jeudi 2 janvier
Jusqu'à présent, les militaires irakiens installés dans les zones autonomes kurdes étaient considérés par Bagdad comme des déserteurs. Un décret du Conseil de commandement de la révolution annonce l'arrêt des poursuites judiciaires à leur encontre. Ces militaires sont appelés à rejoindre l'armée irakienne, mais l'amnistie touche également « ceux dont la situation familiale ne leur permet pas de réintégrer les rangs pour des raisons de sécurité ».
lundi 6 janvier
L'association française Equilibre (une ONG) a acheminé le premier convoi humanitaire en Irak. Dans les dix camions, quarante tonnes de matériel médical et de médicaments, 120 tonnes de vivres (riz, farine et sucre) qui vont être répartis par le Croissant Rouge entre les hôpitaux et des familles dans les dix-huit provinces.
nuit du mardi 7 au mercredi 8 janvier
Une attaque au mortier a visé les locaux abritant la principale organisation iranienne d'opposition en plein cœur de Bagdad. Selon le ministère irakien de l'Intérieur, elle a dévasté une rue de la ville et fait un mort et plusieurs blessés. Les moudjahidine du peuple affirment, eux, que les obus, tirés à partir d'un camion, n'ont pas touché leurs locaux. L'Irak accuse l'Iran d'être responsable de cet attentat.
lundi 13 janvier
Arrivée en France du vice-Premier ministre Tarek Aziz pour une visite de deux jours.
mercredi 15 janvier
L'allègement partiel de l'embargo ouvre la porte à des contrats (huit cents millions de francs en six mois). Tarek Aziz, en visite à Paris, indique que la France est en tête des pays qui ont signé. Elle a notamment vendu 300 000 tonnes de blé, 30 000 tonnes de lait pour enfants et 60 000 tonnes de sucre, des ambulances et des médicaments. En revanche, ce sont les sociétés américaines qui profitent de la vente de pétrole (deux milliards de dollars pour six mois).
vendredi 17 janvier
Blessé dans un attentat, Oudaï, le fils de Saddam Hussein, souhaitait être soigné en France. Cette dernière, qui avait déjà opposé une fin de non-recevoir, a réaffirmé sa position pour répondre à de violentes attaques de la presse irakienne parlant d' « erreur monumentale » du gouvernement français et affirmant que « cette attitude portera atteinte à la France ».
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 janvier
Un attentat à la bombe a mis le feu à l'oléoduc irako-turc dans la région de Midyat, dans le sud-est du pays. L'attentat est attribué aux maquisards du PKK, les séparatistes kurdes. L'incendie a été maîtrisé dans la soirée du 23 janvier.
mercredi 29 janvier
Saddam Hussein n'a toujours pas renoncé à conquérir le Koweït qu'il estime être une « province » irakienne. C'est un haut responsable américain qui en a fait la confidence à Washington, précisant qu'il tenait ses informations « de bonne source ».
mardi 18 février
Le Congrès national iranien, un important mouvement d'opposition basé à Londres, affirme que Saddam Hussein a déplacé deux corps d'armée pour les positionner le long de sa frontière avec l'Iran. L'ensemble de l'armée irakienne aurait en outre été mis en alerte maximum.
dimanche 23 février
Après s'y être opposé pendant trois mois, Bagdad a autorisé les inspecteurs des Nations unies à venir s'assurer personnellement que les missiles à longue portée des forces irakiennes et leurs moteurs ont été bien détruits. Rolf Ekeus soupçonnait l'Irak d'avoir démonté ces moteurs de fabrication russe pour les soustraire à l'inspection internationale et d'avoir ensuite détruit les fusées.
lundi 3 mars
L'Irak a admis posséder 3,8 tonnes d'un gaz innervant mortel, le VX, a annoncé Rolf Ekeus. Cette nouvelle violation des résolutions de l'ONU, qui interdisent à l'Irak toute arme de destruction massive, ne vas pas améliorer l'image de Bagdad, alors même que le Conseil de sécurité de l'ONU discute du renouvellement des sanctions contre le régime irakien.
mardi 4 mars
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de maintenir les sanctions imposées contre l'Irak, en raison du refus de Bagdad de se plier à ses résolutions.
mercredi 5 mars
Le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov, affirme que « les sanctions de l'ONU doivent être levées si l'Irak applique les résolutions du Conseil de sécurité sur le désarmement ». Et « tout va dans ce sens », a-t-il précisé à Moscou.
mardi 11 mars
Les vingt-deux barrages qu'Ankara veut construire sur le Tigre et l'Euphrate ne sont pas du goût de Bagdad. L'Irak a demandé à la Ligue arabe de faire pression auprès des entreprises participant à ces chantiers.
vendredi 21 mars
L'Irak et la Russie ont conclu un accord pour le développement d'un champ pétrolifère irakien, d'une valeur de près de 3,5 milliards de dollars. « L'accord s'appliquera indépendamment de la levée des sanctions économiques » imposées à l'Irak depuis août 1990.
lundi 31 mars
Le gouvernement va commencer sous peu la distribution de rations supplémentaires de farine, achetées en vertu de l'accord pétrole-nourriture. Un premier bateau chargé de 37 200 tonnes de blé français est arrivé au port d'Oum Qasr. Quatorze autres navires sont attendus ces jours-ci. Du coup, le quota de chaque famille irakienne passera de sept à neuf kilos de farine par mois.
mardi 1er avril
L'Irak veut « au moins » doubler les quantités de pétrole brut qu'il lui est possible d'exporter dans le cadre de l'accord pétrole-nourriture. Le renouvellement de cet accord devrait intervenir le mois prochain et Bagdad, qui exporte actuellement pour environ douze milliards de francs de brut par semestre, sollicitera donc une révision à la hausse.
mercredi 9 avril
Un appareil irakien a violé la zone d'exclusion aérienne imposée par l'ONU dans le sud pour déposer 104 pèlerins irakiens à La Mecque (Arabie Saoudite).
dimanche 20 avril
Le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï, trente-trois ans, victime d'un attentat en décembre, a été opéré par une équipe franco-allemande. L'opération visait à extraire une balle logée près de la colonne vertébrale.
lundi 21 avril
Bagdad a fait savoir qu'il violera la zone d'exclusion aérienne qui lui imposée par l'ONU au sud du pays, pour « ramener les pèlerins irakiens qui se sont rendus à La Mecque », en Arabie Saoudite.
mardi 22 avril
L'opération de retour des pèlerins de La Mecque a eu lieu, en dépit des mises en garde des Etats-Unis, menaçant de « prendre des mesures appropriées ».
dimanche 27 avril
Malgré l'interdiction qui lui en est faite par l'embargo aérien, l'Irak a rapatrié par hélicoptère tous ses ressortissants partis en pèlerinage à La Mecque. Les Etats-Unis ont renoncé à envisager des représailles militaires.
lundi 5 mai
La Chine a demandé la levée des sanctions contre l'Irak, au premier jour d'une visite officielle à Pékin du vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, reproche aux pays occidentaux, en particulier aux Etats-Unis, de brimer l'Irak.
mercredi 14 mai
Appuyés par des chars, des troupes turques sont entrées dans la zone kurde du nord de l'Irak, pour combattre le PKK, les Kurdes de Turquie qui y ont établi leurs bases. Ankara justifie cette opération par un appel du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, attaqué par le PKK qui voudrait s'affirmer dans cette région échappant au contrôle de Bagdad.
lundi 19 mai
Les combats entre Turcs et Kurdes, qui font rage depuis cinq jours dans le nord de l'Irak, auraient fait, selon l'armée turque (qui a engagé de 10 000 à 50 000 soldats et « gardiens de villages », miliciens kurdes pro-turcs, soutenus par les chars et l'aviation) près de 1081 morts chez les séparatistes kurdes de Turquie, et quatorze morts et vingt-cinq blessés du côté gouvernemental. Objectif des Turcs : placés la région sous le contrôle du Kurde irakien Massoud Barzani. L'offensive turque bénéficie du soutien des peshmergas (combattants) du PDK de ce dernier. Toutefois, les rebelles du PKK ont annoncé le lancement, la nuit précédente, de plusieurs opérations militaires contre des cibles militaires turques en Turquie même. Ils n'avouent qu'une dizaine de mort depuis le début de l'offensive turque. Depuis Paris (France), le « Centre d'information du Kurdistan » a lancé un appel en faveur d'une intervention des Etats-Unis contre ce qu'il appelle « un crime contre l'humanité ». Ce centre fait notamment état du « massacre » d'une centaine de civils à Erbil, dont quatorze blessés exécutés à l'intérieur de l'hôpital du Croissant-Rouge du Kurdistan. Plus d'un millier de personnes auraient été emmenées par l'armée turque. Officiellement, L'Irak a demandé à Ankara de retirer ses forces mais bien des diplomates affirment que Bagdad a donné, en fait, son feu vert à l'armée turque. Celle-ci a d'ailleurs annoncé haut et clair que l'opération se poursuivra jusqu'à la « neutralisation » des séparatistes et la soumission de cette région au contrôle de Barzani.
