mardi 1er janvier
Le secrétaire général de l’ONU Kurt Waldheim est arrivé à Téhéran pour tenter de résoudre le conflit des otages, mais sans l’invoquer ouvertement. Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh l’a rappelé : « M. Waldheim vient s’informer. Il n’est pas question de céder à des pressions américaines ».
Une manifestation antisoviétique rassemblant entre 7 000 et 10 000 personnes, en majorité des Afghans résidant en Iran, a dégénéré à Téhéran : une centaine de manifestants, conduits par des dirigeants religieux afghans, ont réussi à pénétrer dans l’enceinte de la mission diplomatique d’URSS avant d’être refoulés par les gardiens de la Révolution.
mercredi 2 janvier
Kurt Waldheim s’est entretenu pendant trois heures avec Sadegh Ghotbzadeh. Rien n’a filtré, mais lest débuts du secrétaire général de l’ONU à Téhéran semblent difficile. Plusieurs milliers d’habitants de Téhéran ont manifesté devant le siège de la Savak que M. Waldheim n’a pas donc pu visiter comme prévu et le programme du lendemain a été annulé. Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, un complot contre le secrétaire général de l’ONU aurait été découvert et déjoué à temps.
Au moins cinq personnes ont été tuées et huit autres blessées au cours d’escarmouches ayant opposé combattants kurdes et gardiens de la Révolution.
L’ex-chah d’Iran a déclaré, depuis son exil panaméen sur l’île de Contadora, qu’il acceptait que sa cause soit débattue devant un tribunal international, à condition d’être assuré d’un procès impartial. L’impératrice Farah Diba a par ailleurs fait savoir que son mari était atteint de la maladie de Waldenstroem et qu’il devrait probablement subir l’ablation de la rate.
Le chef des « volontaires iraniens pour le Liban-Sud », l’ayatollah Montazari, a déclaré à Beyrouth qu’il envisageait d’envoyer au Liban « des milliers et des milliers d’Iraniens pour qu’ils rejoignent ceux qui y sont déjà, en vue de combatte Israël ».
Un ancien sénateur iranien représentant la communauté arménienne, Félix Agaian, a été victime d’une tentative d’enlèvement à Paris.
jeudi 3 janvier
Pour la première fois depuis son arrivée à Téhéran, Kurt Waldheim a rencontré le peuple iranien pour des visites mouvementées, mais « très organisées ». Il a été conduit, plus de force que de gré, au grand cimetière de la capitale où reposent les martyrs de la Révolution. Partout, où il s’est rendu, des manifestants ont fait part de leurs sentiments anti-américains. Le secrétaire général de l’ONU a enfin pu s’entretenir avec le Conseil national qui dirige le pays, mais le régime lui a fait savoir qu’il ne rencontrerait pas l’ayatollah Khomeiny durant son séjour.
Une nouvelle fois, des manifestants ont tenté d’attaquer l’ambassade soviétique à Téhéran.
vendredi 4 janvier
Démarches vaines de Kurt Waldheim pour libérer les otages américains. Les autorités iraniennes ont refusé de négocier. Injurié pendant plusieurs jours par la foule, vilipendé par la presse, le secrétaire général de l’ONU rentre humilié à New York.
5 000 partisans de l’ayatollah Chariat-Madari, venus de l’Azerbaïdjan, se sont battus à Qom avec 15 000 fidèles de Khomeiny.
samedi 5 janvier
Poursuite de la guerre des mollahs en Iran : alors que le gouvernement déclarait subitement le jour férié, plus d’un million de personnes ont manifesté dans les rues de Téhéran pour soutenir Khomeiny tandis que des incidents violents se sont produits en province. On déplore 26 morts et plusieurs dizaines de blessés au cours d’affrontements dans le port de Bandar Lengeh, sur le golfe Persique. Dans la matinée, des affrontements ont fait 150 blessés à Tabriz lors d’échauffourées pour le contrôle de la radio locale. L’ayatollah Chariat-Madari a lancé un appel au calme et à l’unité nationale.
dimanche 6 janvier
Poursuite des affrontements sanglants à travers le pays : on déplore plusieurs dizaines de morts dans diverses villes. Au moins quarante personnes ont été tuées à Bandar Lengeh dans les combats opposant les sunnites d’origine arabes aux chiites partisans de Khomeiny. D’autres émeutes sanglantes se sont produites à Tabriz. Le nord-ouest (Azerbaïdjan et Kurdistan) est quasiment aux mains des rebelles au régime iranien ; le chef des Gardiens de la Révolution d’Ispahan a été assassiné et le gouverneur du Kurdistan a donné sa démission pour protester contre la présence des Gardiens dans la région. Plusieurs centaines d’étudiants d’origine afghane ont occupé pendant plusieurs heures l’ambassade d’Afghanistan à Téhéran, avant d’être expulsés par les Gardiens de la Révolution.
lundi 7 janvier
La guerre civile s’étend à toutes les provinces du pays.
mardi 8 janvier
L’ayatollah Chariat Madari a condamné les incidents de Tabriz.
mercredi 9 janvier
La ville de Tabriz est repassée sous le contrôle des forces pro-khomeynistes à l’issue de violents affrontements. On évoque au moins une douzaine de morts et environ 500 blessés. 50 madaristes ont été arrêtés. Chariat Madari est placé en résidence surveillée à Qom.
jeudi 10 janvier
Arrestation du mollah Akbar Goudarzi, fondateur du mouvement intégriste Forghan.
Arrivée à Tabriz de renforts des Gardiens de la Révolution.
Restrictions économiques.
Cinq personnes condamnées à mort par des tribunaux islamiques ont été exécutés ce jour en Iran.
vendredi 11 janvier
Manifestation à Tabriz contre la Constitution. Les partisans de l’ayatollah Kazem Chariat-Madari et ceux de l’imam Khomeiny s’affrontent dans une lutte sanglante : plus de 19 morts.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 janvier
Les partisans de Khomeiny ont lancé un assaut à l’arme lourde contre le siège du Parti musulman de l’ayatollah Chariat-Madari à Tabriz.
samedi 12 janvier
Accusés d’avoir participé aux émeutes meurtrières du 9 janvier, onze partisans de l’ayatollah Chariat-Madari ont été exécutés à l’aube à Tabriz à l’issue d’une parodie de procès. Dans l’après-midi les madaristes ont repris le contrôle du siège du Parti musulman de Tabriz.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a repris et aussitôt ajourné l’examen de l’affaire iranienne.
dimanche 13 janvier
Les journalistes étrangers sont interdits d’accès à la ville de Tabriz. Plusieurs centaines de jeunes partisans de l’ayatollah Chariat-Madari ont protesté dans le centre de la ville contre l’exécution de onze madaristes, s’attaquant à des symboles du pouvoir central (banque Melli).
lundi 14 janvier
Le gouvernement de Téhéran a ordonné l’expulsion immédiate de tous les journalistes américains présents sur le territoire iranien « pour avoir diffusé des informations partiales sur le pays ». Les autres journalistes étrangers se contentent d’un avertissement.
mardi 15 janvier
Les Etats-Unis font état d’une concentration de 10 000 soldats soviétiques et afghans à la frontière irano-afghane, ce que l’agence Tass a catégoriquement démenti.
mercredi 16 janvier
L’Iran célèbre le premier anniversaire de la fuite du Shah.
samedi 19 janvier
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh a déclaré dans une interview que l’Iran allait tout faire pour obliger les Soviétiques à se retirer d’Afghanistan.
Quelques jours après qu’une lettre d’un otage se plaignant de ses conditions de détention ait été lue sur les chaînes de télévision occidentale, les étudiants iraniens ont, pour la première fois depuis Noël 1979, laissé entrer une équipe de télévision, française, à l’intérieur de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Les meneurs étudiants accusent le président Carter d’avoir lui-même écrit cette lettre. Les journalistes étrangers n’ont cependant pas été autorisés à s’entretenir avec les otages « pour des raisons de sécurité ».
lundi 21 janvier
Un Boeing 727 d’Iran Air (vol 291) s’est écrasé sur le mont Elbrouz lors de son approche de l’aéroport de Téhéran : 128 morts. L’appareil provenait de Mehrabad. L’accident a été provoqué par la neige et le brouillard.
mercredi 23 janvier
L’ayatollah Khomeiny est hospitalisé dans la banlieue de Téhéran pour des troubles cardiaques.
vendredi 25 janvier
Premier tour de l’élection présidentielle, organisée au suffrage universel : le ministre des Finances et ancien ministre des Affaires étrangères Abdol-Hassan Bani Sadr est facilement élu avec 75,7 % des suffrages premier président de la République islamique contre l’actuel ministre des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh et l’amiral Madani. Les Iraniens ont voté en masse. L’ayatollah Khomeiny reste cependant le véritable maître du pays.
Les médecins de l’ayatollah Khomeiny, hospitalisé dans la banlieue de Téhéran (hôpital Ali Reza) depuis plusieurs jours, ont fait savoir que leur patient souffrait d’une angine de poitrine. Le chef religieux, qui a lancé un appel aux Iraniens pour qu’ils se rendent massivement aux urnes, a par ailleurs rappelé aux Iraniens qu’il n’était pas immortel.
dimanche 27 janvier
Début de l’opération « Canadian Caper » : le gouvernement canadien organise secrètement l’évacuation d’Iran de diplomates américains.
lundi 28 janvier
Succès de l’opération « Canadian Caper » : grâce à son ambassadeur Ken Taylor, le gouvernement d’Ottawa a réussi à faire passer pour canadiens six diplomates américains qui tentaient de fuir l’Iran et qui avaient trouvé refuge à l’ambassade canadienne lors de l’assaut iranien contre les bâtiments américains à Téhéran en novembre. Ils sont parvenus à embarquer à bord d’un avion à destination de Zurich.
Le président élu iranien Bani Sadr a apporté son soutien aux rebelles afghans et condamné l’intervention soviétique dans ce pays.
mardi 29 janvier
Alors que des rumeurs circulent sur une suspension éventuelle des sanctions économiques américaines contre l’Iran, l’ayatollah Khomeiny a apporté son soutien au président élu Bani Sadr.
mercredi 30 janvier
De violents affrontements entre rebelles kurdes et gardiens de la Révolution auraient fait 17 morts dans le Kurdistan iranien.
Le gouvernement iranien est furieux de l’évasion des six otages américains. Le ministre des Affaires étrangères menace le Canada et les Etats-Unis de représailles.
samedi 2 février
En trois jours, les combats entre rebelles kurdes et gardiens de la Révolution islamique auraient fait plus d’une cinquantaine de morts dans le nord-ouest de l’Iran.
lundi 4 février
Entrée en fonction du président Abolhassan Bani Sadr, qui a prêté serment devant le guide de la Révolution islamique, l’ayatollah Khomeiny, à l’hôpital de Téhéran.
Le fils de l’ayatollah Khomeiny (toujours hospitalisé) a lu un message de son père à plusieurs dizaines de milliers d’Iraniens rassemblés dans un immense cimetière situé à 15 kilomètres au sud de Téhéran : le chef spirituel de l’Iran condamne l’occupation soviétique de l’Afghanistan et prise que son pays apportera toute l’aide nécessaire au peuple afghan. L’ayatollah a également violemment attaqué les Etats-Unis et Israël.
mardi 5 février
Le président Bani Sadr fait allégeance à l’ayatollah Khomeiny après la cérémonie officielle de sa prestation de serment.
mardi 6 février
Accusé par les étudiants islamiques de collaboration avec la CIA, le ministre de l’Information a été arrêté de façon arbitraire par les gardiens de la Révolution.
jeudi 7 février
Libération du ministre de l’Information grâce à l’intervention du nouveau président de la République islamique, Bani Sadr.
Dans la soirée, le gouvernement américain a refusé d’appliquer les sanctions qu’il avait promises contre l’Iran. Par ailleurs trois des otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis de Téhéran ont pu téléphoner à leurs familles en Amérique.
vendredi 8 février
Le nouveau président de la République Bani Sadr a accru son pouvoir en obtenant dans la matinée la présidence du Conseil de la Révolution.
L’ayatollah Khomeiny a reçu à l’hôpital où il est soigné un groupe de 260 dignitaires musulmans et personnalités étrangères.
samedi 9 février
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh n’exclut pas une intervention de l’armée contre les étudiants islamiques qui détiennent les otages américains s’ils ne se pliaient aux ordres éventuels de libérations émis par l’imam Khomeiny. Pour la première fois depuis longtemps, certains des otages sont apparus à la télévision iranienne à l’occasion de la visite de Mgr Hilarion Capucci, ancien archevêque grec-catholique (melkite) de Jérusalem. Mgr Capucci s’était entretenu auparavant avec le président Bani Sadr.
Selon des experts militaires iraniens, dix divisions soviétiques seraient massées à la frontière nord-est de l’Iran.
lundi 11 février
L’Iran célèbre le premier anniversaire de la Révolution islamique… et le centième jour de détention des otages américains. Une foule nombreuse, estimé à 2 millions de personnes, a fêté l’événement dans les rues de Téhéran, malgré l’absence de l’imam Khomeiny, toujours hospitalisé. Le défilé militaire prévu a été annulé. On déplore trois morts, écrasés par des chars, à l’issue de cette journée. Le président Bani Sadr a déclaré que la libération des otages était proche à condition que les Américains fassent une autocritique de leur implication dans le régime du chah.
mardi 12 février
Les autorités d’Oman donnent leur accord à l’installation de bases militaires américaines dans le pays. Le président Carter a décidé d’envoyer à la mi-mars, en renfort dans la région du golfe Persique et de la mer d’Oman, 1 800 marines embarqués sur quatre navires amphibies.
Visite à Téhéran de Yasser Arafat, qui a assisté avec le président Bani Sadr et le fils de l’ayatollah Khomeiny aux cérémonies célébrant le premier anniversaire de la Révolution islamique. Le président de l’OLP a déclaré que les Soviétiques lui avaient assuré que leur présence en Afghanistan n’était que temporaire et qu’ils se retireraient bientôt.
mercredi 13 février
Interrogé à Téhéran par la télévision française, le président iranien Bani Sadr s’est dit personnellement hostile, depuis le début, à la prise des otages américains par les étudiants islamiques. Il a ajouté que leur libération n’était plus forcément liée à l’extradition du chah d’Iran. Aux Etats-Unis, le président Carter a laissé entendre dans un discours qu’un plan était à l’étude pour obtenir la libération des otages.
jeudi 14 février
De graves inondations frappent certaines régions de l’Iran. On déplore plus de 200 morts.
vendredi 15 février
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh est arrivé en France où il s’est entretenu avec son homologue français Jean-François Poncet. Le ministre iranien a déclaré qu’une libération des otages américains à Téhéran n’était pas envisageable avant quinze jours et la fin des travaux de la commission d’enquête sur les crimes du Chah.
dimanche 17 février
Constitution de la Commission d’enquête des Nations unies sur le Chah d’Iran. Les Etats-Unis ont donné leur accord sur sa composition et le secrétaire général de l’ONU attend maintenant l’avis des Iraniens avant de rendre publique celle-ci.
Afin d’examiner les possibilités de transports en commun et de réduire la consommation d’essence, les autorités ont décidé d’interdire aux voitures particulières de circuler pendant trois jours dans une semaine.
Intervenant à la radio française, l’ancien Premier ministre iranien Chahpour Bakhtiar, qui vit en exil à Paris, a déclaré être prêt à passer devant un tribunal iranien, mais « pas devant un abattoir ». Il a aussi accusé l’ayatollah Khomeiny d’être un assassin dans le même genre qu’Hitler.
mardi 19 février
A Téhéran, le président Bani Sadr a été nommé commandant en chef des forces armées iraniennes par l’ayatollah Khomeiny, qui en avait la fonction jusque-là.
vendredi 22 février
Faisant implicitement allusion aux « gardiens de la révolution », Bani Sadr a lancé un appel à l’ordre et à la discipline affirmant que l’Iran « vivait ses derniers jours de désordre ».
samedi 23 février
L’ayatollah Khomeiny a déclaré que le sort des otages américains, détenus par les étudiants islamiques depuis 112 jours, sera décidé par la future Assemblée nationale islamique iranienne (qui ne sera élue qu’au mois de mars).
Après trois jours d’attente, les cinq juristes internationaux de la commission d’enquête de l’ONU sur le régime du chah ont quitté Genève pour l’Iran. Peu avant, de son lit d’hôpital, l’ayatollah Khomeiny a fait savoir qu’il appartiendrait à l’Assemblée nationale, quand elle sera élue (pas avant avril), de se prononcer sur le problème des otages.
dimanche 24 février
Début des travaux de la commission des Nations unies. Les cinq délégués ont rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Ghotbzadeh, puis le président de la République Bani Sadr. Répondant aux questions de la chaîne CBS, l’ambassadeur d’Iran à l’ONU a fait savoir que la commission n’avait pas pour mission de rencontrer les otages détenus à l’ambassade américaine.
Réagissant aux propos tenus la veille par l’ayatollah Khomeiny, les étudiants islamiques qui gardent les otages américains ont changé d’avis : ils obéiront aux décisions de la future assemblée nationale et non plus seulement à ceux du Guide de la Révolution.
Pénurie de produits pétroliers à la suite des inondations qui ont endommagé les installations du Khûzistân : la circulation des voitures particulières est interdite pour trois jours à Téhéran.
lundi 25 février
Le président Bani Sadr et les membres du Conseil de la révolution ont participé à une marche organisée devant l’ambassade américaine à Téhéran pour marquer la fin de la semaine nationale de mobilisation et répondre au message de l’ayatollah Khomeiny en faveur de l’extradition du chah et la restitution de ses biens. Le président iranien a été plébiscité du haut de l’ambassade par plus de 100 000 personnes.
Le contre-amiral Alavi, commandant des forces navales, a été arrêté à Téhéran sur ordre du procureur du tribunal révolutionnaire des forces armées.
Démission inattendue du maire de Téhéran, Mohamad Tavassoli.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux Olympiques de Moscou : à Singapour, l’Iran et la Corée du Nord ont fait match nul zéro à zéro.
mercredi 27 février
L’ambassade d’Afghanistan à Téhéran a été brièvement occupée par une trentaine d’étudiants afghans armés de mitraillettes qui voulaient ainsi protester contre la répression exercée par les Soviétiques à Kaboul.
Tous les journalistes étrangers, y compris américains, sont à nouveau admis en Iran.
L’Iran reconnaît la République arabe sahraouie démocratique, qui se bat contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran et la Chine ont fait match nul deux à deux.
jeudi 28 février
A Téhéran, les cinq membres de la commission d’enquête de l’ONU ont visité un hôpital où sont toujours soignées les anciennes victimes de la police politique du chah, la Savak. Ils n’ont cependant toujours pas pu rencontrer les otages de l’ambassade américaine.
en février
Un an après la Révolution islamique, les purges diverses dans les forces armées ont réduit de 25 à 50 % le nombre d’officiers d’état-major.
samedi 1er mars
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, les footballeurs singapouriens ont été battus par les Iraniens trois buts à zéro.
dimanche 2 mars
L’ayatollah Khomeiny a effectué sa première apparition publique depuis son hospitalisation il y a cinq semaines. Du balcon de l’hôpital, il a demandé au peuple d’élire le 14 mars des députés fidèles à l’islam et non alignés sur l’Est ou sur l’Ouest.
jeudi 6 mars
Un nouvel espoir pour les otages américains détenus à Téhéran : les étudiants ont annoncé dans la soirée leur intention de remettre prochainement leurs captifs au Conseil de la Révolution iranienne. Une manifestation a été organisée dans les rues de la capitale pour protester contre cette décision. Trop souvent échaudé, le gouvernement américain reste prudent.
vendredi 7 mars
Dissolution du secrétariat de l’ayatollah Khomeiny, considéré comme un Etat dans l’Etat.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran a battu l’Inde deux buts à zéro.
samedi 8 mars
Un différend ayant éclaté entre les étudiants islamistes et le ministre des Affaires étrangères juste avant l’opération, la remise aux autorités iraniennes des otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran n’a pas eu lieu. Selon les geôliers, Sadegh Ghotbzadeh n’a pas été officiellement mandaté par l’ayatollah Khomeiny pour cette mission. Ghotbzadeh se dit lui chargé de ce travail par le Conseil de la révolution. Rajoutant la confusion à la confusion, Khomeiny a déclaré que le sort des otages était du ressort de l’Assemblée nationale islamique… qui n’a pas encore été élue.
dimanche 9 mars
Tout comme la veille, des milliers de manifestants ont défilé devant l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran pour apporter leur soutien aux étudiants islamiques. Ces derniers ont confirmé qu’ils remettront bien leurs otages mais pas au ministre des Affaires étrangères.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran a écrasé le Sri Lanka onze buts à zéro.
lundi 10 mars
L’ayatollah Khomeiny s’est prononcé en faveur de la visite à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran de la commission d’enquête de l’ONU sur les otages américains, mais sous conditions. Celles-ci ont été immédiatement rejetées par Washington.
mardi 11 mars
La Commission d’enquête internationale chargée de trouver une solution au problème des otages américains à Téhéran a échoué. Présents en Iran depuis 17 jours, les cinq délégués ont quitté la capitale iranienne sans avoir même pu rencontrer ceux-ci. A la dernière minute, l’ayatollah Khomeiny est intervenu en faveur des étudiants qui s’apprêtaient à remettre les otages aux instances officielles iraniennes.
mercredi 12 mars
Dernier match des qualifications pour le tournoi de football des Jeux de Moscou : à domicile, Singapour a de nouveau été battu par l’Iran quatre buts à zéro. Bien que qualifiés, les Iraniens boycotteront finalement ces Jeux (et seront remplacés par les Syriens).
vendredi 14 mars
Premier tour des élections législatives iraniennes. Les scrutins organisés au Kurdistan sont annulés en raison de violents incidents armés, qui avaient déjà marqué la fin de la campagne électorale. Après avoir demandé ces derniers jours au peuple de se prononcer pour des candidats authentiquement islamiques, l’ayatollah Khomeiny a voté à l’hôpital.
Le Parlement européen a adopté une proposition de la Française Louise Weiss qui demande aux Etats de la CEE de saisir la Cour international de justice de La Haye du drame des otages américains retenus en Iran.
