vendredi 2 janvier
L'Irak dément avoir exécuté des prisonniers politiques, comme l'affirme l'opposition irakienne. Bagdad parle de « propagande orchestrée et hostile à l'Irak, déclenchée par la prétendue opposition ».
Des inconnus ont attaqué à la roquette lance-grenades le centre d'opérations des Nations unies à Bagdad, sans faire de victime (le bâtiment était désert). C'est la deuxième attaque contre un bâtiment de l'ONU en Irak en trois mois.
lundi 5 janvier
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a approuvé, dans la soirée, le plan de distribution de vivres à l'Irak établi par Bagdad. Ce qui, dans le cadre de l'accord « pétrole contre nourriture », ouvre la voie à une reprise des exportations de pétrole irakiennes. Dans les deux jours, a précisé l'Irak.
lundi 12 janvier
L'Irak a décidé, de nouveau, d'interdire, à partir du 13 janvier, les inspections d'une équipe de seize experts de l'ONU en désarmement parce qu'elle est conduite par un Américain et comprend neuf Américains et cinq Britanniques. L'ONU annonce qu'elle va poursuivre ses inspections en dépit de cette nouvelle interdiction.
mardi 13 janvier
Saddam Hussein a mis ses menaces à exécuter : une équipe d'experts de l'ONU a dû renoncer à inspecter les sites qu'elle voulait contrôler. Motif invoqué : trop d'Américains et de Britanniques dans cette équipe des Nations unies. Estimant que les Irakiens « tirent vraiment trop sur la corde », Washington a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en précisant que les Etats-Unis étaient prêts à « agir seul s'il le faut ». Cette équipe d'experts voulait vérifier si des prisonniers n'ont pas été utilisés comme cobayes pour tester des armes biologiques et chimiques.
vendredi 16 janvier
La France, la Russie et la Chine seront mieux représenter au sein de l'Unscom. Richard Butler espère ainsi résoudre la crise déclenchée par Saddam Hussein, qui juge les experts américains trop nombreux. Scotter Ritter, inspecteur américain de l'ONU et bête noire de Saddam Hussein, a quitté l'Irak faute d'avoir accès aux sites présidentiels dans lesquels le chef d'Etat irakien est soupçonné de cacher des armes qu'il aurait dû démanteler.
samedi 17 janvier
Dans la soirée, dans un discours télévisé marquant le septième anniversaire du déclenchement de la guerre du Golfe, Saddam Hussein a menacé de fixer un délai de six mois aux inspecteurs de l'ONU en mission pour surveiller le désarmement irakien. Il a aussi lancé une campagne de mobilisation pour se préparer à « une éventuelle attaque américaine ». Il a assuré que « le peuple et la direction de l'Irak sont déterminés à mener le grand jihad (guerre sainte) pour la levée de l'embargo ».
nuit du samedi 17 au dimanche 18 janvier
Six Irakiens et deux Egyptiens ont été tués à l'arme blanche dans la villa d'un quartier huppé de la capitale jordanienne appartenant à un riche homme d'affaires irakiens. Parmi les victimes figurent le numéro deux de l'ambassade d'Irak en Jordanie, Hekmat al-Hejjou, ministre plénipotentiaire. Selon la police jordanienne, « la cruauté et le professionnalisme des tueurs désignent un service secret ou une mafia ». Les autorités jordaniennes excluent à priori les motivations politiques et privilégient plutôt des « dissensions financières ».
dimanche 18 janvier
Reprenant les paroles mêmes du Président Hussein, le ministère de la Défense a appelé les volontaires « hommes et femmes de tous âges capables de porter les armes », ainsi que les officiers et sous-officiers retraités, à se présenter dans les permanences du Baas à partir du 1er février, pour y suivre un « entraînement populaire ». Ce délai doit permettre d'attendre la fin du mois de ramadan et la fête du Fitr, aux derniers jours de janvier.
Les Américains renforcent leurs positions dans le golfe Persique : la 3e division d’infanterie de Fort Stewart (Géorgie) déploie 4 000 hommes et 2 900 tonnes d’équipements pour 120 avions.
lundi 19 janvier
Dénonçant Richard Butler, qui vient d'arriver à Bagdad, comme un « agent américain » et ses inspecteurs comme des « espions à la solde de l'Amérique », plus de 5 000 manifestants se sont rassemblés devant le siège de l'ONU à Bagdad où ils ont brûlé un drapeau américain. Au même moment, les funérailles collectives de soixante enfants victimes des restrictions dues à l'embargo se sont transformés, elles aussi, en manifestation anti-américaine. Le cortège funèbre conduit par des députés. « L'Amérique est l'ennemi de Dieu ! » ont crié les proches des enfants en passant devant le siège du Programme de l'ONU pour le développement (PNUD). Certains ont ajouté : « Il y aura un prix à payer pour le sang de nos enfants ».
mardi 20 janvier
Saddam Hussein défie une nouvelle fois le Conseil de sécurité des Nations unies. En laissant Richard Butler repartir les mains vides, Bagdad prend délibérément le risque d'une escalade. Le chef de l'Unscom a confirmé la volonté irakienne de « geler » les discussions. Avant de reprendre les négociations, Bagdad veut attendre les résultats, qu'il espère « positifs pour l'Irak », du tout nouveau comité d'évaluation technique du processus de désarmement. Cette instance doit se réunir à partir du 1er février dans la capitale irakienne, avec la participation de représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de l'Allemagne. Le chef de la diplomatie britannique, Robin Cook, vient d'accuser Saddam Hussein de produire en secret assez de bactéries de charbon, maladie du bétail transmissible à l'homme, pour remplir « chaque semaine deux ogives de missiles ». Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n'excluent pas un recours à la force : trois de leurs porte-avions croisent dans le Golfe.
samedi 24 janvier
Les principaux conseillers du président américain en matière de sécurité ont longuement travaillé sur la crise entre l'ONU et l'Irak. Si Saddam Hussein continue à s'opposer à la visite de certains sites par les inspecteurs des Nations unies, les Etats-Unis pourraient avoir recours à la force.
lundi 26 janvier
Bagdad a fait savoir, par le biais du quotidien du parti au pouvoir, As-Saoura, qu'une « agression ne changera rien sur le terrain ». De toute façon, explique un parlementaire irakien, « ces menaces ne font pas peur à l'Irak » dont un million de volontaires sont appelés à s'enrôler dès le 1er février pour recevoir un entraînement militaire. « Inquiet de la situation », le président russe Eltsine a décidé d'envoyer un « émissaire spécial » à Bagdad : Viktor Possouvaliouk, son vice-ministre des Affaires étrangères.
mardi 27 janvier
Les Etats-Unis manifestent de plus en plus ouvertement leur impatience face à l'obstination de l'Irak à leur tenir tête et la Grande-Bretagne, de son côté, par le biais d'un entretien publié dans le quotidien égyptien Al-Hayat, se dit prête à employer la force. La France et la Russie, au contraire, multiplient les démarches diplomatiques pour convaincre Saddam Hussein de permettre sans plus tarder aux inspecteurs de l'ONU. A Bagdad, les manifestations anti-américaines s'y multiplient. Dans la soirée, dans son discours devant le Congrès américain, le président Clinton a directement apostrophé Saddam Hussein sur le ton de la menace : « Je dis à Saddam Hussein : vous ne pouvez pas défier la volonté du monde ».
jeudi 29 janvier
Moscou, qui trouve une oreille attentive en France et affiche son optimisme sur une issue négociée de la crise irakienne, n'admet pas l'acharnement américain contre Bagdad. Le chef de la commission de l'ONU chargée du désarmement de l'Irak est accusé de jouer le jeu de Washington.
vendredi 30 janvier
Pour les Américains, « le temps est venu d'entreprendre des actions fondamentales » contre l'Irak qui refuse toujours de se soumettre aux décisions de l'ONU. Mais il leur est bien difficile d'en convaincre tous leurs alliés. Toutefois, la décision est désormais entre les mains du président Clinton. A Bagdad, on s'est livré à une petite provocation. Les autorités ont invité des diplomates en postes dans la capitale irakienne à visiter des « sites présidentiels », ceux-là même qu'elles refusent aux inspecteurs de l'ONU.
samedi 31 janvier
Les Etats-Unis ont encore haussé le ton à l'encontre de l'Irak. Le secrétaire d'Etat Madeleine Albright a évoqué à Londres la possibilité d'une frappe militaire « significative ». Washington a obtenu le soutien de la Grande-Bretagne qui a promis de ne pas « se dérober » en cas d'attaque contre Saddam Hussein. En revanche, le président russe Boris Eltsine et l'ONU ont au contraire tenté de calmer le jeu.
dimanche 1er février
Concernant des négociations directes réclamées par Bagdad, la demande de l'Irak a trouvé un premier écho favorable : deux équipes d'experts de l'ONU sont arrivés à Bagdad pour évaluer les progrès accomplis par l'Irak en matière de désarmement.
lundi 2 février
Reprise de l'intensité diplomatique pour tenter de désamorcer la crise entre l'Irak et l'ONU. Un moment, on a cru qu'un signe de décrispation venait d'Irak : selon Moscou, Saddam Hussein acceptait de laisser l'Unscom visiter huit nouveaux sites présidentiels, jusqu'ici interdits. Information démentie dans la soirée. Les Etats-Unis avaient déjà jugé l'offre insuffisante.
mardi 3 février
Le secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright, a achevé sa tournée dans les pays arabes sans être parvenus, semble-t-il, à convaincre leurs chefs e file, l'Arabie et l'Egypte, de soutenir une éventuelle attaque anglo-américaine contre l'Irak. De son côté, l'ambassadeur de l'Irak auprès des Nations unies, Nizzar Hamdoun, a affirmé dans la soirée que son pays n'avait pas « la capacité de frapper Israël et qu'il n'avait plus de missiles à longue portée ».
mercredi 4 février
La multiplication des initiatives diplomatiques russes, françaises et turques, pour tenter de régler la crise irakienne en douceur ne semblant toujours pas convaincre les Etats-Unis, le président Russe Boris Eltsine a manifesté sa colère devant les caméras au Kremlin. Il a brutalement accusé son homologue américain de « risquer une guerre mondiale » avec ses menaces. Malgré les concessions irakiennes (annoncées en Egypte) de laisser inspecter huit « sites présidentiels », Washington maintient ses menaces et ignore les remontrances russes... en affirmant que le porte parole du Kremlin en a ensuite rectifié les termes.
jeudi 5 février
Boris Eltsine a réitéré son discours de la veille : « On ne doit en aucun cas admettre une frappe américaine et nous n'allons pas l'admettre ». Le seul allié des Etats-Unis à prôner, lui aussi, la manière forte contre l'Irak, pour l'instant, c'est la Grande-Bretagne. Le Premier ministre britannique est arrivé à Washington pour une visite de quatre jours, destinée essentiellement, selon son porte-parole, à débattre de « logistique » avec le président américain. Le scénario de l'intervention risque d'être compliqué par l'attitude de la Turquie, qui rechigne toujours à autoriser l'utilisation de sa base aérienne d'Incirlik. Le Premier ministre Mesut Yilmaz a expliqué que son éventuelle autorisation ne « résulte pas du fait accompli », mais dépendra du Parlement turc.
dimanche 8 février
Les Américains, forts du soutien de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, poursuivent leurs préparatifs militaires. Et réaffirment leur détermination à frapper si Saddam Hussein ne se plie pas aux exigences de l'ONU. L'Arabie Saoudite a réaffirmé sa réticence à une opération contre l'Irak... sauf si l'action américaine vise à éliminer Saddam Hussein. En Irak, ce sont plus d'un million de volontaires qui s'entraînent depuis le début du mois au maniement des armes. La Turquie a envoyé plus de 5 000 soldats dans le nord de l'Irak pour renforcer sa zone de sécurité. Elle soupçonne les Etats-Unis de vouloir profiter de la situation pour créer un Etat kurde dans cette région.
lundi 9 février
Les Nations unies ont affirmé que les médiations en cours pour tenter de régler la crise irakienne autrement que par la force étaient dans une « phase critique ». Kofi Annan, le secrétaire de l'ONU, a annulé une tournée de dix jours au Proche-Orient, estimant que la gestion de cette crise à New York. Le dispositif militaire déployé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans la région a encore été renforcé.
mardi 10 février
Les Emirats arabes unis, deuxième partenaire économique des Etats-Unis dans la région, ont informé Washington de leur hostilité à toute frappe militaire contre l'Irak. Dans le même temps, ils engagent Saddam Hussein à se conformer aux résolutions de l'ONU, seule façon de « parvenir à la levée de l'embargo et de mettre un terme aux épreuves du peuple irakien frère ». Moscou, de son côté, met une nouvelle fois les Etats-Unis en garde : « Nous nous demandons ce que peut être le résultat du déchaînement d'une puissance de feu massive contre des arsenaux d'armes de destruction de masse... » Bagdad aurait fait transmettre à Jérusalem, via Moscou, un message expliquant qu'il n'avait « ni la capacité ni l'intention de frapper Israël ».
mercredi 11 février
En visite en Egypte, le ministre irakien des Affaires étrangères a annoncé que Bagdad acceptait l'inspection des « sites présidentiels », à la condition qu'elle ne dure « qu'un ou deux mois ». Washington a rejeté ce compromis, exigeant un accès aux sites « sans restriction ».
jeudi 12 février
Le maréchal Igor Sergueïev, ministre russe de la Défense, a fermement mis en garde son homologue américain qui lui rendait visite contre les conséquences d'une intervention américaine en Irak. « Le problème irakien est multiple et ne doit pas être considéré comme un conflit entre les Etats-Unis et l'Irak », a-t-il expliqué. Il a fort surpris son interlocuteur en ajoutant : « La crise touche malheureusement les intérêts vitaux de la Russie et de quelques autres pays du Golfe... » Il a notamment laissé entendre que la coopération militaire entre Moscou et Washington aurait à en souffrir.
vendredi 13 février
Officiellement, Washington minimise la dernière mise en garde russe contre une intervention armée en Irak. Pourtant, tout montre que la diplomatie américaine y réfléchit. Plus insidieusement, car sans en apporter la preuve, les Etats-Unis tentent maintenant de discréditer les efforts diplomatiques de la Russie en l'accusant d'avoir partie liée avec l'Irak pour la fabrication d'armes biologiques. C'est le Washington Post qui a lancé ce brûlot, en affirmant pêle-mêle que la Russie exporte illégalement vers Bagdad des matières suspectes, qu'elle espionne les équipes d'experts en désarmement de l'ONU et qu'elle fournit à l'Irak des informations confidentielles concernant les projets de la commission d'inspection.
