAN ont décidé d’avancer à 2003 la libéralisation totale des investissements intrarégionaux, initialement prévue pour 2010.
jeudi 5 novembre
Soupçonné d’avoir dirigé la répression des manifestations antigouvernementales de mai dernier, qui a fait 1 200 morts, le général Probowo, gendre de Suharto, a fui le pays, a annoncé son frère.
lundi 9 novembre
Le massacre de plusieurs dizaines de personnes a été annoncé à Alas, dans le sud-ouest du Timor-Oriental. En fait, il s’agit d’une rumeurs de faits déformés et démesurément amplifiés.
mardi 10 novembre
Les 1 000 membres du Congrès du peuple se réunissent pendant quatre jours pour poser les bases d’une libéralisation de la politique. Le Congrès devrait avaliser la date des prochaines élections parlementaires et présidentielle, en 1999, et limiter à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. Les étudiants, qui doutent de la volonté réelle des congressistes, ont manifesté dans les rues de Jakarta. Ils ont trois revendications principales : le retour de l’armée dans ses casernes, le départ d’Habibie et l’ouverture d’une enquête sur l’enrichissement passé de Suharto et des siens.
mercredi 11 novembre
Des incidents ont éclaté dans le centre de Jakarta où des étudiants manifestaient, pour le deuxième jour consécutive, alors que se poursuivait la session extraordinaire de l’Assemblée constitutive du peuple. Devant la pression des manifestants, l’armée a ouvert le feu, en l’air semble-t-il. On compte pourtant des blessés, mais aucun par balle : une voiture d’étudiant serait entrée dans un cordon militaire et un officier et six soldats ont été hospitalisés. Les étudiants craignent que l’assemblée n’engage pas vraiment la réforme de la vie politique indonésienne.
jeudi 12 novembre
Jakarta s’est enfoncée, à la tombée de la nuit, dans la violence. Les forces de l’ordre ont utilisé leurs armes, des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de milliers de manifestants. Quelque trois morts, et cent blessés ont hospitalisés. Les étudiants ont été rejoints par d’autres couches de la population. Plusieurs cortèges se dirigeaient vers le Parlement lorsqu’ils ont été brutalement repoussés par une charge des forces de l’ordre.
vendredi 13 novembre
Alors que dans la matinée, le général Wiranto, ministre de la Défense et de la Sécurité, avait demandé à la population de reprendre ses occupations, menaçant très clairement d’une réaction extrêmement ferme de ses hommes, les affrontements ont repris quelques heures plus tard à Jakarta, faisant au moins onze morts (dont trois par balles) et des dizaines de blessés. Une fois de plus, Wiranto a fait donner ses troupes contre les étudiants. A vingt-deux heures, l’armée poursuivait son ratissage et prenait position autour de l’université catholique Atmajaya, où se sont réfugiés plus d’une centaine de manifestants. Dans la soirée, l’assemblée consultative s’est séparée après avoir institutionnalisé - par 784 voix contre 123 - le rôle politique de l’armée, ce qui risque de ne pas arranger les choses. L’opposition politique a demandé - en vain - que les travaux de l’assemblée ne soient pas suspendus, craignant d’ouvrir ainsi la voie aux lois d’urgence et à… une junte militaire. Les Etats-Unis ont appelé « les deux parties à faire preuve de retenue… »
samedi 14 novembre
10 000 personnes, étudiants et simples citoyens, se sont rassemblées devant le siège du parlement de Jakarta pour rendre hommage aux morts de la veille. Les manifestants étaient escortés par les troupes de la marine. La présence inattendue de ces troupes d’élite aux côtés des protestataires a alimenté les spéculations sur d’éventuelles disputes au sein des forces armées. Appelée à la rescousse et à la fermeté par le président Habibie, l’armée n’a pu contenir les protestataires. Les pillages se sont poursuivis toute la journée et dans la soirée. Les incidents se sont étendus à l’aéroport international et l’ont rendu inaccessible. Une petite dizaine d’autres villes ont été la proie de pillages ; ainsi que l’aéroport international de Bali. Partout dans le pays, les manifestants réclament la démission du général Wiranto, confirmé quelques heures plus tôt dans ses fonctions par Habibie. Des personnalités, connues pour leur attitude critique envers le pouvoir ont été convoquées et entendues par la police. Dans la soirée, dans un discours télévisé, le président Habibie a choisi la fermeté plutôt que le dialogue avec l’opposition, ce qui présage de nouveaux affrontements.
dimanche 15 novembre
Un calme précaire est revenu à Jakarta. L’armée s’est concentrée sur la protection du palais présidentiel et de quelques bâtiments stratégiques. Certaines rues sont toujours coupées par des barricades.
dimanche 22 novembre
Armés de coutelas, de bâtons et de sagaies faites de bambous acérés, des manifestants se réclamant de l’islam ont attaqué deux églises chrétiennes de Jakarta. Au moins six chrétiens ont été tués. L’église Christus Katapang de Kota, la vieille ville chinoise, a été dévastée. Cinq catholiques y ont été lynchés à mort par une foule en colère. Un peu plus tard, un autre catholique dont s’était emparé un groupe de musulmans a été jeté en pâture à la foule qui s’est acharné sur son cadavre. A l’origine de cette colère la rumeur, non fondée mais relayée par la télévision d’Etat, de l’attaque d’une mosquée. La minorité chinoise est majoritairement chrétienne en Indonésie.
lundi 23 novembre
Porte-parole de l’armée, Syamsul Maarif, a annoncé que quatre officiers passeront en conseil de guerre pour avoir passé à tabac des journalistes.
mardi 24 novembre
La situation reste tendue à Jakarta où plusieurs milliers d’étudiants ont à nouveau manifesté pour réclamer des réformes démocratiques. Le centre de la capitale était placé sous l’étroite surveillance de l’armée. Depuis la mi-novembre, les affrontements entre policiers et musulmans mais aussi entre musulmans et chrétiens ont fait plus de trente morts et quelque cinq cents blessés. On parle également d’assassinat de personnalités musulmanes modérées dans le centre et l’est de Java. Commandant la police militaire, le général Djasri Marin a révélé que cent soixante-trois militaires ont été emprisonnés après la répression des manifestations étudiantes qui, le 13 novembre, s’étaient soldées par quinze morts et plus de quatre cents blessés. Les autopsies des victimes ont révélé que certains éléments des forces de l’ordre, ce jour-là, ont utilisé des munitions de guerre, contrairement aux ordres exprès du ministre de la Défense et chef de l’armée, le général Wiranto. Le président Habibie a renouvelé sa confiance à ce dernier.
En apprenant l’assassinat de plus de quarante Timorais par les troupes indonésiennes depuis le début du mois, plus de 2 000 jeunes Timorais ont manifesté et occupé le bâtiment du gouvernement de la province.
vendredi 27 novembre
Scènes d’émeute dans le nord de Sumatra, à Tarutung.
lundi 30 novembre
Des milliers de Chinois qui manifestaient pour protester contre la destruction de 22 églises catholiques ont mis le feu à quatre mosquées et à plusieurs lieux de prière islamique, dans la ville de Kupang, dans la partie occidentale de l’île de Timor.
lundi 2 décembre
Certains dirigeants du Golkhar (parti au pouvoir) dont l’ancien vice-président du pays, Try Sutrisno, ont décidé de fonder un nouveau parti. Ils se démarquent ainsi du président Habibie.
mardi 3 décembre
Le président Habibie a fait savoir qu’il a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’ancien président Suharto, « soupçonné de corruption, collusion et népotisme ». Il a aussi annoncé que des élections générales auront lieu le 7 juin et que l’Assemblée consultative du peuple se réunira le 29 août. Le président cède enfin aux principales revendications de l’opposition. Le scepticisme reste cependant de mise dans la population qui ne voit là, pour l’instant, que des promesses destinées à gagner du temps (il y a déjà une enquête en cours concernant Suharto, ouverte en août, qui n’a pas donné grand chose).
mercredi 4 décembre
Suharto a déclaré qu’il était « prêt à répondre aux questions du procureur général » chargé d’enquêter sur sa fortune.
lundi 9 décembre
Suharto a été interrogé pendant près de quatre heures par les services du procureur général au sujet de son enrichissement personnel et de sa possible corruption.
vendredi 13 décembre
Le prix Nobel de la paix José Ramos Horta estime que, comme Pinochet, Suharto doit être jugé pour crime contre l’humanité.
mardi 17 décembre
Les militaires et les policiers indonésiens ont ouvert le feu pour disperser des milliers de manifestants massés près du Parlement pour réclamer des réformes démocratiques.
jeudi 19 décembre
Une foule d’un millier de personnes a attaqué à cous de pierres trois églises, une école catholique, une clinique et de nombreuses habitations, à Jakarta, au début du ramadan. Ces émeutes seraient liées aux frappes américaines sur l’Irak.
1999
samedi 7 janvier
Des glissements de terrain causés par des pluies torrentielles ont causé la mort de plus de cent personnes.
vendredi 8 janvier
La police a ouvert le feu contre des émeutiers à Karawang (à 80 kilomètres à l’est de Jakarta), faisant une victime, un étudiant de 20 ans. A l’origine des incidents, semble-t-il, une rumeur selon laquelle un chauffeur de cyclopousse avait été verbalisé la veille. Des centaines de personnes qui manifestaient devant le commissariat, ont ensuite attaqué plusieurs postes de police à coups de pierres, brisé des vitrines et pillé des magasins.
lundi 11 janvier
Plusieurs soldats ont été arrêtés dans le district d’Aceh du Nord, à Sumatra, pour avoir provoqué la mort, à la suite de tortures de quatre villageois de la province. Des dizaines d’autres ont été blessés. L’opération de l’armée faisait suite à une embuscade dans laquelle sept soldats avaient été massacrés, le mois dernier, par des paysans armés de faucilles et de couteaux.
jeudi 21 janvier
Une recrudescence de violences et d’affrontements religieux a fait près de trente morts à l’occasion de l’Aïd el Fitr, la fête de fin du ramadan. La tension est particulièrement vive à Ambon, la capitale des Moluques, où plusieurs dizaines d’étrangers ont été bloqués en raison de la fermeture au trafic civil de l’aéroport et du port. A Ambon, on compterait au moins 22 morts et des centaines de blessés. Des violences intercommunautaires ont été signalées dans au moins six autres endroits de cet immense pays de 350 ethnies réparties sur des dizaines de milliers d’îles.