A Panama, la présidence américaine sonde les souverains iraniens sur l’abdication du roi comme solution au problème des otages américains. La reine fait valoir l’inanité du projet. Il y aura toujours un Pahlavi prêt à reprendre le flambeau.
dimanche 16 mars
Le président Bani Sadr a laissé entendre que les élections législatives pourraient être annulées du fait d’un trop grand nombre d’irrégularités constatées selon lui.
mardi 18 mars
L’ayatollah Khomeiny a annoncé l’amnistie générale pour les prisonniers dont les mains ne sont pas tachées de sang et qui sont pas coupables de corruption.
mercredi 19 mars
Début du Nouvel An iranien : pendant une semaine le pays va tourner au ralenti avec la fermeture des administrations, écoles, usines, journaux, etc.
jeudi 20 mars
Les Etats-Unis ont lancé un appel à la Cour internationale de justice concernant la question des otages américains détenus à Téhéran.
dimanche 23 mars
L’ex-chah d’Iran a quitté le Panama, à la veille de la demande par le gouvernement de Téhéran de l’extradition de l’ancien souverain d’Iran.
lundi 24 mars
Anouar el-Sadate a accueilli en personne au Caire l’ancien chah d’Iran et son épouse. Il a ensuite accompagné le couple vers l’hôpital militaire ultramoderne de Meadi, situé dans la banlieue de la capitale égyptienne, où l’ancien souverain iranien doit être soigné. Le président Sadate a confirmé que Mohammed Reza et Farah Pahlavi pourront rester en Egypte après l’intervention médicale. Le nouveau gouvernement iranien est furieux : Téhéran considère ce geste comme un défi de la part de l’Egypte.
jeudi 27 mars
L’état de santé de l’ancien chah d’Iran devient critique. L’ablation de sa rate, qui atteint dix fois son volume normal, est impérative.
vendredi 28 mars
Des étudiants islamistes ont manifesté à Assiout contre la présence du chah d’Iran en Egypte. Celui-ci a subi au Caire l’ablation de la rate. L’opération a été réalisée par un chirurgien américain, qui estime que l’ancien souverain pourra sortir de l’hôpital d’ici dix jours.
samedi 29 mars
Il est annoncé à Téhéran que les otages américains détenus à l’ambassade ne seront probablement pas libérés avant le mois de juillet.
dimanche 30 mars
Il est révélé que le président Carter a adressé une lettre aux responsables iraniens pour tenter de trouver une solution à la question des otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. L’ayatollah Khomeiny aurait fait savoir qu’il ne répondrait à ce message.
nuit du dimanche 30 au lundi 31 mars
Plusieurs dizaines de personnes auraient été blessées lors de manifestation au Caire contre la présence du Chah d’Iran en Egypte.
mardi 1er avril
L’ayatollah Khomeiny a adressé un non très ferme aux propositions du président Carter. Le dirigeant iranien ne ferme cependant pas la porte à de futures négociations. De son côté, le président Bani Sadr a promis que le Conseil de la Révolution allait reprendre aux étudiants islamiques le contrôle des otages américains, jusqu’à l’ouverture du prochain Parlement iranien, à condition que les Etats-Unis renoncent à de nouvelles sanctions. En conséquence, Washington a annoncé un sursis à l’imposition de celles-ci.
Près de 500 000 personnes se sont rassemblées dans le centre de Téhéran pour célébrer le premier anniversaire de la Révolution islamique.
jeudi 3 avril
Les otages américains détenus à Téhéran vont encore devoir attendre. Le président iranien Bani Sadr a été mis en minorité au sujet du transfert du contrôle des prisonniers : le Conseil de la Révolution estime que la réponse américaine aux exigences n’est pas assez claire.
vendredi 4 avril
Deux pays de l’OPEP, l’Iran et le Nigeria, ont annoncé une augmentation du prix de leur pétrole.
samedi 5 avril
Interrogé par le quotidien français Le Monde, le président iranien a déclaré que la crise Téhéran-Washington peu avoir des conséquences catastrophiques pour l’Iran et pour toute l’humanité. Selon Bani Sadr, les Etats-Unis ne jouent pas franc-jeu. Il a également averti les étudiants islamiques que ce n’est pas en prenant des otages, que l’Iran pourra mettre les Etats-Unis à genou. Il a enfin appelé le peuple égyptien à se soulever contre la présence au Caire de l’ancien chah d’Iran.
dimanche 6 avril
Arrivés la veille à Téhéran, trois prêtres et pasteurs et le vicaire général de Jérusalem ont pu diriger la messe de Pâques devant les otages détenus à l’ambassade américaine.
lundi 7 avril
Coup de théâtre en Iran : l’ayatollah Khomeiny a annoncé que les otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran ne seront pas transférés sous l’autorité du gouvernement mais resteront sous la garde des étudiants islamiques jusqu’à la réunion du Parlement à la fin mai. A Washington, le président Carter a aussitôt réuni son conseil de sécurité qui a décidé la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran. Tous les diplomates iraniens seront expulsés. Des sanctions économiques sont également prises à l’encontre du régime iranien.
Les forces armées iraniennes et les Gardiens de la Révolution ont été placés en état d’alerte. Téhéran considère comme un ultimatum l’exigence formulée par l’Irak du retrait des soldats iraniens de trois îles occupées depuis 1971 dans le détroit d’Ormuz.
mardi 8 avril
Le ministre iranien du Pétrole a déclaré que son pays ne vendra plus de pétrole aux pays qui se montreront hostiles à l’égard de Téhéran. Une façon de menacer directement les alliés des Etats-Unis tentés de s’unir aux sanctions économiques prises la veille par les Américains. Dans la soirée, la chaîne CBS a diffusé un reportage tourné par la télévision iranienne le jour de Pâques et montrant les otages retenus à l’ambassade américaine de Téhéran.
mercredi 9 avril
Les étudiants islamiques retenant les otages américains à l’ambassade ont publié un communiqué menaçant solennellement les Etats-Unis : la moindre intervention militaire contre l’Iran aurait pour conséquence l’exécution de leurs prisonniers. Washington a entamé officiellement une démarche demandant aux pays de la CEE de se joindre aux sanctions économiques et commerciales américaines contre l’Iran.
L’aviation irakienne a bombardé près de la frontière la ville iranienne de Qasr-e Shirin. Quinze personnes ont été blessées. Il s’agit de représailles après la tentative d’assassinat du ministre irakien des Affaires étrangères, Tarek Aziz, commise par le groupe chiite Al-Dawaa.
jeudi 10 avril
Evoquant une situation inacceptable, les neuf pays membres de la CEE demandent au gouvernement iranien de libérer les otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Mais aucune sanction n’est prise contre l’Iran. Le président Carter a critiqué ses alliés occidentaux à l’occasion d’une conférence de presse, leur reprochant leurs contradictions et leur manque de soutien. A Washington, un haut fonctionnaire du département d’Etat américain a confirmé que les Etats-Unis interviendront militairement contre l’Iran s’il arrive quoique ce soit aux otages.
La radio iranienne signale des mouvements de la flotte de guerre de Téhéran dans le détroit d’Ormuz.
vendredi 11 avril
Un million de personnes environ ont manifesté dans les rues de Téhéran pour démontrer l’unité du peuple iranien. Dans son discours, le président Bani Sadr s’en est essentiellement pris à l’Irak.
samedi 12 avril
Les ambassadeurs des neuf pays de la CEE à Téhéran ont rencontré le président iranien Bani Sadr pour lui exprimer leur préoccupation concernant la situation des otages américains.
lundi 14 avril
Pour la première fois, une mission de la Croix-Rouge internationale a pu se rendre auprès des otages américains détenus à Téhéran. A Londres, intervenant devant la Chambre des Communes, le Premier ministre britannique Margaret Thatcher a demandé que les pays de la Communauté européenne décident d’ici une semaine une action commune dans l’affaire des otages.
jeudi 17 avril
Dans la soirée, le président Carter a dévoilé de nouvelles sanctions contre l’Iran et évoqué la possibilité d’une action militaire : « la patience des Américains s’épuise » a-t-il prévenu. Par ailleurs, discutant à Strasbourg de la situation des otages américains retenus à Téhéran, le Parlement européen a annoncé envisager une suspension de ses relations avec l’Iran.
Intervenant sur Radio-Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a affirmé que l’Iran briserait l’Irak et avancerait jusqu’à Bagdad.
vendredi 18 avril
« Révolution culturelle » à l’iranienne. Bani-Sadr et Ali-Akbar Hachemi-Rafsandjani ordonnent la fermeture des universités pour deux ans.
samedi 19 avril
Des heurts violents ont opposé à Téhéran des étudiants et des membres d’une organisation religieuse extrémiste. On déplore un mort et une cinquantaine de blessés. Le Conseil de la Révolution a ordonné la fermeture pour trois jours de toutes les universités de la capitale.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 avril
Des manifestants intégristes ont occupé le Centre d’art dramatique de Téhéran.
dimanche 20 avril
Le gouvernement américain a interdit aux familles des otages retenus à l’ambassade de se rendre à Téhéran. Les autorités ont par ailleurs démenti l’information selon laquelle ceux-ci ne seront pas libérés avant l’élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis.
Les affrontements violents entre intégristes religieux et étudiants gauchistes se sont poursuivis à l’université de Téhéran.
lundi 21 avril
Des militants des partis de gauche se sont violemment heurtés dans l’après-midi et dans la soirée aux gardiens de la Révolution et à des extrémistes religieux à l’université de Téhéran. En 48 heures, on recense plus de 10 morts et près de 500 blessés. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont convergé vers la maison de l’ayatollah Khomeiny pour y entendre un discours.
Les ministres des Affaires étrangères des Neuf se réunissent à Luxembourg pour tenter de trouver une position commune à tenir face à la situation en Iran : soutien aux Etats-Unis ? Sanctions contre Téhéran ? Si oui économiques ? Diplomatiques ? Politiques ? Un représentant du gouvernement japonais présent dans la capitale luxembourgeoise a déclaré que son pays était prêt à s’aligner sur les décisions que la CEE prendra. Un choix qui a immédiatement conduit l’Iran à cesser ses exportations de pétrole vers le Japon. Dans la capitale iranienne, la mère du plus jeune otage américain détenu dans l’ambassade a finalement été autorisée à rencontrer son fils, le sergent Kevin Hermening (21 ans). Les étudiants islamiques lui avaient d’abord fait visiter le cimetière où reposent les martyrs de la Révolution.
Décès à l’hôpital Pars de Téhéran du poète Sohrâb Sepehri.
mardi 22 avril
Fermeture des universités et centres de recherche.
Après les Etats-Unis, les pays de la CEE décident un boycottage économique de l’Iran, applicable le 1er mai, si les otages américains n’ont pas été libérés.
mardi 22 avril
Après les Etats-Unis, les neufs pays membres de la Communauté économique européenne, ainsi que l’Espagne et le Japon, ont décidé à Luxembourg, après de longues négociations, un boycottage économique de l’Iran, applicable à compter du 17 mai, si les otages américains retenus à Téhéran n’ont pas été libérés d’ici là.
Intervenant devant une foule de 100 000 personnes, le président Bani Sadr a réaffirmé l’autorité de son gouvernement. Le renforcement du pouvoir religieux le met pourtant de plus en plus en difficulté.
Selon Radio-Téhéran, de violents combats dans le Kurdistan iranien auraient fait 300 morts dans les rangs des contre-révolutionnaires et 36 dans le camp gouvernemental.
du mardi 22 au jeudi 24 avril
Les violences font des dizaines de morts dans les universités.
mercredi 23 avril
Poursuivant la politique de « purification » de l’université de Téhéran voulue par Khomeiny, des étudiants religieux intégristes ont une nouvelle fois donné la chasse aux gauchistes sur le campus.
jeudi 24 avril
Téhéran poursuit son rapprochement avec les pays de l’Est : l’Iran a signé un accord économique avec l’Allemagne de l’Est.
nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril
Echec d’un commando américain chargé de libérer les 52 otages de Téhéran (opération Eagle Claw) : emportant des Delta Force, trois hélicoptères Sikorsky RH-53D, sur les huit partis du porte-avions Nimitz, sont tombés en panne au-dessus d’une zone désertique. La mission a aussitôt été annulée mais, après avoir effectué un plein de carburant, un autre hélicoptère est entré en collision avec un C-130 Hercules de ravitaillement près de Tabas, à plus de cinq cents kilomètres de Téhéran, causant la mort de huit hommes. C’est un échec humiliant pour les Etats-Unis et une victoire psychologique pour l’Iran.
vendredi 25 avril
Une foule immense célèbre l’échec américain dans les rues de Téhéran, devant l’ambassade des Etats-Unis. Le président Bani Sadr s’est rendu sur le site du crash près de Tabas. L’ayatollah Khomeiny a averti Washington : si une nouvelle tentative pour libérer les otages étaient effectivement ni lui-même ni le gouvernement ne seraient plus en mesure de garantir leur vie, les étudiants islamiques confirmant qu’un autre essai américain se solderait par la mort de tous ceux qu’ils détiennent.
samedi 26 avril
Par précaution, les étudiants islamiques ont décidé de disperser les otages américains dans différentes villes d’Iran, en des lieux sur lesquels le sacré est bien gardé. La télévision iranienne a diffusé des images des carcasses des hélicoptères américains détruits ou tombés en panne près de Tabas. Les corps des huit hommes tués sont également présentés.
dimanche 27 avril
A Téhéran, les autorités iraniennes ont présenté à la foule rassemblée devant l’ambassade des Etats-Unis les corps des huit Américains tués lors du raid manqué.
lundi 28 avril
Les étudiants islamiques ont menacé de faire passer en jugement les otages américains.
Quatre attentats à la bombe ont été commis dans le centre de Téhéran. Le plus meurtrier s’est produit à dix-sept heures sur la grande place Khomeiny, faisant deux morts et au moins cinq blessés et détruisant une dizaine de véhicules (la bombe était placée dans une voiture en stationnement). Dans la matinée, une explosion avait fait quatre blessés dans un cinéma de la même place. Les autres attentats se sont déroulés dans une banque et dans un bazar.
mardi 29 avril
En visite au Koweït, le ministre iranien des Affaires étrangères, Sadegh Ghotbzadeh, a échappé à une tentative d’attentat : plusieurs coups de feu ont été tirés contre sa voiture, mais sans le toucher.
Un incident sans conséquence a impliqué des avions de chasse américains et un appareil de transport militaire iranien qui s’était approché trop près du porte-avions USS Nimitz, qui croise au large des côtes de l’Iran.
mercredi 30 avril
Un commando de six hommes, affirmant appartenir au Mouvement révolutionnaire démocratique pour la libération de l’Arabistan, a attaqué à midi l’ambassade d’Iran à Londres (Prince’s Gate, Knightsbridge). Retenant 26 otages, ils réclament la libération de 91 de leurs camarades de la minorité arabe du Khouzistan, détenus à Abadan. Ils ont adressé un ultimatum qui expire le 1er mai à midi : ils feront sauter le bâtiment s’ils n’obtiennent pas satisfaction. L’ambassade est encerclée par la police. Dans la soirée, des dizaines de partisans de Khomeiny ont commencé à tourner en rond à 200 mètres du bâtiment diplomatique.
Pour la deuxième journée consécutive, un incident aérien américano-iranien s’est produit à proximité du porte-avions Nimitz.
en avril
L’ayatollah Khalkhali fait détruire la tombe de Reza Shah et d’autres membres de la famille Pahlavi, au sud de Téhéran, aidé par deux cents gardes révolutionnaires.
jeudi 1er mai
L’ultimatum adressé aux autorités iraniennes a été prolongée par le commando d’opposants occupant l’ambassade de Londres. Le président Bani Sadr a refusé catégoriquement de se plier aux conditions des terroristes, affirmant être prêt à accepter le martyr des otages.
vendredi 2 mai
Afin de montrer leur détermination à ne pas céder au chantage des preneurs d’otages de l’ambassade d’Iran à Londres, les autorités iraniennes ont fait fusiller à Ahwaz deux des meneurs autonomistes du Khouzistan arrêtés le mois dernier, ajoutant que les 89 autres seront également exécutés s’il arrive quoique ce soit aux otages.
dimanche 4 mai
Quatre hélicoptères non identifiés ont violé l’espace aérien de l’Iran. L’un des appareils a été retrouvé abandonné dans le désert du sud-est.
lundi 5 mai
La prise d’otages à l’ambassade d’Iran à Londres s’est terminée dans le sang : deux fortes explosions, suivies d’une fusillade dans les étages et de la chute sur le perron du cadavre d’un otage (l’attaché de presse de l’ambassade) abattu par les terroristes à 18 h 50, ont obligé les policiers britanniques du Special Air Service à intervenir en force à 19 h 33 (opération « Nimrod »). 4 terroristes ont été abattus et le cinquième capturé. 2 otages ont été tués et 19 autres libérés. 5 d’entre eux sont blessés. Les chaînes de télévision BBC et ITV ont interrompu leurs programmes réguliers pour diffuser l’événement en direct. Trois coups avaient été entendus précédemment dans l’après-midi.
mardi 6 mai
Les corps des huit soldats américains tués lors de l’opération ratée du 25 avril ont quitté Téhéran pour la Suisse, en compagnie de Mgr Capucci, ancien évêque de Jérusalem. A Zurich, les cercueils ont été transférés dans un autre appareil qui a décollé à destination de Washington.
jeudi 8 mai
Première exécution d’une femme en Iran pour des raisons politiques. Médecin et ancien ministre de l’Education du Shah, Farrokh-Rou Parsa a été fusillée à Téhéran. Elle avait été condamnée à mort par un « comité révolutionnaire » pour « corruption sur terre ». Elle aurait créé une « atmosphère de prostitution » dans son ministère... Elle avait 58 ans.
Réunis à Taïf, en Arabie Saoudite, les ministres de l’OPEP se sont mis d’accord sur un principe d’ajustement trimestriel du prix plancher du pétrole. Mais l’Algérie, l’Iran et la Libye se sont opposés à ce mécanisme.
vendredi 9 mai
Second tour des élections législatives : victoire des intégristes qui obtiennent les deux tiers des sièges. L’ayatollah Khomeiny a voté à Téhéran.
Le président Carter a déclaré dans un discours que la situation actuelle en Iran et en Afghanistan menaçait gravement la paix dans le monde. Il a ajouté que toute intervention vers le Golfe Persique engendrerait immédiatement une réaction militaire des Etats-Unis.
L’ayatollah Khomeiny a approuvé le nouvel emblème de l’Iran. Conçue par Hamid Nadimi pour remplacer le lion impérial de la dynastie des Séfévides, cette forme calligraphiée du nom d’ « Allah » se compose d’une épée centrale encadrée de quatre croissants.
mardi 13 mai
Les intégristes ont célébré leur victoire aux élections en détruisant à Téhéran le mausolée de Réza Shah. Les modérés du régime voulaient transformer le site en musée.
mercredi 14 mai
Le gouvernement afghan se lance dans diverses ouvertures diplomatiques : Kaboul se déclare prêt à engager des pourparlers avec l’Iran et le Pakistan, tout en proposant un règlement garanti par l’URSS et les Etats-Unis. Babrak Karmal demande une rencontre internationale de son régime en échange d’un retrait limité des troupes soviétiques. Washington dénonce des propositions irréalistes et non sérieuses.
samedi 17 mai
Les ministres des Affaires étrangères de la Communauté économique européenne sont réunis à Naples pour débattre des éventuelles sanctions à prendre contre l’Iran. Téhéran a adressé une sévère mise en garde aux Neuf.
dimanche 18 mai
A l’issue de deux journées d’entretiens à Naples, les ministres des Affaires étrangères de la Communauté économique européenne a décidé d’apporter une nouvelle fois leur soutien aux Etats-Unis en adoptant de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran: les neuf Etats de la CEE ont décrété l’embargo sur toutes les exportations à destination de l’Iran, à l’exception des produits alimentaires et pharmaceutiques. Tous les contrats signés depuis le début de la prise d’otages à l’ambassade américaine (le 4 novembre 1979) sont suspendus.
mardi 20 mai
A Islamabad (Pakistan), le ministre iranien des Affaires étrangères, Sadegh Ghotbzadeh, affirme qu’un raid d’hélicoptères soviétiques s’est produit ce jour en Iran. Par ailleurs, deux hélicoptères afghans auraient mitraillé un village iranien.
mercredi 21 mai
Conseil des ministres : le gouvernement a décidé de suspendre temporairement toutes les exportations à destination de l’Iran. A l’inverse, devant l’hostilité de la Chambre des Communes, Margaret Thatcher est contrainte de revenir sur la décision britannique de s’associer à l’embargo européen.
samedi 24 mai
A La Haye, la Cour internationale de justice a exigé de Téhéran pour la deuxième fois, sur plainte des Etats-Unis, la libération des otages détenus à l’ambassade américaine. Le gouvernement iranien a rejeté cet appel.
Exécution de six membres du groupe Forghan, auteur de plusieurs assassinats de personnalités politiques et militaires au début de la Révolution islamique.
dimanche 25 mai
Arrivée à Téhéran d’une délégation de l’Internationale socialiste, conduite par le chancelier autrichien Bruno Kreisky et dont font également partie l’Espagnol Felipe Gonzalez et l’ancien chef de gouvernement suédois Olof Palme. Elle est chargée d’une mission d’information sur les otages américains détenus à l’ambassade.
mercredi 28 mai
Séance inaugurale du premier Parlement de la République islamique.
jeudi 29 mai
Le président du nouveau Parlement iranien a fait savoir que l’affaire des otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran ne sera pas saisie par les députés avant le 20 juillet.
samedi 31 mai
L’Iran et le Pakistan sont en pourparlers avec la résistance afghane en vue de lui fournir une assistance coordonnée dans son combat contre l’occupant soviétique et le régime de Kaboul, a révélé le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Ghobzadeh.
fin mai
Plus de 2 000 kilos d’opium ont été saisis par les Gardiens de la Révolution chez un grand propriétaire terrien de Shrvan, à 600 km au nord-est de Téhéran. Un laboratoire de fabrication d’héroïne, plusieurs fusils et près de 2 millions de dollars en argent liquide ont également été saisis.
dimanche 1er juin
La fraction intégriste religieuse, le Parti de la République islamique, a décidé de prendre le contrôle total du Parlement en dénonçant à l’avance ceux qui voudraient s’y opposer. L’ayatollah Beheshti, chef du PRI, a déclaré qu’il souhaitait que l’actuel ministre des Transports, Moussa Kalartari, soit nommé Premier ministre.
lundi 2 juin
Le président iranien Bani Sadr a ouvert à Téhéran la « conférence internationale sur les crimes de l’Amérique », en présence de 350 délégués d’une centaine de pays, dont l’ancien secrétaire américain à la Justice, Ramsay Clark, qui a bravé l’interdiction faite par le président de Carter aux Américains de se rendre en Iran.
mardi 3 juin
A l’occasion de la conférence organisée à Téhéran sur la récente intervention militaire américaine, Moscou a annoncé avoir approuvé un plan concernant le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan.
mercredi 4 juin
Deux hommes armés ont attaqué l’ambassade d’Irak à Rome aux cris de « Vive Khomeiny ». Un employé de l’ambassade a été tué et un autre a été blessé. L’un des deux agresseurs a été blessé par les gardes irakiens tandis que son complice a pu prendre la fuite.
jeudi 5 juin
Deux Juifs iraniens ont été pendus à Hamadan.
vendredi 6 juin
Douze personnes, dont quatre trafiquants de drogue, ont été pendues dans différentes villes d’Iran.
lundi 9 juin
Ouverture à Alger du Sommet des treize pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. L’OPEP est divisée en deux camps : les modérés, menés par l’Arabie Saoudite, réclament une unification des tarifs et un gel des prix pendant six mois, et les durs, conduits par l’Algérie, qui veulent une liberté des prix et un alignement des tarifs du gaz avec celui du pétrole.
du lundi 9 au mardi 10 juin
Sur l'ordre de l'ayatollah Khalkali, 16 personnes ont été exécutées à Téhéran. 5 d'entre eux avaient été condamnées à mort pour sabotage, meurtre et activités contre-révolutionnaires ; 10 autres pour trafic de drogue et proxénétisme ; la dernière, Yousef Sobham, directeur de la division iranienne de Pepsi-Cola, avait été accusé de « collaboration avec le sionisme ».
mardi 10 juin
Clôture du sommet de l’OPEP à Alger : le prix de référence du baril augmente de 28 à 32 dollars le baril.
jeudi 12 juin
De violents affrontements entre jeunes musulmans intégristes et progressistes ont fait dans la soirée un mort et au moins 300 blessés (dont plusieurs dizaines par balles) à Téhéran. Soutenus par les Pasdarans armés, les « hezbollahis » ont attaqué des jeunes « modjaheddine » qui attendaient de rentrer à l’intérieur du stade Tarkhi pour assister à un meeting.
vendredi 13 juin
L’ayatollah Khomeyni a donné le coup d’envoi de la révolution culturelle en Iran afin d’effacer « toute trace de l’Occident ». Fermés depuis avril, les lycées et les universités sont particulièrement visés.
mardi 17 juin
Le chef des Gardiens de la Révolution islamique (Pasdarans) a présenté sa démission. Il estime que le régime ne va pas assez vite dans la formation d’une armée qui soit le prolongement de la Révolution.
vendredi 27 juin
L’ancien chah d’Iran a été hospitalisé dans la soirée à la suite d’une forte fièvre intestinale causée par le cancer du système lymphatique dont il est atteint. Son état de santé serait très inquiétant.
