mardi 12 janvier
La chambre criminelle de la Cour de cassation a dessaisi le juge d’instruction de Nouméa de l’information judiciaire ouverte pour « provocation au meurtre » contre les dirigeants du FLNKS. Le dossier est confié désormais à la juridiction d’instruction du tribunal de grande instance de Paris.
Le cyclone tropical Anne frappe le nord de la Nouvelle-Calédonie. De très fortes pluies s’abattent sur l’archipel (jusqu’à 713 millimètres à Goro), provoquant d’importantes inondations, tandis que les vents atteignent 150 km/h à Nouméa. Tous les vols internationaux sont annulés. C’est le cyclone le plus violent a frappé la Nouvelle-Calédonie depuis douze ans.
mercredi 13 janvier
Le cyclone Anne a traversé l’archipel calédonien du nord vers le sud. Deux mortes personnes sont mortes noyées en tentant de traverser une rivière en crue. On dénombre également 80 blessés. De nombreuses petites habitations ont été détruites et les cultures sont dévastées (entre 90 et 100 % de destruction dans certaines zones). De nombreuses routes sont inutilisables. Les employés de la société Eaux et Electricité de Calédonie ont du intervenir à mille reprises.
vendredi 22 janvier
Adoption du statut Pons II qui renforce le caractère autonome de la Nouvelle-Calédonie : création d’un Conseil exécutif composé des présidents des conseils des quatre nouvelles régions (Ouest, Est, Sud et Iles) et de cinq membres élus à la proportionnelle par le Congrès (qui élit également le président de ce nouveau Conseil).
mardi 26 janvier
Le ministre des DOM-TOM a annoncé que les élections régionales organisées en Nouvelle-Calédonie se dérouleront le 24 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle. Bernard Pons est certain qu’il n’y aura pas de confusion dans l’esprit des électeurs néo-calédoniens.
vendredi 5 février
Le président Mitterrand a reçu à l’Elysée les avocats du FLNKS, qui ont évoqué le dysfonctionnement de la justice en Nouvelle-Calédonie.
vendredi 19 février
Début sur la côte nord-est de la Nouvelle-Calédonie des incidents de Tiéti (commune de Poindimié).
lundi 22 février
En Nouvelle-Calédonie, un peloton de gendarmes mobiles a été attaqué vers 16 h (heure locale) par une centaine d’indépendantistes kanaks. L’agression s’est déroulée à Poindimié, sur la côte est de la Grande Terre, à 400 kilomètres de Nouméa. 17 militaires ont été blessés et 9 autres ont été désarmés et faits prisonniers et sont retenus en otages. Quatre véhicules de la gendarmerie ont été brûlés. 150 hommes ont été envoyés en renfort sur place. Pour le FLNKS, ces actes de violences sont légitimes. A l’origine de la crise se trouve la décision prise il y a plusieurs années par la municipalité de construire un hôpital sur un terrain revendiqué par une tribu. Les gendarmes attaqués assuraient ainsi la protection du chantier.
mardi 23 février
Les indépendantistes du FLNKS ont relâché à 5 h 30 (heure locale ; soirée du 22 à Paris) les neuf gendarmes qu’ils retenaient en otages.
mercredi 24 février
Interpellation en Nouvelle-Calédonie de trois indépendantistes accusés d’être impliqués dans les incidents de Poindimié. Le député RPCR Jacques Lafleur a demandé une nouvelle fois la dissolution du FLNKS.
samedi 2 avril
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS a annoncé un boycott du premier tour de l’élection présidentielle et des élections régionales du 24 avril afin de protester contre le statut Pons II.
vendredi 22 avril
Des incidents très graves ont éclaté en Nouvelle-Calédonie. Les événements les plus graves se sont produits sur l’île d’Ouvéa, où, dans la matinée (heure locale), des indépendantistes kanaks et des membres du FLNKS dirigés par Alphonse Dianou ont attaqué la gendarmerie de Fayaoué dans le but de l’occuper jusqu’au deuxième tour de l’élection présidentielle. 3 gendarmes ont été tués et deux autres grièvement blessés et trois indépendantistes légèrement blessés. A Paris, le Premier ministre Jacques Chirac affirment que les militaires tués ont été « massacrés à l’arme blanche » (l’autopsie et les témoignages confirmeront des morts par balles). Les 27 autres gendarmes sont faits prisonniers et séparés en deux groupes : le premier groupe de 16 otages est conduit par Dianou dans une grotte située dans le nord de l’île, près de la tribu de Gossanah, le second groupe, mené par Chanel Kapoeri, se rend à Mouli, dans le sud. D’autres incidents ont également eu lieu sur la Grande-Terre : la gendarmerie de Canala a notamment été attaquée mais les militaires ont réussi à repoussé l’assaut. Des actions identiques prévues à Lifou et Maré n’ont pas eu lieu. Réunissant un conseil restreint à Matignon, le Premier ministre Chirac a assuré que le gouvernement ferait tout pour « rétablir la sécurité dans les meilleurs délais ».
samedi 23 avril
Les familles des gendarmes d’Ouvéa sont évacuées vers Nouméa par le 2e régiment d’infanterie de marine, en poste à Négropo. L’un des gendarmes grièvement blessés la veille a succombé à ses blessures. Le commando qui détient les otages présente trois conditions pour leur libération : l’annulation des élections régionales, le retrait des forces de l’ordre de l’île et la nomination d’un médiateur. Les opérations pour obtenir la libération des gendarmes sont confiées au général Jacques Vidal, chef des Forces armées de l’archipel : l’île d’Ouvéa est déclarée « zone militaire », interdite aux journalistes, et des barrages mis en place sur toutes les routes. Des renforts de gendarmerie mobile, de parachutistes et de fusiliers-marins sont déployés sur place, tandis que Paris décide l’envoi dans l’archipel de 48 membres du GIGN et de l’EPIGN. Le ministre des DOM-TOM Bernard Pons est également dépêché sur place. Sur l’île de Grande-Terre, un responsable du RPCR, Henri Morini, a été grièvement blessé d’un tir de chevrotines en fin d’après-midi à Canala. Le FLNKS a organisé des manifestations dans plusieurs localités (Hienghene et Poindimié notamment).
dimanche 24 avril
En Nouvelle-Calédonie, le mot d’ordre de boycott des élections lancé par les indépendantistes est largement suivi par la population kanake (avec 38 bureaux de vote fermés sur 139 et une abstention de 40 %) tandis que les Caldoches se détournent en partie du RPCR (35 sièges sur 48) pour voter Front national (8 sièges) ; les divers droite ont obtenu 3 sièges et les indépendantistes dissidents 2. En raison du boycott du FLNKS, le RPCR a remporté les élections dans les quatre conseils de région (Jacques Lafleur dans le Sud, Harold Martin à l'Ouest, Henri Wetta à l'Est et Simon Loueckhote dans les Îles), au Congrès (Albert Etuvé) et au Conseil exécutif (Dick Ukeiwé). Pour la présidentielle dans l’archipel, Chirac arrive largement en tête (74,67 %), devant Le Pen (12,93 %), Barre (6,13 %) et Mitterrand (seulement 4,98 %). Le scrutin en Nouvelle-Calédonie a été marqué par de graves violences : dix gendarmes ont été blessés en brousse, dont un grièvement. Des barrages ont été installés par de jeunes indépendantistes sur de nombreuses routes.
lundi 25 avril
Sur l’île d’Ouvéa, les onze gendarmes otages conduits à Mouli ont été libérés à la demande des « vieux » et des coutumiers et neuf personnes ont été interpellées. Des barrages ont été dressés par de jeunes indépendantistes dans l’est de Grande-Terre et sur l’île de Lifou. Par ailleurs, une jeune Mélanésienne de 18 ans été tuée de plusieurs balles. A Paris, le candidat François Mitterrand a demandé l’annulation du premier tour en Nouvelle-Calédonie sous prétexte que de nombreux bureaux de vote étaient fermés. Auparavant, Jacques Chirac avait estimé pour sa part que le scrutin s’était déroulé « dans des conditions convenables ».
mardi 26 avril
En Nouvelle-Calédonie, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons a évoqué une possible dissolution du FLNKS. Les premiers barrages dressés par les Caldoches loyalistes ont fait leur apparition près de Nouméa.
mercredi 27 avril
Les interrogatoires musclés des habitants de Gossanah ont permis aux autorités de repérer la grotte où sont gardés les gendarmes (selon des témoins, les militaires auraient attaché à des poteaux et battu des jeunes devant leurs parents pour obtenir des informations). La première tentative de contact avec les preneurs d’otages a par tourné à l’avantage de ces derniers : le substitut du procureur de Nouméa, Jean Bianconi, six membres du GIGN et un gendarme territorial ont à leur tour été faits prisonniers, rejoignant les militaires déjà détenus dans la grotte (mais Bianconi est cependant parvenu à y faire entrer des clés de menottes, deux revolvers et dix balles).