mercredi 27 janvier
A la veille de la reprise à New York des négociations sur l’avenir du Timor-Oriental, le gouvernement indonésien a créé la surprise en affirmant qu’il était prêt à en abandonner le contrôle si la majorité de la population refusait le statut d’autonomie qui lui est proposé. Le représentant de la résistance timoraise à l’étranger, José Ramos-Horta, s’est déclaré « surpris et sceptique ». Il a assuré n’avoir aucune confiance dans la « bande de menteurs et de corrompus de Jakarta, qu’ils soient fidèles à Suharto ou à Habibie ». Autre signe de bonne volonté, le gouvernement a annoncé que les conditions de détention du chef historique de la guérilla timoraise, Xanana Gusmao, seraient améliorées. Il devrait être assigné à résidence. Pour autant, sur le terrain, la résistance timoraise assure que l’armée s’est renforcée. Récemment, des incidents ont éclaté à l’initiative de milices timoraises pro-indonésiennes formées et équipées par les militaires.
jeudi 28 janvier
La ville d’Ambon, où les violences religieuses ont fait plus d’une centaine de morts en une semaine, est sous le contrôle des militaires, qui en interdisent l’accès aux personnes étrangères.
dimanche 31 janvier
Selon la police indonésienne, les violences religieuses en Indonésie ont fait 105 morts en janvier, mais les estimations étrangères faisant état de « plusieurs centaines de morts » sont considérées comme plus exactes par certaines sources indonésiennes.
dimanche 7 février
Renversé par une grosse vague, le ferry Harta Rimba a coulé au large de la côte sud-ouest de Bornéo (à l’ouest de Pontianak). On déplore plus de 280 morts, pour 19 survivants (recueillis deux jours après le drame).
mercredi 10 février
Comme promis, Xanana Gusmao, leader de la rébellion timoraise, a été sorti de sa cellule et assigné à résidence dans une maison individuelle du centre de Jakarta baptisée « annexe pénitentiaire ». S’il n’est pas plus libre de ses mouvements, Gusmao peut désormais recevoir des visites et des coups de téléphone (il ne peut pas en donner).
jeudi 11 février
Le président indonésien Habibie a souhaité publiquement que le Timor-oriental devienne indépendant dès le début de l’an 2000. Le gouvernement indonésien affirme vouloir négocier une sortie pacifique de ce territoire.
dimanche 14 février
Des violences entre chrétiens et musulmans, dans la matinée, sur l’île d’Haruru, ont fait 7 morts.
du lundi 22 au mercredi 24 février
Une nouvelle flambée de violence à Ambon (Moluques) a fait 14 morts : des musulmans ont attaqué des maisons de chrétiens à la bouteille incendiaire ; et les forces de l’ordre ont tiré sur ceux qui, armés d’armes blanches traditionnelles, tentaient de riposter. Les victimes sont principalement des chrétiens.
mercredi 24 février
Au Kalimantan (partie indonésienne de Bornéo), des affrontements entre Malais et Madurais ont fait 5 morts, ces derniers jours. 38 maisons ont brûlé.
vendredi 26 février
Plusieurs centaines de chrétiens ont protesté à Ambon contre la « partialité » des forces de l’ordre aux cris de : « Ne tirez pas sur des innocents ». La province des Moluques a connu une quatrième journée consécutive d’affrontements : 3 300 maisons auraient été détruites en quatre jours. Et 8 000 « colons » auraient déjà regagné leurs îles d’origine.
jeudi 4 mars
Amien Rais, candidat islamiste (Parti du mandat national) potentiel à la présidence, aurait déclaré souhaiter une intervention américaine pour mettre fin aux émeutes à Ambon et dans d’autres régions indonésiennes, ce qu’il démentira dans les jours suivants.
vendredi 5 mars
Visite à Jakarta du secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright. Elle a rencontré Amien Rais.
vendredi 12 mars
Les Nations unies ont annoncé qu’un accord est intervenu entre le Portugal et l’Indonésie pour une consultation directe de la population du Timor oriental sur un projet d’autonomie de l’ancienne colonie portugaise annexée par l’Indonésie. Un dirigeant de la résistance timoraise a prédit un « rejet écrasant » de la proposition d’autonomie. L’Indonésie avait promis que, dans le cas, elle accorderait l’indépendance au territoire.
dimanche 14 mars
Le gouvernement a décidé de fermer 38 banques du pays et de prendre le contrôle de sept autres, après avoir pris la précaution d’indiquer que les dépôts de ces établissements étaient garantis par l’Etat. La mesure participe du sauvetage de l’économie locale, sinistrée par la crise financière qui touche l’Asie, aggravée par l’endettement faramineux des entreprises liées au pouvoir sous Suharto.
mercredi 17 mars
Des émeutes ont de nouveau éclaté dans la circonscription de Sambas (Bornéo ouest) entre Dayaks (chrétiens) et les immigrés de la minorité maduraise (musulmans).
vendredi 19 mars
Des affrontements entre colons et indigènes, dans la partie indonésienne de Bornéo, ont fait près de 70 morts en moins d’un mois, dont une cinquantaine cette semaine. Les heurts se multiplient en raison de l’aggravation de la crise économique et de la faiblesse croissante du gouvernement central et de l’armée.
lundi 22 mars
Visite officielle à Jakarta du Premier ministre cambodgien, Hun Sen.
mardi 23 mars
Après l’arrivée de centaines de militaires, le calme est revenu à Sambas. Les émeutes ont fait plus de 250 morts.
du mercredi 31 mars au dimanche 4 avril
De nouveaux affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait trente morts et de nombreux blessés dans l’archipel des Moluques. Les violences ont commencé à Tual, la principale ville du district, avant de gagner les îles de Larat et Kei Besar.
samedi 3 avril
Le leader est-timorais Xanana Gusmao, en résidence surveillée, accuse l’armée indonésienne de fournir des armes aux milices pro-indonésiennes. Il réclame la présence d’une force internationale durant toute la période de transition.
lundi 5 avril
Xanana Gusmao appelait ses partisans, depuis quelques mois, à faire preuve de retenue et à ne pas répondre aux provocations de l’armée indonésienne ou des milices qui la soutiennent. Une attaque des milices pro-indonésiennes contre les rebelles est-timorais ayant fait, ces jours-ci, 17 tués parmi les indépendantistes, Gusmao a fait passer par son avocat un appel « aux combattants de l’indépendance et à tout le peuple » du Timor-Oriental à prendre les armes contre les forces armées et les groupes paramilitaires. Il lance cet appel alors qu’une mission de l’ONU vient de commencer ses travaux pour préparer un processus de consultation sur l’avenir de cet ancien territoire portugais. Les liaisons téléphoniques sont coupées avec le village de Liquisa, à moins de 50 kilomètres de Dili, ou des affrontements feraient rage entre indépendantistes et miliciens, soutenus et encadrés par l’armée indonésienne.
mardi 6 avril
Dans la soirée, Mgr Ximenes Belo, évêque de Dili et prix Nobel de la paix, a annoncé la mort de 45 personnes à Liquisa, victimes d’« éléments non identifiés » ayant ouvert le feu et jeté des grenades sur une foule de 2 000 fidèles réunis dans l’église. Des journalistes, qui se sont rendus sur place, ont mis en doute les faits rapportés par l’évêque et surtout le bilan, qui serait de cinq morts selon d’autres sources. L’évêque et le Portugal appellent au déploiement d’une force de l’ONU au Timor-Oriental, ce que refuse toujours Jakarta.
mercredi 7 avril
Un bataillon indonésien a débarqué dans le port de Dili, pour renforcer les 10 000 à 13 000 hommes déjà présents au Timor-Oriental.
lundi 12 avril
Recevant une délégation canadienne, le ministre indonésien des Affaires étrangères a affirmé que son pays était prêt à signer avec le Portugal, dès le 22 avril, l’accord sur le Timor-Oriental élaboré sous les auspices des Nations unies. Le projet d’autonomie de l’ancienne colonie portugaise pourrait également être présenté à la population dès la fin du mois. Selon le ministre, il est même « possible » que les Timorais soient consultés « avant la fin de juillet ». Au même moment, à Dili, 350 miliciens pro-indonésiens contredisant cette bonne volonté paradaient avec des fusils en bois devant le palais du gouverneur, cependant que les informations parlant de massacres et d’exactions se multiplient.
vendredi 16 avril
A Dili, capitale du Timor-Oriental, les milices pro-indonésiennes ont distribué un tract demandant un drapeau indonésien au fronton de chaque maison et la dénonciation de toute personne favorable à l’indépendance. Des listes de personnalités à abattre circulent.
samedi 17 avril
Les milices pro-indonésiennes du Timor-Oriental ont lancé une véritable attaque coordonnée, deux heures après une prise d’armes devant le palais du gouverneur de Dili, et alors que la police et l’armée étaient totalement absentes des rues. L’une des premières cibles a été la maison de Manuel Carrascalao, un vétéran de la lutte timoraise qui abritait dans son jardin une centaine de réfugiés. Son jeune fils a été tué, ainsi qu’un nombre indéterminé de personnes. Des rumeurs font également état d’une attaque du siège du Conseil national de la résistance timoraise. Les domiciles de plusieurs personnalités ont été brûlés. Ces exactions, qui auraient fait, officiellement, 61 morts, ont eu lieu alors qu’un ministre irlandais était en visite à Dili. Il s’est réfugié dans la résidence de Mgr Carlo Ximenes Felipe Bello.
dimanche 18 avril
Des coups de feu ont repris à Dili pendant une heure.
lundi 19 avril
Six personnes ont été blessées, dont trois grièvement, lors d’une explosion dans la mosquée Istiqlal, la grande mosquée au cœur de la capitale Jakarta. Par ailleurs, plusieurs bâtiments catholiques - un dortoir, la résidence d’un prêtre, une salle de réunion - ont été incendiés par la foule, dans la soirée, à Ujung Pandang, dans la province à majorité musulmane du Sud-Sulawesi. Quatre personnes ont été interpellées. Les responsables indonésiens et les chefs religieux ont lancé des appels au calme.
mercredi 21 avril
L’homme fort de l’armée indonésienne, le général Wiranto, ministre de la Défense, a contresigné à Dili un accord entre les milices pro-indonésiennes et la résistance est-timoraise qui doit mettre à la violence de ces dernières semaines. Autres contresignataires : les évêques catholiques de Dili, Mgr Belo, et de Bacau, Mgr Nascimiento. Cet accord entraîne la création d’une Commission pour la paix et la stabilité.
La violence interreligieuse a fait quatre victimes à Bandanaira, l’île principale du petit archipel de Banda.
jeudi 22 avril
Début de la rencontre à l’ONU, à New York, des ministres des Affaires étrangères indonésiens et portugais, Ali Alatas et Jaime Gama, sous la direction du secrétaire général de l’organisation, Kofi Annan.
vendredi 23 avril
Le Portugal et l’Indonésie sont parvenus à un accord sur l’autonomie du Timor-Oriental qui sera signé le 5 mai. Mais les deux pays ne se sont pas encore entendus sur la sécurité et les modalités du vote. Sur ces deux points, le ministre indonésien des Affaires étrangères, Ali Alatas, a demandé à consulter Jakarta avant de pouvoir signer les deux documents.