L’imam Khomeiny a menacé de renvoyer le Premier ministre Bani Sadr si celui-ci ne parvient pas à mieux se faire respecter.
samedi 28 juin
L’ayatollah Khomeiny a une nouvelle fois menacé de se débarrasser des ministres si ces derniers ne font pas disparaître d’ici dix jours le papier à en-tête de l’ancien régime toujours utilisé dans les administrations.
en juin
Le président iranien Bani Sadr a demandé aux Kurdes de « reprendre leur place au sein de la patrie » et a affirmé que « tout le Kurdistan serait sous contrôle gouvernemental ans une semaine environ ». Par ailleurs, dans une interview, le chef de l’Etat iranien a reconnu « l’échec des méthodes choisies pendant les quinze mois qui ont suivi la révolution ».
vendredi 4 juillet
Quatre personnes ont été lapidées à mort pour « délits sexuels ».
samedi 5 juillet
2 000 femmes vêtues de noir ont manifesté dans les rues de Téhéran contre la nouvelle loi imposant le port du voile. Une contre-manifestation masculine s’est rapidement formée contre les « prostituées » : selon ces partisans de Khomeiny, les femmes qui ne portent pas le tchador suivent la ligne de l’Amérique…
L’ex-chah d’Iran a subi une nouvelle opération chirurgicale en Egypte.
dimanche 6 juillet
Découverte d’un complot militaire.
La situation de l’ancien chah d’Iran continue à se détériorer : selon un journal local, le chirurgien français qui l’avait opéré a été rappelé en urgence pour procéder à une nouvelle intervention.
lundi 7 juillet
Instauration en Iran de la charia (loi islamique).
mardi 8 juillet
Plus de 20 personnes ont été exécutées en 24 heures. Parmi les victimes figurent 4 rebelles kurdes, fusillés à Tabriz, et 7 trafiquants de drogue mis à mort en public (une première) dans les rues de Téhéran.
du mercredi 9 au jeudi 10 juillet
Echec d’une tentative de coup d’Etat d’officiers et soldats de l’armée de terre, de l’armée de l’air et des services secrets menés par le colonel de gendarmerie à la retraite Muhammad Baqir Bani-Amiri (en liaison avec l’ancien Premier ministre Chapour Bakhtiar) : des centaines d’hommes (300 ?) ont arrêtés à la base aérienne de Nojeh, près d’Hamedan (plusieurs dizaines d’entre eux seront exécutés).
jeudi 10 juillet
Le président Bani Sadr est intervenu dans la soirée à la radio pour annoncer qu’un complot militaire vient d’être déjoué.
Ancien candidat à la présidence de la République iranienne, l’amiral Madani est entré en rébellion ouverte contre le gouvernement en refusant de siéger au Parlement islamique.
vendredi 11 juillet
L’ayatollah Khomeiny a autorisé pour la première fois la libération d’un otage américain détenu à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Malade, le vice-consul Richard Queen (28 ans) a pu quitter Téhéran pour rejoindre Zurich, où il a été aussitôt hospitalisé. Il reste 52 Américains retenus prisonniers depuis 250 jours.
17 officiers de l’armée de terre ont été arrêtés dans la soirée pour « participation à un complot militaire ».
dimanche 13 juillet
Plusieurs associations féminines exigent l’abrogation de toutes les limitations des droits des femmes imposées par Khomeiny.
mardi 15 juillet
Les autorités iraniennes ont annoncé la fermeture pour 48 heures de toutes les frontières du pays (terrestres, maritimes et aériennes) afin d’ « empêcher la fuite des militaires mercenaires de l’Amérique » et des conjurés impliqués dans le complot récemment découvert.
vendredi 18 juillet
L’ancien Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar a échappé vers 8 h 30 à un attentat à Neuilly-sur-Seine (101, boulevard Bineau), dans la banlieue chic du nord-ouest de Paris : un policier (Jean-Michel Jarre) et une voisine de l’immeuble ont été tués par trois hommes armés (dont un seul Iranien) qui s’étaient fait passer pour des journalistes. Deux autres membres des forces de l’ordre ont été blessés, dont l’un grièvement (paralysé à vie). Les trois terroristes ont été arrêtés. Deux de leurs complices ont réussi à prendre la fuite avant d’être interpellés quelques heures plus tard. Le commando était dirigé par le Libanais Anis Naccache. Cette tentative d’assassinat a été revendiquée par les Pasdarans (les Gardiens de la Révolution islamique iranienne).
samedi 19 juillet
Interrogé dans le journal télévisé de midi à l’occasion de sa visite officielle en France, le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh a rejeté sur l’ancien régime la responsabilité de l’attentat de la veille contre Chapour Bakhtiar.
dimanche 20 juillet
Mis à disposition du parquet de Nanterre, les cinq membres du commando qui a tenté de tuer Chapour Bakhtiar ont été inculpés d’assassinat et de tentative d’assassinat.
mardi 22 juillet
L’ayatollah Khomeiny a refusé la rejeté la proposition du président Bani Sadr qui voulait nommer comme Premier ministre le fils de l’imam, Ahmad Khomeiny.
Le diplomate iranien Ali Akbar Tabatabaei a été abattu à Bethesda, dans le Maryland (près de Washington), par trois hommes, probablement membres des services secrets de son pays. Ancien porte-parole de l'ambassade d'Iran dans la capitale américaine, Tabatabaei était un opposant actif à l’actuel régime des mollahs. Il avait 49 ans.
mercredi 23 juillet
Un attentat, organisé par le Forghan, a frappé un passage commercial du centre de Téhéran. L’explosion simultanée de trois bombes a coûté la vie à six personnes et en blessé plus d’une centaine d’autres. 80 magasins ont été ravagés.
jeudi 24 juillet
21 officiers impliqués dans le récent complot militaire déjoué ont été fusillés à l’aube.
dimanche 27 juillet
L’ancien chah d’Iran Mohammad-Réza Pahlavi est décédé à l’aube à l’hôpital du Caire. Agé de 60 ans, il a succombé à un cancer. Avant sa mort, il a cité trois noms pour assister la reine dans la régence : Amin-Aslan Afchar, ex-chef du protocole, Nasradollah Moïnian, ex-secrétaire particulier du roi, et le général Réza Azimi. Ils ont la confiance du roi, et le prince héritier peut compter sur eux. Monté sur le trône à la mort de son père en 1941, il avait été renversé par la Révolution islamique de l’ayatollah Khomeiny en février 1979. Radio-Téhéran a révélé l’information à 14 h 10 : « le sanguinaire du siècle est enfin mort ». Les dirigeants iraniens ont aussitôt fait savoir que la mort du chah ne changeait rien à la situation des otages américains détenus à l’ambassade : « nous ne voulons pas son cadavre, nous exigeons la restitution des biens qu’il a usurpé ». A Washington, 171 ressortissants iraniens ont été interpellés par la police américaine à la suite de violentes manifestations de rue.
lundi 28 juillet
Une semaine de deuil national a été décrétée en Egypte à la suite de la mort de l’ancien chah d’Iran.
mardi 29 juillet
L’Egypte a organisé au Caire des obsèques solennelles pour l’ancien chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi, un homme « oublié » par les autres grands de ce monde : accompagnant la chahbanou et ses enfants, le président égyptien Anouar el-Sadate est le seul chef d’Etat actuel présent à ces funérailles. Les grands pays n’étaient représentés que par leurs ambassadeurs respectifs. Sadate, encadré par le fils aîné du roi (Réza) et l’ancien président américain Richard Nixon, a ouvert le cortège funéraire : le cercueil, recouvert du drapeau iranien frappé des armes impériales, a parcouru les rues du centre de la capitale égyptienne pendant deux heures sous très haute sécurité mais devant seulement quelques milliers de personnes. La cérémonie religieuse s’est déroulée à la mosquée Al-Rifa’i, où le dernier chah d’Iran a été inhumé auprès des anciens rois égyptiens Fouad et Farouk.
Ali Akbar Rafsandjani est élu président du Majles.
Adoption du nouveau drapeau de l’Iran. Remplaçant le drapeau impérial, il comporte trois bandes horizontales, vert en haut, blanc au milieu et rouge en bas et, au centre, l’emblème de l'Iran.
mercredi 30 juillet
Dans la matinée, un attentat à la bombe a fait sept morts et une trentaine de blessés.
jeudi 31 juillet
Nouvelles exécutions de comploteurs : 13 hommes ont été fusillés.
nuit du lundi 4 au mardi 5 août
Plus de 300 000 personnes ont défilé dans les rues de Téhéran en faveur des étudiants iraniens détenus aux Etats-Unis. Les manifestants ont dénoncé les sévices qui auraient été infligées à leurs 171 compatriotes qui observent une grève de la faim en prison et qui vont être nourris de force.
mardi 5 août
Ancien candidat à l’élection présidentielle, l’amiral Madani a été déchu de son mandat parlementaire. Il est accusé d’être un « agent des Etats-Unis ».
Les étudiants iraniens arrêtés à New York lors d’une manifestation ont été libérés par les autorités américaines, qui ont vérifié la légalité de leur situation aux Etats-Unis.
Interrogé dans la soirée par la chaîne de télévision française TF1, le président iranien Bani Sadr a affirmé qu’il existait en France des centres d’entraînement pour préparer des activités subversives en Iran. Le gouvernement français nie avec vigueur ces accusations.
Match amical de football : à Al-Ain, les Emirats arabes unis ont été battus par l’Iran deux buts à zéro.
jeudi 7 août
Très attaqué par les religieux qui lui reprochent un manque d’intransigeance islamique, le ministre des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh est intervenu devant le Parlement : il a annoncé qu’il ne voulait pas faire partie du prochain gouvernement. Concernant l’affaire des otages, il a déclaré qu’il existe des conventions internationales que l’Iran n’a « malheureusement pas respectées ».
Match amical de football : à Abu Dhabi, les Emirats arabes unis ont été battus par l’Iran trois buts à zéro.
vendredi 8 août
L’Iran menace de rompre ses relations diplomatiques avec l’Union soviétique si Moscou ne suspend pas son aide militaire à l’Irak.
samedi 9 août
La majorité au Parlement a officiellement proposé Mohammed Ali Radjaï au poste de Premier ministre. Un choix entériné par le président Bani Sadr après de longues hésitations.
De violents accrochages se sont produits à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
Les tensions entre l’Iran et l’URSS s’aggravent : l’ayatollah Khomeiny a qualifié l’Union soviétique de « grande puissance satanique ».
dimanche 10 août
Le président Bani Sadr a vivement critiqué dans la soirée « l’anarchie » et le despotisme islamique » qui règne actuellement en Iran.
lundi 11 août
Ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement Bazargan, Mohammed Ali Radjaï (quarante-sept ans) a été désigné Premier ministre d’Iran par le Parlement, qui a écarté les candidats modérés présentés par le président Bani Sadr. Radjaï est connu pour ses opinions islamistes intransigeantes et pour son anticommunisme.
mardi 12 août
Mohammad Ali Rajai entre en fonction comme Premier ministre. Il remplace le Conseil de la Révolution islamique. L’ayatollah Mohammed Reza Mahdavi-Kani devient ministre de la Justice.
dimanche 17 août
L’Iran a rompu sans explication ses relations diplomatiques avec le Chili.
mardi 19 août
Explosion d'un dépôt de matériels à Gatchsaran : cent morts.
mercredi 20 août
Huit jours seulement après avoir été nommé à ce poste, l’ayatollah Mahdavi-Kani quitte le ministère de la Justice pour devenir ministre de l’Intérieur.
du samedi 23 au dimanche 24 août
De violents affrontements ont éclaté au Kurdistan iranien. 133 combattants kurdes et 8 Gardiens de la Révolution auraient été tués selon l’armée.
dimanche 24 août
Une bombe placée dans le bureau de l’ayatollah Khalkhali a été désamorcée à Téhéran.
mercredi 27 août
Les accrochages militaires se multiplient à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
jeudi 28 août
Après plusieurs jours de silence, l’imam Khomeiny est réapparu en public contre l’avis de ses médecins en raison de son état de santé.
dimanche 31 août
Le Premier ministre Mohammad Ali Rajai a annoncé la composition de son gouvernement. Sadegh Ghotbzadeh perd son portefeuille des Affaires étrangères. Il est remplacé de façon provisoire par Mohammed Karim Khodapanahi. Selon la rumeur, le président Bani Sadr serait en désaccord avec les noms de certains ministres.
lundi 1er septembre
Le président Bani Sadr a adressé au Parlement une lettre dans laquelle il proteste officiellement contre la composition du nouveau gouvernement.
jeudi 4 septembre
Six personnes ont été exécutées pour l'incendie du cinéma Rex d’Abadan (au moins 470 morts le 19 août 1978).
dimanche 7 septembre
Le président Bani Sadr refuse la nomination de 7 des 21 ministres du gouvernement Rajaï. Parmi les personnes que rejette le chef de l’Etat figure l’ayatollah Ali Khamenei proposé pour le poste de ministre des Affaires étrangères.
lundi 8 septembre
Près de 300 000 personnes se sont rassemblées dans la soirée sur l’une des places de Téhéran où l’armée du shah avait ouvert le feu sur la foule, faisant des centaines de victimes, deux ans plus tôt. Dans son discours, le président Bani Sadr s’en est pris durement au Parti de la République islamique, une minorité qu’il accuse de vouloir accaparer le pouvoir.
mardi 9 septembre
Le gouvernement britannique a annoncé la fermeture de son ambassade à Téhéran pour des questions de sécurité. Les relations diplomatiques entre l’Iran et le Royaume-Uni ne sont cependant pas rompues.
mercredi 10 septembre
Cent quatre députés islamiques ont signé une lettre demandant au président Bani Sadr de venir s’expliquer devant le Parlement. Ils accusent le chef de l’Etat de ne pas suivre la ligne dictée par l’ayatollah Khomeiny.
vendredi 12 septembre
Un véritable espoir apparaît concernant la libération des 52 otages américains détenus à Téhéran. Pour la première fois, l’ayatollah Khomeiny a clairement exposé dans un discours les quatre conditions à remplir : Téhéran réclame notamment la restitution de la fortune de l’ancien shah d’Iran. Le président Carter a aussitôt affirmé qu’il allait étudier cette offre avec précaution.
samedi 13 septembre
Le général Bagheri a été arrêté à l’aéroport de Téhéran alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord d’un avion à destination de Paris. Selon les Gardiens de la Révolution, il tentait de s’enfuir. Il avait commandé l’armée de l’air iranienne après la Révolution islamique.
Les affrontements armés s’accentuent à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
lundi 15 septembre
Après le chaud, l’Iran souffle le froid : le président du Parlement iranien a ajouté une cinquième condition à celles présentées il y a trois jours par l’ayatollah Khomeiny. Téhéran exige désormais également que les Etats-Unis présentent des excuses à l’Iran.
Ouverture à Vienne, sous très haute sécurité, du sommet de l’OPEP, qui réunit 34 ministres représentant les treize pays exportateurs de pétrole. Après 18 mois de désordre et de « chacun pour soir », le problème des prix de l’or noir est à l’ordre du jour.
Exécution de neuf personnes accusées d’avoir pris part à un complot en juillet.
mardi 16 septembre
Pour la première fois, l’affaire des otages américains a été examinée par le Parlement iranien détenus en Iran. Mais les députés se sont simplement contentés de renvoyer le dossier à une commission spéciale.
mercredi 17 septembre
L’Irak dénonce l’accord d’Alger conclu en 1975 avec l’Iran sur le partage des eaux du Chatt el-Arab. Saddam Hussein proclame la région territoire exclusivement irakien.
Alors que les pays exportateurs de pétrole s’apprêtaient à quitter la conférence de l’OPEP à Vienne sur un constat d’échec, les représentants sont parvenus à s’entendre dans la soirée sur un accord de dernière minute : l’Arabie saoudite a décidé de relever de deux dollars le prix de son baril. L’or noir saoudien passe ainsi de 28 à 30 dollars. Les autres pays ont décidé de geler leurs propres tarifs.
Début de la Coupe d’Asie des nations de football, organisée par le Koweït : dans le groupe 1, l’Iran et la Syrie ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 18 septembre
Le président Carter a déclaré que jamais les Etats-Unis ne présenteront des excuses à l’Iran.
vendredi 19 septembre
L’armée de l’air iranienne reconnaît avoir perdu deux chasseurs-bombardiers F-4 Phantom II durant un combat aérien avec des appareils irakiens au-dessus du Chatt el-Arab.
samedi 20 septembre
Les communiqués militaires sont confus concernant le conflit à la frontière irako-iranienne : Bagdad annonce des attaques dans les airs et sur terre avec des blindés alors qu’à Téhéran on évoque une situation est relativement calme. Le président iranien Bani Sadr a accusé les Etats-Unis d’être à l’origine d’un vaste complot contre son pays par l’intermédiaire de l’Irak.
Coupe d’Asie des nations de football : la Chine et l’Iran ont fait match nul deux à deux (Chen Jingang et Cai Jinbiao pour les Chinois ; Alidousti et Fariba pour les Iraniens).
dimanche 21 septembre
Le conflit larvé à la frontière irako-iranienne se transforme en guerre ouverte : des troupes sont engagées sur terre, sur mer et dans les airs, en particulier dans la région du Chatt el-Arab. L’artillerie irakienne a bombardé les villes iraniennes d’Abadan et de Khorramchahr. Puissance militaire la plus forte de la région du temps du shah, l’Iran est en difficulté depuis le déclenchement de la Révolution islamique (fuite de nombreux officiers, manque de pièces détachées pour les navires et hélicoptères, etc.), alors qu’en face l’armée irakienne est au sommet de sa force.
lundi 22 septembre
Après plusieurs jours d’accrochages à répétition le long de la frontière, l’Irak attaque l’Iran par surprise pour s’emparer de la totalité du Chott el-Arab. Les raids aériens ont visé des objectifs militaires (aérodromes de Mehrabad, Kermanshah, Sanandaj et Ahwaz), mais également les champs pétrolifères d’Abadan, sur le Chatt el-Arab, qui sont en partie incendiés. Tabriz, en Iran, puis Chiraz, Ispahan, Dezful, Hamadan et Téhéran ont été bombardés tour à tour, tandis que les forces irakiennes pénétraient en territoire iranien, dans la région pétrolière du Khouzistan. Toutes les communications avec la capitale iranienne sont coupées.
Coupe d’Asie des Nations de football : l’Iran a écrasé le Bangladesh sept buts (Fariba quatre fois, Roshan et Barzegari) à zéro.
nuit du lundi 22 au mardi 23 septembre
L’armée irakienne a pénétré en territoire iranien de 10 kilomètres selon un communiqué de Bagdad : la ville de Khorramchahr et les puits de pétrole d’Abadan seraient encerclés.
mardi 23 septembre
Pour contrer l’offensive irakienne, l’aviation iranienne a déclenché l’opération « Kaman 99 » : une centaine de sorties contre des positions ennemis ont été effectuées. Bagdad a été bombardée à trois reprises, tandis qu’au moins six autres aéroports irakiens ont également été visés. Un avion cargo Iliouchine 76 qui arrivait de Paris s’est écrasé lors de l’approche de l’aéroport de Bagdad, probablement abattu par la chasse iranienne. Conséquence de la virulence du conflit, le trafic pétrolier est interrompu pendant deux jours dans le Golfe Persique. Les grandes puissances appellent les deux pays à la modération.
du mardi 23 au mercredi 24 septembre
L’aviation irakienne a attaqué les aérodromes de Tabriz (à deux reprises), Dezful (deux fois également), Shahroki, Kermanshah, Al-Ahwas et Sanandaj. Mais les dégâts décisifs sont peu importants.
mercredi 24 septembre
La ville iranienne d’Abadan est à son tour encerclée par les troupes irakiennes. Pour la première fois, des avions irakiens ont attaqué l’important terminal pétrolier de l’île de Kharg. De son côté, l’aviation iranienne a lancé un nouveau raid sur des sites civils et industriels de Bassorah ainsi que sur le terminal pétrolier de Fao. A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a appelé les musulmans d’Irak à se révolter contre Saddam Hussein.
Coupe d’Asie des nations de football : l’Iran a battu la Corée du Nord trois buts (Alidousti, Danaeifard et Fariba) à deux (Hwang Sang-Hoi et Pak Jonh-Hun). Premiers du groupe 1, les Iraniens sont qualifiés pour les demi-finales.
jeudi 25 septembre
Bagdad et Téhéran ont à nouveau été bombardées par l’aviation du camp ennemi. Sur le terrain, la progression des troupes irakiennes en territoire iranien se heurte à une forte résistance et les communiqués de victoire irakiens sont sans doute largement exagérés : les villes que Bagdad assure s’être emparée ne sont probablement pas encore entièrement tombées entre leurs mains. Les autorités iraniennes affirment que l’hôpital d’Abadan a été touché par des tirs irakiens, faisant une soixantaine de morts parmi les malades. La raffinerie de pétrole de cette ville est également en feu. Les ministres soviétiques et américains des Affaires étrangères, Andreï Gromyko et Edmund Muskie, se sont entretenus de la situation à New York : les deux pays ont convenu de la nécessité de rester neutre dans ce conflit régional. L’Arabie saoudite a officiellement apporté son soutien à l’Irak. Le fils de l’ex-chah d’Iran, âgé de vingt ans, a offert de donner sa vie pour protéger l’Iran. Sur le plan intérieur, les autorités iraniennes ont ordonné la fermeture pour deux jours des pompes à essence pour la population civile et décidé d’interdire la circulation automobile le 27 septembre à Téhéran.
vendredi 26 septembre
L’aviation iranienne a bombardé les principales installations pétrolières de la région de Bassorah. L’incendie de la principale raffinerie dégage une énorme colonne de fumée. Bagdad a décidé d’interrompre l’exportation de son or noir. A l’est du Chatt el-Arab, l’armée irakienne poursuit de son côté ses attaques sur la raffinerie d’Abadan. Sur le terrain diplomatique, le ministre irakien des Affaires étrangères a dit que son pays était prêt à des négociations tandis que l’Iran a officiellement accepté le principe d’une mission de bonne volonté du président de l’Organisation de la Conférence islamique, le chef d’Etat pakistanais Zia ul Haq.
samedi 27 septembre
Délégué par l’Organisation de la Conférence islamique, le chef d’Etat pakistanais, le général Zia ul Haq a entamé sa mission de bons offices auprès de l’Irak et de l’Iran. Il vient d’arriver à Téhéran et doit se rendre peu après à Bagdad. Sur le terrain, l’armée irakienne a annoncé avoir pris la ville d’Ahwaz, ce que les Iraniens démentent. Après une semaine de guerre, les troupes de Saddam Hussein ne sont toujours pas parvenus à prendre leur objectif principal, Abadan, et Khorramchahr résiste toujours également. L’aviation iranienne a de nouveau bombardé Bagdad et frappé des installations pétrolières à Kirkouk. La radio de Bagdad a annoncé la mort de l’ayatollah Khomeiny mais celui-ci est apparu au même moment à la télévision de Téhéran : il a demandé aux populations irakiennes de se soulever contre un régime tenu par les « ennemis de l’islam » et au peuple d’Iran de contenir l’agression.
dimanche 28 septembre
Les Irakiens accentuent leurs attaques en territoire iranien : les blindés ont dépassé la petite ville de Qasr-el-Chirine, située 20 km au-delà de la frontière. Pour expliquer l’absence d’un succès éclatant, Bagdad affirme que seulement un tiers de son armée est engagé dans la guerre. Un Tupolev Tu-22 irakien s’est posé à Riyad, en Arabie saoudite, après avoir mené une mission de bombardement sur l’Iran. Le général Zia a rencontré à Téhéran le président Bani Sadr avant de rejoindre Bagdad.