samedi 14 février
Les espoirs se sont tournés vers le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, pour régler la crise irakienne. Le représentant permanent de l'Irak à l'ONU, lui a annoncé que son pays était « disposé à se montrer flexible, à coopérer et à l'accueillir ». De leur côté, les Etats-Unis ont continué à préparer l'opération « Tonnerre du désert » contre l'Irak. Leur idée : rallier à leur cause les pays arabes en proposant une surveillance accrue des actions de Bagdad accompagnés d'un allègement du régime de sanction après avoir procédé à des frappes aériennes.
lundi 16 février
Le Parlement irakien a appelé le secrétaire général de l'ONU à « assumer ses responsabilités et empêcher une attaque contre un pays membre de l'ONU ». Le président égyptien Hosni Moubarak estime qu'une visite à Bagdad constitue « le dernier espoir d'une solution pacifique ». Kofi Annan pose une condition à ce voyage : que les cinq membres du Conseil permanent de l'ONU se mettent d'accord sur une formule lui permettant de faire le voyage avec l'espoir d'obtenir « une solution réalisable ». Or, Washington a rejeté, par avance, tout compromis « creux ».
mardi 17 février
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Mohamed Saïd al-Sahhaf, s'est rendu en France où il a rencontré le président Jacques Chirac. Ce dernier a déclaré : « Le temps est compté ». Le ministre a de nouveau dénoncé « l'absurdité des allégations selon lesquelles le pays continuerait à produire des armes de destruction massive ». De son côté, le président Clinton a déclaré que les Etats-Unis sont « prêts à agir militairement contre l'Irak ». Son secrétaire à la Défense, William Cohen, a annoncé un renforcement du dispositif militaire au Koweït : « Entre cinq et six mille soldats ». Ce déploiement porte à environ 10 000 les effectifs de l'armée de terre américaine dans le Golfe. La Russie et la Chine, eux, « n'acceptent pas que la crise irakienne soit résolue par la force ». Mais des signes de compromis apparaissent. Selon des diplomates occidentaux à l'ONU, « on va dans la bonne direction ». Les Etats-Unis accepteraient désormais l'idée (avancée par la France) de « modalités spéciales » pour l'inspection des huit sites militaires au cœur de la crise. Bagdad a admis le principe de cette inspection mais veut limiter a durée à soixante jours et refuse qu'elle soit menée par la Commission spécialisée de l'ONU chargée de son désarmement.
nuit du mardi 17 au mercredi 18 février
Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son feu vert à Kofi Annan pour qu'il aille négocier à Bagdad. Mais les Etats-Unis se réservent « le droit d'exprimer leur désaccord avec ses résultats s'ils ne sont pas conformes aux résolutions du Conseil de sécurité et à nos intérêts nationaux ».
mercredi 18 février
Nouveau signe de la « logique de guerre », les Américains ont commencé a livrer des missiles anti-missiles Patriot à Israël. Dans la soirée, le chef de la diplomatie irakienne a assurait que l'Irak « réagira positivement » aux propositions de M. Annan.
jeudi 19 février
Des diplomates et des employés de l'ONU quittent l'Irak, comme si l'intervention américaine était désormais acquise.
vendredi 20 février
Kofi Annan est arrivé à Bagdad et le dialogue semble enfin s’engager pour empêcher une intervention militaire anglo-américaine : l’Irak a accepté d'ouvrir les sites présidentiels - qui font l'objet des ultimes discussions entre Saddam Hussein et le secrétaire général de l’ONU - à une équipe d'arpenteurs mandatés par l'ONU (un Suédois et deux Autrichiens) qui ont pu les photographier et constater qu'ils sont beaucoup moins grands qu'on le pensait. Mieux : des experts de la commission de désarmement de l'ONU ont été autorisé à les accompagner. Par ailleurs, le Conseil de sécurité s'est réuni pour adopter une résolution qui permet à l'Irak de doubler ses ventes de pétrole, portant à plus de cinq milliards de dollars par semestre les transactions autorisées, contre deux actuellement.
dimanche 22 février
Dans la soirée, la médiation engagée à Bagdad par le secrétaire général de l'ONU a abouti et est propre à satisfaire les exigences du Conseil de sécurité. La Maison-Blanche préfère toutefois attendre « une réponse à certains questions » avant de porter un jugement.
lundi 23 février
Le président Clinton a déclaré dans la soirée qu'il approuvait sous condition l'accord signé le matin même par Kofi Annan et le vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, concernant l’accès aux sites présidentiels des inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement en Irak. L'accord sera soumis le 24 février aux quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU, mais il a déjà recueilli l'approbation des pays membres. Si il est respecté par l'Irak, il permettra peut être de « voir la lumière au bout du tunnel », c'est-à-dire la fin de l'embargo.
mardi 24 février
Les quinze membres du Conseil de sécurité ont salué « les résultats très satisfaisants » de l'accord avec l'Irak. Mais les Américains ne sont pas convaincus. Ils promettent de frapper si Bagdad ne joue pas le jeu.
mercredi 25 février
Les membres du Conseil de sécurité ont commencé à préparer une résolution lançant une sévère mise en garde à Bagdad contre toute violation de l'accord sur les inspections des sites présidentiels. Des experts des quinze pays du Conseil se sont retrouvés pour discuter d'un projet de résolution présenté par la Grande-Bretagne. Ce projet devrait aussi endosser l'accord de Bagdad qui ouvre pour la première fois les palais de Saddam Hussein aux inspections de l'ONU. Dans la soirée, les Etats-Unis disaient avoir reçu des « assurances » qui clarifient des « points essentiels » de l'accord, en particulier le « contrôle opérationnel » par l'Unscom des inspections.
jeudi 26 février
Le personnel humanitaire de l'ONU évacué au plus fort de la crise a commencé à regagner Bagdad et les experts en désarmement ont inspecté quatorze sites irakiens. Les « sites présidentiels » seront inspectés par un groupe spécial incluant des diplomates, à la tête duquel le secrétaire général de l'ONU a nommé un Sri-Lankais, Jayantha Dhanapala.
vendredi 27 février
Les quinze membres du Conseil de sécurité des nations unies ne sont pas parvenus à un accord sur le texte de la résolution qu'ils vont envoyer à l'Irak. Dix d'entre eux se sont opposés, dans la soirée, à un projet de résolution britannique menaçant l'Irak des plus graves conséquences s'il ne respectait pas l'accord signé avec Kofi Annan. Ce texte ouvre la voie aux frappes automatiques auxquelles sont attachés les Américains et dont la France, la Russie et la Chine ne veulent pas. Le Brésil a proposé un amendement donnant au Conseil de sécurité la responsabilité de l'examen de la riposte. Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Strobe Talbott, a, par avance, indiqué que les Etats-Unis « n'ont pas besoin de nouvelles autorisations de l'ONU » pour faire subir « aussitôt » au chef de l'Etat irakien « les très graves conséquences » d'un non-respect de « ses engagements ».
en février
Le Sénat américain a voté la résolution 71, exigeant du président Clinton de réaliser « toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée par le refus irakien de mettre fin à son programme de destruction massive ».
lundi 2 mars
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité une résolution qui entérine l'accord signé avec Bagdad par Kofi Annan. Les divergences sur le recours automatique à la force, en cas de violation de cet accord par l'Irak, ne sont pourtant pas dissipées. Les Etats-Unis affirment que ce texte leur en donne le droit. La France et la Chine, par exemple, prétendent le contraire...
Les funérailles collectives de trente-trois enfants victimes du manque de médicaments ont été organisées à Bagdad. Le cortège funèbre a notamment marqué une halte devant le bureau du Pnud, le Programme de développement de l'ONU.
jeudi 5 mars
Scott Ritter est de retour à Bagdad. Cet inspecteur américain de l'ONU est la bête noire de Saddam Hussein. Il reprend sa mission mais ce n'est pas lui qui inspectera les sites présidentiels.
vendredi 6 mars
L'Irak est invité par plusieurs pays amis à ne pas céder aux provocations. Le retour à Bagdad de l'Américain Scott Ritter, est sans doute à l'origine de cette mise en garde.
mercredi 11 mars
Le Sri-Lankais Jayantha Dhanapala, chef du « groupe spécial » de l’ONU chargé d'inspecter les « sites présidentiels » irakiens, est arrivé à Bagdad pour mettre en route sa mission. Le même jour, les Irakiens enterraient quarante enfants morts en raison du « manque de médicaments et de vivres » dû à l'embargo imposé au pays par l'ONU depuis août 1990, ont expliqué les autorités.
vendredi 13 mars
Le Sénat américain a voté, à l'unanimité, une résolution appelant à poursuivre en justice le président irakien, Saddam Hussein, pour crimes de guerre, génocide et autres violations du droit international.
lundi 23 mars
Dans la soirée, Londres a annoncé que tous les ports britanniques étaient en alerte depuis une semaine en raison d'une menace bactériologique irakienne. L'Irak a formellement démenti.
mercredi 25 mars
Soixante experts en désarmement de l'ONU sont arrivés à Bagdad avec pour mission d'inspecter les huit « sites présidentiels » dont l'accès avait été interdit par Saddam Hussein aux précédentes équipes des Nations unies. Les dix-neuf diplomates qui doivent les accompagner dans cette tâche délicate, comme le prévoit l'accord signé le 23 février, étaient arrivés la veille.
jeudi 26 mars
La première des inspections de sites présidentiels irakiens prévues par l'accord entre Bagdad et l'ONU a eu lieu. Le président américain estime que « c'est une bonne chose », car « cela signifie que, pour l'instant, l'accord tient bon ».
dimanche 29 mars
Des experts en désarmement et des diplomates de l'ONU ont inspecté sans incident le site présidentiel de Takrit (nord du pays), ville natale du président irakien, puis se sont rendus à Mossoul.
jeudi 2 avril
L'Iran a libéré huit cents prisonniers de guerre irakiens à un poste de frontière entre les deux pays. L'Irak, de son côté, a libéré soixante-deux prisonniers iraniens. D'autres échanges sont prévus, qui portent sur trois cents quatre-vingt prisonniers iraniens et 5 592 Irakiens. Téhéran affirme que Bagdad détient encore entre 5 000 et 10 000 de ses soldats, l'Irak prétend que 20 000 des siens sont toujours en Iran.
Richard Butler, le chef de la commission spéciale des Nations unies chargée du désarmement de l'Irak, estime que les inspections de l'ONU « pourraient être très rapidement terminées » si Bagdad continue de coopérer. La fin des inspections est le préalable à la levée des sanctions internationales qui frappent le pays.
vendredi 3 avril
Le « groupe spécial » de l'ONU chargé de l'inspection des sites présidentiels irakiens a achevé sa première mission. Des « visites complémentaires » ne sont pas exclues, à condition qu'elles se fassent, selon les termes de l'accord passé entre Bagdad et l'ONU, « dans le respect de la dignité et de la souveraineté de l'Irak ». Le diplomate sri-lankais qui dirige le « groupe spécial » a cependant déclaré que son rapport à l'ONU « soulignera que la mission a réussi ».
dimanche 5 avril
Bagdad et Téhéran ont conclu un accord pour régler définitivement le dossier de leurs prisonniers de la guerre de 1980-1988. Déjà, près de 2 500 prisonniers ont été échangés depuis le 2 avril, 2 300 Irakiens et cent soixante-deux Iraniens. Un comité adjoint examinera le cas des prisonniers non identifiés.
samedi 11 avril
Selon le rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, en 1997, plus de 1 500 personnes ont été pendues, électrocutées ou passées par les armées pour des raisons politiques en Irak. La plupart ont été tuées en novembre et décembre lors de la « Campagne de purification des prisons ».
samedi 18 avril
A Erbil (Kurdistan), Shapoor Abdul-Kadir et Kabil Adil, deux membres de la direction du Parti communiste ouvrier d’Irak, ont été assassinés par un groupe islamiste, alors qu’ils préparaient un procès contre la fatwa lancée par un prédicateur local contre les dirigeantes de l’Organisation des femmes indépendantes.
lundi 27 avril
Le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné, dans la soirée, la situation du désarmement de l'Irak. Les Américains sont opposés à toute levée des sanctions, car, selon Richard Butler, l'Irak n'a fait « pratiquement aucun progrès » en la matière. Au contraire, pour Bagdad, tous les dossiers du désarmement doivent être bouclés.
nuit du lundi 27 au mardi 28 avril
Se ralliant à la position américaine et britannique, l’ONU a maintenu l’embargo contre l’Irak pour six mois supplémentaires.
mardi 28 avril
La Russie fait circuler un projet de résolution visant à fermer le dossier nucléaire du désarmement irakien, ce que les Etats-Unis jugent « prématuré ».
mercredi 29 avril
Richard Butler a rendu compte aux Nations unies de la disparition de plus de cinq cents obus remplis de gaz moutarde, dont Bagdad est incapable de justifier l'absence. De même, bien que l'Irak affirme avoir éliminé toutes ses armes de destruction massive, les inspecteurs ont récemment retrouvé des obus qui, bien que de fabrication ancienne, contenaient encore du gaz moutarde « pur à 97 % ».
en avril
Assassinat de l’ayatollah chiite Ali Mohammad al-Baroujourdi, dans le sud du pays.
vendredi 8 mai
L’ONU a voté l'annulation d'une sanction prise à l'encontre de l'Irak : le contrôle des déplacements de ses diplomates. La levée de cette sanction, toute théorique puisqu'elle n'avait jamais été appliquée, suit le rapport Butler qui s'est félicité de la bonne coopération de l'Irak sur le contrôle des sites présidentiels.
mercredi 13 mai
Visite en France de Tarek Aziz, vice-Premier ministre irakien. Il a été reçu par le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Tarek Aziz a déclaré qu'il « n'y a pas de conflit entre l'Irak et la France » et que les deux pays peuvent « renouer des relations normales ».
vendredi 15 mai
L'ONU pourrait fermer en juillet le dossier nucléaire irakien. Cela constituerait un premier pas vers la lever des sanctions imposées depuis huit ans à Bagdad pour l'obliger à se débarrasser de toutes ses armes de destruction massive. Les inspections de l'ONU ont démontré que l'Irak ne possède pas d'arme nucléaire. En revanche, la preuve n'est pas apportée que le pays n'a ni armes chimiques ni armes biologiques.