De nouveaux heurts interconfessionnels ont éclaté sur la petite île de Kai Kecil, aux Moluques.
dimanche 25 avril
Malgré l’intervention de l’armée, les affrontements entre les communautés chrétienne et musulmane se poursuivent aux Moluques. Ils ont déjà fait plus de cent cinquante morts.
mardi 27 avril
Au terme d’un entretien de quatre heures avec le Premier ministre australien, le président Habibie a annoncé que les 800 000 Timorais de l’Est seront consultés le 8 août sur leur avenir. Le vote se fera sous la protection d’une « police civile » de l’ONU. Le président indonésien s’est engagé à honorer toute décision onusienne et a accepté les modalités du vote prévues par l’ONU. L’accord définitif sera signé le 5 mai à New York. La présence du Comité internationale de la Croix-Rouge (CICR) à Dili sera « renforcée ».
lundi 3 mai
L’armée a ouvert le feu, à Lhokseumawe, dans la province d’Aceh (nord-ouest de Sumatra), contre la foule qui manifestait… contre la brutalité et la répression militaire. Au moins 41 personnes ont été tuées. Depuis plus d’un mois, les manifestations en faveur de l’indépendance se multiplient dans cette province située à 1 500 kilomètres au nord-ouest de Jakarta.
mercredi 5 mai
L’Indonésie et le Portugal ont signé un accord historique au siège des Nations Unies, à New York. Il laisse entrevoir, après 16 ans de guerre, l’indépendance du Timor-Oriental. L’accord organise un référendum, le 8 août, et donné aux habitants le choix entre une autonomie spéciale et l’indépendance. D’ici cette date, c’est l’armée indonésienne qui sera chargée du maintien de l’ordre. Ses 20 000 soldats devront mater les milices pro-indonésiennes. La présence d’une force internationale sur le territoire est écartée.
lundi 10 mai
L’Union européenne a appelé à la libération de Xanana Gusmao, le chef indépendantiste du Timor-Oriental, assigné à résidence. De son côté, Josée Ramos-Horta, numéro 2 de la résistance timoraise et prix Nobel de la paix, menace « de ne pas participer à cette farce - le scrutin prévu le 8 août - si Xanana Gusmao et les autres détenus politiques ne sont pas libérés ».
vendredi 14 mai
Yusuf Habibie a été investi par son parti, le Golkar, pour briguer sa propre succession lors de l’élection présidentielle de novembre.
dimanche 23 mai
L’Union européenne va déployer 120 observateurs en Indonésie pour y suivre les élections législatives du 7 juin.
jeudi 27 mai
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé sa « grave préoccupation » pour la sécurité au Timor-Oriental. Alors qu’une mission des Nations unies se met en place pour organiser le référendum du 8 août, le Conseil de sécurité constate que les milices pro-indonésiennes multiplient les actes de violence contre les indépendantistes.
lundi 7 juin
Premières élections générales organisées en Indonésie depuis la chute du président Suharto, et les premières élections démocratiques depuis 1955. 48 partis y participent, dont le Golkar, au pouvoir depuis trois décennies. Les élections se sont déroulées dans le calme. Dans la province indépendantiste d’Aceh, les bureaux de vote sont restés déserts.
mardi 8 juin
Les premiers résultats des législatives, qui tombent au compte-gouttes, donnent une avance telle à l’opposition que celle-ci croit déjà à sa victoire. Le Golkar, parti au pouvoir, recueille moins de 13 % des voix sur près d’un million de votes dépouillés, alors que le Parti démocratique indonésien de lutte (PDIP) de Mme Magawati Soekarnoputri se situerait à plus de 40 %, devant le Parti de l’éveil national (musulman modéré, 26 %). La Bourse de Jakarta a bondi de plus de 14 %, retrouvant son niveau d’août 1997 (avant la dévaluation de la roupie indonésienne.
mercredi 9 juin
48 heures après la fermeture des bureaux de vote, la mission des observateurs européens a manifesté sa « préoccupation extrême ». Non seulement les résultats annoncés ne portent encore que sur 3 % des 110 millions de bulletins, mais il existe deux décomptes contradictoires. Ce qui trouble les observateurs, c’est que les sources sont les mêmes, le centre travaillant sur des relevés manuels et la commission sur ordinateur.
vendredi 11 juin
Seulement 14 millions de bulletins des élections législatives, sur 110 millions, ont été dépouillées et le rythme ne semble pas s’accélérer. Il faudra sans doute attendre la fin du mois pour y voir clair.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la Résolution 1246 sur l’envoi de la Mission des Nations unies au Timor oriental (UNAMET/MINUTO) pour préparer un référendum sur l’indépendance.
lundi 14 juin
Le procureur général d’Indonésie, le général Andi Ghalib, a été suspendu de ses fonctions jusqu’à ce que soient tirées au clair les allégations selon lesquelles il a reçu de pots-de-vin. Déjà accusé, dans l’opinion, de mollesse dans l’enquête sur l’enrichissement illégal de l’ex-président Suharto et sa famille, le général Ghalib aurait lui-même reçu 1,6 million de dollars de pots-de-vin.
mardi 15 juin
La Fédération des associations d’armateurs de l’ASEAN a lancé un appel à tous les pays de la région : « Les pirates sont armés de mitraillettes et extrêmement dangereux. Il revient aux autorités de chaque pays de réagir sans tarder ».
vendredi 18 juin
La résistance est-timoraise et les partisans locaux de l’intégration à l’Indonésie ont signé, à Jakarta, un accord prévoyant notamment leur désarmement réciproque. Cet accord a été conclu après trois jours de négociations menées, au ministère de la Justice, à Jakarta, par la Commission pour la paix et la stabilité.
vendredi 25 juin
Le premier séminaire sur l’émancipation des communautés travesties, gays et lesbiennes en Indonésie s’est déroulé dans la ville de Surabaya, à la résidence du consul de France, Dimitri Ovtchinnikov.
samedi 26 juin
José Ramos-Horta, colauréat du Prix Nobel de la Paix 1996, est rentré à Jakarta. Il avait quitté le Timor oriental en 1975.
mardi 29 juin
Une centaine de miliciens pro-indonésiens ont attaqué un poste de l’Unamet, la mission de l’ONU au Timor oriental, faisant plusieurs blessés dont une conseillère politique de l’organisation internationale. L’Unamet est chargé d’organiser le vote devant permettre à la population est-timoraise de se prononcer pour ou contre l’intégration à l’Indonésie. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a aussitôt fait savoir qu’il tenait le gouvernement indonésien responsable, car « ayant permis cette attaque ».
jeudi 1er juillet
La police a ouvert le feu contre des manifestants qui protestaient devant les bureaux de la Commission nationale des élections, dans le centre de Jakarta. Douze personnes au moins ont été blessées. Les manifestants, qui répondaient à un appel du Parti démocratique du peuple, voulaient attirer l’attention sur le risque de voir le pouvoir actuel rester en place malgré les élections. La police estime avoir été « provoquée ».
samedi 3 juillet
Des milices loyalistes du Timor oriental ont attaqué un convoi humanitaire.
mardi 6 juillet
L’ONU a demandé aux autorités indonésiennes de maîtriser les milices loyalistes du Timor oriental.
jeudi 15 juillet
Le dépouillement du scrutin législatif du 7 juin dernier est enfin terminé. 17 millions de bulletins de vote, sur 110 millions d’électeurs, ont été invalidés. Le Parti démocratique indonésien de lutte, principal parti d’opposition, dirigé par la fille de l’ancien président Soekarno, Mme Soejarnoputri, sera déclaré vainqueur, avec 34,7 % des suffrages. Il précède le Golkar, parti du président Habibie en exercice (22 %).Le Parti du réveil national (12 %) complète le succès de l’opposition.
vers le lundi 19 juillet
L’ancien président Suharto (76 ans) a été hospitalisé à la suite d’un malaise cardiaque.
lundi 26 juillet
Pour cause de « conditions de sécurité insuffisantes », l’ONU n’est pas en mesure, en l’état actuel des choses, de poursuivre les démarches pour organiser le référendum d’autodétermination au Timor-Oriental. Selon Kofi Annan, les milices armées pro-indonésiennes continuent de semer la terreur et à « des actes d’intimidations » à l’ouest du territoire, interdisant de fait « à des dizaines de milliers de personnes déplacées » de rejoindre leur foyer. Les opérations d’enregistrement ouvertes par l’ONU il y a quinze jours indiquent qu’à peine 250 000 habitants (sur 800 000) se sont inscrits sur les listes.
mercredi 28 juillet
Le ministre indonésien des Affaires étrangères a annoncé que le vote d’autodétermination qui doit décider de l’avenir du Timor-Oriental se déroulerait le 30 août. Le Portugal critique l’Indonésie pour le report de ce scrutin prévu initialement pour les 20 et 21, reprochant au gouvernement de Jakarta de n’avoir pas su garantir la sécurité dans son ancienne colonie, justement, aux dates prévues.
jeudi 29 juillet
L’armée indonésienne a reçu l’ordre de tirer à vue à Ambon, où les affrontements qui opposent depuis trois jours des musulmans et des catholiques ont fait au moins dix morts et une centaine de blessés.
mardi 3 août
Le président Habibie a proclamé les résultats des législatives du 7 juin, remportées par le parti d’opposition, le Parti démocratique indonésien de lutte (PDIP) de Megawati Sukarnoputri. La validation des résultats avait été reportée du fait de la contestation de 27 partis sur les 48 qui avaient participé au scrutin. Désormais, les Parlements national et régional vont pouvoir être constitués ainsi que l’Assemblée consultative du peuple qui doit élire, en novembre, un nouveau président et un vice-président.