Demi-finales de la Coupe d’Asie des Nations de football : le Koweït a battu l’Iran deux buts (Yaqoub et Al-Dakhil) à un (Faraki).
lundi 29 septembre
Des combats acharnés se poursuivent dans la région du Khouzistan. Les troupes irakiennes ont réussi à pénétrer de 80 kilomètres à l’intérieur du territoire iranien. L’aviation iranienne a repris ses bombardements sur Bassorah. A Téhéran, le Premier ministre Mohammad Ali Rajai a menacé de déclarer la guerre au Koweït, aux Emirats arabes unis et à la Jordanie si c’est trois pays continuent à apporter leur aide à l’Irak.
mardi 30 septembre
Opération « Epée brûlante » : première attaque militaire de l’Histoire contre un site nucléaire. Quatre F-4 Phantom iraniens ont largué douze bombes Mk 82 (fournies par le Mossad israélienne) le centre de recherche atomique irakien de Tuwaitha, en cours de construction par la France à 17 kilomètres au sud-est de Bagdad. Aucune victime n’est à déplorer mais le site a été légèrement endommagé. Pas assez pour empêcher le programme nucléaire irakien de se poursuivre (les réacteurs Osirak et Isis n’ont pas été touchés). Dans la soirée, une centrale thermique alimentant la capitale irakienne a été frappé par des bombardements iraniens. L’Iran a catégoriquement rejeté les appels à la trêve du président irakien.
Répondant favorablement à la demande du gouvernement de Riyad, Washington a accepté d’envoyer en Arabie saoudite la force aérienne ELF-1 : 4 avions radar Awacs, deux KC-135 ravitailleurs et 300 hommes sont arrivés sur l’aéroport de Dhahran pour participer à la protection des puits de pétrole et à la surveillance du Golfe Persique (l’ELF-1 demeurera sur le territoire saoudien jusqu’à la fin de la guerre Iran-Irak en 1988).
Match pour la troisième place de la Coupe d’Asie des nations de football : l’Iran a battu la Corée du Nord trois buts (Farabi et Faraki 2) à zéro. Le Sud-Coréen Choi Soon-ho et l’Iranien Behtash Fariba sont les deux meilleurs buteurs de la compétition avec sept réalisations chacun.
mercredi 1er octobre
L’Iran a promis à la communauté internationale que malgré la guerre le détroit d’Ormuz restera ouvert aux pétroliers.
nuit du mercredi 1er au jeudi 2 octobre
L’appel au cessez-le-feu lancé par le Conseil de sécurité de l’ONU a été accepté par l’Irak mais refusé par l’Iran.
jeudi 2 octobre
L’armée iranienne fait mieux que résister, elle parvient même à contre-attaquer : des parachutistes ont été déployés pour dégager la ville de Khorramshahr.
vendredi 3 octobre
Alors que l’Iran annonce une contre-offensive, l’armée irakienne a fait savoir qu’elle allait désormais se retrancher pour consolider les positions acquises.
samedi 4 octobre
L’armée irakienne assure avoir sécurisé la route reliant Abadan à Ahwaz.
dimanche 5 octobre
L’aviation irakienne a bombardé l’aéroport de Téhéran. Cette attaque aurait fait au moins 2 morts et 8 blessés. Dans le même temps, Bagdad a proposé un cessez-le-feu temporaire de trois jours, que les autorités iraniennes refusent tant que son territoire sera occupé. Le roi Hussein de Jordanie a pour sa part confirmé qu’il soutenait l’Irak et l’Arabie saoudite a fait savoir qu’elle viendrait au secours des petits Etats du Golfe Persique si la guerre Iran-Irak menaçait de s’étendre à eux.
lundi 6 octobre
L’aéroport de Téhéran a de nouveau été bombardé par au moins un avion irakien. D’autres appareils auraient mené un raid sur la raffinerie de Ray, à dix kilomètres au sud de la capitale iranienne. Par ailleurs, selon le représentant de l’ayatollah Khomeiny, la raffinerie d’Abadan, la plus grande du monde, serait détruite à 50 %.
mardi 7 octobre
L’armée irakienne semble se préparer à lancer une large offensive dans la région du Khouzistan : un convoi ininterrompu de véhicules blindés est acheminé vers cette région riche en pétrole et l’artillerie lourde irakienne pilonne la ville d’Ahwaz. De son côté, l’aviation iranienne a attaqué dans le nord de l’Irak les installations pétrolières de Kirkouk et Souleimaniye. L’engagement logistique jordanien au côté de Bagdad inquiète les Etats-Unis : Washington a demandé au roi Hussein d’arrêter d’aider l’Irak dans sa guerre contre l’Iran.
mercredi 8 octobre
L’Irak a repris son offensive militaire contre le port iranien de Khorramshahr, près d’Abadan.
jeudi 9 octobre
Des missiles sol-sol irakiens ont frappé la ville iranienne de Desfoul, tuant 236 civils.
samedi 11 octobre
L’armée irakienne a repris son offensive dans la province iranienne du Khouzistan. Par ailleurs, le président iranien Bani Sadr a fermement démenti les informations selon lesquelles la Syrie et la Libye auraient livré des armes à l’Iran.
dimanche 12 octobre
La violence des combats se renforce sur le front, chaque camp assurant avoir pris l’avantage. Après avoir franchi le fleuve Karoun, des chars irakiens auraient selon Bagdad pénétré de 7 kilomètres en territoire iranien, dépassant Khorramshahr et se dirigeant vers Abadan. Mais Téhéran assure que ces forces irakiennes auraient été anéanties… A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a mis en place un Conseil suprême de défense chargé de mener la guerre.
Dans une interview accordée à l’American Associated Press, le président iranien Bani Sadr a affirmé que la crise des otages américains va entrer dans une phase nouvelle.
lundi 13 octobre
L’armée irakienne poursuit son offensive contre les ports iraniens de Khorramshahr et Abadan.
mercredi 15 octobre
Dans la guerre qui oppose depuis un mois l’Iran et l’Irak, Jimmy Carter a créé la surprise en se déclarant en faveur de Téhéran, affirmant pour la première fois que l’Irak est l’agresseur : en difficulté face à Reagan à un mois de l’élection présidentielle, le président américain s’est dit prêt à livrer des pièces détachées à l’armée iranienne en échange de la libération des otages américains détenus depuis des mois à l’ambassade.
jeudi 16 octobre
L’armée iranienne continue à résister avec opiniâtreté face à l’offensive de Bagdad contre les grandes villes d’Abadan et de Khorramshahr. Encerclés, les deux grands centres pétroliers sont continuellement pilonnés par l’artillerie et les avions irakiens. Des réservoirs de pétrole ont par ailleurs été détruits à Téhéran lors d’un raid de l’aviation irakienne.
vendredi 17 octobre
Débat au Conseil de sécurité de l’ONU sur la guerre Iran-Irak, en présence du Premier ministre iranien Ali Radjaï.
samedi 18 octobre
Le Premier ministre Ali Radjaï a créé la surprise à New York, lors d’une conférence de presse, en évoquant pour la première fois la possibilité de libérer prochainement les otages américains détenus à Téhéran. Abandonnant les nombreuses conditions imposées précédemment par le régime iranien (notamment les excuses américaines pour avoir soutenu le shah), il ne demande désormais plus qu’une chose : que les Etats-Unis retirent leurs avions radar Awacs stationnés en Arabie saoudite.
L’Iran affirme que les tirs d’artillerie irakiens sur Khorramshahr ont causé la mort d’un millier de civils.
dimanche 19 octobre
De très violents combats se déroulent dans les faubourgs d’Abadan. A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny est sorti de son silence pour demander à l’armée de distribuer des armes à la population en vue d’une mobilisation populaire pour le Jihad.
Le gouvernement américain refuse de céder aux exigences iraniennes sur le retrait des avions Awacs. Le secrétaire d’Etat Muskie a déclaré que le retour des otages ne peut pas être obtenu au prix des intérêts et de l’honneur des Etats-Unis.
lundi 20 octobre
Premier combat aérien de la guerre Iran-Irak : un F-4 Phantom iranien a abattu MiG-21 irakien.
mardi 21 octobre
L’Iran commence à souffrir de la pénurie de carburant : de longues files d’automobiles sont constatées devant les stations service de Téhéran.
jeudi 23 octobre
La ville iranienne de Khorramshahr est sur le point de tomber.
vendredi 24 octobre
Le général Adnan Khairallah, ministre irakien de la Défense, a annoncé que la ville iranienne de Khorramshahr était entièrement tombée aux mains des troupes de Bagdad malgré la résistance désespérée des Iraniens. Les dernières poches de résistance ont été anéanties. Téhéran dément cette nouvelle.
Les religieux iraniens ont réaffirmé qu’ils ne troqueront pas la libération des otages américains contre la livraison d’armes.
dimanche 26 octobre
Nouvelle attaque de missiles sol-sol irakiens sur la ville de Desfoul : plus de 100 civils ont été tués et 2 000 autres blessés.
Alors que selon de nombreuses sources la libération des otages américains n’était plus qu’une question de jours voire d’heures, l’Assemblée nationale iranienne s’est réunie sans prendre de décision à ce sujet jugé non urgent. La priorité reste donnée à la guerre contre l’Irak.
lundi 27 octobre
L’Irak accuse les Etats-Unis de fournir du matériel militaire aux Iraniens.
Le quorum n’ayant pas été atteint, les députés iraniens qui siégeaient à huis clos ont décidé de reprendre leurs discussions le 29 octobre.
mercredi 29 octobre
Téhéran ayant été informé que des techniciens français et des Mirage F1 avaient été déployés sur la base aérienne d’Al-Hurriah, l’aviation iranienne lance l’opération « Sultan 10 » : six F-4 Phantom iranien (3e et 31e escadrilles), protégés par deux Tomcat, ont attaqué cette base située près de Kirkouk, dans le nord de l’Irak. Quatre MiG-23 irakiens chargés de les intercepter ont été abattus en vol (trois pilotes tués, un capturé), tandis que deux MiG-21 et trois hélicoptères Mil Mi-8 ont été détruits au sol. Un technicien français a été tué et un autre blessé. Les appareils iraniens avaient pénétré dans l’espace aérien irakien en passant par la Turquie.
jeudi 30 octobre
Confusion au Parlement iranien. La séance publique qui devait avoir lieu ce jour a été reportée au 2 novembre, à la grande fureur de l’ayatollah Khalkali, en raison d’une fronde menée par une vingtaine de députés irréductibles. Khalkali a déclaré que l’Iran avait besoin des pièces détachées américaines pour permettre à l’armée iranienne de faire face à l’offensive irakienne. Les otages américains ne seraient pas libérés avant l’élection présidentielle américaine du 4 novembre.
L’Irak a apporté la preuve que Khorramchahr était tombée aux mains de son armée en faisant visiter la ville à des journalistes étrangers. Mais des combats se déroulent toujours à proximité de la cité.
vendredi 31 octobre
Trois mois après la mort de son père, le prince Réza Pahlavi se proclame en Egypte Chah d’Iran.
L’Iran affirme que son armée a tué 550 soldats irakiens et détruit 80 chars qui tentaient de traverser le fleuve Karoun.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 novembre
A l’occasion d’une séance houleuse du Madjlis (Parlement), marquée notamment par une altercation entre le président de la Chambre (Rafsandjani) et l’ayatollah Khalkali, les députés ont adopté à une très forte majorité le principe de libérer les 52 otages américains si les Etats-Unis acceptent les quatre conditions imposées un mois plus tôt par Khomeiny : aucune intervention politique ou militaire américaine en Iran, libération de tous les capitaux iraniens gelés, levée de toutes les restrictions économiques et monétaires (dont la suppression des plaintes déposées contre l’Iran), versement d’une garantie de 24 milliards de dollars et restitution de tous les biens du chah et de sa famille. Les deux pays vont désormais envoyer des représentants à Alger pour la conclusion d’un accord définitif.
dimanche 2 novembre
Le chantage iranien se poursuivant dans l’affaire des otages américains, les Etats-Unis demandent officiellement des explications complémentaires à Téhéran. Interrompant sa campagne électorale, Jimmy Carter a quitté la région de Chicago pour rejoindre à Washington où il a réuni son conseil de sécurité. Dans la soirée, le président américain est intervenu devant des journalistes : il a jugé les propositions iraniennes plutôt positives tout en prenant ses distances.
Les Irakiens ont capturé dans la région d’Abadan le ministre iranien du Pétrole.
lundi 3 novembre
L’Iran a désigné l’Algérie pour servir d’intermédiaire avec les Etats-Unis dans la négociation concernant les otages américains détenus à Téhéran. Reçus par l’ayatollah Khomeiny, les étudiants islamiques ont par ailleurs accepté de remettre ces otages entre les mains du gouvernement.
L’armée irakienne est aux portes d’Abadan.
mardi 4 novembre
Les Iraniens ont célébré dans la joie le premier anniversaire de la capture des otages américains. 500 000 manifestants ont écoulé les nombreux discours violemment anti-américains prononcés devant l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, où des milliers de personnes ont pu pénétrer pour la première fois. Le gouvernement iranien a demandé à Washington de donner rapidement une réponse publique aux conditions posées pour la libération des otages. Des tractations « intenses » se poursuivent entre les diplomates des deux pays par l’intermédiaire des envoyés algériens.
jeudi 6 novembre
L’armée irakienne entame le siège d’Abadan, ville stratégique (nombreuses raffineries de pétrole). Une division irakienne est engagée dans la bataille (24 500 soldats et de 500 à 600 chars). Devant la résistance acharnée des défenseurs (15 000 hommes et 50 à 60 blindés), les commandants irakiens vont rapidement demander des renforts (le siège va durer jusqu’en septembre 1981).
vendredi 7 novembre
Sadegh Ghotbzadeh a été arrêté pour « provocation ». L’ancien ministre des Affaires étrangères avait accusé lors d’un débat la radio-télévision iranienne de dire « n’importe quoi » sur l’affaire des otages. Dans la soirée, le président Bani Sadr a à son tour violemment attaqué la radio-télévision de son pays, refusant désormais d’y intervenir « tant qu’elle ne se corrigerait pas ». Elle reproche aux médias des émissions qui le critique.
dimanche 9 novembre
Les troupes iraniennes ont lancé une contre-offensive mais subissent de lourdes pertes. A Bagdad, le président Saddam Hussein a proclamé la guerre sainte contre l’Iran. L’armée irakienne craint de manquer d’hommes : l’état-major a lancé un appel à l’enrôlement des volontaires âgés de plus de 65 ans.
lundi 10 novembre
Le procureur général de la Révolution a annoncé la libération prochaine de Sadegh Ghotbzadeh : « Nous sommes obligés de le faire à cause de choses que je ne peux pas vous dire maintenant », a déclaré le haut responsable judiciaire.
Le président du Parlement iranien a de nouveau menacé les otages américains d’un procès si les Etats-Unis n’acceptent pas les conditions qui leur ont été communiquées. Le secrétaire d’Etat adjoint américain Warren Christopher est à Alger pour discuter avec les médiateurs algériens.
mardi 11 novembre
Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a confirmé la venue prochaine en Iran d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour s’informer de la position de Téhéran sur la guerre contre l’Irak.
mercredi 12 novembre
Sadegh Ghotbzadeh a été libéré. L’ancien ministre des Affaires étrangères a été reçu dans la journée par l’ayatollah Khomeiny.
L’ambassadeur d’Algérie en Iran a remis au Premier ministre iranien la réponse des Etats-Unis aux conditions posées par Téhéran pour la libération des otages américains.
Echec des bons offices de Kurt Waldheim dans la guerre Iran-Irak.
jeudi 13 novembre
L’armée irakienne a commencé à engager au combat des volontaires de plus de soixante-cinq ans.
samedi 15 novembre
Les opérations militaires ont repris avec vigueur après une accalmie de quelques jours. Les Irakiens ont lancé une violente offensive contre Ahwaz, au prix de « lourdes pertes » selon Téhéran.
Nouvelle mise en garde des Etats-Unis contre Téhéran : si un procès des otages américains s’ouvre cela aura des conséquences graves.
dimanche 16 novembre
L’Irak affirme s’être emparé de la ville iranienne de Susangerd.
lundi 17 novembre
L’Iran déclare avoir repris Susangerd.
Ses médecins lui ayant demandé de se ménager, l’ayatollah Khomeiny n’a prononcé qu’un discours très court pour galvaniser les soldats rentrant du front.
jeudi 20 novembre
Le secrétaire d’Etat Muskie a annoncé que les Etats-Unis ont accepté le principe des quatre conditions iraniennes pour la libération des otages américains. Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a déclaré dans la matinée que ce problème était « réglé ».
vendredi 28 novembre
La Marine et l’armée de l’air iraniennes lancent l’opération conjointe « Morvarid » (« Perle »), avec pour objectif la mise hors-service des radars installés par les Irakiens sur les plates-formes pétrolières de Mina al-Bakr et de Khor-al-Amaya. Des F-4 Phantom II et des F-5 Tiger II ont attaqué des aérodromes irakiens situés près de Bassorah, détruisant un MiG-21 au sol.
nuit du vendredi 28 au samedi 29 novembre
Protégés par des hélicoptères (AH-1 SuperCobra, Bell 214 et CH-47 Chinook) qui ont neutralisé les défenses, les marins six navires iraniens de la Task Force 421 ont déployé des mines sur les plates-formes pétrolières de Mina al-Bakr et de Khor-al-Amaya avant d’être évacués par les airs. Au même moment, les ports de Fao et d’Umm Qasr étaient bloqués par des vedettes de classe Combattante qui ont réussi à couler deux patrouilleurs lance-missiles de classe Osa.
samedi 29 novembre
Suite et fin de l’opération « Morvarid ». Partis de la base aérienne de Chiraz, quatre F-4 Phantim II ont attaqué le port de Fao, les batteries anti-aériennes du secteur et, rejoints par des F-14 Tomcat, détruit les terminaux pétroliers d’Al-Bakr et de Khor-al-Amaya. Trois MiG-23 irakiens ont été abattus en combat aérien et deux autres par les tirs de la vedette lance-missiles Joshan. En deux jours, l’Iran a infligé des lourdes pertes à la marine irakienne, détruite à 80 % (cinq patrouilleurs de classe Osa et quatre torpilleurs P-6 coulés), tandis que l’aviation de Bagdad a perdu huit appareils (six MiG-23, un MiG-21 et un hélicoptère Super Frelon). Les pertes iraniennes sont bien importantes : une vedette coulée, un F-4 Phantom II abattu et un autre endommagé.
mercredi 3 décembre
Le président Bani Sadr proclame que l’Iran a vaincu l’agression irakienne, ajoutant que la seconde phase des opérations va maintenant commencer.
dimanche 7 décembre
Saddam Hussein annonce que l'Irak n'avancera pas plus profondément en territoire iranien.
lundi 15 décembre
Ouverture à Bali de la conférence de l’OPEP. Le ministre saoudien du Pétrole, cheikh Yamani, a immédiatement fait part de l’intention de son pays d’augmenter le prix de son or noir, sans donner plus de précision. C’est la première fois que l’Iran et l’Irak se retrouvent autour d’une table depuis le début de leur guerre mais le fauteuil du ministre iranien du Pétrole était occupé par … une photo, le dit-ministre étant prisonnier des Irakiens depuis un mois et demi.
mardi 16 décembre
Les treize Etats membres de l’OPEP ont décidé à Bali une hausse de 10 % du prix du pétrole. Après cinq augmentations en un an, les prix du baril brut s’échelonnent de 32 dollars (prix de base) à 41 dollars (prix plafond).
Le Premier ministre Ali Radjaï a déclaré que la position de Téhéran sur les réponses américaines aux conditions iraniennes pour la libération des otages avait été mise au point et qu’il ne manquait plus que l’accord de l’ayatollah Khomeiny. Mais le gouvernement américain a immédiatement mis en garde contre un excès d’optimisme.
jeudi 18 décembre
L’ancien rédacteur en chef du Journal de Téhéran a été exécuté.
vendredi 19 décembre
Négociations pour la libération des otages américains : Téhéran exige que ses avoirs gelés aux Etats-Unis (24 milliards de dollars) soient remis dans les banques algériennes. Washington trouve « déraisonnable » la somme réclamée.
dimanche 21 décembre
Washington juge déraisonnable les propositions de Téhéran au sujet des otages.
mercredi 24 décembre
Les cinquante-deux otages américains ont passé leur deuxième Noël en captivité. Par petits groupes de sept au maximum, ils ont été autorisés à assister à la messe de Noël célébrée par le nonce apostolique dans un petit appartement de Téhéran. Des cadeaux ont été distribués. Aux Etats-Unis, le président Carter a affirmé que la libération ne pourra avoir lieu avant son départ de la Maison-Blanche, le 20 janvier, tandis que le président élu, Ronald Reagan, a qualifié de « criminels » et « ravisseurs » les geôliers des otages américains de Téhéran.
L’aviation irakienne a mené son premier grand raid contre l’important terminal pétrolier iranien de l’île de Kharg.
samedi 27 décembre
Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a adressé en conférence de presse une mise en garde aux Etats-Unis contre tout « complot » dans l’affaire des otages américains.
Des réfugiés afghans ont pénétré dans l’ambassade d’URSS à Téhéran. Moscou proteste fermement contre la mollesse des autorités iraniennes. Bien que mise au courant de l’imminence d’une action, elles seront intervenues que très tard.
dimanche 28 décembre
Les délégués algériens envoyés par les Iraniens pour négocier avec les Américains sur la question des otages sont arrivés à Camp David pour rendre compte de la situation avec le président Carter. Réagissant de nouveau à ce problème, Ronald Reagan a déclaré que les Etats-Unis ne devaient pas verser de rançon à des « barbares ».
Des milliers de réfugiés afghans ont manifesté devant l’ambassade d’Afghanistan à Téhéran.
mercredi 31 décembre
Pour la première fois, la radio de Téhéran a annoncé qu’en cas de réponse négative des Etats-Unis aux conditions iraniennes pour la libération des otages américains, le procès de ceux-ci pourrait aboutir à leur exécution.
en décembre
Conséquence des purges d’officiers depuis février 1979 et de l’embargo occidental sur les pièces de rechange, la capacité de l’armée de l’air iranienne a chuté sous les cent appareils disponibles, ce qui conduit Téhéran à n’effectuer en moyenne qu’une sortie par jour.
Le secrétaire général de l’ONU Kurt Waldheim est arrivé à Téhéran pour tenter de résoudre le conflit des otages, mais sans l’invoquer ouvertement. Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh l’a rappelé : « M. Waldheim vient s’informer. Il n’est pas question de céder à des pressions américaines ».