mercredi 21 mai
L'Irak et l'Iran renforcent leur frontière le long de l'enclave kurde irakienne, dans le nord de l'Irak, où l'armée turque est engagée contre les rebelles kurdes de Turquie, le PKK. La Syrie aurait aussi renforcé ses troupes le long de sa frontière avec le nord de l'Irak, sous prétexte de « manœuvres ».
mercredi 4 juin
L'Irak et la Chine sont signé un accord pétrolier portant sur près de sept milliards de francs. Pékin assurera le développement du gisement d'Al-Ahdab, à 180 kilomètres au sud de Bagdad. La Chine est le deuxième pays membre du Conseil de sécurité de l'ONU, après la Russie, à signer un accord de cet ordre avec l'Irak. Logiquement, les travaux de développement des gisements irakiens ne devraient pas être entamés avant la levée de l'embargo imposé par l'ONU à Bagdad depuis août 1990. Dans la soirée, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé, à l'unanimité, la prolongation pour six mois du programme autorisant l'Irak à exporter une quantité limité de pétrole pour pouvoir acheter des vivres et des médicaments. Mais il a rejeté la demande de Bagdad qui voudrait exporter plus de pétrole.
Un hélicoptère de l'armée turque s'est écrasé dans la matinée dans le nord de l'Irak, où les forces d'Ankara ont engagé une opération contre les bases arrières de la rébellion kurde du PKK il y a trois semaines. Les onze militaires qui se trouvaient à bord ont été tués. Selon Ankara, l'accident est dû à une défaillance mécanique.
lundi 9 juin
Oudaï Hussein, le fils aîné du président irakien, a quitté l'hôpital. Selon l'agence officielle irakienne, il est « complètement rétabli des suites de la lâche agression dont il a été victime » en décembre 1996.
mardi 10 juin
L'armée turque va-t-elle créer une « zone de sécurité » dans le nord de l'Irak ? La rumeur d'un tel projet court alors que les troupes d'Ankara, alliées aux partisans kurdes irakiens de Massoud Barzani, poursuivent leurs opérations de « nettoyage » déclenchées le 14 mai dans cette région contre les rebelles du PKK. Pas question de se retirer de cette zone si les rebelles doivent y revenir, a-t-on déclaré de source militaire turque.
samedi 21 juin
Le Conseil de sécurité des Nations unies a menacé l'Irak de nouvelles sanctions s'il ne coopérait pas pleinement d'ici à octobre avec les inspecteurs chargés du démantèlement de son potentiel de destruction massive. Ce qui n'est pas le cas actuellement.
dimanche 29 juin
Les rations alimentaires des Irakiens vont être un peu augmentées en Juillet. Selon le ministère du Commerce, les rations mensuelles de sucre vont ainsi être portées de cinq cents grammes à deux kilos, celles de thé de cent à cent cinquante grammes, et le lait en poudre pour bébé de 1,8 à 2,7 kilos. Les haricots et le sel réapparaissent et il y aura aussi un peu plus de savon et de lessive. Enfin, la ration de riz passe de 1,25 à deux kilos. Mais cette dernière était encore, en mai, de 2,5 kilos et avait été réduite en juin. Malgré l'accord dit « pétrole contre nourriture », la population souffre encore de terribles restrictions, dont Bagdad rend les Etats-Unis responsables.
lundi 7 juillet
Les forces armées turques mettent fin à l’opération Marteau : venus soutenir les forces du Parti démocratique kurde contre son rival du Parti des travailleurs kurdes, les Turcs se retirent du nord de l’Irak.
Ankara a levé l'interdiction du commerce frontalier avec l'Irak qu'elle avait prise il y a sept ans, après l'invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. « C'est notre première décision », a simplement commenté le vice-Premier ministre, Bulent Ecevit, laissant supposer que son gouvernement allait en prendre d'autres. On ignore si les Nations unies considéreront cette « première décision » turque comme une violation de l'embargo qu'elles imposent depuis août 1990 sur le commerce avec l'Irak.
lundi 28 juillet
Saddam Hussein a décidé d'accorder la nationalité irakienne à tous les Arabes qui en feront la demande. Le décret exclut toutefois les Palestiniens de cette mesure, car Bagdad, qui se pose en champion de la cause des Palestiniens et qui milite pour leur droit au retour, ne veut pas encourager leur implantation ailleurs qu'en Palestine.
mercredi 6 août
L'Irak a annoncé qu'il reprendrait entre le 15 et 20 août, ses exportations de pétrole. Lors d'une conférence de presse à Bagdad, le gouvernement a déclaré qu'il allait s'efforcer de vendre pour deux milliards de dollars d'ici au 6 décembre, conformément à l'accord dit « pétrole contre nourriture ». L'Irak se dit prêt à acheminer du brut via la Syrie si Damas accepte de rouvrir l'oléoduc fermé en 1982.
samedi 13 septembre
Un officier irakien a attaqué un inspecteur de l’UNSCOM qui tentait de prendre des photos d’un convoi de véhicules depuis un hélicoptère.
mercredi 17 septembre
Crise du désarmement irakien : des inspecteurs de l’UNSCOM ont filmé des gardes irakiens brûlant des documents secrets avant de les jeter dans une rivière.
jeudi 25 septembre
De violents accrochages se sont produits dans le nord de l'Irak où 15 000 soldats turcs ont fait irruption, appuyés par une centaine de chars, pour combattre les séparatistes kurdes du PKK. Le ministère turc des Affaires étrangères a expliqué : « La Turquie a un problème de terrorisme émanant du nord de l'Irak, elle prend de temps en temps des mesures pour l'éliminer, il s'agit d'une opération limitée dans ce contexte ».
Le docteur Diane Seaman, inspecteur de l’UNSCOM, a surpris des Irakiens qui tentaient de faire disparaître des carnets sur la création d’armes biologiques et chimiques interdites.
dimanche 28 septembre
Décès de Mounir Bachir, grand maître du luth irakien.
lundi 29 septembre
L'Irak ayant placé ses forces en état d'alerte après une incursion de l'armée turque dans le nord du pays, la Syrie a déplacé une division blindée (5 000 hommes) vers les zones kurdes. Cette manœuvre est interprétée comme un signe de réprobation de la part de Damas à l'adresse de la Turquie, qui a poursuivi ses opérations dans le nord de l'Irak, pour frapper les séparatistes kurdes du PKK.
Neuf avions de chasse iraniens ont bombardé deux bases de l'opposition iranienne en Irak. Deux civils ont été blessés. L'une des bases, Kut, située à cent soixante-dix kilomètres au sud-est de Bagdad, se trouve dans la zone interdite aux opérations aériennes par la communauté internationale pour protéger les minorités irakiennes. L'Irak, qui dénonce la violation de sa souveraineté et de son espace aérien, parle d' « agression perfide ».
mardi 30 septembre
Le gouvernement a annoncé que les rations alimentaires (notamment l'huile et les lentilles) allaient être réduites en octobre et les distributions de sel supprimées. Bagdad rend les Etats-Unis responsables de cette situation, Washington retardant le feu vert des Nations unies pour la livraison des denrées alimentaires dans le cadre de l'accord « pétrole contre nourriture ».
vendredi 3 octobre
Une nouvelle fois, les autorités irakiennes ont empêché les inspecteurs de l'ONU de visiter trois sites soupçonnés de renfermer des armes. Le chef de la mission de désarmement des Nations unies a adressé une lettre de protestation au vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz. Bagdad parle d'incidents « mineurs » dus à des « problèmes de logistique ». Par ailleurs, dans un discours devant l'assemblée générale des Nations unies, le ministre irakien des Affaires étrangères a appelé à une levée du blocus international qui frappe son pays depuis sept ans. Cet embargo doit être maintenu aussi longtemps que l'Irak n'aura pas appliqué toutes les résolutions sur son désarmement, votées par l'ONU après la guerre du Golfe.
samedi 4 octobre
Des locaux des Nations unies, en plein centre de Bagdad, ont été attaqués, dans la soirée, par des hommes armés non identifiés. Les Nations unies, qui parlent d' « incidents alarmants », ne déplorent pas de victime. Les autorités irakiennes ont annoncé l'arrestation d'un « agent des services de renseignement iraniens ».
dimanche 5 octobre
Les Etats-Unis ont décidé d'envoyer leur porte-avions Nimitz dans le golfe Persique. Cette décision fait suite aux récents raids aériens iraniens contre le sud de l'Irak. Washington entend « faire respecter de façon rigoureuse les zones d'exclusion aérienne » dans la région. Le Nimitz, qui transporte quatre-vingt avions, est accompagné de deux croiseurs, un destroyer, une frégate, un sous-marin d'attaque et un navire de soutien.