Pour la troisième année consécutive, les incendies dévastent les forêts indonésiennes, particulièrement à Bornéo et à Sumatra.
mercredi 11 août
Deux étudiants est-timorais ont été abattus par des miliciens pro-indonésiens, à Viquéqué. « Deux autres personnes, dont un vieillard, qui étaient tout près, ont été également tués », affirme la correspondante d’un quotidien hollandais, témoin du drame…
samedi 14 août
Lancement officiel de la campagne pour le référendum au Timor-Oriental, mais Xanana Gusmao, José Ramos-Horta et d’autres personnalités exilées ne sont pas autorisés à rentrer dans la province, ce qui est contraire aux accords du 5 mai 1999.
dimanche 15 août
L’ONU a autorisé pour la première fois les indépendantistes timorais à hisser leur drapeau.
mercredi 18 août
A Malianas (Timor-Oriental), une milice pro-indonésienne - sans doute le groupe Aïtarak, qui y sévit - a encerclé des militants indépendantistes et des véhicules de l’Unamet qui les escortaient.
vendredi 20 août
Le Falintil, la guérilla est-timoraise, a fêté son 24e anniversaire, en présence, pour la première fois, de journalistes étrangers. Par ailleurs, le corps d’un Timorais a été découvert, sans mains, à Malianas.
dimanche 22 août
Le chef des indépendantistes timorais, Xanana Gusmao, a reçu un important chef de milice pro-indonésien, dans sa résidence surveillée à Jakarta.
jeudi 26 août
Réunion tripartite entre l’Indonésie, le Portugal et l’ONU, à Lisbonne, pour examiner l’avenir du Timor-Oriental, où un référendum sur l’autonomie est prévu le 30 août. Par ailleurs, le président Habibie a décidé de libérer, à la mi-septembre, le leader de la résistance est-timoraise, Xanana Gusmao, en résidence surveillée à Jakarta depuis février. Par ailleurs, à Dili, les anti-indépendantistes, protégés par l’armée, s’en sont pris à la mission de l’ONU (UNAMET). La manifestation a dégénéré, faisant au moins cinq blessés.
vendredi 27 août
L’ONU a décidé de doubler ses effectifs présents au Timor-Oriental. La peur distillée par les milices pro-indonésiennes est telle, par endroits, que les villages se vident. Depuis une semaine, 2 351 villageois effrayés ont trouvé refuge dans l’église de la petite ville de Suai.
dimanche 29 août
Au Timor-Oriental, l’accord de cessez-le-feu et de dépôt des armes annoncé ce jour entre pro et anti-indépendantistes, au siège de l’Unamet, n’a pas permis l’arrêt des violences. Deux miliciens anti-indépendantistes qui paradaient, armes à la main, dans un quartier hostile de Dili ont été tués à coups de machette.
lundi 30 août
Les Est-Timorais ont participé massivement au référendum sur l’avenir de leur territoire supervisé par l’ONU : 98,6 % des personnes inscrites sur les listes électorales se sont déplacées. Avec des files d’attente énormes, il a souvent fallu plus de quatre heures pour mettre son bulletin. Victoire massive des indépendantistes (72 %). A la différence de la violence systématique des quatre derniers jours, les incidents ont été peu nombreux, mais un employé de l’Unamet a cependant été tué à coups de couteau à Atsabe (35 km au sud-ouest de Dili) après la fermeture des bureaux de vote. Deux employés de la mission onusienne ont été tués.
mardi 31 août
Le gouvernement indonésien « rappellera définitivement ses troupes si le résultat du scrutin donne la victoire aux pro-indépendantistes » a déclaré le chef des forces armées, le général Wiranto.
mercredi 1er septembre
Le quartier général de la mission des Nations unies pour le Timor-Oriental, à Dili, a été assiégé par des miliciens anti-indépendantistes, et plus de 500 personnes y sont restés bloqués quatre heures. Le dépouillement du scrutin avait commencé à l’aube avec une vérification du nombre de bulletins par rapport à celui des votants. A Lisbonne, les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont été convoqués pour discuter des incidents de la journée.
jeudi 2 septembre
L’Australie a révélé que l’ONU se préparait à déployer une éventuelle force de paix au Timor-Oriental et qu’elle était prête à participer aux préparatifs déjà engagés. De son côté, le gouvernement indonésien a fait savoir qu’il pourrait étudier la question de ce déploiement si la situation au Timor-Oriental continue de se dégrader, contraignant une partie de la population à fuir la région. Deux employés locaux de l’ONU y ont été tués dans le district de Maliana (ouest). L’armée, quant à elle, estime, qu’elle aura impérativement besoin d’une force de ce genre si les électeurs consultés préfèrent l’indépendance à l’autonomie proposée par Jakarta.
nuit du jeudi 2 au vendredi 3 septembre
Les 54 membres de la Mission des nations unies à Maliana ont dû passé la nuit au poste de police où ils s’étaient réfugiés cependant que les miliciens mettaient la ville à sac, incendiant la localité et semant la terreur.
vendredi 3 septembre
Le général indonésien Wiranto a affirmé que les résultats du référendum seraient connus le 4 septembre. Les Nations unies estiment pourtant avoir besoin d’une petite semaine pour comptabiliser les quelque 430 000 bulletins. Les tenants de l’intégration à l’Indonésie, qui tiennent la consultation pour une « ordure », ont pris les devants. La terreur qu’ils font régner depuis quelques jours dans la région semble préfigurer le « bain de sang » qu’ils avaient promis si la victoire revenait aux partisans de l’indépendance. Sous le regard indifférent d’une police qui reste l’arme au pied, les milices menacent les observateurs, les diplomates et les journalistes, bloquent les routes, incendient et tuent à visage découvert. Cette violence a contraint la Mission des Nations unies à évacuer son personnel de Maliana, où deux de ses chauffeurs ont été tués. Liquisa est pratiquement aux mains des miliciens cependant qu’à Gleno le personnel de l’ONU est retranché dans son bâtiment, tout comme les policiers dans le leur… Tous les observateurs voient dans cette montée de la violence la main de l’armée indonésienne, qui refuse la perspective de l’indépendance de la région. Jakarta a pourtant décidé de réagir à l’indignation internationale en envoyant sur place des centaines de soldats censés remédier aux défaillances de la police.
samedi 4 septembre
Le Timor-Oriental a voté à 78,6 % en faveur de l’indépendance, a annoncé le secrétaire de l’ONU, Kofi Annan. Seuls 21 % des 430 000 votants ont répondu « oui » au référendum qui proposait une autonomie assortie d’un maintien au sein de l’ensemble indonésien. Dans la matinée, le président indonésien, Jusuf Habibie, a déclaré que « le gouvernement de la République d’Indonésie respecte et accepte le choix du peuple du Timor-Oriental ». Il a également lancé un appel au calme afin d’éviter les affrontements entre les milices pro-indonésiennes (dont le chef s’est exilé à Bali) et les partisans de l’indépendance. De source indépendantiste, on parle d’un assaut imminent des miliciens contre Dili. Des milliers de personnes se sont réfugiées dans les casernes et les commissariats de la ville. Peu après l’annonce des résultats du référendum, un policier américain employé par les Nations unies a été grièvement blessé par balles, des épaisses volutes de fumée s’élèvent de plusieurs quartiers et de nombreux incidents sont signalés. L’Unamet a évacué, par hélicoptère, son personnel (soit cent quarante personnes) de Same, Ainero, Aileu et Liquisa. En signe de bonne volonté, les autorités indonésiennes ont annoncé que Xanana Gusmao, chef historique des indépendantistes, serait remis en liberté dès le 8 septembre. Celui-ci a réclamé l’envoi au plus tôt d’une force des Nations unies pour éviter un « génocide ».
dimanche 5 septembre
Les milices anti-indépendantistes (Aitarak) répandent la terreur à Dili, et dans toute la région du Timor-Oriental. Dans la soirée, les bâtiments centraux du diocèse catholique de Dili et le principal hôtel de la ville sont en flammes. Les miliciens attaquaient aussi l’immeuble de la Fondation pour les droits de l’homme. L’assaut du centre diocésain, qui abritait 200 réfugiés, aurait fait 25 morts. En 48 heures, on déplore au moins 145 morts, selon la résistance. Les habitants continuent à fuir la capitale, par la mer ou vers la montagne. Une diplomate portugaise, Ana Gomes, parle de « totale coopération sur le terrain entre l’armée, la police et les milices ». Presque tous les journalistes étrangers ont quitté Dili. Une délégation interministérielle indonésienne (le ministre des Affaires étrangères Ali Alatas et celui de la Défense, le général Wiranto) s’est rendue à Dili. Après quatre heures d’entretiens dans le salon d’honneur de l’aéroport, la délégation est repartie en promettant… des renforts militaires pour le Timor-Oriental. De New York, le vice-président du Conseil de la résistance est-timoraise, José Ramos-Horta, a réclamé l’envoi de troupes par l’Australie. Celle-ci a aussitôt déclaré cette action impossible, Jakarta refusant toute ingérence étrangère. De son côté, le Front uni pour l’autonomie du Timor-Oriental, principal mouvement pro-indonésien de la région, a rejeté le résultat du référendum, accusant l’Onu de partialité…
lundi 6 septembre
Main dans la main avec l’armée et la police indonésienne, les milices ont poursuivi leur carnage contre la population est-timoraise, dans une région où il n’y a presque plus de témoins pour dire au monde la tragédie qui se joue. L’évêque de Dili, Carlos Belo, prix Nobel de la paix 1996, a lui-même dû fuir son domicile harcelé par les milices pourchassant les 5 000 réfugiés qui y cherchaient leur salut et dont une trentaine ont été tués. Le siège de la Croix-Rouge, voisin, abritant 2 000 réfugiés, est en flammes et l’Unamet, qui a évacué 200 membres étrangers de son personnel vers le nord de l’Australie dans la matinée, envisage maintenant son retrait total du Timor-Oriental. Une journaliste néerlandaise restée à Dili a vu des réfugiés conduits sur la plage par des miliciens et chargés dans des camions militaires. Certains sont partis vers le Timor-Occidental, d’autres ailleurs. Plusieurs centaines de personnes ont été transférées à bord de deux navires de la marine indonésienne qui les transportaient vers les îles arides et isolées d’Alor et Atambua dans le nord. Pour tous ceux qui en sont les témoins, ce qui se passe a tout d’un « nettoyage ethnique » systématique, planifié et organisé de longue date. Des spécialistes occidentaux du renseignement ont d’ailleurs révélé l’existence d’un « plan B » élaboré à Jakarta en prévision d’une victoire des indépendantistes. Il prévoit des déplacements massifs de population, la liquidation des cadres et des forces de la résistance est-timoraise, ainsi que celle de la petite élite intellectuelle de la région. Il organise en outre la pression sur la hiérarchie de l’Eglise catholique, considérée comme un « frein à l’intégration », en lui apportant la démonstration par la terreur que la population ne trouvera aucun secours dans les lieux de culte…
mardi 7 septembre
Après la déclaration de la loi martiale, réclamée par le général Wiranto, le Timor-Oriental se trouve désormais livré à l’armée indonésienne. Les routes et les lignes de téléphone ont été coupées à Dili, où l’armée exécuterait un plan visant à expulser du pays plusieurs centaines de milliers d’habitants. 40 000 personnes sont déjà arrivées au Timor indonésien. Les attaques se poursuivent contre les maisons abritant des partisans de l’indépendance et les bâtiments où ils ont trouvé refuge. Le siège de la Croix-Rouge et celui de l’Unamet, à Dili et Bacau, ont été incendiés. Mgr Belo, qui avait trouvé refuge dans l’évêché de Bacau, a dû être évacué, clandestinement, par avion, en Australie (il est arrivé à Darwin). A peine libéré de prison, Xanana Gusmao, réfugié à l’ambassade de Grande-Bretagne à Jakarta, a lancé un appel désespéré « aux pays amis pour qu’ils prennent des mesures immédiates pour nous aider, nous sauver, sauver nos vies ». Plus de 1 000 exécutions se seraient produites depuis l’annonce du résultat du référendum. Devant l’inconséquence de l’attitude de l’ONU, les appels se sont multipliés pour organiser une force internationale susceptible, s’il en est encore temps, de mettre fin au drame des Timorais. Un sommet informel a été convoqué d’urgence dans la soirée en Nouvelle-Zélande. La Nouvelle-Zélande et l’Australie sont prêts à mobiliser une force militaire, mais seulement sous mandat international. Plusieurs sociétés australiennes (transports…) ont commencé à boycotter les marchandises et les moyens de transports indonésiens. L’Australie est le premier partenaire commercial de l’Indonésie.