mardi 19 mai
En visite au Vatican, le vice-président Tarek Aziz a invité le pape Jean-Paul II à se rendre en Irak.
mercredi 20 mai
L’architecte Yanar Mohammed fonde à Toronto (Canada) l’association Défense des droits des femmes irakiennes (DIWR), qui s'investit particulièrement dans la lutte contre l’embargo international.
dimanche 7 juin
Un communiqué du Conseil des ministres irakien, publié dans la presse de Bagdad, annonce que l'Irak n'acceptera plus aucune aide humanitaire parce que « le peuple n'est pas paresseux et n'a pas demander de l'aide ». Cette décision s'inscrit dans l'offensive diplomatique lancée depuis plus d'un mois pour exiger la levée de l'embargo. L'Irak, dans ce communiqué, « remercie ceux qui se sont solidarisés avec lui » et les invite maintenant « à faire campagne pour la levée de l'embargo injuste ».
lundi 8 juin
Ouverture à Bagdad du troisième congrès panchrétien sur l'embargo. Il réunit cent soixante-dix personnalités chrétiennes, parmi lesquelles le cardinal français Robert Etchegaray.
mercredi 10 juin
Un responsable de l'Unscom affirme que Richard Butler, attendu le 11 juin, adoptera une « approche flexible » dans ses discussions. Bagdad n'a cessé de dénoncer l'attitude provocatrice de ce diplomate australien, chef de l'Unscom. Il est porteur, cette fois, d'une « feuille de route » sur les mesures que l'Irak doit appliquer pour achever son désarmement, ce qui devrait ouvrir la voie à la levée des sanctions internationales.
samedi 13 juin
Richard Butler a entamé des entretiens difficiles en Irak, au moment où Bagdad le presse de proclamer la fin de sa mission. Muni d'une feuille de route qui détaille les mesures que doit encore prendre Bagdad pour achever son désarmement, Butler a rencontré Tarek Aziz, vice-Premier ministre chargé des relations avec l'ONU. L'embargo ne pourra être levé que lorsque l'Irak ne possédera plus d'armes nucléaires, chimiques, biologiques et de missiles d'une portée supérieure à cent cinquante kilomètres.
dimanche 14 juin
Des funérailles collectives ont été organisées à Bagdad pour quarante-trois enfants, morts selon leur proche « par manque de médicaments ». Le cortège, suivi par plusieurs dizaines de personnes, s'est arrêté devant les locaux des Nations unies.
mercredi 24 juin
L'Irak est une nouvelle fois au banc des accusés devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Richard Butler affirme que des missiles ont été équipés de VX, un gaz neurotoxique mortel, avant la guerre du Golfe. Pour sa défense, Bagdad a mis en cause la fiabilité des analyses faites, par un laboratoire américain, sur des fragments d'ogives récemment déterrés par les experts de l'ONU.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 juin
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé le maintien des sanctions contre l'Irak pour une nouvelle période de soixante jours.
jeudi 25 juin
La presse de Bagdad s'est déchaînée contre Richard Butler dont elle dénonce « les mensonges, l'hypocrisie et les fausses informations ». Des responsables irakiens laissent planer la menace d'une nouvelle crise, comme celle qui a failli provoquer un affrontement entre l'Irak et les Etats-Unis, au début de l'année.
mardi 30 juin
Un chasseur américain F-16 a fait feu contre une batterie de missiles irakiens dont le radar avait « accroché » les appareils britanniques qu'il accompagnait en mission. L'incident s'est produit dans la zone d'exclusion aérienne de l'Otan, au sud du 33e parallèle, vers Bassorah. Bagdad a dénoncé cette « agression injustifiée » de la part des Etats-Unis et démenti l'activation de ses radars. Washington semble embarrassé et le vice-président Al Gore admet qu'il y a « beaucoup d'incidents » de radars et que cela ne traduit pas obligatoirement une action délibérée de l'Irak.
mercredi 15 juillet
La Syrie et l’Irak ont décidé de construire un nouvel oléoduc et de remettre en service celui qui relie le champ pétrolier de Kirkuk, dans le nord de l’Irak, au port syrien de Baniyas, fermé depuis 1982.
dimanche 19 juillet
Une commission des Nations unies a recensé plus de 45 000 personnes disparues depuis trente ans dans le monde, arrêtées ou enlevées par des services officiels ou des groupes liés au pouvoir en place. L’Irak détient la palme de l’horreur avec 19 496 cas, devant le Sri Lanka (12 208), l’Argentine (3 453), le Guatemala (3 153), le Pérou (3 004) et le Salvador (2 661).
lundi 3 août
Richard Butler, chef de l’Unscom, a proposé « un programme de travail accéléré » au chef de la diplomatie irakienne. Tarek Aziz a refusé, accusant même Butler d’être « malhonnête » et de servir les intérêts américains.
mardi 4 août
Le chef de l’Unscom, la Commission spéciale de l’ONU chargée du désarmement irakien, a quitté prématurément Bagdad pour rendre compte au Conseil de sécurité du blocage des missions d’inspection. L’Irak, qui n’a pas accepté la prolongation des sanctions économiques par l’ONU en juin, semble prêt à un bras de fer identique à celui qui, en février, avait failli dégénérer en guerre ouverte avec les Etats-Unis.
mercredi 5 août
Le président Saddam Hussein a annoncé l’arrêt immédiat de toute coopération avec les inspecteurs de l’ONU chargés de superviser le désarmement de son pays. Ceci pour protester contre les sanctions économiques. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’il n’était pas question de répliquer militairement.
jeudi 6 août
Le Conseil de sécurité de l’ONU a estimé « totalement inacceptable » la décision irakienne de geler la coopération avec les inspecteurs de l’ONU. Le secrétaire général Kofi Annan estime même que cet acte viole l’accord de février qui avait évité des frappes aériennes sur l’Irak.
vendredi 7 août
Les Moudjahidines du Peuple, opposants au gouvernement iranien installés en Irak, ont accusé l’Iran d’avoir commis un attentat qui vient de faire, selon eux, trois morts et treize blessés, à Bagdad.
mercredi 12 août
Richard Butler affirme que ses inspecteurs ne peuvent plus assurer leur mission et demande au Conseil de sécurité d’agir.
jeudi 13 août
Prakash Shah, émissaire du secrétaire général de l’ONU, a eu un entretien « amical », dans la soirée à Bagdad, avec Tarek Aziz. Ils vont poursuivre le dialogue, mais les chances de compromis apparaissent minces. Bagdad exige toujours une modification de la composition de la commission, accusée de « faire le jeu » des Etats-Unis, et le départ de son patron Richard Butler.
mardi 18 août
Après six jours de négociations à Bagdad, Prakash Shah a achevé sur un échec sa mission à Bagdad : l’Irak refuse toujours de reprendre la coopération avec les inspecteurs chargés du désarmement du pays.
jeudi 20 août
Réuni à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de maintenir, pour deux nouveaux mois, les sanctions en vigueur depuis huit ans contre l’Irak. Cette mesure, a-t-il précisé, est valable tant que les experts de l’Unscom ne pourront pas assurer que l’Irak n’a plus d’armes de destruction massive.
mercredi 26 août
Le plus en pointe des inspecteurs américains en Irak, Scott Ritter, a donné sa démission à son supérieur hiérarchique, Richard Butler, le responsable de l’Unscom. Pour Ritter, la mission de l’ONU tourne à la « farce » et à la « reddition face à la direction irakienne ».
jeudi 10 septembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a sanctionné l’Irak pour avoir rompu, le 5 août, toute relation avec les inspecteurs du désarmement. A l’unanimité, les quinze membres du Conseil de sécurité ont décidé de ne plus procéder tous les six mois au réexamen de l’embargo actuel. Celui-ci devient donc définitif si l’Irak ne renoue pas avec la mission d’inspection. En, revanche, l’ONU est disposée à un examen d’ensemble des sanctions si l’Irak se soumet, une disposition soutenue notamment par la France et qui permettrait d’envisager un sort moins dramatique pour la population irakienne.
mardi 29 septembre
Scott Ritter, l’Américain qui dirigeait une équipe d’inspecteurs de l’ONU chargés du contrôle du désarmement de l’Irak, a révélé comment les Nations unies ont acquis la preuve que Bagdad dissimule des armes de destruction massive. Grâce au secours de spécialistes israéliens, le code secret avec lequel Saddam Hussein donne ses instructions a pu être « cassé ».
mercredi 30 septembre
L’Irak se dit prêt à reprendre sa coopération avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU, suspendue depuis le 5 août, mais à condition que les Nations unies s’engagent sur un « calendrier précis » menant à la levée des sanctions en vigueur depuis huit ans.
dimanche 4 octobre
Un Palestinien a attaqué une synagogue. Quatre personnes ont été tuées, deux juifs et deux musulmans. Le gouvernement irakien a promis à l’agresseur, qui a été arrêté, le « châtiment qu’il mérite ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a présenté au Conseil de sécurité, un « calendrier raisonnable » pour une levée de l’embargo en place contre l’Irak depuis huit ans. Il s’agit d’établir la liste de ce que Bagdad devrait encore accomplir en matière de désarmement. Pour maintenir l’embargo, les inspecteurs de l’ONU devraient faire la preuve que l’Irak possède encore des armes de destruction massive.
mercredi 7 octobre
Citant des « sources de haut rang », un journal koweïtien affirme que Saddam Hussein souffre d’une tumeur intestinale et qu’il devrait bientôt suivre une chimiothérapie. Le président irakien aurait été examiné, en août, par des médecins français. Faute de traitement approprié, cette tumeur pourrait se transformer en cancer de la moelle épinière.
jeudi 8 octobre
Accusée d’avoir retardé la publication du résultat d’analyses révélant la présence de gaz mortel VX dans des ogives de missiles irakiens, la France a obtenu de l’ONU la convocation d’une réunion d’experts chimistes pour étudier les recherches effectivement réalisées par un laboratoire français.
lundi 26 octobre
Le ministre irakien du Commerce, Mohammed Mehdi Saleh, a entamé une visite de deux jours en France.
mardi 27 octobre
Le département d’Etat américain a affirmé que « tous les tests réalisés dans tout les pays - France, Suisse, et Etats-Unis - sont concluants et valables » : Bagdad a armé des missiles avec un gaz de combat mortel.
mercredi 28 octobre
En opposition aux déclarations américaines de la veille, la France a fait une mise au point : « Le rapport des experts n’aboutit à aucune conclusion définitive (…), il note que certaines incertitudes subsistent », qui nécessitent « le recueil de nouveaux éléments d’information ».
vendredi 30 octobre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’offrir à l’Irak de revoir globalement les sanctions en vigueur dès lors que Bagdad aura repris sa coopération avec les inspecteurs de l’Unscom.
samedi 31 octobre
L’Irak a annoncé qu’il rompait immédiatement toute coopération avec la Commission spéciale de l’ONU chargée de désarmer le pays. Pour justifier sa décision, Bagdad a affirmé qu’il n’y avait plus aucun espoir de voir l’UNSCOM recommander une levée des sanctions imposées depuis huit ans. Pour revenir sur sa décision, Bagdad a exigé le limogeage du chef de la Commission spéciale, l’Australien Richard Butler, accusé de jouer le jeu des Etats-Unis. Le secrétaire général de l’ONU a déclaré que cette décision constituait « un manquement grave et une violation majeure » des obligations de Bagdad. Dans la soirée, le Conseil de sécurité de l’ONU a intimé à l’Irak l’ordre de reprendre, sans délai ni condition, la coopération. Par ailleurs, le président Clinton a signé la loi 4655 sur la Libération de l’Irak : des fonds seront accordés aux groupes d’opposition irakiens dans l’espoir de renverser Saddam Hussein et de mettre en place un régime démocratique.
dimanche 1er novembre
« Pas de coopération tant que les demandes irakiennes ne seront pas satisfaites ». Vice-président irakien, Taha Hussein Ramadan a exprimé une fin de non-recevoir à la dernière injonction du Conseil de sécurité de l’ONU.
mardi 3 novembre
Les autorités irakiennes ont commencé la mobilisation de l’opinion publique pour ce qu’elles appellent la « dernière bataille » visant à faire lever l’embargo imposé par les Nations unies. Des funérailles collectives ont été organisées pour une cinquantaine d’enfants « morts à cause de l’embargo ». Le cortège a fait halte devant l’hôtel où sont hébergées les délégations commerciales participant à la Foire internationale, qui a enregistré une participation record. Estimant qu’il n’y a pas « pire que la situation actuelle », l’Irak a fait savoir qu’il maintiendrait sa rupture avec l’Unscom, même au prix de représailles militaires.
jeudi 5 novembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé, à l’unanimité de ses membres, la reprise « immédiate » de la coopération irakienne avec l’Unscom. Les Etats-Unis ont aussitôt menacé l’Irak de recourir à « l’option militaire », affirmant disposer pour cela d’une base légale et du soutien international.
vendredi 6 novembre
La direction de l’Unscom a annoncé qu’elle rappellera prochainement vingt-cinq des cent vingt membres de son équipe d’inspecteurs.
samedi 7 novembre
L’Irak a affirmé que les menaces américaines ne l’impressionnaient pas : pas question de recommencer à coopérer avec les inspecteurs de l’ONU. Les Etats-Unis continuent à préparer d’éventuels bombardements.
dimanche 8 novembre
L’armée turque lance de nouvelles attaques contre la rébellion kurde, dans le nord de l’Irak.
lundi 9 novembre
Le Pentagone américain a préparé deux scénarios d’attaque de l’Irak. L’un prévoit une attaque rapide et « chirurgicale ». L’autre, qui met en jeu davantage de moyens pour un assaut massif, est qualifié de « plus punitif ». Dans un cas comme dans l’autre, les cibles sont des bases militaires et des sites censés abriter des usines d’armement chimique et biologique. Bagdad a menacé de plus reconnaître aucune des résolutions de l’ONU, puisque l’Irak les avaient acceptées que dans la perspective d’une accélération de la levée de l’embargo et que celui-ci est toujours en vigueur.
mercredi 11 novembre
Après les porte-avions, les avions et les blindés : Bill Clinton a renforcé le dispositif américain dans le golfe Persique. Le président américain a lancé un avertissement à Saddam Hussein et fait savoir qu’il n’y aura pas d’ultimatum : il déclenche l’opération « Desert Thunder ». Celle-ci est organisée par le général Anthony Zinni (elle ne sera pas mise en œuvre). Le président irakien a réuni son conseil de guerre et maintenu son refus de revenir sur sa rupture avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU. Les observateurs de l’ONU quittent l’Irak.
jeudi 12 novembre
Les Nations unies ont achevé l’évacuation partielle de leur personnel de l’Irak vers la Jordanie et vers Bahreïn. De leur côté, les Etats-Unis ont laissé entendre que leurs préparatifs militaires à l’encontre de l’Irak étaient achevés. L’Egypte, la Syrie et les six pays arabes du Golfe ont demandé à l’Irak de reprendre sa coopération avec l’ONU.
vendredi 13 novembre
Washington a répété que tout était prêt pour frapper l’Irak si Bagdad ne rétablit pas le dialogue avec les inspecteurs de l’ONU. Saddam Hussein a répondu qu’il ne souhaitait pas la crise, seulement une réponse à ses « demandes légales ».
samedi 14 novembre
Dans l’après-midi, Saddam Hussein a accepté d’accueillir à nouveau sur son territoire les inspecteurs des Nations unies chargés de veiller au désarmement irakien, alors que les bombardiers américains étaient en vol pour Bagdad ; les avions ont fait demi-tour. Le secrétaire général a aussitôt décidé de renvoyer le personnel humanitaire qui avait quitté l’Irak les jours précédents. Cela dit, le déploiement de forces militaires américaines se poursuivait dans la soirée.
dimanche 15 novembre
Dans la soirée, dans une déclaration télévisée, Bill Clinton a reconnu que Saddam Hussein a donné des assurances « claires et sans ambiguïté », mais qu’il lui faut maintenant « se conformer à ses obligations », les Etats-Unis restant « prêts à agir ». Ils posent cinq conditions dont l’une refuse formellement à l’Irak le droit « d’interférer avec l’indépendance ou la qualification professionnelle des inspecteurs en désarmement ». Par ailleurs, Washington a redit son intention de soutenir l’opposition irakienne pour faire tomber Saddam Hussein et son régime.