lundi 13 octobre
Après une trêve d'un an, les combats ont repris dans le nord de l'Irak entre formations kurdes rivales. Le porte-parole des Affaires humanitaires de l'ONU en Irak affirme qu'il « s'agit des affrontements les plus sérieux depuis 1996 ». L'Union démocratique du Kurdistan, de Jalal Talabani, et le Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani, s'accusent mutuellement d'avoir provoqué les affrontements.
samedi 18 octobre
L'UPK et le PDK ont annoncé qu'elles avaient négocié un cessez-le-feu sous l'égide des Etats-Unis pour mettre fin aux combats qui les a opposées toute la semaine dans le nord de l'Irak. Des négociations de paix vont maintenant chercher à trouver une solution politique au conflit.
mercredi 29 octobre
Le président irakien Saddam Hussein a décidé d'expulser d'Irak tout Américain membre de la Commission spéciale de l'ONU chargée du désarmement irakien (UNSCOM) pour protester contre la position américaine favorable au maintien de l'embargo international ; la demi-douzaine de personnel américain a une semaine pour quitter le pays. Toutefois, Saddam Hussein s'est bien gardé de rompre avec l'ONU. L’Irak annonce également qu’il abattra les appareils U2 utilisés par l’UNSCOM. La France et les Etats-Unis jugent « inacceptable » la décision de Bagdad ; le chef de l’UNSCOM suspend les activités de la mission en Irak.
jeudi 30 octobre
La tension est montée d'un cran entre l'Irak et les Nations unies. L'ONU menace Bagdad de représailles si sa décision d'expulser d'Irak les experts américains est maintenue. Saddam Hussein ne semble pas prêt à reculer : dans la soirée, trois experts américains de l'ONU ont été empêchés de débarquer de leur avion à Bagdad.
dimanche 2 novembre
Les autorités irakiennes ont empêché un expert américain de participer à une inspection de la Commission spéciale des Nations unies sur le désarmement de l'Irak (UNSCOM). Cet organisme a immédiatement interrompu ses trois opérations en cours.
lundi 3 novembre
Saddam Hussein a fini par accepter de recevoir les émissaires du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Les trois hommes (l'Algérien Lakhdar Brahimi, le Suédois Jan Eliassion et l'Argentin Emilio Cardenas) vont inviter leurs interlocuteurs à respecter les décisions des Nations unies et les prévenir des « graves conséquences » de leur éventuel refus de revenir sur l'expulsion des inspecteurs américains du désarmement. Les Etats-Unis vont néanmoins déployer des chasseurs supplémentaires dans le nord de l'Irak. Car les autorités irakiennes, qui menacent d'abattre les avions américains de reconnaissance, réaffirment leur intransigeance. Saddam Hussein a prétendu que même une intervention militaire ne le ferait pas revenir sur son refus d'accepter des inspecteurs américains. Et, pour montrer qu'il s'y préparait, il a placé son fils Oudaï à la tête des Fedayins de Saddam, un corps de volontaires destiné à prendre en chargé la défense du pays en cas d'attaque américaine.
mardi 4 novembre
L'Irak a accepté temporairement, dans la soirée, de ne pas mettre à exécution sa menace d'expulser sept inspecteurs américains. Aucune décision ne sera prise dans ce sens, le temps que les trois médiateurs de l'ONU conduisent leur mission dans Bagdad.
mercredi 5 novembre
Le chef de la mission de contrôle de l'ONU a accusé Bagdad d'avoir soustrait du « matériel sensible » placé sous la surveillance de ses inspecteurs et d'avoir délibérément faussé des caméras servant au contrôle du potentiel militaire irakien. Le ministre irakien des Affaires étrangères Mohammad Saïd al-Sahaff reconnaît les faits, précisant qu'il s'agissait de les soustraire à des « attaques militaires ».
jeudi 6 novembre
Les émissaires dépêchés par les Nations unies en Irak, pour tenter de convaincre Bagdad de revenir à la raison, ont multiplié les entretiens avec les dirigeants irakiens. L'un de ces émissaires, l'Algérien Lakhdar Brahimi, affirme : « Nous sommes dans une situation sérieuse ».
vendredi 7 novembre
La mission de bons offices dépêchée en Irak par le secrétaire général de l'ONU a quitté Bagdad sans réussir à convaincre Saddam Hussein de revenir sur sa décision d'expulser les experts américains. Les Etats-Unis invitent leurs partenaires à se montrer « fermes et résolus » face à Saddam Hussein. Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait maintenant être saisi du dossier, mais l'ambassadeur britannique auprès de l'ONU exclut qu'il se réunisse avant le 10 novembre pour « décider des prochaines mesures ».
dimanche 9 novembre
Pour la septième journée consécutive, Bagdad a interdit l'accès de ses sites sensibles aux missions de l'ONU.
lundi 10 novembre
Tarek Aziz s'est rendu au siège de l'ONU, à New York, pour demander : 1) de fixer une date limite pour une levée de l'embargo qui frappe l'Irak. 2) d'interdire aux inspecteurs la visite des sites « touchant à la sécurité nationale » de l'Irak. 3) et de revoir la composition de la commission. Faute de quoi, Bagdad expulsera les inspecteurs en désarmement américains. Des centaines d'Irakiens se sont offert comme bouclier humain dans le palais présidentiel, tandis que Saddam Hussein, qui évite de séjourner dans l'une de ses cinquante résidences officielles, a reçu les responsables de l'armée de l'air et de la défense aérienne. Chaque jour, les étudiants manifestent et brûlent des drapeaux américains.
mardi 11 novembre
Les autorités irakiennes ont empêché pour la huitième fois les inspecteurs américains de faire leur travail. Bagdad menace aussi à nouveau de tirer sur l'avion d'observation U2 dont la reprise des vols, la veille, s'est effectuée sans encombre.
mercredi 12 novembre
Les désaccords entre la France, la Chine et la Russie d'un côté, et les Etats-Unis de l'autre, vont conforter Saddam Hussein dans sa logique de provocation : pour qu'elle soit adoptée, l'ONU a du retirer de sa résolution, votée dans la soirée, le recours à la force. Le texte prévoit un durcissement symbolique des sanctions en interdisant les déplacements des responsables irakiens. Une fois de plus, Bagdad a réitéré son intention de tirer sur les avions occidentaux et a empêché, pour la neuvième fois, les inspecteurs américains de la commission d'effectuer leur travail. Les Etats-Unis affirment qu'ils peuvent décider unilatéralement d'une action militaire.
jeudi 13 novembre
La décision de Bagdad est tombée, signée par le Conseil de commandement de la résolution, la plus haute autorité irakienne, présidée par Saddam Hussein : « Tous les inspecteurs américains - cinq sur les cent dix membres de l'UNSCOM - doivent quitter l'Irak immédiatement, jusqu'à ce que l'administration américaine et le Conseil de sécurité de l'ONU décident de revoir leur politique irresponsable et leurs relations avec l'Irak ».
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 novembre
Les Américains de l'UNSCOM ont quitté l'Irak. Mais, Richard Butler, qui dirige cette mission de l'ONU a demandé à tous ses hommes de quitter le pays afin d'échapper au piège de discrimination entre Américains et non-Américains.
vendredi 14 novembre
Les autorités américaines ont décidé d'envoyer de nouvelles forces dans le Golfe Persique.
dimanche 16 novembre
Tarek Aziz n'a pas exclu un retour des inspecteurs américains mais « à parité égale avec ceux des autres pays ». En attendant, comme lors de la guerre du Golfe, les civils sont mobilisés sur les sites capables de servir de cibles pour empêcher les bombardements américains : bâtiments officiels, usine, centrales électriques, raffineries de pétrole. Le Koweït, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a manifesté publiquement son hostilité à l'usage de la force contre l'Irak.
lundi 17 novembre
Les Etats-Unis discutent avec la France et la Grande-Bretagne de la possibilité de pratiquer « des aménagements limités » dans l'accord « pétrole contre nourriture » afin d'inciter l'Irak à renouer sa coopération avec l'Unscom. Les « aménagements » porteraient sur un élargissement de la gamme de produits que Bagdad serait autorisé à importer, une augmentation du volume des exportations de brut et une extension de la période d'application de l'accord.
mardi 18 novembre
Tarek Aziz s'est rendu à Moscou où sa visite n'avait pas été annoncée. Il y a rencontré Evgueni Primakov, le ministre des Affaires étrangères, mais aussi le président Eltsine.
mercredi 19 novembre
Un plan, visant essentiellement à éviter une confrontation armée, a été préparé par la Russie, sur lequel Moscou n'a pas fourni de précision.