mercredi 8 septembre
La mission de cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies envoyée à Jakarta n’a pas réussi à convaincre le gouvernement indonésien d’accepter le déploiement d’une force étrangère au Timor-Oriental. Le maire de Dili a carrément accusé les Nations unies d’être de « nouveaux colonialistes », sommant les membres de l’Unamet de quitter le territoire. Il a rajouté que « si des troupes étrangères viennent, nous résisterons et nous leur tirerons dessus. Nous possédons 25 000 armes ». Dans la matinée, un convoi de véhicules de l’UNAMET qui tentait de s’approvisionner en vivres a été attaqué par les milices. Dans l’immédiat, l’ONU a décidé de retirer tout son personnel encore présent à Dili (200 civils, officiers de liaison et policiers civils internationaux ainsi que cent soixante déployés est-timorais. Dans la matinée, les derniers volontaires de Médecins sans frontières ont été chassés de Bacau. L’évêque de la ville, Mgr Basilio Nascimiento, qui tentait de s’opposer aux soldats et aux miliciens attaquant sa résidence, a été blessé. Après s’être réfugié dans la montagne, il a appelé à une intervention internationale d’urgence. L’Australie se fait de plus en plus pressante. D’ores et déjà, Washington a promis un soutien « logistique » à ses partenaires et brandi la menace de sanctions économiques.
jeudi 9 septembre
L’Australie a annoncé que plusieurs pays particulièrement sensibilisés au drame du Timor-Oriental sont parvenus à mettre sur pied une « coalition suffisante » (7 000 hommes), sans la participation des Etats-Unis, pour « mener n’importe quelle mission » que lui confieraient les Nations unies. Mais l’ONU, qui a finalement différé son retrait total de Dili, maintient qu’elle n’interviendra pas en Indonésie sans un accord de Jakarta… que Jakarta continue de lui refuser. Tout au plus le président Habibie a-t-il autorisé une mission de l’ONU à se rendre au Timor-Oriental le 11 septembre 1999. Les rares observateurs restés sur place évoquent un semblant de retour au calme. Mais l’aile militaire du Fretilin, le mouvement indépendantistes timorais, parle de 100 000 personnes réfugiées dans les montagnes, où l’eau et les vivres vont rapidement leur faire défaut. Le Fretilin qualifie de « trahison » le départ annoncé de la majorité des membres de l’Unamet, la Mission de l’ONU à Dili. La branche allemande de l’organisation humanitaire catholique a annoncé que quarante de leurs collaborateurs locaux ont été massacrés.
vendredi 10 septembre
Après avoir différé pendant plusieurs jours son départ de Dili, l’Unamet a finalement évacué vers l’Australie l’essentiel de son personnel (350 personnes, dont 160 Timorais menacés de mort). Elle n’a laissé sur place qu’un effectif de 80 personnes veillant sur le millier de réfugiés qui ont trouvé asile dans ses locaux toujours assiégés. De son côté, Jakarta continue de fermer la porte à tout déploiement d’une force de paix étrangère. Le chef de l’armée indonésienne, le général Wiranto, a laissé entendre qu’il pourrait permettre, bientôt, à plusieurs organisations humanitaires de travailler au Timor-Oriental.
samedi 11 septembre
Premier geste indonésien accueilli avec prudence et scepticisme : le général Wiranto a déclaré, dans la matinée, aux quelques journalistes autorisés à accompagner une délégation de l’ONU à Dili que son gouvernement « avait l’obligation de considérer l’offre d’accélérer [l’envoi au Timor oriental] d’une force internationale de maintien de la paix ». Une « option » qu’il va transmettre au président Habibie. Dans l’après-midi, le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé une session spéciale visant à faire accepter par l’Indonésie le déploiement d’une telle force. Juste avant la déclaration du général Wiranto, le président américain Bill Clinton avait indiqué que les Etats-Unis suspendaient leurs livraisons de matériels militaires à l’Indonésie (environ 46 millions de dollars pour l’année, soit 286 millions de francs). La Grande-Bretagne a également décidé de suspendre la vente d’avions Hawk à l’Indonésie. De son côté, le FMI a annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre des contacts avec l’Indonésie (Jakarta doit recevoir avant la fin du mois quatre cents soixante millions de dollars). Pendant ce temps, des coups de feu nourris ont retenti à nouveau à Dili et l’exode des habitants du Timor oriental continue. La sécurité ne cesse de se dégrader depuis quarante-huit heures à Atambua, dans la province indonésienne du Timor occidental. Là, dans des camps sous le contrôle des miliciens en armes, 70 000 Timorais se sont réfugiés.
dimanche 12 septembre
Dans la soirée, Jakarta a enfin accepté l’envoi d’une force internationale de la paix au Timor-Oriental. Une décision favorablement accueillie par les principales capitales étrangères intéressées. Le gouvernement indonésien a donné mandat à Ali Alatas, chef de sa diplomatie, de mettre au point les modalités d’un tel envoi avec le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Placés en état d’alerte depuis une semaine, 2 000 soldats australiens sont déjà prêts à intervenir en moins de 24 heures. Le président Habibie a aussi assuré que la force internationale aura pour mission de « mettre en œuvre les résultats du vote du 30 août ». Le leader est-timorais Xanana Gusmao a aussitôt qualifié de « courageuse » la décision de Jakarta. De son côté, Jose Ramos Horta a appelé, dans la soirée, au largage immédiat, par l’ONU et la Croix-Rouge, « de vivres dans les zones montagneuses pour environ 100 000 réfugiés ». Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Mary Robinson, a réclamé la création d’un tribunal international pour juger les violations des droits de l’homme au Timor-Oriental.
lundi 13 septembre
Haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Mme Sadako Ogata s’est déclarée prête à lancer une opération humanitaire d’envergure au Timor, aussi bien oriental qu’occidental. Jakarta a donné son feu vert pour des parachutages de vivres et d’eau potables. Entamée dans la soirée, la séance du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au Timor a été interrompue après plus de deux heures de débat. Plusieurs points semblent déjà acquis : Jakarta ne pose aucune condition, tant sur la composition de la force de paix que sur son commandement, et le président indonésien s’est engagé à garantir la libre circulation de la presse étrangère au Timor-Oriental. Dans la soirée toujours, les quinze pays de l’Union européenne ont décidé un embargo de quatre mois sur leurs ventes d’armement à Jakarta.
mardi 14 septembre
Le projet de résolution soumis au Conseil de sécurité de l’ONU prévoit que la Force multinationale de paix aura un mandat initial de quatre mois. Sa mission serait de « restaurer la paix et la sécurité », de « protéger et soutenir l’Unamet » et de « faciliter les opérations d’aide humanitaire ». Cette force serait autorisée à recourir à la contrainte. La résolution invite Jakarta « à coopérer » avec cette force. En attentant, l’ONU a fermé sa mission à Dili, les 1 500 personnes qui s’y étaient réfugiées ayant été évacuées par l’armée australienne dans la matinée. Pendant ce temps, la FAO (organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture) a lancé un véritable cri d’alarme, avançant notamment le chiffre de 7 000 tués en une semaine au Timor-Oriental. Selon elle, « plus du quart des quelques 900 000 habitants n’ont plus d’accès à la nourriture et à l’eau potable et risquent la famine ». De son côté, le HCR a dénoncé les déportations forcées et la terreur que les milices anti-indépendantistes font régner au Timor-Occidental, notamment à Kupang et à Atambua. A Jakarta, Xanana Gusmao a fait état d’attaques contre les camps timorais d’Ermera et de Bobonaro, ainsi que d’affrontements dans les régions de Vemasse et Viqueque, au sud-est de Dili. A Rome, Mgr Belo, a justifié « l’autodéfense ».
mercredi 15 septembre
Après avoir mis à feu et sang le Timor-Oriental, les milices pro-indonésiennes évacuent Dili, en direction de l’ouest, avec des camions chargés de marchandises (pillées ?). A Kupang, capitale du Timor-Ouest, on a vu arriver un navire indonésien et un cargo « pleins à craquer » de gens en provenance de la partie orientale de l’île. Cette fuite a commencé après le feu vert donné par le Conseil de sécurité des Nations unies à la mise en place d’une force multinationale pour rétablir la sécurité.
jeudi 16 septembre
Alors que les relations entre l’Indonésie et l’Australie sont au plus bas (le président indonésien refuse de rencontre le Premier ministre australien et a abrogé l’accord de sécurité qui liait les deux pays), le porte-parole du président indonésien a fait savoir qu’il existe « un sentiment d’animosité très fort envers les Australiens » et que les soldats australiens risquent d’être pris pour cibles par les milices pro-indonésiennes. Le Premier ministre australien John Howard explique effectivement depuis plusieurs jours à ses compatriotes qu’il « y aura des victimes ». De son côté, la Thaïlande a pris la tête des troupes régionales (avec 1 500 hommes) et le commandement en second, derrière l’Australie, de la force multinationale d’intervention au Timor-Oriental. La Chine, habituellement opposée à ce type d’opération, enverra des policiers civils. Les Etats-Unis, quant à eux, enverront 200 militaires au Timor.
vendredi 17 septembre
Jakarta affirme avoir déjà retiré 5 000 de ses 7 000 soldats présents au Timor-Oriental et que le retrait se poursuivra au fur et à mesure de l’arrivée de la force multinationale. Mais ce qui inquiète les Australiens, c’est la présence d’éléments non contrôlés par l’armée indonésienne. Ils ont demandé aux miliciens de se rendre sans violence. La résistance timoraise affirme que les miliciens et les forces spéciales de Jakarta ont placé des mines avant de quitter Dili. Deux C-130 Hercules australiens ont parachuté des vivres au-dessus d’Ermera, à destination des réfugiés. De son côté, l’ONU demande à Jakarta ce que sont devenus les pro-indépendantistes qui étaient en prison avant le référendum.
samedi 18 septembre
Neuf bâtiments de guerre - australiens, britanniques et néo-zélandais - ont quitté Darwin pour prendre position au large du Timor Oriental. La visite à Dili du commandant de la force multinationale, le général australien Peter Cosgrove, a été reportée au 19 septembre. En revanche, miliciens et policiers indonésiens n’ont pas attendu le déploiement étranger pour fuir : ils quittent Dili en ruines en direction du Timor occidental, où des dizaines de milliers d’Est-Timorais ont été emmenés. Le haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés, Sadako Ogata, est arrivé à Jakarta pour évaluer la situation de ces réfugiés timorais. D’autre part, Xanana Gusmao a quitté Jakarta par avion pour une destination non précisée.