Fête de la fondation de Bagdad, il y a 1 200 ans.
mardi 17 novembre
Les inspecteurs du désarmement de l’Unscom sont revenus en Irak, pour reprendre leur travail. L’armada américaine, au large, reste en place.
vendredi 20 novembre
La nouvelle série de questions envoyées par l’Unscom aux autorités irakiennes concernant l’évaluation des programmes militaires et biologiques irakiens est qualifiée de provocation ; Tarek Aziz accuse l’Unscom de chercher un prétexte pour justifier une attaque américaine.
samedi 21 novembre
La première inspection surprise depuis le début du mois d’août a été menée en Irak par une équipe d’experts en désarmement de l’ONU. Elle s’est déroulée sans encombre, a indiqué un responsable irakien.
dimanche 22 novembre
Le vice-président du Conseil de commandement de la révolution, la plus haute instance dirigeante irakienne, Ezzaz Ibrahim, a échappé à un attentat. Au moment où le deuxième personnage de l’Etat descendait de sa voiture pour une cérémonie au mausolée de l’imam Hussein, à Kerbala, deux grenades ont été lancées dans sa direction. Plusieurs de ses gardes du corps ont été blessés, ainsi que des personnes qui l’attendaient. Officiellement, Ezzaz Ibrahim n’a pas été atteint.
lundi 23 novembre
L’Irak accuse le chef des experts de l’ONU de vouloir provoquer une nouvelle crise qui pourrait justifier une frappe aérienne. Richard Butler a demandé des documents sur l’armement irakien que Bagdad a refusé de lui livrer. Bill Clinton refuse de dramatiser.
mardi 24 novembre
Le gouvernement a procédé à un vaste mouvement diplomatique en remplaçant, notamment, ses ambassadeurs auprès des Nations unies, à New York et à Genève. Le mouvement touche vingt-cinq diplomates et le ministre des Affaires étrangères a demandé aux nouveaux ambassadeurs de « renforcer l’activité diplomatique irakienne pour la levée de l’embargo ». C’est le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Takriti, qui représentait son pays auprès de l’ONU à Genève. Ses relations avec le fils aîné du président sont très tendues et il n’est pas rentré en Irak depuis 1990. Rappelé à Bagdad en juillet, il avait fait la sourde oreille. Par ailleurs, l’ONU a prolongé de six mois le programme « pétrole contre nourriture », qui autorise l’Irak à vendre pour 5,2 milliards de dollars de pétrole brut par semestre (environ trente milliards de francs).
jeudi 26 novembre
Les experts de l’Unscom ont mené des inspections surprises sur neuf sites, dont deux n’étaient pas sous surveillance permanente.
vendredi 4 décembre
Les Etats-Unis ont changé de politique à l’égard de l’Irak. C’est ce qu’a révélé Madeleine Albrigth. « L’administration Clinton a complété notre politique d’endiguement de Saddam Hussein et l’a transformée en endiguement plus changement de régime ».
mercredi 9 décembre
Une équipe de l’Unscom s’est vu interdire l’accès à un bureau du parti irakien Baas. « Inacceptable » a aussitôt réagi le porte-parole de l'organisation des Nations unies à New York. Dans la soirée, Bagdad a accusé l’Unscom de violer les modalités d’inspection des sites sensibles.
jeudi 10 décembre
Nouvelle crise entre Bagdad et Washington : le Pentagone (Défense américaine) a renforcé ses bombardiers stratégiques déployés dans l’océan Indien et les Etats-Unis ont de nouveau menacé de procéder à des « frappes aériennes » sans préavis.
vendredi 11 décembre
L’Irak s’est défendu de « chercher une nouvelle crise avec les experts » de l’ONU. Il s’agit tout simplement, a expliqué le ministre des Affaires étrangères, d’un « incident passager d’ordre technique », justifié par le non-respect des procédures d’inspection de la part du personnel de l’ONU.
dimanche 13 décembre
Après deux incidents avec les autorités irakiennes, une équipe de l’UNSCOM chargée de visiter les sites militaires iraniens a annulé une de ses inspections et quitté l’Irak pour Bahreïn. A l’ONU, Kofi Annan parle d’un risque de guerre.
nuit du mardi 15 au mercredi 16 décembre
Richard Butler a remis un rapport de dix pages au secrétaire général de l’ONU, accusant l’Irak de n’avoir pas « fourni la pleine coopération promise le 14 novembre », à l’issue de la précédente crise. Il y relate les multiples incidents qui, depuis un mois, ont entravé la mission de l’Unscom et il conclut. Les six inspecteurs de l’AIEA, l’Agence internationale pour l’énergie atomique, affirment, eux, dans leur propre rapport, que « l’Irak a fourni le niveau de coopération nécessaire » pour leur permettre de mener leur tâche à bien.
mercredi 16 décembre
L’Irak doit de nouveau affronter la menace d’une intervention américaine, avec l’appui des Britanniques. Dans l’après-midi, les inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement de l’Irak ont plié bagages et quitté Bagdad pour gagner leur base aérienne, Bahrein.
nuit du mercredi 16 au jeudi 17 décembre
Suite à l’échec des négociations entre les inspecteurs de l’ONU et le président Saddam Hussein, les Etats-Unis et le Royaume-Uni déclenchent contre l’Iral l’opération « Renard du Désert » (Desert Fox) : des centaines de missiles américaines sont tombés sur Bagdad, sans l’accord de l’ONU. Les raids ont duré six heures et ont visé des objectifs militaires et industriels susceptibles de produire ou stocker des armes de destruction massive. Al-Qaaqaa, la plus grande usine d’explosifs en Irak, une usine d’huile pour freins de voiture, un centre de formation de mécaniciens auraient été détruits. A l’entrée de Takrit, au nord de la capitale, un silo a été pulvérisé par un missile. Le premier bilan de la nuit fait état de cinq morts et d’une trentaine de blessés. Selon des sources britanniques, une usine de missiles, à trente kilomètres de Bagdad, un centre de production de gaz à Rashidiya, le palais présidentiel de Jabul Makhul (près de Samarra), le quartier général de la sécurité présidentielle dans la capitale, ont aussi été visés. De même que des défenses antiaériennes, des postes de contrôle et de commandement et, plus inattendu, la maison d’une des filles de Saddam Hussein, à Bagdad. Un missile s’est égaré et s’est abattu sur la ville iranienne de Khorramchar, sans faire de victime (Téhéran demande des explications à Washington). Un peu partout dans le monde, on s’interroge sur les motivations profondes de cette hâte américaine à frapper l’Irak, au nom d’une communauté internationale… qui n’a même pas été consultée. La Russie et la Chine ont violemment réagi.
jeudi 17 décembre
Dans la soirée, de nouvelles frappes ont eu lieu sur Bagdad, cette fois avec la participation d’avions britanniques. Six missiles ont explosé près du palais des congrès dans le centre de la capitale. Les ministères de la Défense et de l’Industrie militaire ainsi que des baraquements de la Garde républicaine ont également été frappés. Le raid a duré dix minutes. La Russie continue à protester violemment : dans la soirée, plusieurs unités de l’armée russe (marine et armée de l’air) ont reçu l’ordre de « se tenir prêtes à accomplir les tâches qui pourraient leur être assignées ».
vendredi 18 décembre
Les Irakiens ont vécu, dans la soirée, une troisième nuit de bombardements après deux jours de frappe qui ont tué au moins vingt-cinq personnes, blessé soixante-quinze autres et fait d’importants dégâts. Un hôpital et une maternité ont été sérieusement endommagés. Saddam Hussein a appelé les Irakiens à « poursuivre la résistance » et à refuser « tout compromis ». Les Irakiens affirment avoir abattu soixante dix-sept des trois cents cinq missiles lancés sur le pays depuis deux jours. La colère dans le monde arabe ne cesse de s’amplifier. Mais les réactions les plus vives viennent de Chine et de Russie.
samedi 19 décembre
Bagdad a vécu sa quatrième nuit de bombardement. Le début du mois de jeûne du Ramadan n’a pas dissuadé les Américains et les Britanniques de poursuivre leurs frappes. Une dizaine de missiles se sont abattus en deux salves, en milieu de soirée. La première salve a touché un quartier résidentiel et administratif du centre de la capitale et l’autre, un quartier plus éloigné. Les Irakiens ont radicalisé leur position : le vice-président Taha Yassine Ramadan a clairement annoncé que son pays refuserait désormais un retour des inspecteurs de l’ONU. Dans tout le monde arabe, les bombardements ont provoqué une vague de manifestations anti-américaine : l’ambassade américaine à Damas a été attaquée par la foule.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 décembre
Après une quatrième vague de bombardements, le président américain Bill Clinton a annoncé à minuit la fin des frappes. En quatre jours, les pertes irakiennes sont estimées entre 600 et 2 000 tués. 85 % des cibles visées auraient été frappées. Plus de six cents sorties ont été effectuées, avec l’utilisation de 90 missiles de croisière et 325 Tomahawk. Si sur le plan militaire l’opération « Renard du désert » est un succès, sur le plan diplomatique c’est moins évident. Dans les pays arabes, ce sont les Etats-Unis qui sont la cible des principales critiques.
lundi 21 décembre
Le personnel de l’Unicef a commencé à réparer, dans les hôpitaux et les écoles de Bagdad, les dégâts dus aux bombardements américains et britanniques. Une équipe de l’Unicef s’est également rendue à Bassorah. A la télévision, Saddam Hussein a salué le soutien populaire arabe à la « résistance du peuple irakien ». Au siège des Nations unies, les quinze membres du Conseil de sécurité ont entamé, à huis clos, une longue série de discussions sur l’avenir des relations entre l’ONU et Bagdad. Plusieurs pays, dont la Russie et la France, demandent que le chef de l’Unscom, Richard Butler, soit remplacé.
mardi 22 décembre
Les Etats-Unis mettent fin à l’opération « Desert Thunder », déclenchée le 11 novembre dernier suite aux menaces irakiennes mais jamais mise en œuvre effectivement. L’opération « Southern Watch » reprend ses drotis à la suite de cette décision : des appareils alliés se remettent à surveiller l’espace aérien irakien à partir de 33e parallèle, soit à quelques dizaines de kilomètres au sud de Bagdad.
mercredi 23 décembre
Bagdad a interdit tous les vols de l’ONU vers ou en partance de l’Irak alors que le personnel humanitaire des Nations unies a repris ses activités, interrompues par l’opération américano-britannique. L’interdiction de survol, qui a empêché l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU Prakash Shah d’atterrir à Bagdad, a été prise « pour garantir la sécurité de l’avion de l’ONU et lui éviter d’être pris entre la chasse américaine et la défense antiaérienne irakienne ».
samedi 26 décembre
L’Irak a annoncé avoir riposté à une attaque d’avions américains ou britanniques contre un site de défense anti-aérienne, dans le sud du pays.
dimanche 27 décembre
Dans un entretien télévisé, le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a lancé un véritable défi aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne : « Le feu irakien répondra à toute violation de son espace aérien ». Londres et Washington ont indiqué qu’ils riposteraient à toute agression.
lundi 28 décembre
L’Irak a mis en pratique sa menace de tirer contre les avions militaires étrangers qui surveillent les zones de son territoire dont son armée de l’air est exclue : des avions de reconnaissance américains ont été la cible de la défense antiaérienne irakienne dans le nord de l’Irak. Les chasseurs F-16 ont riposté, « tuant quatre soldats et en blessant sept autres » selon Bagdad. L’Irak a par ailleurs essuyé un échec diplomatique. La réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue arabe, qui devait se tenir le 30 décembre au Caire, a été reportée au 24 janvier. Ce sont les pays du Golfe (principalement l’Arabie Saoudite et le Koweït) qui sont à l’origine de ce report. L’Irak avait bien l’intention d’entraîner la Ligue arabe dans une demande de levée de l’embargo.
mercredi 30 décembre
Des appareils américains ont tiré sur une batterie de missiles antiaériens dans le sud de l’Irak, près de Talil. Officiellement, les F-16 ont largué deux missiles et « un certain nombre » de bombes après la détection, par des appareils britanniques, d’activités « offensives » irakiennes dans cette zone.
L'Irak dément avoir exécuté des prisonniers politiques, comme l'affirme l'opposition irakienne. Bagdad parle de « propagande orchestrée et hostile à l'Irak, déclenchée par la prétendue opposition ».