nuit du mercredi 19 au jeudi 20 novembre
Après trois semaines de crise, la Russie est parvenue, lors de la réunion de Genève, à faire fléchir Bagdad dans le sens souhaité par les Etats-Unis : l'Irak a autorisé le retour des inspecteurs de l'ONU sur son territoire, sans distinction de nationalité. Les Américains, qui n'ont rien cédé à Saddam Hussein, n'en poursuivent pas moins leur déploiement militaire : le porte avions USS George-Washington, à propulsion nucléaire, est arrivé dans la nuit avec son groupe naval dans le Golfe, portant à vingt-deux le nombre de navires américains croisant dans la région.
jeudi 20 novembre
Un observateur ghanéen des Nations unies a été blessé par balles sur un barrage de l'ONU à la frontière entre l'Irak et le Koweït.
vendredi 21 novembre
Les soixante-quinze experts de l'ONU chargés du désarmement de l'Irak sont rentrés à Bagdad. Leur avion s'est posé sur la base militaire de Habbaniya, à cent vingt kilomètres à l'ouest de la capitale irakienne, qu'ils ont regagné par la route.
samedi 22 novembre
Après trois semaines de crise, les experts de l'ONU, dont quatre Américains, ont repris leurs inspections de sites industriels et militaires irakiens
lundi 24 novembre
Richard Butler accuse Bagdad de mener une « campagne mensongère » au sujet de son armement et des sites « sensibles » dont elle interdit l'accès aux inspecteurs de l'ONU. Bagdad réplique en accusant à son tour les Etats-Unis de déclarations « mensongères » : les experts de l'ONU n'ont pas été interdits d'accès à soixante-trois sites mais « à trois sites présidentiels seulement, qui sont les symboles de la souveraineté nationale ». Ce jour, aux dires de Bagdad comme de l'ONU, les inspections se sont déroulées « sans encombres ».
mardi 25 novembre
Le Conseil de sécurité des Nations ne parvient pas à donner une réponse au rapport de l'Unscom. Il a décidé un nouvel ajournement d'une réunion consacrée à l'examen de ce rapport, en raison du désaccord persistant entre la Russie et les Etats-Unis sur une modification du fonctionnement de l'Unscom. Moscou n'apprécie pas non plus la position britannique sur ce sujet.
mercredi 26 novembre
La Russie et la France voudraient assouplir les sanctions qui pèsent sur l'Irak, mais les Etats-Unis ne veulent rient entendre. Pour Washington, qui continue de mobiliser ses forces dans le Golfe, ce serait une prime à la mauvaise foi de Saddam Hussein.
lundi 1er décembre
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, préconise une « révision d'urgence » de l'accord « pétrole contre nourriture » pour faire face à la dégradation de la situation humanitaire en Irak. Son rapport sur l'état sanitaire et nutritionnel de la population irakienne doit être examiné par le conseil de sécurité de l'ONU à partir du 2 décembre. Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils appuieraient un accroissement des revenus pétroliers de l'Irak, sans donner de chiffres.
vendredi 5 décembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a reconduit les sanctions contre l'Irak seulement autorisé à vendre pour deux milliards de dollars de pétrole dans les six mois. La France et la Russie, qui voulaient doubler la somme, ont obtenu une réduction du délai entre les ventes d'or noir et les livraisons de nourriture ainsi qu'un engagement de l'ONU à alléger l'embargo vers la fin janvier. Mécontent, Saddam Hussein a fermé le pipe-line qui relie le Kurdistan à la Méditerranée via la Turquie. Son but : faire monter les cours du pétrole (difficile en raison de l'augmentation de la demande) et faire pression sur les clients dans l'espoir qu'ils se retournent contre Washington.
lundi 8 décembre
Quatre étudiants jordaniens ont été exécutés à Bagdad pour trafic de pièces détachées automobiles. La Jordanie n'a pas été tenu informé du procès irakien et, selon le Premier ministre par intérim, « le roi Hussein a tenté jour et nuit de s'informer à ce sujet, mais les informations étaient rares... »
mardi 9 décembre
Le vice-président irakien et le ministre des Affaires étrangères ont assisté à l'ouverture du huitième sommet de l'Organisation de la conférence islamique à Téhéran, en Iran, longtemps considéré comme un ennemi.
mercredi 10 décembre
La Jordanie a décidé d'expulser sept diplomates irakiens et de rappeler son chargé d'affaires à Bagdad.
vendredi 12 décembre
Richard Butler, le chef des experts en désarmement de l'ONU, a entamé à Bagdad une mission destinée à obtenir l'accès de ses inspecteurs à tous les sites (y compris aux palais présidentiels) et sans condition. L'Irak a déjà annoncé l'échec de cette mission et un diplomate occidental, en poste à Bagdad à fait ce commentaire : « Il est certain que cette affaire va dégénérer. Jamais les positions des uns et des autres n'ont été aussi éloignées ».
L'Irak s'est félicité de la « position courageuse » de la France qui se démarque de la « politique agressive » des Etats-Unis.
mardi 16 décembre
Richard Butler a quitté Bagdad sans être parvenu à obtenir l'accès des palais présidentiels pour ses inspecteurs. L'Irak a même refusé de lui fournir la liste de ces sites, afin de « ne pas aider ceux qui veulent bombarder l'Irak à le faire avec plus de précision ».
jeudi 18 décembre
Butler précise, dans son rapport, que le refus de Bagdad d'autoriser l'inspection des palais présidentiels est « absolu ». En revanche, il indique que les autorités irakiennes ont accepté d' « améliorer les modalités d'inspection » des autres sites sensibles.
vendredi 19 décembre
Les inspecteurs de l'ONU ont découvert un produit chimique suspect qui pourrait être utilisé dans la fabrication d'un gaz mortel. Le produit est en cours d'analyse.
dimanche 21 décembre
L'Irak a établi un plan de distribution de vivres pour la troisième phase de l'accord « pétrole contre nourriture », reconduit le 5 décembre par le Conseil de sécurité. Ce plan sera soumis, « dans les prochains jours » au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Dès l'autorisation, l'Irak reprendra ses exportations de pétrole et passera des commandes de vivres.
lundi 22 décembre
Le Conseil de sécurité de l'ONU perd patience. Il a adopté, à l'unanimité, une déclaration appelant l'Irak à donner un « accès immédiat et inconditionnel » à ses palais présidentiels. Le Conseil déclare « inacceptable et en claire violation des résolutions de l'ONU » le refus irakien.
jeudi 25 décembre
La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, critique la politique de « deux poids, deux mesures » de la communauté internationale vis-à-vis de l'Irak et d'Israël. Pékin est opposé au maintien pour une durée « indéfinie » des sanctions contre Bagdad.
Une première à l'aéroport de Bagdad : un Tupolev a atterri dans la soirée avec, à son bord, cinq tonnes de médicaments et une vingtaine de personnalités politiques russes. L'appareil a été affrété par le leader nationaliste Vladimir Jirinowski. Au cours d'une récente visite en Irak, ce dernier avait annoncé que son parti ferait « un don au peuple et aux enfants d'Irak ».
du jeudi 25 au vendredi 26 décembre
L'aviation turque a bombardé des positions du PKK, dans le nord de l'Irak.
dimanche 28 décembre
Une délégation égyptienne comprenant le cinéaste Youssef Chahine, est arrivée à l'aéroport de Bagdad. Elle apporte deux tonnes et demie de médicaments destinés aux enfants irakiens. Les autorités irakiennes ont annoncé une réduction, le mois prochain, de la quantité de lait distribuée aux enfants à cause du retard dans l'application de l'accord « pétrole contre nourriture » conclu avec l'ONU.
lundi 29 décembre
L'Irak et la Jordanie ont reconduit pour un an l'accord de livraison de pétrole irakien à Amman. Ce commerce, qui devrait rapporter près de deux milliards de francs au régime de Saddam Hussein en 1998, est maintenu en vertu d'une dérogation de l'ONU à l'embargo international.
Bagdad a décidé d'autoriser 3 000 Irakiens à faire, en mars, le traditionnel pèlerinage de La Mecque. Ils ne furent que mille l'an dernier, en raison des restrictions imposées par l'embargo, alors que l'Irak a droit à un quota de 18 000 pèlerins par an. Le gouvernement irakien a demandé au secrétaire général de l'ONU de pouvoir affecter une partie des revenus provenant des ventes de pétrole brut au financement du pèlerinage. L'Irak réclame aussi aux pays arabes, l'Arabie Saoudite et la Syrie largement en tête, de lui rembourser leurs dettes : au total, quelque neuf milliards de francs (en dollars)...
mercredi 31 décembre
Les Etats-Unis qualifient de « crédibles » des informations de l'opposition irakienne évoquant 800 exécutions de détenus irakiens appartenant à différents groupes de l'opposition et demandent une enquête internationale.