En début de soirée, des centaines de jeunes islamistes ont fait irruption dans le complexe écotouristique d’Ujong Batee, non loin de la capitale de l’Aceh, Banda Atjeh. Les visiteurs ont dû se mettre à l’abri.
dimanche 19 septembre
Malgré l’optimisme affiché par le général australien Peter Cosgrove, à l’issue d’une brève visite à Dili, l’opération de déploiement de la force multinationale n’est pas sans risques. Les chefs des milices repliés à Kupang (principale ville du Timor Occidental) ont multiplié menaces et mises en garde. Depuis huit jours, les miliciens semblent cependant déserter la partie orientale de l’île.
lundi 20 septembre
Les premiers soldats - australiens, britanniques et néo-zélandais - de la force multinationale, l’Interfet, ont débarqué sur l’aéroport de Dili. Aucun incident n’a été signalé ; tout juste si des soldats néo-zélandais ont arrêté un homme circulant à moto pour lui confisquer son fusil. Pas un milicien à Dili ; seuls des militaires indonésiens y sont déployés. Le général Wiranto a annoncé la levée prochaine de la loi martiale. Mais avant, tous les soldats indonésiens seront partis. Les soldats de l’Interfet sécurisent d’abord leurs positions, puis celles de l’ONU à Dili avant d’élargir cette protection aux réfugiés.
mardi 21 septembre
Le président Habibie a demandé aux députés indonésiens d’accepter le vote indépendantiste du Timor-Oriental. Mgr Belon évêque de Dili, a réclamé, lui, une intervention urgente de l’ONU au Timor-Occidental : des milliers de réfugiés est-timorais risquent d’être « transférés » vers d’autres îles de l’archipel. Au Timor-Oriental, l’Interfet continue à se déployer. Des avions militaires australiens, français et néo-zélandais ont multiplié les rotations entre Darwin et Dili pour acheminer 2 500 hommes. Mais selon le général Cosgrove, « il faudra des semaines avant d’avoir une présence dissuasive dans toute la province ». Par ailleurs, le leader est-timorais Xanana Gusmao est arrivé à Darwin, en Australie.
mercredi 22 septembre
Un journaliste néerlandais, Sander Thoenes, trente ans, a été abattu à Dili, dans le quartier de Becora, par six hommes portant l’uniforme de l’armée indonésienne équipés de fusils d’assaut. Ce ne sont pas des soldats indonésiens, a affirmé dans la soirée, à Jakarta, le porte-parole de l’armée, le colonel Panggih Sundoro. Le général Cosgrove a décidé d’ouvrir une enquête. Quelques instants avant la découverte du corps, un détachement de l’Interfet avait déjà dû se porter au secours de deux journalistes tombés dans une embuscade à Baucau. Les militaires indonésiens empilent dans les camions et les bateaux qui doivent les évacuer tout ce qu’ils ont pu trouver dans Dili. Un entrepôt du gouvernement indonésien a été pillé par des réfugiés affamés descendus des montagnes où ils se cachent depuis quinze jours. Les soldats de l'Interfet ont commencé à se risque à l'extérieur de Dili. Les résistants auraient tué douze soldats indonésiens lors de combats près de Bobonaro, dans l’ouest. Malgré la multiplication des incidents, l’Interfet a saisi des centaines de pistolets, de machettes, des couteaux, et arrêté douze miliciens. Les soldats australiens ont investi le quartier général de l’une des milices les plus violentes, Aitarak, et arrêté six hommes. Dans la soirée, L’Onu a autorisé MSF à se rendre au Timor.
Réunion à Vienne des pays membres de l’OPEP.
jeudi 23 septembre
Alors que le président Habibie levait la loi martiale au Timor-Oriental, en vigueur depuis le 7 septembre, les incidents opposants les soldats de la force multinationale aux soldats indonésiens et aux miliciens se multiplient. A Liquisa, à l’ouest de Dili, près de 500 miliciens armés très remontés contre l’Interfet, se sont rassemblés en réclamant la guerre. A Dili, des rafales de tir ont été entendues dans plusieurs endroits. Les soldats de l’Interfet ont arrêté plusieurs miliciens. Pour le général Cosgrove, il y a plus grave que ces quelques incidents : « il y a des preuves que des actes horribles ont été commis au Timor-Oriental ». Il « aimerait voir des enquêteurs professionnels venir rapidement ». Le Haut-Commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, Mary Robinson, a demandé une commission internationale d’enquête sur les exactions au Timor-Oriental. De son côté, l’Union européenne demande que les responsables soient poursuivis devant la Cour pénale internationale qui doit être mise en place « sans délai ».
Le Parlement indonésien a voté, par acclamation, une loi qui donne les pleins pouvoirs à l’armée en temps de crise. Aussitôt le vote connu, des milliers d’étudiants ont manifesté dans les rues de Jakarta. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu, faisant au moins 36 blessés, dont 9 grièvement. Ces dernières semaines, les étudiants manifestaient tous les jours pour protester contre les pressions exercées par l’armée pour faire passer cette loi. Ils exigeaient qu’elle soit soumise au nouveau Parlement qui doit être installé le 1er octobre. Cette loi autorise le président à déclarer seul l’Etat d’urgence. L’armée aura la possibilité d’utiliser les mesures qu’elle juge nécessaire pour faire « face aux menaces contre la sécurité de l’Etat ». L’armée contrôlera aussi tous les moyens de télécommunications. Elle pourra proclamer des couvre-feux et restreindre la circulation aux frontières comme à l’intérieur du pays.
vendredi 24 septembre
Dans la soirée, le président Habibie a décidé de surseoir à la signature de la loi qui permet de donner les pleins pouvoirs à l’armée en cas de crise. Les manifestations contre cette loi se poursuivaient à Jakarta et dans plusieurs villes de l’archipel. 4 personnes et 1 officier de police ont été tués et 90 autres personnes ont été blessés en deux jours dans les affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Cet ajournement « est destiné à faire connaître le bien fondé de la loi pour que la population soit en mesure de la comprendre et de l’accepter », a expliqué un porte-parole militaire. Le secrétaire d’Etat Muladi estime que dix jours seraient suffisants pour « rendre la loi acceptable ».
Des soldats australiens ont arrêté un haut responsable des milices pro-indonésiennes.
samedi 25 septembre
De nouveaux incidents ont été rapportés à Dili, qui renaît peu à peu à la vie. Des bandes de pillards ont été surprises dans les réserves d’anciens entrepôts du centre vole. A la différence des derniers jours cependant, aucun échange de coups de feu n’a été entendu. Signe d’un retour paradoxal à une normalisation, l’armée indonésienne a dégagé la place du marché central de Dili, encombrée de gravats et de stands incendiés. Par ailleurs, les premiers soldats français - une centaine - sont arrivés au Timor, avec une antenne chirurgicale aérotransportable.
dimanche 26 septembre
Dili est toujours la proie des flammes et des pillages qui accompagnent le retrait progressif de l’armée indonésienne. Des indépendantistes qui avaient fui le pays commencent à revenir sur l’île.
lundi 27 septembre
L’armée indonésienne a quitté le Timor-Oriental, laissant derrière elle désolation, incendies et destructions. Les premières reconnaissances et les survols de l’Interfet révèlent un pays vidé de ses habitants où tout a été systématiquement pillé, détruit, rasé. L’ancienne colonie portugaise, qui comptait 800 000 habitants au début du mois, semble maintenant déserte alors que les camps, en Indonésie, ne cessent de se remplir de déportés, toujours sous la coupe des soldats et des miliciens. A Genève, la Commission des droits de l’homme de l’ONU a décidé de mettre sur pied une commission d’enquête internationale sur les crimes commis.
mardi 28 septembre
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a entamé des discussions cruciales sur l’avenir du Timor-Oriental. Il s’est entretenu avec le leader indépendantiste Xanana Gusmao et un autre dirigeant de la résistance timoraise, le prix Nobel Jose Ramos-Horta. Il doit maintenant rencontrer le ministre indonésien des Affaires étrangères puis son homologue portugais.
mercredi 29 septembre
Jakarta a accepté que les Nations unies établissent au Timor-Oriental une administration civile, alors que d’après les accord entre l’Indonésie et le Portugal, ce n’était qu’après l’acceptation par le Parlement indonésien, en novembre, du vote des Est-Timorais, que les Nations unies pouvaient assurer l’autorité dans la région. Il faut être « pragmatique et pratique », a déclaré le ministre indonésien des Affaires étrangères, en reconnaissant que « de nombreux fonctionnaires du gouvernement sont partis, y compris des professeurs, des médecins et des juges ». Les habitants de Dili, qui s’étaient réfugiés dans les collines surplombant la ville, ont commencé à redescendre vers les ruines de leurs habitations. Les organisations humanitaires disposent déjà d’assez de moyens pour nourrir un demi-million de personnes pendant un mois.
jeudi 30 septembre
Selon les estimations fournies par le HCR, 70 000 habitants de Dili ont regagné leur ville. Le HCR espère que 30 000 autres suivront cet exemple dans les jours à venir. Un survol des régions occidentales du Timor-Oriental organisé par les forces de l’ONU a cependant révélé que de nombreuses maisons brûlaient dans les villes de Maliana et Ermera. Les groupes anti-indépendantistes y sont à l’œuvre et leurs destructions semblent encore pires que dans la capitale.
vendredi 1er octobre
Ouverture de la session de l’Assemblée consultative du peuple (Parlement indonésien).