Le Conseil constitutionnel a donné très partiellement raison au président Mitterrand en décidant d’annuler le premier tour de l’élection présidentielle organisée dans seulement trois bureaux de vote (sur 139) de Nouvelle-Calédonie. Les autres résultats ne sont pas remis en cause.
jeudi 28 avril
Des éléments des Forces spéciales françaises arrivent en Nouvelle-Calédonie alors que les négociations se poursuivent à Ouvéa pour obtenir la libération des otages. A Nouméa, s’appuyant sur un épais dossier, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons demande au gouvernement de procéder à la dissolution du FLNKS qu’il accusé d’être impliqué dans les violences de ces derniers jours dans l’archipel.
vendredi 29 avril
Le numéro deux et porte-parole du FLNKS, Yeiwéné Yeiwéné, demande pardon aux familles des gendarmes victimes des violences d’Ouvéa tout en mettant en cause le mépris et la violence du gouvernement.
L’un des sept auteurs de la fusillade meurtrière de Hienghene (dix morts en décembre 1984), José Lapetite, a été retrouvé assassiné. Il avait 31 ans. Avec ses complices, il avait été acquitté par la justice en octobre 1987.
samedi 30 avril
De hauts responsables indépendantistes ont adressé au président Mitterrand une lettre concernant la situation dans l’île d’Ouvéa. Des fusiliers marins ont débarqué sur la Grande Terre tandis que pour la première fois un bâtiment de la Marine nationale, le patrouilleur La Moqueuse, a tiré un coup de semonce à l’arme automatique pour dégager une trentaine de gendarmes pris à partie par des hommes armés à Pouébo, sur la côte nord de Grande Terre.
dimanche 1er mai
Quatre gendarmes ont été blessés sur la côte est de Grande Terre. Le FLNKS réclame une commission d’enquête des Nations unies sur la situation en Nouvelle-Calédonie. Concernant la prise d’otages en cours sur l’île d’Ouvéa, la seule nouveauté est la nomination d’un médiateur en la personne de l’archevêque de Nouméa, Mgr Michel Calvet.
lundi 2 mai
La situation est au point mort en Nouvelle-Calédonie Sur l’île d’Ouvéa, les preneurs d’otages ont rejeté la médiation de Mgr Calvet, jugé pas assez représentatif du pouvoir colonial. Le FLNKS a également repoussé la proposition de trois parlementaires RPCR (Dick Ukeiwé, Jacques Lafleur et Maurice Nénou) qui avaient demandé à remplacer les otages lors de la session inaugurale du Congrès du territoire. A Nouméa, les anti-indépendantistes ont organisé dans l’après-midi une journée « ville morte ». Les obsèques des quatre gendarmes tués lors de l’attaque du 22 avril se sont déroulées en métropole. Ils ont été décorés à titre posthume.de la Médaille militaire et de la Médaille de la gendarmerie.
mercredi 4 mai
Alors que les rumeurs d’un assaut dans la grotte de l’île d’Ouvéa où sont retenus les otages se répandent en Nouvelle-Calédonie, le FLNKS prévient qu’une telle opération risque de mettre en danger la vie des otages.
nuit du mercredi 4 au jeudi 5 mai
Opération « Victor » déclenchée contre la grotte de Gossanah, à Ouvéa, où sont retenus les gendarmes sur ordre des autorités qui estiment qu’il est impossible de négocier. Sous le commandement du général Vidal, 75 hommes lancent un premier assaut à 21 h 15 le 4 mai, heure de Paris (6 h 15 le 5 mai, heure de Nouvelle-Calédonie). 12 indépendantistes sont tués mais la défense des survivants (avec une mitrailleuse, des fusils et des FAMAS) repousse l’attaque au bout d’une heure. 2 soldats ont également perdu la vie dans cette première action. Un deuxième assaut est lancé à 12 h 30 : repoussés par un tir de lance-flammes, les preneurs d’otage acceptent finalement de se rendre. Les 23 otages sont libres. L’opération a coûté en tout la vie à 19 indépendantistes. Les 14 autres ont été faits prisonniers. Le FLNKS et d’autres organisations kanaks accusent les forces de l’ordre d’avoir procédé à des exécutions sommaires après la fin de l’assaut (un grand nombre de victimes a été tué d’une balle dans la tête), d’avoir achevé un blessé évacué et d’avoir laissé mourir le chef du commando, Alphonse Dianou, blessé d’une balle au genou et laissé plusieurs heures sans soin. Des accusations rejetées par les autorités militaires et le gouvernement français. En métropole, la décision d'employer la force pour libérer les otages à trois jours du second tour de la présidentielle est vivement contestée par certains.
jeudi 5 mai
Au cours d’une conférence de presse, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons a déclaré qu’il restait une dizaine de bandes armées en Nouvelle-Calédonie. Il a également exclu tout dialogue avec les terroristes et réclamé une fois de plus la dissolution du FLNKS. Les indépendantistes dénoncent un « jour de honte » pour le peuple français et appellent leurs militants à relever le défi du colonialisme. En France, si Jean-Marie Le Pen salue l’action des forces de l’ordre à Ouvéa, à gauche on dénonce au mieux un coup de force (PS) au pire un crime colonialiste (PCF, extrême-gauche).
vendredi 6 mai
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS a appelé à une journée de protestation pour le lendemain. Les autorités ont placé les 8 000 membres des forces de l’ordre en état d’alerte maximum dans l’archipel.
samedi 7 mai
La journée de protestation organisée en Nouvelle-Calédonie à l’appel du FLNKS s’est déroulée sans incident.
dimanche 8 mai
Second tour de l’élection présidentielle : le président sortant François Mitterrand (PS) a été reconduit à la tête de l’Etat avec 54,01 % des suffrages, contre 45,98 % pour Jacques Chirac (RPR). En Nouvelle-Calédonie, où les indépendantistes prônaient le boycott, Chirac a obtenu 90,29 % des voix (avec une participation de 61,69 %). Une dizaine de bureaux de vote (sur 139) n’ont pas ouvert leurs portes.
Obsèques sur l’île d’Ouvéa des 19 indépendantistes tués lors de l’assaut des forces de l’ordre contre la grotte de Gossanah.
mardi 10 mai
Les 29 indépendantistes kanaks inculpés dans l’affaire d’Ouvéa ont été transférés à Paris. Le Parti communiste français et la Ligue des droits de l’homme réclament l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’opération « Victor ». Car divers témoignages publiés par la presse mettent en cause directement les militaires qui ont participé l’assaut : ils assurent qu’au moins 3 preneurs d’otages sont sortis vivants de la grotte avant d’être retrouvés quelques heures plus tard une balle dans la tête. Le ministre de la Défense André Giraud rejette ces accusations et porte plainte contre x pour diffamation envers les armées et allégations mensongères. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris à l’appel du PSU, du FNLKS et de plusieurs organisations d’extrême-gauche pour apporter leur soutien aux indépendantistes kanaks.
jeudi 12 mai
Présentation du gouvernement de Michel Rocard : Olivier Stirn est nommé ministre chargé des DOM-TOM. Par ailleurs, dès son entrée en fonction, le nouveau ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, demande un rapport sur la prise d’assaut de la grotte de Gossanah, sur l’île d’Ouvéa.
dimanche 15 mai
Michel Rocard a désigné une mission œcuménique afin de « rétablir le dialogue » et de préparer les futures négociations pour le retour de la paix en Nouvelle-Calédonie. Dirigée par le commissaire de la République Christian Blanc, elle comprend six membres, dont trois hauts fonctionnaires, un prêtre catholique, un pasteur protestant et un franc-maçon. Le RPCR se dit prudent, le FLNKS satisfait.
mercredi 18 mai
Suite à une erreur de procédure, deux Kanaks accusés d’avoir assassiné des Caldoches ont été libérés.
jeudi 19 mai
Un attentat à l’explosif a fait quatre blessés dans un quartier populaire de Nouméa.