Jusqu'à présent, les militaires irakiens installés dans les zones autonomes kurdes étaient considérés par Bagdad comme des déserteurs. Un décret du Conseil de commandement de la révolution annonce l'arrêt des poursuites judiciaires à leur encontre. Ces militaires sont appelés à rejoindre l'armée irakienne, mais l'amnistie touche également « ceux dont la situation familiale ne leur permet pas de réintégrer les rangs pour des raisons de sécurité ».
lundi 6 janvier
L'association française Equilibre (une ONG) a acheminé le premier convoi humanitaire en Irak. Dans les dix camions, quarante tonnes de matériel médical et de médicaments, 120 tonnes de vivres (riz, farine et sucre) qui vont être répartis par le Croissant Rouge entre les hôpitaux et des familles dans les dix-huit provinces.
nuit du mardi 7 au mercredi 8 janvier
Une attaque au mortier a visé les locaux abritant la principale organisation iranienne d'opposition en plein cœur de Bagdad. Selon le ministère irakien de l'Intérieur, elle a dévasté une rue de la ville et fait un mort et plusieurs blessés. Les moudjahidine du peuple affirment, eux, que les obus, tirés à partir d'un camion, n'ont pas touché leurs locaux. L'Irak accuse l'Iran d'être responsable de cet attentat.
lundi 13 janvier
Arrivée en France du vice-Premier ministre Tarek Aziz pour une visite de deux jours.
mercredi 15 janvier
L'allègement partiel de l'embargo ouvre la porte à des contrats (huit cents millions de francs en six mois). Tarek Aziz, en visite à Paris, indique que la France est en tête des pays qui ont signé. Elle a notamment vendu 300 000 tonnes de blé, 30 000 tonnes de lait pour enfants et 60 000 tonnes de sucre, des ambulances et des médicaments. En revanche, ce sont les sociétés américaines qui profitent de la vente de pétrole (deux milliards de dollars pour six mois).
vendredi 17 janvier
Blessé dans un attentat, Oudaï, le fils de Saddam Hussein, souhaitait être soigné en France. Cette dernière, qui avait déjà opposé une fin de non-recevoir, a réaffirmé sa position pour répondre à de violentes attaques de la presse irakienne parlant d' « erreur monumentale » du gouvernement français et affirmant que « cette attitude portera atteinte à la France ».
nuit du mercredi 22 au jeudi 23 janvier
Un attentat à la bombe a mis le feu à l'oléoduc irako-turc dans la région de Midyat, dans le sud-est du pays. L'attentat est attribué aux maquisards du PKK, les séparatistes kurdes. L'incendie a été maîtrisé dans la soirée du 23 janvier.
mercredi 29 janvier
Saddam Hussein n'a toujours pas renoncé à conquérir le Koweït qu'il estime être une « province » irakienne. C'est un haut responsable américain qui en a fait la confidence à Washington, précisant qu'il tenait ses informations « de bonne source ».
mardi 18 février
Le Congrès national iranien, un important mouvement d'opposition basé à Londres, affirme que Saddam Hussein a déplacé deux corps d'armée pour les positionner le long de sa frontière avec l'Iran. L'ensemble de l'armée irakienne aurait en outre été mis en alerte maximum.
dimanche 23 février
Après s'y être opposé pendant trois mois, Bagdad a autorisé les inspecteurs des Nations unies à venir s'assurer personnellement que les missiles à longue portée des forces irakiennes et leurs moteurs ont été bien détruits. Rolf Ekeus soupçonnait l'Irak d'avoir démonté ces moteurs de fabrication russe pour les soustraire à l'inspection internationale et d'avoir ensuite détruit les fusées.
lundi 3 mars
L'Irak a admis posséder 3,8 tonnes d'un gaz innervant mortel, le VX, a annoncé Rolf Ekeus. Cette nouvelle violation des résolutions de l'ONU, qui interdisent à l'Irak toute arme de destruction massive, ne vas pas améliorer l'image de Bagdad, alors même que le Conseil de sécurité de l'ONU discute du renouvellement des sanctions contre le régime irakien.
mardi 4 mars
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé de maintenir les sanctions imposées contre l'Irak, en raison du refus de Bagdad de se plier à ses résolutions.
mercredi 5 mars
Le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov, affirme que « les sanctions de l'ONU doivent être levées si l'Irak applique les résolutions du Conseil de sécurité sur le désarmement ». Et « tout va dans ce sens », a-t-il précisé à Moscou.
mardi 11 mars
Les vingt-deux barrages qu'Ankara veut construire sur le Tigre et l'Euphrate ne sont pas du goût de Bagdad. L'Irak a demandé à la Ligue arabe de faire pression auprès des entreprises participant à ces chantiers.
vendredi 21 mars
L'Irak et la Russie ont conclu un accord pour le développement d'un champ pétrolifère irakien, d'une valeur de près de 3,5 milliards de dollars. « L'accord s'appliquera indépendamment de la levée des sanctions économiques » imposées à l'Irak depuis août 1990.
lundi 31 mars
Le gouvernement va commencer sous peu la distribution de rations supplémentaires de farine, achetées en vertu de l'accord pétrole-nourriture. Un premier bateau chargé de 37 200 tonnes de blé français est arrivé au port d'Oum Qasr. Quatorze autres navires sont attendus ces jours-ci. Du coup, le quota de chaque famille irakienne passera de sept à neuf kilos de farine par mois.
mardi 1er avril
L'Irak veut « au moins » doubler les quantités de pétrole brut qu'il lui est possible d'exporter dans le cadre de l'accord pétrole-nourriture. Le renouvellement de cet accord devrait intervenir le mois prochain et Bagdad, qui exporte actuellement pour environ douze milliards de francs de brut par semestre, sollicitera donc une révision à la hausse.
mercredi 9 avril
Un appareil irakien a violé la zone d'exclusion aérienne imposée par l'ONU dans le sud pour déposer 104 pèlerins irakiens à La Mecque (Arabie Saoudite).
dimanche 20 avril
Le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï, trente-trois ans, victime d'un attentat en décembre, a été opéré par une équipe franco-allemande. L'opération visait à extraire une balle logée près de la colonne vertébrale.
lundi 21 avril
Bagdad a fait savoir qu'il violera la zone d'exclusion aérienne qui lui imposée par l'ONU au sud du pays, pour « ramener les pèlerins irakiens qui se sont rendus à La Mecque », en Arabie Saoudite.
mardi 22 avril
L'opération de retour des pèlerins de La Mecque a eu lieu, en dépit des mises en garde des Etats-Unis, menaçant de « prendre des mesures appropriées ».
dimanche 27 avril
Malgré l'interdiction qui lui en est faite par l'embargo aérien, l'Irak a rapatrié par hélicoptère tous ses ressortissants partis en pèlerinage à La Mecque. Les Etats-Unis ont renoncé à envisager des représailles militaires.
lundi 5 mai
La Chine a demandé la levée des sanctions contre l'Irak, au premier jour d'une visite officielle à Pékin du vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, reproche aux pays occidentaux, en particulier aux Etats-Unis, de brimer l'Irak.
mercredi 14 mai
Appuyés par des chars, des troupes turques sont entrées dans la zone kurde du nord de l'Irak, pour combattre le PKK, les Kurdes de Turquie qui y ont établi leurs bases. Ankara justifie cette opération par un appel du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, attaqué par le PKK qui voudrait s'affirmer dans cette région échappant au contrôle de Bagdad.
lundi 19 mai
Les combats entre Turcs et Kurdes, qui font rage depuis cinq jours dans le nord de l'Irak, auraient fait, selon l'armée turque (qui a engagé de 10 000 à 50 000 soldats et « gardiens de villages », miliciens kurdes pro-turcs, soutenus par les chars et l'aviation) près de 1081 morts chez les séparatistes kurdes de Turquie, et quatorze morts et vingt-cinq blessés du côté gouvernemental. Objectif des Turcs : placés la région sous le contrôle du Kurde irakien Massoud Barzani. L'offensive turque bénéficie du soutien des peshmergas (combattants) du PDK de ce dernier. Toutefois, les rebelles du PKK ont annoncé le lancement, la nuit précédente, de plusieurs opérations militaires contre des cibles militaires turques en Turquie même. Ils n'avouent qu'une dizaine de mort depuis le début de l'offensive turque. Depuis Paris (France), le « Centre d'information du Kurdistan » a lancé un appel en faveur d'une intervention des Etats-Unis contre ce qu'il appelle « un crime contre l'humanité ». Ce centre fait notamment état du « massacre » d'une centaine de civils à Erbil, dont quatorze blessés exécutés à l'intérieur de l'hôpital du Croissant-Rouge du Kurdistan. Plus d'un millier de personnes auraient été emmenées par l'armée turque. Officiellement, L'Irak a demandé à Ankara de retirer ses forces mais bien des diplomates affirment que Bagdad a donné, en fait, son feu vert à l'armée turque. Celle-ci a d'ailleurs annoncé haut et clair que l'opération se poursuivra jusqu'à la « neutralisation » des séparatistes et la soumission de cette région au contrôle de Barzani.