Des inconnus ont attaqué à la roquette lance-grenades le centre d'opérations des Nations unies à Bagdad, sans faire de victime (le bâtiment était désert). C'est la deuxième attaque contre un bâtiment de l'ONU en Irak en trois mois.
lundi 5 janvier
Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a approuvé, dans la soirée, le plan de distribution de vivres à l'Irak établi par Bagdad. Ce qui, dans le cadre de l'accord « pétrole contre nourriture », ouvre la voie à une reprise des exportations de pétrole irakiennes. Dans les deux jours, a précisé l'Irak.
lundi 12 janvier
L'Irak a décidé, de nouveau, d'interdire, à partir du 13 janvier, les inspections d'une équipe de seize experts de l'ONU en désarmement parce qu'elle est conduite par un Américain et comprend neuf Américains et cinq Britanniques. L'ONU annonce qu'elle va poursuivre ses inspections en dépit de cette nouvelle interdiction.
mardi 13 janvier
Saddam Hussein a mis ses menaces à exécuter : une équipe d'experts de l'ONU a dû renoncer à inspecter les sites qu'elle voulait contrôler. Motif invoqué : trop d'Américains et de Britanniques dans cette équipe des Nations unies. Estimant que les Irakiens « tirent vraiment trop sur la corde », Washington a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU en précisant que les Etats-Unis étaient prêts à « agir seul s'il le faut ». Cette équipe d'experts voulait vérifier si des prisonniers n'ont pas été utilisés comme cobayes pour tester des armes biologiques et chimiques.
vendredi 16 janvier
La France, la Russie et la Chine seront mieux représenter au sein de l'Unscom. Richard Butler espère ainsi résoudre la crise déclenchée par Saddam Hussein, qui juge les experts américains trop nombreux. Scotter Ritter, inspecteur américain de l'ONU et bête noire de Saddam Hussein, a quitté l'Irak faute d'avoir accès aux sites présidentiels dans lesquels le chef d'Etat irakien est soupçonné de cacher des armes qu'il aurait dû démanteler.
samedi 17 janvier
Dans la soirée, dans un discours télévisé marquant le septième anniversaire du déclenchement de la guerre du Golfe, Saddam Hussein a menacé de fixer un délai de six mois aux inspecteurs de l'ONU en mission pour surveiller le désarmement irakien. Il a aussi lancé une campagne de mobilisation pour se préparer à « une éventuelle attaque américaine ». Il a assuré que « le peuple et la direction de l'Irak sont déterminés à mener le grand jihad (guerre sainte) pour la levée de l'embargo ».
nuit du samedi 17 au dimanche 18 janvier
Six Irakiens et deux Egyptiens ont été tués à l'arme blanche dans la villa d'un quartier huppé de la capitale jordanienne appartenant à un riche homme d'affaires irakiens. Parmi les victimes figurent le numéro deux de l'ambassade d'Irak en Jordanie, Hekmat al-Hejjou, ministre plénipotentiaire. Selon la police jordanienne, « la cruauté et le professionnalisme des tueurs désignent un service secret ou une mafia ». Les autorités jordaniennes excluent à priori les motivations politiques et privilégient plutôt des « dissensions financières ».
dimanche 18 janvier
Reprenant les paroles mêmes du Président Hussein, le ministère de la Défense a appelé les volontaires « hommes et femmes de tous âges capables de porter les armes », ainsi que les officiers et sous-officiers retraités, à se présenter dans les permanences du Baas à partir du 1er février, pour y suivre un « entraînement populaire ». Ce délai doit permettre d'attendre la fin du mois de ramadan et la fête du Fitr, aux derniers jours de janvier.
Les Américains renforcent leurs positions dans le golfe Persique : la 3e division d’infanterie de Fort Stewart (Géorgie) déploie 4 000 hommes et 2 900 tonnes d’équipements pour 120 avions.
lundi 19 janvier
Dénonçant Richard Butler, qui vient d'arriver à Bagdad, comme un « agent américain » et ses inspecteurs comme des « espions à la solde de l'Amérique », plus de 5 000 manifestants se sont rassemblés devant le siège de l'ONU à Bagdad où ils ont brûlé un drapeau américain. Au même moment, les funérailles collectives de soixante enfants victimes des restrictions dues à l'embargo se sont transformés, elles aussi, en manifestation anti-américaine. Le cortège funèbre conduit par des députés. « L'Amérique est l'ennemi de Dieu ! » ont crié les proches des enfants en passant devant le siège du Programme de l'ONU pour le développement (PNUD). Certains ont ajouté : « Il y aura un prix à payer pour le sang de nos enfants ».
mardi 20 janvier
Saddam Hussein défie une nouvelle fois le Conseil de sécurité des Nations unies. En laissant Richard Butler repartir les mains vides, Bagdad prend délibérément le risque d'une escalade. Le chef de l'Unscom a confirmé la volonté irakienne de « geler » les discussions. Avant de reprendre les négociations, Bagdad veut attendre les résultats, qu'il espère « positifs pour l'Irak », du tout nouveau comité d'évaluation technique du processus de désarmement. Cette instance doit se réunir à partir du 1er février dans la capitale irakienne, avec la participation de représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de l'Allemagne. Le chef de la diplomatie britannique, Robin Cook, vient d'accuser Saddam Hussein de produire en secret assez de bactéries de charbon, maladie du bétail transmissible à l'homme, pour remplir « chaque semaine deux ogives de missiles ». Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n'excluent pas un recours à la force : trois de leurs porte-avions croisent dans le Golfe.
samedi 24 janvier
Les principaux conseillers du président américain en matière de sécurité ont longuement travaillé sur la crise entre l'ONU et l'Irak. Si Saddam Hussein continue à s'opposer à la visite de certains sites par les inspecteurs des Nations unies, les Etats-Unis pourraient avoir recours à la force.
lundi 26 janvier
Bagdad a fait savoir, par le biais du quotidien du parti au pouvoir, As-Saoura, qu'une « agression ne changera rien sur le terrain ». De toute façon, explique un parlementaire irakien, « ces menaces ne font pas peur à l'Irak » dont un million de volontaires sont appelés à s'enrôler dès le 1er février pour recevoir un entraînement militaire. « Inquiet de la situation », le président russe Eltsine a décidé d'envoyer un « émissaire spécial » à Bagdad : Viktor Possouvaliouk, son vice-ministre des Affaires étrangères.
mardi 27 janvier
Les Etats-Unis manifestent de plus en plus ouvertement leur impatience face à l'obstination de l'Irak à leur tenir tête et la Grande-Bretagne, de son côté, par le biais d'un entretien publié dans le quotidien égyptien Al-Hayat, se dit prête à employer la force. La France et la Russie, au contraire, multiplient les démarches diplomatiques pour convaincre Saddam Hussein de permettre sans plus tarder aux inspecteurs de l'ONU. A Bagdad, les manifestations anti-américaines s'y multiplient. Dans la soirée, dans son discours devant le Congrès américain, le président Clinton a directement apostrophé Saddam Hussein sur le ton de la menace : « Je dis à Saddam Hussein : vous ne pouvez pas défier la volonté du monde ».
jeudi 29 janvier
Moscou, qui trouve une oreille attentive en France et affiche son optimisme sur une issue négociée de la crise irakienne, n'admet pas l'acharnement américain contre Bagdad. Le chef de la commission de l'ONU chargée du désarmement de l'Irak est accusé de jouer le jeu de Washington.
vendredi 30 janvier
Pour les Américains, « le temps est venu d'entreprendre des actions fondamentales » contre l'Irak qui refuse toujours de se soumettre aux décisions de l'ONU. Mais il leur est bien difficile d'en convaincre tous leurs alliés. Toutefois, la décision est désormais entre les mains du président Clinton. A Bagdad, on s'est livré à une petite provocation. Les autorités ont invité des diplomates en postes dans la capitale irakienne à visiter des « sites présidentiels », ceux-là même qu'elles refusent aux inspecteurs de l'ONU.
samedi 31 janvier
Les Etats-Unis ont encore haussé le ton à l'encontre de l'Irak. Le secrétaire d'Etat Madeleine Albright a évoqué à Londres la possibilité d'une frappe militaire « significative ». Washington a obtenu le soutien de la Grande-Bretagne qui a promis de ne pas « se dérober » en cas d'attaque contre Saddam Hussein. En revanche, le président russe Boris Eltsine et l'ONU ont au contraire tenté de calmer le jeu.
dimanche 1er février
Concernant des négociations directes réclamées par Bagdad, la demande de l'Irak a trouvé un premier écho favorable : deux équipes d'experts de l'ONU sont arrivés à Bagdad pour évaluer les progrès accomplis par l'Irak en matière de désarmement.
lundi 2 février
Reprise de l'intensité diplomatique pour tenter de désamorcer la crise entre l'Irak et l'ONU. Un moment, on a cru qu'un signe de décrispation venait d'Irak : selon Moscou, Saddam Hussein acceptait de laisser l'Unscom visiter huit nouveaux sites présidentiels, jusqu'ici interdits. Information démentie dans la soirée. Les Etats-Unis avaient déjà jugé l'offre insuffisante.
mardi 3 février
Le secrétaire d'Etat américain, Madeleine Albright, a achevé sa tournée dans les pays arabes sans être parvenus, semble-t-il, à convaincre leurs chefs e file, l'Arabie et l'Egypte, de soutenir une éventuelle attaque anglo-américaine contre l'Irak. De son côté, l'ambassadeur de l'Irak auprès des Nations unies, Nizzar Hamdoun, a affirmé dans la soirée que son pays n'avait pas « la capacité de frapper Israël et qu'il n'avait plus de missiles à longue portée ».
mercredi 4 février
La multiplication des initiatives diplomatiques russes, françaises et turques, pour tenter de régler la crise irakienne en douceur ne semblant toujours pas convaincre les Etats-Unis, le président Russe Boris Eltsine a manifesté sa colère devant les caméras au Kremlin. Il a brutalement accusé son homologue américain de « risquer une guerre mondiale » avec ses menaces. Malgré les concessions irakiennes (annoncées en Egypte) de laisser inspecter huit « sites présidentiels », Washington maintient ses menaces et ignore les remontrances russes... en affirmant que le porte parole du Kremlin en a ensuite rectifié les termes.
jeudi 5 février
Boris Eltsine a réitéré son discours de la veille : « On ne doit en aucun cas admettre une frappe américaine et nous n'allons pas l'admettre ». Le seul allié des Etats-Unis à prôner, lui aussi, la manière forte contre l'Irak, pour l'instant, c'est la Grande-Bretagne. Le Premier ministre britannique est arrivé à Washington pour une visite de quatre jours, destinée essentiellement, selon son porte-parole, à débattre de « logistique » avec le président américain. Le scénario de l'intervention risque d'être compliqué par l'attitude de la Turquie, qui rechigne toujours à autoriser l'utilisation de sa base aérienne d'Incirlik. Le Premier ministre Mesut Yilmaz a expliqué que son éventuelle autorisation ne « résulte pas du fait accompli », mais dépendra du Parlement turc.
dimanche 8 février
Les Américains, forts du soutien de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, poursuivent leurs préparatifs militaires. Et réaffirment leur détermination à frapper si Saddam Hussein ne se plie pas aux exigences de l'ONU. L'Arabie Saoudite a réaffirmé sa réticence à une opération contre l'Irak... sauf si l'action américaine vise à éliminer Saddam Hussein. En Irak, ce sont plus d'un million de volontaires qui s'entraînent depuis le début du mois au maniement des armes. La Turquie a envoyé plus de 5 000 soldats dans le nord de l'Irak pour renforcer sa zone de sécurité. Elle soupçonne les Etats-Unis de vouloir profiter de la situation pour créer un Etat kurde dans cette région.
lundi 9 février
Les Nations unies ont affirmé que les médiations en cours pour tenter de régler la crise irakienne autrement que par la force étaient dans une « phase critique ». Kofi Annan, le secrétaire de l'ONU, a annulé une tournée de dix jours au Proche-Orient, estimant que la gestion de cette crise à New York. Le dispositif militaire déployé par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne dans la région a encore été renforcé.
mardi 10 février
Les Emirats arabes unis, deuxième partenaire économique des Etats-Unis dans la région, ont informé Washington de leur hostilité à toute frappe militaire contre l'Irak. Dans le même temps, ils engagent Saddam Hussein à se conformer aux résolutions de l'ONU, seule façon de « parvenir à la levée de l'embargo et de mettre un terme aux épreuves du peuple irakien frère ». Moscou, de son côté, met une nouvelle fois les Etats-Unis en garde : « Nous nous demandons ce que peut être le résultat du déchaînement d'une puissance de feu massive contre des arsenaux d'armes de destruction de masse... » Bagdad aurait fait transmettre à Jérusalem, via Moscou, un message expliquant qu'il n'avait « ni la capacité ni l'intention de frapper Israël ».
mercredi 11 février
En visite en Egypte, le ministre irakien des Affaires étrangères a annoncé que Bagdad acceptait l'inspection des « sites présidentiels », à la condition qu'elle ne dure « qu'un ou deux mois ». Washington a rejeté ce compromis, exigeant un accès aux sites « sans restriction ».
jeudi 12 février
Le maréchal Igor Sergueïev, ministre russe de la Défense, a fermement mis en garde son homologue américain qui lui rendait visite contre les conséquences d'une intervention américaine en Irak. « Le problème irakien est multiple et ne doit pas être considéré comme un conflit entre les Etats-Unis et l'Irak », a-t-il expliqué. Il a fort surpris son interlocuteur en ajoutant : « La crise touche malheureusement les intérêts vitaux de la Russie et de quelques autres pays du Golfe... » Il a notamment laissé entendre que la coopération militaire entre Moscou et Washington aurait à en souffrir.
vendredi 13 février
Officiellement, Washington minimise la dernière mise en garde russe contre une intervention armée en Irak. Pourtant, tout montre que la diplomatie américaine y réfléchit. Plus insidieusement, car sans en apporter la preuve, les Etats-Unis tentent maintenant de discréditer les efforts diplomatiques de la Russie en l'accusant d'avoir partie liée avec l'Irak pour la fabrication d'armes biologiques. C'est le Washington Post qui a lancé ce brûlot, en affirmant pêle-mêle que la Russie exporte illégalement vers Bagdad des matières suspectes, qu'elle espionne les équipes d'experts en désarmement de l'ONU et qu'elle fournit à l'Irak des informations confidentielles concernant les projets de la commission d'inspection.