L’ancien conseiller régional des îles Loyauté Chanel Kapoeiri a été arrêté. Il est soupçonné d’avoir mené l’attaque contre la gendarmerie de Fayaoué (quatre militaires tués le 22 avril).
vendredi 20 mai
La mission de dialogue nommée par le Premier ministre est arrivée en Nouvelle-Calédonie.
samedi 21 mai
Le journal Le Monde publie un rapport dans lequel le capitaine Philippe Legorjus met en cause le général Vidal et le ministre des DOM-TOM Bernard Pons dans l’affaire de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Le chef du GIGN assure les responsables de l’opération étaient très divisés et que les considérations politiques ont souvent pris le pas sur le reste. Suite à cette publication, le Premier ministre Rocard s’est dit décidé à faire toute la lumière sur ce sujet.
lundi 23 mai
Sept indépendantistes kanaks, dont Marie-Adèle Jorédié, l’épouse du numéro trois du FLNKS, ont été arrêtés à l’aube dans la tribu de Gélima, près de Canala, avant d’être transférés par hélicoptère, inculpés et écroués à Nouméa.
mardi 24 mai
En Nouvelle-Calédonie, la mission de dialogue dépêchée par le gouvernement a entamé ses travaux avec un entretien avec le principal dirigeant anti-indépendantiste tandis que les responsables indépendantistes ont ajourné la rencontre prévue en raison d’un incident survenu dans la brousse. Un jeune Kanak a été tué par un militaire en patrouille qui s’estimait menacé. Le FLNKS assure que l’homme a été abattu de plusieurs balles dans le dos. A Paris, l’ancien ministre des DOM-TOM Bernard Bons, attaqué depuis plusieurs jours pour sa gestion de l’affaire d’Ouvéa, dénonce les polémiques actuelles en affirmant qu’elles sont montées de toutes pièces. Invité du journal de 20 heures d’Antenne 2, il assure que l’assaut contre la grotte était la seule solution et qu’il n’y a pas de précipitation pour des raisons politiques.
mercredi 25 mai
En Nouvelle-Calédonie, la mission de dialogue gouvernementale s’est rendue sur l’île d’Ouvéa. Ses membres se sont recueillis devant les tombes des indépendantistes tués lors de l’assaut contre la grotte de Gossanah, un geste très critiqué par Jacques de Lafleur. Ils se sont ensuite rendus dans une tribu loyaliste et d’achever leur visite par la gendarmerie de Fayaoué, où une minute de silence a été observé à la mémoire des quatre gendarmes tués le 22 avril.
jeudi 26 mai
La commission Rocard s’est entretenue à la mairie de Hienghene avec le maire et dirigeant du FLNKS, Jean-Marie Tjibaou. Le Front national local a refusé de rencontrer les envoyés de Paris.
vendredi 27 mai
La commission de dialogue envoyée en Nouvelle-Calédonie a rencontré des agriculteurs caldoches à La Foa avant de se rendre dans le secteur indépendantiste de Canala.
dimanche 29 mai
Arrestation en Nouvelle-Calédonie d’un jeune Kanak de 22 ans considéré comme l’un des auteurs de l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa. Il avait été blessé lors de l’assaut des forces de l’ordre contre la grotte de Gossanah.
lundi 30 mai
Remise au ministre de la Défense du rapport d’enquête militaire sur l’assaut contre la grotte de Gossanah, à Ouvéa. Jean-Pierre Chevènement déclare que le 5 mai dernier des « actes contraires à l'honneur militaire ont été commis ». Il assure cependant qu’il n’y a pas eu d’exécutions sommaires. Le commandant de l’unité chargé d’évacuer les indépendantistes blessés a été suspendu de ses fonctions. Ce rapport a été aussitôt été transmis à la justice. Dans la soirée, le garde des Sceaux Pierre Arpaillange a demandé l'ouverture d'une information judiciaire contre X... pour « homicides volontaires » commis sur les personnes de Lavelloi et d'Amossa, « coups et blessures volontaires et non-assistance à personne en danger », à propos de la mort d’Alphonse Dianou. Le jour même, une reconstitution partielle a été organisée dans la grotte avec seulement les « porteurs de thé ».
mercredi 1er juin
A Paris, dans le cadre de l’enquête sur la mort de quatre gendarmes à Fayaoué, un membre du FLNKS a été placé sous mandat de dépôt. Il est inculpé d’assassinat, rébellion et séquestration illégale avec prise d’otages.
vendredi 3 juin
L’heure est à la détente en Nouvelle-Calédonie. Les responsables des indépendantistes et des caldoches sont d’accord pour discuter, sous l’arbitrage de l’Etat français, d’un nouveau statut pour le territoire. Dans une interview accordée au Figaro, le chef du RPCR Jacques Lafleur a notamment émis l’hypothèse d’une partition du territoire, sans pourtant y être favorable : un « mauvais accord vaut mieux qu’une bonne guerre civile ». Après avoir réclamé pendant des mois la dissolution du FLNKS, il se dit maintenant prêt à rencontrer ses adversaires à certaines conditions.
dimanche 5 juin
Premier tour des élections législatives, marquées en Nouvelle-Calédonie par un nouveau découpage électoral et par une forte abstention (avec le boycott du FLNKS et du Parti socialiste). Les deux députés RPCR sortants, Jacques Lafleur et Maurice Nénou, ont été réélus dès ce premier tour avec 83,31 %. Le Front national a obtenu 13,74 % et l’extrême-droite 2,93 %. L’abstention était de 46,35 %. Peu d’incidents ont été signalés : quelques coups de feu et des maisons incendiées dans le nord de Grande-Terre.
lundi 6 juin
Un éleveur caldoche de 67 ans, Marcel Dubois, a été mortellement blessé dans une fusillade qui s’est produite dans une ferme isolée de Ponerihouen, sur la côte orientale de Grande-Terre. Un autre homme est grièvement blessé. La gendarmerie évoque une affaire de droit commun commis par une petite bande.
mardi 7 juin
La mission de dialogue Rocard a quitté la Nouvelle-Calédonie pour rentrer en métropole.
jeudi 9 juin
Le Premier ministre Michel Rocard a reçu à Matignon la mission de dialogue qu’il avait envoyé en Nouvelle-Calédonie. En trois semaines, ils ont rencontré dans l’archipel 1 200 interlocuteurs. Un rapport doit être remis le 15 juin au chef du gouvernement.
vendredi 10 juin
Arrivée en Nouvelle-Calédonie de deux médecins légistes désignés par le tribunal de Nouméa pour réaliser les autopsies de trois preneurs d’otage tués lors de l’assaut de la grotte de Gossanah.
samedi 11 juin
Les corps de trois des hommes tués dans l’assaut de la grotte d’Ouvéa ont été exhumés en présence du juge d’instruction et transférés par hélicoptère à Nouméa pour leur autopsie.
mercredi 15 juin
« Poignée de main historique » à l’hôtel Matignon à l’occasion de la première rencontre entre le dirigeant indépendantiste Jean-Marie Tjibaou et son adversaire du RPCR Jacques Lafleur, en présence de Michel Rocard. La rencontre a duré trois heures à l’écart des caméras. Les journalistes n’ont même pas pu assister à l’arrivée des deux hommes. Un cadre de discussions en quatre points susceptible d’aboutir à un accord global a été élaboré d’après les services du Premier ministre. Le même jour, le préfet Christian Blanc a remis au chef du gouvernement du rapport élaboré par la mission de dialogue envoyée en Nouvelle-Calédonie.
jeudi 16 juin
Un juge d’instruction a ordonne la remise en liberté sous contrôle judiciaire de deux Kanaks inculpés dans l’affaire de l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué (22 avril). Deux autres hommes doivent être libérés le lendemain. Le Parquet a fait appel de ces libérations.