mercredi 21 mai
L'Irak et l'Iran renforcent leur frontière le long de l'enclave kurde irakienne, dans le nord de l'Irak, où l'armée turque est engagée contre les rebelles kurdes de Turquie, le PKK. La Syrie aurait aussi renforcé ses troupes le long de sa frontière avec le nord de l'Irak, sous prétexte de « manœuvres ».
mercredi 4 juin
L'Irak et la Chine sont signé un accord pétrolier portant sur près de sept milliards de francs. Pékin assurera le développement du gisement d'Al-Ahdab, à 180 kilomètres au sud de Bagdad. La Chine est le deuxième pays membre du Conseil de sécurité de l'ONU, après la Russie, à signer un accord de cet ordre avec l'Irak. Logiquement, les travaux de développement des gisements irakiens ne devraient pas être entamés avant la levée de l'embargo imposé par l'ONU à Bagdad depuis août 1990. Dans la soirée, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé, à l'unanimité, la prolongation pour six mois du programme autorisant l'Irak à exporter une quantité limité de pétrole pour pouvoir acheter des vivres et des médicaments. Mais il a rejeté la demande de Bagdad qui voudrait exporter plus de pétrole.
Un hélicoptère de l'armée turque s'est écrasé dans la matinée dans le nord de l'Irak, où les forces d'Ankara ont engagé une opération contre les bases arrières de la rébellion kurde du PKK il y a trois semaines. Les onze militaires qui se trouvaient à bord ont été tués. Selon Ankara, l'accident est dû à une défaillance mécanique.
lundi 9 juin
Oudaï Hussein, le fils aîné du président irakien, a quitté l'hôpital. Selon l'agence officielle irakienne, il est « complètement rétabli des suites de la lâche agression dont il a été victime » en décembre 1996.
mardi 10 juin
L'armée turque va-t-elle créer une « zone de sécurité » dans le nord de l'Irak ? La rumeur d'un tel projet court alors que les troupes d'Ankara, alliées aux partisans kurdes irakiens de Massoud Barzani, poursuivent leurs opérations de « nettoyage » déclenchées le 14 mai dans cette région contre les rebelles du PKK. Pas question de se retirer de cette zone si les rebelles doivent y revenir, a-t-on déclaré de source militaire turque.
samedi 21 juin
Le Conseil de sécurité des Nations unies a menacé l'Irak de nouvelles sanctions s'il ne coopérait pas pleinement d'ici à octobre avec les inspecteurs chargés du démantèlement de son potentiel de destruction massive. Ce qui n'est pas le cas actuellement.
dimanche 29 juin
Les rations alimentaires des Irakiens vont être un peu augmentées en Juillet. Selon le ministère du Commerce, les rations mensuelles de sucre vont ainsi être portées de cinq cents grammes à deux kilos, celles de thé de cent à cent cinquante grammes, et le lait en poudre pour bébé de 1,8 à 2,7 kilos. Les haricots et le sel réapparaissent et il y aura aussi un peu plus de savon et de lessive. Enfin, la ration de riz passe de 1,25 à deux kilos. Mais cette dernière était encore, en mai, de 2,5 kilos et avait été réduite en juin. Malgré l'accord dit « pétrole contre nourriture », la population souffre encore de terribles restrictions, dont Bagdad rend les Etats-Unis responsables.
lundi 7 juillet
Les forces armées turques mettent fin à l’opération Marteau : venus soutenir les forces du Parti démocratique kurde contre son rival du Parti des travailleurs kurdes, les Turcs se retirent du nord de l’Irak.
Ankara a levé l'interdiction du commerce frontalier avec l'Irak qu'elle avait prise il y a sept ans, après l'invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein. « C'est notre première décision », a simplement commenté le vice-Premier ministre, Bulent Ecevit, laissant supposer que son gouvernement allait en prendre d'autres. On ignore si les Nations unies considéreront cette « première décision » turque comme une violation de l'embargo qu'elles imposent depuis août 1990 sur le commerce avec l'Irak.
lundi 28 juillet
Saddam Hussein a décidé d'accorder la nationalité irakienne à tous les Arabes qui en feront la demande. Le décret exclut toutefois les Palestiniens de cette mesure, car Bagdad, qui se pose en champion de la cause des Palestiniens et qui milite pour leur droit au retour, ne veut pas encourager leur implantation ailleurs qu'en Palestine.
mercredi 6 août
L'Irak a annoncé qu'il reprendrait entre le 15 et 20 août, ses exportations de pétrole. Lors d'une conférence de presse à Bagdad, le gouvernement a déclaré qu'il allait s'efforcer de vendre pour deux milliards de dollars d'ici au 6 décembre, conformément à l'accord dit « pétrole contre nourriture ». L'Irak se dit prêt à acheminer du brut via la Syrie si Damas accepte de rouvrir l'oléoduc fermé en 1982.
samedi 13 septembre
Un officier irakien a attaqué un inspecteur de l’UNSCOM qui tentait de prendre des photos d’un convoi de véhicules depuis un hélicoptère.
mercredi 17 septembre
Crise du désarmement irakien : des inspecteurs de l’UNSCOM ont filmé des gardes irakiens brûlant des documents secrets avant de les jeter dans une rivière.
jeudi 25 septembre
De violents accrochages se sont produits dans le nord de l'Irak où 15 000 soldats turcs ont fait irruption, appuyés par une centaine de chars, pour combattre les séparatistes kurdes du PKK. Le ministère turc des Affaires étrangères a expliqué : « La Turquie a un problème de terrorisme émanant du nord de l'Irak, elle prend de temps en temps des mesures pour l'éliminer, il s'agit d'une opération limitée dans ce contexte ».
Le docteur Diane Seaman, inspecteur de l’UNSCOM, a surpris des Irakiens qui tentaient de faire disparaître des carnets sur la création d’armes biologiques et chimiques interdites.
dimanche 28 septembre
Décès de Mounir Bachir, grand maître du luth irakien.
lundi 29 septembre
L'Irak ayant placé ses forces en état d'alerte après une incursion de l'armée turque dans le nord du pays, la Syrie a déplacé une division blindée (5 000 hommes) vers les zones kurdes. Cette manœuvre est interprétée comme un signe de réprobation de la part de Damas à l'adresse de la Turquie, qui a poursuivi ses opérations dans le nord de l'Irak, pour frapper les séparatistes kurdes du PKK.
Neuf avions de chasse iraniens ont bombardé deux bases de l'opposition iranienne en Irak. Deux civils ont été blessés. L'une des bases, Kut, située à cent soixante-dix kilomètres au sud-est de Bagdad, se trouve dans la zone interdite aux opérations aériennes par la communauté internationale pour protéger les minorités irakiennes. L'Irak, qui dénonce la violation de sa souveraineté et de son espace aérien, parle d' « agression perfide ».
mardi 30 septembre
Le gouvernement a annoncé que les rations alimentaires (notamment l'huile et les lentilles) allaient être réduites en octobre et les distributions de sel supprimées. Bagdad rend les Etats-Unis responsables de cette situation, Washington retardant le feu vert des Nations unies pour la livraison des denrées alimentaires dans le cadre de l'accord « pétrole contre nourriture ».
vendredi 3 octobre
Une nouvelle fois, les autorités irakiennes ont empêché les inspecteurs de l'ONU de visiter trois sites soupçonnés de renfermer des armes. Le chef de la mission de désarmement des Nations unies a adressé une lettre de protestation au vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz. Bagdad parle d'incidents « mineurs » dus à des « problèmes de logistique ». Par ailleurs, dans un discours devant l'assemblée générale des Nations unies, le ministre irakien des Affaires étrangères a appelé à une levée du blocus international qui frappe son pays depuis sept ans. Cet embargo doit être maintenu aussi longtemps que l'Irak n'aura pas appliqué toutes les résolutions sur son désarmement, votées par l'ONU après la guerre du Golfe.
samedi 4 octobre
Des locaux des Nations unies, en plein centre de Bagdad, ont été attaqués, dans la soirée, par des hommes armés non identifiés. Les Nations unies, qui parlent d' « incidents alarmants », ne déplorent pas de victime. Les autorités irakiennes ont annoncé l'arrestation d'un « agent des services de renseignement iraniens ».
dimanche 5 octobre
Les Etats-Unis ont décidé d'envoyer leur porte-avions Nimitz dans le golfe Persique. Cette décision fait suite aux récents raids aériens iraniens contre le sud de l'Irak. Washington entend « faire respecter de façon rigoureuse les zones d'exclusion aérienne » dans la région. Le Nimitz, qui transporte quatre-vingt avions, est accompagné de deux croiseurs, un destroyer, une frégate, un sous-marin d'attaque et un navire de soutien.