samedi 14 février
Les espoirs se sont tournés vers le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, pour régler la crise irakienne. Le représentant permanent de l'Irak à l'ONU, lui a annoncé que son pays était « disposé à se montrer flexible, à coopérer et à l'accueillir ». De leur côté, les Etats-Unis ont continué à préparer l'opération « Tonnerre du désert » contre l'Irak. Leur idée : rallier à leur cause les pays arabes en proposant une surveillance accrue des actions de Bagdad accompagnés d'un allègement du régime de sanction après avoir procédé à des frappes aériennes.
lundi 16 février
Le Parlement irakien a appelé le secrétaire général de l'ONU à « assumer ses responsabilités et empêcher une attaque contre un pays membre de l'ONU ». Le président égyptien Hosni Moubarak estime qu'une visite à Bagdad constitue « le dernier espoir d'une solution pacifique ». Kofi Annan pose une condition à ce voyage : que les cinq membres du Conseil permanent de l'ONU se mettent d'accord sur une formule lui permettant de faire le voyage avec l'espoir d'obtenir « une solution réalisable ». Or, Washington a rejeté, par avance, tout compromis « creux ».
mardi 17 février
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Mohamed Saïd al-Sahhaf, s'est rendu en France où il a rencontré le président Jacques Chirac. Ce dernier a déclaré : « Le temps est compté ». Le ministre a de nouveau dénoncé « l'absurdité des allégations selon lesquelles le pays continuerait à produire des armes de destruction massive ». De son côté, le président Clinton a déclaré que les Etats-Unis sont « prêts à agir militairement contre l'Irak ». Son secrétaire à la Défense, William Cohen, a annoncé un renforcement du dispositif militaire au Koweït : « Entre cinq et six mille soldats ». Ce déploiement porte à environ 10 000 les effectifs de l'armée de terre américaine dans le Golfe. La Russie et la Chine, eux, « n'acceptent pas que la crise irakienne soit résolue par la force ». Mais des signes de compromis apparaissent. Selon des diplomates occidentaux à l'ONU, « on va dans la bonne direction ». Les Etats-Unis accepteraient désormais l'idée (avancée par la France) de « modalités spéciales » pour l'inspection des huit sites militaires au cœur de la crise. Bagdad a admis le principe de cette inspection mais veut limiter a durée à soixante jours et refuse qu'elle soit menée par la Commission spécialisée de l'ONU chargée de son désarmement.
nuit du mardi 17 au mercredi 18 février
Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son feu vert à Kofi Annan pour qu'il aille négocier à Bagdad. Mais les Etats-Unis se réservent « le droit d'exprimer leur désaccord avec ses résultats s'ils ne sont pas conformes aux résolutions du Conseil de sécurité et à nos intérêts nationaux ».
mercredi 18 février
Nouveau signe de la « logique de guerre », les Américains ont commencé a livrer des missiles anti-missiles Patriot à Israël. Dans la soirée, le chef de la diplomatie irakienne a assurait que l'Irak « réagira positivement » aux propositions de M. Annan.
jeudi 19 février
Des diplomates et des employés de l'ONU quittent l'Irak, comme si l'intervention américaine était désormais acquise.
vendredi 20 février
Kofi Annan est arrivé à Bagdad et le dialogue semble enfin s’engager pour empêcher une intervention militaire anglo-américaine : l’Irak a accepté d'ouvrir les sites présidentiels - qui font l'objet des ultimes discussions entre Saddam Hussein et le secrétaire général de l’ONU - à une équipe d'arpenteurs mandatés par l'ONU (un Suédois et deux Autrichiens) qui ont pu les photographier et constater qu'ils sont beaucoup moins grands qu'on le pensait. Mieux : des experts de la commission de désarmement de l'ONU ont été autorisé à les accompagner. Par ailleurs, le Conseil de sécurité s'est réuni pour adopter une résolution qui permet à l'Irak de doubler ses ventes de pétrole, portant à plus de cinq milliards de dollars par semestre les transactions autorisées, contre deux actuellement.
dimanche 22 février
Dans la soirée, la médiation engagée à Bagdad par le secrétaire général de l'ONU a abouti et est propre à satisfaire les exigences du Conseil de sécurité. La Maison-Blanche préfère toutefois attendre « une réponse à certains questions » avant de porter un jugement.
lundi 23 février
Le président Clinton a déclaré dans la soirée qu'il approuvait sous condition l'accord signé le matin même par Kofi Annan et le vice-Premier ministre irakien, Tarek Aziz, concernant l’accès aux sites présidentiels des inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement en Irak. L'accord sera soumis le 24 février aux quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU, mais il a déjà recueilli l'approbation des pays membres. Si il est respecté par l'Irak, il permettra peut être de « voir la lumière au bout du tunnel », c'est-à-dire la fin de l'embargo.
mardi 24 février
Les quinze membres du Conseil de sécurité ont salué « les résultats très satisfaisants » de l'accord avec l'Irak. Mais les Américains ne sont pas convaincus. Ils promettent de frapper si Bagdad ne joue pas le jeu.
mercredi 25 février
Les membres du Conseil de sécurité ont commencé à préparer une résolution lançant une sévère mise en garde à Bagdad contre toute violation de l'accord sur les inspections des sites présidentiels. Des experts des quinze pays du Conseil se sont retrouvés pour discuter d'un projet de résolution présenté par la Grande-Bretagne. Ce projet devrait aussi endosser l'accord de Bagdad qui ouvre pour la première fois les palais de Saddam Hussein aux inspections de l'ONU. Dans la soirée, les Etats-Unis disaient avoir reçu des « assurances » qui clarifient des « points essentiels » de l'accord, en particulier le « contrôle opérationnel » par l'Unscom des inspections.
jeudi 26 février
Le personnel humanitaire de l'ONU évacué au plus fort de la crise a commencé à regagner Bagdad et les experts en désarmement ont inspecté quatorze sites irakiens. Les « sites présidentiels » seront inspectés par un groupe spécial incluant des diplomates, à la tête duquel le secrétaire général de l'ONU a nommé un Sri-Lankais, Jayantha Dhanapala.
vendredi 27 février
Les quinze membres du Conseil de sécurité des nations unies ne sont pas parvenus à un accord sur le texte de la résolution qu'ils vont envoyer à l'Irak. Dix d'entre eux se sont opposés, dans la soirée, à un projet de résolution britannique menaçant l'Irak des plus graves conséquences s'il ne respectait pas l'accord signé avec Kofi Annan. Ce texte ouvre la voie aux frappes automatiques auxquelles sont attachés les Américains et dont la France, la Russie et la Chine ne veulent pas. Le Brésil a proposé un amendement donnant au Conseil de sécurité la responsabilité de l'examen de la riposte. Le secrétaire d'Etat adjoint américain, Strobe Talbott, a, par avance, indiqué que les Etats-Unis « n'ont pas besoin de nouvelles autorisations de l'ONU » pour faire subir « aussitôt » au chef de l'Etat irakien « les très graves conséquences » d'un non-respect de « ses engagements ».
en février
Le Sénat américain a voté la résolution 71, exigeant du président Clinton de réaliser « toutes les actions nécessaires et appropriées pour répondre à la menace posée par le refus irakien de mettre fin à son programme de destruction massive ».
lundi 2 mars
Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l'unanimité une résolution qui entérine l'accord signé avec Bagdad par Kofi Annan. Les divergences sur le recours automatique à la force, en cas de violation de cet accord par l'Irak, ne sont pourtant pas dissipées. Les Etats-Unis affirment que ce texte leur en donne le droit. La France et la Chine, par exemple, prétendent le contraire...
Les funérailles collectives de trente-trois enfants victimes du manque de médicaments ont été organisées à Bagdad. Le cortège funèbre a notamment marqué une halte devant le bureau du Pnud, le Programme de développement de l'ONU.
jeudi 5 mars
Scott Ritter est de retour à Bagdad. Cet inspecteur américain de l'ONU est la bête noire de Saddam Hussein. Il reprend sa mission mais ce n'est pas lui qui inspectera les sites présidentiels.
vendredi 6 mars
L'Irak est invité par plusieurs pays amis à ne pas céder aux provocations. Le retour à Bagdad de l'Américain Scott Ritter, est sans doute à l'origine de cette mise en garde.
mercredi 11 mars
Le Sri-Lankais Jayantha Dhanapala, chef du « groupe spécial » de l’ONU chargé d'inspecter les « sites présidentiels » irakiens, est arrivé à Bagdad pour mettre en route sa mission. Le même jour, les Irakiens enterraient quarante enfants morts en raison du « manque de médicaments et de vivres » dû à l'embargo imposé au pays par l'ONU depuis août 1990, ont expliqué les autorités.
vendredi 13 mars
Le Sénat américain a voté, à l'unanimité, une résolution appelant à poursuivre en justice le président irakien, Saddam Hussein, pour crimes de guerre, génocide et autres violations du droit international.
lundi 23 mars
Dans la soirée, Londres a annoncé que tous les ports britanniques étaient en alerte depuis une semaine en raison d'une menace bactériologique irakienne. L'Irak a formellement démenti.
mercredi 25 mars
Soixante experts en désarmement de l'ONU sont arrivés à Bagdad avec pour mission d'inspecter les huit « sites présidentiels » dont l'accès avait été interdit par Saddam Hussein aux précédentes équipes des Nations unies. Les dix-neuf diplomates qui doivent les accompagner dans cette tâche délicate, comme le prévoit l'accord signé le 23 février, étaient arrivés la veille.
jeudi 26 mars
La première des inspections de sites présidentiels irakiens prévues par l'accord entre Bagdad et l'ONU a eu lieu. Le président américain estime que « c'est une bonne chose », car « cela signifie que, pour l'instant, l'accord tient bon ».
dimanche 29 mars
Des experts en désarmement et des diplomates de l'ONU ont inspecté sans incident le site présidentiel de Takrit (nord du pays), ville natale du président irakien, puis se sont rendus à Mossoul.
jeudi 2 avril
L'Iran a libéré huit cents prisonniers de guerre irakiens à un poste de frontière entre les deux pays. L'Irak, de son côté, a libéré soixante-deux prisonniers iraniens. D'autres échanges sont prévus, qui portent sur trois cents quatre-vingt prisonniers iraniens et 5 592 Irakiens. Téhéran affirme que Bagdad détient encore entre 5 000 et 10 000 de ses soldats, l'Irak prétend que 20 000 des siens sont toujours en Iran.
Richard Butler, le chef de la commission spéciale des Nations unies chargée du désarmement de l'Irak, estime que les inspections de l'ONU « pourraient être très rapidement terminées » si Bagdad continue de coopérer. La fin des inspections est le préalable à la levée des sanctions internationales qui frappent le pays.
vendredi 3 avril
Le « groupe spécial » de l'ONU chargé de l'inspection des sites présidentiels irakiens a achevé sa première mission. Des « visites complémentaires » ne sont pas exclues, à condition qu'elles se fassent, selon les termes de l'accord passé entre Bagdad et l'ONU, « dans le respect de la dignité et de la souveraineté de l'Irak ». Le diplomate sri-lankais qui dirige le « groupe spécial » a cependant déclaré que son rapport à l'ONU « soulignera que la mission a réussi ».
dimanche 5 avril
Bagdad et Téhéran ont conclu un accord pour régler définitivement le dossier de leurs prisonniers de la guerre de 1980-1988. Déjà, près de 2 500 prisonniers ont été échangés depuis le 2 avril, 2 300 Irakiens et cent soixante-deux Iraniens. Un comité adjoint examinera le cas des prisonniers non identifiés.
samedi 11 avril
Selon le rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme de l'ONU, en 1997, plus de 1 500 personnes ont été pendues, électrocutées ou passées par les armées pour des raisons politiques en Irak. La plupart ont été tuées en novembre et décembre lors de la « Campagne de purification des prisons ».
samedi 18 avril
A Erbil (Kurdistan), Shapoor Abdul-Kadir et Kabil Adil, deux membres de la direction du Parti communiste ouvrier d’Irak, ont été assassinés par un groupe islamiste, alors qu’ils préparaient un procès contre la fatwa lancée par un prédicateur local contre les dirigeantes de l’Organisation des femmes indépendantes.
lundi 27 avril
Le Conseil de sécurité de l'ONU a examiné, dans la soirée, la situation du désarmement de l'Irak. Les Américains sont opposés à toute levée des sanctions, car, selon Richard Butler, l'Irak n'a fait « pratiquement aucun progrès » en la matière. Au contraire, pour Bagdad, tous les dossiers du désarmement doivent être bouclés.
nuit du lundi 27 au mardi 28 avril
Se ralliant à la position américaine et britannique, l’ONU a maintenu l’embargo contre l’Irak pour six mois supplémentaires.
mardi 28 avril
La Russie fait circuler un projet de résolution visant à fermer le dossier nucléaire du désarmement irakien, ce que les Etats-Unis jugent « prématuré ».
mercredi 29 avril
Richard Butler a rendu compte aux Nations unies de la disparition de plus de cinq cents obus remplis de gaz moutarde, dont Bagdad est incapable de justifier l'absence. De même, bien que l'Irak affirme avoir éliminé toutes ses armes de destruction massive, les inspecteurs ont récemment retrouvé des obus qui, bien que de fabrication ancienne, contenaient encore du gaz moutarde « pur à 97 % ».
en avril
Assassinat de l’ayatollah chiite Ali Mohammad al-Baroujourdi, dans le sud du pays.
vendredi 8 mai
L’ONU a voté l'annulation d'une sanction prise à l'encontre de l'Irak : le contrôle des déplacements de ses diplomates. La levée de cette sanction, toute théorique puisqu'elle n'avait jamais été appliquée, suit le rapport Butler qui s'est félicité de la bonne coopération de l'Irak sur le contrôle des sites présidentiels.
mercredi 13 mai
Visite en France de Tarek Aziz, vice-Premier ministre irakien. Il a été reçu par le ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine. Tarek Aziz a déclaré qu'il « n'y a pas de conflit entre l'Irak et la France » et que les deux pays peuvent « renouer des relations normales ».
vendredi 15 mai
L'ONU pourrait fermer en juillet le dossier nucléaire irakien. Cela constituerait un premier pas vers la lever des sanctions imposées depuis huit ans à Bagdad pour l'obliger à se débarrasser de toutes ses armes de destruction massive. Les inspections de l'ONU ont démontré que l'Irak ne possède pas d'arme nucléaire. En revanche, la preuve n'est pas apportée que le pays n'a ni armes chimiques ni armes biologiques.