jeudi 23 juin
Reprise à Paris des négociations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Les représentants des différentes parties engagées dans la question calédonienne (Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné pour le FLNKS et Jacques Lafleur et Dick Ukeiwé pour le RCPR) se sont retrouvés dans la soirée autour d’une table à l’hôtel Matignon pour tenter de trouver un compromis acceptable par tous.
dimanche 26 juin
A l’issue de trois jours de négociations, l’indépendantiste Jean-Marie Tjibaou (FLNKS) et son adversaire loyaliste Jacques Lafleur (RPCR) ont conclu sous le parrainage du Premier ministre Michel Rocard les accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. L’Etat français prend en charge l’administration de l’archipel pendant un an et un référendum sur les futures institutions du territoire sera organisé à l’automne.
vendredi 1er juillet
Une partie des indépendantistes kanaks n’accepte pas l’accord de Matignon. S’en prenant durement aux négociateurs du FNLKS, Léopold Jorédié a déclaré dans le journal Le Monde : « L’esclave a accepté de serrer la main de son maître ».
samedi 2 juillet
En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Matignon n’a pas obtenu une majorité au sein des militants du FLNKS. Face à l’opposition des durs emmenés par Léopold Jorédié, Jean-Marie Tjibaou devra patienter et attendre une nouvelle réunion du parti indépendantiste.
lundi 4 juillet
Les députés ont approuvé à la quasi-unanimité les accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Dans l’archipel, le Congrès de Nouvelle-Calédonie a donné un avis favorable à ce projet, assorti de réserves sur le renforcement des pouvoirs de l’Etat.
mercredi 6 juillet
Le Sénat a donné à son tour son aval aux accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie.
vendredi 15 juillet
A la veille de l’ouverture du congrès du FLNKS, l’une de ses principales composantes, l’Union calédonienne conteste vigoureusement l’accord de Matignon, en particulier sur la question de la constitution du corps électoral pour le scrutin d’autodétermination de 1998.
samedi 16 juillet
Ouverture à Thio du congrès du FLNKS. La base indépendantiste contester plusieurs points de l’accord de Matignon, jugé trop timide. Jean-Marie Tjibaou est vivement critiqué par de nombreux militants.
dimanche 17 juillet
Les discussions tendues à Thio ont contraint le FNLKS à ajourner son congrès jusqu’au 23 juillet. Presque tous les points de l’accord de Matignon sont maintenant remis en cause. Les indépendantistes espèrent parvenir à une déclaration commune en une semaine.
jeudi 21 juillet
Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il n’y aura pas de renégociation de l’accord de Matignon signé par le RPCR et le FLNKS.
vendredi 22 juillet
Selon le rapport demandé par le ministre de la Défense et rédigé par deux généraux, le chef des preneurs d’otages de la grotte d’Ouvéa, mort de ses blessures après de l’assaut des forces de l’ordre, a subi des sévices graves lors de son évacuation. L’officier en charge de cette évacuation a été suspendu de ses fonctions. Sur les deux autres décès litigieux, aucune réponse formelle n’a été apportée auprès d’autres petits porteurs.
samedi 23 juillet
A Nouméa, le RPCR s’est prononcé à l’unanimité en faveur de l’accord conclu à Matignon avec le FLNKS. Côté indépendantiste, les discussions, tendues, se poursuivent à huis clos.
dimanche 24 juillet
Après une semaine de réflexion et une convention tenue à huis-clos à Ouvéa, les indépendantistes du FLNKS réclament une révision partielle de l’accord de Matignon (sur la composition du corps électoral et la date même du référendum prévu en 1998).
mercredi 27 juillet
A Nouméa, les indépendantistes du FLNKS ont présenté pendant une heure au haut-commissaire Bernard Grasset leurs contre-propositions aux accords de Matignon.
mercredi 3 août
Libération de douze personnes arrêtées en Nouvelle-Calédonie lors de l’affaire d’Ouvéa.
vendredi 5 août
Cinquante plaintes contre X ont été déposées en Nouvelle-Calédonie par les avocats du FLNKS, trois mois après la prise d’otages d’Ouvéa. Des habitants des tribus l’île affirment avoir été victimes de sévices de la part des forces de l'ordre, qui cherchaient à localiser la grotte où les militants indépendantistes avaient emmené leurs otages.
lundi 8 août
Deux indépendantistes kanaks inculpés et écroués après l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué ont été libérés sur ordre de la cour d’appel de Paris. 23 autres demandes ont été refusées. Par ailleurs, 25 nouvelles plaintes contre les forces de l’ordre ont été déposées à Canala pour « destruction de biens immobiliers ou mobiliers » entre avril et juillet.
vendredi 19 août
Accord d’Oudinot conclu à Paris, au ministère de l’Outre-Mer (rue Oudinot), pour compléter l’accord de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie : précision sur le corps électoral, le découpage des provinces et l'amnistie
samedi 20 août
A l’issu de trois jours de négociations avec le ministre des DOM-TOM, les représentants du RPCR et du FLNKS signent le projet de loi sur le scrutin d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie pour 1998. Le texte définitif détermine le statut de l’archipel, la composition de ses assemblées régionales et l'amnistie des militants indépendantistes emprisonnés.
jeudi 25 août
Le Premier ministre Michel Rocard est arrivé en Nouvelle-Calédonie pour un voyage de trois jours destiné à défendre l’accord de Matignon.
dimanche 28 août
Fin du voyage de Michel Rocard en Nouvelle-Calédonie. Le Premier ministre a proposé d’organiser le 6 novembre prochain le référendum national sur l’avenir du territoire.
dimanche 11 septembre
Convention du FLNKS à Houaïlou : les indépendantistes ont majoritairement approuvé les accords de Matignon-Oudino. Seul le FULK appelle à voter « non » au référendum qui doit avoir lieu sur la question.
mercredi 5 octobre
Conseil des ministres. Adoption par le gouvernement du projet de loi référendaire sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le président de la République a demandé à ses ministres de s'engager dans la campagne en faveur du « oui ». Dans la soirée, le Premier ministre Rocard est intervenu à la télévision à ce sujet.
samedi 15 octobre
Le comité central du RPR a annoncé qu’il fera campagne pour une abstention « motivée et active » concernant le référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. De leur côté, l’UDF, Raymond Barre et le Parti communiste s’engagent pour le « oui » tandis que le Front national votera « non ».
lundi 24 octobre
Interrogé sur Europe 1, le Premier ministre Michel Rocard a qualifié de « factieux » les responsables du RPR qui ont déclaré qu'ils ne seront « pas liés » par les résultats du référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
mercredi 26 octobre
Michel Rocard renouvelle à l’Assemblée nationale ses attaques contre le RPR : le Premier ministre accuse le parti gaulliste de « lâcheté » et de « désertion » concernant le référendum néo-calédonien.
dimanche 6 novembre
Référendum sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie : les accords de Matignon et le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie sont approuvés à 79,99 %, mais ce bon résultat est contrebalancé par une forte abstention (63,1 %). Dans le territoire même, le « oui » a obtenu 57,03 % mais 67 % des électeurs de la région Sud se sont prononcés pour le « non » ; l’abstention en Nouvelle-Calédonie a été de 36,7 %.
mercredi 9 novembre
Trois jours après le référendum, la loi fixant le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie entre en vigueur : les anciennes régions sont remplacées par trois Provinces (Sud, Nord, Îles Loyauté) ; les trois Assemblées provinciales, élues pour six ans, sont réunies au sein d’un Congrès du Territoire ; le pouvoir exécutif revient au Haut-Commissaire, assisté d'un Comité consultatif, composé des présidents et vice-présidents des trois provinces et du président ainsi que l'un des vice-présidents du Congrès. Deux conseils spécialisés consultatifs sont créés : le conseil économique et social et le conseil consultatif coutumier. Un référendum d’autodétermination devra être organisé dans l’archipel en 1998.
jeudi 17 novembre
En vertu de la loi adoptée le 6 novembre par référendum, 51 prisonniers kanaks détenus en région parisienne et à Nouméa sont libérés. Parmi eux figurent les 26 hommes impliqués dans l’affaire d’Ouvéa. Ils ont interdiction d’entre en contact avec leurs soutiens et avec la presse.