200 soldats australiens de l’Interfet ont exploré pour la première fois l’ouest du Timor-Oriental, fief des milices pro-indonésiennes. Appuyée par des hélicoptères, cette mission de reconnaissance, censée ouvrir la voie à l’aide humanitaire, n’a rencontré aucune résistance. Mais Joao da Silva Tavares, chef des milices retirées au Timor-Occidental, a réaffirmé son intention de « nettoyer six districts dans l’ouest du Timor-Oriental », menaçant de « balayer » l’Interfet si celle-ci s’y oppose.
dimanche 3 octobre
L’Indonésie, où la date de l’élection présidentielle a été fixée au 20 octobre, a accepté le retour au Timor-Oriental des habitants qui en avaient été expulsés au lendemain du référendum. Mais, les premiers convois de retour se sont heurtés à l’opposition de l’armée indonésienne qui leur a refusé le passage à la frontière des deux Timors.
mardi 5 octobre
Devant un millier de ses miliciens (il en revendique plus de 50 000) réunis à Haekesak, un village indonésien proche de la frontière avec le Timor-Oriental, Joao da Silva Tavares a clairement désigné l’ennemi : l’Interfet. Les 1 000 soldats australiens présents à Balibo, dans cette région frontalière, ont été mis en alerte. A Dili, les douze organisations humanitaires ont commencé à distribuer du riz.
mercredi 6 octobre
Mgr Belo, Nobel de la paix, est rentré à Dili qu’il avait quitté le 7 septembre. Il a appelé ses compatriotes en exil à en faire autant. S’étant rendu aussitôt à Baucau, il a vu un officier de l’Interfet désarmer un homme qui, dissimulant une arme blanche, tentait de s’approcher de lui. Des soldats australiens sont tombés dans une embuscade, près de Suai, à 15 kilomètres du Timor-Occidental. Deux Australiens ont été blessés et deux miliciens tués. A New York, Kofi Annan a présenté son plan pour l’administration du Timor-Est par les Nations unies (baptisée « Untaet »), phase qui durera deux ou trois ans. A Jakarta, les 38 militaires-députés ont invité leurs collègues à entériner le choix indépendantiste des Est-Timorais.
vendredi 8 octobre
Deux avions affrétés par le HCR ont atterri à Dili, en provenance de Kupang, la capitale du Timor Occidental. A bord, 173 des quelque 250 000 réfugiés est-timorais. Ces premiers vols auraient dû avoir lieu le 6 octobre, mais ils avaient été reportés en raison de difficultés soulevées par les autorités indonésiennes. Ces rapatriements devraient maintenant se poursuivre régulièrement, à raison de deux vols quotidiens.
samedi 9 octobre
Le général australien Peter Cosgrove a proposé un plan de paix au indépendantistes est-timorais du Falintil et aux membres des milices pro-indonésiennes : ils devront abandonner progressivement leurs armes, avant de réintégrer la future société est-timoraise, pour aboutir à la « réconciliation progressive ». Le commandant de l’Interfet a dit ne pas avoir « reçu de réponse positive immédiate.
dimanche 10 octobre
L’Interfet a annoncé un déploiement massif dans l’ouest du Timor-Oriental, afin de déloger les miliciens pro-indonésiens qui continuent de terroriser la population. Depuis le début de matinée, des véhicules blindés transporteurs de troupes convergent en convois serrés vers cette région de jungle très inhospitalière, survolée par des hélicoptères de combat. Au total, 2 000 hommes supplémentaires vont être acheminés. Cette décision fait suite à trois accrochages avec les milices.
lundi 11 octobre
Le gouvernement indonésien a abandonné l’enquête ouverte contre l’ancien président Suharto pour abus de pouvoir et mauvais usage de fonds publics en raison du « manque de preuves ».
mardi 12 octobre
Dili a reçu la visite du ministre français de la Coopération, Charles Josselin. Selon certains indices, l’armée indonésienne, sentant la partie perdue, s’apprêterait à lâcher les milices. Le commandement affirme avoir commencé à les désarmes dans la zone frontalière. Le général Cosgrove et Mgr Belo assurent avoir eu vent de tractations entre une partie des milices et la résistance timoraise. Ces miliciens auraient aussi pris contact avec l’Interfet.
vendredi 15 octobre
L’Assemblée consultative du peuple (le Parlement) a ouvert le débat sur la ratification des résultats du référendum sur l’indépendance est-timoraise.
samedi 16 octobre
Trois miliciens pro-indonésiens ont été tués lors d’un échange de tirs avec une patrouille de l’Interfet, tombée dans une embuscade. Cet accrochage est le quatrième, et le plus grave, depuis le déploiement de l’Interfet. Le bilan de ces incidents s’établit à sept morts et plusieurs blessés dans les rangs des attaquants pour deux blessés dans les rands des soldats internationaux. Par ailleurs, un nouveau témoignage des atrocités commises est parvenu ce jour : des soldats et miliciens ont massacrés deux cents personnes dans une église en septembre.
du samedi 16 au dimanche 17 octobre
Une cinquantaine d’Est-Timorais ont été tués lors d’actions concertées de l’armée et des milices, à Oekussi, une enclave est-timoraise dans la province indonésienne du Timor-Occidental. Selon Xanana Gusmao, des soldats indonésiens accompagnés par des membres des milices sont entrés dans la localité à bord de douze camions, ont massacré les gens puis brûlé les corps et incendié les maisons. Le porte-parole de l’Interfet n’est pas en mesure de confirmer le drame, mais la force internationale avait prévu de se déployer dans l’enclave le 1er novembre.
lundi 18 octobre
Le sous-comité créé au sein du Parlement indonésien pour étudier la situation au Timor-Oriental a proposé d’annuler le décret d’annexion de l’ancienne colonie portugaise, pris par l’Assemblée consultative en 1978 (mais que la communauté internationale n’a jamais reconnu). Par ailleurs, dans la soirée, le général Wiranto a décliné l’offre du président Habibie d’être élu vice-président. Il préfère « se consacrer aux questions de sécurité ».
mardi 19 octobre
Dans la soirée, l’Assemblée consultative du peuple, qui se penchait sur le programme du président Jusuf Habibie, l’a rejeté. Le bilan des dix derniers mois est jugé négatif.
nuit du mardi 19 au mercredi 20 octobre
L’Assemblée consultative a ratifié sans vote le décret ouvrant la voie à l’indépendance du Timor-Oriental. En invalidant un décret qui faisait de l’ancienne colonie portugaise la « 27e province » de l’Indonésie, ce texte entérine le résultat du référendum organisé par les Nations unies et massivement remporté par les partisans de l’indépendance.
mercredi 20 octobre
Election du président de la République d’Indonésie par l’Assemblée consultative du peuple : l’islamiste modéré Abdurrahman Wahid, dit « Gus Dur » (le Professeur), a été élu, à la surprise générale, par 373 voix des grands électeurs contre 313 à Megawati Soekarnoputri. Cette dernière s’est empressée de féliciter le vainqueur et tous deux ont décidé d’aller ensemble à la rencontre des partisans de Megawati qui manifestaient avec violence leur déception dans les rues. Ce scrutin avait été précédé d’une série de coup de théâtre. Tirant les leçons du vote de censure de l’Assemblée consultative du peuple, le président Habibie avait renoncé à se présenter. Avant l’aube, son parti, le Golkar, présentait la candidature d’Akbar Tanjung, chef de cette formation avec pour colistier celle du général Wiranto. Proposition presque aussitôt retirée. En raison de sa cécité et d’une santé fragile, Abdurrahman Wahid apparaît comme un président de transition. La réalité du pouvoir reviendra sans doute au vice-président, qui doit être élu le 21 octobre. Dans la soirée, les partisans de Megawati Soekarnoputri ont provoqué des manifestations de mécontentement, parfois violentes. A Jakarta, ces manifestations ont fait deux morts et une trentaine de blessés.
Naufrage du navire KM Bimas Raya II au large des côtes occidentales de Nouvelle-Guinée. Vingt-six personnes ont été sauvées, mais environ 275 autres ont péri.
jeudi 21 octobre
Megawati Soekarnoputri a été élue vice-présidente par l’Assemblée consultative du peuple. Ses deux principaux concurrents, le général Wiranto et Akbar Tanjung, se sont désistés quelques minutes avant le début du scrutin. Avant son élection à la vice-présidence, malgré un message de son parti les appelant à accepter les résultats du scrutin présidentiel, les partisans de Soekarnoputri s’étaient déchaînés dans l’île de Bali, coupant des arbres et barrant des rues. La distribution de l’électricité a même été interrompue. Des incidents semblables ont été signalés dans l’île de Java et dans plusieurs villes à travers le pays.
vendredi 22 octobre
Xanana Gusmao, chef historique de la guérilla indépendantiste timoraise, a fait un retour triomphal au Timor-Oriental après sept années de détention en Indonésie. Il a annoncé l’adoption de l’escudo portugais comme monnaie, et l’instauration du bilinguisme portugais-tetum.
15 000 manifestants musulmans, favorables à Jusuf Habibie, ont manifesté dans les Célèbes, dont est originaire l’ex-chef de l’Etat, en demandant la création d’une république d’Indonésie orientale.
dimanche 24 octobre
Le nouveau président indonésien, Abdurrahman Wahid, s’est déclaré favorable au remplacement « sur le long terme » de la république unitaire par un système fédéral, afin de faciliter le gouvernement de l’archipel aux régions très disparates.
Le chef indépendantiste timorais Xanana Gusmao a prêché la réconciliation alors qu’il visitait Dili. « Nous voulons oublier le passé et le laisser comme une page sombre de notre histoire », a déclaré le président du Conseil national de transition, chargé de coopérer avec l’administration provisoire de l’ONU. Xanana Gusmao a ouvert la porte du retour aux miliciens pro-indonésiens qui ont semé la terreur, « à condition qu’ils confessent leurs crimes et que le peuple les leur pardonne ».
lundi 25 octobre
Kofi Annan a désigné le Brésilien Sergio Vieira de Mello, son adjoint chargé des affaires humanitaires, comme administrateur provisoire du Timor-Oriental. Peu auparavant, les quinze membres du Conseil de sécurité avaient unanimement approuvé la mise en place d’une administration des Nations unies dans l’est de l’île et l’envoi d’un corps de 9 850 casques bleus, 200 observateurs militaires et 1 650 policiers, pour prendre la relève, dans quelques mois, de la force multinationale dirigée par l’Australie.
mardi 26 octobre
Le HCR a dressé un nouveau bilan de la situation humanitaire au Timor-Oriental. A ce jour, 18 000 personnes ayant fui les violences des milices ou ayant été contraintes de quitter leur territoire par l’armée indonésienne sont rentrées. Il y aurait encore 219 000 Est-Timorais dans l’ouest de l’île. Le rapatriement de 150 000 d’entre eux, massés près du port d’Atapupu, devrait commencer dans trois jours. Le Programme alimentaire mondial estime à 225 000 le nombre des Est-Timorais qui vont maintenant dépendre entièrement de lui pour se nourrir.
mercredi 27 octobre
Le nouveau gouvernement indonésien a annoncé qu’il allait rouvrir l’enquête sur l’ancien président Suharto, accusé de corruption. Le précédent gouvernement avait abandonné, le 11 octobre, l’enquête ouverte pour abus de pouvoir et mauvais usage de fonds publics en raison du « manque de preuves ».