mardi 19 mai
En visite au Vatican, le vice-président Tarek Aziz a invité le pape Jean-Paul II à se rendre en Irak.
mercredi 20 mai
L’architecte Yanar Mohammed fonde à Toronto (Canada) l’association Défense des droits des femmes irakiennes (DIWR), qui s'investit particulièrement dans la lutte contre l’embargo international.
dimanche 7 juin
Un communiqué du Conseil des ministres irakien, publié dans la presse de Bagdad, annonce que l'Irak n'acceptera plus aucune aide humanitaire parce que « le peuple n'est pas paresseux et n'a pas demander de l'aide ». Cette décision s'inscrit dans l'offensive diplomatique lancée depuis plus d'un mois pour exiger la levée de l'embargo. L'Irak, dans ce communiqué, « remercie ceux qui se sont solidarisés avec lui » et les invite maintenant « à faire campagne pour la levée de l'embargo injuste ».
lundi 8 juin
Ouverture à Bagdad du troisième congrès panchrétien sur l'embargo. Il réunit cent soixante-dix personnalités chrétiennes, parmi lesquelles le cardinal français Robert Etchegaray.
mercredi 10 juin
Un responsable de l'Unscom affirme que Richard Butler, attendu le 11 juin, adoptera une « approche flexible » dans ses discussions. Bagdad n'a cessé de dénoncer l'attitude provocatrice de ce diplomate australien, chef de l'Unscom. Il est porteur, cette fois, d'une « feuille de route » sur les mesures que l'Irak doit appliquer pour achever son désarmement, ce qui devrait ouvrir la voie à la levée des sanctions internationales.
samedi 13 juin
Richard Butler a entamé des entretiens difficiles en Irak, au moment où Bagdad le presse de proclamer la fin de sa mission. Muni d'une feuille de route qui détaille les mesures que doit encore prendre Bagdad pour achever son désarmement, Butler a rencontré Tarek Aziz, vice-Premier ministre chargé des relations avec l'ONU. L'embargo ne pourra être levé que lorsque l'Irak ne possédera plus d'armes nucléaires, chimiques, biologiques et de missiles d'une portée supérieure à cent cinquante kilomètres.
dimanche 14 juin
Des funérailles collectives ont été organisées à Bagdad pour quarante-trois enfants, morts selon leur proche « par manque de médicaments ». Le cortège, suivi par plusieurs dizaines de personnes, s'est arrêté devant les locaux des Nations unies.
mercredi 24 juin
L'Irak est une nouvelle fois au banc des accusés devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Richard Butler affirme que des missiles ont été équipés de VX, un gaz neurotoxique mortel, avant la guerre du Golfe. Pour sa défense, Bagdad a mis en cause la fiabilité des analyses faites, par un laboratoire américain, sur des fragments d'ogives récemment déterrés par les experts de l'ONU.
nuit du mercredi 24 au jeudi 25 juin
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé le maintien des sanctions contre l'Irak pour une nouvelle période de soixante jours.
jeudi 25 juin
La presse de Bagdad s'est déchaînée contre Richard Butler dont elle dénonce « les mensonges, l'hypocrisie et les fausses informations ». Des responsables irakiens laissent planer la menace d'une nouvelle crise, comme celle qui a failli provoquer un affrontement entre l'Irak et les Etats-Unis, au début de l'année.
mardi 30 juin
Un chasseur américain F-16 a fait feu contre une batterie de missiles irakiens dont le radar avait « accroché » les appareils britanniques qu'il accompagnait en mission. L'incident s'est produit dans la zone d'exclusion aérienne de l'Otan, au sud du 33e parallèle, vers Bassorah. Bagdad a dénoncé cette « agression injustifiée » de la part des Etats-Unis et démenti l'activation de ses radars. Washington semble embarrassé et le vice-président Al Gore admet qu'il y a « beaucoup d'incidents » de radars et que cela ne traduit pas obligatoirement une action délibérée de l'Irak.
mercredi 15 juillet
La Syrie et l’Irak ont décidé de construire un nouvel oléoduc et de remettre en service celui qui relie le champ pétrolier de Kirkuk, dans le nord de l’Irak, au port syrien de Baniyas, fermé depuis 1982.
dimanche 19 juillet
Une commission des Nations unies a recensé plus de 45 000 personnes disparues depuis trente ans dans le monde, arrêtées ou enlevées par des services officiels ou des groupes liés au pouvoir en place. L’Irak détient la palme de l’horreur avec 19 496 cas, devant le Sri Lanka (12 208), l’Argentine (3 453), le Guatemala (3 153), le Pérou (3 004) et le Salvador (2 661).
lundi 3 août
Richard Butler, chef de l’Unscom, a proposé « un programme de travail accéléré » au chef de la diplomatie irakienne. Tarek Aziz a refusé, accusant même Butler d’être « malhonnête » et de servir les intérêts américains.
mardi 4 août
Le chef de l’Unscom, la Commission spéciale de l’ONU chargée du désarmement irakien, a quitté prématurément Bagdad pour rendre compte au Conseil de sécurité du blocage des missions d’inspection. L’Irak, qui n’a pas accepté la prolongation des sanctions économiques par l’ONU en juin, semble prêt à un bras de fer identique à celui qui, en février, avait failli dégénérer en guerre ouverte avec les Etats-Unis.
mercredi 5 août
Le président Saddam Hussein a annoncé l’arrêt immédiat de toute coopération avec les inspecteurs de l’ONU chargés de superviser le désarmement de son pays. Ceci pour protester contre les sanctions économiques. Les Etats-Unis ont fait savoir qu’il n’était pas question de répliquer militairement.
jeudi 6 août
Le Conseil de sécurité de l’ONU a estimé « totalement inacceptable » la décision irakienne de geler la coopération avec les inspecteurs de l’ONU. Le secrétaire général Kofi Annan estime même que cet acte viole l’accord de février qui avait évité des frappes aériennes sur l’Irak.
vendredi 7 août
Les Moudjahidines du Peuple, opposants au gouvernement iranien installés en Irak, ont accusé l’Iran d’avoir commis un attentat qui vient de faire, selon eux, trois morts et treize blessés, à Bagdad.
mercredi 12 août
Richard Butler affirme que ses inspecteurs ne peuvent plus assurer leur mission et demande au Conseil de sécurité d’agir.
jeudi 13 août
Prakash Shah, émissaire du secrétaire général de l’ONU, a eu un entretien « amical », dans la soirée à Bagdad, avec Tarek Aziz. Ils vont poursuivre le dialogue, mais les chances de compromis apparaissent minces. Bagdad exige toujours une modification de la composition de la commission, accusée de « faire le jeu » des Etats-Unis, et le départ de son patron Richard Butler.
mardi 18 août
Après six jours de négociations à Bagdad, Prakash Shah a achevé sur un échec sa mission à Bagdad : l’Irak refuse toujours de reprendre la coopération avec les inspecteurs chargés du désarmement du pays.
jeudi 20 août
Réuni à New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de maintenir, pour deux nouveaux mois, les sanctions en vigueur depuis huit ans contre l’Irak. Cette mesure, a-t-il précisé, est valable tant que les experts de l’Unscom ne pourront pas assurer que l’Irak n’a plus d’armes de destruction massive.
mercredi 26 août
Le plus en pointe des inspecteurs américains en Irak, Scott Ritter, a donné sa démission à son supérieur hiérarchique, Richard Butler, le responsable de l’Unscom. Pour Ritter, la mission de l’ONU tourne à la « farce » et à la « reddition face à la direction irakienne ».
jeudi 10 septembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a sanctionné l’Irak pour avoir rompu, le 5 août, toute relation avec les inspecteurs du désarmement. A l’unanimité, les quinze membres du Conseil de sécurité ont décidé de ne plus procéder tous les six mois au réexamen de l’embargo actuel. Celui-ci devient donc définitif si l’Irak ne renoue pas avec la mission d’inspection. En, revanche, l’ONU est disposée à un examen d’ensemble des sanctions si l’Irak se soumet, une disposition soutenue notamment par la France et qui permettrait d’envisager un sort moins dramatique pour la population irakienne.
mardi 29 septembre
Scott Ritter, l’Américain qui dirigeait une équipe d’inspecteurs de l’ONU chargés du contrôle du désarmement de l’Irak, a révélé comment les Nations unies ont acquis la preuve que Bagdad dissimule des armes de destruction massive. Grâce au secours de spécialistes israéliens, le code secret avec lequel Saddam Hussein donne ses instructions a pu être « cassé ».
mercredi 30 septembre
L’Irak se dit prêt à reprendre sa coopération avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU, suspendue depuis le 5 août, mais à condition que les Nations unies s’engagent sur un « calendrier précis » menant à la levée des sanctions en vigueur depuis huit ans.
dimanche 4 octobre
Un Palestinien a attaqué une synagogue. Quatre personnes ont été tuées, deux juifs et deux musulmans. Le gouvernement irakien a promis à l’agresseur, qui a été arrêté, le « châtiment qu’il mérite ».
lundi 5 octobre
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a présenté au Conseil de sécurité, un « calendrier raisonnable » pour une levée de l’embargo en place contre l’Irak depuis huit ans. Il s’agit d’établir la liste de ce que Bagdad devrait encore accomplir en matière de désarmement. Pour maintenir l’embargo, les inspecteurs de l’ONU devraient faire la preuve que l’Irak possède encore des armes de destruction massive.
mercredi 7 octobre
Citant des « sources de haut rang », un journal koweïtien affirme que Saddam Hussein souffre d’une tumeur intestinale et qu’il devrait bientôt suivre une chimiothérapie. Le président irakien aurait été examiné, en août, par des médecins français. Faute de traitement approprié, cette tumeur pourrait se transformer en cancer de la moelle épinière.
jeudi 8 octobre
Accusée d’avoir retardé la publication du résultat d’analyses révélant la présence de gaz mortel VX dans des ogives de missiles irakiens, la France a obtenu de l’ONU la convocation d’une réunion d’experts chimistes pour étudier les recherches effectivement réalisées par un laboratoire français.
lundi 26 octobre
Le ministre irakien du Commerce, Mohammed Mehdi Saleh, a entamé une visite de deux jours en France.
mardi 27 octobre
Le département d’Etat américain a affirmé que « tous les tests réalisés dans tout les pays - France, Suisse, et Etats-Unis - sont concluants et valables » : Bagdad a armé des missiles avec un gaz de combat mortel.
mercredi 28 octobre
En opposition aux déclarations américaines de la veille, la France a fait une mise au point : « Le rapport des experts n’aboutit à aucune conclusion définitive (…), il note que certaines incertitudes subsistent », qui nécessitent « le recueil de nouveaux éléments d’information ».
vendredi 30 octobre
Le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé d’offrir à l’Irak de revoir globalement les sanctions en vigueur dès lors que Bagdad aura repris sa coopération avec les inspecteurs de l’Unscom.
samedi 31 octobre
L’Irak a annoncé qu’il rompait immédiatement toute coopération avec la Commission spéciale de l’ONU chargée de désarmer le pays. Pour justifier sa décision, Bagdad a affirmé qu’il n’y avait plus aucun espoir de voir l’UNSCOM recommander une levée des sanctions imposées depuis huit ans. Pour revenir sur sa décision, Bagdad a exigé le limogeage du chef de la Commission spéciale, l’Australien Richard Butler, accusé de jouer le jeu des Etats-Unis. Le secrétaire général de l’ONU a déclaré que cette décision constituait « un manquement grave et une violation majeure » des obligations de Bagdad. Dans la soirée, le Conseil de sécurité de l’ONU a intimé à l’Irak l’ordre de reprendre, sans délai ni condition, la coopération. Par ailleurs, le président Clinton a signé la loi 4655 sur la Libération de l’Irak : des fonds seront accordés aux groupes d’opposition irakiens dans l’espoir de renverser Saddam Hussein et de mettre en place un régime démocratique.
dimanche 1er novembre
« Pas de coopération tant que les demandes irakiennes ne seront pas satisfaites ». Vice-président irakien, Taha Hussein Ramadan a exprimé une fin de non-recevoir à la dernière injonction du Conseil de sécurité de l’ONU.
mardi 3 novembre
Les autorités irakiennes ont commencé la mobilisation de l’opinion publique pour ce qu’elles appellent la « dernière bataille » visant à faire lever l’embargo imposé par les Nations unies. Des funérailles collectives ont été organisées pour une cinquantaine d’enfants « morts à cause de l’embargo ». Le cortège a fait halte devant l’hôtel où sont hébergées les délégations commerciales participant à la Foire internationale, qui a enregistré une participation record. Estimant qu’il n’y a pas « pire que la situation actuelle », l’Irak a fait savoir qu’il maintiendrait sa rupture avec l’Unscom, même au prix de représailles militaires.
jeudi 5 novembre
Le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé, à l’unanimité de ses membres, la reprise « immédiate » de la coopération irakienne avec l’Unscom. Les Etats-Unis ont aussitôt menacé l’Irak de recourir à « l’option militaire », affirmant disposer pour cela d’une base légale et du soutien international.
vendredi 6 novembre
La direction de l’Unscom a annoncé qu’elle rappellera prochainement vingt-cinq des cent vingt membres de son équipe d’inspecteurs.
samedi 7 novembre
L’Irak a affirmé que les menaces américaines ne l’impressionnaient pas : pas question de recommencer à coopérer avec les inspecteurs de l’ONU. Les Etats-Unis continuent à préparer d’éventuels bombardements.
dimanche 8 novembre
L’armée turque lance de nouvelles attaques contre la rébellion kurde, dans le nord de l’Irak.
lundi 9 novembre
Le Pentagone américain a préparé deux scénarios d’attaque de l’Irak. L’un prévoit une attaque rapide et « chirurgicale ». L’autre, qui met en jeu davantage de moyens pour un assaut massif, est qualifié de « plus punitif ». Dans un cas comme dans l’autre, les cibles sont des bases militaires et des sites censés abriter des usines d’armement chimique et biologique. Bagdad a menacé de plus reconnaître aucune des résolutions de l’ONU, puisque l’Irak les avaient acceptées que dans la perspective d’une accélération de la levée de l’embargo et que celui-ci est toujours en vigueur.