La chambre criminelle de la Cour de cassation a dessaisi le juge d’instruction de Nouméa de l’information judiciaire ouverte pour « provocation au meurtre » contre les dirigeants du FLNKS. Le dossier est confié désormais à la juridiction d’instruction du tribunal de grande instance de Paris.
Le cyclone tropical Anne frappe le nord de la Nouvelle-Calédonie. De très fortes pluies s’abattent sur l’archipel (jusqu’à 713 millimètres à Goro), provoquant d’importantes inondations, tandis que les vents atteignent 150 km/h à Nouméa. Tous les vols internationaux sont annulés. C’est le cyclone le plus violent a frappé la Nouvelle-Calédonie depuis douze ans.
mercredi 13 janvier
Le cyclone Anne a traversé l’archipel calédonien du nord vers le sud. Deux mortes personnes sont mortes noyées en tentant de traverser une rivière en crue. On dénombre également 80 blessés. De nombreuses petites habitations ont été détruites et les cultures sont dévastées (entre 90 et 100 % de destruction dans certaines zones). De nombreuses routes sont inutilisables. Les employés de la société Eaux et Electricité de Calédonie ont du intervenir à mille reprises.
vendredi 22 janvier
Adoption du statut Pons II qui renforce le caractère autonome de la Nouvelle-Calédonie : création d’un Conseil exécutif composé des présidents des conseils des quatre nouvelles régions (Ouest, Est, Sud et Iles) et de cinq membres élus à la proportionnelle par le Congrès (qui élit également le président de ce nouveau Conseil).
mardi 26 janvier
Le ministre des DOM-TOM a annoncé que les élections régionales organisées en Nouvelle-Calédonie se dérouleront le 24 avril, jour du premier tour de l’élection présidentielle. Bernard Pons est certain qu’il n’y aura pas de confusion dans l’esprit des électeurs néo-calédoniens.
vendredi 5 février
Le président Mitterrand a reçu à l’Elysée les avocats du FLNKS, qui ont évoqué le dysfonctionnement de la justice en Nouvelle-Calédonie.
vendredi 19 février
Début sur la côte nord-est de la Nouvelle-Calédonie des incidents de Tiéti (commune de Poindimié).
lundi 22 février
En Nouvelle-Calédonie, un peloton de gendarmes mobiles a été attaqué vers 16 h (heure locale) par une centaine d’indépendantistes kanaks. L’agression s’est déroulée à Poindimié, sur la côte est de la Grande Terre, à 400 kilomètres de Nouméa. 17 militaires ont été blessés et 9 autres ont été désarmés et faits prisonniers et sont retenus en otages. Quatre véhicules de la gendarmerie ont été brûlés. 150 hommes ont été envoyés en renfort sur place. Pour le FLNKS, ces actes de violences sont légitimes. A l’origine de la crise se trouve la décision prise il y a plusieurs années par la municipalité de construire un hôpital sur un terrain revendiqué par une tribu. Les gendarmes attaqués assuraient ainsi la protection du chantier.
mardi 23 février
Les indépendantistes du FLNKS ont relâché à 5 h 30 (heure locale ; soirée du 22 à Paris) les neuf gendarmes qu’ils retenaient en otages.
mercredi 24 février
Interpellation en Nouvelle-Calédonie de trois indépendantistes accusés d’être impliqués dans les incidents de Poindimié. Le député RPCR Jacques Lafleur a demandé une nouvelle fois la dissolution du FLNKS.
samedi 2 avril
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS a annoncé un boycott du premier tour de l’élection présidentielle et des élections régionales du 24 avril afin de protester contre le statut Pons II.
vendredi 22 avril
Des incidents très graves ont éclaté en Nouvelle-Calédonie. Les événements les plus graves se sont produits sur l’île d’Ouvéa, où, dans la matinée (heure locale), des indépendantistes kanaks et des membres du FLNKS dirigés par Alphonse Dianou ont attaqué la gendarmerie de Fayaoué dans le but de l’occuper jusqu’au deuxième tour de l’élection présidentielle. 3 gendarmes ont été tués et deux autres grièvement blessés et trois indépendantistes légèrement blessés. A Paris, le Premier ministre Jacques Chirac affirment que les militaires tués ont été « massacrés à l’arme blanche » (l’autopsie et les témoignages confirmeront des morts par balles). Les 27 autres gendarmes sont faits prisonniers et séparés en deux groupes : le premier groupe de 16 otages est conduit par Dianou dans une grotte située dans le nord de l’île, près de la tribu de Gossanah, le second groupe, mené par Chanel Kapoeri, se rend à Mouli, dans le sud. D’autres incidents ont également eu lieu sur la Grande-Terre : la gendarmerie de Canala a notamment été attaquée mais les militaires ont réussi à repoussé l’assaut. Des actions identiques prévues à Lifou et Maré n’ont pas eu lieu. Réunissant un conseil restreint à Matignon, le Premier ministre Chirac a assuré que le gouvernement ferait tout pour « rétablir la sécurité dans les meilleurs délais ».
samedi 23 avril
Les familles des gendarmes d’Ouvéa sont évacuées vers Nouméa par le 2e régiment d’infanterie de marine, en poste à Négropo. L’un des gendarmes grièvement blessés la veille a succombé à ses blessures. Le commando qui détient les otages présente trois conditions pour leur libération : l’annulation des élections régionales, le retrait des forces de l’ordre de l’île et la nomination d’un médiateur. Les opérations pour obtenir la libération des gendarmes sont confiées au général Jacques Vidal, chef des Forces armées de l’archipel : l’île d’Ouvéa est déclarée « zone militaire », interdite aux journalistes, et des barrages mis en place sur toutes les routes. Des renforts de gendarmerie mobile, de parachutistes et de fusiliers-marins sont déployés sur place, tandis que Paris décide l’envoi dans l’archipel de 48 membres du GIGN et de l’EPIGN. Le ministre des DOM-TOM Bernard Pons est également dépêché sur place. Sur l’île de Grande-Terre, un responsable du RPCR, Henri Morini, a été grièvement blessé d’un tir de chevrotines en fin d’après-midi à Canala. Le FLNKS a organisé des manifestations dans plusieurs localités (Hienghene et Poindimié notamment).
dimanche 24 avril
En Nouvelle-Calédonie, le mot d’ordre de boycott des élections lancé par les indépendantistes est largement suivi par la population kanake (avec 38 bureaux de vote fermés sur 139 et une abstention de 40 %) tandis que les Caldoches se détournent en partie du RPCR (35 sièges sur 48) pour voter Front national (8 sièges) ; les divers droite ont obtenu 3 sièges et les indépendantistes dissidents 2. En raison du boycott du FLNKS, le RPCR a remporté les élections dans les quatre conseils de région (Jacques Lafleur dans le Sud, Harold Martin à l'Ouest, Henri Wetta à l'Est et Simon Loueckhote dans les Îles), au Congrès (Albert Etuvé) et au Conseil exécutif (Dick Ukeiwé). Pour la présidentielle dans l’archipel, Chirac arrive largement en tête (74,67 %), devant Le Pen (12,93 %), Barre (6,13 %) et Mitterrand (seulement 4,98 %). Le scrutin en Nouvelle-Calédonie a été marqué par de graves violences : dix gendarmes ont été blessés en brousse, dont un grièvement. Des barrages ont été installés par de jeunes indépendantistes sur de nombreuses routes.
lundi 25 avril
Sur l’île d’Ouvéa, les onze gendarmes otages conduits à Mouli ont été libérés à la demande des « vieux » et des coutumiers et neuf personnes ont été interpellées. Des barrages ont été dressés par de jeunes indépendantistes dans l’est de Grande-Terre et sur l’île de Lifou. Par ailleurs, une jeune Mélanésienne de 18 ans été tuée de plusieurs balles. A Paris, le candidat François Mitterrand a demandé l’annulation du premier tour en Nouvelle-Calédonie sous prétexte que de nombreux bureaux de vote étaient fermés. Auparavant, Jacques Chirac avait estimé pour sa part que le scrutin s’était déroulé « dans des conditions convenables ».
mardi 26 avril
En Nouvelle-Calédonie, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons a évoqué une possible dissolution du FLNKS. Les premiers barrages dressés par les Caldoches loyalistes ont fait leur apparition près de Nouméa.
mercredi 27 avril
Les interrogatoires musclés des habitants de Gossanah ont permis aux autorités de repérer la grotte où sont gardés les gendarmes (selon des témoins, les militaires auraient attaché à des poteaux et battu des jeunes devant leurs parents pour obtenir des informations). La première tentative de contact avec les preneurs d’otages a par tourné à l’avantage de ces derniers : le substitut du procureur de Nouméa, Jean Bianconi, six membres du GIGN et un gendarme territorial ont à leur tour été faits prisonniers, rejoignant les militaires déjà détenus dans la grotte (mais Bianconi est cependant parvenu à y faire entrer des clés de menottes, deux revolvers et dix balles).