Une manifestation antisoviétique rassemblant entre 7 000 et 10 000 personnes, en majorité des Afghans résidant en Iran, a dégénéré à Téhéran : une centaine de manifestants, conduits par des dirigeants religieux afghans, ont réussi à pénétrer dans l’enceinte de la mission diplomatique d’URSS avant d’être refoulés par les gardiens de la Révolution.
mercredi 2 janvier
Kurt Waldheim s’est entretenu pendant trois heures avec Sadegh Ghotbzadeh. Rien n’a filtré, mais lest débuts du secrétaire général de l’ONU à Téhéran semblent difficile. Plusieurs milliers d’habitants de Téhéran ont manifesté devant le siège de la Savak que M. Waldheim n’a pas donc pu visiter comme prévu et le programme du lendemain a été annulé. Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, un complot contre le secrétaire général de l’ONU aurait été découvert et déjoué à temps.
Au moins cinq personnes ont été tuées et huit autres blessées au cours d’escarmouches ayant opposé combattants kurdes et gardiens de la Révolution.
L’ex-chah d’Iran a déclaré, depuis son exil panaméen sur l’île de Contadora, qu’il acceptait que sa cause soit débattue devant un tribunal international, à condition d’être assuré d’un procès impartial. L’impératrice Farah Diba a par ailleurs fait savoir que son mari était atteint de la maladie de Waldenstroem et qu’il devrait probablement subir l’ablation de la rate.
Le chef des « volontaires iraniens pour le Liban-Sud », l’ayatollah Montazari, a déclaré à Beyrouth qu’il envisageait d’envoyer au Liban « des milliers et des milliers d’Iraniens pour qu’ils rejoignent ceux qui y sont déjà, en vue de combatte Israël ».
Un ancien sénateur iranien représentant la communauté arménienne, Félix Agaian, a été victime d’une tentative d’enlèvement à Paris.
jeudi 3 janvier
Pour la première fois depuis son arrivée à Téhéran, Kurt Waldheim a rencontré le peuple iranien pour des visites mouvementées, mais « très organisées ». Il a été conduit, plus de force que de gré, au grand cimetière de la capitale où reposent les martyrs de la Révolution. Partout, où il s’est rendu, des manifestants ont fait part de leurs sentiments anti-américains. Le secrétaire général de l’ONU a enfin pu s’entretenir avec le Conseil national qui dirige le pays, mais le régime lui a fait savoir qu’il ne rencontrerait pas l’ayatollah Khomeiny durant son séjour.
Une nouvelle fois, des manifestants ont tenté d’attaquer l’ambassade soviétique à Téhéran.
vendredi 4 janvier
Démarches vaines de Kurt Waldheim pour libérer les otages américains. Les autorités iraniennes ont refusé de négocier. Injurié pendant plusieurs jours par la foule, vilipendé par la presse, le secrétaire général de l’ONU rentre humilié à New York.
5 000 partisans de l’ayatollah Chariat-Madari, venus de l’Azerbaïdjan, se sont battus à Qom avec 15 000 fidèles de Khomeiny.
samedi 5 janvier
Poursuite de la guerre des mollahs en Iran : alors que le gouvernement déclarait subitement le jour férié, plus d’un million de personnes ont manifesté dans les rues de Téhéran pour soutenir Khomeiny tandis que des incidents violents se sont produits en province. On déplore 26 morts et plusieurs dizaines de blessés au cours d’affrontements dans le port de Bandar Lengeh, sur le golfe Persique. Dans la matinée, des affrontements ont fait 150 blessés à Tabriz lors d’échauffourées pour le contrôle de la radio locale. L’ayatollah Chariat-Madari a lancé un appel au calme et à l’unité nationale.
dimanche 6 janvier
Poursuite des affrontements sanglants à travers le pays : on déplore plusieurs dizaines de morts dans diverses villes. Au moins quarante personnes ont été tuées à Bandar Lengeh dans les combats opposant les sunnites d’origine arabes aux chiites partisans de Khomeiny. D’autres émeutes sanglantes se sont produites à Tabriz. Le nord-ouest (Azerbaïdjan et Kurdistan) est quasiment aux mains des rebelles au régime iranien ; le chef des Gardiens de la Révolution d’Ispahan a été assassiné et le gouverneur du Kurdistan a donné sa démission pour protester contre la présence des Gardiens dans la région. Plusieurs centaines d’étudiants d’origine afghane ont occupé pendant plusieurs heures l’ambassade d’Afghanistan à Téhéran, avant d’être expulsés par les Gardiens de la Révolution.
lundi 7 janvier
La guerre civile s’étend à toutes les provinces du pays.
mardi 8 janvier
L’ayatollah Chariat Madari a condamné les incidents de Tabriz.
mercredi 9 janvier
La ville de Tabriz est repassée sous le contrôle des forces pro-khomeynistes à l’issue de violents affrontements. On évoque au moins une douzaine de morts et environ 500 blessés. 50 madaristes ont été arrêtés. Chariat Madari est placé en résidence surveillée à Qom.
jeudi 10 janvier
Arrestation du mollah Akbar Goudarzi, fondateur du mouvement intégriste Forghan.
Arrivée à Tabriz de renforts des Gardiens de la Révolution.
Restrictions économiques.
Cinq personnes condamnées à mort par des tribunaux islamiques ont été exécutés ce jour en Iran.
vendredi 11 janvier
Manifestation à Tabriz contre la Constitution. Les partisans de l’ayatollah Kazem Chariat-Madari et ceux de l’imam Khomeiny s’affrontent dans une lutte sanglante : plus de 19 morts.
nuit du vendredi 11 au samedi 12 janvier
Les partisans de Khomeiny ont lancé un assaut à l’arme lourde contre le siège du Parti musulman de l’ayatollah Chariat-Madari à Tabriz.
samedi 12 janvier
Accusés d’avoir participé aux émeutes meurtrières du 9 janvier, onze partisans de l’ayatollah Chariat-Madari ont été exécutés à l’aube à Tabriz à l’issue d’une parodie de procès. Dans l’après-midi les madaristes ont repris le contrôle du siège du Parti musulman de Tabriz.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a repris et aussitôt ajourné l’examen de l’affaire iranienne.
dimanche 13 janvier
Les journalistes étrangers sont interdits d’accès à la ville de Tabriz. Plusieurs centaines de jeunes partisans de l’ayatollah Chariat-Madari ont protesté dans le centre de la ville contre l’exécution de onze madaristes, s’attaquant à des symboles du pouvoir central (banque Melli).
lundi 14 janvier
Le gouvernement de Téhéran a ordonné l’expulsion immédiate de tous les journalistes américains présents sur le territoire iranien « pour avoir diffusé des informations partiales sur le pays ». Les autres journalistes étrangers se contentent d’un avertissement.
mardi 15 janvier
Les Etats-Unis font état d’une concentration de 10 000 soldats soviétiques et afghans à la frontière irano-afghane, ce que l’agence Tass a catégoriquement démenti.
mercredi 16 janvier
L’Iran célèbre le premier anniversaire de la fuite du Shah.
samedi 19 janvier
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh a déclaré dans une interview que l’Iran allait tout faire pour obliger les Soviétiques à se retirer d’Afghanistan.
Quelques jours après qu’une lettre d’un otage se plaignant de ses conditions de détention ait été lue sur les chaînes de télévision occidentale, les étudiants iraniens ont, pour la première fois depuis Noël 1979, laissé entrer une équipe de télévision, française, à l’intérieur de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Les meneurs étudiants accusent le président Carter d’avoir lui-même écrit cette lettre. Les journalistes étrangers n’ont cependant pas été autorisés à s’entretenir avec les otages « pour des raisons de sécurité ».
lundi 21 janvier
Un Boeing 727 d’Iran Air (vol 291) s’est écrasé sur le mont Elbrouz lors de son approche de l’aéroport de Téhéran : 128 morts. L’appareil provenait de Mehrabad. L’accident a été provoqué par la neige et le brouillard.
mercredi 23 janvier
L’ayatollah Khomeiny est hospitalisé dans la banlieue de Téhéran pour des troubles cardiaques.
vendredi 25 janvier
Premier tour de l’élection présidentielle, organisée au suffrage universel : le ministre des Finances et ancien ministre des Affaires étrangères Abdol-Hassan Bani Sadr est facilement élu avec 75,7 % des suffrages premier président de la République islamique contre l’actuel ministre des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh et l’amiral Madani. Les Iraniens ont voté en masse. L’ayatollah Khomeiny reste cependant le véritable maître du pays.
Les médecins de l’ayatollah Khomeiny, hospitalisé dans la banlieue de Téhéran (hôpital Ali Reza) depuis plusieurs jours, ont fait savoir que leur patient souffrait d’une angine de poitrine. Le chef religieux, qui a lancé un appel aux Iraniens pour qu’ils se rendent massivement aux urnes, a par ailleurs rappelé aux Iraniens qu’il n’était pas immortel.
dimanche 27 janvier
Début de l’opération « Canadian Caper » : le gouvernement canadien organise secrètement l’évacuation d’Iran de diplomates américains.
lundi 28 janvier
Succès de l’opération « Canadian Caper » : grâce à son ambassadeur Ken Taylor, le gouvernement d’Ottawa a réussi à faire passer pour canadiens six diplomates américains qui tentaient de fuir l’Iran et qui avaient trouvé refuge à l’ambassade canadienne lors de l’assaut iranien contre les bâtiments américains à Téhéran en novembre. Ils sont parvenus à embarquer à bord d’un avion à destination de Zurich.
Le président élu iranien Bani Sadr a apporté son soutien aux rebelles afghans et condamné l’intervention soviétique dans ce pays.
mardi 29 janvier
Alors que des rumeurs circulent sur une suspension éventuelle des sanctions économiques américaines contre l’Iran, l’ayatollah Khomeiny a apporté son soutien au président élu Bani Sadr.
mercredi 30 janvier
De violents affrontements entre rebelles kurdes et gardiens de la Révolution auraient fait 17 morts dans le Kurdistan iranien.
Le gouvernement iranien est furieux de l’évasion des six otages américains. Le ministre des Affaires étrangères menace le Canada et les Etats-Unis de représailles.
samedi 2 février
En trois jours, les combats entre rebelles kurdes et gardiens de la Révolution islamique auraient fait plus d’une cinquantaine de morts dans le nord-ouest de l’Iran.
lundi 4 février
Entrée en fonction du président Abolhassan Bani Sadr, qui a prêté serment devant le guide de la Révolution islamique, l’ayatollah Khomeiny, à l’hôpital de Téhéran.
Le fils de l’ayatollah Khomeiny (toujours hospitalisé) a lu un message de son père à plusieurs dizaines de milliers d’Iraniens rassemblés dans un immense cimetière situé à 15 kilomètres au sud de Téhéran : le chef spirituel de l’Iran condamne l’occupation soviétique de l’Afghanistan et prise que son pays apportera toute l’aide nécessaire au peuple afghan. L’ayatollah a également violemment attaqué les Etats-Unis et Israël.
mardi 5 février
Le président Bani Sadr fait allégeance à l’ayatollah Khomeiny après la cérémonie officielle de sa prestation de serment.
mardi 6 février
Accusé par les étudiants islamiques de collaboration avec la CIA, le ministre de l’Information a été arrêté de façon arbitraire par les gardiens de la Révolution.
jeudi 7 février
Libération du ministre de l’Information grâce à l’intervention du nouveau président de la République islamique, Bani Sadr.
Dans la soirée, le gouvernement américain a refusé d’appliquer les sanctions qu’il avait promises contre l’Iran. Par ailleurs trois des otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis de Téhéran ont pu téléphoner à leurs familles en Amérique.
vendredi 8 février
Le nouveau président de la République Bani Sadr a accru son pouvoir en obtenant dans la matinée la présidence du Conseil de la Révolution.
L’ayatollah Khomeiny a reçu à l’hôpital où il est soigné un groupe de 260 dignitaires musulmans et personnalités étrangères.
samedi 9 février
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh n’exclut pas une intervention de l’armée contre les étudiants islamiques qui détiennent les otages américains s’ils ne se pliaient aux ordres éventuels de libérations émis par l’imam Khomeiny. Pour la première fois depuis longtemps, certains des otages sont apparus à la télévision iranienne à l’occasion de la visite de Mgr Hilarion Capucci, ancien archevêque grec-catholique (melkite) de Jérusalem. Mgr Capucci s’était entretenu auparavant avec le président Bani Sadr.
Selon des experts militaires iraniens, dix divisions soviétiques seraient massées à la frontière nord-est de l’Iran.
lundi 11 février
L’Iran célèbre le premier anniversaire de la Révolution islamique… et le centième jour de détention des otages américains. Une foule nombreuse, estimé à 2 millions de personnes, a fêté l’événement dans les rues de Téhéran, malgré l’absence de l’imam Khomeiny, toujours hospitalisé. Le défilé militaire prévu a été annulé. On déplore trois morts, écrasés par des chars, à l’issue de cette journée. Le président Bani Sadr a déclaré que la libération des otages était proche à condition que les Américains fassent une autocritique de leur implication dans le régime du chah.
mardi 12 février
Les autorités d’Oman donnent leur accord à l’installation de bases militaires américaines dans le pays. Le président Carter a décidé d’envoyer à la mi-mars, en renfort dans la région du golfe Persique et de la mer d’Oman, 1 800 marines embarqués sur quatre navires amphibies.
Visite à Téhéran de Yasser Arafat, qui a assisté avec le président Bani Sadr et le fils de l’ayatollah Khomeiny aux cérémonies célébrant le premier anniversaire de la Révolution islamique. Le président de l’OLP a déclaré que les Soviétiques lui avaient assuré que leur présence en Afghanistan n’était que temporaire et qu’ils se retireraient bientôt.
mercredi 13 février
Interrogé à Téhéran par la télévision française, le président iranien Bani Sadr s’est dit personnellement hostile, depuis le début, à la prise des otages américains par les étudiants islamiques. Il a ajouté que leur libération n’était plus forcément liée à l’extradition du chah d’Iran. Aux Etats-Unis, le président Carter a laissé entendre dans un discours qu’un plan était à l’étude pour obtenir la libération des otages.
jeudi 14 février
De graves inondations frappent certaines régions de l’Iran. On déplore plus de 200 morts.
vendredi 15 février
Le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh est arrivé en France où il s’est entretenu avec son homologue français Jean-François Poncet. Le ministre iranien a déclaré qu’une libération des otages américains à Téhéran n’était pas envisageable avant quinze jours et la fin des travaux de la commission d’enquête sur les crimes du Chah.
dimanche 17 février
Constitution de la Commission d’enquête des Nations unies sur le Chah d’Iran. Les Etats-Unis ont donné leur accord sur sa composition et le secrétaire général de l’ONU attend maintenant l’avis des Iraniens avant de rendre publique celle-ci.
Afin d’examiner les possibilités de transports en commun et de réduire la consommation d’essence, les autorités ont décidé d’interdire aux voitures particulières de circuler pendant trois jours dans une semaine.
Intervenant à la radio française, l’ancien Premier ministre iranien Chahpour Bakhtiar, qui vit en exil à Paris, a déclaré être prêt à passer devant un tribunal iranien, mais « pas devant un abattoir ». Il a aussi accusé l’ayatollah Khomeiny d’être un assassin dans le même genre qu’Hitler.
mardi 19 février
A Téhéran, le président Bani Sadr a été nommé commandant en chef des forces armées iraniennes par l’ayatollah Khomeiny, qui en avait la fonction jusque-là.
vendredi 22 février
Faisant implicitement allusion aux « gardiens de la révolution », Bani Sadr a lancé un appel à l’ordre et à la discipline affirmant que l’Iran « vivait ses derniers jours de désordre ».
samedi 23 février
L’ayatollah Khomeiny a déclaré que le sort des otages américains, détenus par les étudiants islamiques depuis 112 jours, sera décidé par la future Assemblée nationale islamique iranienne (qui ne sera élue qu’au mois de mars).
Après trois jours d’attente, les cinq juristes internationaux de la commission d’enquête de l’ONU sur le régime du chah ont quitté Genève pour l’Iran. Peu avant, de son lit d’hôpital, l’ayatollah Khomeiny a fait savoir qu’il appartiendrait à l’Assemblée nationale, quand elle sera élue (pas avant avril), de se prononcer sur le problème des otages.
dimanche 24 février
Début des travaux de la commission des Nations unies. Les cinq délégués ont rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Ghotbzadeh, puis le président de la République Bani Sadr. Répondant aux questions de la chaîne CBS, l’ambassadeur d’Iran à l’ONU a fait savoir que la commission n’avait pas pour mission de rencontrer les otages détenus à l’ambassade américaine.
Réagissant aux propos tenus la veille par l’ayatollah Khomeiny, les étudiants islamiques qui gardent les otages américains ont changé d’avis : ils obéiront aux décisions de la future assemblée nationale et non plus seulement à ceux du Guide de la Révolution.
Pénurie de produits pétroliers à la suite des inondations qui ont endommagé les installations du Khûzistân : la circulation des voitures particulières est interdite pour trois jours à Téhéran.
lundi 25 février
Le président Bani Sadr et les membres du Conseil de la révolution ont participé à une marche organisée devant l’ambassade américaine à Téhéran pour marquer la fin de la semaine nationale de mobilisation et répondre au message de l’ayatollah Khomeiny en faveur de l’extradition du chah et la restitution de ses biens. Le président iranien a été plébiscité du haut de l’ambassade par plus de 100 000 personnes.
Le contre-amiral Alavi, commandant des forces navales, a été arrêté à Téhéran sur ordre du procureur du tribunal révolutionnaire des forces armées.
Démission inattendue du maire de Téhéran, Mohamad Tavassoli.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux Olympiques de Moscou : à Singapour, l’Iran et la Corée du Nord ont fait match nul zéro à zéro.
mercredi 27 février
L’ambassade d’Afghanistan à Téhéran a été brièvement occupée par une trentaine d’étudiants afghans armés de mitraillettes qui voulaient ainsi protester contre la répression exercée par les Soviétiques à Kaboul.
Tous les journalistes étrangers, y compris américains, sont à nouveau admis en Iran.
L’Iran reconnaît la République arabe sahraouie démocratique, qui se bat contre le Maroc pour l’indépendance du Sahara occidental.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran et la Chine ont fait match nul deux à deux.
jeudi 28 février
A Téhéran, les cinq membres de la commission d’enquête de l’ONU ont visité un hôpital où sont toujours soignées les anciennes victimes de la police politique du chah, la Savak. Ils n’ont cependant toujours pas pu rencontrer les otages de l’ambassade américaine.
en février
Un an après la Révolution islamique, les purges diverses dans les forces armées ont réduit de 25 à 50 % le nombre d’officiers d’état-major.
samedi 1er mars
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, les footballeurs singapouriens ont été battus par les Iraniens trois buts à zéro.
dimanche 2 mars
L’ayatollah Khomeiny a effectué sa première apparition publique depuis son hospitalisation il y a cinq semaines. Du balcon de l’hôpital, il a demandé au peuple d’élire le 14 mars des députés fidèles à l’islam et non alignés sur l’Est ou sur l’Ouest.
jeudi 6 mars
Un nouvel espoir pour les otages américains détenus à Téhéran : les étudiants ont annoncé dans la soirée leur intention de remettre prochainement leurs captifs au Conseil de la Révolution iranienne. Une manifestation a été organisée dans les rues de la capitale pour protester contre cette décision. Trop souvent échaudé, le gouvernement américain reste prudent.
vendredi 7 mars
Dissolution du secrétariat de l’ayatollah Khomeiny, considéré comme un Etat dans l’Etat.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran a battu l’Inde deux buts à zéro.
samedi 8 mars
Un différend ayant éclaté entre les étudiants islamistes et le ministre des Affaires étrangères juste avant l’opération, la remise aux autorités iraniennes des otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran n’a pas eu lieu. Selon les geôliers, Sadegh Ghotbzadeh n’a pas été officiellement mandaté par l’ayatollah Khomeiny pour cette mission. Ghotbzadeh se dit lui chargé de ce travail par le Conseil de la révolution. Rajoutant la confusion à la confusion, Khomeiny a déclaré que le sort des otages était du ressort de l’Assemblée nationale islamique… qui n’a pas encore été élue.
dimanche 9 mars
Tout comme la veille, des milliers de manifestants ont défilé devant l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran pour apporter leur soutien aux étudiants islamiques. Ces derniers ont confirmé qu’ils remettront bien leurs otages mais pas au ministre des Affaires étrangères.
Qualifications pour le tournoi de football des Jeux olympiques : à Singapour, l’Iran a écrasé le Sri Lanka onze buts à zéro.
lundi 10 mars
L’ayatollah Khomeiny s’est prononcé en faveur de la visite à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran de la commission d’enquête de l’ONU sur les otages américains, mais sous conditions. Celles-ci ont été immédiatement rejetées par Washington.
mardi 11 mars
La Commission d’enquête internationale chargée de trouver une solution au problème des otages américains à Téhéran a échoué. Présents en Iran depuis 17 jours, les cinq délégués ont quitté la capitale iranienne sans avoir même pu rencontrer ceux-ci. A la dernière minute, l’ayatollah Khomeiny est intervenu en faveur des étudiants qui s’apprêtaient à remettre les otages aux instances officielles iraniennes.
mercredi 12 mars
Dernier match des qualifications pour le tournoi de football des Jeux de Moscou : à domicile, Singapour a de nouveau été battu par l’Iran quatre buts à zéro. Bien que qualifiés, les Iraniens boycotteront finalement ces Jeux (et seront remplacés par les Syriens).
vendredi 14 mars
Premier tour des élections législatives iraniennes. Les scrutins organisés au Kurdistan sont annulés en raison de violents incidents armés, qui avaient déjà marqué la fin de la campagne électorale. Après avoir demandé ces derniers jours au peuple de se prononcer pour des candidats authentiquement islamiques, l’ayatollah Khomeiny a voté à l’hôpital.
Le Parlement européen a adopté une proposition de la Française Louise Weiss qui demande aux Etats de la CEE de saisir la Cour international de justice de La Haye du drame des otages américains retenus en Iran.