mercredi 11 novembre
Après les porte-avions, les avions et les blindés : Bill Clinton a renforcé le dispositif américain dans le golfe Persique. Le président américain a lancé un avertissement à Saddam Hussein et fait savoir qu’il n’y aura pas d’ultimatum : il déclenche l’opération « Desert Thunder ». Celle-ci est organisée par le général Anthony Zinni (elle ne sera pas mise en œuvre). Le président irakien a réuni son conseil de guerre et maintenu son refus de revenir sur sa rupture avec les inspecteurs en désarmement de l’ONU. Les observateurs de l’ONU quittent l’Irak.
jeudi 12 novembre
Les Nations unies ont achevé l’évacuation partielle de leur personnel de l’Irak vers la Jordanie et vers Bahreïn. De leur côté, les Etats-Unis ont laissé entendre que leurs préparatifs militaires à l’encontre de l’Irak étaient achevés. L’Egypte, la Syrie et les six pays arabes du Golfe ont demandé à l’Irak de reprendre sa coopération avec l’ONU.
vendredi 13 novembre
Washington a répété que tout était prêt pour frapper l’Irak si Bagdad ne rétablit pas le dialogue avec les inspecteurs de l’ONU. Saddam Hussein a répondu qu’il ne souhaitait pas la crise, seulement une réponse à ses « demandes légales ».
samedi 14 novembre
Dans l’après-midi, Saddam Hussein a accepté d’accueillir à nouveau sur son territoire les inspecteurs des Nations unies chargés de veiller au désarmement irakien, alors que les bombardiers américains étaient en vol pour Bagdad ; les avions ont fait demi-tour. Le secrétaire général a aussitôt décidé de renvoyer le personnel humanitaire qui avait quitté l’Irak les jours précédents. Cela dit, le déploiement de forces militaires américaines se poursuivait dans la soirée.
dimanche 15 novembre
Dans la soirée, dans une déclaration télévisée, Bill Clinton a reconnu que Saddam Hussein a donné des assurances « claires et sans ambiguïté », mais qu’il lui faut maintenant « se conformer à ses obligations », les Etats-Unis restant « prêts à agir ». Ils posent cinq conditions dont l’une refuse formellement à l’Irak le droit « d’interférer avec l’indépendance ou la qualification professionnelle des inspecteurs en désarmement ». Par ailleurs, Washington a redit son intention de soutenir l’opposition irakienne pour faire tomber Saddam Hussein et son régime.
Fête de la fondation de Bagdad, il y a 1 200 ans.
mardi 17 novembre
Les inspecteurs du désarmement de l’Unscom sont revenus en Irak, pour reprendre leur travail. L’armada américaine, au large, reste en place.
vendredi 20 novembre
La nouvelle série de questions envoyées par l’Unscom aux autorités irakiennes concernant l’évaluation des programmes militaires et biologiques irakiens est qualifiée de provocation ; Tarek Aziz accuse l’Unscom de chercher un prétexte pour justifier une attaque américaine.
samedi 21 novembre
La première inspection surprise depuis le début du mois d’août a été menée en Irak par une équipe d’experts en désarmement de l’ONU. Elle s’est déroulée sans encombre, a indiqué un responsable irakien.
dimanche 22 novembre
Le vice-président du Conseil de commandement de la révolution, la plus haute instance dirigeante irakienne, Ezzaz Ibrahim, a échappé à un attentat. Au moment où le deuxième personnage de l’Etat descendait de sa voiture pour une cérémonie au mausolée de l’imam Hussein, à Kerbala, deux grenades ont été lancées dans sa direction. Plusieurs de ses gardes du corps ont été blessés, ainsi que des personnes qui l’attendaient. Officiellement, Ezzaz Ibrahim n’a pas été atteint.
lundi 23 novembre
L’Irak accuse le chef des experts de l’ONU de vouloir provoquer une nouvelle crise qui pourrait justifier une frappe aérienne. Richard Butler a demandé des documents sur l’armement irakien que Bagdad a refusé de lui livrer. Bill Clinton refuse de dramatiser.
mardi 24 novembre
Le gouvernement a procédé à un vaste mouvement diplomatique en remplaçant, notamment, ses ambassadeurs auprès des Nations unies, à New York et à Genève. Le mouvement touche vingt-cinq diplomates et le ministre des Affaires étrangères a demandé aux nouveaux ambassadeurs de « renforcer l’activité diplomatique irakienne pour la levée de l’embargo ». C’est le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Takriti, qui représentait son pays auprès de l’ONU à Genève. Ses relations avec le fils aîné du président sont très tendues et il n’est pas rentré en Irak depuis 1990. Rappelé à Bagdad en juillet, il avait fait la sourde oreille. Par ailleurs, l’ONU a prolongé de six mois le programme « pétrole contre nourriture », qui autorise l’Irak à vendre pour 5,2 milliards de dollars de pétrole brut par semestre (environ trente milliards de francs).
jeudi 26 novembre
Les experts de l’Unscom ont mené des inspections surprises sur neuf sites, dont deux n’étaient pas sous surveillance permanente.
vendredi 4 décembre
Les Etats-Unis ont changé de politique à l’égard de l’Irak. C’est ce qu’a révélé Madeleine Albrigth. « L’administration Clinton a complété notre politique d’endiguement de Saddam Hussein et l’a transformée en endiguement plus changement de régime ».
mercredi 9 décembre
Une équipe de l’Unscom s’est vu interdire l’accès à un bureau du parti irakien Baas. « Inacceptable » a aussitôt réagi le porte-parole de l'organisation des Nations unies à New York. Dans la soirée, Bagdad a accusé l’Unscom de violer les modalités d’inspection des sites sensibles.
jeudi 10 décembre
Nouvelle crise entre Bagdad et Washington : le Pentagone (Défense américaine) a renforcé ses bombardiers stratégiques déployés dans l’océan Indien et les Etats-Unis ont de nouveau menacé de procéder à des « frappes aériennes » sans préavis.
vendredi 11 décembre
L’Irak s’est défendu de « chercher une nouvelle crise avec les experts » de l’ONU. Il s’agit tout simplement, a expliqué le ministre des Affaires étrangères, d’un « incident passager d’ordre technique », justifié par le non-respect des procédures d’inspection de la part du personnel de l’ONU.
dimanche 13 décembre
Après deux incidents avec les autorités irakiennes, une équipe de l’UNSCOM chargée de visiter les sites militaires iraniens a annulé une de ses inspections et quitté l’Irak pour Bahreïn. A l’ONU, Kofi Annan parle d’un risque de guerre.
nuit du mardi 15 au mercredi 16 décembre
Richard Butler a remis un rapport de dix pages au secrétaire général de l’ONU, accusant l’Irak de n’avoir pas « fourni la pleine coopération promise le 14 novembre », à l’issue de la précédente crise. Il y relate les multiples incidents qui, depuis un mois, ont entravé la mission de l’Unscom et il conclut. Les six inspecteurs de l’AIEA, l’Agence internationale pour l’énergie atomique, affirment, eux, dans leur propre rapport, que « l’Irak a fourni le niveau de coopération nécessaire » pour leur permettre de mener leur tâche à bien.
mercredi 16 décembre
L’Irak doit de nouveau affronter la menace d’une intervention américaine, avec l’appui des Britanniques. Dans l’après-midi, les inspecteurs de l’ONU chargés du désarmement de l’Irak ont plié bagages et quitté Bagdad pour gagner leur base aérienne, Bahrein.
nuit du mercredi 16 au jeudi 17 décembre
Suite à l’échec des négociations entre les inspecteurs de l’ONU et le président Saddam Hussein, les Etats-Unis et le Royaume-Uni déclenchent contre l’Iral l’opération « Renard du Désert » (Desert Fox) : des centaines de missiles américaines sont tombés sur Bagdad, sans l’accord de l’ONU. Les raids ont duré six heures et ont visé des objectifs militaires et industriels susceptibles de produire ou stocker des armes de destruction massive. Al-Qaaqaa, la plus grande usine d’explosifs en Irak, une usine d’huile pour freins de voiture, un centre de formation de mécaniciens auraient été détruits. A l’entrée de Takrit, au nord de la capitale, un silo a été pulvérisé par un missile. Le premier bilan de la nuit fait état de cinq morts et d’une trentaine de blessés. Selon des sources britanniques, une usine de missiles, à trente kilomètres de Bagdad, un centre de production de gaz à Rashidiya, le palais présidentiel de Jabul Makhul (près de Samarra), le quartier général de la sécurité présidentielle dans la capitale, ont aussi été visés. De même que des défenses antiaériennes, des postes de contrôle et de commandement et, plus inattendu, la maison d’une des filles de Saddam Hussein, à Bagdad. Un missile s’est égaré et s’est abattu sur la ville iranienne de Khorramchar, sans faire de victime (Téhéran demande des explications à Washington). Un peu partout dans le monde, on s’interroge sur les motivations profondes de cette hâte américaine à frapper l’Irak, au nom d’une communauté internationale… qui n’a même pas été consultée. La Russie et la Chine ont violemment réagi.
jeudi 17 décembre
Dans la soirée, de nouvelles frappes ont eu lieu sur Bagdad, cette fois avec la participation d’avions britanniques. Six missiles ont explosé près du palais des congrès dans le centre de la capitale. Les ministères de la Défense et de l’Industrie militaire ainsi que des baraquements de la Garde républicaine ont également été frappés. Le raid a duré dix minutes. La Russie continue à protester violemment : dans la soirée, plusieurs unités de l’armée russe (marine et armée de l’air) ont reçu l’ordre de « se tenir prêtes à accomplir les tâches qui pourraient leur être assignées ».
vendredi 18 décembre
Les Irakiens ont vécu, dans la soirée, une troisième nuit de bombardements après deux jours de frappe qui ont tué au moins vingt-cinq personnes, blessé soixante-quinze autres et fait d’importants dégâts. Un hôpital et une maternité ont été sérieusement endommagés. Saddam Hussein a appelé les Irakiens à « poursuivre la résistance » et à refuser « tout compromis ». Les Irakiens affirment avoir abattu soixante dix-sept des trois cents cinq missiles lancés sur le pays depuis deux jours. La colère dans le monde arabe ne cesse de s’amplifier. Mais les réactions les plus vives viennent de Chine et de Russie.
samedi 19 décembre
Bagdad a vécu sa quatrième nuit de bombardement. Le début du mois de jeûne du Ramadan n’a pas dissuadé les Américains et les Britanniques de poursuivre leurs frappes. Une dizaine de missiles se sont abattus en deux salves, en milieu de soirée. La première salve a touché un quartier résidentiel et administratif du centre de la capitale et l’autre, un quartier plus éloigné. Les Irakiens ont radicalisé leur position : le vice-président Taha Yassine Ramadan a clairement annoncé que son pays refuserait désormais un retour des inspecteurs de l’ONU. Dans tout le monde arabe, les bombardements ont provoqué une vague de manifestations anti-américaine : l’ambassade américaine à Damas a été attaquée par la foule.
nuit du samedi 19 au dimanche 20 décembre
Après une quatrième vague de bombardements, le président américain Bill Clinton a annoncé à minuit la fin des frappes. En quatre jours, les pertes irakiennes sont estimées entre 600 et 2 000 tués. 85 % des cibles visées auraient été frappées. Plus de six cents sorties ont été effectuées, avec l’utilisation de 90 missiles de croisière et 325 Tomahawk. Si sur le plan militaire l’opération « Renard du désert » est un succès, sur le plan diplomatique c’est moins évident. Dans les pays arabes, ce sont les Etats-Unis qui sont la cible des principales critiques.
lundi 21 décembre
Le personnel de l’Unicef a commencé à réparer, dans les hôpitaux et les écoles de Bagdad, les dégâts dus aux bombardements américains et britanniques. Une équipe de l’Unicef s’est également rendue à Bassorah. A la télévision, Saddam Hussein a salué le soutien populaire arabe à la « résistance du peuple irakien ». Au siège des Nations unies, les quinze membres du Conseil de sécurité ont entamé, à huis clos, une longue série de discussions sur l’avenir des relations entre l’ONU et Bagdad. Plusieurs pays, dont la Russie et la France, demandent que le chef de l’Unscom, Richard Butler, soit remplacé.
mardi 22 décembre
Les Etats-Unis mettent fin à l’opération « Desert Thunder », déclenchée le 11 novembre dernier suite aux menaces irakiennes mais jamais mise en œuvre effectivement. L’opération « Southern Watch » reprend ses drotis à la suite de cette décision : des appareils alliés se remettent à surveiller l’espace aérien irakien à partir de 33e parallèle, soit à quelques dizaines de kilomètres au sud de Bagdad.
mercredi 23 décembre
Bagdad a interdit tous les vols de l’ONU vers ou en partance de l’Irak alors que le personnel humanitaire des Nations unies a repris ses activités, interrompues par l’opération américano-britannique. L’interdiction de survol, qui a empêché l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU Prakash Shah d’atterrir à Bagdad, a été prise « pour garantir la sécurité de l’avion de l’ONU et lui éviter d’être pris entre la chasse américaine et la défense antiaérienne irakienne ».
samedi 26 décembre
L’Irak a annoncé avoir riposté à une attaque d’avions américains ou britanniques contre un site de défense anti-aérienne, dans le sud du pays.
dimanche 27 décembre
Dans un entretien télévisé, le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a lancé un véritable défi aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne : « Le feu irakien répondra à toute violation de son espace aérien ». Londres et Washington ont indiqué qu’ils riposteraient à toute agression.
lundi 28 décembre
L’Irak a mis en pratique sa menace de tirer contre les avions militaires étrangers qui surveillent les zones de son territoire dont son armée de l’air est exclue : des avions de reconnaissance américains ont été la cible de la défense antiaérienne irakienne dans le nord de l’Irak. Les chasseurs F-16 ont riposté, « tuant quatre soldats et en blessant sept autres » selon Bagdad. L’Irak a par ailleurs essuyé un échec diplomatique. La réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de la Ligue arabe, qui devait se tenir le 30 décembre au Caire, a été reportée au 24 janvier. Ce sont les pays du Golfe (principalement l’Arabie Saoudite et le Koweït) qui sont à l’origine de ce report. L’Irak avait bien l’intention d’entraîner la Ligue arabe dans une demande de levée de l’embargo.
mercredi 30 décembre
Des appareils américains ont tiré sur une batterie de missiles antiaériens dans le sud de l’Irak, près de Talil. Officiellement, les F-16 ont largué deux missiles et « un certain nombre » de bombes après la détection, par des appareils britanniques, d’activités « offensives » irakiennes dans cette zone.