Le Conseil constitutionnel a donné très partiellement raison au président Mitterrand en décidant d’annuler le premier tour de l’élection présidentielle organisée dans seulement trois bureaux de vote (sur 139) de Nouvelle-Calédonie. Les autres résultats ne sont pas remis en cause.
jeudi 28 avril
Des éléments des Forces spéciales françaises arrivent en Nouvelle-Calédonie alors que les négociations se poursuivent à Ouvéa pour obtenir la libération des otages. A Nouméa, s’appuyant sur un épais dossier, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons demande au gouvernement de procéder à la dissolution du FLNKS qu’il accusé d’être impliqué dans les violences de ces derniers jours dans l’archipel.
vendredi 29 avril
Le numéro deux et porte-parole du FLNKS, Yeiwéné Yeiwéné, demande pardon aux familles des gendarmes victimes des violences d’Ouvéa tout en mettant en cause le mépris et la violence du gouvernement.
L’un des sept auteurs de la fusillade meurtrière de Hienghene (dix morts en décembre 1984), José Lapetite, a été retrouvé assassiné. Il avait 31 ans. Avec ses complices, il avait été acquitté par la justice en octobre 1987.
samedi 30 avril
De hauts responsables indépendantistes ont adressé au président Mitterrand une lettre concernant la situation dans l’île d’Ouvéa. Des fusiliers marins ont débarqué sur la Grande Terre tandis que pour la première fois un bâtiment de la Marine nationale, le patrouilleur La Moqueuse, a tiré un coup de semonce à l’arme automatique pour dégager une trentaine de gendarmes pris à partie par des hommes armés à Pouébo, sur la côte nord de Grande Terre.
dimanche 1er mai
Quatre gendarmes ont été blessés sur la côte est de Grande Terre. Le FLNKS réclame une commission d’enquête des Nations unies sur la situation en Nouvelle-Calédonie. Concernant la prise d’otages en cours sur l’île d’Ouvéa, la seule nouveauté est la nomination d’un médiateur en la personne de l’archevêque de Nouméa, Mgr Michel Calvet.
lundi 2 mai
La situation est au point mort en Nouvelle-Calédonie Sur l’île d’Ouvéa, les preneurs d’otages ont rejeté la médiation de Mgr Calvet, jugé pas assez représentatif du pouvoir colonial. Le FLNKS a également repoussé la proposition de trois parlementaires RPCR (Dick Ukeiwé, Jacques Lafleur et Maurice Nénou) qui avaient demandé à remplacer les otages lors de la session inaugurale du Congrès du territoire. A Nouméa, les anti-indépendantistes ont organisé dans l’après-midi une journée « ville morte ». Les obsèques des quatre gendarmes tués lors de l’attaque du 22 avril se sont déroulées en métropole. Ils ont été décorés à titre posthume.de la Médaille militaire et de la Médaille de la gendarmerie.
mercredi 4 mai
Alors que les rumeurs d’un assaut dans la grotte de l’île d’Ouvéa où sont retenus les otages se répandent en Nouvelle-Calédonie, le FLNKS prévient qu’une telle opération risque de mettre en danger la vie des otages.
nuit du mercredi 4 au jeudi 5 mai
Opération « Victor » déclenchée contre la grotte de Gossanah, à Ouvéa, où sont retenus les gendarmes sur ordre des autorités qui estiment qu’il est impossible de négocier. Sous le commandement du général Vidal, 75 hommes lancent un premier assaut à 21 h 15 le 4 mai, heure de Paris (6 h 15 le 5 mai, heure de Nouvelle-Calédonie). 12 indépendantistes sont tués mais la défense des survivants (avec une mitrailleuse, des fusils et des FAMAS) repousse l’attaque au bout d’une heure. 2 soldats ont également perdu la vie dans cette première action. Un deuxième assaut est lancé à 12 h 30 : repoussés par un tir de lance-flammes, les preneurs d’otage acceptent finalement de se rendre. Les 23 otages sont libres. L’opération a coûté en tout la vie à 19 indépendantistes. Les 14 autres ont été faits prisonniers. Le FLNKS et d’autres organisations kanaks accusent les forces de l’ordre d’avoir procédé à des exécutions sommaires après la fin de l’assaut (un grand nombre de victimes a été tué d’une balle dans la tête), d’avoir achevé un blessé évacué et d’avoir laissé mourir le chef du commando, Alphonse Dianou, blessé d’une balle au genou et laissé plusieurs heures sans soin. Des accusations rejetées par les autorités militaires et le gouvernement français. En métropole, la décision d'employer la force pour libérer les otages à trois jours du second tour de la présidentielle est vivement contestée par certains.
jeudi 5 mai
Au cours d’une conférence de presse, le ministre des DOM-TOM Bernard Pons a déclaré qu’il restait une dizaine de bandes armées en Nouvelle-Calédonie. Il a également exclu tout dialogue avec les terroristes et réclamé une fois de plus la dissolution du FLNKS. Les indépendantistes dénoncent un « jour de honte » pour le peuple français et appellent leurs militants à relever le défi du colonialisme. En France, si Jean-Marie Le Pen salue l’action des forces de l’ordre à Ouvéa, à gauche on dénonce au mieux un coup de force (PS) au pire un crime colonialiste (PCF, extrême-gauche).
vendredi 6 mai
En Nouvelle-Calédonie, le FLNKS a appelé à une journée de protestation pour le lendemain. Les autorités ont placé les 8 000 membres des forces de l’ordre en état d’alerte maximum dans l’archipel.
samedi 7 mai
La journée de protestation organisée en Nouvelle-Calédonie à l’appel du FLNKS s’est déroulée sans incident.
dimanche 8 mai
Second tour de l’élection présidentielle : le président sortant François Mitterrand (PS) a été reconduit à la tête de l’Etat avec 54,01 % des suffrages, contre 45,98 % pour Jacques Chirac (RPR). En Nouvelle-Calédonie, où les indépendantistes prônaient le boycott, Chirac a obtenu 90,29 % des voix (avec une participation de 61,69 %). Une dizaine de bureaux de vote (sur 139) n’ont pas ouvert leurs portes.
Obsèques sur l’île d’Ouvéa des 19 indépendantistes tués lors de l’assaut des forces de l’ordre contre la grotte de Gossanah.
mardi 10 mai
Les 29 indépendantistes kanaks inculpés dans l’affaire d’Ouvéa ont été transférés à Paris. Le Parti communiste français et la Ligue des droits de l’homme réclament l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’opération « Victor ». Car divers témoignages publiés par la presse mettent en cause directement les militaires qui ont participé l’assaut : ils assurent qu’au moins 3 preneurs d’otages sont sortis vivants de la grotte avant d’être retrouvés quelques heures plus tard une balle dans la tête. Le ministre de la Défense André Giraud rejette ces accusations et porte plainte contre x pour diffamation envers les armées et allégations mensongères. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris à l’appel du PSU, du FNLKS et de plusieurs organisations d’extrême-gauche pour apporter leur soutien aux indépendantistes kanaks.
jeudi 12 mai
Présentation du gouvernement de Michel Rocard : Olivier Stirn est nommé ministre chargé des DOM-TOM. Par ailleurs, dès son entrée en fonction, le nouveau ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, demande un rapport sur la prise d’assaut de la grotte de Gossanah, sur l’île d’Ouvéa.
dimanche 15 mai
Michel Rocard a désigné une mission œcuménique afin de « rétablir le dialogue » et de préparer les futures négociations pour le retour de la paix en Nouvelle-Calédonie. Dirigée par le commissaire de la République Christian Blanc, elle comprend six membres, dont trois hauts fonctionnaires, un prêtre catholique, un pasteur protestant et un franc-maçon. Le RPCR se dit prudent, le FLNKS satisfait.
mercredi 18 mai
Suite à une erreur de procédure, deux Kanaks accusés d’avoir assassiné des Caldoches ont été libérés.
jeudi 19 mai
Un attentat à l’explosif a fait quatre blessés dans un quartier populaire de Nouméa.