lundi 13 octobre
Après une trêve d'un an, les combats ont repris dans le nord de l'Irak entre formations kurdes rivales. Le porte-parole des Affaires humanitaires de l'ONU en Irak affirme qu'il « s'agit des affrontements les plus sérieux depuis 1996 ». L'Union démocratique du Kurdistan, de Jalal Talabani, et le Parti démocratique du Kurdistan, de Massoud Barzani, s'accusent mutuellement d'avoir provoqué les affrontements.
samedi 18 octobre
L'UPK et le PDK ont annoncé qu'elles avaient négocié un cessez-le-feu sous l'égide des Etats-Unis pour mettre fin aux combats qui les a opposées toute la semaine dans le nord de l'Irak. Des négociations de paix vont maintenant chercher à trouver une solution politique au conflit.
mercredi 29 octobre
Le président irakien Saddam Hussein a décidé d'expulser d'Irak tout Américain membre de la Commission spéciale de l'ONU chargée du désarmement irakien (UNSCOM) pour protester contre la position américaine favorable au maintien de l'embargo international ; la demi-douzaine de personnel américain a une semaine pour quitter le pays. Toutefois, Saddam Hussein s'est bien gardé de rompre avec l'ONU. L’Irak annonce également qu’il abattra les appareils U2 utilisés par l’UNSCOM. La France et les Etats-Unis jugent « inacceptable » la décision de Bagdad ; le chef de l’UNSCOM suspend les activités de la mission en Irak.
jeudi 30 octobre
La tension est montée d'un cran entre l'Irak et les Nations unies. L'ONU menace Bagdad de représailles si sa décision d'expulser d'Irak les experts américains est maintenue. Saddam Hussein ne semble pas prêt à reculer : dans la soirée, trois experts américains de l'ONU ont été empêchés de débarquer de leur avion à Bagdad.
dimanche 2 novembre
Les autorités irakiennes ont empêché un expert américain de participer à une inspection de la Commission spéciale des Nations unies sur le désarmement de l'Irak (UNSCOM). Cet organisme a immédiatement interrompu ses trois opérations en cours.
lundi 3 novembre
Saddam Hussein a fini par accepter de recevoir les émissaires du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Les trois hommes (l'Algérien Lakhdar Brahimi, le Suédois Jan Eliassion et l'Argentin Emilio Cardenas) vont inviter leurs interlocuteurs à respecter les décisions des Nations unies et les prévenir des « graves conséquences » de leur éventuel refus de revenir sur l'expulsion des inspecteurs américains du désarmement. Les Etats-Unis vont néanmoins déployer des chasseurs supplémentaires dans le nord de l'Irak. Car les autorités irakiennes, qui menacent d'abattre les avions américains de reconnaissance, réaffirment leur intransigeance. Saddam Hussein a prétendu que même une intervention militaire ne le ferait pas revenir sur son refus d'accepter des inspecteurs américains. Et, pour montrer qu'il s'y préparait, il a placé son fils Oudaï à la tête des Fedayins de Saddam, un corps de volontaires destiné à prendre en chargé la défense du pays en cas d'attaque américaine.
mardi 4 novembre
L'Irak a accepté temporairement, dans la soirée, de ne pas mettre à exécution sa menace d'expulser sept inspecteurs américains. Aucune décision ne sera prise dans ce sens, le temps que les trois médiateurs de l'ONU conduisent leur mission dans Bagdad.
mercredi 5 novembre
Le chef de la mission de contrôle de l'ONU a accusé Bagdad d'avoir soustrait du « matériel sensible » placé sous la surveillance de ses inspecteurs et d'avoir délibérément faussé des caméras servant au contrôle du potentiel militaire irakien. Le ministre irakien des Affaires étrangères Mohammad Saïd al-Sahaff reconnaît les faits, précisant qu'il s'agissait de les soustraire à des « attaques militaires ».
jeudi 6 novembre
Les émissaires dépêchés par les Nations unies en Irak, pour tenter de convaincre Bagdad de revenir à la raison, ont multiplié les entretiens avec les dirigeants irakiens. L'un de ces émissaires, l'Algérien Lakhdar Brahimi, affirme : « Nous sommes dans une situation sérieuse ».
vendredi 7 novembre
La mission de bons offices dépêchée en Irak par le secrétaire général de l'ONU a quitté Bagdad sans réussir à convaincre Saddam Hussein de revenir sur sa décision d'expulser les experts américains. Les Etats-Unis invitent leurs partenaires à se montrer « fermes et résolus » face à Saddam Hussein. Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait maintenant être saisi du dossier, mais l'ambassadeur britannique auprès de l'ONU exclut qu'il se réunisse avant le 10 novembre pour « décider des prochaines mesures ».
dimanche 9 novembre
Pour la septième journée consécutive, Bagdad a interdit l'accès de ses sites sensibles aux missions de l'ONU.
lundi 10 novembre
Tarek Aziz s'est rendu au siège de l'ONU, à New York, pour demander : 1) de fixer une date limite pour une levée de l'embargo qui frappe l'Irak. 2) d'interdire aux inspecteurs la visite des sites « touchant à la sécurité nationale » de l'Irak. 3) et de revoir la composition de la commission. Faute de quoi, Bagdad expulsera les inspecteurs en désarmement américains. Des centaines d'Irakiens se sont offert comme bouclier humain dans le palais présidentiel, tandis que Saddam Hussein, qui évite de séjourner dans l'une de ses cinquante résidences officielles, a reçu les responsables de l'armée de l'air et de la défense aérienne. Chaque jour, les étudiants manifestent et brûlent des drapeaux américains.
mardi 11 novembre
Les autorités irakiennes ont empêché pour la huitième fois les inspecteurs américains de faire leur travail. Bagdad menace aussi à nouveau de tirer sur l'avion d'observation U2 dont la reprise des vols, la veille, s'est effectuée sans encombre.
mercredi 12 novembre
Les désaccords entre la France, la Chine et la Russie d'un côté, et les Etats-Unis de l'autre, vont conforter Saddam Hussein dans sa logique de provocation : pour qu'elle soit adoptée, l'ONU a du retirer de sa résolution, votée dans la soirée, le recours à la force. Le texte prévoit un durcissement symbolique des sanctions en interdisant les déplacements des responsables irakiens. Une fois de plus, Bagdad a réitéré son intention de tirer sur les avions occidentaux et a empêché, pour la neuvième fois, les inspecteurs américains de la commission d'effectuer leur travail. Les Etats-Unis affirment qu'ils peuvent décider unilatéralement d'une action militaire.
jeudi 13 novembre
La décision de Bagdad est tombée, signée par le Conseil de commandement de la résolution, la plus haute autorité irakienne, présidée par Saddam Hussein : « Tous les inspecteurs américains - cinq sur les cent dix membres de l'UNSCOM - doivent quitter l'Irak immédiatement, jusqu'à ce que l'administration américaine et le Conseil de sécurité de l'ONU décident de revoir leur politique irresponsable et leurs relations avec l'Irak ».
nuit du jeudi 13 au vendredi 14 novembre
Les Américains de l'UNSCOM ont quitté l'Irak. Mais, Richard Butler, qui dirige cette mission de l'ONU a demandé à tous ses hommes de quitter le pays afin d'échapper au piège de discrimination entre Américains et non-Américains.
vendredi 14 novembre
Les autorités américaines ont décidé d'envoyer de nouvelles forces dans le Golfe Persique.
dimanche 16 novembre
Tarek Aziz n'a pas exclu un retour des inspecteurs américains mais « à parité égale avec ceux des autres pays ». En attendant, comme lors de la guerre du Golfe, les civils sont mobilisés sur les sites capables de servir de cibles pour empêcher les bombardements américains : bâtiments officiels, usine, centrales électriques, raffineries de pétrole. Le Koweït, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a manifesté publiquement son hostilité à l'usage de la force contre l'Irak.
lundi 17 novembre
Les Etats-Unis discutent avec la France et la Grande-Bretagne de la possibilité de pratiquer « des aménagements limités » dans l'accord « pétrole contre nourriture » afin d'inciter l'Irak à renouer sa coopération avec l'Unscom. Les « aménagements » porteraient sur un élargissement de la gamme de produits que Bagdad serait autorisé à importer, une augmentation du volume des exportations de brut et une extension de la période d'application de l'accord.
mardi 18 novembre
Tarek Aziz s'est rendu à Moscou où sa visite n'avait pas été annoncée. Il y a rencontré Evgueni Primakov, le ministre des Affaires étrangères, mais aussi le président Eltsine.
mercredi 19 novembre
Un plan, visant essentiellement à éviter une confrontation armée, a été préparé par la Russie, sur lequel Moscou n'a pas fourni de précision.