jeudi 28 octobre
Mgr Belo, l’évêque de Dili, exige que le général Wiranto soit jugé pour les atrocités commises au Timor-Oriental. Il attend aussi que l’armée s’excuse pour les victimes et la destruction systématique du Timor. La prise en charge du Timor-Oriental par les Nations unies a été officiellement notifiée à Jakarta par une lettre du secrétaire général de l’ONU.
samedi 30 octobre
Les derniers soldats indonésiens ont quitté le sol du Timor-Oriental. Lors d’une cérémonie informelle sur l’aéroport de Dili, Xanana Gusmao a symboliquement fait ses adieux à l’armée indonésienne.
dimanche 31 octobre
Des centaines de Timorais de l’Est ont pillé les casernes évacuées quelques heures plus tôt par les derniers soldats de l’armée indonésienne. A Dili, des gens de tous âges se sont tranquillement servis en fauteuils, tables, plantes, néons, sous les yeux des soldats australiens de l’Interfet.
jeudi 4 novembre
Le président Wahid s’est déclaré en faveur d’un référendum dans la province d’Aceh. Cette région, située au nord de Sumatra, est en proie à une rébellion indépendantiste musulmane qui a été, jusqu’à présent, violemment réprimée par les forces armées.
du vendredi 5 au samedi 6 novembre
Conférence des ministres de la Justice des dix pays de l’ASEAN à Singapour. La participation du nouveau ministre de la Justice indonésien, Maruski Darusman, est très attendue.
vendredi 12 novembre
Un nombre croissant de Timorais dénonce le « nouveau pouvoir colonial » que représente, à leurs yeux, l’Untaef. Ils lui reprochent notamment d’ignorer le Conseil de la résistance est-timoraise (CNRT) qui a nommé une commission de six membres pour travailler aux côtés des représentants de l’ONU. Le CNRT rassemble pourtant plusieurs mouvements indépendantistes ainsi que des personnalités de divers horizons politiques dont certaines se sont même affrontés dans le passé. Cette marginalisation des représentants timorais fait que les relations sont de plus en plus tendues, à Dili, entre le CNRT et les organisations humanitaires.
dimanche 14 novembre
Le Portugal et l’Indonésie ont décidé d’ « intensifier leurs contacts bilatéraux en vue d’une normalisation rapide de leurs relations ». Lisbonne a rompu ses relations diplomatiques avec Jakarta au lendemain de l’annexion du Timor-Oriental. Elles devraient être rétablies avant la fin de l’année.
mardi 16 novembre
L’administrateur de l’ONU pour le Timor-Oriental, Sergio Vieira de Mello est arrivé à Dili. Les dirigeants est-timorais n’étaient pas là pour l’accueillir : ils reprochent à l’Onu son indifférence à leur égard. Officiellement, la situation s’améliore au Timor : 55 133 réfugiés est-timorais ont regagné leur pays. 67 % d’entre eux ont été rapatriés de manière « organisée ». Il reste près de 210 000 réfugiés hors du Timor. La coopération de Jakarta permet de faciliter les démarches : l’armée indonésienne a donné son feu vert, en certains endroits, à l’entrée de véhicules de l’UNHCR chargés de collecter les réfugiés. Toutefois, la situation s’améliore encore très difficilement par endroits : l’Unamet a ainsi recensé 18 incidents le long de la frontière au cours des deux dernières semaines.
Le président indonésien a déclaré qu’il envisageait la tenue d’un référendum (sur le modèle de celui réalisé au Timor-Oriental) dans la province rebelle d’Aceh, mais les séparatistes de cette province n’en veulent pas et réclament l’indépendance.
samedi 20 novembre
L’ancien commandant en chef des forces armées indonésiennes, le général Wiranto, est en tête de liste des personnes que la commission d’enquête indonésienne souhaite interroger sur les violations des droits de l’homme au Timor Oriental.
mardi 23 novembre
Kofi Annan a nommé le Français Jean-Christian Cady administrateur adjoint de l’administration provisoire de l’ONU au Timor-Oriental. Il doit prendre ses fonctions à Dili début décembre. Un Japonais a été nommé, lui, administrateur adjoint chargé de l’aide humanitaire.
mercredi 24 novembre
Une commission indonésienne indépendante a enquêté sur les violences commises dans la province d’Aceh, où opère un mouvement séparatiste islamique. Elle conclut que les violences qui y ont été commises à la faveur des opérations militaires, lancées depuis dix ans pour venir à bout des rebelles, par des soldats « aux ordres de leurs supérieurs » sont des « crimes de guerre ». La commission considère en outre que la répression dans cette province constitue « une sorte de violence d’Etat ».
vendredi 26 novembre
Le président Wahid a révélé qu’il avait rencontré les dirigeants séparatistes de la province d’Aceh. Il a annoncé son intention de rencontrer d’autres dirigeants locaux pour tenter de résoudre la crise de cette province à de l’extrême nord de Sumatra, dopée par l’indépendance du Timor-Oriental. Toutefois, a-t-il expliqué, pas question d’un référendum sur l’indépendance pour Aceh, une éventuelle consultation ne porterait que sur la mise en œuvre éventuelle de la loi islamique.
Visite officielle à Jakarta du Premier ministre japonais, Keizo Obuchi.
dimanche 28 novembre
Sommet des pays membres de l’ASEAN à Manille (Philippines).
lundi 29 novembre
Le dirigeant indépendantiste est-timorais Xanana Gusmao a accusé l’ancien ministre indonésien de la Défense, le général Wiranto, d’être responsable de la destruction systématique du territoire après le référendum du 30 août sur l’indépendance. La semaine dernière, le général Wiranto avait été mis en cause par une commission parlementaire indonésienne qui enquêtait sur les violations des droits des l’homme à Aceh. Pour l’heure, 100 000 réfugiés est-timorais en zone indonésienne n’ont toujours pas pris le chemin du retour.
mardi 30 novembre
Xanana Gusmao a été officiellement reçu par le président Wahid, à Jakarta. C’est la première fois que les ennemis d’hier se rencontrent. « Nous sommes résolus à faire de notre mieux pour créer une relation de coopération et d’amitié entre les deux pays », a déclaré Gusmao lors d’une conférence de presse.
mercredi 1er décembre
Ramos Horta, le leader indépendantiste est-timorais prix Nobel de la paix, est revenu au Timor-Oriental, après 24 ans d'exil. Il avait quitté le territoire trois jours avant son invasion par l’armée indonésienne, le 7 décembre 1975. Il était devenu le porte-parole des Est-Timorais à l’étranger. Il est arrivé à l’aéroport de Dili à bord d’un avion des Nations unies.
début décembre
Le président indonésien Abdurrahman Wahid s’est rendu à Ambon, dans les Moluques, pour appeler à la réconciliation. Il a aussi menacé de faire encore plus appel à l’armée pour rétablir l’ordre.
samedi 4 décembre
Jour anniversaire de la création du Mouvement pour l’Atjeh libre (GAM) : la plus importante cérémonie jamais organisée a eu lieu, animée par les « milices des veuves », 135 femmes en habit de camouflage militaire qui souhaitent venger leurs maris.
mercredi 8 décembre
Début du Ramadan.
vendredi 10 décembre
Les autorités indonésiennes ont libéré 90 prisonniers politiques dans le cadre d’une amnistie présidentielle. Parmi eux, les 18 derniers militants de l’indépendance est-timoraise encore incarcérés ainsi qu’une quinzaine de prisonniers liés à des groupes musulmans radicaux du sud de Sumatra et de Jakarta arrêtés dans les années 1980.
samedi 11 décembre
Le commandant de la Force des combattants de Timor-Est (PPTT), principal groupe anti-indépendantiste, João da Silva Tavares, a rencontré le leader indépendantiste « Xanana » Gusmão.
lundi 13 décembre
La Force des combattants de Timor-Est (PPTT) s’est dissoute.
mardi 14 décembre
Le président indonésien Abdurrahman Wahid se rend au Timor-Oriental, à l’invitation du secrétaire général des Nations unies. La date de cette visite du président dans l’ancienne province indonésienne ayant choisi l’indépendance n’est pas encore arrêtée.
du jeudi 16 au vendredi 17 décembre
Réunion internationale de soutien au Timor-Oriental, à Tokyo.
vers le lundi 20 décembre
Une quarantaine de personnes - en majorité des chrétiens - ont été tuées à Buru, île du sud-ouest de l’archipel moluquois.
vendredi 24 décembre
Seize explosions ont eu lieu à Tobelo, au nord de l’archipel des Moluques.
samedi 25 décembre
A Tobelo, une foule de plusieurs milliers de personnes armées et portant un turban rouge [symbole des chrétiens] a donné l’assaut aux musulmans.
dimanche 26 décembre
Chrétiens et musulmans se sont de nouveau affrontés à Ambon, dans les Moluques, alors que Noël avait été dans le calme. Ces violences se sont produites dans un quartier chrétien du nord-est de la capitale, non loin de la mosquée Al Fatah. Le temple protestant de Silo a été incendié. Les forces de l’ordre ont dû intervenir. Le bilan est incertain : au moins 33 morts et plus de 80 blessés, selon des sources hospitalières. Un représentant du temple de Silo l’a affirmé : ce sont les forces de l’ordre qui ont tiré sur les victimes chrétiennes.
lundi 27 décembre
Dans la matinée, le colonel Iwa Budiman, responsable du maintien de l’ordre dans le secteur d’Ambon, a avoué que « c’est le chaos ».
mardi 28 décembre
Dans l’archipel des Moluques, les affrontements interreligieux ont fait plus de 800 morts (notamment dans l’île de Halmahera) et contraint à l’exil plus de 100 000 personnes cette année. La dernière flambée de violences, il y a deux jours, a conduit la Communion indonésienne des Eglises à estimer que « les attaques massives contre les chrétiens sont la conséquence directe de la manière dont le conflit est traité par l’armée et la police indonésienne. Si les responsabilités ne peuvent être établies, alors il serait mieux que l’armée et la police soient retirées des Moluques et remplacées par une force internationale de maintien de la paix ». C’est le premier appel à l’intervention internationale dans cette région. Pour la troisième journée consécutive, les affrontements se poursuivent à Ambon entre chrétiens et musulmans.
mercredi 29 décembre
Désormais, c’est l’armée indonésienne qui assure la sécurité dans l’archipel des Moluques à la place de la police, ce qui permettra, a précisé un porte-parole, de « faire usage de mesures répressives ». Pour le président du Parlement indonésien, « le processus de règlement en cours ne rend pas nécessaire le recours à des forces de paix venues de l’extérieur ».
jeudi 30 décembre
Des affrontements entre chrétiens et musulmans auraient fait, depuis deux jours, 265 morts et 205 blessés dans l’île de Halmahera, dans le nord de l’archipel des Moluques, selon l’armée indonésienne.