L’ancien conseiller régional des îles Loyauté Chanel Kapoeiri a été arrêté. Il est soupçonné d’avoir mené l’attaque contre la gendarmerie de Fayaoué (quatre militaires tués le 22 avril).
vendredi 20 mai
La mission de dialogue nommée par le Premier ministre est arrivée en Nouvelle-Calédonie.
samedi 21 mai
Le journal Le Monde publie un rapport dans lequel le capitaine Philippe Legorjus met en cause le général Vidal et le ministre des DOM-TOM Bernard Pons dans l’affaire de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Le chef du GIGN assure les responsables de l’opération étaient très divisés et que les considérations politiques ont souvent pris le pas sur le reste. Suite à cette publication, le Premier ministre Rocard s’est dit décidé à faire toute la lumière sur ce sujet.
lundi 23 mai
Sept indépendantistes kanaks, dont Marie-Adèle Jorédié, l’épouse du numéro trois du FLNKS, ont été arrêtés à l’aube dans la tribu de Gélima, près de Canala, avant d’être transférés par hélicoptère, inculpés et écroués à Nouméa.
mardi 24 mai
En Nouvelle-Calédonie, la mission de dialogue dépêchée par le gouvernement a entamé ses travaux avec un entretien avec le principal dirigeant anti-indépendantiste tandis que les responsables indépendantistes ont ajourné la rencontre prévue en raison d’un incident survenu dans la brousse. Un jeune Kanak a été tué par un militaire en patrouille qui s’estimait menacé. Le FLNKS assure que l’homme a été abattu de plusieurs balles dans le dos. A Paris, l’ancien ministre des DOM-TOM Bernard Bons, attaqué depuis plusieurs jours pour sa gestion de l’affaire d’Ouvéa, dénonce les polémiques actuelles en affirmant qu’elles sont montées de toutes pièces. Invité du journal de 20 heures d’Antenne 2, il assure que l’assaut contre la grotte était la seule solution et qu’il n’y a pas de précipitation pour des raisons politiques.
mercredi 25 mai
En Nouvelle-Calédonie, la mission de dialogue gouvernementale s’est rendue sur l’île d’Ouvéa. Ses membres se sont recueillis devant les tombes des indépendantistes tués lors de l’assaut contre la grotte de Gossanah, un geste très critiqué par Jacques de Lafleur. Ils se sont ensuite rendus dans une tribu loyaliste et d’achever leur visite par la gendarmerie de Fayaoué, où une minute de silence a été observé à la mémoire des quatre gendarmes tués le 22 avril.
jeudi 26 mai
La commission Rocard s’est entretenue à la mairie de Hienghene avec le maire et dirigeant du FLNKS, Jean-Marie Tjibaou. Le Front national local a refusé de rencontrer les envoyés de Paris.
vendredi 27 mai
La commission de dialogue envoyée en Nouvelle-Calédonie a rencontré des agriculteurs caldoches à La Foa avant de se rendre dans le secteur indépendantiste de Canala.
dimanche 29 mai
Arrestation en Nouvelle-Calédonie d’un jeune Kanak de 22 ans considéré comme l’un des auteurs de l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa. Il avait été blessé lors de l’assaut des forces de l’ordre contre la grotte de Gossanah.
lundi 30 mai
Remise au ministre de la Défense du rapport d’enquête militaire sur l’assaut contre la grotte de Gossanah, à Ouvéa. Jean-Pierre Chevènement déclare que le 5 mai dernier des « actes contraires à l'honneur militaire ont été commis ». Il assure cependant qu’il n’y a pas eu d’exécutions sommaires. Le commandant de l’unité chargé d’évacuer les indépendantistes blessés a été suspendu de ses fonctions. Ce rapport a été aussitôt été transmis à la justice. Dans la soirée, le garde des Sceaux Pierre Arpaillange a demandé l'ouverture d'une information judiciaire contre X... pour « homicides volontaires » commis sur les personnes de Lavelloi et d'Amossa, « coups et blessures volontaires et non-assistance à personne en danger », à propos de la mort d’Alphonse Dianou. Le jour même, une reconstitution partielle a été organisée dans la grotte avec seulement les « porteurs de thé ».
mercredi 1er juin
A Paris, dans le cadre de l’enquête sur la mort de quatre gendarmes à Fayaoué, un membre du FLNKS a été placé sous mandat de dépôt. Il est inculpé d’assassinat, rébellion et séquestration illégale avec prise d’otages.
vendredi 3 juin
L’heure est à la détente en Nouvelle-Calédonie. Les responsables des indépendantistes et des caldoches sont d’accord pour discuter, sous l’arbitrage de l’Etat français, d’un nouveau statut pour le territoire. Dans une interview accordée au Figaro, le chef du RPCR Jacques Lafleur a notamment émis l’hypothèse d’une partition du territoire, sans pourtant y être favorable : un « mauvais accord vaut mieux qu’une bonne guerre civile ». Après avoir réclamé pendant des mois la dissolution du FLNKS, il se dit maintenant prêt à rencontrer ses adversaires à certaines conditions.
dimanche 5 juin
Premier tour des élections législatives, marquées en Nouvelle-Calédonie par un nouveau découpage électoral et par une forte abstention (avec le boycott du FLNKS et du Parti socialiste). Les deux députés RPCR sortants, Jacques Lafleur et Maurice Nénou, ont été réélus dès ce premier tour avec 83,31 %. Le Front national a obtenu 13,74 % et l’extrême-droite 2,93 %. L’abstention était de 46,35 %. Peu d’incidents ont été signalés : quelques coups de feu et des maisons incendiées dans le nord de Grande-Terre.
lundi 6 juin
Un éleveur caldoche de 67 ans, Marcel Dubois, a été mortellement blessé dans une fusillade qui s’est produite dans une ferme isolée de Ponerihouen, sur la côte orientale de Grande-Terre. Un autre homme est grièvement blessé. La gendarmerie évoque une affaire de droit commun commis par une petite bande.
mardi 7 juin
La mission de dialogue Rocard a quitté la Nouvelle-Calédonie pour rentrer en métropole.
jeudi 9 juin
Le Premier ministre Michel Rocard a reçu à Matignon la mission de dialogue qu’il avait envoyé en Nouvelle-Calédonie. En trois semaines, ils ont rencontré dans l’archipel 1 200 interlocuteurs. Un rapport doit être remis le 15 juin au chef du gouvernement.
vendredi 10 juin
Arrivée en Nouvelle-Calédonie de deux médecins légistes désignés par le tribunal de Nouméa pour réaliser les autopsies de trois preneurs d’otage tués lors de l’assaut de la grotte de Gossanah.
samedi 11 juin
Les corps de trois des hommes tués dans l’assaut de la grotte d’Ouvéa ont été exhumés en présence du juge d’instruction et transférés par hélicoptère à Nouméa pour leur autopsie.
mercredi 15 juin
« Poignée de main historique » à l’hôtel Matignon à l’occasion de la première rencontre entre le dirigeant indépendantiste Jean-Marie Tjibaou et son adversaire du RPCR Jacques Lafleur, en présence de Michel Rocard. La rencontre a duré trois heures à l’écart des caméras. Les journalistes n’ont même pas pu assister à l’arrivée des deux hommes. Un cadre de discussions en quatre points susceptible d’aboutir à un accord global a été élaboré d’après les services du Premier ministre. Le même jour, le préfet Christian Blanc a remis au chef du gouvernement du rapport élaboré par la mission de dialogue envoyée en Nouvelle-Calédonie.
jeudi 16 juin
Un juge d’instruction a ordonne la remise en liberté sous contrôle judiciaire de deux Kanaks inculpés dans l’affaire de l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué (22 avril). Deux autres hommes doivent être libérés le lendemain. Le Parquet a fait appel de ces libérations.