A Panama, la présidence américaine sonde les souverains iraniens sur l’abdication du roi comme solution au problème des otages américains. La reine fait valoir l’inanité du projet. Il y aura toujours un Pahlavi prêt à reprendre le flambeau.
dimanche 16 mars
Le président Bani Sadr a laissé entendre que les élections législatives pourraient être annulées du fait d’un trop grand nombre d’irrégularités constatées selon lui.
mardi 18 mars
L’ayatollah Khomeiny a annoncé l’amnistie générale pour les prisonniers dont les mains ne sont pas tachées de sang et qui sont pas coupables de corruption.
mercredi 19 mars
Début du Nouvel An iranien : pendant une semaine le pays va tourner au ralenti avec la fermeture des administrations, écoles, usines, journaux, etc.
jeudi 20 mars
Les Etats-Unis ont lancé un appel à la Cour internationale de justice concernant la question des otages américains détenus à Téhéran.
dimanche 23 mars
L’ex-chah d’Iran a quitté le Panama, à la veille de la demande par le gouvernement de Téhéran de l’extradition de l’ancien souverain d’Iran.
lundi 24 mars
Anouar el-Sadate a accueilli en personne au Caire l’ancien chah d’Iran et son épouse. Il a ensuite accompagné le couple vers l’hôpital militaire ultramoderne de Meadi, situé dans la banlieue de la capitale égyptienne, où l’ancien souverain iranien doit être soigné. Le président Sadate a confirmé que Mohammed Reza et Farah Pahlavi pourront rester en Egypte après l’intervention médicale. Le nouveau gouvernement iranien est furieux : Téhéran considère ce geste comme un défi de la part de l’Egypte.
jeudi 27 mars
L’état de santé de l’ancien chah d’Iran devient critique. L’ablation de sa rate, qui atteint dix fois son volume normal, est impérative.
vendredi 28 mars
Des étudiants islamistes ont manifesté à Assiout contre la présence du chah d’Iran en Egypte. Celui-ci a subi au Caire l’ablation de la rate. L’opération a été réalisée par un chirurgien américain, qui estime que l’ancien souverain pourra sortir de l’hôpital d’ici dix jours.
samedi 29 mars
Il est annoncé à Téhéran que les otages américains détenus à l’ambassade ne seront probablement pas libérés avant le mois de juillet.
dimanche 30 mars
Il est révélé que le président Carter a adressé une lettre aux responsables iraniens pour tenter de trouver une solution à la question des otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. L’ayatollah Khomeiny aurait fait savoir qu’il ne répondrait à ce message.
nuit du dimanche 30 au lundi 31 mars
Plusieurs dizaines de personnes auraient été blessées lors de manifestation au Caire contre la présence du Chah d’Iran en Egypte.
mardi 1er avril
L’ayatollah Khomeiny a adressé un non très ferme aux propositions du président Carter. Le dirigeant iranien ne ferme cependant pas la porte à de futures négociations. De son côté, le président Bani Sadr a promis que le Conseil de la Révolution allait reprendre aux étudiants islamiques le contrôle des otages américains, jusqu’à l’ouverture du prochain Parlement iranien, à condition que les Etats-Unis renoncent à de nouvelles sanctions. En conséquence, Washington a annoncé un sursis à l’imposition de celles-ci.
Près de 500 000 personnes se sont rassemblées dans le centre de Téhéran pour célébrer le premier anniversaire de la Révolution islamique.
jeudi 3 avril
Les otages américains détenus à Téhéran vont encore devoir attendre. Le président iranien Bani Sadr a été mis en minorité au sujet du transfert du contrôle des prisonniers : le Conseil de la Révolution estime que la réponse américaine aux exigences n’est pas assez claire.
vendredi 4 avril
Deux pays de l’OPEP, l’Iran et le Nigeria, ont annoncé une augmentation du prix de leur pétrole.
samedi 5 avril
Interrogé par le quotidien français Le Monde, le président iranien a déclaré que la crise Téhéran-Washington peu avoir des conséquences catastrophiques pour l’Iran et pour toute l’humanité. Selon Bani Sadr, les Etats-Unis ne jouent pas franc-jeu. Il a également averti les étudiants islamiques que ce n’est pas en prenant des otages, que l’Iran pourra mettre les Etats-Unis à genou. Il a enfin appelé le peuple égyptien à se soulever contre la présence au Caire de l’ancien chah d’Iran.
dimanche 6 avril
Arrivés la veille à Téhéran, trois prêtres et pasteurs et le vicaire général de Jérusalem ont pu diriger la messe de Pâques devant les otages détenus à l’ambassade américaine.
lundi 7 avril
Coup de théâtre en Iran : l’ayatollah Khomeiny a annoncé que les otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran ne seront pas transférés sous l’autorité du gouvernement mais resteront sous la garde des étudiants islamiques jusqu’à la réunion du Parlement à la fin mai. A Washington, le président Carter a aussitôt réuni son conseil de sécurité qui a décidé la rupture des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et l’Iran. Tous les diplomates iraniens seront expulsés. Des sanctions économiques sont également prises à l’encontre du régime iranien.
Les forces armées iraniennes et les Gardiens de la Révolution ont été placés en état d’alerte. Téhéran considère comme un ultimatum l’exigence formulée par l’Irak du retrait des soldats iraniens de trois îles occupées depuis 1971 dans le détroit d’Ormuz.
mardi 8 avril
Le ministre iranien du Pétrole a déclaré que son pays ne vendra plus de pétrole aux pays qui se montreront hostiles à l’égard de Téhéran. Une façon de menacer directement les alliés des Etats-Unis tentés de s’unir aux sanctions économiques prises la veille par les Américains. Dans la soirée, la chaîne CBS a diffusé un reportage tourné par la télévision iranienne le jour de Pâques et montrant les otages retenus à l’ambassade américaine de Téhéran.
mercredi 9 avril
Les étudiants islamiques retenant les otages américains à l’ambassade ont publié un communiqué menaçant solennellement les Etats-Unis : la moindre intervention militaire contre l’Iran aurait pour conséquence l’exécution de leurs prisonniers. Washington a entamé officiellement une démarche demandant aux pays de la CEE de se joindre aux sanctions économiques et commerciales américaines contre l’Iran.
L’aviation irakienne a bombardé près de la frontière la ville iranienne de Qasr-e Shirin. Quinze personnes ont été blessées. Il s’agit de représailles après la tentative d’assassinat du ministre irakien des Affaires étrangères, Tarek Aziz, commise par le groupe chiite Al-Dawaa.
jeudi 10 avril
Evoquant une situation inacceptable, les neuf pays membres de la CEE demandent au gouvernement iranien de libérer les otages américains détenus à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Mais aucune sanction n’est prise contre l’Iran. Le président Carter a critiqué ses alliés occidentaux à l’occasion d’une conférence de presse, leur reprochant leurs contradictions et leur manque de soutien. A Washington, un haut fonctionnaire du département d’Etat américain a confirmé que les Etats-Unis interviendront militairement contre l’Iran s’il arrive quoique ce soit aux otages.
La radio iranienne signale des mouvements de la flotte de guerre de Téhéran dans le détroit d’Ormuz.
vendredi 11 avril
Un million de personnes environ ont manifesté dans les rues de Téhéran pour démontrer l’unité du peuple iranien. Dans son discours, le président Bani Sadr s’en est essentiellement pris à l’Irak.
samedi 12 avril
Les ambassadeurs des neuf pays de la CEE à Téhéran ont rencontré le président iranien Bani Sadr pour lui exprimer leur préoccupation concernant la situation des otages américains.
lundi 14 avril
Pour la première fois, une mission de la Croix-Rouge internationale a pu se rendre auprès des otages américains détenus à Téhéran. A Londres, intervenant devant la Chambre des Communes, le Premier ministre britannique Margaret Thatcher a demandé que les pays de la Communauté européenne décident d’ici une semaine une action commune dans l’affaire des otages.
jeudi 17 avril
Dans la soirée, le président Carter a dévoilé de nouvelles sanctions contre l’Iran et évoqué la possibilité d’une action militaire : « la patience des Américains s’épuise » a-t-il prévenu. Par ailleurs, discutant à Strasbourg de la situation des otages américains retenus à Téhéran, le Parlement européen a annoncé envisager une suspension de ses relations avec l’Iran.
Intervenant sur Radio-Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a affirmé que l’Iran briserait l’Irak et avancerait jusqu’à Bagdad.
vendredi 18 avril
« Révolution culturelle » à l’iranienne. Bani-Sadr et Ali-Akbar Hachemi-Rafsandjani ordonnent la fermeture des universités pour deux ans.
samedi 19 avril
Des heurts violents ont opposé à Téhéran des étudiants et des membres d’une organisation religieuse extrémiste. On déplore un mort et une cinquantaine de blessés. Le Conseil de la Révolution a ordonné la fermeture pour trois jours de toutes les universités de la capitale.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 avril
Des manifestants intégristes ont occupé le Centre d’art dramatique de Téhéran.
dimanche 20 avril
Le gouvernement américain a interdit aux familles des otages retenus à l’ambassade de se rendre à Téhéran. Les autorités ont par ailleurs démenti l’information selon laquelle ceux-ci ne seront pas libérés avant l’élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis.
Les affrontements violents entre intégristes religieux et étudiants gauchistes se sont poursuivis à l’université de Téhéran.
lundi 21 avril
Des militants des partis de gauche se sont violemment heurtés dans l’après-midi et dans la soirée aux gardiens de la Révolution et à des extrémistes religieux à l’université de Téhéran. En 48 heures, on recense plus de 10 morts et près de 500 blessés. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont convergé vers la maison de l’ayatollah Khomeiny pour y entendre un discours.
Les ministres des Affaires étrangères des Neuf se réunissent à Luxembourg pour tenter de trouver une position commune à tenir face à la situation en Iran : soutien aux Etats-Unis ? Sanctions contre Téhéran ? Si oui économiques ? Diplomatiques ? Politiques ? Un représentant du gouvernement japonais présent dans la capitale luxembourgeoise a déclaré que son pays était prêt à s’aligner sur les décisions que la CEE prendra. Un choix qui a immédiatement conduit l’Iran à cesser ses exportations de pétrole vers le Japon. Dans la capitale iranienne, la mère du plus jeune otage américain détenu dans l’ambassade a finalement été autorisée à rencontrer son fils, le sergent Kevin Hermening (21 ans). Les étudiants islamiques lui avaient d’abord fait visiter le cimetière où reposent les martyrs de la Révolution.
Décès à l’hôpital Pars de Téhéran du poète Sohrâb Sepehri.
mardi 22 avril
Fermeture des universités et centres de recherche.
Après les Etats-Unis, les pays de la CEE décident un boycottage économique de l’Iran, applicable le 1er mai, si les otages américains n’ont pas été libérés.
mardi 22 avril
Après les Etats-Unis, les neufs pays membres de la Communauté économique européenne, ainsi que l’Espagne et le Japon, ont décidé à Luxembourg, après de longues négociations, un boycottage économique de l’Iran, applicable à compter du 17 mai, si les otages américains retenus à Téhéran n’ont pas été libérés d’ici là.
Intervenant devant une foule de 100 000 personnes, le président Bani Sadr a réaffirmé l’autorité de son gouvernement. Le renforcement du pouvoir religieux le met pourtant de plus en plus en difficulté.
Selon Radio-Téhéran, de violents combats dans le Kurdistan iranien auraient fait 300 morts dans les rangs des contre-révolutionnaires et 36 dans le camp gouvernemental.
du mardi 22 au jeudi 24 avril
Les violences font des dizaines de morts dans les universités.
mercredi 23 avril
Poursuivant la politique de « purification » de l’université de Téhéran voulue par Khomeiny, des étudiants religieux intégristes ont une nouvelle fois donné la chasse aux gauchistes sur le campus.
jeudi 24 avril
Téhéran poursuit son rapprochement avec les pays de l’Est : l’Iran a signé un accord économique avec l’Allemagne de l’Est.
nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril
Echec d’un commando américain chargé de libérer les 52 otages de Téhéran (opération Eagle Claw) : emportant des Delta Force, trois hélicoptères Sikorsky RH-53D, sur les huit partis du porte-avions Nimitz, sont tombés en panne au-dessus d’une zone désertique. La mission a aussitôt été annulée mais, après avoir effectué un plein de carburant, un autre hélicoptère est entré en collision avec un C-130 Hercules de ravitaillement près de Tabas, à plus de cinq cents kilomètres de Téhéran, causant la mort de huit hommes. C’est un échec humiliant pour les Etats-Unis et une victoire psychologique pour l’Iran.
vendredi 25 avril
Une foule immense célèbre l’échec américain dans les rues de Téhéran, devant l’ambassade des Etats-Unis. Le président Bani Sadr s’est rendu sur le site du crash près de Tabas. L’ayatollah Khomeiny a averti Washington : si une nouvelle tentative pour libérer les otages étaient effectivement ni lui-même ni le gouvernement ne seraient plus en mesure de garantir leur vie, les étudiants islamiques confirmant qu’un autre essai américain se solderait par la mort de tous ceux qu’ils détiennent.
samedi 26 avril
Par précaution, les étudiants islamiques ont décidé de disperser les otages américains dans différentes villes d’Iran, en des lieux sur lesquels le sacré est bien gardé. La télévision iranienne a diffusé des images des carcasses des hélicoptères américains détruits ou tombés en panne près de Tabas. Les corps des huit hommes tués sont également présentés.
dimanche 27 avril
A Téhéran, les autorités iraniennes ont présenté à la foule rassemblée devant l’ambassade des Etats-Unis les corps des huit Américains tués lors du raid manqué.
lundi 28 avril
Les étudiants islamiques ont menacé de faire passer en jugement les otages américains.
Quatre attentats à la bombe ont été commis dans le centre de Téhéran. Le plus meurtrier s’est produit à dix-sept heures sur la grande place Khomeiny, faisant deux morts et au moins cinq blessés et détruisant une dizaine de véhicules (la bombe était placée dans une voiture en stationnement). Dans la matinée, une explosion avait fait quatre blessés dans un cinéma de la même place. Les autres attentats se sont déroulés dans une banque et dans un bazar.
mardi 29 avril
En visite au Koweït, le ministre iranien des Affaires étrangères, Sadegh Ghotbzadeh, a échappé à une tentative d’attentat : plusieurs coups de feu ont été tirés contre sa voiture, mais sans le toucher.
Un incident sans conséquence a impliqué des avions de chasse américains et un appareil de transport militaire iranien qui s’était approché trop près du porte-avions USS Nimitz, qui croise au large des côtes de l’Iran.
mercredi 30 avril
Un commando de six hommes, affirmant appartenir au Mouvement révolutionnaire démocratique pour la libération de l’Arabistan, a attaqué à midi l’ambassade d’Iran à Londres (Prince’s Gate, Knightsbridge). Retenant 26 otages, ils réclament la libération de 91 de leurs camarades de la minorité arabe du Khouzistan, détenus à Abadan. Ils ont adressé un ultimatum qui expire le 1er mai à midi : ils feront sauter le bâtiment s’ils n’obtiennent pas satisfaction. L’ambassade est encerclée par la police. Dans la soirée, des dizaines de partisans de Khomeiny ont commencé à tourner en rond à 200 mètres du bâtiment diplomatique.
Pour la deuxième journée consécutive, un incident aérien américano-iranien s’est produit à proximité du porte-avions Nimitz.
en avril
L’ayatollah Khalkhali fait détruire la tombe de Reza Shah et d’autres membres de la famille Pahlavi, au sud de Téhéran, aidé par deux cents gardes révolutionnaires.
jeudi 1er mai
L’ultimatum adressé aux autorités iraniennes a été prolongée par le commando d’opposants occupant l’ambassade de Londres. Le président Bani Sadr a refusé catégoriquement de se plier aux conditions des terroristes, affirmant être prêt à accepter le martyr des otages.
vendredi 2 mai
Afin de montrer leur détermination à ne pas céder au chantage des preneurs d’otages de l’ambassade d’Iran à Londres, les autorités iraniennes ont fait fusiller à Ahwaz deux des meneurs autonomistes du Khouzistan arrêtés le mois dernier, ajoutant que les 89 autres seront également exécutés s’il arrive quoique ce soit aux otages.
dimanche 4 mai
Quatre hélicoptères non identifiés ont violé l’espace aérien de l’Iran. L’un des appareils a été retrouvé abandonné dans le désert du sud-est.
lundi 5 mai
La prise d’otages à l’ambassade d’Iran à Londres s’est terminée dans le sang : deux fortes explosions, suivies d’une fusillade dans les étages et de la chute sur le perron du cadavre d’un otage (l’attaché de presse de l’ambassade) abattu par les terroristes à 18 h 50, ont obligé les policiers britanniques du Special Air Service à intervenir en force à 19 h 33 (opération « Nimrod »). 4 terroristes ont été abattus et le cinquième capturé. 2 otages ont été tués et 19 autres libérés. 5 d’entre eux sont blessés. Les chaînes de télévision BBC et ITV ont interrompu leurs programmes réguliers pour diffuser l’événement en direct. Trois coups avaient été entendus précédemment dans l’après-midi.
mardi 6 mai
Les corps des huit soldats américains tués lors de l’opération ratée du 25 avril ont quitté Téhéran pour la Suisse, en compagnie de Mgr Capucci, ancien évêque de Jérusalem. A Zurich, les cercueils ont été transférés dans un autre appareil qui a décollé à destination de Washington.
jeudi 8 mai
Première exécution d’une femme en Iran pour des raisons politiques. Médecin et ancien ministre de l’Education du Shah, Farrokh-Rou Parsa a été fusillée à Téhéran. Elle avait été condamnée à mort par un « comité révolutionnaire » pour « corruption sur terre ». Elle aurait créé une « atmosphère de prostitution » dans son ministère... Elle avait 58 ans.
Réunis à Taïf, en Arabie Saoudite, les ministres de l’OPEP se sont mis d’accord sur un principe d’ajustement trimestriel du prix plancher du pétrole. Mais l’Algérie, l’Iran et la Libye se sont opposés à ce mécanisme.
vendredi 9 mai
Second tour des élections législatives : victoire des intégristes qui obtiennent les deux tiers des sièges. L’ayatollah Khomeiny a voté à Téhéran.
Le président Carter a déclaré dans un discours que la situation actuelle en Iran et en Afghanistan menaçait gravement la paix dans le monde. Il a ajouté que toute intervention vers le Golfe Persique engendrerait immédiatement une réaction militaire des Etats-Unis.
L’ayatollah Khomeiny a approuvé le nouvel emblème de l’Iran. Conçue par Hamid Nadimi pour remplacer le lion impérial de la dynastie des Séfévides, cette forme calligraphiée du nom d’ « Allah » se compose d’une épée centrale encadrée de quatre croissants.
mardi 13 mai
Les intégristes ont célébré leur victoire aux élections en détruisant à Téhéran le mausolée de Réza Shah. Les modérés du régime voulaient transformer le site en musée.
mercredi 14 mai
Le gouvernement afghan se lance dans diverses ouvertures diplomatiques : Kaboul se déclare prêt à engager des pourparlers avec l’Iran et le Pakistan, tout en proposant un règlement garanti par l’URSS et les Etats-Unis. Babrak Karmal demande une rencontre internationale de son régime en échange d’un retrait limité des troupes soviétiques. Washington dénonce des propositions irréalistes et non sérieuses.
samedi 17 mai
Les ministres des Affaires étrangères de la Communauté économique européenne sont réunis à Naples pour débattre des éventuelles sanctions à prendre contre l’Iran. Téhéran a adressé une sévère mise en garde aux Neuf.
dimanche 18 mai
A l’issue de deux journées d’entretiens à Naples, les ministres des Affaires étrangères de la Communauté économique européenne a décidé d’apporter une nouvelle fois leur soutien aux Etats-Unis en adoptant de nouvelles sanctions économiques contre Téhéran: les neuf Etats de la CEE ont décrété l’embargo sur toutes les exportations à destination de l’Iran, à l’exception des produits alimentaires et pharmaceutiques. Tous les contrats signés depuis le début de la prise d’otages à l’ambassade américaine (le 4 novembre 1979) sont suspendus.
mardi 20 mai
A Islamabad (Pakistan), le ministre iranien des Affaires étrangères, Sadegh Ghotbzadeh, affirme qu’un raid d’hélicoptères soviétiques s’est produit ce jour en Iran. Par ailleurs, deux hélicoptères afghans auraient mitraillé un village iranien.
mercredi 21 mai
Conseil des ministres : le gouvernement a décidé de suspendre temporairement toutes les exportations à destination de l’Iran. A l’inverse, devant l’hostilité de la Chambre des Communes, Margaret Thatcher est contrainte de revenir sur la décision britannique de s’associer à l’embargo européen.
samedi 24 mai
A La Haye, la Cour internationale de justice a exigé de Téhéran pour la deuxième fois, sur plainte des Etats-Unis, la libération des otages détenus à l’ambassade américaine. Le gouvernement iranien a rejeté cet appel.
Exécution de six membres du groupe Forghan, auteur de plusieurs assassinats de personnalités politiques et militaires au début de la Révolution islamique.
dimanche 25 mai
Arrivée à Téhéran d’une délégation de l’Internationale socialiste, conduite par le chancelier autrichien Bruno Kreisky et dont font également partie l’Espagnol Felipe Gonzalez et l’ancien chef de gouvernement suédois Olof Palme. Elle est chargée d’une mission d’information sur les otages américains détenus à l’ambassade.
mercredi 28 mai
Séance inaugurale du premier Parlement de la République islamique.
jeudi 29 mai
Le président du nouveau Parlement iranien a fait savoir que l’affaire des otages américains détenus à l’ambassade de Téhéran ne sera pas saisie par les députés avant le 20 juillet.
samedi 31 mai
L’Iran et le Pakistan sont en pourparlers avec la résistance afghane en vue de lui fournir une assistance coordonnée dans son combat contre l’occupant soviétique et le régime de Kaboul, a révélé le ministre iranien des Affaires étrangères, M. Ghobzadeh.
fin mai
Plus de 2 000 kilos d’opium ont été saisis par les Gardiens de la Révolution chez un grand propriétaire terrien de Shrvan, à 600 km au nord-est de Téhéran. Un laboratoire de fabrication d’héroïne, plusieurs fusils et près de 2 millions de dollars en argent liquide ont également été saisis.
dimanche 1er juin
La fraction intégriste religieuse, le Parti de la République islamique, a décidé de prendre le contrôle total du Parlement en dénonçant à l’avance ceux qui voudraient s’y opposer. L’ayatollah Beheshti, chef du PRI, a déclaré qu’il souhaitait que l’actuel ministre des Transports, Moussa Kalartari, soit nommé Premier ministre.
lundi 2 juin
Le président iranien Bani Sadr a ouvert à Téhéran la « conférence internationale sur les crimes de l’Amérique », en présence de 350 délégués d’une centaine de pays, dont l’ancien secrétaire américain à la Justice, Ramsay Clark, qui a bravé l’interdiction faite par le président de Carter aux Américains de se rendre en Iran.
mardi 3 juin
A l’occasion de la conférence organisée à Téhéran sur la récente intervention militaire américaine, Moscou a annoncé avoir approuvé un plan concernant le retrait des troupes soviétiques d’Afghanistan.
mercredi 4 juin
Deux hommes armés ont attaqué l’ambassade d’Irak à Rome aux cris de « Vive Khomeiny ». Un employé de l’ambassade a été tué et un autre a été blessé. L’un des deux agresseurs a été blessé par les gardes irakiens tandis que son complice a pu prendre la fuite.
jeudi 5 juin
Deux Juifs iraniens ont été pendus à Hamadan.
vendredi 6 juin
Douze personnes, dont quatre trafiquants de drogue, ont été pendues dans différentes villes d’Iran.
lundi 9 juin
Ouverture à Alger du Sommet des treize pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole. L’OPEP est divisée en deux camps : les modérés, menés par l’Arabie Saoudite, réclament une unification des tarifs et un gel des prix pendant six mois, et les durs, conduits par l’Algérie, qui veulent une liberté des prix et un alignement des tarifs du gaz avec celui du pétrole.
du lundi 9 au mardi 10 juin
Sur l'ordre de l'ayatollah Khalkali, 16 personnes ont été exécutées à Téhéran. 5 d'entre eux avaient été condamnées à mort pour sabotage, meurtre et activités contre-révolutionnaires ; 10 autres pour trafic de drogue et proxénétisme ; la dernière, Yousef Sobham, directeur de la division iranienne de Pepsi-Cola, avait été accusé de « collaboration avec le sionisme ».
mardi 10 juin
Clôture du sommet de l’OPEP à Alger : le prix de référence du baril augmente de 28 à 32 dollars le baril.
jeudi 12 juin
De violents affrontements entre jeunes musulmans intégristes et progressistes ont fait dans la soirée un mort et au moins 300 blessés (dont plusieurs dizaines par balles) à Téhéran. Soutenus par les Pasdarans armés, les « hezbollahis » ont attaqué des jeunes « modjaheddine » qui attendaient de rentrer à l’intérieur du stade Tarkhi pour assister à un meeting.
vendredi 13 juin
L’ayatollah Khomeyni a donné le coup d’envoi de la révolution culturelle en Iran afin d’effacer « toute trace de l’Occident ». Fermés depuis avril, les lycées et les universités sont particulièrement visés.
mardi 17 juin
Le chef des Gardiens de la Révolution islamique (Pasdarans) a présenté sa démission. Il estime que le régime ne va pas assez vite dans la formation d’une armée qui soit le prolongement de la Révolution.
vendredi 27 juin
L’ancien chah d’Iran a été hospitalisé dans la soirée à la suite d’une forte fièvre intestinale causée par le cancer du système lymphatique dont il est atteint. Son état de santé serait très inquiétant.