nuit du mercredi 19 au jeudi 20 novembre
Après trois semaines de crise, la Russie est parvenue, lors de la réunion de Genève, à faire fléchir Bagdad dans le sens souhaité par les Etats-Unis : l'Irak a autorisé le retour des inspecteurs de l'ONU sur son territoire, sans distinction de nationalité. Les Américains, qui n'ont rien cédé à Saddam Hussein, n'en poursuivent pas moins leur déploiement militaire : le porte avions USS George-Washington, à propulsion nucléaire, est arrivé dans la nuit avec son groupe naval dans le Golfe, portant à vingt-deux le nombre de navires américains croisant dans la région.
jeudi 20 novembre
Un observateur ghanéen des Nations unies a été blessé par balles sur un barrage de l'ONU à la frontière entre l'Irak et le Koweït.
vendredi 21 novembre
Les soixante-quinze experts de l'ONU chargés du désarmement de l'Irak sont rentrés à Bagdad. Leur avion s'est posé sur la base militaire de Habbaniya, à cent vingt kilomètres à l'ouest de la capitale irakienne, qu'ils ont regagné par la route.
samedi 22 novembre
Après trois semaines de crise, les experts de l'ONU, dont quatre Américains, ont repris leurs inspections de sites industriels et militaires irakiens
lundi 24 novembre
Richard Butler accuse Bagdad de mener une « campagne mensongère » au sujet de son armement et des sites « sensibles » dont elle interdit l'accès aux inspecteurs de l'ONU. Bagdad réplique en accusant à son tour les Etats-Unis de déclarations « mensongères » : les experts de l'ONU n'ont pas été interdits d'accès à soixante-trois sites mais « à trois sites présidentiels seulement, qui sont les symboles de la souveraineté nationale ». Ce jour, aux dires de Bagdad comme de l'ONU, les inspections se sont déroulées « sans encombres ».
mardi 25 novembre
Le Conseil de sécurité des Nations ne parvient pas à donner une réponse au rapport de l'Unscom. Il a décidé un nouvel ajournement d'une réunion consacrée à l'examen de ce rapport, en raison du désaccord persistant entre la Russie et les Etats-Unis sur une modification du fonctionnement de l'Unscom. Moscou n'apprécie pas non plus la position britannique sur ce sujet.
mercredi 26 novembre
La Russie et la France voudraient assouplir les sanctions qui pèsent sur l'Irak, mais les Etats-Unis ne veulent rient entendre. Pour Washington, qui continue de mobiliser ses forces dans le Golfe, ce serait une prime à la mauvaise foi de Saddam Hussein.
lundi 1er décembre
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, préconise une « révision d'urgence » de l'accord « pétrole contre nourriture » pour faire face à la dégradation de la situation humanitaire en Irak. Son rapport sur l'état sanitaire et nutritionnel de la population irakienne doit être examiné par le conseil de sécurité de l'ONU à partir du 2 décembre. Les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils appuieraient un accroissement des revenus pétroliers de l'Irak, sans donner de chiffres.
vendredi 5 décembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a reconduit les sanctions contre l'Irak seulement autorisé à vendre pour deux milliards de dollars de pétrole dans les six mois. La France et la Russie, qui voulaient doubler la somme, ont obtenu une réduction du délai entre les ventes d'or noir et les livraisons de nourriture ainsi qu'un engagement de l'ONU à alléger l'embargo vers la fin janvier. Mécontent, Saddam Hussein a fermé le pipe-line qui relie le Kurdistan à la Méditerranée via la Turquie. Son but : faire monter les cours du pétrole (difficile en raison de l'augmentation de la demande) et faire pression sur les clients dans l'espoir qu'ils se retournent contre Washington.
lundi 8 décembre
Quatre étudiants jordaniens ont été exécutés à Bagdad pour trafic de pièces détachées automobiles. La Jordanie n'a pas été tenu informé du procès irakien et, selon le Premier ministre par intérim, « le roi Hussein a tenté jour et nuit de s'informer à ce sujet, mais les informations étaient rares... »
mardi 9 décembre
Le vice-président irakien et le ministre des Affaires étrangères ont assisté à l'ouverture du huitième sommet de l'Organisation de la conférence islamique à Téhéran, en Iran, longtemps considéré comme un ennemi.
mercredi 10 décembre
La Jordanie a décidé d'expulser sept diplomates irakiens et de rappeler son chargé d'affaires à Bagdad.
vendredi 12 décembre
Richard Butler, le chef des experts en désarmement de l'ONU, a entamé à Bagdad une mission destinée à obtenir l'accès de ses inspecteurs à tous les sites (y compris aux palais présidentiels) et sans condition. L'Irak a déjà annoncé l'échec de cette mission et un diplomate occidental, en poste à Bagdad à fait ce commentaire : « Il est certain que cette affaire va dégénérer. Jamais les positions des uns et des autres n'ont été aussi éloignées ».
L'Irak s'est félicité de la « position courageuse » de la France qui se démarque de la « politique agressive » des Etats-Unis.
mardi 16 décembre
Richard Butler a quitté Bagdad sans être parvenu à obtenir l'accès des palais présidentiels pour ses inspecteurs. L'Irak a même refusé de lui fournir la liste de ces sites, afin de « ne pas aider ceux qui veulent bombarder l'Irak à le faire avec plus de précision ».
jeudi 18 décembre
Butler précise, dans son rapport, que le refus de Bagdad d'autoriser l'inspection des palais présidentiels est « absolu ». En revanche, il indique que les autorités irakiennes ont accepté d' « améliorer les modalités d'inspection » des autres sites sensibles.
vendredi 19 décembre
Les inspecteurs de l'ONU ont découvert un produit chimique suspect qui pourrait être utilisé dans la fabrication d'un gaz mortel. Le produit est en cours d'analyse.
dimanche 21 décembre
L'Irak a établi un plan de distribution de vivres pour la troisième phase de l'accord « pétrole contre nourriture », reconduit le 5 décembre par le Conseil de sécurité. Ce plan sera soumis, « dans les prochains jours » au secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Dès l'autorisation, l'Irak reprendra ses exportations de pétrole et passera des commandes de vivres.
lundi 22 décembre
Le Conseil de sécurité de l'ONU perd patience. Il a adopté, à l'unanimité, une déclaration appelant l'Irak à donner un « accès immédiat et inconditionnel » à ses palais présidentiels. Le Conseil déclare « inacceptable et en claire violation des résolutions de l'ONU » le refus irakien.
jeudi 25 décembre
La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, critique la politique de « deux poids, deux mesures » de la communauté internationale vis-à-vis de l'Irak et d'Israël. Pékin est opposé au maintien pour une durée « indéfinie » des sanctions contre Bagdad.
Une première à l'aéroport de Bagdad : un Tupolev a atterri dans la soirée avec, à son bord, cinq tonnes de médicaments et une vingtaine de personnalités politiques russes. L'appareil a été affrété par le leader nationaliste Vladimir Jirinowski. Au cours d'une récente visite en Irak, ce dernier avait annoncé que son parti ferait « un don au peuple et aux enfants d'Irak ».
du jeudi 25 au vendredi 26 décembre
L'aviation turque a bombardé des positions du PKK, dans le nord de l'Irak.
dimanche 28 décembre
Une délégation égyptienne comprenant le cinéaste Youssef Chahine, est arrivée à l'aéroport de Bagdad. Elle apporte deux tonnes et demie de médicaments destinés aux enfants irakiens. Les autorités irakiennes ont annoncé une réduction, le mois prochain, de la quantité de lait distribuée aux enfants à cause du retard dans l'application de l'accord « pétrole contre nourriture » conclu avec l'ONU.
lundi 29 décembre
L'Irak et la Jordanie ont reconduit pour un an l'accord de livraison de pétrole irakien à Amman. Ce commerce, qui devrait rapporter près de deux milliards de francs au régime de Saddam Hussein en 1998, est maintenu en vertu d'une dérogation de l'ONU à l'embargo international.
Bagdad a décidé d'autoriser 3 000 Irakiens à faire, en mars, le traditionnel pèlerinage de La Mecque. Ils ne furent que mille l'an dernier, en raison des restrictions imposées par l'embargo, alors que l'Irak a droit à un quota de 18 000 pèlerins par an. Le gouvernement irakien a demandé au secrétaire général de l'ONU de pouvoir affecter une partie des revenus provenant des ventes de pétrole brut au financement du pèlerinage. L'Irak réclame aussi aux pays arabes, l'Arabie Saoudite et la Syrie largement en tête, de lui rembourser leurs dettes : au total, quelque neuf milliards de francs (en dollars)...
mercredi 31 décembre
Les Etats-Unis qualifient de « crédibles » des informations de l'opposition irakienne évoquant 800 exécutions de détenus irakiens appartenant à différents groupes de l'opposition et demandent une enquête internationale.