jeudi 23 juin
Reprise à Paris des négociations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Les représentants des différentes parties engagées dans la question calédonienne (Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné pour le FLNKS et Jacques Lafleur et Dick Ukeiwé pour le RCPR) se sont retrouvés dans la soirée autour d’une table à l’hôtel Matignon pour tenter de trouver un compromis acceptable par tous.
dimanche 26 juin
A l’issue de trois jours de négociations, l’indépendantiste Jean-Marie Tjibaou (FLNKS) et son adversaire loyaliste Jacques Lafleur (RPCR) ont conclu sous le parrainage du Premier ministre Michel Rocard les accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. L’Etat français prend en charge l’administration de l’archipel pendant un an et un référendum sur les futures institutions du territoire sera organisé à l’automne.
vendredi 1er juillet
Une partie des indépendantistes kanaks n’accepte pas l’accord de Matignon. S’en prenant durement aux négociateurs du FNLKS, Léopold Jorédié a déclaré dans le journal Le Monde : « L’esclave a accepté de serrer la main de son maître ».
samedi 2 juillet
En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Matignon n’a pas obtenu une majorité au sein des militants du FLNKS. Face à l’opposition des durs emmenés par Léopold Jorédié, Jean-Marie Tjibaou devra patienter et attendre une nouvelle réunion du parti indépendantiste.
lundi 4 juillet
Les députés ont approuvé à la quasi-unanimité les accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Dans l’archipel, le Congrès de Nouvelle-Calédonie a donné un avis favorable à ce projet, assorti de réserves sur le renforcement des pouvoirs de l’Etat.
mercredi 6 juillet
Le Sénat a donné à son tour son aval aux accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie.
vendredi 15 juillet
A la veille de l’ouverture du congrès du FLNKS, l’une de ses principales composantes, l’Union calédonienne conteste vigoureusement l’accord de Matignon, en particulier sur la question de la constitution du corps électoral pour le scrutin d’autodétermination de 1998.
samedi 16 juillet
Ouverture à Thio du congrès du FLNKS. La base indépendantiste contester plusieurs points de l’accord de Matignon, jugé trop timide. Jean-Marie Tjibaou est vivement critiqué par de nombreux militants.
dimanche 17 juillet
Les discussions tendues à Thio ont contraint le FNLKS à ajourner son congrès jusqu’au 23 juillet. Presque tous les points de l’accord de Matignon sont maintenant remis en cause. Les indépendantistes espèrent parvenir à une déclaration commune en une semaine.
jeudi 21 juillet
Louis Le Pensec, ministre des DOM-TOM, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’il n’y aura pas de renégociation de l’accord de Matignon signé par le RPCR et le FLNKS.
vendredi 22 juillet
Selon le rapport demandé par le ministre de la Défense et rédigé par deux généraux, le chef des preneurs d’otages de la grotte d’Ouvéa, mort de ses blessures après de l’assaut des forces de l’ordre, a subi des sévices graves lors de son évacuation. L’officier en charge de cette évacuation a été suspendu de ses fonctions. Sur les deux autres décès litigieux, aucune réponse formelle n’a été apportée auprès d’autres petits porteurs.
samedi 23 juillet
A Nouméa, le RPCR s’est prononcé à l’unanimité en faveur de l’accord conclu à Matignon avec le FLNKS. Côté indépendantiste, les discussions, tendues, se poursuivent à huis clos.
dimanche 24 juillet
Après une semaine de réflexion et une convention tenue à huis-clos à Ouvéa, les indépendantistes du FLNKS réclament une révision partielle de l’accord de Matignon (sur la composition du corps électoral et la date même du référendum prévu en 1998).
mercredi 27 juillet
A Nouméa, les indépendantistes du FLNKS ont présenté pendant une heure au haut-commissaire Bernard Grasset leurs contre-propositions aux accords de Matignon.
mercredi 3 août
Libération de douze personnes arrêtées en Nouvelle-Calédonie lors de l’affaire d’Ouvéa.
vendredi 5 août
Cinquante plaintes contre X ont été déposées en Nouvelle-Calédonie par les avocats du FLNKS, trois mois après la prise d’otages d’Ouvéa. Des habitants des tribus l’île affirment avoir été victimes de sévices de la part des forces de l'ordre, qui cherchaient à localiser la grotte où les militants indépendantistes avaient emmené leurs otages.
lundi 8 août
Deux indépendantistes kanaks inculpés et écroués après l’attaque de la gendarmerie de Fayaoué ont été libérés sur ordre de la cour d’appel de Paris. 23 autres demandes ont été refusées. Par ailleurs, 25 nouvelles plaintes contre les forces de l’ordre ont été déposées à Canala pour « destruction de biens immobiliers ou mobiliers » entre avril et juillet.
vendredi 19 août
Accord d’Oudinot conclu à Paris, au ministère de l’Outre-Mer (rue Oudinot), pour compléter l’accord de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie : précision sur le corps électoral, le découpage des provinces et l'amnistie
samedi 20 août
A l’issu de trois jours de négociations avec le ministre des DOM-TOM, les représentants du RPCR et du FLNKS signent le projet de loi sur le scrutin d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie pour 1998. Le texte définitif détermine le statut de l’archipel, la composition de ses assemblées régionales et l'amnistie des militants indépendantistes emprisonnés.
jeudi 25 août
Le Premier ministre Michel Rocard est arrivé en Nouvelle-Calédonie pour un voyage de trois jours destiné à défendre l’accord de Matignon.
dimanche 28 août
Fin du voyage de Michel Rocard en Nouvelle-Calédonie. Le Premier ministre a proposé d’organiser le 6 novembre prochain le référendum national sur l’avenir du territoire.
dimanche 11 septembre
Convention du FLNKS à Houaïlou : les indépendantistes ont majoritairement approuvé les accords de Matignon-Oudino. Seul le FULK appelle à voter « non » au référendum qui doit avoir lieu sur la question.
mercredi 5 octobre
Conseil des ministres. Adoption par le gouvernement du projet de loi référendaire sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Le président de la République a demandé à ses ministres de s'engager dans la campagne en faveur du « oui ». Dans la soirée, le Premier ministre Rocard est intervenu à la télévision à ce sujet.
samedi 15 octobre
Le comité central du RPR a annoncé qu’il fera campagne pour une abstention « motivée et active » concernant le référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. De leur côté, l’UDF, Raymond Barre et le Parti communiste s’engagent pour le « oui » tandis que le Front national votera « non ».
lundi 24 octobre
Interrogé sur Europe 1, le Premier ministre Michel Rocard a qualifié de « factieux » les responsables du RPR qui ont déclaré qu'ils ne seront « pas liés » par les résultats du référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
mercredi 26 octobre
Michel Rocard renouvelle à l’Assemblée nationale ses attaques contre le RPR : le Premier ministre accuse le parti gaulliste de « lâcheté » et de « désertion » concernant le référendum néo-calédonien.
dimanche 6 novembre
Référendum sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie : les accords de Matignon et le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie sont approuvés à 79,99 %, mais ce bon résultat est contrebalancé par une forte abstention (63,1 %). Dans le territoire même, le « oui » a obtenu 57,03 % mais 67 % des électeurs de la région Sud se sont prononcés pour le « non » ; l’abstention en Nouvelle-Calédonie a été de 36,7 %.
mercredi 9 novembre
Trois jours après le référendum, la loi fixant le nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie entre en vigueur : les anciennes régions sont remplacées par trois Provinces (Sud, Nord, Îles Loyauté) ; les trois Assemblées provinciales, élues pour six ans, sont réunies au sein d’un Congrès du Territoire ; le pouvoir exécutif revient au Haut-Commissaire, assisté d'un Comité consultatif, composé des présidents et vice-présidents des trois provinces et du président ainsi que l'un des vice-présidents du Congrès. Deux conseils spécialisés consultatifs sont créés : le conseil économique et social et le conseil consultatif coutumier. Un référendum d’autodétermination devra être organisé dans l’archipel en 1998.
jeudi 17 novembre
En vertu de la loi adoptée le 6 novembre par référendum, 51 prisonniers kanaks détenus en région parisienne et à Nouméa sont libérés. Parmi eux figurent les 26 hommes impliqués dans l’affaire d’Ouvéa. Ils ont interdiction d’entre en contact avec leurs soutiens et avec la presse.