L’imam Khomeiny a menacé de renvoyer le Premier ministre Bani Sadr si celui-ci ne parvient pas à mieux se faire respecter.
samedi 28 juin
L’ayatollah Khomeiny a une nouvelle fois menacé de se débarrasser des ministres si ces derniers ne font pas disparaître d’ici dix jours le papier à en-tête de l’ancien régime toujours utilisé dans les administrations.
en juin
Le président iranien Bani Sadr a demandé aux Kurdes de « reprendre leur place au sein de la patrie » et a affirmé que « tout le Kurdistan serait sous contrôle gouvernemental ans une semaine environ ». Par ailleurs, dans une interview, le chef de l’Etat iranien a reconnu « l’échec des méthodes choisies pendant les quinze mois qui ont suivi la révolution ».
vendredi 4 juillet
Quatre personnes ont été lapidées à mort pour « délits sexuels ».
samedi 5 juillet
2 000 femmes vêtues de noir ont manifesté dans les rues de Téhéran contre la nouvelle loi imposant le port du voile. Une contre-manifestation masculine s’est rapidement formée contre les « prostituées » : selon ces partisans de Khomeiny, les femmes qui ne portent pas le tchador suivent la ligne de l’Amérique…
L’ex-chah d’Iran a subi une nouvelle opération chirurgicale en Egypte.
dimanche 6 juillet
Découverte d’un complot militaire.
La situation de l’ancien chah d’Iran continue à se détériorer : selon un journal local, le chirurgien français qui l’avait opéré a été rappelé en urgence pour procéder à une nouvelle intervention.
lundi 7 juillet
Instauration en Iran de la charia (loi islamique).
mardi 8 juillet
Plus de 20 personnes ont été exécutées en 24 heures. Parmi les victimes figurent 4 rebelles kurdes, fusillés à Tabriz, et 7 trafiquants de drogue mis à mort en public (une première) dans les rues de Téhéran.
du mercredi 9 au jeudi 10 juillet
Echec d’une tentative de coup d’Etat d’officiers et soldats de l’armée de terre, de l’armée de l’air et des services secrets menés par le colonel de gendarmerie à la retraite Muhammad Baqir Bani-Amiri (en liaison avec l’ancien Premier ministre Chapour Bakhtiar) : des centaines d’hommes (300 ?) ont arrêtés à la base aérienne de Nojeh, près d’Hamedan (plusieurs dizaines d’entre eux seront exécutés).
jeudi 10 juillet
Le président Bani Sadr est intervenu dans la soirée à la radio pour annoncer qu’un complot militaire vient d’être déjoué.
Ancien candidat à la présidence de la République iranienne, l’amiral Madani est entré en rébellion ouverte contre le gouvernement en refusant de siéger au Parlement islamique.
vendredi 11 juillet
L’ayatollah Khomeiny a autorisé pour la première fois la libération d’un otage américain détenu à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Malade, le vice-consul Richard Queen (28 ans) a pu quitter Téhéran pour rejoindre Zurich, où il a été aussitôt hospitalisé. Il reste 52 Américains retenus prisonniers depuis 250 jours.
17 officiers de l’armée de terre ont été arrêtés dans la soirée pour « participation à un complot militaire ».
dimanche 13 juillet
Plusieurs associations féminines exigent l’abrogation de toutes les limitations des droits des femmes imposées par Khomeiny.
mardi 15 juillet
Les autorités iraniennes ont annoncé la fermeture pour 48 heures de toutes les frontières du pays (terrestres, maritimes et aériennes) afin d’ « empêcher la fuite des militaires mercenaires de l’Amérique » et des conjurés impliqués dans le complot récemment découvert.
vendredi 18 juillet
L’ancien Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar a échappé vers 8 h 30 à un attentat à Neuilly-sur-Seine (101, boulevard Bineau), dans la banlieue chic du nord-ouest de Paris : un policier (Jean-Michel Jarre) et une voisine de l’immeuble ont été tués par trois hommes armés (dont un seul Iranien) qui s’étaient fait passer pour des journalistes. Deux autres membres des forces de l’ordre ont été blessés, dont l’un grièvement (paralysé à vie). Les trois terroristes ont été arrêtés. Deux de leurs complices ont réussi à prendre la fuite avant d’être interpellés quelques heures plus tard. Le commando était dirigé par le Libanais Anis Naccache. Cette tentative d’assassinat a été revendiquée par les Pasdarans (les Gardiens de la Révolution islamique iranienne).
samedi 19 juillet
Interrogé dans le journal télévisé de midi à l’occasion de sa visite officielle en France, le ministre iranien des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh a rejeté sur l’ancien régime la responsabilité de l’attentat de la veille contre Chapour Bakhtiar.
dimanche 20 juillet
Mis à disposition du parquet de Nanterre, les cinq membres du commando qui a tenté de tuer Chapour Bakhtiar ont été inculpés d’assassinat et de tentative d’assassinat.
mardi 22 juillet
L’ayatollah Khomeiny a refusé la rejeté la proposition du président Bani Sadr qui voulait nommer comme Premier ministre le fils de l’imam, Ahmad Khomeiny.
Le diplomate iranien Ali Akbar Tabatabaei a été abattu à Bethesda, dans le Maryland (près de Washington), par trois hommes, probablement membres des services secrets de son pays. Ancien porte-parole de l'ambassade d'Iran dans la capitale américaine, Tabatabaei était un opposant actif à l’actuel régime des mollahs. Il avait 49 ans.
mercredi 23 juillet
Un attentat, organisé par le Forghan, a frappé un passage commercial du centre de Téhéran. L’explosion simultanée de trois bombes a coûté la vie à six personnes et en blessé plus d’une centaine d’autres. 80 magasins ont été ravagés.
jeudi 24 juillet
21 officiers impliqués dans le récent complot militaire déjoué ont été fusillés à l’aube.
dimanche 27 juillet
L’ancien chah d’Iran Mohammad-Réza Pahlavi est décédé à l’aube à l’hôpital du Caire. Agé de 60 ans, il a succombé à un cancer. Avant sa mort, il a cité trois noms pour assister la reine dans la régence : Amin-Aslan Afchar, ex-chef du protocole, Nasradollah Moïnian, ex-secrétaire particulier du roi, et le général Réza Azimi. Ils ont la confiance du roi, et le prince héritier peut compter sur eux. Monté sur le trône à la mort de son père en 1941, il avait été renversé par la Révolution islamique de l’ayatollah Khomeiny en février 1979. Radio-Téhéran a révélé l’information à 14 h 10 : « le sanguinaire du siècle est enfin mort ». Les dirigeants iraniens ont aussitôt fait savoir que la mort du chah ne changeait rien à la situation des otages américains détenus à l’ambassade : « nous ne voulons pas son cadavre, nous exigeons la restitution des biens qu’il a usurpé ». A Washington, 171 ressortissants iraniens ont été interpellés par la police américaine à la suite de violentes manifestations de rue.
lundi 28 juillet
Une semaine de deuil national a été décrétée en Egypte à la suite de la mort de l’ancien chah d’Iran.
mardi 29 juillet
L’Egypte a organisé au Caire des obsèques solennelles pour l’ancien chah d’Iran Mohammad Reza Pahlavi, un homme « oublié » par les autres grands de ce monde : accompagnant la chahbanou et ses enfants, le président égyptien Anouar el-Sadate est le seul chef d’Etat actuel présent à ces funérailles. Les grands pays n’étaient représentés que par leurs ambassadeurs respectifs. Sadate, encadré par le fils aîné du roi (Réza) et l’ancien président américain Richard Nixon, a ouvert le cortège funéraire : le cercueil, recouvert du drapeau iranien frappé des armes impériales, a parcouru les rues du centre de la capitale égyptienne pendant deux heures sous très haute sécurité mais devant seulement quelques milliers de personnes. La cérémonie religieuse s’est déroulée à la mosquée Al-Rifa’i, où le dernier chah d’Iran a été inhumé auprès des anciens rois égyptiens Fouad et Farouk.
Ali Akbar Rafsandjani est élu président du Majles.
Adoption du nouveau drapeau de l’Iran. Remplaçant le drapeau impérial, il comporte trois bandes horizontales, vert en haut, blanc au milieu et rouge en bas et, au centre, l’emblème de l'Iran.
mercredi 30 juillet
Dans la matinée, un attentat à la bombe a fait sept morts et une trentaine de blessés.
jeudi 31 juillet
Nouvelles exécutions de comploteurs : 13 hommes ont été fusillés.
nuit du lundi 4 au mardi 5 août
Plus de 300 000 personnes ont défilé dans les rues de Téhéran en faveur des étudiants iraniens détenus aux Etats-Unis. Les manifestants ont dénoncé les sévices qui auraient été infligées à leurs 171 compatriotes qui observent une grève de la faim en prison et qui vont être nourris de force.
mardi 5 août
Ancien candidat à l’élection présidentielle, l’amiral Madani a été déchu de son mandat parlementaire. Il est accusé d’être un « agent des Etats-Unis ».
Les étudiants iraniens arrêtés à New York lors d’une manifestation ont été libérés par les autorités américaines, qui ont vérifié la légalité de leur situation aux Etats-Unis.
Interrogé dans la soirée par la chaîne de télévision française TF1, le président iranien Bani Sadr a affirmé qu’il existait en France des centres d’entraînement pour préparer des activités subversives en Iran. Le gouvernement français nie avec vigueur ces accusations.
Match amical de football : à Al-Ain, les Emirats arabes unis ont été battus par l’Iran deux buts à zéro.
jeudi 7 août
Très attaqué par les religieux qui lui reprochent un manque d’intransigeance islamique, le ministre des Affaires étrangères Sadegh Ghotbzadeh est intervenu devant le Parlement : il a annoncé qu’il ne voulait pas faire partie du prochain gouvernement. Concernant l’affaire des otages, il a déclaré qu’il existe des conventions internationales que l’Iran n’a « malheureusement pas respectées ».
Match amical de football : à Abu Dhabi, les Emirats arabes unis ont été battus par l’Iran trois buts à zéro.
vendredi 8 août
L’Iran menace de rompre ses relations diplomatiques avec l’Union soviétique si Moscou ne suspend pas son aide militaire à l’Irak.
samedi 9 août
La majorité au Parlement a officiellement proposé Mohammed Ali Radjaï au poste de Premier ministre. Un choix entériné par le président Bani Sadr après de longues hésitations.
De violents accrochages se sont produits à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
Les tensions entre l’Iran et l’URSS s’aggravent : l’ayatollah Khomeiny a qualifié l’Union soviétique de « grande puissance satanique ».
dimanche 10 août
Le président Bani Sadr a vivement critiqué dans la soirée « l’anarchie » et le despotisme islamique » qui règne actuellement en Iran.
lundi 11 août
Ancien ministre de l’Education nationale du gouvernement Bazargan, Mohammed Ali Radjaï (quarante-sept ans) a été désigné Premier ministre d’Iran par le Parlement, qui a écarté les candidats modérés présentés par le président Bani Sadr. Radjaï est connu pour ses opinions islamistes intransigeantes et pour son anticommunisme.
mardi 12 août
Mohammad Ali Rajai entre en fonction comme Premier ministre. Il remplace le Conseil de la Révolution islamique. L’ayatollah Mohammed Reza Mahdavi-Kani devient ministre de la Justice.
dimanche 17 août
L’Iran a rompu sans explication ses relations diplomatiques avec le Chili.
mardi 19 août
Explosion d'un dépôt de matériels à Gatchsaran : cent morts.
mercredi 20 août
Huit jours seulement après avoir été nommé à ce poste, l’ayatollah Mahdavi-Kani quitte le ministère de la Justice pour devenir ministre de l’Intérieur.
du samedi 23 au dimanche 24 août
De violents affrontements ont éclaté au Kurdistan iranien. 133 combattants kurdes et 8 Gardiens de la Révolution auraient été tués selon l’armée.
dimanche 24 août
Une bombe placée dans le bureau de l’ayatollah Khalkhali a été désamorcée à Téhéran.
mercredi 27 août
Les accrochages militaires se multiplient à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
jeudi 28 août
Après plusieurs jours de silence, l’imam Khomeiny est réapparu en public contre l’avis de ses médecins en raison de son état de santé.
dimanche 31 août
Le Premier ministre Mohammad Ali Rajai a annoncé la composition de son gouvernement. Sadegh Ghotbzadeh perd son portefeuille des Affaires étrangères. Il est remplacé de façon provisoire par Mohammed Karim Khodapanahi. Selon la rumeur, le président Bani Sadr serait en désaccord avec les noms de certains ministres.
lundi 1er septembre
Le président Bani Sadr a adressé au Parlement une lettre dans laquelle il proteste officiellement contre la composition du nouveau gouvernement.
jeudi 4 septembre
Six personnes ont été exécutées pour l'incendie du cinéma Rex d’Abadan (au moins 470 morts le 19 août 1978).
dimanche 7 septembre
Le président Bani Sadr refuse la nomination de 7 des 21 ministres du gouvernement Rajaï. Parmi les personnes que rejette le chef de l’Etat figure l’ayatollah Ali Khamenei proposé pour le poste de ministre des Affaires étrangères.
lundi 8 septembre
Près de 300 000 personnes se sont rassemblées dans la soirée sur l’une des places de Téhéran où l’armée du shah avait ouvert le feu sur la foule, faisant des centaines de victimes, deux ans plus tôt. Dans son discours, le président Bani Sadr s’en est pris durement au Parti de la République islamique, une minorité qu’il accuse de vouloir accaparer le pouvoir.
mardi 9 septembre
Le gouvernement britannique a annoncé la fermeture de son ambassade à Téhéran pour des questions de sécurité. Les relations diplomatiques entre l’Iran et le Royaume-Uni ne sont cependant pas rompues.
mercredi 10 septembre
Cent quatre députés islamiques ont signé une lettre demandant au président Bani Sadr de venir s’expliquer devant le Parlement. Ils accusent le chef de l’Etat de ne pas suivre la ligne dictée par l’ayatollah Khomeiny.
vendredi 12 septembre
Un véritable espoir apparaît concernant la libération des 52 otages américains détenus à Téhéran. Pour la première fois, l’ayatollah Khomeiny a clairement exposé dans un discours les quatre conditions à remplir : Téhéran réclame notamment la restitution de la fortune de l’ancien shah d’Iran. Le président Carter a aussitôt affirmé qu’il allait étudier cette offre avec précaution.
samedi 13 septembre
Le général Bagheri a été arrêté à l’aéroport de Téhéran alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord d’un avion à destination de Paris. Selon les Gardiens de la Révolution, il tentait de s’enfuir. Il avait commandé l’armée de l’air iranienne après la Révolution islamique.
Les affrontements armés s’accentuent à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
lundi 15 septembre
Après le chaud, l’Iran souffle le froid : le président du Parlement iranien a ajouté une cinquième condition à celles présentées il y a trois jours par l’ayatollah Khomeiny. Téhéran exige désormais également que les Etats-Unis présentent des excuses à l’Iran.
Ouverture à Vienne, sous très haute sécurité, du sommet de l’OPEP, qui réunit 34 ministres représentant les treize pays exportateurs de pétrole. Après 18 mois de désordre et de « chacun pour soir », le problème des prix de l’or noir est à l’ordre du jour.
Exécution de neuf personnes accusées d’avoir pris part à un complot en juillet.
mardi 16 septembre
Pour la première fois, l’affaire des otages américains a été examinée par le Parlement iranien détenus en Iran. Mais les députés se sont simplement contentés de renvoyer le dossier à une commission spéciale.
mercredi 17 septembre
L’Irak dénonce l’accord d’Alger conclu en 1975 avec l’Iran sur le partage des eaux du Chatt el-Arab. Saddam Hussein proclame la région territoire exclusivement irakien.
Alors que les pays exportateurs de pétrole s’apprêtaient à quitter la conférence de l’OPEP à Vienne sur un constat d’échec, les représentants sont parvenus à s’entendre dans la soirée sur un accord de dernière minute : l’Arabie saoudite a décidé de relever de deux dollars le prix de son baril. L’or noir saoudien passe ainsi de 28 à 30 dollars. Les autres pays ont décidé de geler leurs propres tarifs.
Début de la Coupe d’Asie des nations de football, organisée par le Koweït : dans le groupe 1, l’Iran et la Syrie ont fait match nul zéro à zéro.
jeudi 18 septembre
Le président Carter a déclaré que jamais les Etats-Unis ne présenteront des excuses à l’Iran.
vendredi 19 septembre
L’armée de l’air iranienne reconnaît avoir perdu deux chasseurs-bombardiers F-4 Phantom II durant un combat aérien avec des appareils irakiens au-dessus du Chatt el-Arab.
samedi 20 septembre
Les communiqués militaires sont confus concernant le conflit à la frontière irako-iranienne : Bagdad annonce des attaques dans les airs et sur terre avec des blindés alors qu’à Téhéran on évoque une situation est relativement calme. Le président iranien Bani Sadr a accusé les Etats-Unis d’être à l’origine d’un vaste complot contre son pays par l’intermédiaire de l’Irak.
Coupe d’Asie des nations de football : la Chine et l’Iran ont fait match nul deux à deux (Chen Jingang et Cai Jinbiao pour les Chinois ; Alidousti et Fariba pour les Iraniens).
dimanche 21 septembre
Le conflit larvé à la frontière irako-iranienne se transforme en guerre ouverte : des troupes sont engagées sur terre, sur mer et dans les airs, en particulier dans la région du Chatt el-Arab. L’artillerie irakienne a bombardé les villes iraniennes d’Abadan et de Khorramchahr. Puissance militaire la plus forte de la région du temps du shah, l’Iran est en difficulté depuis le déclenchement de la Révolution islamique (fuite de nombreux officiers, manque de pièces détachées pour les navires et hélicoptères, etc.), alors qu’en face l’armée irakienne est au sommet de sa force.
lundi 22 septembre
Après plusieurs jours d’accrochages à répétition le long de la frontière, l’Irak attaque l’Iran par surprise pour s’emparer de la totalité du Chott el-Arab. Les raids aériens ont visé des objectifs militaires (aérodromes de Mehrabad, Kermanshah, Sanandaj et Ahwaz), mais également les champs pétrolifères d’Abadan, sur le Chatt el-Arab, qui sont en partie incendiés. Tabriz, en Iran, puis Chiraz, Ispahan, Dezful, Hamadan et Téhéran ont été bombardés tour à tour, tandis que les forces irakiennes pénétraient en territoire iranien, dans la région pétrolière du Khouzistan. Toutes les communications avec la capitale iranienne sont coupées.
Coupe d’Asie des Nations de football : l’Iran a écrasé le Bangladesh sept buts (Fariba quatre fois, Roshan et Barzegari) à zéro.
nuit du lundi 22 au mardi 23 septembre
L’armée irakienne a pénétré en territoire iranien de 10 kilomètres selon un communiqué de Bagdad : la ville de Khorramchahr et les puits de pétrole d’Abadan seraient encerclés.
mardi 23 septembre
Pour contrer l’offensive irakienne, l’aviation iranienne a déclenché l’opération « Kaman 99 » : une centaine de sorties contre des positions ennemis ont été effectuées. Bagdad a été bombardée à trois reprises, tandis qu’au moins six autres aéroports irakiens ont également été visés. Un avion cargo Iliouchine 76 qui arrivait de Paris s’est écrasé lors de l’approche de l’aéroport de Bagdad, probablement abattu par la chasse iranienne. Conséquence de la virulence du conflit, le trafic pétrolier est interrompu pendant deux jours dans le Golfe Persique. Les grandes puissances appellent les deux pays à la modération.
du mardi 23 au mercredi 24 septembre
L’aviation irakienne a attaqué les aérodromes de Tabriz (à deux reprises), Dezful (deux fois également), Shahroki, Kermanshah, Al-Ahwas et Sanandaj. Mais les dégâts décisifs sont peu importants.
mercredi 24 septembre
La ville iranienne d’Abadan est à son tour encerclée par les troupes irakiennes. Pour la première fois, des avions irakiens ont attaqué l’important terminal pétrolier de l’île de Kharg. De son côté, l’aviation iranienne a lancé un nouveau raid sur des sites civils et industriels de Bassorah ainsi que sur le terminal pétrolier de Fao. A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a appelé les musulmans d’Irak à se révolter contre Saddam Hussein.
Coupe d’Asie des nations de football : l’Iran a battu la Corée du Nord trois buts (Alidousti, Danaeifard et Fariba) à deux (Hwang Sang-Hoi et Pak Jonh-Hun). Premiers du groupe 1, les Iraniens sont qualifiés pour les demi-finales.
jeudi 25 septembre
Bagdad et Téhéran ont à nouveau été bombardées par l’aviation du camp ennemi. Sur le terrain, la progression des troupes irakiennes en territoire iranien se heurte à une forte résistance et les communiqués de victoire irakiens sont sans doute largement exagérés : les villes que Bagdad assure s’être emparée ne sont probablement pas encore entièrement tombées entre leurs mains. Les autorités iraniennes affirment que l’hôpital d’Abadan a été touché par des tirs irakiens, faisant une soixantaine de morts parmi les malades. La raffinerie de pétrole de cette ville est également en feu. Les ministres soviétiques et américains des Affaires étrangères, Andreï Gromyko et Edmund Muskie, se sont entretenus de la situation à New York : les deux pays ont convenu de la nécessité de rester neutre dans ce conflit régional. L’Arabie saoudite a officiellement apporté son soutien à l’Irak. Le fils de l’ex-chah d’Iran, âgé de vingt ans, a offert de donner sa vie pour protéger l’Iran. Sur le plan intérieur, les autorités iraniennes ont ordonné la fermeture pour deux jours des pompes à essence pour la population civile et décidé d’interdire la circulation automobile le 27 septembre à Téhéran.
vendredi 26 septembre
L’aviation iranienne a bombardé les principales installations pétrolières de la région de Bassorah. L’incendie de la principale raffinerie dégage une énorme colonne de fumée. Bagdad a décidé d’interrompre l’exportation de son or noir. A l’est du Chatt el-Arab, l’armée irakienne poursuit de son côté ses attaques sur la raffinerie d’Abadan. Sur le terrain diplomatique, le ministre irakien des Affaires étrangères a dit que son pays était prêt à des négociations tandis que l’Iran a officiellement accepté le principe d’une mission de bonne volonté du président de l’Organisation de la Conférence islamique, le chef d’Etat pakistanais Zia ul Haq.
samedi 27 septembre
Délégué par l’Organisation de la Conférence islamique, le chef d’Etat pakistanais, le général Zia ul Haq a entamé sa mission de bons offices auprès de l’Irak et de l’Iran. Il vient d’arriver à Téhéran et doit se rendre peu après à Bagdad. Sur le terrain, l’armée irakienne a annoncé avoir pris la ville d’Ahwaz, ce que les Iraniens démentent. Après une semaine de guerre, les troupes de Saddam Hussein ne sont toujours pas parvenus à prendre leur objectif principal, Abadan, et Khorramchahr résiste toujours également. L’aviation iranienne a de nouveau bombardé Bagdad et frappé des installations pétrolières à Kirkouk. La radio de Bagdad a annoncé la mort de l’ayatollah Khomeiny mais celui-ci est apparu au même moment à la télévision de Téhéran : il a demandé aux populations irakiennes de se soulever contre un régime tenu par les « ennemis de l’islam » et au peuple d’Iran de contenir l’agression.
dimanche 28 septembre
Les Irakiens accentuent leurs attaques en territoire iranien : les blindés ont dépassé la petite ville de Qasr-el-Chirine, située 20 km au-delà de la frontière. Pour expliquer l’absence d’un succès éclatant, Bagdad affirme que seulement un tiers de son armée est engagé dans la guerre. Un Tupolev Tu-22 irakien s’est posé à Riyad, en Arabie saoudite, après avoir mené une mission de bombardement sur l’Iran. Le général Zia a rencontré à Téhéran le président Bani Sadr avant de rejoindre Bagdad.
Demi-finales de la Coupe d’Asie des Nations de football : le Koweït a battu l’Iran deux buts (Yaqoub et Al-Dakhil) à un (Faraki).
lundi 29 septembre
Des combats acharnés se poursuivent dans la région du Khouzistan. Les troupes irakiennes ont réussi à pénétrer de 80 kilomètres à l’intérieur du territoire iranien. L’aviation iranienne a repris ses bombardements sur Bassorah. A Téhéran, le Premier ministre Mohammad Ali Rajai a menacé de déclarer la guerre au Koweït, aux Emirats arabes unis et à la Jordanie si c’est trois pays continuent à apporter leur aide à l’Irak.
mardi 30 septembre
Opération « Epée brûlante » : première attaque militaire de l’Histoire contre un site nucléaire. Quatre F-4 Phantom iraniens ont largué douze bombes Mk 82 (fournies par le Mossad israélienne) le centre de recherche atomique irakien de Tuwaitha, en cours de construction par la France à 17 kilomètres au sud-est de Bagdad. Aucune victime n’est à déplorer mais le site a été légèrement endommagé. Pas assez pour empêcher le programme nucléaire irakien de se poursuivre (les réacteurs Osirak et Isis n’ont pas été touchés). Dans la soirée, une centrale thermique alimentant la capitale irakienne a été frappé par des bombardements iraniens. L’Iran a catégoriquement rejeté les appels à la trêve du président irakien.
Répondant favorablement à la demande du gouvernement de Riyad, Washington a accepté d’envoyer en Arabie saoudite la force aérienne ELF-1 : 4 avions radar Awacs, deux KC-135 ravitailleurs et 300 hommes sont arrivés sur l’aéroport de Dhahran pour participer à la protection des puits de pétrole et à la surveillance du Golfe Persique (l’ELF-1 demeurera sur le territoire saoudien jusqu’à la fin de la guerre Iran-Irak en 1988).
Match pour la troisième place de la Coupe d’Asie des nations de football : l’Iran a battu la Corée du Nord trois buts (Farabi et Faraki 2) à zéro. Le Sud-Coréen Choi Soon-ho et l’Iranien Behtash Fariba sont les deux meilleurs buteurs de la compétition avec sept réalisations chacun.
mercredi 1er octobre
L’Iran a promis à la communauté internationale que malgré la guerre le détroit d’Ormuz restera ouvert aux pétroliers.
nuit du mercredi 1er au jeudi 2 octobre
L’appel au cessez-le-feu lancé par le Conseil de sécurité de l’ONU a été accepté par l’Irak mais refusé par l’Iran.
jeudi 2 octobre
L’armée iranienne fait mieux que résister, elle parvient même à contre-attaquer : des parachutistes ont été déployés pour dégager la ville de Khorramshahr.
vendredi 3 octobre
Alors que l’Iran annonce une contre-offensive, l’armée irakienne a fait savoir qu’elle allait désormais se retrancher pour consolider les positions acquises.
samedi 4 octobre
L’armée irakienne assure avoir sécurisé la route reliant Abadan à Ahwaz.
dimanche 5 octobre
L’aviation irakienne a bombardé l’aéroport de Téhéran. Cette attaque aurait fait au moins 2 morts et 8 blessés. Dans le même temps, Bagdad a proposé un cessez-le-feu temporaire de trois jours, que les autorités iraniennes refusent tant que son territoire sera occupé. Le roi Hussein de Jordanie a pour sa part confirmé qu’il soutenait l’Irak et l’Arabie saoudite a fait savoir qu’elle viendrait au secours des petits Etats du Golfe Persique si la guerre Iran-Irak menaçait de s’étendre à eux.
lundi 6 octobre
L’aéroport de Téhéran a de nouveau été bombardé par au moins un avion irakien. D’autres appareils auraient mené un raid sur la raffinerie de Ray, à dix kilomètres au sud de la capitale iranienne. Par ailleurs, selon le représentant de l’ayatollah Khomeiny, la raffinerie d’Abadan, la plus grande du monde, serait détruite à 50 %.
mardi 7 octobre
L’armée irakienne semble se préparer à lancer une large offensive dans la région du Khouzistan : un convoi ininterrompu de véhicules blindés est acheminé vers cette région riche en pétrole et l’artillerie lourde irakienne pilonne la ville d’Ahwaz. De son côté, l’aviation iranienne a attaqué dans le nord de l’Irak les installations pétrolières de Kirkouk et Souleimaniye. L’engagement logistique jordanien au côté de Bagdad inquiète les Etats-Unis : Washington a demandé au roi Hussein d’arrêter d’aider l’Irak dans sa guerre contre l’Iran.
mercredi 8 octobre
L’Irak a repris son offensive militaire contre le port iranien de Khorramshahr, près d’Abadan.
jeudi 9 octobre
Des missiles sol-sol irakiens ont frappé la ville iranienne de Desfoul, tuant 236 civils.
samedi 11 octobre
L’armée irakienne a repris son offensive dans la province iranienne du Khouzistan. Par ailleurs, le président iranien Bani Sadr a fermement démenti les informations selon lesquelles la Syrie et la Libye auraient livré des armes à l’Iran.
dimanche 12 octobre
La violence des combats se renforce sur le front, chaque camp assurant avoir pris l’avantage. Après avoir franchi le fleuve Karoun, des chars irakiens auraient selon Bagdad pénétré de 7 kilomètres en territoire iranien, dépassant Khorramshahr et se dirigeant vers Abadan. Mais Téhéran assure que ces forces irakiennes auraient été anéanties… A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny a mis en place un Conseil suprême de défense chargé de mener la guerre.
Dans une interview accordée à l’American Associated Press, le président iranien Bani Sadr a affirmé que la crise des otages américains va entrer dans une phase nouvelle.
lundi 13 octobre
L’armée irakienne poursuit son offensive contre les ports iraniens de Khorramshahr et Abadan.
mercredi 15 octobre
Dans la guerre qui oppose depuis un mois l’Iran et l’Irak, Jimmy Carter a créé la surprise en se déclarant en faveur de Téhéran, affirmant pour la première fois que l’Irak est l’agresseur : en difficulté face à Reagan à un mois de l’élection présidentielle, le président américain s’est dit prêt à livrer des pièces détachées à l’armée iranienne en échange de la libération des otages américains détenus depuis des mois à l’ambassade.
jeudi 16 octobre
L’armée iranienne continue à résister avec opiniâtreté face à l’offensive de Bagdad contre les grandes villes d’Abadan et de Khorramshahr. Encerclés, les deux grands centres pétroliers sont continuellement pilonnés par l’artillerie et les avions irakiens. Des réservoirs de pétrole ont par ailleurs été détruits à Téhéran lors d’un raid de l’aviation irakienne.
vendredi 17 octobre
Débat au Conseil de sécurité de l’ONU sur la guerre Iran-Irak, en présence du Premier ministre iranien Ali Radjaï.
samedi 18 octobre
Le Premier ministre Ali Radjaï a créé la surprise à New York, lors d’une conférence de presse, en évoquant pour la première fois la possibilité de libérer prochainement les otages américains détenus à Téhéran. Abandonnant les nombreuses conditions imposées précédemment par le régime iranien (notamment les excuses américaines pour avoir soutenu le shah), il ne demande désormais plus qu’une chose : que les Etats-Unis retirent leurs avions radar Awacs stationnés en Arabie saoudite.
L’Iran affirme que les tirs d’artillerie irakiens sur Khorramshahr ont causé la mort d’un millier de civils.
dimanche 19 octobre
De très violents combats se déroulent dans les faubourgs d’Abadan. A Téhéran, l’ayatollah Khomeiny est sorti de son silence pour demander à l’armée de distribuer des armes à la population en vue d’une mobilisation populaire pour le Jihad.
Le gouvernement américain refuse de céder aux exigences iraniennes sur le retrait des avions Awacs. Le secrétaire d’Etat Muskie a déclaré que le retour des otages ne peut pas être obtenu au prix des intérêts et de l’honneur des Etats-Unis.
lundi 20 octobre
Premier combat aérien de la guerre Iran-Irak : un F-4 Phantom iranien a abattu MiG-21 irakien.
mardi 21 octobre
L’Iran commence à souffrir de la pénurie de carburant : de longues files d’automobiles sont constatées devant les stations service de Téhéran.
jeudi 23 octobre
La ville iranienne de Khorramshahr est sur le point de tomber.
vendredi 24 octobre
Le général Adnan Khairallah, ministre irakien de la Défense, a annoncé que la ville iranienne de Khorramshahr était entièrement tombée aux mains des troupes de Bagdad malgré la résistance désespérée des Iraniens. Les dernières poches de résistance ont été anéanties. Téhéran dément cette nouvelle.
Les religieux iraniens ont réaffirmé qu’ils ne troqueront pas la libération des otages américains contre la livraison d’armes.
dimanche 26 octobre
Nouvelle attaque de missiles sol-sol irakiens sur la ville de Desfoul : plus de 100 civils ont été tués et 2 000 autres blessés.
Alors que selon de nombreuses sources la libération des otages américains n’était plus qu’une question de jours voire d’heures, l’Assemblée nationale iranienne s’est réunie sans prendre de décision à ce sujet jugé non urgent. La priorité reste donnée à la guerre contre l’Irak.
lundi 27 octobre
L’Irak accuse les Etats-Unis de fournir du matériel militaire aux Iraniens.
Le quorum n’ayant pas été atteint, les députés iraniens qui siégeaient à huis clos ont décidé de reprendre leurs discussions le 29 octobre.
mercredi 29 octobre
Téhéran ayant été informé que des techniciens français et des Mirage F1 avaient été déployés sur la base aérienne d’Al-Hurriah, l’aviation iranienne lance l’opération « Sultan 10 » : six F-4 Phantom iranien (3e et 31e escadrilles), protégés par deux Tomcat, ont attaqué cette base située près de Kirkouk, dans le nord de l’Irak. Quatre MiG-23 irakiens chargés de les intercepter ont été abattus en vol (trois pilotes tués, un capturé), tandis que deux MiG-21 et trois hélicoptères Mil Mi-8 ont été détruits au sol. Un technicien français a été tué et un autre blessé. Les appareils iraniens avaient pénétré dans l’espace aérien irakien en passant par la Turquie.
jeudi 30 octobre
Confusion au Parlement iranien. La séance publique qui devait avoir lieu ce jour a été reportée au 2 novembre, à la grande fureur de l’ayatollah Khalkali, en raison d’une fronde menée par une vingtaine de députés irréductibles. Khalkali a déclaré que l’Iran avait besoin des pièces détachées américaines pour permettre à l’armée iranienne de faire face à l’offensive irakienne. Les otages américains ne seraient pas libérés avant l’élection présidentielle américaine du 4 novembre.
L’Irak a apporté la preuve que Khorramchahr était tombée aux mains de son armée en faisant visiter la ville à des journalistes étrangers. Mais des combats se déroulent toujours à proximité de la cité.
vendredi 31 octobre
Trois mois après la mort de son père, le prince Réza Pahlavi se proclame en Egypte Chah d’Iran.
L’Iran affirme que son armée a tué 550 soldats irakiens et détruit 80 chars qui tentaient de traverser le fleuve Karoun.
nuit du samedi 1er au dimanche 2 novembre
A l’occasion d’une séance houleuse du Madjlis (Parlement), marquée notamment par une altercation entre le président de la Chambre (Rafsandjani) et l’ayatollah Khalkali, les députés ont adopté à une très forte majorité le principe de libérer les 52 otages américains si les Etats-Unis acceptent les quatre conditions imposées un mois plus tôt par Khomeiny : aucune intervention politique ou militaire américaine en Iran, libération de tous les capitaux iraniens gelés, levée de toutes les restrictions économiques et monétaires (dont la suppression des plaintes déposées contre l’Iran), versement d’une garantie de 24 milliards de dollars et restitution de tous les biens du chah et de sa famille. Les deux pays vont désormais envoyer des représentants à Alger pour la conclusion d’un accord définitif.
dimanche 2 novembre
Le chantage iranien se poursuivant dans l’affaire des otages américains, les Etats-Unis demandent officiellement des explications complémentaires à Téhéran. Interrompant sa campagne électorale, Jimmy Carter a quitté la région de Chicago pour rejoindre à Washington où il a réuni son conseil de sécurité. Dans la soirée, le président américain est intervenu devant des journalistes : il a jugé les propositions iraniennes plutôt positives tout en prenant ses distances.
Les Irakiens ont capturé dans la région d’Abadan le ministre iranien du Pétrole.
lundi 3 novembre
L’Iran a désigné l’Algérie pour servir d’intermédiaire avec les Etats-Unis dans la négociation concernant les otages américains détenus à Téhéran. Reçus par l’ayatollah Khomeiny, les étudiants islamiques ont par ailleurs accepté de remettre ces otages entre les mains du gouvernement.
L’armée irakienne est aux portes d’Abadan.
mardi 4 novembre
Les Iraniens ont célébré dans la joie le premier anniversaire de la capture des otages américains. 500 000 manifestants ont écoulé les nombreux discours violemment anti-américains prononcés devant l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran, où des milliers de personnes ont pu pénétrer pour la première fois. Le gouvernement iranien a demandé à Washington de donner rapidement une réponse publique aux conditions posées pour la libération des otages. Des tractations « intenses » se poursuivent entre les diplomates des deux pays par l’intermédiaire des envoyés algériens.
jeudi 6 novembre
L’armée irakienne entame le siège d’Abadan, ville stratégique (nombreuses raffineries de pétrole). Une division irakienne est engagée dans la bataille (24 500 soldats et de 500 à 600 chars). Devant la résistance acharnée des défenseurs (15 000 hommes et 50 à 60 blindés), les commandants irakiens vont rapidement demander des renforts (le siège va durer jusqu’en septembre 1981).
vendredi 7 novembre
Sadegh Ghotbzadeh a été arrêté pour « provocation ». L’ancien ministre des Affaires étrangères avait accusé lors d’un débat la radio-télévision iranienne de dire « n’importe quoi » sur l’affaire des otages. Dans la soirée, le président Bani Sadr a à son tour violemment attaqué la radio-télévision de son pays, refusant désormais d’y intervenir « tant qu’elle ne se corrigerait pas ». Elle reproche aux médias des émissions qui le critique.
dimanche 9 novembre
Les troupes iraniennes ont lancé une contre-offensive mais subissent de lourdes pertes. A Bagdad, le président Saddam Hussein a proclamé la guerre sainte contre l’Iran. L’armée irakienne craint de manquer d’hommes : l’état-major a lancé un appel à l’enrôlement des volontaires âgés de plus de 65 ans.
lundi 10 novembre
Le procureur général de la Révolution a annoncé la libération prochaine de Sadegh Ghotbzadeh : « Nous sommes obligés de le faire à cause de choses que je ne peux pas vous dire maintenant », a déclaré le haut responsable judiciaire.
Le président du Parlement iranien a de nouveau menacé les otages américains d’un procès si les Etats-Unis n’acceptent pas les conditions qui leur ont été communiquées. Le secrétaire d’Etat adjoint américain Warren Christopher est à Alger pour discuter avec les médiateurs algériens.
mardi 11 novembre
Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a confirmé la venue prochaine en Iran d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour s’informer de la position de Téhéran sur la guerre contre l’Irak.
mercredi 12 novembre
Sadegh Ghotbzadeh a été libéré. L’ancien ministre des Affaires étrangères a été reçu dans la journée par l’ayatollah Khomeiny.
L’ambassadeur d’Algérie en Iran a remis au Premier ministre iranien la réponse des Etats-Unis aux conditions posées par Téhéran pour la libération des otages américains.
Echec des bons offices de Kurt Waldheim dans la guerre Iran-Irak.
jeudi 13 novembre
L’armée irakienne a commencé à engager au combat des volontaires de plus de soixante-cinq ans.
samedi 15 novembre
Les opérations militaires ont repris avec vigueur après une accalmie de quelques jours. Les Irakiens ont lancé une violente offensive contre Ahwaz, au prix de « lourdes pertes » selon Téhéran.
Nouvelle mise en garde des Etats-Unis contre Téhéran : si un procès des otages américains s’ouvre cela aura des conséquences graves.
dimanche 16 novembre
L’Irak affirme s’être emparé de la ville iranienne de Susangerd.
lundi 17 novembre
L’Iran déclare avoir repris Susangerd.
Ses médecins lui ayant demandé de se ménager, l’ayatollah Khomeiny n’a prononcé qu’un discours très court pour galvaniser les soldats rentrant du front.
jeudi 20 novembre
Le secrétaire d’Etat Muskie a annoncé que les Etats-Unis ont accepté le principe des quatre conditions iraniennes pour la libération des otages américains. Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a déclaré dans la matinée que ce problème était « réglé ».
vendredi 28 novembre
La Marine et l’armée de l’air iraniennes lancent l’opération conjointe « Morvarid » (« Perle »), avec pour objectif la mise hors-service des radars installés par les Irakiens sur les plates-formes pétrolières de Mina al-Bakr et de Khor-al-Amaya. Des F-4 Phantom II et des F-5 Tiger II ont attaqué des aérodromes irakiens situés près de Bassorah, détruisant un MiG-21 au sol.
nuit du vendredi 28 au samedi 29 novembre
Protégés par des hélicoptères (AH-1 SuperCobra, Bell 214 et CH-47 Chinook) qui ont neutralisé les défenses, les marins six navires iraniens de la Task Force 421 ont déployé des mines sur les plates-formes pétrolières de Mina al-Bakr et de Khor-al-Amaya avant d’être évacués par les airs. Au même moment, les ports de Fao et d’Umm Qasr étaient bloqués par des vedettes de classe Combattante qui ont réussi à couler deux patrouilleurs lance-missiles de classe Osa.
samedi 29 novembre
Suite et fin de l’opération « Morvarid ». Partis de la base aérienne de Chiraz, quatre F-4 Phantim II ont attaqué le port de Fao, les batteries anti-aériennes du secteur et, rejoints par des F-14 Tomcat, détruit les terminaux pétroliers d’Al-Bakr et de Khor-al-Amaya. Trois MiG-23 irakiens ont été abattus en combat aérien et deux autres par les tirs de la vedette lance-missiles Joshan. En deux jours, l’Iran a infligé des lourdes pertes à la marine irakienne, détruite à 80 % (cinq patrouilleurs de classe Osa et quatre torpilleurs P-6 coulés), tandis que l’aviation de Bagdad a perdu huit appareils (six MiG-23, un MiG-21 et un hélicoptère Super Frelon). Les pertes iraniennes sont bien importantes : une vedette coulée, un F-4 Phantom II abattu et un autre endommagé.
mercredi 3 décembre
Le président Bani Sadr proclame que l’Iran a vaincu l’agression irakienne, ajoutant que la seconde phase des opérations va maintenant commencer.
dimanche 7 décembre
Saddam Hussein annonce que l'Irak n'avancera pas plus profondément en territoire iranien.
lundi 15 décembre
Ouverture à Bali de la conférence de l’OPEP. Le ministre saoudien du Pétrole, cheikh Yamani, a immédiatement fait part de l’intention de son pays d’augmenter le prix de son or noir, sans donner plus de précision. C’est la première fois que l’Iran et l’Irak se retrouvent autour d’une table depuis le début de leur guerre mais le fauteuil du ministre iranien du Pétrole était occupé par … une photo, le dit-ministre étant prisonnier des Irakiens depuis un mois et demi.
mardi 16 décembre
Les treize Etats membres de l’OPEP ont décidé à Bali une hausse de 10 % du prix du pétrole. Après cinq augmentations en un an, les prix du baril brut s’échelonnent de 32 dollars (prix de base) à 41 dollars (prix plafond).
Le Premier ministre Ali Radjaï a déclaré que la position de Téhéran sur les réponses américaines aux conditions iraniennes pour la libération des otages avait été mise au point et qu’il ne manquait plus que l’accord de l’ayatollah Khomeiny. Mais le gouvernement américain a immédiatement mis en garde contre un excès d’optimisme.
jeudi 18 décembre
L’ancien rédacteur en chef du Journal de Téhéran a été exécuté.
vendredi 19 décembre
Négociations pour la libération des otages américains : Téhéran exige que ses avoirs gelés aux Etats-Unis (24 milliards de dollars) soient remis dans les banques algériennes. Washington trouve « déraisonnable » la somme réclamée.
dimanche 21 décembre
Washington juge déraisonnable les propositions de Téhéran au sujet des otages.
mercredi 24 décembre
Les cinquante-deux otages américains ont passé leur deuxième Noël en captivité. Par petits groupes de sept au maximum, ils ont été autorisés à assister à la messe de Noël célébrée par le nonce apostolique dans un petit appartement de Téhéran. Des cadeaux ont été distribués. Aux Etats-Unis, le président Carter a affirmé que la libération ne pourra avoir lieu avant son départ de la Maison-Blanche, le 20 janvier, tandis que le président élu, Ronald Reagan, a qualifié de « criminels » et « ravisseurs » les geôliers des otages américains de Téhéran.
L’aviation irakienne a mené son premier grand raid contre l’important terminal pétrolier iranien de l’île de Kharg.
samedi 27 décembre
Le Premier ministre iranien Ali Radjaï a adressé en conférence de presse une mise en garde aux Etats-Unis contre tout « complot » dans l’affaire des otages américains.
Des réfugiés afghans ont pénétré dans l’ambassade d’URSS à Téhéran. Moscou proteste fermement contre la mollesse des autorités iraniennes. Bien que mise au courant de l’imminence d’une action, elles seront intervenues que très tard.
dimanche 28 décembre
Les délégués algériens envoyés par les Iraniens pour négocier avec les Américains sur la question des otages sont arrivés à Camp David pour rendre compte de la situation avec le président Carter. Réagissant de nouveau à ce problème, Ronald Reagan a déclaré que les Etats-Unis ne devaient pas verser de rançon à des « barbares ».
Des milliers de réfugiés afghans ont manifesté devant l’ambassade d’Afghanistan à Téhéran.
mercredi 31 décembre
Pour la première fois, la radio de Téhéran a annoncé qu’en cas de réponse négative des Etats-Unis aux conditions iraniennes pour la libération des otages américains, le procès de ceux-ci pourrait aboutir à leur exécution.
en décembre
Conséquence des purges d’officiers depuis février 1979 et de l’embargo occidental sur les pièces de rechange, la capacité de l’armée de l’air iranienne a chuté sous les cent appareils disponibles, ce qui conduit Téhéran à n’effectuer en moyenne qu’une sortie par jour.